frrukzuzkg

Bibliothèque Alliance Française d'Almaty

Biographie

Alphonse Boudard, né le à Paris et mort le à Nice (Alpes-Maritimes), est un romancier et scénariste français.

Après s'être engagé dans la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale, il sombre dans la délinquance et découvre la littérature en prison. À l'âge de trente-trois ans, il publie des romans et des nouvelles écrits dans une langue drue, nourrie de l'argot et du langage populaire,. Certaines de ses œuvres sont adaptées au cinéma et il travaille lui-même sur le scénario de nombreux films, qui sont pour la plupart des films policiers ou de gangsters.

Enfance et entrée dans la Résistance

Né d'un père inconnu et d'une mère courtisane et souvent absente, Alphonse Boudard est élevé dans une famille de paysans en pleine forêt d'Orléans puis récupéré à l’âge de sept ans par sa mère qui le confie à sa grand-mère parisienne ; il découvre alors le 13e arrondissement prolétaire. Après avoir obtenu son certificat d'études, il devient apprenti dans une fonderie typographique en 1941.

Confronté à la Seconde Guerre mondiale, il entre dans la Résistance en rejoignant un maquis dans le centre de la France en 1943. En 1944, il participe à la Libération de Paris au sein d'un groupe FFI puis intègre les troupes du colonel Fabien dont il fait le portrait dans Le Corbillard de Jules.

Il quitte les « Fabiens », pour rejoindre les commandos de France de la 1re armée du maréchal de Lattre. Blessé au combat à Colmar lors de la campagne d'Alsace, il est décoré de la Croix de guerre 1939-1945,,. Il dénonce dans ses livres les résistants de la dernière heure acclamant Charles de Gaulle après avoir planqué le portrait de Philippe Pétain, ainsi que les épurateurs sauvages au passé « pactisant ».

Premiers séjours en prison

Après la guerre, Alphonse Boudard raconte avoir continué à fréquenter les bordels militaires de campagne (thème qu'il évoque dans son livre sur les maisons closes), vit de petits boulots et traficote. Il glisse lentement mais sûrement vers les cambriolages. Plusieurs séjours en prison et sanatorium pour soigner sa tuberculose le conduisent à écrire des livres comme La Cerise et L'Hôpital.

Mais son premier livre, écrit en prison, n'est pas publié car jugé trop long (huit cents pages). Il le réécrit plus tard sous le titre Les Combattants du petit bonheur, comme il l'explique à son ami journaliste Jean-Luc Delblat : « J'avais quelque chose en moi qui me poussait, d'une façon très obscure. Je voulais gagner ma vie en écrivant. Au coup par coup, bien sûr, j'avais des doutes. J'ai tout d'abord écrit un livre, qui a été refusé. C'est ce qui est devenu Les Combattants du petit bonheur ».

Dans un documentaire, il a confié que c'était ce premier manuscrit qui aurait retenu l'attention de Robert Poulet et de Michel Tournier, alors lecteurs chez Plon, mais que finalement c'est un autre manuscrit qui donna lieu à la publication de son premier roman (La Métamorphose des cloportes). Il dit devoir sa vocation d'écrivain à Albert Paraz. Son éducation littéraire se fait lorsqu'il est commis dans une librairie d'ouvrages anciens, le Carillon des siècles, et dans les bibliothèques carcérales, notamment celle de la prison de Fresnes où il est employé.

« Quand j'étais en cellule, le soir, il y avait le couvre-feu. A six heures du soir il y a la soupe, et après fini! Il y a ce qui s'appelle la “fermeture”. L'électricité est coupée. Plus de lumière. En été, je pouvais travailler jusqu'au coucher du soleil, vers neuf, dix heures. Mais en hiver, c'était plus difficile. On se fabriquait des petites lampes, avec un fond de boîte de conserve ou de boîte de cirage. On y mettait de l'huile qu'on avait achetée à la cantine, puis une mèche en coton et on l'allumait... C'était comme la vieille lampe à huile de nos grand-mères. Ça présentait tout de même quelques difficultés, parce que si le maton était un sale con, il pouvait vous aligner et vous foutre un rapport. La sanction, c'était la privation de courrier, ou le mitard, éventuellement. »

