Le Moniteur #6361 : Le nouveau défi du traitement de l'eau
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Est-ce un effet de la canicule précoce de ces dernières semaines? Le confort d'été - ou plutôt l'inconfort d'été - est redevenu une obsession des Français… et un sujet de débats pour leurs élus. A la suite d'un rapport de la Fondation pour le logement, une proposition de loi transpartisane « visant à adapter les logements aux fortes chaleurs et à protéger leurs occupants» est dans les tuyaux. Un autre texte cherchant, lui,« à lutter contre la chaleur en ville» et prévoyant notamment un «plan volet» est déjà entré dans le circuit parlementaire. Le sujet est… brûlant. La multiplication des pics de température, y compris dans des régions jusqu'à peu épargnées, met au défi l'habitabilité de notre parc immobilier, dont l'essentiel se compose de bâtiments inadaptés à la nouvelle donne climatique. Un logement sur trois serait concerné par la surchauffe. Ajoutez à ces phénomènes extrêmes plus fré­quents une autre tendance de long terme, à sa­ voir le vieillissement de la population, et vous obtenez un problème de santé publique majeur pour les décennies à venir. La difficulté, ici, n'est pas technique. Isolation, brasseurs d'air, persiennes...les solutions à mettre en œuvre ne sont pas nécessairement high-tech. Elles réclament cependant une réelle cohérence dans la conduite des travaux de rénovation afin que la lutte contre les déper­ditions d'énergie hivernales ne crée pas un effet thermos à la belle saison. L'enjeu est ailleurs. Même si les évolutions réglementaires sur le DPE ou l'avis des ABF prévues par la proposition de loi sur les fortes chaleurs dans les logements ne coûtent rien, l'ampleur des travaux à réaliser impose une stratégie de financement pérenne. Un milliard d'euros serait nécessaire chaque an­ née jusqu'en 2040 pour installer ventilateurs au plafond et volets aux fenêtres. Or, les bouilloires s'invitent dans le débat public au moment même où le sort des passoires fait l'objet de vives inquiétudes. Et pour cause, dans cette arrière­ cuisine de la rénovation, c'est actuellement le hachoir qui joue les premiers rôles: il découpe menu les subventions publiques.

Le Moniteur #6359 : Looberghe remet l'enfance au milieu du village
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Les normes qui s'empilent, le BTP connaît. Les règles absurdes tombées du ciel, aussi. Alors, quand le législateur prend le temps de l'analyse pour juger de la pertinence de mesures nouvelles, on se doit d'applaudir. En 2018, la loi Elan avait abaissé de 100 à 20 % la part de logements accessibles dans le neuf. Les 80 % restants devaient simplement être évolutifs. Devant les doutes suscités par cet assouplissement, la loi avait ajouté l'obligation d'un rapport d'évaluation sous cinq ans. Excellente initiative, non ? J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne : le fameux rapport est enfin parvenu aux parlementaires. La mauvaise : le document est d'une telle vacuité qu'aucune conclusion sérieuse ne peut en être tirée. Le gouvernement prétexte le retard pris en raison du Covid pour ne pas offrir de panorama précis des effets de cette réglementation. Alors même que le rapport est publié un an et demi après la date prévue… L'administration se montre incapable de mesurer les effets d'une norme appliquée depuis des années. Sans nier les difficultés de l'exercice, ce constat est alarmant. Sur quelles bases se prennent les grandes orientations politiques si l'administration se montre incapable de mesurer les effets d'une norme appliquée depuis des années ? Circonstance aggravante ici : un prérapport avait été remis (dans les temps) sur le sujet. Beaucoup plus prolixes, ses auteurs avaient réalisé un travail ambitieux, traçant même des pistes d'évolution, alors même que cela ne leur était pas demandé. Si « Le Moniteur » en avait eu connaissance, les parlementaires, eux, n'en ont pas vu la couleur. Ces tours de passe-passe bureaucratiques sont fréquents, ils n'en sont pas moins désolants. Surtout sur un sujet aussi sensible que l'accessibilité, appelé à devenir central avec le vieillissement de la population. Aux arguments légitimes des personnes en situation de handicap s'opposent des arguments, non moins audibles, des constructeurs qui avancent que la profonde crise que traverse l'immobilier ne permet pas d'absorber de nouveaux renchérissements. Deux discours structurés, deux registres différents, deux logiques incompatibles. Pour sortir par le haut de cette opposition stérile, une seule solution : l'analyse concrète de l'efficacité des mesures sur la vie des habitants comme sur l'activité des entreprises. Raté.

Le Moniteur #6360 : Opération coup de poing pour un pont stratégique
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Où construire du logement demain ? Dans les zones commerciales, pardi ! Non seulement ces quartiers monofonctionnels se trouvent à contretemps de l'aspiration actuelle à la mixité, mais ils représentent aussi, avec leurs boîtes métalliques posées sur des nappes de bitume, un affront à l'exigence de densification. Une étude d'Icade et de la Scet publiée début juin évaluait le potentiel des entrées de ville commerciales à 1,6 million de logements neufs, soit l'équivalent de la production française de ces cinq dernières années. De la théorie à la pratique, il y a un gouffre. La transformation de ces morceaux de ville, si séduisante sur le papier, se révèle très épineuse sur le terrain, en plus d'être coûteuse. Premier écueil : l'absence de maîtrise foncière globale en raison de la multiplicité des propriétaires. Autre difficulté : le commerçant, dont la raison d'être est de vendre des produits, pas de construire du logement, peut voir d'un mauvais œil tout ce qui viendrait contrecarrer le triptyque éprouvé voiture-parking-magasin. Métropoles et villes moyennes doivent s'atteler sans tarder à la régénération de leurs vastes zones commerciales. La voie est étroite. Pourtant, ici ou là, certains quartiers entament leur mue. Mérignac Soleil, près de Bordeaux, est engagé dans un processus de résidentialisation et de renaturation qui vise non pas à éloigner les enseignes, mais à les glisser dans de vastes pieds d'immeubles neufs de logements. Un travail minutieux de conception mais aussi de conviction, mené parcelle par parcelle, magasin par magasin, et qui devrait s'étaler sur de longues années. Est-ce ce travail de dentelle et de longue haleine qui effraye les élus ? Même si ces derniers ont conscience de cette indispensable mutation, elle apparaît rarement comme une priorité locale, encore moins comme un enjeu des prochaines municipales. Métropoles et villes moyennes doivent pourtant s'atteler à la régénération de ces vastes zones périphériques et ce, sans traîner. Car, qu'on les aime ou qu'on les déteste, ces aires attirent encore en masse. Ce sont des lieux de vie intense, du moins en journée, qu'il convient de transformer avant qu'ils ne dépérissent et ne deviennent des friches impossibles à réanimer. Il y a pire que la France moche : la France morte.

Le Moniteur #6355 : La ville se régénère autour des gares
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Un quartier peut en cacher un autre L'apparition d'une gare TGV hier, d'une station du Grand Paris Express aujourd'hui ou d'une halte d'un service express régional métropolitain demain laisse espérer un développement urbain rapide et dynamique. La mobilité dope l'immobilier. Mais le quartier sur papier diffère bien souvent de celui en béton : de Nanterre à Annemasse, en passant par Saint-Denis, la chute de la demande de bureaux a remis à plat la programmation de projets pourtant déjà sur les rails. L'agilité, vertu cardinale d'une époque incertaine. Un bâtiment peut en cacher un autre Transformer du bureau en logement sur un plan-guide, c'est déjà compliqué. Alors, dans un ouvrage existant… Pourtant, lorsque l'on s'en donne les moyens, le résultat peut être bluffant, comme le démontre l'opération particulièrement réussie de mutation d'un ancien site parisien du CNRS. Un succès que devraient étudier des experts missionnés par le gouvernement pour identifier les freins techniques et économiques à lever pour accélérer la mutation tertiaire- habitat. La flexibilité, ça s'apprend. L'époque requiert de l'agilité, de la flexibilité, de la souplesse et de l'adaptation. Un pont peut en cacher un autre C'est désormais acquis : les projets d'aujourd'hui cherchent, autant que possible, à préserver ce qui existe. Ce qui n'interdit pas de construire. Exemple au-dessus de l'Isère, où un pont routier endommagé sera remplacé par une passerelle piétonne et où, à deux pas, un ouvrage neuf répondra aux besoins des automobilistes . Les bonnes solutions exigent toujours plus de souplesse. Une biennale peut en cacher une autre A Venise, c'est le monde de l'architecture qui fait le grand écart. Entre les réjouissances de l'événement et l'angoisse climatique, entre les solutions high-tech et les partis pris plus rustiques, les concepteurs questionnent rien de moins que l'habitabilité du monde surchauffé qui arrive . A Versailles, une autre biennale d'architecture et de paysage vient de s'ouvrir, avec là aussi un questionnement écologique, centré sur la place du vivant en ville. S'adapter, encore et toujours.

Urbanisme #425 : Logement : le grand débat (encore)
revue
Année : 2022
Auteur : Julien Meyrignac
Editeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISM
Description : Nos vies à loger Nous avons toutes et tous un rapport au logement – en général, et au notre en particulier – intime et puissant, ancré dans notre histoire, dans nos expériences à travers les époques et les lieux de nos vies. Il y a cette chambre d’enfant, toute à soi ou partagée, qui est un premier territoire dans un appartement où une maison qui est un monde dans le monde. Il y a les déménagements familiaux, le plus souvent pour vivre mieux selon la conception des parents, et l’expérience d’un nouveau lieu en même temps que d’une nouvelle vie. Puis le premier « chez-soi », si inconfortable et pourtant formidable. Et le premier « chez nous » du couple, dans lequel il faut inventer de nouveaux codes et qu’il faut quitter au gré des changements d’emplois ; adapter ou quitter lorsqu’un enfant naît. Il y a ce logement qu’on achète l’esprit joyeux et le regard fier, la boule au ventre aussi ; et que l’on revend parce les histoires d’amour durent souvent moins longtemps que les crédits. Le repli piteux dans un logement parfois de moindre qualité, provisoirement parce que nous sommes une famille recomposée maintenant. Et que nous avons encore une fois déménagé. A peine le temps de nous installer, que les enfants ont déjà décohabité, et ce logement se révèle bien grand… pas tout le temps, parce que parfois ou souvent la tribu s’y retrouve. Mais un jour il faut bien se résoudre à en changer encore, parce qu’on est âgé désormais, et parfois – hélas – tout seul à nouveau. Jusqu’à retrouver une chambre, qui est un monde dans le monde, dans une maison de retraite cette fois. Quand on évoque le logement, c’est de nos vies dont il est question. Et c’est probablement pour cela que nous faisons preuve d’une incroyable indulgence à l’égard de celui que nous occupons : car si les chiffres du mal-logement sont sans appel, si les études qualitatives ne manquent pas de mettre en évidence ses lacunes (manque d’espace, de confort, de sobriété…), nous sommes près de trois sur quatre à nous déclarer satisfait par notre lieu de vie. Si nous sommes enfermés dans des schémas archétypiques (la maison individuelle, être propriétaire etc) c’est aussi parce qu’il semble être le dernier « refuge » sociétal, que rien plus que le logement ne paraît pouvoir mieux nous ancrer dans le réel et le temps. L’épreuve des confinements a été, de ce point de vue, parfaitement édifiante : plutôt que de révéler les lacunes de nos logements, il a mis à jour les dysfonctionnements et fragilités de nos grandes villes et les revers inégalitaires de nos sociétés. Si le logement est de toute évidence la pierre angulaire des réponses aux défis environnementaux, et un matériau potentiellement grand ouvert à l’innovation, il ne sera en mesure de tenir ces promesses qu’à la condition de demeurer ce qu’il représente fondamentalement pour chacune et chacun : un abri existentiel.

Urbanisme #443 : Infra et superstructures : maintenance, dimensionnement, reconversion
revue
Année : 2025
Auteur : Rodolphe Casso
Editeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURAL
Description : Infra et superpouvoirs Parce qu’elles se trouvent par définition « au-dessus », les superstructures peuvent être utilisées comme l’attribut du pouvoir, qu’il soit culturel, économique ou politique. Ces totems que l’on voit de très loin, et qui ont la faculté de refaçonner l’identité de tout un quartier, d’une ville, voire d’un pays, ont été érigés en nombre par nos « puissants » pendant la deuxième partie du XXe siècle. Les premières tours de La Défense ont poussé sous la présidence de Charles de Gaulle ; le centre « Beaubourg » a été lancé sous Pompidou, le musée d’Orsay sous Giscard d’Estaing ; la pyramide du Louvre, la BNF, l’opéra Bastille ou la Grande Arche sous Mitterrand ; le musée des Arts premiers sous Chirac… Autant de bâtiments, chacun représentatif d’une époque, d’une volonté politique, d’une vision – les mauvaises langues diront d’un règne. Et ensuite ? Quel grand équipement culturel réclamé par Sarkozy ? Quel bâtiment iconique imposé par Hollande ? Quel haut lieu symbolique imaginé par Macron ? Certes, sur cette période, la Philharmonie de Paris, les tours Duo ou le Tribunal de Paris sont venus se greffer dans le paysage d’une capitale déjà bien pourvue en monuments. Mais l’inconscient collectif n’associe plus ces superstructures à la volonté d’un président-maître d’œuvre. L’explication est-elle liée à la brièveté de certains quinquennats non renouvelés ? Ou à la volonté de se faire moins monarque, plus « normal » comme l’avait tenté François Hollande ? Alors, plutôt que les superstructures, l’héritage des présidences du XXIe siècle portera peut-être davantage sur les infrastructures – et, en particulier, de transports de proximité. Moins clinquantes, moins totémiques (mais pas moins chères), elles rendent des services plus urgents à nos citoyens. À ce titre, si on lit entre les lignes de l’intervention de Nicolas Sarkozy lors du symposium international qui a clôturé l’exposition Métro ! Le Grand Paris en mouvement à la Cité de l’architecture et du patrimoine en mai 2024, l’ancien président n’a pas fait autre chose que revendiquer le Grand Paris Express et ses 68 gares comme son héritage. Précisant que, par une complémentarité « architecte-ingénieur-artiste », la dimension culturelle n’était pas oubliée, mais imbriquée dans des bâtiments fournissant avant tout un service. On se souviendra peut-être aussi d’Emmanuel Macron comme l’initiateur des bus du même nom, mode de transport plus lent mais moins cher, et du « RER métropolitain », ces fameuses Serm ¹ qui devraient permettre une mobilité décarbonée dans les métropoles avec, à la clé, moins de voitures et une répartition démographique plus homogène sur les territoires. Sans remettre en question l’utilité d’un centre Pompidou ou d’un musée d’Orsay, que le monde entier nous envie, cette époque plus sobre pourrait nous amener à nous réjouir que les habitants de Nouvelle-Aquitaine puissent profiter en 2028 de 324 trains par jour. Ou que, en 2034, la ligne à grande vitesse Montpellier-Béziers permette la mise en place des TER cadencés à Frontignan, Sète, Agde et Béziers. Quant aux superstructures emblématiques, avant de regretter qu’il n’en naisse pas de nouvelles, contentons-nous peut-être d’entretenir les anciennes. Les chiffres annoncés pour la rénovation du Louvre, de Beaubourg, de la tour Montparnasse ou de l’arche de La Défense pourraient nous en convaincre.

Le Moniteur #6353 : Espèces protégées : Dans l'immobilier, les contraintes croissent
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Des ascenseurs bloqués, des centrales nucléaires hors service, des trains échoués dans la pampa… Le gigantesque black-out survenu fin avril a mis la péninsule ibérique à l'arrêt. Un événement rarissime dont l'origine a donné lieu à de multiples spéculations, parfois farfelues, souvent plausibles. Ce qui laisse imaginer que d'autres scénarios pourraient aboutir à un semblable effondrement des réseaux de distribution d'énergie. L'ampleur de la paralysie témoigne de notre dépendance à l'électricité. Les objets du quotidien mais aussi les bâtiments et les infrastructures… Tous se nourrissent d'électrons. C'est sur la robustesse du réseau électrique, sa résilience et son agilité qu'il convient de miser. Une addiction appelée à croître à mesure que nous cherchons à nous sevrer des hydrocarbures. Ironie de l'histoire : ce sont les groupes électrogènes et les véhicules thermiques qui ont permis de maintenir un semblant de vie lorsque le courant était coupé. La fée électricité nous aurait-elle ensorcelés ? Devons-nous redevenir lucides et chercher à freiner ce puissant mouvement d'électrification des usages ? Rien n'est moins sûr. La réduction de nos émissions carbone reste une priorité absolue : il vaudra toujours mieux rester dans le noir quelques heures que de vivre avec quelques degrés de plus dans 50 ans. Dès lors, faut-il nous résigner à la répétition de tels événements ? Non plus, car les conséquences humaines et économiques auraient pu être bien plus dramatiques. Des événements climatiques exceptionnels, il s'en produira. Tout comme des cyberattaques, des sabotages, des accidents ou simplement de malheureux concours de circonstances. Cela doit stimuler la réflexion sur les options low tech, mais leurs effets pratiques resteront nécessairement limités. C'est donc bien sur la robustesse du réseau électrique, sa résilience et son agilité qu'il convient de miser. En France, RTE semble avoir pris la mesure de l'enjeu, en lançant un vaste plan à 100 milliards d'euros sur 15 ans. Un investissement de long terme qui, comme le rappellent avec fracas les mésaventures hispano- portugaises, ne saurait souffrir d'interruption intempestive.

Le Moniteur #6351 : A Albi, coup de jeune pour le Pont-Vieux
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Pour l'instant, on est loin d'un départ en trombe. Après le renoncement de Martin Fourcade, suivi de la nomination d'Edgar Grospiron à la tête du Comité d'organisation des JOP (Cojop) d'hiver de 2030, la désignation de son directeur général a tourné à la mauvaise blague : plusieurs fois reportée, elle est finalement intervenue le 17 avril. Bref, ça patine, mais cela n'a rien d'artistique. La Solidéo Alpes 2030, elle, semble mieux partie. Elle a même lancé son premier projet, le village olympique de Briançon (Hautes-Alpes). Mais puisque rien ne semble pouvoir se faire simplement, son fonctionnement repose sur une présidence tournante, entre le président de la région Paca et celui d'Auvergne-Rhône-Alpes. Or c'est bien dans cette bicéphalie qu'il faut chercher les raisons du retard à l'allumage du Cojop. Placer les collectivités territoriales au centre du jeu relève pourtant du bon sens. Les sites de compétition -dont la liste fait encore l'objet de tractations entre élus - et les quatre villages olympiques se répartissent sur quatre départements et deux régions. Les Alpes françaises, qui accueilleront ces jeux d'hiver, ont en effet la bonne idée de se jouer des frontières administratives. Elles exigent donc de la coopération entre édiles locaux jaloux de leurs prérogatives, là où Paris 2024 bénéficiait à plein de la verticalité du centralisme français. Placer les collectivités territoriales au centre du jeu relève du bon sens. Soyons honnêtes : l'Etat n'est pas exempt de carence. On s'en souvient, les législatives surprises de l'an dernier avaient temporairement empêché le gouvernement d'apporter son indispensable caution financière à l'événement. Pourtant, le temps presse. Il faut avancer sur les équipements sportifs, moderniser l'offre immobilière et remettre à niveau les infrastructures permettant l'accès à des sites souvent haut perchés. Ces investissements, bien partis pour dépasser les 2 milliards d'euros, exigent que tout le monde mette de l'huile dans les rouages, plutôt que de patauger dans la fondue savoyarde. Alors qu'un département - la Charente - peine à se doter d'un budget en raison de bisbilles locales, les collectivités doivent absolument faire preuve de maturité si elles veulent assumer la gestion des projets structurants pour leurs territoires. Dans les Alpes, elles ont le choix entre la reconnaissance mondiale et la réprobation nationale.

Le Moniteur #6352 : Haute couture urbaine à l'Istituto Marangoni
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Et s'il fallait passer par la case prison pour prendre un nouveau départ ? Les appels d'offres que lancera le ministère de la Justice en mai et juin pourraient en effet sonner comme le coup d'envoi d'un changement d'échelle pour la construction modulaire. Gérald Darmanin mise sur la préfabrication pour livrer 3 000 places de prison « en quelques mois ». Avant même le nécessaire effort de sécurisation mis en lumière par les récentes attaques de plusieurs établissements, c'est bien le phénomène chronique de surpopulation carcérale qui requiert une réponse urgente. Le choix de ce mode constructif semble frappé au coin du bon sens, tant il paraît correspondre aux besoins de l'administration pénitentiaire : des cellules toutes identiques, reproduites en quantité, à livrer rapidement. Et sans malfaçon, s'il vous plaît. Le programme idéal pour mettre à l'épreuve le savoir-faire émergent de l'industrialisation du BTP. Les maîtres d'ouvrage qui construisent à la chaîne, ça n'existe pas. Sauf, peut-être, Gérald Darmanin. Car il faut le reconnaître, le hors-site, c'est un peu l'arlésienne du bâtiment. Cette révolution, chaque jour annoncée, chaque jour repoussée, n'a pas réussi à faire naître des lendemains qui chantent. Pour expliquer ce décollage impossible, on avance trop souvent les réticences culturelles ou les freins réglementaires. La raison est pourtant bassement financière. L'usine coûte plus cher que le chantier. L'industrialisation exige du volume. Or, les maîtres d'ouvrage qui construisent à la chaîne, ça n'existe pas. Sauf, peut-être, Gérald Darmanin. Pour les constructeurs, cette initiative publique est une opportunité de tester, sans préjugés, le potentiel réel de ces process innovants. Quelles contraintes techniques ? Quel modèle économique ? Quelle masse critique ? Autant de réponses qui devraient permettre de dissiper un peu le brouillard qui enveloppe encore la préfabrication. Et de lui offrir la possibilité de prendre enfin la place - même modeste - qui lui revient.

