Le Moniteur #6330 : Transformer les friches en or, l'alchimie de l'immobilier
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Certes, il reste près de trente mois à Emmanuel Macron avant de quitter l'Elysée. Mais ce second quinquennat tournant en eau de boudin, il ne paraît pas prématuré de tirer les premiers enseignements de sa présidence. Pour la construction, la moisson est assez maigre. Un manque d'intérêt certain, qui s'est traduit par peu de lois dédiées. Les TP se souviendront peut-être de la LOM, les bailleurs sociaux d'Elan. Et si son héritage était ailleurs ? C'est dans la loi Climat et résilience que se niche l'une des transformations radicales opérées ces dernières années. Avec l'objectif de zéro artificialisation nette, la France a pris le virage de la sobriété foncière. Un virage dont la vitesse se négocie encore, puisqu'un troisième texte viendra à nouveau remettre l'ouvrage sur le métier. De fardeau pour un territoire, ces zones délaissées se sont muées en potentiel de développement. Mais l'objectif, lui, ne se négocie plus : même ses plus farouches opposants concèdent qu'il faudra bien y arriver. Quoi qu'il en coûte. On peine encore à mesure l'ampleur de ce renversement de paradigme. Car, au-delà des contraintes nouvelles pesant sur les procédures d'élaboration des documents de planification, le ZAN a durablement bousculé les esprits. Comme si le fait de nommer cet objectif - en particulier avec le mot « zéro » - avait dessillé nos yeux sur une évidence : le foncier n'est pas illimité. Cette prise de conscience collective transforme à son tour les projets de construction et d'aménagement . Baromètre des grandes tendances qui agitent le secteur de l'immobilier, le Simi, organisé du 10 au 12 décembre par Infopro Digital (propriétaire du « Moniteur »), fait d'ailleurs de la « régénération urbaine » l'un des grands parcours proposé à ses visiteurs. Les friches n'ont certes pas attendu la présidence d'Emmanuel Macron - ni même sa naissance - pour susciter l'intérêt. La ville s'est de toute éternité reconstruite sur elle-même. Cependant, le nouveau cap clairement affiché a conféré une attractivité nouvelle à ces anciennes zones industrielles, tertiaires, ferroviaires, militaires, hospitalières, etc. De fardeau pour un territoire, elles se sont muées en potentiel de développement. De verrues, elles sont devenues des pépites. Une nouvelle ruée vers l'or se prépare.

Le Moniteur #6331 : Top 1000 - Les nouveaux as du BTP enfin dévoilés
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Gloria ! Avec leur cortège de têtes couronnées, de présidents - parfois pas encore en poste - et d'artistes de renom, les célébrations en l'honneur de la réouverture de Notre-Dame ont fourni une nouvelle occasion de faire rayonner le volontarisme français sur la scène internationale. Après le succès des JO de Paris, cette reconstruction au pas de charge fournit à nouveau une démonstration éclatante de la capacité tricolore à se retrousser les manches pour mener avec succès de grands projets fédérateurs. Requiem. Fierté méritée ou prétention déplacée ? Car, dans le même temps, l'enterrement précipité du gouvernement Barnier offrait un tout autre spectacle. L'Etat français, si prompt à plastronner sur ses capacités d'action et de mobilisation, se trouve à nouveau décapité. Nouvel épisode du feuilleton tragicomique interprété par le monde politique depuis le printemps, cette censure ne fait pas rire grand monde, surtout pas les acteurs de la construction. Avec un mauvais budget, on investit moins. Sans budget, on n'investit pas. In limbo. Disparu en même temps que son auteur, le projet de loi de finances pour 2025 n'avait certes rien d'enthousiasmant. Sa chute dans les limbes inquiète pourtant. D'abord, parce que, à force de persuasion, les acteurs du bâtiment et de l'immobilier avaient réussi à arracher quelques précieuses avancées (élargissement du PTZ, plafonnement de la RLS…). Ensuite, parce que même si les efforts demandés à l'Etat et aux collectivités risquaient d'entraver la commande publique, l'absence de tout cadre budgétaire stable se révèle encore plus paralysante. Avec un mauvais budget, on investit moins. Sans budget, on n'investit pas. Nostradamus. Prédire la suite des événements relève de la prophétie de boule de cristal, tant les inconnues sont nombreuses et les stratégies opaques. Il n'est en revanche pas interdit d'espérer qu'un sursaut permette aux parlementaires de s'accorder sur quelques textes consensuels, afin de ne pas laisser s'embourber davantage la machinerie législative. Si d'aventure cette bonne volonté était partagée, le dossier du logement pourrait peut-être bénéficier des attentions bienveillantes d'une telle union sacrée. Même si le pire n'est jamais sûr, il faut continuer de croire aux miracles.