— Alphonse Boudard

Carrière littéraire

À partir de trente-trois ans, Alphonse Boudard se consacre à l'écriture en utilisant une langue drue, nourrie de l'argot et du langage populaire. Baptisés « romans » parce qu'il éprouve une forte crainte de choquer les familles des personnages dont il évoque les agissements scabreux et de s'exposer à des procès, ses principaux ouvrages sont néanmoins fortement autobiographiques avec quelques recours à son imagination. Il évoque un Paris populaire des années 1940 à travers ses gangsters, proxénètes, maquerelles, escrocs, prêtres pervers, etc. Sous le nom de Laurent Savani, il écrit aussi un roman érotique, Les Grandes Ardeurs, publié en 1958, et qui lui vaut un supplément de prison.

« Quand j'écris un livre, je veux avant tout que le lecteur se marre. J'ai une lettre de Jean Anouilh qui me dit : "J'ai ri tout seul en lisant votre livre !". Ça, ça me fait plaisir ! Ce genre de littérature est mal vu, parce que la littérature, "Ça doit être grave". Eh bien, tant pis. La gaieté, c'est ce qu'il y a de plus important dans la vie. Vous pouvez raconter les pires histoires de cette façon… »

— Alphonse Boudard

Il travaille pour le cinéma, écrivant notamment pour Jean Gabin quand celui-ci se brouille avec Michel Audiard, et pour la télévision, avec l'écriture et la présentation d'une série sur « Les Grands Criminels ». En 1967, il se voit confier l'écriture d'un film réunissant Jean Gabin et Louis de Funès et entreprend l'adaptation de sa nouvelle Gégène le tatoué mais, se heurtant aux différentes réclamations de modifications du scénario par les deux acteurs, il abandonne le projet, laissant le réalisateur Denys de La Patellière tourner Le Tatoué dans une situation fort inconfortable.

Au sein de la littérature française d'après-guerre, il s'inscrit dans cette famille d'écrivains au franc-parler où l'on rencontre René Fallet, Albert Simonin ou encore Antoine Blondin.

Lors d'un interview en à Jean-Luc Delblat, Alphonse Boudard donne sa vision de la littérature contemporaine, avec un vocabulaire cru et haut en couleur : « Essayer de faire du cinéma… Parce que la galaxie Gutenberg va en prendre un coup dans les prochaines années ! Il n'y a plus beaucoup d'avenir dans la littérature… S'il veut "réussir", il n'a qu'à acheter un manuel du savoir-vivre et il trouvera ce qu'il lui faut! Il est important qu'il se construise une légende, qu'il se prenne au sérieux, qu'il écrive de façon assez obscure et qu'il soit susceptible d'intéresser les dames. Il faut aussi qu'il y ait un petit parfum sulfureux autour de lui, qu'il laisse entendre qu'il ait pu avoir une tendance à étrangler sa grand-mère, et ça marchera ! ».

Il a compté Paul Chambrillon, « fin connaisseur de Céline, ami d'Arletty et de Raimu », parmi ses relations amicales.

En 1999, pour s'opposer à la guerre en Serbie il signe la pétition « Les Européens veulent la paix », initiée par le collectif Non à la guerre.

Mort

Alphonse Boudard meurt le à Nice des suites d'un malaise cardiaque à l'âge de 74 ans. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse (division 18), à Paris.

Romans

Nouvelles

  • 1982 : Les Enfants de chœur et autres nouvelles, Flammarion
  • 1996 : Outrage aux mœurs et autres nouvelles, Librio
  • 1997 : Revenir à Liancourt, Rocher

Écrits sur la criminalité et la prostitution

Écrits sur le langage

  • 1970 : L'Argot sans peine ou la méthode à Mimile, avec Luc Étienne, La Table Ronde
  • 1990 : "Préface" pour Jean-Paul Colin et al., Dictionnaire de l'argot, Larousse

Autobiographie

  • 1988 : Ma vie pleine de trous, racontée à Daniel Costelle, Plon

Albums photos

Presse

  • Collaboration à diverses publications : Le Figaro, Le Magazine littéraire, Le Quotidien de Paris, Lui, France-Soir, Détective et autres.