Le Moniteur #6350 : Le chantier de la Meinau entame sa seconde mi-temps
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Le départ en retraite fait rêver les uns, il angoisse les autres. Pour tous, cependant, ce moment charnière exige de l'anticipation. Xavier Huillard a ainsi pris le temps de soigner sa succession. Il faut dire que les statuts de Vinci sont formels : la retraite de son directeur général ne peut pas intervenir après 70 ans. Alors, au terme de l'AG du 17 avril, il passe comme prévu le relais à Pierre Anjolras, non sans conserver, pour quelque temps encore, le fauteuil de président. Avant de prendre du champ, Xavier Huillard a accordé au « Moniteur » sa dernière prise de parole médiatique en tant que P-DG. Cette interview, vous ne la lirez pas dans ces pages. Car cette grande dernière est également une grande première. Notre échange avec le n° 1 du BTP inaugure en effet une série de podcasts (1) centrés sur les dirigeants des grandes entreprises de la construction (majors, industriels, maîtres d'ouvrage…). Au micro, ils détailleront leurs orientations stratégiques, expliqueront leurs choix économiques. Surtout, le temps long de l'entretien et l'authenticité de la voix doivent aider les auditeurs à mieux comprendre la mécanique qui anime l'esprit de ces dirigeants. Notre interview de Xavier Huillard, P-DG de Vinci, inaugure une série de podcasts. Avec près de deux décennies passées à la tête du géant mondial de la construction, la tentation était forte de jeter un coup d'œil dans le rétroviseur pour contempler le chemin parcouru : croissance, internationalisation, diversification… Pourtant, Xavier Huillard n'a aucune envie de dresser un bilan, encore moins de se tresser des lauriers. Au cours d'une grosse demi-heure de discussion, il préfère évoquer, avec sagacité, les mouvements de fond qui agitent le secteur de la construction : des EnR au ZAN, des PPP aux concessions, de l'A69 aux EPR 2. Et Donald Trump, évidemment. Tous ces sujets passionnent le dirigeant de Vinci. Ce métier le fait vibrer. Fendre l'armure, c'est la promesse de ce nouveau podcast. Mais ici, on parle de chantiers, pas de chevaliers. C'est pourquoi, une fois n'est pas coutume, nous invitons les professionnels du BTP à retirer leurs EPI pour ce podcast intitulé « Sous le casque de… ». (1) www.lemoniteur.fr/podcast/

Le Moniteur #6349 : A Roscoff, un chantier mené au rythme des marées
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Cette fois, ce n'est pas un oubli, encore moins du mépris. Le BTP n'avait rien à faire à l'Elysée, jeudi 3 avril. Quelques heures à peine après l'annonce du relèvement massif et généralisé des droits de douane étasuniens, le président de la République avait convié les responsables des filières hexagonales les plus impactées. On y trouvait, un peu sonnés, des représentants des industries du luxe et de l'automobile, de la filière des vins et spiritueux, mais personne du BTP. Tant mieux. Ni le béton ni le bitume ne traversent la France. Alors, l'Atlantique… La construction constitue par essence une activité locale, dont les acteurs ne se trouvent pas brutalement déstabilisés par les soubresauts du commerce international. Le BTP était prospère avant la mondialisation, il survivra à une éventuelle contraction des échanges mondiaux. Une relative protection face aux chocs géopolitiques qu'il ne faut toutefois pas confondre avec un totem d'immunité. Souvenons-nous du déclenchement de la guerre en Ukraine… Prospère avant la mondialisation, le BTP survivra à une éventuelle contraction des échanges mondiaux. La décision de la Maison Blanche aura certes un impact négatif sur la croissance mondiale, mais l'on peine encore à en percevoir les conséquences concrètes. L'érection de multiples barrières douanières conduira-t-elle à un retour de l'inflation, ou bien la fermeture du marché américain engendrera-t-elle une guerre des prix généralisée ? La réorientation des routes commerciales aura-t-elle un impact sur le coût des matières premières, voire sur leur disponibilité ? Nul ne le sait. Seule certitude : si l'économie flanche, elle entraînera la construction dans sa chute. Ne l'oublions pas : les secteurs ciblés par Donald Trump sont, ici, des commanditaires importants pour les architectes, les entreprises et les bureaux d'études. Connues dans le monde entier, les maisons françaises du luxe se muent, aux quatre coins de l'Hexagone, en maîtres d'ouvrage ambitieux et exigeants. Renommés outre-Atlantique, les domaines viticoles aiment à se doter de chais à la pointe de la technique et de l'élégance. Bien insérée dans les échanges mondiaux, l'industrie européenne se décarbone à marche forcée, ce qui implique de gros investissements et autant de maintenance. Tout compte fait, une partie du BTP était bien à l'Elysée.

Le Moniteur #6348 : ZAN, Anru, A69... Les dossiers chauds de François Rebsamen
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Le bruit de la tronçonneuse de Javier Milei a-t-il traversé l'Atlantique? Ou sont-ce les coupes franches d'Elon Musk qui ont inspiré les députés français ? Quoi qu'il en soit, le débat sur le projet de loi de simplification semble avoir libéré les pulsions tranchantes de nos parlementaires. Ces derniers ont pris un plaisir manifeste à sabrer les organismes en tout genre. A commencer par ceux en lien avec la construction et l'aménagement.

Le Moniteur #6347 : En 2025, Nexity entrevoit la fin du marasme
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : A peine douze mois nous séparent des prochaines municipales. Pour le BTP, cette dernière année du cycle électoral constitue traditionnellement un trou d'air dans l'activité comme dans la prise de commandes. L'accalmie qui vient n'a donc rien d'inhabituel. Pour les acteurs du logement comme Nexity, la chute sera d'autant moins brutale que le haut de la courbe n'a jamais été atteint. La crise immobilière aura en effet marqué la mandature qui s'achève. Certes, la flambée des taux d'intérêt en constitue la cause majeure, mais la génération de maires élus en 2020 était de toute façon encline à freiner la délivrance des permis de construire. Le bilan, cependant, n'est pas uniquement négatif : les dernières élections ont aussi généré une « vague verte » qui s'est traduite, bien au-delà des quelques mairies écolos, par des investissements conséquents en faveur des mobilités douces, de la végétalisation et de la rénovation énergétique. Foncier, fiscalité, frilosité : les réticences à construire ont des racines profondes. Les sextennats se suivent mais ne se ressemblent pas. L'actuel est né en plein « quoi qu'il en coûte », le prochain démarrera en période d'austérité. Sans parler du « backlash » à l'œuvre sur la scène internationale qui pourrait trouver une traduction locale. Un tel retour de balancier menacerait avec certitude les projets de décarbonation et d'adaptation au changement climatique sans pour autant garantir une relance de la machine à loger. Foncier, fiscalité, frilosité : les réticences à construire ont des racines profondes. Le mascara écologique a bien souvent servi à maquiller - et à légitimer - des réactions bassement Nimby*. La clé se trouvera donc dans les urnes et le monde de la construction devra, le moment venu, se faire entendre. Certes, notre Paris n'est pas au Texas et notre Maine est loin du Québec. Reste qu'une nouvelle bifurcation des politiques locales, quelle qu'en soit la direction, provoquera inévitablement du flottement, de l'attentisme. Un cycle, ça peut dérailler au premier coup de pédale. Il faut donc saluer les initiatives qui, telle celle en faveur des maires bâtisseurs, doivent permettre d'amorcer dès maintenant la prochaine période. Après le mandat vert, évitons l'année blanche. * Not in my backyard, pas de ça dans mon jardin

Le Moniteur #6345 : A Jussieu, les défis techniques d'une architecture chahutée
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Dépublication de contenus scientifiques, licenciements d'experts, entrave à la participation de chercheurs américains aux travaux internationaux… Le savoir académique apparaît comme la dernière victime de l'offensive trumpiste. Certes, le nouveau locataire de la Maison blanche ne feint même pas de s'embarrasser de la vérité. Mais en agissant de la sorte, il attaque frontalement le champ de la connaissance au profit de celui de l'opinion. Face à cet obscurantisme triomphant, il importe d'allumer quelques lumières capables d'éclairer les choix à l'aune de constats partagés. Devant la meute hurlante, il convient de confronter les convictions à la réalité des faits. C'est l'option retenue par Valérie Létard lorsqu'elle lance une mission d'analyse des conséquences, à la fois financières et environnementales, du passage au prochain seuil de la RE 2020. Cette méthode doit permettre à la ministre du Logement d'avoir toutes les cartes en main pour arbitrer avec lucidité. Les constats, les chiffres et les données : voilà les remparts contre l'inaction publique. Car le travail scientifique n'a pas vocation à trancher. Il dresse un constat, dessine des scénarios, mais la décision, elle, revient toujours au politique. Quand ce dernier, à la légitimité déclinante, manque de billes, ses choix sont condamnés à être taillés en pièces. C'est le cas de l'objectif ZAN, aux conséquences locales trop incertaines. Résultat : le débat se réduit jusqu'à la caricature à une opposition passionnée mais stérile entre injonctions écologiques et craintes rurales. C'est aussi le cas du chantier de l'A69, dont l'arrêt brutal rappelle à quel point la conduite d'un grand projet réclame, aujourd'hui plus que jamais, d'incontestables justifications scientifiques et ce, à chacune de ses étapes. Une évaluation préalable solide doit permettre de justifier une décision devant l'opinion, mais aussi devant le juge. Les constats, les chiffres et les données : voilà les remparts contre l'inaction publique, voilà les atouts maîtres dans une époque de plus en plus exigeante, marquée par la défiance envers les élus et une judiciarisation croissante. Ils ne mettront jamais tout le monde d'accord, mais permettront de lancer la discussion sur des bases partagées par tous. Au moins par ceux qui croient encore à la vérité des faits.

Le Moniteur #6346 : Les projets de data centers prêts à décoller
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Il y a cinq ans, la France sautait dans l'inconnu, entraînant le BTP avec elle. Le confinement, commencé en mars 2020, aura mis temporairement la machine à construire à l'arrêt. Mais les conséquences de cette crise sur le secteur et ses professionnels auront été beaucoup plus durables que ces quelques semaines hors du temps. Souvenons-nous : sitôt les travailleurs renvoyés chez eux, les entreprises comme les administrations ont été contraintes, avec plus ou moins de bonheur, de mettre en place en catastrophe les outils permettant le télétravail. Ils n'ont, depuis, jamais été débranchés. D'autres héritages du Covid sont moins visibles, mais tout aussi pérennes, comme les gestes barrières ou les points d'eau sur les chantiers. Le confinement aura marqué une césure. Il aura surtout marqué les esprits. A tel point qu'un « monde d'après » devait advenir. Ce changement d'époque se traduirait notamment par des bâtiments, des infra structures et un urbanisme profondément repensés. Certaines de ces projections se sont concrétisées (1), à commencer par le développement sans précédent des pistes cyclables ou la réduction drastique des surfaces de bureaux. Une partie bute encore sur des contraintes économiques, comme la généralisation d'espaces extérieurs dans les logements. D'autres, enfin, ont fait long feu, à l'image du pari d'un exode urbain massif. Cinq ans plus tard, les villes, grandes et moyennes, attirent toujours autant. La crise du Covid, violente et universelle, aura bel et bien laissé des traces. La crise du Covid, violente et universelle, aura bel et bien laissé des traces. Tout comme, après elle, la guerre en Ukraine, le retour de l'inflation et la révolution de l'IA. Sans parler de la guerre commerciale qui se profile. Toutes ces ruptures, intervenues en si peu de temps, nous rappellent l'injonction contradictoire à laquelle l'accélération de la marche du monde nous contraint : l'impérieuse nécessité d'adaptation permanente combinée à la fragilité de toute démarche prospective. 2020 nous apparaît déjà comme une autre époque. Le monde d'après, c'est déjà du passé.

Le Moniteur #6343 : Au-dessus de Nice, ils confortent la falaise
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Un retour à l'envoyeur bien involontaire. En décembre 2023, lorsque Patrice Vergriete, ministre du Logement, cosigne la lettre de mission pour la rédaction d'un rapport sur l'avenir du renouvellement urbain, il est loin de se douter qu'à la remise de celui-ci, le 18 février dernier, il se trouvera justement à la tête de l'Anru, l'agence au cœur de ce méticuleux travail de défrichage. Cette facétie du destin illustre à la fois l'incroyable instabilité gouvernementale de l'époque (dans l'intervalle, le maire de Dunkerque a même eu le temps de passer par les Transports) et l'extrême précarité du personnel politique… tout comme son indéniable capacité à retomber sur ses pieds ! Problème : cette volatilité inédite pourrait bien finir par menacer la continuité des politiques publiques de long terme. Pour preuve : chacune des deux premières phases des programmes de renouvellement urbain s'étale sur une quinzaine d'années. Une éternité. L'Anru ne dispose pas que d'amis au sein du personnel politique. Dans ce contexte, le gouvernement aura-t-il l'ambition de relancer un Anru 3 ? Il le faut. Sans les 23 milliards d'euros mobilisés depuis Jean-Louis Borloo, jamais les vastes programmes de transformation des quartiers populaires n'auraient pu être menés à bien. Cela n'a évidemment pas manqué de susciter des critiques : périmètre d'intervention trop restreint, recours à la démolition trop systématique… Ces limites sont justement questionnées par les auteurs qui esquissent les contours d'un troisième acte. Destinataire du rapport commandé par ses prédécesseurs, François Rebsamen, ministre de l'Aménagement du territoire, a certes reconnu la nécessité de poursuivre l'effort, mais entend prendre le temps de la réflexion. On le comprend, tant le sujet est touffu, les enjeux financiers importants et l'urgence toute relative. Sauf que le temps de ce gouvernement, lui, semble compté. La remise de ce document a déjà subi un retard de quatre mois en raison justement de la valse des ministres. Or, rien ne dit que les prochains se montrent aussi bien disposés envers ces chantiers. L'Anru, dont l'action est appréciée des élus locaux comme des bailleurs sociaux, ne dispose pas que d'amis au sein du personnel politique. A l'instar de la CNDP, dont le bilan apparaît lui aussi globalement positif ), l'Anru pourrait, si l'on tarde trop à lui fixer un cap, finir comme l'USAid : un bel outil opérationnel que l'on casse par idéologie.

Le Moniteur #6344 : Conception bioclimatique de première classe
revue
Année : 2025
Auteur : Emmanuelle N'Haux
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Stop and go. C'est sur ce tempo que les décisions de justice concernant l'A69 s'enchaînent et ne se ressemblent pas. Largement attaqué depuis son lancement, le chantier de construction de cette autoroute entre Toulouse et Castres - dont l'idée a germé il y a trente ans ! - est aujourd'hui à l'arrêt. Le tribunal administratif de Toulouse a en effet annulé, jeudi 27 février, les autorisations environnementales délivrées les 1er et 2 mars 2023. Une issue préconisée par la rapporteure publique le 25 novembre 2024, se fondant sur l'absence de « raison impérative d'intérêt public majeur » justifiant les atteintes environnementales du projet. Pour autant, jusqu'ici, les travaux démarrés il y a deux ans n'avaient jamais été stoppés malgré les multiples demandes de suspension portées par les associations de défense de l'environnement. Quel que soit le devenir de l'opération, c'est du perdant-perdant. Cette fois, les pelleteuses sont remisées. Pour combien de temps ? L'Etat, par la voix du ministre des Transports, a déjà annoncé qu'il ferait appel de cette décision, réaffirmant son « attachement » à la réalisation d'un projet dont « les deux tiers du coût de la construction ont été engagés ». Quand les travaux avancent plus vite que la justice, c'est la fausse note assurée. Vu du ciel, le paysage porte déjà massivement l'empreinte de l'infrastructure autoroutière concédée à Atosca. Sur la terre, la destruction des écosystèmes est quant à elle bien enclenchée. Quel que soit le devenir de l'opération, c'est du perdant-perdant. Les 157 espèces animales protégées qui vivaient dans la zone sont déjà loin, l'arrêt du chantier sera coûteux et les attentes douchées. Pour Alain Grizaud, président de la FNTP, « cette décision vient aujourd'hui mettre en péril l'avenir de l'ensemble des projets d'infrastructures en France ». Si elle devait être confirmée en appel, elle ne manquerait pas de faire trembler tous les porteurs de projet au moment du go-no go.

Le Moniteur #6341 : Construire un hôpital : les leçons du Covid-19
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Ça aurait pu être bien pire. Après l'adoption, dans la douleur, d'un budget pour 2025, les professionnels de la construction peuvent souffler. L'élargissement du PTZ met du baume au cœur des promoteurs exsangues. La diminution de la RLS limite la douloureuse ponction qui pèse sur les bailleurs sociaux. Les collectivités, elles, voient leur contribution à l'effort de redressement amoindrie par rapport aux premières annonces. Quant au budget de MaPrimeRénov', il est finalement moins raboté que prévu. Alors que le monde de la construction avait les yeux braqués sur le palais Bourbon, les architectes gardaient un œil sur la rue de Valois. A quelques heures du rejet de la motion de censure, Rachida Dati réactivait en effet la Stratégie nationale pour l'architecture (SNA). Au menu, là encore, tout pour plaire à la profession : tisser des liens avec les collectivités, améliorer la formation, encourager la réhabilitation… Les acteurs de la construction semblent avoir enfin retrouvé l'attention des parlementaires et des gouvernants après des années d'ignorance. Ni la loi de finances pour 2025 ni la SNA relookée ne permettront aux professionnels de sortir de l'ornière. Très attendues, ces mesures ont cependant le mérite d'exister. Elles témoignent surtout d'un heureux mouvement de balancier : les acteurs de la construction semblent avoir enfin retrouvé l'oreille des parlementaires et des gouvernants après des années d'ignorance. Si tout cela fait chaud au cœur, il faut garder la tête froide. Ce changement d'attitude, aussi salutaire soit-il, apparaît bien précaire. La forte contrainte financière n'offre aucune garantie pour la suite. Dans quelques mois à peine, le prochain débat budgétaire se rouvrira et, selon l'état des comptes publics, les acquis de 2025 pourraient être balayés d'un revers de la main. Quant à la SNA, elle brille par une absence totale de données budgétaires et de calendrier précis, comme si ses auteurs refusaient de se lier les mains, alors que l'avenir est on ne peut plus incertain. Et c'est sans compter sur l'instabilité politique, susceptible, à tout moment, de rebattre les cartes dans les ministères. Il faudra alors reprendre son bâton de pèlerin.

Le Moniteur #6342 : Le bois, un matériau (enfin) comme les autres
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Ah, les normes ! Trop nombreuses, mal rédigées, déconnectées des réalités… C'est à se demander si elles ne sont pas là juste pour enquiquiner le populo et faire tourner en bourrique l'entrepreneur. L'impératif de simplification, vieux serpent de mer de la politique, refait surface à intervalles réguliers. Surtout que supprimer des normes, c'est comme parler identité nationale, ça ne coûte pas un kopeck. Pratique, quand on n'a plus d'argent à dépenser. Le Medef l'a bien compris. L'organisation patronale profite de cette fenêtre de tir pour proposer un projet de loi totalement ficelé. Son objectif : encourager les investissements dans des projets hexagonaux, essentiellement industriels. Son moyen : lever les contraintes réglementaires. Ses cibles : le ZAN, la protection des espèces protégées et, surtout, les recours juridiques. Aussi décriée soit-elle, une norme naît en général d'une bonne intention.Elle entrave autant qu'elle libère. L'impatience des porteurs de projets devant les délais observés apparaît légitime, leur frustration est indéniable. Faut-il pour autant sortir le lance-flamme et réduire en cendres les Codes de l'urbanisme et de l'environnement ? Rien n'est moins sûr. Laissons Trump et la politique du bulldozer à Washington. Les contraintes insupportables des uns sont bien souvent les droits légitimes des autres. Limitez la protection de l'environnement, réduisez les voies de recours des riverains, et vous mettrez le feu à une société déjà hautement inflammable. Aussi décriée soit-elle, une norme naît en général d'une bonne intention. Elle entrave autant qu'elle libère. Dernier exemple en date : le règlement européen sur les produits de construction. Ce texte, complexe, parfois nébuleux et encore incomplet, permettra à terme de sécuriser l'usage du réemploi pour accélérer l'utilisation de produits de seconde main. Une telle ambition, largement partagée, impose de mettre en œuvre des dispositifs contraignants. Plutôt qu'un vigoureux coup de balai épisodique qui laisse rapidement retomber la poussière, la simplification doit devenir un époussetage quotidien, un processus permanent qui entre dans le détail des mesures, soupèse les conséquences des différentes options et accepte in fine la complexité.

Le Moniteur #6340 : Curage de jouvence pour un ancien poste électrique
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Quand l'argent public se raréfie, les idées, elles, prolifèrent. Face au coup de vis budgétaire qui menace les investissements dans les bâtiments comme dans les infrastructures, chacun avance sa solution… sans oublier de placer ses pions. Des PPP aux hausses d'impôt, des concessions au tiers-financement, les vieilles recettes ressortent du placard et redonnent de la vigueur à un débat toujours sensible : investir, d'accord, mais avec quoi ? Le sujet, en effet, reste explosif. Car si tout le monde cherche de nouveaux modèles, personne ne souhaite passer à la caisse. L'Etat a les poches vides, les collectivités craignent de se faire tondre et le contribuable refuse tout nouvel effort. Quant aux entreprises privées et aux institutions financières, dont certaines disposent de puissants leviers d'action, elles devraient monnayer leur participation, tant elles sont courtisées. Si tout le monde cherche de nouveaux modèles, personne ne souhaite passer à la caisse. Reste l'usager, trop souvent ignoré. Très impopulaire dans l'opinion publique, l'idée de le faire participer davantage séduit de plus en plus de professionnels. Prenons l'eau potable, ridiculement bon marché. Une hausse du prix du mètre cube permettrait de mieux entretenir les réseaux tout en incitant à davantage de sobriété. Une option que les élus locaux abordent avec prudence, tant l'eau se révèle un sujet inflammable… Dans les mobilités aussi, les bonnets rouges en ont échaudé plus d'un. Cela n'empêche pas la région Grand Est, qui récupère 500 km de routes nationales, d'annoncer le recours à l'écotaxe pour financer leur remise à niveau. Et ce n'est qu'un début : la question des péages routiers devrait animer la prochaine conférence de financement des infrastructures de transports annoncée pour le printemps. S'il est salutaire de briser des tabous, il est dangereux de croire aux formules magiques. La solution idoine diffère selon les situations et selon les projets. Mal ficelé, un PPP peut se retourner contre ses concepteurs, comme en témoignent les difficultés rencontrées par certains stades. De même, l'usager doit parfois être épargné : pour lutter contre la pollution et les émissions carbone, le prix du ticket de bus doit rester bien inférieur au coût réel des transports en commun. Les bonnes idées, c'est comme l'argent public : elles doivent être maniées avec précaution, surtout quand elles abondent.