La Maison écologique #120 : Isoler sa maison par l'extérieur
Périodiques
Année : 2020
Auteur : Julie Barbeillon
Editeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIK
Description : Flouze, biffeton, oseille, pèze, fric, pépètes, ronds, blé, monnaie ; puisque le dieu Argent semble le seul encore capable de murmurer à l'oreille des puissants, les lanceurs d'alerte au dérèglement climatique tentent désormais de parler « pognon ». Après l'étude de l'ONG britannique Christian Aid(1) montrant qu'en 2019, quinze catastrophes naturelles ont coûté plus d'un milliard de dollars chacune et même plus de dix milliards de dollars pour sept d'entre elles (inondations en Inde, en Chine, aux États-Unis, typhons Lekima en Chine et Hagibis au Japon, ouragan Dorian en Amérique du Nord et feux de forêt en Californie), de courageux chercheurs chinois, américains et suédois ont fait chauffer leurs calculettes. Ils ont publié dans la revue Nature Communications une étude (2) sur le coût pour les 20 pays les plus riches de la planète (le G20, responsable de 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre) des mesures à prendre pour respecter les Accords de Paris. Ils l'ont comparé aux sommes qu'il faudra dépenser pour faire face aux conséquences du changement climatique si l'on continue sur le chemin actuel de l'immobilisme. Résultat sans appel : ne rien faire reviendrait économiquement à débourser chaque année ce que coûte d'ores et déjà le Covid-19, et ce jusqu'en 2100 ! Soit 1 900 à 10 000 milliards de dollars par an (2 à 12 % du PNB mondial). Pour résumer : la faillite générale assurée. Alors que prendre dès aujourd'hui des mesures fortes pour endiguer la hausse des températures sur le globe coûterait 200 à 1 287 milliards de dollars par an. Des sommes qui semblent plus à notre portée au regard de ce que les seuls États-Unis ont récemment annoncé débourser pour gérer la crise sanitaire due au coronavirus : 2 500 milliards de dollars. Gageons (pour ne pas dire prions) que les chiffres annonciateurs d'une monumentale et insoutenable crise économique mondiale résonnent plus que les discours de la jeunesse effrayée par son avenir, que les pleurs des migrants, que les ventres creux des affamés, que la disparition de milliers d'espèces animales et végétales, que les poumons qui peinent à respirer dans les mégalopoles ultrapolluées... 1. http://caid.org.uk/climate-breakdown 2. www.nature.com/articles/s41467-020-15453-z

La Maison écologique #124 : Tiny house
Périodiques
Année : 2021
Auteur : Virginie Jourdan
Editeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIK
Description : Poser le pied à terre. » « Garder les pieds sur terre. » De l’urgence de ralentir à celle d’agir, même dans les expressions littéraires les plus simples, elle ne cesse de se rappeler au bon souvenir des terriens. Pourquoi alors la Terre passe-t-elle encore si souvent à la trappe des décisions prises à l’échelle internationale comme locale ? En juin, les grandes lignes du futur rapport du Giec (parution complète prévue en 2022) alertent à nouveau sur les conséquences de la hausse des températures dans les 50 prochaines années. De quoi voir annoncé un ralentissement concerté des échanges aériens, de la construction automobile ? Ou un moratoire sur les projets de construction de nouveaux entrepôts Amazon ? Non. La décroissance de l’activité ne parvient pas à s’imposer comme une solution partagée et partageable par la communauté des États planétaires. La création de nouvelles activités, produits ou procédés consommateurs de ressources naturelles demeurent la norme. Ce sont, des Philippines au Salvador, les cryptomonnaies qui, une fois débarrassées de leur vernis virtuel, révèlent des infrastructures grandes consommatrices d’énergie électrique et de métaux rares destinés aux puces des serveurs qui hébergent leurs octets. En France, ce sont les lois qui renoncent à activer la fin de l’artificialisation des sols – grande responsable du dépérissement du potentiel nourricier de la Terre et de sa capacité à retenir l’eau, le carbone, la vie – en repoussant sa décélération à 2027 ! Sur les marchés, les nouvelles logiques de « compensation » laissent aussi imaginer que replanter des arbres ou casser le béton d’un ancien centre commercial suffisent à redonner dès aujourd'hui de l’oxygène aux écosystèmes ! Alors, aux constructeurs de petites maisons sans fondations, aux citadins qui plantent des vergers comestibles, aux fournisseurs d’électrons verts qui soutiennent les nouveaux producteurs d’énergie renouvelable, aux concepteurs d’isolants végétaux performants, deux mots : merci et répandez haut et fort vos actions pour que la seconde partie du rapport du Giec, qui reste à ce jour inconnue, les citent et les présentent comme autant de solutions à la poursuite d’un mieux pour tou·te·s... qui n’induise pas un pire.