Recueils

Théâtre

  • 1983 : Les Sales Mômes, Petit Marigny.
  • 1995 : Appelez-moi chef, Lansman, aussi connu sous le titre Cellule 118
  • 1996 : La Rue Alphonse Boudard, Poche Montparnasse

Note : le commentaire indique le rôle d'Alphonse Boudard dans le travail sur film (adaptateur, dialoguiste...) ou simplement le type du film (documentaire, téléfilm, série télévisée...).

Cinéma

Adaptation de ses œuvres
  • 1965 : La Métamorphose des cloportes de Pierre Granier-Deferre — d'après son roman La Métamorphose des cloportes
  • 1968 : Le Tatoué de Denys de La Patellière — d'après sa nouvelle Gégène le tatoué
  • 1982 : Le Corbillard de Jules de Serge Pénard — d'après son roman Le Corbillard de Jules.
Scénariste / Réalisateur
Autres
  • 1964 : La Prison — documentaire.

À la télévision

Fictions
Documentaires, émissions
  • 1986 : Quel roman que ma vie ! de Daniel Costelle — deux émissions consacrées à Alphonse Boudard
  • 1989 : Les Grands Criminels de Daniel Costelle — série documentaire.

En 2011, une de ses anciennes compagnes, l'écrivaine Laurence Jyl, lui consacre un livre.

Depuis 2013, une rue du 13e arrondissement de Paris où il vécut une partie de son enfance porte son nom,.

Notes

Références

Bibliographie

  • Edouard Molinaro, « Alphonse Boudard, 1967 », Intérieur soir, éd. Anne Carrière, Paris, 2009, 306 p., p. 145-147, (ISBN 9782843375583)
  • Laurence Jyl, Ce que je sais d'Alphonse, Paris, La Table Ronde, coll. « Vermillon », , 216 p. (ISBN 978-2-7103-6700-0).
  • André Nolat, Trois entretiens (Avec Auguste le Breton, Alphonse Boudard, Monique Morelli), Paris, Edilivre, décembre 2020, 111 p. (ISBN 9782414500444)
  • Dominique Chabrol, Alphonse Boudard, une vie à crédit, Paris, éd. Écriture, , 464 p. (ISBN 978-2-35905-310-4).

Documentaire

  • Alphonse Boudard raconte… (film de Daniel Costelle, présenté par Patrick Clémence) : L'enfance sur YouTube

Vidéos

La guerre sur YouTubeLa délinquance sur YouTubeLa prison et l'hôpital sur YouTubeL'édition et le cinéma sur YouTubeLes maisons closes sur YouTube.

Liens externes

  • Ressources relatives à l'audiovisuel :
    • AllMovie
    • Allociné
    • Filmportal
    • IMDb
  • Ressource relative à la littérature :
    • Académie française (lauréats)
  • Ressource relative au spectacle :
    • Les Archives du spectacle
  • Biographie d'Alphonse Boudard
  • une biographie d'Alphonse Boudard
  • Les gens du cinéma
  • André Nolat, Romances de la rue (« Notes sur Mac Orlan, Carco, Simonin, Boudard »), Lyon, éd. Baudelaire,
  • Article nécrologique de Marc Laudelout
  • Premiers chapitres des Trois Mamans du petit Jesus
  • Portail de la littérature française
  • Portail de la Seconde Guerre mondiale
  • Portail de la Résistance française

Ce contenu est mis à disposition selon les termes de Licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0

Source : Article Alphonse Boudard de Wikipédia

Contributeurs : voir la liste

Les collaborateurs

Les interviews

La chaine YouTube