Le Moniteur #6338 : Le Grand Paris Express s'offre un puits de lumière
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Ça coûte cher, ça ne sert à rien… La chasse aux « machins » est un refrain populaire, au café du commerce comme dans le débat public. Ces derniers jours, ce sont les agences de l'Etat qui se sont trouvées dans la ligne de mire de grands élus de droite. Au cor : Gérard Larcher a lancé la charge. Au bout du fusil : l'Ademe, mais aussi l'Office français de la biodiversité. Le doigt sur la gâchette : Valérie Pécresse propose purement et simplement de supprimer l'agence de la transition écologique. Pan ! L'assaut fut violent et la polémique soudaine. Pourtant, l'attaque ne vient pas de nulle part. Un think-tank libéral, l'Ifrap, imaginait dès l'automne un dépeçage de l'Ademe. Surtout, ce coup médiatique se veut une réponse au RN, qui entend supprimer pas moins de 80 agences et opérateurs s'il accède au pouvoir. Ajoutez à cela la forte coloration écologique des organismes ciblés et vous comprenez que la stratégie est donc purement politique. Et fort peu pragmatique. S'en prendre aux milliards de l'Ademe, c'est jeter le discrédit sur des outils cruciaux pour le BTP. Car s'en prendre aux milliards de l'Ademe, c'est jeter le discrédit sur des outils cruciaux pour le secteur de la construction, comme le fonds friches, le fonds chaleur, France 2030… Autant de deniers publics dont ont besoin les collectivités dans leurs investissements et les acteurs privés dans leur transformation. Cet argent pourrait bien sûr être directement distribué par l'Etat. Mais alors, où se trouveraient les économies ? Quant aux agents, qu'ils soient récupérés par les régions, selon les vœux de Valérie Pécresse, ou recasés dans les Dreal, selon le plan de l'Ifrap, il faudra toujours les payer… De son vivant, Claude Allègre voulait « dégraisser le mammouth ». Aujourd'hui, des personnalités influentes prétendent le faire en se lançant dans une chasse au dahu. Il est de la responsabilité des élus de veiller à la bonne utilisation des derniers publics. Aucun budget n'est sacré, aucune procédure n'est intouchable. Cependant, au moment où Mayotte panse ses plaies et où Los Angeles brûle, il est incontestable que les investissements au service de la transition écologique des territoires figurent parmi les dépenses les plus utiles. En sortant le bazooka contre l'Ademe, les chasseurs risquent de transformer une simple partie de chasse en bain de sang qui éclabousserait tout le BTP.

Le Moniteur #6339 : Les Serm esquissent les gares de demain
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Donald Trump est un clown, capable des pires excentricités. Parmi la rafale de décrets qui a suivi son investiture, le nouveau président des Etats-Unis a décidé d'imposer aux futurs bâtiments fédéraux une architecture « traditionnelle, régionale et classique ». Et pourquoi pas des dorures « dans le genre Mar-a-Lago », tant qu'on y est ? C'est risible, certes, mais aussi terriblement révélateur de sa vision du pouvoir, très personnelle, résolument autoritaire et un brin passéiste. La stratégie de Trump pourrait conduire, de notre côté de l'Atlantique, à remettre en cause d'indispensables investissements dans la transition énergétique. Paradoxe de ce mandat : cette appétence pour le néo-classicisme le plus traditionnel coexiste avec une priorité stratégique donnée à l'intelligence artificielle. Fruit des noces de l'Amérique profonde avec la Silicon Valley, la nouvelle présidence plastronne en annonçant un investissement record visant à créer de gigantesques data centers. Un numéro de claquettes à 500 milliards de dollars, rien de moins. Objectif : doter le pays des immenses capacités de calcul que réclame le développement de l'IA. C'est un véritable projet d'infrastructures, qui vise, par son ampleur, à prendre un net avantage compétitif sur le reste du monde. Tout clown qu'il est, il a de la suite dans les idées. Car ces immenses hangars de serveurs feront, c'est certain, exploser les besoins énergétiques. La réponse : du solaire, du nucléaire, mais surtout « forer, forer, forer ». Libéré des contraintes de l'accord de Paris, Washington acte le grand retour des sources fossiles dans le mix états-unien. Une stratégie qui pourrait conduire, de notre côté de l'Atlantique, à remettre en cause d'indispensables investissements dans la transition énergétique, sous couvert de pragmatisme. Si les USA lèvent le pied, pourquoi ferions-nous des efforts ? La culture populaire américaine a produit Bozo, le clown qui fait rire les enfants. Mais aussi « Ça », la créature de Stephen King qui fait peur aux adultes. Le bureau ovale accueille désormais un détonnant mélange des deux, une sorte de Janus aux nez rouges. L'Amérique peut s'armer de pop-corn : elle s'offre un spectacle de quatre ans, pour le pire et le meilleur. Pas certain que l'Europe, elle, rigole longtemps.

Le Moniteur #6336 : Un nouveau quai jette l'ancre dans la baie des Anges
revue
Année : 2025
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : L'ère Béchu est échue. Dévoilée juste avant Noël, l'architecture du gouvernement Bayrou réunit sous une même ombrelle le Logement et les Transports, la Ville et la Ruralité. Une ombrelle qui n'est plus, comme au temps du maire d'Angers, celle de la Transition écologique, mais bien celle, portée par le dijonnais François Rebsamen, de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation. Evoquant la glorieuse époque de la Datar et celle des transferts de compétences, l'intitulé du portefeuille peut sonner un tantinet désuet aux oreilles des plus jeunes. Et pourquoi pas un ministère de l'Equipement, tant qu'on y est ? Pourtant, à y regarder de plus près, cette recomposition d'un pôle alliant BTP et collectivités apparaît comme tout à fait actuelle. Elle pourrait apporter une réponse à la déconnexion inédite, observée ces dernières années, entre les strates nationales et locales. La filière du BTP aspire à ce que soit renoué le lien entre les territoires et la construction. La filière aspire à ce que soit renoué, au plus haut niveau, ce lien entre les territoires et la construction. Une telle mise en cohérence devrait se révéler bénéfique, même si elle conduit à faire une victime. Jusqu'à récemment, en effet, c'est bien la Transition écologique qui servait de cap aux politiques de l'habitat et des mobilités. Or, Agnès Pannier-Runacher, toujours titulaire du maroquin vert, voit son périmètre nettement amoindri. Privée de la compétence énergétique, elle ne dispose pas - à l'inverse de son prédécesseur - des leviers d'action des ministères du Logement et des Transports sur le terrain. Au risque de se retrouver en charge des ruisseaux et des petits oiseaux, comme aux temps anciens de l'Equipement. Un tel recul ne serait pas sans risques. A la faveur de la transition verte, le BTP a trouvé une dynamique nouvelle, favorable à l'innovation et à son attractivité. Les avancées notables en matière d'adaptation au changement climatique, par exemple, ont été rendues possibles par les multiples casquettes que portait un ministre de poids. Un certain Christophe Béchu. Désormais, c'est fichu ?

Le Moniteur #6333-6334 : Photovoltaïque et biodiversité : Décarboner l'énergie sans dénaturer les sols
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Ils ont survécu à l'ouragan, ils doivent désormais survivre au dénuement. Les Mahorais ont tout perdu. Plus de toit, plus d'eau, plus d'école… Le passage de Chido a ravagé l'archipel et plongé la population dans un état de détresse absolu. Quand, sur un territoire aussi isolé, les bâtiments et les infrastructures se trouvent hors service, c'est tout un cadre de vie qui disparaît. Et ce, même quand cet environnement se compose d'habitats précaires et d'urbanisme spontané. Désormais, il faut mobiliser tout ce dont l'île manque cruellement mais qui, partout, fait un chantier. Le cent unième département français n'avait, il est vrai, pas besoin de ça. Le cataclysme n'a fait qu'ajouter du malheur à la misère. En rasant des bidonvilles, il a tout pris à ceux qui n'avaient presque rien. En anéantissant l'aéroport, il a bloqué la seule voie d'accès à ce confetti perdu dans l'océan Indien. En blessant une foule de personnes tout en dégradant l'hôpital, il a saturé un établissement qui manquait déjà de capacité d'accueil. Sanitaire et humanitaire, l'urgence est aussi constructive. Or, dans l'Hexagone comme en outre-mer, il faut du temps pour passer du projet à la réalisation. Nous avons, fort heureusement, déjà démontré notre capacité à forcer l'allure. Des moyens exceptionnels n'ont-ils pas été débloqués pour répondre aux besoins d'une ville sous-équipée comme Marseille ? Certes, mais Mamoudzou n'est plus qu'un champ de ruines. N'est-on pas parvenu à rebâtir Notre-Dame en un temps record ? Vrai. Reste que, pour les rescapés de Mayotte, cinq années ressemblent à une éternité. De toutes les crises récentes, celle-ci s'apparente à du jamais-vu. La solidarité nationale s'exprimera tant par la mobilisation des fonds publics que par la générosité privée. Mais au-delà de la question financière, cette situation inédite impose une remise à plat de toutes nos habitudes, de tous nos process. Déjà, les règles habituelles de la commande publique peuvent être outrepassées. Désormais, il faut mobiliser moyens techniques et logistiques. Des hommes et des matériaux, des savoir-faire et des engins. Bref, tout ce dont l'île manque cruellement mais qui, partout, fait un chantier. Et, là-bas, ce sont des milliers et des milliers de chantiers qui nous attendent.

Urbanisme hors-série #80 : Centres anciens : nouveaux enjeux ! Attractivité - Adaptation - Avenir
revue
Année : 2024
Auteur : Julien Meyrignac
Editeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISM
Description : D’éclatants objets du désir Personne n’a oublié l’époque pas si lointaine où les centres anciens des villes petites, moyennes ou grandes qui font la fierté de notre pays, témoignant de la diversité géographique et de la richesse historique et culturelle, ont été dévitalisés au bénéfice des métropoles régionales ou de leurs propres périphéries étalées. Des centres abandonnés par leur population et par les acteurs économiques de proximité, au premier rang desquels les commerces, étrillés par la grande distribution ou partis la rejoindre en périphérie. Ils ont alors connu des destins contrastés, indexés sur l’économie locale, souvent devenue résidentielle, et sur le tourisme dans ses différentes composantes, du séjour « international » à la journée « locale ». Et ces visiteurs, mus par le désir de découvrir ces villes et leur patrimoine, de faire le triste constat de la vacance résidentielle et commerciale, parfois compensée par une économie touristique de cueillette (hébergement) ou de petite marchandise (boutiques). En philosophie, « l’obscur objet du désir » désigne l’assertion que l’on cesse de désirer ce que l’on possède et que l’on ne désire que ce qui nous manque. Ces centres historiques n’étaient plus désirés par ceux qui y habitaient depuis des générations et qui souvent continuaient de les posséder (logements, commerces, etc.), mais ils demeuraient des lieux de désir pour leurs visiteurs. Oui, mais depuis quelques années déjà, cette tendance s’inverse dans la plupart des villes concernées, certaines connaissant même une véritable renaissance en accueillant de nouveaux habitants en quête d’aménités, services et vie sociale. Cette attractivité nouvelle ne concurrence pas l’attrait touristique, elle le renforce même souvent. Mais pour devenir « d’éclatants objets du désir », les centres anciens doivent faire l’objet d’attentions particulières, comme être préservés de toute concurrence périphérique, résidentielle et économique, et surtout bénéficier de mesures et actions en faveur de leur adaptation aux défis écologiques et climatiques (réchauffement) et socio-économiques (vieillissement). Chacune de ces problématiques constitue pour chacun d’eux de véritables challenges : le renouvellement urbain doit respecter le tissu vernaculaire et l’identité locale, la rénovation énergétique et l’adaptation au grand âge ou au handicap coûtent cher, car elles doivent composer avec la nécessaire protection du patrimoine bâti et les prescriptions particulières qui en découlent. Sur l’ensemble du territoire national, les initiatives pour apaiser ces centres-villes, les rendre plus accessibles, vivants, solidaires et agréables sont de plus en plus nombreuses et probantes. Toujours, le patrimoine y occupe une place déterminante, parce qu’il incarne un récit territorial et urbain, parce qu’il témoigne d’une adaptation continue à travers les époques et qu’il recèle aussi des enseignements et des promesses pour un futur hautement désirable.

Le Moniteur #6328 : Règlement Ecoconception - Comment l'Europe veut verdir la construction
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Faut-il sacrifier un nouveau jour férié pour financer les Ehpad ? L'idée, proposée par un récent rapport sénatorial consacré à ces structures accueillant des personnes âgées dépendantes, semble avoir fait long feu. Le débat a agité le Landerneau politique, hérissé les centrales syndicales, opposées à voir les salariés supporter seuls cette charge, et mis vent debout les associations d'anciens combattants, inquiètes pour le 11- Novembre. « Très réservé » sur l'intérêt de la mesure, le Premier ministre a refermé la boîte à idées. Et pourtant, la France va immanquablement manquer d'Ehpad. La pyramide des âges est implacable : les besoins vont exploser au cours de la prochaine décennie. Ce même rapport parlementaire pointait en effet les difficultés financières croissantes de ces institutions, qu'elles soient publiques ou privés, à but lucratif ou non. De mauvais résultats qui détournent les investisseurs et freinent toute ambition de développement. Or, la pyramide des âges est implacable : les besoins vont exploser au cours de la prochaine décennie. Or le pays ne s'y prépare pas. Dans les Ehpad, en effet, l'heure est à la rénovation (lire p. 8) . On isole, on modernise, on rafraîchit… Objectifs : respecter les obligations du décret tertiaire et améliorer le cadre de vie des personnes âgées. Mais aussi redorer l'image de ces établissements, éclaboussés par le scandale Orpea et critiqués pour leur gestion du Covid. Une montée en gamme salutaire, mais qui, en donnant davantage de place aux résidents, réduit encore un peu plus une offre de lits déjà sérieusement entamée par la baisse du nombre de structures. Même si on met le turbo sur l'adaptation des logements, même si on accroît l'offre de résidences pour seniors non dépendants, le défi du vieillissement contraindra tôt ou tard à relancer la machine à construire. Un plan ambitieux qui nécessitera des investissements massifs. Pour cela, faut-il élargir l'usage du Fonds vert, comme le suggèrent les sénateurs ? Faut-il que, dans les zones rurales, ces institutions accueillent des services publics aux riverains pour favoriser leur implantation ? Rouvrons la boîte à idées !

Le Moniteur #6324 : Dans les Alpes suisses, un barrage peut en cacher un autre
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu… Vous peinez peut-être à le croire mais, dans les montagnes suisses, un gigantesque barrage est bel et bien en train d'être érigé. Si, si, on vous le jure, on est même allés le voir. Si un tel chantier semble inimaginable, c'est que les derniers grands ouvrages hydrauliques français ne datent pas de la dernière pluie. Les initiatives récentes peinent à émerger, comme en témoigne l'abandon, fin août, du projet Rhônergia à la frontière de l'Isère et de l'Ain. L'établissement d'une doctrine partagée sur les infrastructures s'impose. La raison de cette désaffection réside dans les dommages sur la biodiversité de ces constructions et de leurs retenues d'eau. Un impact qui, à notre époque, paraît inacceptable devant un juge comme devant les électeurs. On en oublierait presque les immenses vertus de l'hydroélectricité : un bilan carbone riquiqui et une ressource renouvelable à l'infini. La transition énergétique réclame des infrastructures. Sa réussite exige donc de surmonter l'antagonisme entre l'indispensable décarbonation de nos sociétés et la non moins légitime protection de nos milieux naturels. Cette opposition se retrouve dans les récentes manifestations contre le tracé de la future LGV Bordeaux-Toulouse ou dans les mobilisations contre divers projets de centrales photovoltaïques. Aussi nécessaires soient-ils, les efforts de sobriété ne suffiront pas à esquiver l'inextricable dilemme : préserver le cadre de vie des marmottes d'aujourd'hui ou sauvegarder les conditions de vie de celles de demain ? L'établissement d'une doctrine partagée s'impose. Que peut-on construire ? Avec quelles externalités acceptables ? C'est, en partie, le sens de la loi Aper du 10 mars 2023, qui facilite l'obtention d'une dérogation « espèces protégées » pour les projets de production d'EnR. Cette clarification du cadre juridique doit s'accompagner d'une cohérence de long terme dans les choix des pouvoirs publics, comme le réclame la FNTP. Rien n'est pire que de laisser porteurs de projet et opposants seuls dans un dialogue de sourds mortifère. Il faut au contraire inviter les citoyens à appréhender les multiples facettes du problème, les élus à prendre le sujet à bras-le-corps et, ensemble, définir la voie acceptable pour le plus grand nombre. Marmottes comprises.

Le Moniteur #6319 : Quand les bailleurs sociaux font sans les promoteurs
revue
Année : 2024
Auteur : Emmanuelle N'Haux
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : A l'heure où certains se focalisent sur la nécessité d'un ministère de l'Immigration, 2,7 millions de personnes attendent toujours un toit dans le parc social. Certains membres du gouvernement Attal ont reconnu avoir sous-estimé la crise actuelle, de quoi nourrir l'espoir que le prochain exécutif fasse du logement une priorité. Et que le futur ministre en charge de ce portefeuille - non connu au moment où nous imprimons ces lignes - reprenne à son compte le projet de loi relatif au développement de l'offre de logements abordables, stoppé dans sa course législative par la dissolution. Au regard de la production réalisée malgré une promotion privée à l'agonie, les bailleurs sociaux se sont bel et bien retroussé les manches. Les acteurs du monde HLM, qui se réuniront en congrès du 24 au 26 septembre à Montpellier, l'appellent de leurs vœux. La filière du BTP tout entière, derrière. La situation devenue critique l'exige. En 2023, le nombre d'agréments pour la construction de logements sociaux est tombé à 82 000. Bien loin des 198 000 nécessaires chaque année pour répondre à la demande. Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat (USH) déclarait, début juillet, que « la crise du logement n'était pas une fatalité » et que « les acteurs du logement social ne baissaient pas les bras ». Au regard de la production réalisée malgré une promotion privée à l'agonie, les bailleurs se sont bel et bien retroussé les manches. Et d'innovation - thème du congrès de l'USH - ils n'en manquent pas. Ni d'agilité. Maîtrise d'ouvrage directe, opérations d'acquisition- amélioration, Vefa inversée… sont autant de dispositifs mis en œuvre par les organismes HLM. En attendant que l'Etat se penche sur le berceau du logement abordable, les collectivités restent à son chevet à grand renfort de plans d'urgence ou de mobilisation du foncier public. La présidente de l'USH plaide en ce sens. C'est à ce prix que le logement social jouera pleinement son rôle contracyclique.

Le Moniteur #6317-18 : La tour qui fait twister Le Havre
revue
Année : 2024
Auteur : Sophie d' Auzon
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : « Levez-vous, si vous le pouvez. » Les invites inclusives des speakers lors des moments clés des cérémonies olympiques et paralympiques qui ont jalonné notre été ont rappelé l'évidence. Nous ne sommes pas tous égaux en matière de mobilité. Et personne ne doit rester sur le (bas) côté. Jamais le sujet du handicap en France n'avait bénéficié d'une telle visibilité. Accueillant les parathlètes le soir du 28 août, le président du Comité d'organisation des Jeux de Paris 2024, Tony Estanguet, affirmait : « Votre force, c'est qu'à chacune de vos victoires, c'est aussi tout un pays qui va changer. » Il est temps de mettre la main à la poche et de déclarer l'urgence de la transition mobile. Mais, la flamme éteinte, que restera-t-il de cette prophétie ? « Concrètement, l'héritage va être très faible par rapport à l'accessibilité », estimait Nicolas Mérille, conseiller national accessibilité & conception universelle de l'APF France Handicap, au micro de France Info. Les chantiers sont vastes, et bien connus des acteurs du BTP. Accessibilité des logements, des ERP, du cadre de vie… Pour ne parler que de mobilité, un projet emblématique s'impose dans le débat : rendre accessibles les 13 lignes historiques du métro de la capitale. Paris n'était pas prête pour les visiteurs et athlètes des JOP souhaitant voyager en souterrain. Elle le sera demain, a assuré au cœur du mois d'août Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France. Demain, c'est-à-dire… dans vingt ans, et après avoir trouvé 20 milliards d'euros. L'élue entend pour ce faire obtenir un partage du financement par tiers avec l'Etat et la Ville. Premier signe encourageant, le pacte conclu par les deux collectivités avec l'APF le 5 septembre par lequel les signataires s'engagent à agir conjointement pour lancer le grand projet du « métro pour tous ». Pas encore de promesse sonnante et trébuchante à ce stade. Or il est temps de mettre la main à la poche et de déclarer l'urgence de la transition mobile. « Déplacez-vous, si vous le pouvez. »

Le Moniteur #6314 : L'ancien loup de mer vogue pour les TP
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : C'est un coup de pied dans la fourmilière qu'a donné Bercy au début de l'été. Dans une étude publiée en juillet, la direction générale du Trésor s'est penchée sur la vacance. Conclusion : environ 75 000 logements existants pourraient, chaque année, répondre aux besoins des ménages. Soit l'équivalent de 20 % de la production neuve. Dotée d'une méthodologie bien charpentée, la démarche présente l'intérêt de s'intéresser aux communes dans lesquelles la production neuve s'accompagne d'une progression des logements inoccupés. En clair, elle entend déconstruire l'idée selon laquelle les maisons et appartements vacants se situeraient, pour l'essentiel, dans la diagonale du vide. Environ 75 000 logements existants pourraient, chaque année, être mobilisés. Elle pointe plutôt la dévitalisation des centres-bourgs au profit des zones pavillonnaires périphériques. Cet enseignement constitue l'intérêt principal de l'étude. Car, pour aller au bout de la réflexion, il aurait fallu comprendre pourquoi ces logements, situés majoritairement en zones tendues, restent désespérément vides. Propriétaires négligents ? Insalubrité ? Successions conflictuelles ? Travaux nécessaires ? Pour desserrer les freins à la location ou à la vente, il faudrait actionner un panel de mesures, de l'incitation à la contrainte, du droit de préemption jusqu'à la fiscalité. La publication, la semaine dernière, d'un arrêté ajustant un micro-détail d'un mini-dispositif de la loi Elan montre à quel point la marche est encore haute. La note du Trésor évoque bien sûr les plans, dispositifs et aides déjà en place. Mais, malgré leur manque d'efficacité à grande échelle, elle ne propose pas de big bang. Ce n'était pas sa vocation. Mais d'ailleurs, quelle était sa vocation ? Tordre le cou à un mythe, peut-être. Objectiver une ressource sous-évaluée, probablement. Décentrer le débat de la politique du logement, sûrement, afin qu'il cesse de se focaliser sur le dramatique effondrement de la construction neuve. Un contre-feu, allumé par une administration que le triste record de 270 000 mises en chantier sur douze mois ne doit pas émouvoir. Lors du CNR Logement, à l'automne 2022, une oratrice avait jeté un froid en évoquant « de besoins nouveaux de l'ordre de 200 000 à 300 000 logements chaque année ». Sa fonction ? Cheffe économiste au Trésor.

Le Moniteur #6313 : Bain de jouvence miraculeux pour la piscine bretonne
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Il est des records dont on se gargarise, d'autres dont on se passerait volontiers. La publication, fin juillet, du nombre de permis de construire délivrés en France a confirmé que le pays atteignait à nouveau des niveaux historiquement bas. Début août, on a appris sans grande surprise que l'emploi dans la construction dégringolait encore… Même si, pendant la parenthèse des JO, le temps est apparu comme suspendu, la Terre ne s'est pas pour autant arrêtée de tourner. Et la crise de l'immobilier ne s'est en aucun cas calmée. Ce coup de frein ne concerne pas le seul Hexagone. Les racines du mal sont, il est vrai, internationales : hausse des taux d'intérêt, flambée des coûts des matériaux, incertitudes économiques… Une étude de l'institut allemand IFO le confirme : les principales économies européennes connaissent un sérieux ralentissement de leur production de logements. Et cela pourrait durer : de 2022 à 2026, la chute atteindrait 17 % à l'échelle continentale. Et pourrait même frôler les 50 % en Suède. De 2022 à 2026, la chute de la production de logements pourrait atteindre 17 % à l'échelle de l'Europe continentale. Quand je me regarde, je me désole, quand je me compare, je me console. Ou pas. Car tous nos voisins européens ne restent pas les bras ballants devant la raréfaction d'un besoin élémentaire de leur population et le ralentissement d'un pan entier de leur économie. Loin de l'inaction qui semble nous servir de politique publique, la vice-Première ministre britannique, - par ailleurs en charge de l'habitat -Angela Rayner, a ainsi annoncé un plan « radical » pour la construction de logements. Avec, à la clé, la réintroduction d'objectifs contraignants de production pour les autorités locales et, le cas échéant, la reprise en main par les instances nationales. Ça ne vous rappelle rien ? C'est l'esprit même de la loi SRU, celle-là même que l'on cherche, ici, à assouplir. Alors que le monde braquait ses yeux émerveillés sur un Paris étincelant, les Anglais ont dû crever de jalousie. Et les émeutes racistes qui ont embrasé le royaume ne doivent pas les inciter à pavoiser. Il n'empêche, non seulement les Britanniques ont droit à un gouvernement de plein exercice, mais celui-ci semble avoir placé la crise immobilière en tête des priorités. Lucky people.

Le Moniteur #6312 : Une tour de La Défense isolée fenêtre par fenêtre
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Les oiseaux (de mauvais augure) se cachent pour mourir (de honte). Contrairement aux oracles les plus sombres, les Jeux olympiques de Paris se sont mués, dès leur ouverture, en succès planétaire et populaire. Cette réussite constitue une vitrine du savoir-faire tricolore dans l'organisation de grands événements. Un cocorico que l'on doit, entre autres, aux acteurs de la construction mobilisés de longue date sur cet objectif. On sait que les ouvrages olympiques ont, de Saint-Denis à Tahiti, concentré l'attention des pouvoirs publics, maîtres d'ouvrage, maîtres d'œuvre et entreprises. Que leurs cahiers des charges ambitieux et leurs délais incompressibles constituaient de sérieux défis, au bout du compte relevés haut la main. Que ces chantiers ont, par endroits, contraint la profession à réaliser des pas de géant en termes d'innovation. Cette œuvre, déjà immense, est connue et reconnue, mais elle ne résume pas à elle seule l'apport des constructeurs à la fête olympique. Les chantiers olympiques, ont, par endroits, contraint la profession à réaliser des pas de géant en termes d'innovation. Leurs compétences se déploient également bien loin de la lumière des projecteurs. Dans l'arrière-scène, donc, et jusque sur la Seine. Les équipes de C&E Ingénierie ont ainsi étudié les caractéristiques structurelles des ponts parisiens sollicités par la grandiose cérémonie d'ouverture. Un travail de bénédictin, fait de calculs et de contre-calculs, mais aussi d'archiviste, pour mettre la main sur les plans d'origine de ces ouvrages historiques. Un travail de l'ombre. Des montagnes d'équations- et quelques tonnes de béton - auront aussi été nécessaires pour concrétiser la sempiternelle promesse de pouvoir se baigner dans la Seine. Malgré les sarcasmes et les orages, l'épreuve de triathlon a pu s'y dérouler sans encombre. En plus de la volonté politique, il aura fallu compter sur le labeur colossal des ingénieurs et des compagnons pour, contre vents et marées, réaliser ce vieux rêve. Et, ainsi, clouer le bec aux grincheux. A l'heure des médailles étincelantes et des Marseillaises tonitruantes, le BTP mérite bien sa couronne de laurier.

Le Moniteur #6311 : Marion Moriceau, scaphandrière déterminée
revue
Année : 2024
Auteur : Jérémy Bellanger
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Vingt ans pour l'un, dix pour l'autre. Le contrat de partenariat public-privé (PPP) et la société d'économie mixte à opération unique (Semop) viennent de fêter leur anniversaire. Deux outils imaginés pour tirer le meilleur parti des compétences et moyens respectifs des acteurs publics et privés. Pourtant, alors qu'ils sont censés faciliter le financement et l'exploitation d'équipements et d'infrastructures, leur bilan est pour le moins mitigé. Forme de société qui appelle au compromis, la Semop peine à s'imposer. Le PPP, rebaptisé marché de partenariat, a même quasiment disparu. En cause, son potentiel impact à long terme sur le budget, en particulier des collectivités, et une place accordée aux entreprises jugée trop importante. Trouver le bon calibrage pour mener à bien un projet ciblé, en associant un partenaire privé tout en permettant aux pouvoirs publics de garder la main, tel est justement l'objectif de la Semop. Or, cette forme de société qui appelle au compromis peine, elle aussi, à s'imposer (lire « Décryptage », p. 8). A ce jour, la France n'en compte qu'une cinquantaine. Un nombre trop faible aux yeux des défenseurs de cette structure née de « la nécessité de récupérer certaines longues DSP, dans lesquelles l'acteur public avait un peu disparu », comme le rappelle Jean-Léonce Dupont, l'auteur de la loi qui l'a instituée en France. Le manque de compétences au sein de certains territoires pour s'inscrire dans ce format exigeant offre une première explication à ce faible engouement. Le risque financier en livre une autre. Car pour disposer d'un pouvoir de contrôle, la collectivité doit détenir 34 % de l'actionnariat, ce qui l'expose à des pertes potentielles. La vigilance doit donc rester de mise, sans pour autant décourager les volontés d'unir les forces de deux mondes aux intérêts parfois divergents, mais profondément interdépendants. A l'heure d'investir massivement dans la transition écologique, privé et public sont plus que jamais appelés à resserrer leurs liens afin de mieux travailler de concert.

Le Moniteur #6305 : Exploit princier à Monaco : un R+8 érigé sans grue
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Mon conseil municipal devait, dans deux jours, voter une délibération relative au fonds vert. J'ai décidé de décaler la réunion : cette subvention existera-t-elle encore dans un mois ? Comme beaucoup d'élus locaux, ce maire alsacien confie avoir les jambes coupées par une campagne surprise et des élections à l'issue incertaine. Décisions repoussées, interlocuteurs absents, rencontres annulées… Le blocage touche tout le pays, bien au-delà des services de l'Etat. La dissolution avait vocation à faire bouger les lignes. Le fait du prince a, pour l'instant, paralysé la France. Les législatives précédant les grandes vacances, ce sont des mois d'actions qui, in fine, se trouvent perdus Les premières victimes de ce retour à l'isoloir sont bien évidemment les textes qui étaient en discussion au Parlement. Avec des députés renvoyés devant les électeurs et des sénateurs qui, « par courtoisie », suspendent leur séance plénière, une bonne vingtaine de projets et propositions de loi ont, du jour au lendemain, rejoint les limbes. On pense bien évidemment à la loi sur le logement abordable, à celle destinée à simplifier la vie des entreprises ou encore au texte entendant favoriser la transformation de bureaux en logements, qui comportait entre autres des éléments favorables à la surélévation. Toutes ces dispositions ont été longuement discutées, négociées et amendées. Mais elles pourraient tout bonnement passer à la trappe et laisser la place à de nouvelles priorités choisies par la majorité qui sortira des urnes - s'il y en a une. L'été 2024 s'ouvre donc avec un gel. Et comme les législatives précèdent les grandes vacances, ce sont des mois d'actions qui, in fine, se trouvent perdus. L'économie, pourtant, ne peut se permettre que le temps suspende son vol. La crise immobilière, le renouvellement des infrastructures ou encore la transition énergétique exigent volonté, visibilité et liquidités. Or, les coups de poker politiques génèrent au contraire incertitude budgétaire et instabilité normative. Avec, au bout du compte, un risque mésestimé : celui d'une léthargie longue et mortifère.

Le Moniteur #6303 : Quand les grands chantiers donnent une nouvelle vie
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Immigration, agriculture ou encore défense. C'est peu dire que la campagne pour les élections européennes n'était pas centrée sur la transition écologique. Mis à part les échanges sur l'énergie propre - nucléaire contre EnR - ou les mobilités décarbonées - train contre voiture électrique -, le débat est resté en surface. La question cruciale de l'adaptation au changement climatique a surtout largement été ignorée. C'est pourquoi « Le Moniteur » a sollicité les principales têtes de listes pour mieux comprendre leur position sur l'ensemble des sujets qui concernent au premier chef les acteurs de la construction et de l'aménagement. Au regard de l'urgence climatique, la question de l'agenda politique apparaît bien dérisoire Lors d'une campagne, les candidats s'époumonent. Les gouvernants, eux, ont tendance à se taire. Parmi les sujets mis sous le tapis ces dernières semaines figure justement le dévoilement du Pnacc 3, le troisième plan national d'adaptation au changement climatique. Attendu de longue date, annoncé comme imminent, il n'a jamais connu de fenêtre médiatique favorable. Alors, on attend des jours meilleurs. Ce retard à l'allumage est d'autant plus regrettable que le pays était parti à point. Christophe Béchu avait très tôt porté le sujet d'une France à + 4° C. Et Matignon a fait cravacher l'administration pour affiner le futur plan. Ce travail, s'il veut être crédible, doit déboucher sur des investissements sonnants et trébuchants. Toutes les études, même celle de la Cour des comptes, soulignent l'immensité des besoins. Et l'urgence de la situation. Car la France a beau être en avance sur ses voisins, elle court tout de même derrière le changement climatique. Ses effets se font de plus en plus visibles et meurtriers, des records de chaleur indiens aux inondations afghanes en passant par les turbulences aériennes imprévisibles. Plus près de nous, les communes littorales affrontent l'érosion côtière sans que les outils juridiques et financiers ne soient tout à fait affûtés. Au regard de l'enjeu, la question de l'agenda politique apparaît bien dérisoire. Il n'y a pas de mystère : les dossiers qui bénéficient d'un coup de projecteur ne sont pas ceux qui ont sagement attendu leur tour, mais ceux qui ont été jugés prioritaires. Il est grand temps que l'adaptation le devienne.

Le Moniteur #6302 : Les usines à maisons attendent leur heure
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Les bonnes nouvelles se savourent sans modération, les satisfecit se jaugent avec circonspection. La France a - cocorico ! - réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 5,8 % en 2023. Gabriel Attal n'a pas raté l'occasion de s'en gargariser sitôt ce chiffre dévoilé : « Nous n'avons de leçons à recevoir de personne en matière d'efficacité écologique et environnementale. » Sans sous-estimer les fruits de politiques publiques efficaces, il apparaît toutefois réducteur de tresser des lauriers aux seuls décideurs. Sur les 22,8 millions de tonnes de CO2 économisées l'an dernier, 15 % l'ont été dans le bâtiment, 19 % dans les transports et 34 % dans l'énergie. Ces performances ne se décident pas en Conseil des ministres, elles ne se décrètent pas par ordonnance. Elles s'obtiennent par l'engagement quotidien des hommes et des femmes de terrain. Cet engagement révèle l'une des dynamiques sous-estimée mais décisive de la décarbonation : la révolution culturelle qui est en train de bousculer en profondeur les pratiques professionnelles, à commencer par celles de la construction. L'arrivée de nouvelles générations de professionnels accélérera encore l'acculturation écologique Les compétences s'adaptent en même temps que les mentalités se transforment. En hausse de 13 % l'an dernier, les formations suivies dans le BTP se trouvent boostées par les modules liés à la transition écologique, explique Constructys. Même tendance du côté de la maîtrise d'ouvrage. François Adam, directeur des achats de l'Etat, constate par exemple « une vraie prise de conscience et une montée en compétences » des acheteurs publics en matière de verdissement des marchés. La mutation des esprits s'opère à grande vitesse. Et ce n'est qu'un début. L'arrivée de nouvelles générations de professionnels accélérera encore cette acculturation écologique. Plus des trois quarts des apprentis en CFA estiment ainsi qu'il leur incombe de porter la préservation de la planète dans le secteur de la construction, annonce le baromètre du CCCA-BTP. Mieux, ils considèrent massivement qu'ils ont à « défendre la protection de l'environnement » au sein de leur entreprise d'accueil. Eux aussi sont jeunes, et eux aussi estiment ne pas avoir de leçons à recevoir.

Le Moniteur #6301 : Infrastructures de recharge : le sésame vers la liberté
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : C'était un texte de Bruno Le Maire… déjà ! La loi Pacte souffle en ce printemps ses cinq bougies. Une demi-décennie qui a vu ses dispositions entrer dans le quotidien des Français et, plus spécifiquement, de leurs entreprises. Simplification des seuils, facilitation de la transmission, soutien à l'export… Sans oublier une innovation : la création du statut d'entreprise à mission. Elles sont aujourd'hui plus de 1 600 à avoir sauté le pas. Des pionnières qui ont essuyé les plâtres et offrent d'ores déjà quelques enseignements. Par leur variété, d'abord : petites ou grandes, elles concernent tous les métiers, y compris ceux de la construction, couvrant aussi bien la promotion immobilière et l'aménagement, que la conception paysagère et les travaux publics. Chez Charier, par exemple, ce nouveau statut accompagne un changement de culture interne et un virage stratégique (lire p. 10). Les pionnières de l'entreprise à mission expérimentent encore, elles s'interrogent et tâtonnent beaucoup, tant le cadre est souple. Cinq ans, ce n'est plus le premier âge, mais ce n'est pas encore l'âge de raison. Alors, nos missionnaires expérimentent encore, elles s'interrogent et tâtonnent beaucoup, tant le cadre est souple. Du choix de la « raison d'être » jusqu'à la définition des indicateurs à suivre, en passant par la création d'un « comité de mission », chacune réalise sa transition à sa manière et à son rythme. Toutes ont cependant l'ambition de faire un pas de côté et d'élargir leurs objectifs au-delà des seuls critères financiers habituels, en tenant compte des visées écologiques, sociales, territoriales… Toutes souhaitent aussi le faire savoir, tant aux salariés, actuels et futurs, qu'aux clients. Cependant, cette stratégie d'image, qui n'enlève rien à la sincérité de la démarche, peine encore à porter ses fruits en termes de contrats. En cause : une conjoncture qui n'incite guère à l'aventure et une commande publique qui reste encore trop sourde aux critères extra-financiers. Heureusement, le cadre juridique évolue progressivement, afin d'encourager les offres plus vertueuses. En témoignent par exemple des dispositions récentes de la loi Industrie verte portée par un certain… Bruno Le Maire. Rendez-vous dans cinq ans ?

Le Moniteur #6300 : Biosourcé, bioclimatique... Les choix de Madec pour un chai du Médoc
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Ses 69 milliards d'euros de chiffre d'affaires mis à part, c'est une entreprise de travaux comme les autres. A l'instar de ses homologues, elle est avant tout le produit du travail des hommes - et de plus en plus, des femmes -qui la composent : compagnons, ingénieurs, dirigeants… Et, comme partout ailleurs, tout changement à sa tête donne lieu à une période particulièrement délicate à gérer. Vinci est bien une entreprise comme les autres. Mais - 69 milliards oblige -ce qui s'y déroule est beaucoup plus scruté qu'ailleurs. C'est donc l'un des voiles les plus opaques du BTP français qui vient d'être soulevé : Xavier Huillard passera le flambeau à Pierre Anjolras. Autant pour Vinci que pour NGE, ce sont deux hommes du sérail qui ont été promus L'heureux élu, qui a déjà œuvré à la réunion d'Eurovia et de Vinci Construction, se voit promu directeur général opérationnel du groupe. Un statut transitoire puisque Xavier Huillard devra quitter ses fonctions de directeur général en 2025, même s'il pourra rester président. Cette nomination est donc, si ce n'est l'épilogue, au moins le dénouement d'une intrigue qui agitait à bas bruit les milieux constructo-financiers depuis des années. L'âge du capitaine étant connu, la désignation d'un second était inéluctable. Son aura étant immense, on savait cette nomination ultra- délicate. Son attachement au groupe étant indéniable, on imaginait l'importance que revêt le transfert - même partiel - de ses prérogatives. Autre entreprise, autre culture, mêmes enjeux. NGE - et ses 4,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires - vient elle aussi de négocier son passage de témoin. Là aussi, c'est un homme du sérail qui a été promu en la personne de Jean Bernadet. Une transition qui se veut douce et programmée, susceptible de rassurer les investisseurs comme les salariés. Une transition comme il s'en produit des milliers chaque année dans le BTP, avec bien moins de commentaires mais tout autant de précautions. Bien souvent, elle est le fruit de longs mois voire d'années de préparation, de formation et de transmissions. A cette condition, les histoires de successions finissent bien, en général.

Le Moniteur #6299 : Des aides aux entreprises pour prévenir les TMS
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Pont du Gard. Le 3 mai dernier, un ouvrage provisoire situé à la sortie de Chamborigaud, dans le Gard, restaurait la liaison entre le village de 900 âmes et la commune de Génolhac. La circulation y était interrompue depuis la mi-mars et le brusque effondrement d'un pont en maçonnerie du XIXe siècle. Ce dernier, classé en « bon état », faisait pourtant l'objet d'un suivi régulier, affirme le conseil départemental. Cet accident était-il donc imprévisible, tel un choc provoqué par un porte-containers à la dérive ? Pont-l'Evêque. L'anticipation doit rester le maître mot des gestionnaires d'infrastructures. Une auscultation poussée et, demain, un monitoring en temps réel, doivent permettre de s'assurer de la bonne santé des ouvrages. C'est ainsi que la détection d'une fissure en amont du viaduc de Saint-Cloud a conduit, fin avril, à fermer un tronçon stratégique de l'A13 qui relie Paris au Calvados. Une décision prise dans l'urgence par la Direction des routes d'Ile-de-France, dont les moyens techniques et financiers, c'est vrai, dépassent de loin ceux des petites communes. Cet impérieux besoin de contrôler l'état des infrastructures ira croissant. Pont thermique. Cet impérieux besoin de contrôler l'état des infrastructures ira croissant. D'abord, en raison de leur ancienneté : construit aux siècles passés, ce patrimoine a grand besoin de soins. A Vierzon comme dans toute la France, des collectivités se lancent ainsi dans de lourds travaux de réfection. Ensuite, à cause du réchauffement climatique : la multiplication des pluies torrentielles comme le manque grandissant d'eau menacent la stabilité de ces ouvrages. Pont-à-Mousson. Ce qui vaut pour les ponts vaut pour les canalisations. Comme le rappelle le directeur général de Saint-Gobain PAM, un milliard de mètres cubes s'en échappent chaque année, alors même que « les premières conséquences du changement climatique concernent le cycle de l'eau ». Menacées elles aussi par leur grand âge et par la sécheresse, ces infra structures méritent plus d'attention - et de fonds - qu'elles n'en ont obtenu jusqu'à présent. Un sursaut est nécessaire. Tout le monde sur le pont !

La Gazette des communes #2713 : J-90
revue
Année : 2024
Auteur : Jean-Baptiste Forray
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Et si les JO étaient réussis ? La question apparaît volontiers provocatrice dans l'océan de bad buzz et de polémiques qui émaille la préparation de l'événement. Depuis des mois, sur les réseaux sociaux et ailleurs, les Français s'adonnent à leur sport favori : le masochisme. Le métier acquis dans l'organisation des grandes compétitions sportives est passé par pertes et profits. Il en est de même pour le refus de toute folie des grandeurs. Loin des milliards dépensés en pure perte pour les JO d'Athènes ou de Rio, Paris a construit un minimum de nouveaux équipements : l'Adidas Arena, le Centre aquatique olympique, le Village des médias ou le Village des athlètes. Autant de bâtisses qui ne devraient pas devenir des « éléphants blancs ». Loin des « éléphants blancs » d'Athènes ou de Rio, les équipements construits pour les JO devraient servir de dynamo au nord de la région parisienne et à la Seine-Saint-Denis. PRÉCIEUX HÉRITAGE. Les Jeux olympiques et paralympiques se veulent l'instrument d'un rééquilibrage de la région parisienne au profit du nord de la capitale et de la Seine-Saint-Denis. Une dynamo au service des transports, du logement et de la pratique sportive. Peu suspect de complaisance envers la Macronie, le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, salue déjà le précieux héritage des Jeux olympiques et paralympiques. Le maire de L'Ile-Saint-Denis, Mohamed Gnabaly, proche des Insoumis, est sur la même longueur d'ondes. Déjà, les Jeux dopent, partout en France, la construction de nouveaux équipements sportifs de proximité. Ces deux dernières années, 5 507 sont sortis de terre, grâce à un petit coup de pouce de l'Etat. POSITIVE ATTITUDE. Après, bien sûr, tout n'est pas rose pour les collectivités, à la veille du grand rendez-vous. Beaucoup craignent que l'événement le plus médiatisé de la planète n'attire les pirates informatiques du monde entier et ne provoque des attaques massives contre les sites des villes les plus exposées. Mais là encore, foin de catastrophisme. La messe n'est pas dite. Plutôt que de crier avant d'avoir mal, les collectivités y voient une opportunité de revoir de fond en comble leurs politiques en la matière. Une leçon à méditer.

Le Moniteur #6298 : Du chantier au chantier, le réemploi cherche sa voie
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : C'est une mauvaise nouvelle, mais ce n'est pas une surprise. Les 500 suppressions d'emplois annoncées chez Nexity la semaine dernière n'ont pris personne de court. Face à l'effondrement de la demande, Véronique Bédague, la P-DG du premier promoteur français, avait depuis longtemps annoncé la couleur. D'autres acteurs, comme Vinci Immobilier ou Bouygues Immobilier, avaient déjà montré la voie, malheureusement inéluctable, du PSE. La casse sociale était fatale. Et, même si les entreprises du bâtiment n'ont pas encore touché le fond, elle paraît condamnée à s'étendre. Au-delà des carrières malmenées, cette saignée aura des conséquences à long terme sur les compétences et les savoir-faire nécessaires à la bonne marche des projets. Une fois éloignés de la construction, ces professionnels éconduits n'y reviendront pas. Les mesures phares du projet de loi Logement n'ont pas vocation à stimuler la construction. Véronique Bédague en appelle au gouvernement. Il faut bien reconnaître que l'Etat aurait un rôle contracyclique à jouer dans une crise avant tout provoquée par la brusque remontée des taux d'intérêt. Malheureusement, comme bien d'autres avant elle, celle qui avait un temps été pressentie pour Matignon prêche dans le désert. Si Gabriel Attal et Guillaume Kasbarian affirment avoir pris conscience de la situation, rien, dans leurs actes, ne suggère pour l'instant un infléchissement. En témoigne le projet de loi Logement dont les mesures phares - assouplissement de la loi SRU et sortie des locataires trop aisés du parc social - n'ont pas vocation à stimuler la construction. Les raisons de cette surdité obstinée sont multiples. Une partie d'entre elles tient à l'image du secteur. Soyons lucides : en France, le sort des promoteurs n'émouvra pas grand monde. Quant aux entreprises de bâtiment fragilisées, elles passent trop souvent, en raison de leur taille, en dessous des radars médiatiques et politiques. L'indifférence est prégnante. La semaine dernière se tenait Intermat, le grand salon français du matériel. Un millier d'exposants, des dizaines de milliers de visiteurs, zéro ministre.

Le Moniteur #6296 : Le changement climatique met les infrastructures au défi
revue
Année : 2024
Auteur : Emmanuelle N'Haux
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Les catastrophes se suivent et se ressemblent. Vents violents, pluies torrentielles, montée des eaux… Ces phénomènes météorologiques rendus de plus en plus extrêmes par le changement climatique mettent à mal les infrastructures de transport. En témoignent les ponts et routes arrachés comme des fétus de paille dans la vallée de la Roya en 2020 par la tempête Alex. L'été dernier, après un épisode de canicule suivi de pluies intenses en Maurienne, ce sont plus de 10 000 m3 de roches qui se sont décrochés de la montagne, coupant une route départementale, une autoroute et une liaison ferrée entre la France et l'Italie. Sans faire de victimes cette fois. Un miracle. La stratégie d'adaptation des infrastructures à un coût. Mais la facture de l'inaction serait plus salée encore Comme les bâtiments, les infrastructures doivent se préparer à une France à + 4 °C. Et les professionnels n'ont pas attendu la succession des plans d'adaptation au changement climatique – le troisième doit arriver cet été - pour réagir. InfraClimat, la plateforme numérique de visualisation des impacts du réchauffement climatique à destination des maîtres d'ouvrage, tout juste lancée par la Fédération nationale des travaux publics, en est l'une des illustrations, tout comme les travaux conduits par le pôle de compétitivité Infra 2050. La prise de conscience est là et les initiatives ne manquent pas. Reste que la stratégie d'adaptation des infrastructures a un coût : 20 à 30 milliards d'euros par an selon le cabinet de conseil Carbone 4, le tout dans un contexte de coupes des dépenses publiques. Or, sans le soutien de l'Etat, l'équation pour l'adaptation sera insoluble. Et la facture de l'inaction serait bien plus salée encore. Infrastructure de mobilité décarbonée s'il en est, le téléphérique - trop peu développé sous nos latitudes - s'implantera à Créteil (Val-de-Marne) au terme d'un chantier hors norme en milieu urbain. Ce câble de 4,5 km permettra aux habitants de Villeneuve-Saint-Georges – d'ici fin 2025 - de s'interconnecter à la ligne 8 du métro par les airs. Une première du genre en Ile-de-France. De quoi laisser songeur après la tentative avortée dans la métropole de Lyon et l'avis défavorable rendu fin mars par les commissaires-enquêteurs pour le métrocâble grenoblois. La résilience des territoires ne se fera pas sans travailler sur l'acceptabilité des projets.

Le Moniteur #6297 : La Cité des arts urbains accroche l'or olympique
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Bienheureux celui qui n'a jamais participé à une AG de copropriété ! Trop souvent, ce rituel annuel de bon voisinage s'apparente à une pièce de théâtre tragi-comique, qui met en scène les pires travers de ses personnages. Il y a ceux qui, par principe, votent « non », ceux qui parlent sans écouter, ceux qui se prennent pour d'éminents juristes, ceux qui ont des oursins dans les poches… Sans oublier ceux qui ne viennent pas, menaçant par leur absence la bonne tenue de l'assemblée. Jouées partout en France, ces saynètes ont pour inévitable résultat la difficulté à initier des travaux d'ampleur. Une faiblesse bien connue qui, à l'heure du besoin impérieux de rénovations ambitieuses, se transforme en un frein majeur à la décarbonation du parc immobilier. Alors que les bailleurs sociaux se sont lancés avec détermination, le logement collectif privé reste, quant à lui, à la peine. Le logement collectif privé reste à la peine alors que les bailleurs sociaux se sont lancés avec détermination Certaines entreprises s'organisent pour attaquer ce marché en puissance, convaincues qu'il finira bien par se dégripper. Mais quand ? Le calibrage de leur offre à cette clientèle si particulière est un prérequis. La montée en compétences des professionnels (syndics, architectes…) qui accompagnent les copropriétés au quotidien également. Parfaitement dans l'air du temps, un mouvement de simplification du droit serait lui aussi susceptible de faciliter les prises de décisions lors de ces fameuses AG. Toutes ces avancées paraissent à portée de main. Elles resteront cependant sans effet tant que chaque copropriétaire devra débourser 30 000, 50 000 ou 70 000 euros. Des montants faramineux pour beaucoup d'entre eux. Comme l'Etat a durablement rangé son chéquier, il convient de faire preuve d'une radicale inventivité. Jacques Baudrier, élu parisien et fin connaisseur du logement, imagine par exemple sanctuariser des ressources propres fléchées spécifiquement vers ces chantiers. Elles seraient ainsi tenues à distance des ponctions de Bercy. Et pourquoi pas ? La méthode a déjà fait ses preuves, puisqu'elle permet sur le long terme de financer le Grand Paris Express. La rénovation doit devenir un grand chantier français.

La Gazette des communes #2711 : La catographie des risques, un outil à apprivoiser
revue
Année : 2024
Auteur : Jean-Baptiste Forray
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : C'était, pour Emmanuel Macron, le meilleur vecteur d'écologie positive. Annoncé en fanfare à la rentrée dernière, le Pass rail se voulait particulièrement ambitieux. Pour 49 euros par mois, tout usager devait, à partir de cet été, pouvoir voyager partout sur le territoire et toute l'année dans les trains Intercités, TER et RER. Las, la belle promesse présidentielle s'est heurtée au mur des réalités. Faute de soutien suffisant de l'Etat, la région Ile-de-France a renoncé. Conscient que les pouvoirs publics n'étaient pas capables de répondre, en un temps réduit, au choc de la demande que n'aurait pas manqué de générer le Pass rail, le gouvernement a revu ses ambitions à la baisse. GUERRE INTESTINE. Le dispositif a été limité aux mois d'été et ouvert aux seuls jeunes de moins de 27 ans. Malgré ce canevas des plus modestes, le Pass rail a suscité l'une de ces guerres intestines dont les régions et l' exécutif ont le secret. Le nouveau ministre délégué aux Transports, Patrice Vergriete, a dû publiquement menacer de jeter l'éponge pour cette année afin d' obtenir l'assentiment des patrons récalcitrants de l' Auvergne - Rhône-Alpes, des Hauts-de-France et de la Normandie. L'accord a minima avec Laurent Wauquiez (LR), Xavier Bertrand (LR) et Hervé Morin (Les Centristes) sauve la face. Mais il en dit aussi long sur les ratés de la décentralisation à la française. L'accord a minima entre les présidents de région et le ministre des Transports sur le Pass rail en dit long sur les ratés de la décentralisation à la française. RESPONSABILITÉ DIFFUSE. La suppression de la clause générale de compétence des départements et des régions, à l'occasion de la réforme portée au milieu des années 2010 par François Hollande, n'a rien changé à l'affaire. En matière de transport, comme dans une multitude d'autres domaines, personne ne peut agir seul. Le millefeuille territorial accouche de compromis qui ne contentent personne. Pour redorer son blason, le service public doit reposer le principe de responsabilité. Puisse Eric Woerth le comprendre, lui qui remettra un rapport sur la décentralisation à Emmanuel Macron dans les prochaines semaines.

La Gazette des communes #2710 : Quand on arrive en ville... par 50°C
revue
Année : 2024
Auteur : Jean-Baptiste Forray
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Pour les collectivités, c'est comme dans les films hollywoodiens. Elles ont droit, au gouvernement, à leur « bad cop » et à leur « good cop ». Dans le rôle du méchant, le maître de Bercy, Bruno Le Maire, remplit parfaitement son office. Il ne connaît pas grand-chose à la gestion locale. L'énarque du Quai d'Orsay ne s'est jamais abaissé à exercer un mandat communal ou départemental. L'ancien député de l'Eure s'est contenté de se faire élire dans une circonscription en or massif, à moins d'une heure de la capitale. Or, le ministre de l'Economie ne se prive pas de faire la leçon aux élus locaux. Il pointe du doigt leur goût inextinguible pour le millefeuille territorial. Il dénonce l'absentéisme de leurs agents. Autant de domaines qui ne relèvent pas de son portefeuille. La ministre chargée des Collectivités territoriales, Dominique Faure, qui n'a jamais été parlementaire ou dirigeante d'association d'élus, peine à exister. GOOD COP. Mais pas d'embrouille. La ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la ruralité, Dominique Faure, n'aime pas trop les bras de fer. Sa spécialité, c'est davantage la câlinothérapie. Un exercice dans lequel elle excelle, sillonnant les congrès d'édiles pour dire tout le bien qu'elle pense des fantassins de la République. La good cop promet un statut de l'élu renforcé. Elle est même pour le retour du cumul des mandats. Mais quelles sont ses vues profondes en matière de décentralisation ? Mystère. PEAU DE CHAGRIN. Le dossier a été confié à Eric Woerth et il est supervisé en direct par l'Elysée. La ministre déléguée, qui n'a jamais été parlementaire ou dirigeante d'association d'élus, n'a pas l'entregent de l'ancienne sénatrice et vice-présidente de l'AMF, Jacqueline Gourault, qui, ministre de plein exercice dans la dernière partie de la précédente mandature, avait la haute main sur les collectivités. Dominique Faure a pourtant moyen de se créer un pré carré. Ses ministres de tutelle, Gérald Darmanin et Christophe Béchu, ont déjà beaucoup à faire sur le front de la sécurité et de la transition écologique. A Dominique Faure, donc, de démontrer son utilité et de faire entendre sa voix dans les prochains mois. Les collectivités qui, faute, aujourd'hui, de soutien de poids, redoutent de subir une cure d'austérité sans précédent, lui en seraient grandement reconnaissantes.

Le Moniteur #6294 : Le bois français en quête de souveraineté
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Tous les coins de l'Hexagone ne vivent pas la crise du logement aussi durement. Certains tirent en effet leur épingle du jeu, par une demande toujours soutenue (et solvable) mais aussi grâce à des acteurs mobilisés (lire p. 10) . Ces dynamiques locales, mélange de bonne fortune et de volonté commune, devraient permettent aux « territoires engagés pour le logement » de booster leur production. Mais, pour 22 collectivités ciblées, combien restent dans l'expectative face à l'effondrement ? On rêve certes que la BCE agisse sur les taux, source majeure d'attentisme des ménages. On espère évidemment de l'Etat qu'il dope la production de logements, et pas seulement intermédiaires. Mais on est aussi en droit d'attendre des collectivités qu'elles embrassent le sujet. Certaines le font, en mobilisant entre autres leur bras armé dans le logement social. Mais ne soyons pas candides : une partie des élus détourne la tête quand un programme suscite l'ire des riverains. A leur décharge, ce sont les habitants d'aujourd'hui qui votent, pas ceux de demain… Il conviendrait d'actionner enfin les leviers susceptibles de redonner aux maires la fibre constructive. C'est pour cette exacte raison qu'une éventuelle territorialisation de la politique du logement doit être menée avec beaucoup de doigté. L'échelon local se révèle pertinent pour définir les besoins comme les objectifs de production. C'est au plus près du terrain que se dénichent, à l'heure du ZAN, les solutions de recyclage urbain ou de comblement de dents creuses. Mais rien ne dit que, dans les années 2020, ce soit dans le bureau du maire que se trouve forcément la volonté la plus farouche de bâtir. Faut-il, dès lors, que l'Etat reprenne partout la main, à l'instar de ce qui se passe dans certaines communes carencées ? Ce serait un constat d'échec. Il conviendrait plutôt d'actionner enfin les leviers susceptibles de redonner aux élus la fibre constructive. Cela passe par un soutien technique, financier et réglementaire indispensable pour mener des projets d'aménagement, devenus plus complexes que le simple lotissement d'un champ. Mais aussi, évidemment, par une fiscalité renouvelée qui incitera à nouveau la collectivité à accueillir de nouveaux habitants.

Le Moniteur #6292 : L'immobilier logistique retrouve de l'entrain
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : « Raboter sur le vert, c'est ce qu'il ne faut plus faire. » La rime est facile. Mais si cette maxime doit marquer les esprits, c'est avant tout en raison de son auteur : Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes. L'homme à qui la fonction confère justement un rabot à chaque main. L'urgence environnementale bouscule vraiment toutes les évidences : l'orthodoxie budgétaire s'accorde désormais avec l'écologie. L'orthodoxie budgétaire s'accorde désormais avec l'écologie Les magistrats de la rue Cambon se sont en effet penchés, dans leur rapport annuel, sur l'adaptation au changement climatique. Ils ont amassé les données, sorti leurs calculettes sans parvenir à produire un chiffrage précis. Seules certitudes : le dérèglement climatique est définitivement enclenché, ses conséquences déjà perceptibles et les dépenses induites clairement pharaoniques. Les propriétaires s'inquiètent, les collectivités s'affolent, les assureurs se planquent. L'Etat doit réagir. Avec un autre mantra signé Pierre Moscovici : « La dépense publique doit passer d'une culture de la quantité à une culture de la qualité. » Cet appel à un travail de dentelle ne semble pas avoir pénétré la forteresse de Bercy. En sabrant dans MaPrimeRénov' et dans le Fonds vert, Bruno Le Maire a clairement indiqué que ses ciseaux étaient bien affûtés mais qu'ils n'avaient que faire, eux, de la couleur de la dépense. Daltoniens mais pas aveugles, ils ciblent tout ce qui leur permet d'atteindre les économies attendues. Serait-on passé à l'ère du « quoi qu'il en coupe » ? Ce serait bien évidemment désastreux. Aménager, construire, rénover… Les travaux indispensables à l'adaptation de notre cadre de vie s'annoncent certes coûteux, mais les repousser nous reviendra plus cher encore. Mettre la main à la poche en faveur des villes résilientes, des infrastructures vertes ou des bâtiments sobres ne peut attendre. Cela ne doit surtout pas dépendre de l'état conjoncturel des deniers publics ou du taux en vigueur à la BCE. Investir dans le vert, c'est ce qui est prioritaire.

Le Moniteur #6289 : Près de Paris, un labyrinthe de 300 000 m3 à combler
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Préférence nationale, droit du sol… Le couple exécutif semble friand des manœuvres consistant à briser des tabous, à s'attaquer à des totems. La remise en cause soudaine de la loi SRU et du symbole des 25 % de logements sociaux fait partie de ces « coups » destinés à secouer le cocotier. Sauf qu'en voulant faire bouger les lignes, nos apprentis sorciers font surtout sauter des digues. Sans surprise, le génie est immédiatement sorti de sa bouteille. Depuis l'évocation par Gabriel Attal de l'intégration d'une partie de logement intermédiaire dans les fameux 25 %, on ne compte plus le nombre d'élus locaux notablement rétifs à la construction de HLM qui se sont engouffrés dans la brèche ouverte pour réclamer, à grands coups de tribunes médiatiques, conférences de presse et autres lettres ouvertes, une révision en profondeur de ce texte qui remonte à l'an 2000. C'est justement le logement social qui a besoin de toute urgence d'un choc de l'offre. S'il est sain d'interroger les règles en vigueur, s'il est légitime de pointer leurs difficultés d'application, il paraît en revanche bien risqué d'envisager le détricotage d'un mécanisme qui, bon an mal an, a permis l'édification de milliers de logements sociaux en France. A fortiori au moment où les organismes HLM croulent sous les demandes. C'est justement le logement social qui a besoin de toute urgence d'un choc de l'offre. Et, à rebours du discours gouvernemental, c'est plutôt un choc de la demande qui serait nécessaire dans le domaine de l'accession. Pour résumer : alors que les promoteurs cherchent des acquéreurs, les bailleurs sociaux ne savent plus où donner de la tête. Et que dire de la rénovation ? En coupant sauvagement dans le soutien public à ces travaux, Bercy cible le seul segment du bâtiment qui garde la tête hors de l'eau. L'inscription de la crise du logement dans l'agenda politique avait été bien accueillie par les professionnels. Les premières décisions, elles, manquent leur cible. Parce qu'elles ont des visées plus politiques que socio-économiques ? A trop chercher le contre-pied, on finit par faire des contresens.

Paysage et information géographique
Livres
Année : 2008
Auteur : Thierry Brossard
Editeur : HERMES SCIENCE PUBL ERM SIANS
Description : Cet ouvrage est une réflexion sur le paysage, les concepts qui le sous-tendent et ses rapports à l'information géographique. Le paysage est un objet multiple : produit matériel inscrit dans le temps et l'espace, il s'offre à la perception des sens sous des formes de représentation raisonnées, imaginaires ou mythiques. Dans le texte, les questions d'instrumentation et de collecte normalisée d'information tiennent une place de choix. L'approche géonumérique qui donne son unité à l'ouvrage s'appuie sur des règles de constitution de l'information et d'instrumentation dans une optique systémique. Le paysage est abordé à travers ses propriétés spatiales qui commandent la répartition des objets matériels à la surface terrestre et conditionnent les perceptions des individus et des groupes sociaux. Quatre grands thèmes organisent les développements : les images de paysage comme fournisseur d'information , la possibilité de construire des paysages par une information numérisée , l'intérêt d'une information paysagère ainsi constituée pour les sociétés , le rôle majeur des paysages mentaux. Cette approche en entrées multiples se révèle efficiente dans un contexte où les enjeux patrimoniaux, environnementaux, de développement durable sont à l'ordre du jour.

Le Moniteur #6288 : Le bitume ôté, la forêt en majesté
revue
Année : 2024
Auteur : Sophie d' Auzon
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Un chewing-gum, cinq ans. Un sac en plastique, quatre cents ans. Et une route ? Plutôt que de laisser la nature finir son œuvre et dégrader totalement le bitume qui ornait certaines anciennes voies traversant la forêt classée réserve naturelle de Neuhof-Illkirch, la municipalité de Strasbourg a fait appel à une entreprise de travaux publics pour rendre à l'humus plusieurs kilomètres de linéaires (lire p. 40) . Pas banal pour un constructeur de faire disparaître des ouvrages et de les remplacer par… rien. Mais tout autant que pour donner vie à une infrastructure, une telle mission requiert de déployer ingéniosité, adaptation au terrain et savoir-faire. Elle demande aussi une dose de modestie - et sans doute de maturité. Car effacer toute trace de la main de l'homme, et en constater les bienfaits sur la faune et la flore bien vite ragaillardies, c'est reconnaître en creux l'impact de nos ouvrages, aussi vertueusement conçus soient-ils. Pas banal pour une entreprise de TP de faire disparaître des ouvrages. Elle exige, enfin, de la mesure. Les concepteurs du projet n'ont pas oublié, au détour des sentiers, l'objectif d'accessibilité. La débi-tumisation a pour l'heure épargné certaines pistes, utiles à la circulation des cyclistes, le temps de trouver des itinéraires bis. Un équilibre entre divers impératifs auquel les acteurs de la construction sont bien habitués. De même que le meilleur achat est parfois celui qu'on ne fait pas, l'énergie la plus verte celle qu'on ne consomme pas, le retour à la nature, porté par une collectivité et un bâtisseur, méritait cette semaine un hommage. En toute humilité. Du latin « humilitas », lui-même dérivé de… « humus ».

Le Moniteur #6287 : A Rennes, les associations font maison commune
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Il en aura fallu, de la patience. Après de longues semaines de flottement, les interlocuteurs ministériels du BTP ont enfin été nommés, jeudi 8 février. Patrice Vergriete a cédé son portefeuille - état quasi neuf - du Logement à Guillaume Kasbarian et récupéré celui des Transports. Très attendus par les professionnels, tous deux doivent maintenant faire leurs preuves. Seule certitude : le premier, consensuel ancien président de l'Afit France, comme le second, auteur de la très clivante loi anti-squat, ne sont pas des novices en matière de construction et d'aménagement. Nos néoministres obtiendront-ils autant de résultats que le député impétueux et le maire énergique ? La preuve, à Dunkerque. La ville dont Patrice Vergriete a été le maire pendant une décennie, bénéficie à plein du mouvement de réindustrialisation, illustrée entre autres par l'arrivée de gigafactories. Une dynamique locale notamment portée par les « sites industriels clés en main » imaginés en 2019 par un parlementaire du nom de… Guillaume Kasbarian. Résultats de cette conjonction des bonnes volontés : sur l'emprise du port, 160 M€ seront injectés rien que cette année pour accueillir des projets de bâtiments et d'infrastructures. Nos néoministres obtiendront-ils autant de résultats que le député impétueux et le maire énergique ? Conserveront-ils « la niaque » revendiquée par Guillaume Kasbarian sitôt promu ? La machine administrative, on le sait, essore même les plus valeureux. Surtout, les arbitrages gouvernementaux sont souvent favorables aux tenants de la rigueur budgétaire. Or, la politique du logement a besoin de fonds publics pour répondre à la crise sociale. Et celle des transports nécessite des investissements lourds pour réussir la transition écologique. Sans moyens, toute ambition reste vaine. Reste une dernière inconnue : le fonctionnement de cet attelage détonnant. Car un travail en commun s'impose. Un temps évoquée, l'hypothèse d'un grand ministère unifié du Logement et des Transports ne s'est donc pas concrétisée. Au-delà du poids politique qu'aurait eu le titulaire d'un tel maroquin, cette solution aurait été de nature à améliorer la cohérence du cadre réglementaire pour les porteurs de projets dans lesquels l'habitat, l'énergie et les mobilités s'entremêlent de manière étroite. La preuve ? A Dunkerque.

Le Moniteur #6285 : La famille du logement lance l'appel de la dernière chance
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Bloquer les routes n'est pas dans leurs habitudes. Déverser des tonnes de lisier non plus. Les entrepreneurs, bailleurs, promoteurs ou encore architectes réunis au sein de « l'Alliance pour le logement » préfèrent, aux panneaux et aux fourches, les mots et des chiffres. Cependant, cette mobilisation unitaire témoigne elle aussi d'une filière à l'agonie. En parlant d'une seule voix, ces professionnels cherchent à interpeller l'exécutif pour qu'enfin, des réponses soient apportées à la crise du logement qui promet d'engloutir entreprises, emplois et savoir-faire. Plus qu'un coup de force, c'est donc un cri d'effroi, un cri d'alerte. Un cri de rage, aussi. Car cela fait des mois que tous les signaux sont passés au rouge, des années que les ministres successifs consultent, sans que cela n'aboutisse à des inflexions, bien au contraire. La politique du logement s'apparente aujourd'hui à un désert dans lequel s'égosillent des professionnels exsangues. La politique du logement s'apparente aujourd'hui à un désert dans lequel s'égosillent des professionnels exsangues Cet appel de la dernière chance sera-t-il entendu ? Rien n'est moins sûr. Il y a tout d'abord une question d'interlocuteur. L'absence, pendant de longues semaines, d'un membre du gouvernement chargé de cette question a rendu encore plus difficile tout échange avec l'Etat. Le Premier ministre ? On ignore totalement sa sensibilité au sujet mais il paraît clair que le réarmement du pays n'a pas prévu de passer par le logement. Reste, bien sûr, Emmanuel Macron. Hyper-Président, super-Premier ministre et omni-ministre, lui seul semble disposer des clefs pour débloquer la situation. Plus que personnel, le problème est éminemment politique. Car, bien avant les recentrages du PTZ et du Pinel qui frappent le parc privé, la RLS avait dès le premier quinquennat porté un coup très dur au logement social. Avec les résultats que l'on connaît. Amer, le président de la Fnaim estime que « le Président n'aime pas le logement ». A défaut d'amour, le secteur réclame juste des preuves d'amour. A cor et à cri.

Le Moniteur #6284 : A Nice, le défi parasismique d'un édifice historique
brochure
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Ne demandez plus le programme ! L'abandon soudain du volet dédié à la programmation dans le projet de loi Souveraineté énergétique a pris tout le monde de court. Un renoncement d'autant plus surprenant que ces mesures auraient dû être prises au plus tard le 1er juillet 2023 selon la loi Climat et résilience. Si même le législateur entre dans l'illégalité… Certes, Bruno Le Maire, qui vient de reprendre le dossier, n'est peut-être plus à six mois près. Mais ce report sine die laisse dans l'expectative citoyens et professionnels. La prévisibilité reste la meilleure alliée de l'investissement. C'est une évidence dans une filière aussi réglementée que le BTP, où le poids des normes - tant vilipendé - paralyse moins que leur instabilité. Alors oui, bien sûr, l'annonce d'un nouveau mouvement de simplification est bien accueillie. Les entreprises listent déjà les formulaires à jeter et les seuils à rehausser. Mais avant de vider la « baignoire administrative », comme l'appelle la CPME, il faudrait peut-être penser à couper le robinet. Nous aurons inévitablement de plus en plus de règles. Prétendre le contraire, c'est se bercer d'illusions A ce titre, la grand-messe télévisée depuis l'Elysée n'était guère rassurante. Certes, Emmanuel Macron a martelé que l'effort de simplification connaîtrait un coup d'accélérateur en 2024. C'est même, à l'entendre, l'une des réponses à la crise du logement. Mais il a en même temps annoncé une palanquée de réformes en tous genres pour les mois à venir. En résumé : oui, il y a trop de lois, d'ailleurs on en fait d'autres ! Soyons justes : le président n'y peut rien. Nous aurons inévitablement de plus en plus de règles. Prétendre le contraire, c'est se bercer d'illusions. L'opinion publique maugrée contre le carcan administratif mais elle exige une loi dès qu'un problème surgit. Même s'il s'avère utile de procéder à un toilettage régulier, l'inflation normative demeure inexorable. Le mouvement devrait même s'accélérer avec la menace climatique qui impose d'adapter rapidement notre arsenal juridique, en revisitant des pans entiers du droit, en garantissant de nouvelles protections, en créant d'autres contraintes. La montée des eaux, jusque dans la baignoire.

Le Moniteur #6282 : Le jumeau numérique, bien plus qu'un double
revue
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Alors qu'il s'est installé dans le monde de l'industrie, le jumeau numérique émerge tout doucement dans celui du BTP. La raison de cette prudence tient moins à un conservatisme présumé des acteurs du secteur qu'à la caractéristique qui distingue l'usine du chantier : on fabrique en série mais on construit sur mesure. Or, la singularité de chaque projet accroît considérablement l'effort que représente la génération de son double. Accoucher d'un enfant représente déjà une épreuve, alors des jumeaux… Sauf que, justement, ces jumeaux n'en sont pas vraiment. D'un côté se tient l'objet physique : bâtiment, ouvrage d'art, réseau… De l'autre, sa réplique virtuelle dotée de toutes les données qu'il est possible de lui injecter. Ou plutôt : de celles qu'il se révèle pertinent de lui injecter. La technologie du jumeau numérique doit savoir s'adapter au projet plutôt que l'inverse Les oubliettes du progrès sont remplies d'innovations prometteuses. Sans gains notables pour l'utilisateur, une prouesse technique, aussi épatante soit-elle, en restera à l'état de démonstrateur. La vraie rupture, elle, n'intervient que lorsque les acteurs ont un intérêt évident à franchir le pas. Ce moment est-il venu ? Sans surprise, c'est l'énergie qui provoque encore le déclic. Alors que la performance thermique des ouvrages est devenue un objectif impérieux, les possibilités de calculs offertes par les jumeaux numériques - démultipliées par les promesses de l'intelligence artificielle - deviennent chaque jour plus précieuses, de la conception jusqu'à l'exploitation. Pas étonnant, dans ces conditions, qu'un réseau de chaleur extrêmement innovant bénéficie d'un double digital avant même les premiers coups de pioche. Les enjeux énergétiques, mais aussi climatiques, devraient donc stimuler la transition. D'autant plus que la technologie mûrit. Elle doit à l'avenir garantir l'interopérabilité entre des données éparses afin d'en décupler les potentialités. Elle devra aussi savoir s'adapter au réel plutôt que l'inverse : ce n'est plus aux concepteurs de faire rentrer au chausse-pied leur projet dans les contraintes du logiciel. Les capacités actuelles permettent de dupliquer tous les ouvrages, et même des villes, des territoires. Profitable, pratique et prometteur : la famille du BTP se tient prête à accueillir le petit dernier.

La Gazette des communes #2697 : 40 ans du statut - L'Etat et la territoriale, si proches, si loin
revue
Année : 2024
Auteur : Romain Mazon
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Les débuts d'année sont propices aux serments et aux « plus jamais ». Ils sont aussi l'occasion des rétrospectives, nostalgiques ou soulagées, sur « avant ». Ce début 2024 en est un exemple parfait s'agissant des collectivités locales. La célébration des 40 ans des lois créant la fonction publique d'Etat puis la fonction publique territoriale (lire notre dossier p. 28-35) permet de revenir aux raisons d'être du statut et d'examiner ce que ses multiples réformes ont produit ; dans l'autre sens, vers le futur, Stanislas Guerini annonce un projet de loi destiné à remettre de l'entrain aux carrières de la fonction publique. RÉFORME. Côté rétrospective, le bilan n'est pas brillant. Un : la pénurie de candidats menace le fonctionnement même de certains services publics. Deux : les salaires ont tant décroché (sans parler du tassement des grilles) que plus grand monde n'en veut. Trois : le flux des recrutements, dans la territoriale spécifiquement, est dominé par les contractuels. Quatre : on en arrive même à l'ubuesque situation où des cadres fonctionnaires se mettent en disponibilité ou renoncent à leur statut pour être recrutés en tant que contractuels, bien mieux payés. Cinq : le tout sans subir les affres des concours ! Partant de là, que peut raisonnablement attendre le monde territorial pour 2024 ? Le ministre a bien posé le diagnostic en axant sa réforme annoncée sur l'accès, les parcours et les rémunérations de la fonction publique. ESPOIR. Mais comment rendre les concours attractifs si le recrutement de contractuels domine ? Comment redonner de la vivacité aux carrières sans remettre de l'air dans les grilles indiciaires ? Comment, et tout peut se résumer à ça, remobiliser la richesse nationale (des milliards d'euros) pour rémunérer les agents publics à la hauteur de la technicité de leurs métiers, de leur utilité sociale et, au minimum, des salaires du secteur privé ? Particulièrement lorsque les collectivités ont besoin de celles et ceux qui feront la transition écologique. Comment remobiliser la richesse nationale pour rémunérer les agents publics à la hauteur de la technicité de leurs métiers et de leur utilité sociale ? Stanislas Guerini aura-t-il les moyens de ces ambitions ? A ce stade, il est permis d'espérer. Bonne année à tous nos lecteurs.

Le Moniteur #6278 : Prix Moniteur de la construction - Petit à petit, le duo a fait Le Ny
revue
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Patience et longueur de temps… On ne devient pas lauréat des Prix Moniteur de la construction en un tournemain. Il en faut, des kilomètres au compteur, pour afficher une performance économique, sociale et environnementale telle qu'elle vous permet de sortir du lot. La recette la mieux partagée par les PME distinguées cette année ? Une attention de tous les instants portée au respect des bonnes pratiques, à l'acquisition des savoirs utiles, à la reproduction des gestes justes. Cette montée en compétence individuelle permet de grandir collectivement. Doucement, mais sûrement. Les entreprises qui réussissent transmettent les savoir-faire. Les entreprises qui savent faire réussissent les transmissions. C'est l'autre enseignement notable de ce palmarès. La durée de vie d'une belle entreprise dépasse de beaucoup celle d'une simple carrière. Et l'on perçoit nettement, dans le récit que les dirigeants font de leur aventure entrepreneuriale, l'importance décisive du passage de relais entre les générations. Le soir de la remise des prix, certains jeunes patrons venaient tout juste de se saisir des rênes. D'autres étaient en plein processus de rachat du capital. Quant aux futurs retraités, ils témoignaient tous du soin apporté au choix du dauphin comme aux modalités de la succession. La durée de vie d'une belle entreprise dépasse de beaucoup celle d'une simple carrière Les héritiers se trouvent parfois au sein de la famille. Une fille ou un fils, naturel ou adoptif, prend la relève de la génération précédente. C'est le cas chez Asseline, Metranor, Régis Père et Fils, Avicollo Energies… Ou encore chez Roger Martin où Vincent entend bien marquer de son empreinte l'histoire flamboyante de l'ETI bourguignonne fondée par son arrière-grand-père. Parfois, la filiation ne s'embarrasse pas des liens du sang et repose sur une confiance purement professionnelle. C'est le cas chez Bealem, Delaboudinière, Menuisiers du Rhône… Ou encore chez Alain Le Ny, où les deux frères, qui tiennent la barre de cette magnifique entreprise de couverture préparent, depuis des mois et dans le moindre détail, le passage de témoin à trois de leurs salariés d'ici à 2025. La patience, mère de toutes les vertus.

Le Moniteur #6279-6280 : Le cadre réglementaire du ZAN bientôt achevé
revue
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Au diapason d'une mandature complètement détraquée par l'absence de majorité absolue, la dernière séquence politique de l'année aura défié tous les pronostics. Malgré un projet de loi Immigration préparé depuis plus d'un an, malgré d'interminables négociations pour aplanir les différends, malgré la confiance affichée par l'exécutif, rien ne s'est passé comme prévu. Un dérapage incontrôlé qui a suscité nombre de commentaires. Et quelques silences qui en disent long. Prenez l'une des idées phares du texte initial : la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension. Cette disposition avait bien évidemment les faveurs des employeurs. Ceux du BTP font régulièrement état de ces situations ubuesques où l'un de leurs compagnons se retrouve soudain dans l'illégalité et se heurte à des agents préfectoraux zélés. Les fédérations du secteur, étrangement, n'ont pas défendu publiquement cette mesure lorsque le vent a tourné au Sénat, ni quand la commission mixte paritaire l'a réduite à peau de chagrin. Probablement parce que cette loi arrive trop tard : difficile de se prétendre « en tension » lorsque se profile une hémorragie sociale. Probablement, aussi, parce qu'elle porte sur un thème si sensible que, pour éviter les coups, on préfère rester coi. Devenu central, le sujet de l'immigration éclipse tous les autres De mots, le président de la République, lui, n'en manque pas. Le lendemain du vote, il a pris la parole deux heures durant pour se livrer à un plaidoyer pro domo. Toujours aussi à l'aise à l'écran, il ne s'est pas interdit d'aborder d'autres sujets, de la laïcité à la situation au Proche-Orient en passant par Gérard Depardieu. Sur le logement, en revanche, rien. Comme si ce thème n'était pas digne d'une prise de parole présidentielle, comme si cette crise-là n'appelait pas une réponse politique courageuse. Le silence, ici, se fait coupable. C'est l'un des paradoxes de ce débat complètement raté : l'immigration, on en parle mal, on en parle trop. Devenu électrique, ce sujet contraint au silence les points de vue posés et étayés. Devenu central, il éclipse tous les autres, au point d'ôter au débat public la clairvoyance nécessaire sur les réels dangers qui nous menacent. Les boucliers qui nous manquent ne sont pas ceux qu'on croit.

Le Moniteur #6277 : Top 1000 du BTP : un millésime d'exception
revue
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Si les chantiers étaient des vendanges, il faudrait patienter jusqu'à la mise en bouteille pour obtenir les résultats financiers. Comme le bon vin, le classement annuel des plus grandes entreprises du BTP français a besoin d'un peu de temps pour révéler ses subtilités. Celui que « Le Moniteur » livre ici témoigne donc de l'activité du secteur en 2022. Qui se révèle être une cuvée de prestige. Les chiffres ne mentent pas. La plupart des sociétés listées, qu'elles soient indépendantes ou affiliées à des majors, qu'elles évoluent dans les travaux publics, le bâtiment ou les deux, affichent une nette progression de leur activité. Pour la première fois, le chiffre d'affaires de la millième entreprise tricolore dépasse le seuil des 20 millions d'euros. Et ce n'est pas l'amorce du phénomène inflationniste qui remet en cause cette évidence : dans l'Hexagone, les chantiers ont tourné à plein régime. Pour la première fois, le chiffre d'affaires de la millième entreprise tricolore dépasse le seuil des 20 millions d'euros Les millésimes se suivent et ne se ressemblent pas, c'est même ce qui fait tout leur intérêt. Si les conditions se sont avérées particulièrement propices pour le secteur l'an passé, de lourds nuages planent désormais à l'horizon. La crise du logement, qui ébranle déjà les promoteurs immobiliers, va immanquablement se propager aux autres acteurs de la filière. Les travaux, encore dynamiques en 2023, vont ralentir à un rythme variable selon les régions et les métiers. Certaines entreprises voient déjà fondre leurs carnets de commandes. A l'avenir, les bulles, ce ne sera plus pour tout le monde. Ces perspectives moroses ne devraient pourtant pas nous empêcher de célébrer les bonnes nouvelles. Ces excellents chiffres sont mérités. Ils sont le fruit d'un labeur quotidien et le témoignage d'une filière robuste. La certitude de jours plus difficiles doit agir comme un salutaire appel à la lucidité et inciter à mettre à profit ces belles années pour préparer les moins bonnes. Savourons l'instant présent mais gardons-nous de l'ivresse, les prochains top 1 000 se préparent dès aujourd'hui.

Le Moniteur #6276 : Le tertiaire cherche sa place dans le recyclage urbain
revue
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : La radicalité des résultats sans la brutalité des mesures. Non, ce n'est pas le slogan d'une COP 28 au pays des hydrocarbures mais la démarche défendue par la Première ministre à l'occasion de la présentation de la troisième stratégie nationale pour la biodiversité. En résumé, une déclinaison verte du « en même temps », ou plutôt du « ni ni » : ni fin du monde ni fin du mois. Une telle feuille de route ne fait a priori que des heureux. Reste à savoir si, dans la pratique, ce chemin de crête existe. La semaine passée, l'Union européenne - avec l'approbation silencieuse de la France - a par exemple autorisé l'utilisation du glyphosate pour dix années supplémentaires. On perçoit bien l'apaisement de la mesure vis-à-vis du monde agricole, moins la radicalité des résultats. A l'inverse, le ZAN est un objectif radical qui reste perçu par beaucoup comme extrêmement brutal. Un surcroît de paperasserie, même sur papier recyclé, n'aurait aucun bienfait sur la planète Défendre absolument la faune et la flore sans faire grogner le citoyen, l'élu ou le professionnel, semble illusoire. Pire, à trop ménager la chèvre et le chou, on peut décevoir l'un et l'autre. Prenons un autre exemple, celui de la commande publique durable. Au détour de la loi Industrie verte, de nouvelles obligations viennent encore renforcer le cadre juridique de ce qui est considéré comme un puissant vecteur du verdissement de l'économie. Pesant sur les entreprises soumissionnaires, ces contraintes supplémentaires, bien réelles, se révèlent dans les faits purement procédurales. Elles pourraient même n'avoir aucune conséquence sur la qualité environnementale des marchés publics conclus. Sans remettre en cause le bien-fondé de ces décisions, cet exemple devrait nous alerter. Si on n'y prend garde, la quête du juste milieu écologique pourrait se traduire en un surcroît de paperasserie qui, même sur papier recyclé, n'aurait aucun bienfait pour la planète. Verdir un peu sans trop gêner pourrait aboutir au pire des compromis : l'absence de résultats malgré la rigidité des mesures.

Le Moniteur #6275 : Equerre d'Argent - Dans un quartier huppé, le logement social distingué
revue
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Tout ce qu'il faut, mais juste ce qu'il faut. Tous les ans, le palmarès des prix d'architecture du « Moniteur » et d'« AMC » apporte la démonstration magistrale de la capacité des concepteurs à engendrer des réalisations d'exception. Mais cette année, plus que jamais, il suggère aussi la retenue inhérente à l'acte de construire, propre à notre époque. L'excellence s'accommode de la fin de l'abondance. Aux démonstrations de force, elle préfère désormais le tour de force. Dès lors, la question devient hautement « matérielle ». Les opérations primées font ainsi la part belle aux biosourcés, de la paille au liège. Par leur réinterprétation du déjà-là, elles préservent la matière des bâtiments transformés et des espaces publics requalifiés. Ce souci de la retenue s'illustre enfin par ce que les architectes choisissent de ne pas dessiner, cette matière qui n'est pas consommée, à l'instar de ces « volumes capables » laissés au bon vouloir de l'acquéreur. Pour décrocher l'Equerre d'argent, il faut un surcroît de génie, une prise de risque, une ambition hors normes Il serait pourtant réducteur de ne voir dans le choix du jury qu'un coup de chapeau à la sobriété. La vertu ne fait pas architecture, pas plus que l'immense talent - reconnu à l'ensemble des équipes finalistes - ne suffit pour obtenir l'Equerre d'argent. Il faut, pour décrocher la timbale, un surcroît de génie, une prise de risque, une ambition hors normes. C'est d'ailleurs pourquoi l'habitat, si central dans l'activité des agences mais si engoncé dans ses standards, se hisse rarement sur la plus haute marche. Or, l'îlot Saint-Germain à Paris (VIIe arrondissement) témoigne d'une inventivité salutaire. Ces anciens bureaux produisent du logement social de qualité là où les besoins sont immenses, au cœur des métropoles, sans artificialiser un mètre carré. Une lueur d'espoir, au moment où l'immobilier résidentiel fonce tout droit vers l'abîme. Un appel à l'action, aussi. Cette opération n'a été rendue possible que par la « décote Duflot », un rabais sur l'achat du patrimoine de l'Etat tombé en désuétude. Trop coûteux pour notre époque austère, ce dispositif témoignait d'une quête de solutions ingénieuses face à la crise du logement. Cette inventivité-là nous fait, pour l'heure, cruellement défaut.

Le Moniteur #6274 : Ouvrages d'art en série sur un terrain accidenté
revue
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Les promoteurs le constatent : « On change d'époque. » Et, dans leur esprit, l'histoire ne va clairement pas dans le bon sens. Les ventes s'effondrent chaque trimestre un peu plus jusqu'à atteindre, en cette fin d'année, des niveaux dramatiques. L'activité plonge, les talents s'envolent. L'immobilier se trouve, encore selon les promoteurs, « au bord du précipice ». Avant un saut dans le vide ? Autant il apparaît aisé de caractériser l'époque révolue, avec son argent bon marché et son accession accessible, autant définir celle qui arrive relève de la gageure. Alors, quand le brouillard s'épaissit, on est tenté de se fier au capitaine. Or, sur ce sujet sensible, le gouvernement reste fort peu disert. Tout juste, ici et là, quelques déclarations qu'il faut s'efforcer d'interpréter. La semaine dernière, c'est la Première ministre qui a annoncé un nouveau plan de rachat aux promoteurs et des ambitions redoublées en matière de production de logements intermédiaires et étudiants. Pas de quoi changer la donne, à peine de quoi amortir le choc. Mais peut-être de quoi décrypter les grandes lignes de la future politique du logement. Les bailleurs sociaux se trouvent au centre du jeu, une position qui pourrait devenir structurelle. Premier enseignement : les bailleurs sociaux se trouvent au centre du jeu. Une position habituelle en cas de conjoncture faiblarde, mais qui pourrait bien devenir structurelle à l'avenir. Pour des questions économiques d'abord, tant les organismes HLM font preuve de résilience. Pour des questions sociales aussi, tant il est urgent de répondre aux demandes d'habitations accessibles. L'autre inflexion se traduit par un appel du pied appuyé du gouvernement aux investisseurs institutionnels. En creux, ces attentes vis-à-vis du monde HLM et des « zinzins » visent à écarter pour de bon l'investisseur individuel. Obnubilé par la défiscalisation, ce dernier est jugé, en haut lieu, susceptible d'acquérir des appartements inadaptés aux besoins réels. La fermeté du gouvernement concernant la fin du Pinel témoigne de cette conviction. Un choix assumé qui, pour l'instant, ne fait qu'amplifier la dépression quand il faudrait appuyer sur le champignon.

La Gazette des communes #2689 : Pollution sonore - Les collectivités ne peuvent plus faire la source oreille
revue
Année : 2023
Auteur : Hervé Jouanneau
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : C'était un rendez-vous attendu avec une impatience teintée d'anxiété et d'espoir. Annoncé il y a un an, maintes fois reporté, le comité interministériel des villes (CIV) s'est finalement bel et bien tenu, le 27 octobre, à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines). De quoi soulager les maires de banlieue qui, ces dernières semaines, ne dissimulaient plus leur colère, fustigeant les atermoiements de l'exécutif face à l'urgence sociale dans les quartiers populaires. PAS DE SURPRISE. Entourée de la moitié de son gouvernement, la Première ministre a donc répondu à l'appel des élus locaux pour « faire vivre la promesse républicaine et garantir l'égalité des chances ». A la clé, une pluie de mesures touchant à la mixité sociale, à la transition écologique, à l'emploi ou à l'accès aux services publics. Certaines étaient réclamées, comme la généralisation des cités éducatives, un nouveau plan sur les copropriétés dégradées et le fléchage du fonds vert. Pas de surprise pour les autres, en revanche, la plupart étant recyclées ou déjà sur les rails. Même scénario pour le plan de fermeté que la même Elisabeth Borne avait présenté la veille en réponse aux émeutes de l'été. La déception est tangible sur le terrain. Le CIV historique, que tous espéraient, avec un vrai projet pour repenser la cohésion nationale, n'a pas eu lieu. ATTENTES IMMENSES. De leur côté, les élus et les professionnels, qui attendait du gouvernement une ambition, un souffle à la hauteur des enjeux, sont tombés de haut. « Pas de révolution mais des évolutions », a concédé, amer, Philippe Rio, maire (PC) de Grigny, à l'issue du discours de douze minutes prononcé par Elisabeth Borne. Certes, l'exécutif a honoré son engagement. Et cette liste de 40 mesures techniques - bien souvent sans moyens ni calendrier - va dans le bon sens et étoffe un peu la boîte à outils des professionnels. Mais sur le terrain, où les attentes étaient immenses, sans doute trop, la déception est tangible. Le CIV historique, que tous espéraient, avec un vrai projet pour repenser la cohésion nationale, n'a pas eu lieu. Et dans un contexte de crispation sociale et de fortes tensions internationales, les acteurs de terrain vont se retrouver bien seuls pour tenter de panser les plaies des quartiers les plus pauvres et les plus fragiles. Et de leurs habitants.

Le Moniteur #6271 : Pour le béton aussi, le bio c'est bon
revue
Année : 2023
Auteur : Jérémy Bellanger
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Le malheur des uns fait le bonheur des autres. L'adage se vérifie souvent, mais omet de préciser que les réjouissances peuvent être de courte durée. Dernier exemple en date : la crise du logement neuf et ses effets. Pour les promoteurs, la cote d'alerte est désormais largement dépassée, comme en témoignent les derniers résultats communiqués par certains grands acteurs. Aux avant-postes du marché de la construction, ils ont été parmi les premiers à faire les frais de la remontée des taux et des difficultés d'accès au crédit. Les voilà dans l'incapacité d'écouler leurs produits, sauf à les dévaluer. Une aubaine pour les bailleurs sociaux qui se retrouvent en position de force à l'heure de négocier le prix du mètre carré. Pourtant, rares sont les organismes HLM à se féliciter de la nouvelle donne, bien conscients que cette parenthèse des bonnes affaires est en réalité mortifère et se refermera aussi vite qu'elle s'est ouverte. Les bailleurs sociaux se retrouvent en position de force à l'heure de négocier le prix du mètre carré. Mais derrière, c'est la pénurie qui guette. Derrière, c'est la pénurie qui guette. Un trou d'air dans la construction qui n'épargnera aucun maillon de la chaîne de valeur. Le dernier congrès de l'Unsfa s'est d'ailleurs fait l'écho de ce risque de contagion, pointant l'impact à venir sur les maîtres d'œuvre. Une inquiétude bien compréhensible qui commence également à infuser au sein d'entreprises de travaux, encore très occupées sur les chantiers, mais dont les défaillances sont reparties à la hausse au troisième trimestre. Pour sûr, les mois à venir tiendront de l'épreuve de résilience, même si certains parviendront à s'abreuver dans des oasis du marché telles que la rénovation énergétique et l'industrie. La crise est là et elle gagne du terrain. Reste désormais à en connaître l'ampleur et la durée. Deux paramètres largement dépendants de l'action des pouvoirs publics.

Le Moniteur #6269 : "Les architectes sont à l'avant-garde des besoins de la société"
revue
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : LE MONITEUR MONITER
Description : Et si l'usine produisait des chantiers à la chaîne ? Le projet de loi Industrie verte, qui vient d'arriver au terme de son cheminement parlementaire, devrait y contribuer. Fruit d'un compromis entre groupes politiques et d'un accord entre députés et sénateurs, le texte n'a pas nécessité de recours au 49-3. Son contenu ne fait peut-être pas tout à fait l'unanimité, mais son ambition fait consensus : accélérer la mutation de l'appareil productif hexagonal. Ce n'est pas écrit noir sur blanc dans la loi, mais les professionnels de la construction se trouvent au cœur du processus de réindustrialisation. D'abord, parce que ces usines indispensables à la décarbonation, il faudra bien les faire sortir de terre. Une partie des nouvelles dispositions s'attache ainsi à simplifier l'accès au foncier et à accélérer les procédures, pour, à terme, concevoir, construire et exploiter des unités de production. A l'heure où la production de logements s'éteint dans l'indifférence gouvernementale, le coup de pouce à d'ambitieux projets industriels conduira les constructeurs à des repositionnements opportuns. Certains, dans le gros œuvre ou l'ingénierie, l'ont déjà compris. Le secteur de la construction se trouve au cœur du processus de réindustrialisation « verte » Mieux : ces chantiers en appelleront d'autres, bien plus nombreux. L'exécutif et les parlementaires entendent promouvoir tout particulièrement les « big five », à savoir l'éolien, le photovoltaïque, les pompes à chaleur, les batteries et l'hydrogène décarboné. Fait remarquable : ces cinq productions industrielles d'avenir nourriront toutes la réalisation d'ouvrages et de réseaux. Un motif de réjouissances, donc, mais aussi une preuve supplémentaire du rôle central que la construction est appelée à jouer dans les transitions écologique et énergétique. Nul ne peut prédire aujourd'hui les effets réels des dispositifs d'Industrie verte. En revanche, on peut d'ores et déjà affirmer que celle-ci accompagne un mouvement profond et inéluctable de transformation de notre économie. Et qu'il est temps d'en tirer profit. C'est désormais écrit noir sur blanc.

Le Moniteur #6270 : Retrait-gonflement des argiles : une fissure très salée
revue
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : LE MONITEUR MONITER
Description : Comment freiner l'épidémie de fissures qui touche les maisons françaises ? La question reste à ce jour sans réponse. Pourtant, la multiplication des épisodes de sécheresse provoque une croissance exponentielle et inexorable des dégâts sur le bâti. Même les zones aussi éloignées du croissant argileux que le Finistère ou la Corse-du-Sud sont désormais touchées. Avec, au bout du compte, une facture qui se compte en milliards d'euros. L'appréhension du phénomène du retrait-gonflement des argiles se heurte à une difficulté particulière, celle de percevoir l'ampleur de la catastrophe. Ici, pas d'image spectaculaire. Les ravages d'une crue ou d'un séisme font les gros titres. Pas les petites fissures qui lézardent en silence ces habitations. Confrontés à des montagnes de sinistres, les assureurs s'alarment eux aussi Avec ses 3,5 milliards d'euros de dégâts, le triste record de 2022 aura, si l'on ose dire, réussi à briser ce mur de l'indifférence. Le député du Nord Vincent Ledoux vient ainsi de remettre à la Première ministre un rapport parlementaire sur le sujet. Il propose un bouquet de mesures, allant de la mobilisation financière à l'adaptation du régime « Cat Nat », en passant par les études géotechniques et une « météo des sols ». Confrontés à des montagnes de sinistres, les assureurs s'alarment eux aussi. Et cherchent, entre autres, à améliorer les solutions destinées à protéger les habitations. Des techniques encore insuffisamment maîtrisées mais qui pourraient devenir courantes à l'avenir. En 2023, les frais devraient rester sous la barre du milliard d'euros. Un léger mieux, certes, mais qui représente tout de même le double de la moyenne des années 2000. Indubitablement, nous avons déjà changé d'ère et rien ne permet aujourd'hui d'imaginer que le réchauffement climatique cessera de produire ses effets dans les prochaines décennies. Qu'il plafonne à + 2 °C ou atteigne + 4 °C, il faudra s'adapter et cela ne se limitera pas à végétaliser les rues ou rafraîchir les logements. Sécheresses, orages, érosion côtière ou mégafeux… Silencieuses ou fracassantes, les calamités sont devant nous. Elles doivent être regardées en face.

Le Moniteur #6268 : Après les émeutes, la reconstruction à petits pas
revue
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Le « fou du Puy » serait-il devenu le « zinzin du ZAN » ? On peine à comprendre ce qui a poussé Laurent Wauquiez à annoncer que sa région « sortait du ZAN ». Pour être honnête, on a d'abord peiné à comprendre ce que cela signifiait. Puis, une fois précisé que la collectivité suspendait la procédure de modification de son Sraddet pour manifester son mécontentement face aux règles nationales, on a peiné à comprendre ce qu'elle avait à gagner à se priver d'un outil aussi crucial pour l'aménagement de son territoire. Bien entendu, Laurent Wauquiez a toute sa tête. Son coup d'éclat, il le sait pertinemment, n'aura que peu de portée pratique. Annoncer une « sortie du ZAN » pour un élu de droite engage autant que poser un panneau « Commune hors Tafta » pour un élu altermondialiste : de l'affichage pur et simple. Son objectif est ailleurs. Ce redoutable animal politique a flairé autour du ZAN un potentiel point de clivage. Le candidat non déclaré à la présidentielle de 2027 a choisi de dégoupiller sa grenade devant l'Association des maires ruraux de France. Nul besoin d'être un normalien doublé d'un énarque pour saisir qu'il entend réveiller l'antagonisme entre France des villes et France des champs. La lutte contre l'artificialisation ne peut se réduire à une lubie urbaine. Dans les petites communes, c'est clair, des élus se disent désemparés face à la fin annoncée des lotissements, gloutons en terres. Le risque de friction existe - c'est indéniable - entre l'objectif de sobriété et celui, tout aussi louable, de développement local. Mais il est tout aussi certain qu'il faudra, demain, aménager autrement. Oui, c'est contraignant. Oui, c'est long. Mais, comme la décarbonation, comme le recyclage, ce n'est plus une option. Là se trouve l'erreur de jugement de Laurent Wauquiez : réduire la lutte contre l'artificialisation à une lubie urbaine. Or, la population rurale a fait sienne la volonté de préserver les espaces naturels. Le monde agricole lui-même fait désormais pression pour limiter le grignotage des terres. Ce n'est pas parce qu'ils roulent au diesel et se chauffent au fioul que les habitants des bourgs se moquent de la nature. En cherchant à toucher ce qu'il imagine être les tréfonds des terroirs, le stratège politique confond clivage et cliché. Non, les Français, même ruraux, ne sont pas des veaux.

Le Moniteur #6266 : Spécial HLM - Tout rénover, même les financements
revue
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : LE MONITEUR MONITER
Description : Les Congrès HLM se suivent et ne se ressemblent pas. L'édition 2022 avait été marquée par une grande déception - parfois même une franche hostilité - vis-à-vis des positions du ministre du Logement d'alors, Olivier Klein. Celle qui se déroule début octobre promet certes de nouvelles crispations, mais, cette fois-ci, le gouvernement n'y est pour rien. A la manière d'une scène de ménage, la crise éclate au sein de ce que l'on se plaît parfois à présenter comme la grande famille HLM. La semaine passée, la Fédération des OPH a en effet lancé une procédure contre Action Logement, le poids très lourd des ESH. Autant dire, un fratricide. Le fond de l'affaire apparaît éminemment technique : il concerne la distribution du produit de la collecte de la Peec. Mais on le sait, dans les histoires de famille, ce sont souvent les sujets d'argent qui provoquent les pires conflits. Un linge sale que l'on préfère généralement laver à l'abri des regards. Entreprises et maîtres d'œuvre misent sur les bailleurs sociaux pour atténuer la casse économique et sociale annoncée Or, cette année plus que jamais, toute la construction a les yeux rivés sur le monde HLM. Alors que les promoteurs se préparent à ce qui s'apparente à la pire crise de leur histoire, entreprises et maîtres d'œuvre misent sur les bailleurs sociaux pour atténuer la casse économique et sociale annoncée. Quel que soit leur statut - OPH, ESH, coopératives… - et leurs éventuelles divergences, les organismes HLM apparaissent comme les seuls acteurs en mesure de construire et de rénover massivement… mais pas au milieu d'un champ de ruines. Afin d'éviter le désastre et de peser au maximum sur l'élaboration du projet de loi de finances pour 2024, une « Alliance pour le logement » vient de prendre forme. Elle se veut très large, allant des économistes de la construction aux CMistes, en passant par les entreprises de bâtiment et les notaires. Sans oublier, bien sûr, les bailleurs sociaux. Si elle veut peser dans la balance, cette belle unité devra faire taire les fâcheries de la maison HLM, le temps d'une cousinade.

La Gazette des communes #2682 : Culture - L'urgence écologique entre en scène
revue
Année : 2023
Auteur : Romain Mazon
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Stanislas Guerini veut, lui aussi, sa réforme de la fonction publique. Il ne sera pas le dernier ministre à souhaiter laisser une trace dans les tables de la loi. Saura-t-il, en revanche, innover de sorte à réellement réformer la fonction publique ? On pense tout particulièrement à sa volonté de « mieux récompenser le mérite des agents ». Ah, le mérite ! Politiquement, le sujet est porteur, arborant tous les attributs du bon sens : pourquoi les agents qui travaillent plus et mieux que les autres ne gagneraient-ils pas plus ? PAS RÉELLEMENT CRÉDIBLE. Peut-être, serait-on tenté de répondre, parce que depuis quarante ans qu'il est invoqué, jamais le mérite n'a pu s'installer, ni devenir réellement crédible. Ni en France, ni en Angleterre, ni aux Etats-Unis, ainsi que l'ont établi, dès 2012, Sylvie Saint-Onge et Marie-Laure Buisson dans la revue « Management international » (1). Le mérite, c'est le serpent de mer par excellence, qui finit toujours par se mordre la queue. Budget, formation des cadres, indicateurs... S'il veut rénover la prise en compte du mérite, Stanislas Guerini sait ce qu'il lui reste à faire. Les raisons des échecs dans ces trois pays se rejoignent : la part de la rémunération récompensant la performance est trop faible pour avoir un effet sur la motivation ; les cadres qui évaluent la performance sont mal formés ; les agents craignent le favoritisme et l'arbitraire ; la notion de performance individuelle est jugée peu compatible avec les objectifs collectifs de l'action publique. SOUS CONDITIONS. L'annonce de Stanislas Guerini a déjà suscité une levée de boucliers chez les syndicats, tandis que les employeurs territoriaux n'adhèrent que du bout des lèvres, et sous de nombreuses conditions (2). Stanislas Guerini sait ce qu'il lui reste à faire s'il veut rénover la prise en compte du mérite : dégager les ressources budgétaires qui feront d'une telle prime un réel instrument de motivation, installer des indicateurs de performance compatibles avec le service public, former des cadres capables d'évaluer la performance, sans clientélisme. Le tout en tenant compte des particularités des trois versants de la fonction publique. A cette aune, en effet, plus qu'une réforme, ce serait une révolution.

Le Moniteur #6263-64 : Le BTP et "Le Moniteur" - 120 ans de compagnonnage
revue
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Si tout est permis, rien n'est permis. Surtout pas les permis de construire. En écrivant cette phrase, Vladimir Jankélévitch « (né le 31 août 1903) était certes bien loin de penser aux autorisations d'urbanisme. Et pourtant, le philosophe l'ignorait peut-être, mais l'analyse des règles encadrant la pratique des constructeurs confine parfois à la métaphysique. Elle suscite même, parmi tant d'autres raisons, un besoin impérieux d'une presse professionnelle de qualité, capable de rendre intelligibles des textes aussi abscons que des traités de phénoménologie allemande. Décrypter, expliquer, raconter. C'est la vocation du « Moniteur » depuis 120 ans. Braquer les projecteurs sur l'excellence également, qu'elle soit technique, économique ou esthétique. Cela va jusqu'à l'octroi de distinctions incontestées, à l'instar de l'Equerre d'argent, aussi prestigieuse en architecture que le prix Goncourt en littérature (21 décembre). Décrypter, expliquer, raconter. C'est la vocation du « Moniteur » depuis 120 ans. Comme l'estimait fort justement Marguerite Yourcenar (8 juin) : « Il faut toujours un coup de folie pour bâtir un destin. » Lorsqu'il imprimait son journal de quatre pages au début du XXe siècle, Louis Dubois n'avait probablement aucune idée de l'épopée qu'il initiait. Il faut dire que les défis à surmonter se sont multipliés au fil du temps. Le plus grand ? Réunir les travaux publics et le bâtiment, les infrastructures et l'architecture, la biodiversité telle que l'on la retrouve dans « La Ferme des animaux » de George Orwell (25 juin) et le béton armé, digne de « Zazie dans le métro » de Raymond Queneau (21 février). Parler au privé comme au public, deux mondes qui, malgré leurs antagonismes et les rivalités, finissent généralement par saisir leur intérêt commun, à la manière d'un Peppone et d'un Don Camillo, incarné par l'irremplaçable Fernandel (8 mai). Nos journalistes écoutent, écrivent et enquêtent, cherchant l'information juste avec la détermination d'un commissaire Maigret, né de la plume de Georges Simenon (13 février). Ils bénéficient en outre d'un ancrage régional sans pareil. Car, tel le tracé du Tour de France (1er -19 juillet), la construction est une activité localisée par nature, qui ne se comprend qu'au plus près du territoire, avec ses contraintes et ses atouts, mais aussi ses régionaux de l'étape. Dans les ascensions difficiles ou dans les plaines reposantes, « Le Moniteur » reste au cœur du peloton, fidèle compagnon de la construction.

Le moniteur #6262 : La tour Pleyel achève sa mue
revue
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Le monde du bâtiment se divise en deux catégories : ceux qui construisent et ceux qui rénovent. Et en ce moment, leur sort apparaît diablement contrasté. Provoquée par des facteurs conjoncturels, comme la hausse des taux d'intérêt, et par des tendances de long terme, comme la raréfaction du foncier, la crise du neuf s'annonce profonde et durable. A l'inverse, les vertus de la rénovation apparaissent en phase avec l'époque. Pour les professionnels menacés, il semble opportun de faire évoluer rapidement le modèle. C'est ce qu'a fait Smac (lire p. 12), dont la croissance repose largement sur la rénovation énergétique. C'est aussi ce que font certains acteurs de l'immobilier, qui inventent un métier de promoteur-rénovateur radicalement nouveau (lire p. 8). Reste que cette reconversion n'est pas aussi simple à accomplir selon que l'on est maçon ou plombier, terrassier ou architecte. Pour tous, elle ne se fera pas en un jour, tant les savoir-faire et les équilibres économiques divergent entre ces deux typologies d'opérations. Intervenir sur l'existant constitue un défi de tous les instants, depuis la conception jusqu'au chantier. Intervenir sur l'existant constitue un défi de tous les instants, depuis la conception qui doit composer avec le déjà-là, jusqu'au chantier toujours truffé de surprises, plus ou moins mauvaises. De la reconversion ambitieuse de la tour Pleyel (lire p. 40) à la restauration d'un collège respectueuse de l'esprit de Jean Nouvel (lire p. 44) , un travail d'orfèvre se révèle à chaque fois nécessaire pour mener à bien ces projets. Si le bilan carbone est naturellement à l'avantage de la rénovation, ce sur-mesure systématique et ces aléas permanents peuvent rapidement faire déraper le bilan économique. Le virage s'annonce donc très serré pour les professionnels. D'autant plus que cette grande bascule paraît encouragée par les pouvoirs publics. L'extinction du Pinel se rapproche, le ZAN raréfiera le foncier et les aides à la rénovation montent en puissance. Certes, l'exigence de sobriété paraît légitimer un tel mouvement pendulaire, mais il laisse un angle mort : celui du déficit de l'offre de logements qu'il produit inévitablement.

La Gazette des communes #2680 : Restauration collective - Comment les cuisines éradiquent le plastique
revue
Année : 2023
Auteur : Jean-Baptiste Forray
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Cette fois, c'est la bonne. Après une multitude de ballons d'essai, Emmanuel Macron va enfin s'attaquer au millefeuille territorial. C'est tout du moins ce qu'il affirme dans un entretien fleuve accordé au « Point », paru dans l'édition du 24 août. « Nous devons poser la question de l'organisation territoriale, qui est confuse et coûteuse, et dilue les responsabilités. On voit bien qu'entre les communes, les départements et les régions, on a trop de strates et un problème de clarté des compétences. Ces sujets aussi doivent pouvoir être mis sur la table à la rentrée », martèle le chef de l'Etat (*). Dans un second quinquennat compliqué, Emmanuel Macron est, plus que jamais, en quête d'un totem réformateur. Sans préjuger des pourparlers avec les forces politiques qui s'ouvrent à l'heure où nous écrivons ces lignes, le Président cherche à prendre date. Dans un second quinquennat compliqué, Emmanuel Macron est, plus que jamais, en quête d'un totem réformateur. LE SÉNAT EN EMBUSCADE. Avec le millefeuille territorial, il joue sur du velours. Sa dénonciation de la suradministration coïncide avec son ancrage au centre droit. Elle s'inscrit dans la lignée de la réforme menée en 2010 par un Nicolas Sarkozy dont il n'a jamais paru aussi proche. Mais Emmanuel Macron risque de se heurter aux mêmes obstacles que l'ex-président. Le premier d'entre eux s'appelle le Sénat. La chambre du seigle et de la châtaigne goûte peu la rhétorique du millefeuille territorial. Pour elle, il n'y a pas de couche en trop. Emanation de la France des 36 000 clochers, la Chambre haute se refuse à renverser la table. Singulièrement à la veille du scrutin sénatorial. LA PISTE DU RÉFÉRENDUM. Dans ces conditions, les marges de manœuvre d' Emmanuel Macron apparaissent limitées. D'autant plus qu'il ne dispose pas d'une majorité ferme à l'Assemblée. Les principaux pôles d'opposition, le Rassemblement national et La France insoumise, ne lui feront pas le cadeau de soutenir son projet territorial. Tous deux font, d'ailleurs, du rejet du « président des métropoles » leur mantra. Il reste une option à Emmanuel Macron : l'appel au peuple. Mais la décentralisation est-elle un sujet porteur dans l'opinion ? Cela reste à démontrer. Le référendum raté du général de Gaulle sur la régionalisation, en 1969, est là pour le rappeler.

Le Moniteur #6261 : Un centre sportif parisien ceinture noire de clarté
revue
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Dans un secteur aussi réglementé que le nôtre, on attend beaucoup des textes. Et, soit dit en passant, on les attend souvent longtemps. Il en va ainsi du décret promettant de simplifier la mise en œuvre des projets de réutilisation des eaux usées. La publication de l'une des pièces maîtresses du plan eau, annoncé au printemps par Emmanuel Macron, était présentée comme imminente depuis plusieurs jours à l'heure où nous bouclons ces pages. L'attente est vive. Et pour cause : que l'été soit torride ou pourri, le niveau des nappes phréatiques reste dramatiquement bas. Alors, il en va de l'eau comme du plastique ou du verre : quand une ressource se fait rare, le recyclage apparaît comme une solution évidente. La mise à jour du cadre réglementaire relatif au traitement de l'eau est urgente. « Bien sûr qu'il faut réutiliser les eaux usées ! entend-on subitement. Mais la réglementation nous met des bâtons dans les roues. » Alors oui, c'est vrai, on trépigne. La mise à jour du cadre réglementaire relatif au traitement de l'eau de l'eau est urgente. Mais ne nous berçons pas d'illusions : quelques lignes au JO, aussi nécessaire soient-elles, ne suffiront pas. D'abord parce que la publication du décret n'est que la première étape d'un profond remaniement qui prendra du temps. Ensuite et surtout parce que rien ne se fera sans que les acteurs eux-mêmes s'emparent de ces solutions, par conviction écologique, par responsabilité politique ou par intérêt économique. Ce fut le cas à Orléans, où l'on n'a pas attendu pour agir. Un projet novateur limite désormais les prélèvements d'eau dans le cours du Loiret (lire p. 28). Ce type d'initiative est appelé à se multiplier, la démarche à se massifier. Reste qu'elles demeureront éminemment locales : ici, c'est la proximité d'un parc géré par la Ville avec une station d'épuration de la métropole qui a rendu possible cette opération. Ailleurs, d'autres formules devront être élaborées. Et il faudra toujours des hommes et des femmes, travaillant pour des collectivités, des entreprises de travaux, des bureaux d'études, des industriels… pour les mettre au point. Des gouttes d'eau dans l'océan, peut-être, mais que la réglementation, seule, ne saurait faire jaillir. Elle peut simplement dégripper le robinet.

Le Moniteur #6260 : Un pont suspendu fait peau neuve
revue
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : On ne touche pas à l'œuvre de Le Corbusier sans faire preuve d'une certaine hardiesse. Pour s'attaquer aux pathologies qui affectent la célèbre chapelle Notre-Dame du Haut, à Ronchamp (Haute-Saône), l'association propriétaire s'est résolue à intervenir sur l'édifice du glorieux concepteur des lieux (lire p. 26). Avec respect, bien entendu, mais sans frilosité : insertion de broches en carbone, décapage complet de la façade… Aussi sacré soit-il, un bâtiment reste mortel et exige quelques soins. Mais, pour des communes déjà mobilisées dans la rénovation énergétique de leurs écoles (lire p. 8), la campagne de restauration d'un bâtiment parfois très peu fréquenté fait peser un lourd fardeau, pour ne pas dire une croix. L'Observatoire du patrimoine religieux évalue entre 2 500 et 5 000 le nombre d'édifices menacés d'abandon, de vente voire de destruction. Or, personne ou presque ne souhaite en arriver à de telles extrémités. Indépendamment de leur éventuelle protection au titre des monuments historiques, ces églises constituent un patrimoine de proximité auxquels demeurent très attachés les habitants des villes et des campagnes, grenouilles de bénitiers comme bouffeurs de curés. Pour offrir aux édifices religieux les travaux nécessaires, il convient d'en varier les utilisations. Pour offrir à ces édifices les travaux nécessaires, il convient d'en varier les utilisations, plaident trois sénateurs dans une récente tribune publiée dans « Le Monde ». Des activités évidemment compatibles avec la pratique cultuelle, comme il en existe déjà (concerts dans la nef, cours de yoga dans la sacristie…) ou qu'il reste à inventer. La fraîcheur des églises pourrait, par exemple, fournir aux citadins un précieux refuge en cas d'épisode caniculaire. Cette réflexion devient pressante, expliquent les parlementaires, par le « surdimensionnement du patrimoine mis à disposition de l'Eglise catholique par rapport à l'usage qu'elle en fait ». Elle s'inscrit cependant dans un mouvement bien plus large, celui de la sobriété foncière et constructive qui pousse à l'intensification des usages de l'existant. En Bretagne (lire p. 15), des internats de lycée hébergent des saisonniers pendant les vacances scolaires. Un peu partout, des cours d'écoles s'ouvrent aux riverains le week-end… Ecoles publiques, églises catholiques, même combat.

Le Moniteur #6259 : Les Dents de scie des cheminots de Trappes
revue
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Sur les sentiers des douaniers ou sur la plage abandonnée, vous avez peut-être, au cours de votre été, eu l'opportunité de profiter des sublimes paysages offerts par les côtes françaises. Ces beautés brutes - des longues étendues picardes jusqu'aux lagons ultramarins - témoignent des bonnes grâces de la nature envers notre pays. Mais elles tiennent aussi à la ferme volonté de préservation voulue par les hommes, à l'instar des rédacteurs de la loi Littoral. Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin, et le maillot de bain est inexorablement abandonné au profit du costume de promoteur, du casque de chantier ou de l'écharpe d'élu. Alors ce fameux texte de 1986, tant apprécié pendant les congés, se mue parfois en carcan réglementaire une fois la rentrée arrivée. Un cadre qui, de surcroît, n'en finit pas d'évoluer au fil des lois votées et de s'affiner au gré des décisions des juges (lire p. 35) . Sans parler des nouvelles contraintes visant à anticiper la montée des eaux. Personne ne regrette aujourd'hui que la France ait échappé à une bétonisation systématique de ses côtes. Avec quarante années de recul, on s'aperçoit cependant que la loi Littoral - tout comme sa sœur, la loi Montagne de 1985 - laissait entrevoir l'inéluctable régulation de l'étalement urbain. Avec pour ambition d'éviter tant les ravages de l'urbanisation sauvage que la mise sous cloche mortifère, les efforts déployés pour encadrer la construction dans ces zones si sensibles peuvent nous aider en 2023 à répondre à l'impératif de sobriété foncière. Ainsi, personne ne regrette aujourd'hui que la France ait échappé, contrairement à certains de ses voisins, à une bétonisation systématique de ses côtes. Il y a donc fort à parier que nos petits-enfants se féliciteront de la préservation des espaces agricoles et forestiers justifiant l'objectif du ZAN. A l'inverse, la gentrification que connaissent certaines zones littorales - en partie liée à une offre de logements bridée par la loi - doit nous alerter pour éviter que, demain, l'impossibilité d'étendre les limites de la ville ne conduise à la vider de ses habitants les moins aisés. Une partie de notre avenir est déjà écrit sur nos plages. On remet le maillot ?

La Gazette des communes #2666-2667 : Accès aux droits - Quand les services publics se rapprochent des usagers
revue
Année : 2023
Auteur : Jean-Baptiste Forray
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : C'est un vibrant plaidoyer, beau comme un édito de « La Gazette ». Dans une interview accordée à « L' Opinion », parue le 14 mai, Emmanuel Macron le clame haut et fort : « Décentraliser, cela veut dire donner une compétence. » Or, « aucune politique publique n'est clairement décentralisée. L'Etat est toujours le garant en dernier ressort et garde aussi beaucoup trop le pouvoir normatif ou une partie des compétences. Ça crée l'inefficacité. » De quoi sonner agréablement aux oreilles de Carole Delga, la patronne de Régions de France, ou de David Lisnard, celui de l'Association des maires de France. Et, pourtant, ce discours peine à emporter l'adhésion des Girondins, de gauche comme de droite. Un hiatus qui tient à une vérité toute simple : le propos présidentiel ne cesse d'être démenti par les faits. PAS DE RECETTES EN PLUS. Témoin, l'un des rares transferts de compétence de l'Etat aux collectivités du premier quinquennat d'Emmanuel Macron : 10 300 kilomètres du réseau routier et autoroutier national étaient susceptibles de passer dans le giron des pouvoirs locaux. Las, plus de quinze mois après la promulgation de la loi « 3DS », le bilan est particulièrement maigre. Seuls 3 000 kilomètres, au mieux, seront transférés. Les plaidoyers girondins d'Emmanuel Macron ne cessent d'être démentis par les faits, comme le montre l'affaire du transfert des routes nationales aux départements. Seize départements et trois métropoles uniquement se sont portés candidats à une telle opération. La faute à un pouvoir central qui n'a pas donné aux collectivités les moyens de leurs ambitions. Celles-ci ne pourront ni lever de nouvelles recettes comme une écotaxe - une taxe sur la livraison des colis -, ni toucher une partie de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques. Pire, elles ne savent toujours pas quel est l'état précis du réseau routier et la facture des travaux à mener. MAQUIS TERRITORIAL. Le pouvoir central a préféré diviser pour mieux régner en faisant entrer les régions dans la danse. Trois se sont portées volontaires à un transfert, embrumant un peu plus le paysage. Bilan des courses, l'Etat va conserver dans son giron des routes et des autoroutes dont il s'occupe souvent mal. Qu'elles sont loin les lois « Defferre » de 1982 où il opérait des choix clairs, confiants, avec le succès que l'on sait, l'ensemble de l'entretien et la construction des collèges aux départements et des lycées aux régions...

Paysage et agriculture : pour le meilleur !
Livres
Année : 2015
Auteur : Régis Ambroise
Editeur : EDUCAGRI EDITIONS EDUKAGRI EDISION
Description : Les enjeux auxquels la société est confrontée (changement climatique, épuisement des ressources fossiles, érosion de la biodiversité, pressions sur le foncier...) conduisent le monde agricole à se pencher sur ses orientations et à réfléchir à ses contributions au développement durable. Comment imaginer des systèmes d'exploitation capables de satisfaire les besoins en matières agricoles ? Comment limiter les risques écologiques et sanitaires tout en partageant l'espace pour mieux vivre ensemble ? Comment faciliter la mise en œuvre de systèmes de production agroécologiques grâce aux connaissances des singularités naturelles et humaines de chaque exploitation, de chaque territoire ? Répondre à ces questions, c'est revisiter nos façons d'envisager notre rapport au monde, à la nature, à l'espace et aux autres. Dans ce contexte, le paysage peut devenir ce qui rassemble tous les acteurs d'un territoire. C'est un capital commun qui peut être géré ensemble. Les politiques menées au sein des territoires dépendront de la qualité de la concertation entre ses différents acteurs et de la place que les agriculteurs y prendront. Ce beau livre donne des réponses actuelles, scientifiques et pragmatiques à ces questions. Ses auteurs, Régis Ambroise et Monique Toublanc, experts reconnus, ont synthétisé et actualisé des écrits de référence. Plaçant au cœur de leur réflexion la démarche paysagère, ils actualisent la question du paysage avec les enjeux de l'après-pétrole et ceux de la politique agricole commune. Ils s'appuient sur les expériences menées par des agriculteurs expérimentateurs, des agronomes, des paysagistes, des élus, des membres d'associations, des enseignants, des citoyens.

Le Moniteur #6236 : Investissements dans les mobilités. Qui gagne, qui perd ?
revue
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : C'est peu dire qu'il était attendu, ce rapport du Conseil d'orientation des infrastructures (COI). Initialement annoncé pour décembre, reporté à janvier et finalement remis fin février, le texte a eu le temps de voir chaque mot soupesé, chaque chiffre revérifié. Au bout du compte, ce document propose trois scénarios d'investissements, du plus économe au plus coûteux, qui esquissent les perspectives françaises en matière de mobilités. L'attente ayant été suffisamment longue, Elisabeth Borne n'a pas fait durer le suspense davantage. A peine avait-elle pris le rapport en main que la Première ministre annonçait opter pour le scénario médian. Ce choix n'est certes pas une surprise totale mais c'est un soulagement pour les professionnels car, si cette option est effectivement suivie, l'enveloppe de l'Etat destinée aux infrastructures fera un bond de 50 %. Etablir des priorités pour les infrastructures, c'est écarter certains projets et faire évidemment des déçus Un tel outil de prospective nécessite du temps, on l'a compris, du travail, on s'en doute, mais aussi d'inévitables compromis. Etablir des priorités, c'est écarter certains projets. L'époque du « quoi qu'il en coûte » est bel et bien révolue. Pire : cette période a lourdement dégradé les finances publiques, ce qui rend encore plus difficile l'accès aux deniers de l'Etat, a fortiori pour financer des investissements qui, nonobstant leur nécessité, verront leurs effets produits dans des années, voire des décennies. Il y a bien évidemment des déçus, c'est le propre de l'exercice. Les professionnels de la route grincent des dents. Le Sud-Ouest voit s'éloigner sa LGV Bordeaux-Toulouse. Quant aux promoteurs du Lyon-Turin, ils s'étranglent d'un énième décalage du projet. Ces points noirs, qui méritent qu'on y revienne, ne doivent pas occulter une réalité plus réjouissante : la volonté politique semble bien réelle, et ce, au plus haut sommet de l'Etat. On peut remercier ici la loi d'orientation des mobilités de 2019 qui a, entre autres, installé dans la durée ce COI. Une loi portée à l'époque par une ministre des Transports tenace nommée Elisabeth Borne. Cette dernière dispose aujourd'hui de tous les leviers pour réaliser l'acte 2 de cette noble ambition.

La planification territoriale en France : du schéma de développement de l'Europe communautaire au plan local d'urbanisme
Livres
Année : 2008
Auteur : Direction générale de l'urbanisme, de l'habitat et de la construction France
Editeur : CERTU SERTU
Description : Cet ouvrage est destiné à des lecteurs, français ou étrangers, qui souhaitent avoir une vision d'ensemble de la planification territoriale en France. Il décrit par les procédures, les contenus et des exemples, les différents documents de planification en usage en France, de l'échelle la plus grande : l'Europe, à l'échelle la plus petite: la commune. Ce n'est ni un manuel ni un guide, encore moins un guide juridique. Il s'agit d'un ouvrage purement descriptif de la situation actuelle, situation qui s'est globalement stabilisée depuis 2002 mais qui évolue sans cesse dans le détail. Il témoigne du renouveau de la planification territoriale en France qui repose sur trois principes: la contribution de la planification à l'aménagement et au développement durable des territoires, la primauté du projet de territoire sur la procédure, la participation des habitants à l'évolution de leur cadre de vie.

Le pouvoir des territoires : essai sur l'interterritorialité
Livres
Année : 2010
Auteur : Martin Vanier
Editeur : ECONOMICA ANTHROPOS EKONOMIKA ANTROPO
Description : A l'heure de la réforme territoriale, peut-on encore croire aux pouvoirs des territoires, de la commune à l'Europe, en passant par les intercommunalités, les départements, les régions, les Etats, alors que les sociétés s'en affranchissent de plus en plus dans les comportements individuels comme dans les aspirations collectives ? Quels nouveaux défis sont posés aux mondes politiques des territoires (élus, administratifs et techniciens, citoyens) par la mobilité, les réseaux, la pluralité territoriale, l'étalement urbain, la mondialisation, la crise des ressources publiques, l'économie des biens publics ? Comment faut-il concevoir désormais le rôle des territoires dans l'action publique, qu'elles qu'en soient les échelles, dans un monde qui change vite ? Cette seconde édition de " l'essai sur l'interterritorialité ", qui a stimulé le débat dans les collectivités locales comme dans les équipes de recherche, fait le point sur la quête permanente d'une réforme institutionnelle des territoires, et étoffe la thèse de l'interterritorialité grâce à l'expérience concrète des acteurs de plusieurs grands territoires en France, sur fond d'expériences européennes. Sciences et pratiques des territoires se combinent pour renouveler la pensée de l'espace géographique et l'action qui le produit.