AMC #327 : KEMPE THILL / ATELIER 56S - COMPAGNIE - RAMILLIEN - LANDAUER - BOX ARQUITECTOS
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Olivier Namias
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Submersion Dans une société hyperindustrielle fondée sur les flux ultrarapides, l'architecture, immobile et lente, se trouve à contretemps. Le temps long de son élaboration la place en décalage avec son époque, voire toujours en retard, même sur son propre cadre conceptuel. Les projets, conçus et réalisés en cinq à dix ans en moyenne, ne répondent déjà plus aux réglementations en vigueur lors de leur livraison. Les pratiques des usagers, elles-mêmes mouvantes et fugaces, devancent toujours le cadre bâti. Dernière évolution en date, l'immersion proposée par les industries culturelles (p. 10) . Son alignement sur les logiques d'expériences prégnantes dans la sphère marchande indique qu'il pourrait s'agir de bien plus qu'une mode : un tournant instaurant un nouveau rapport au monde et aux objets, où la sensation remplace la connaissance. La copie du réel transformé en décor peut alors suffire, et le Paris historique, être restitué sous forme de backlot dans les champs briards (p. 8) . Ce phénomène émergent de l'immersion se lance à la conquête de l'espace, en ajoutant une couche technologique dans les intérieurs, ainsi que l'on peut le voir dans quelques nouveaux lieux, tel le Grand Palais immersif à Paris, installé dans une aile de l'opéra Bastille restée vide depuis la livraison du bâtiment, en 1989. Le vaisseau qui devait rendre l'opéra populaire sert ironiquement de tremplin à ces manifestations qui laissent dubitatifs, quand d'autres lieux recyclent le patrimoine artistique - Van Gogh, Dali, Klimt. En revanche, des plasticiens explorent l'immersivité de manière convaincante : Olivier Ratsi, le duo Nonotak, Sabrina Ratté… inscrits dans une longue lignée d'artistes. On pense à Kurt Schwitters, Yayoi Kusama, Ugo La Pietra et son Uomouovosfera (p. 108), ou plus simplement, à l'art baroque, rappelant que l'architecture reste le premier art immersif. S'immerger dans un matériau, une couleur, une structure, une lumière, un espace sonore, c'est ce que ne cesse de faire l'architecture. Lassés de l'excitation des projections, les spectateurs voudront-ils retourner à l'immersion simple mais riche des espaces quotidiens, sans l'attelle high-tech et sa promesse de puissance ? Y aura-t-il des architectes et des maîtres d'ouvrage pour répondre au mieux à ces attentes et éviter que l'immersion ne devienne une nouvelle submersion ? Il n'est pas interdit de l'espérer.

La Maison écologique #144 : Planchers et murs chauffants
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Virginie Jourdan
Editeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIK
Description : Nous autres Français sommes toujours conscients des efforts individuels et collectifs à réaliser dans un contexte de nécessaire transition écologique. C’est en substance ce que révèle l’Agence pour la transition écologique, l’Ademe*. Une bonne nouvelle ? « Mouarf », répondrait probablement un personnage de bande dessinée à qui on ne la fait plus. Car, cette conscience des efforts à réaliser recule en 2024. Rattrapée par la violence et l’insécurité (45 %, + 7 points par rapport à 2023) et l’immigration (32 %, + 8 points), puis la pauvreté (26 %, - 1 point), elle est passée de la deuxième à la quatrième position des priorités dans la liste de 11 sujets proposée par l’Ademe. Bien sûr, l’agence nuance à juste titre la progression de ces préoccupations sécuritaires en rappelant que les débats parlementaires sur la loi immigration battaient leur plein au moment de l’enquête. Mais, las, ce résultat rejoint de nombreux discours sur le recul général du souci écologique dans le débat politique et le constat des choix de consommation nécessairement plus restreints d’une majorité de nos concitoyens. Alors merci à vous, chers et chères abonné.es, acheteuses et acheteurs réguliers ou occasionnels de ce magazine. Pas seulement parce que, par votre geste d’achat, vous soutenez la presse indépendante qui en a tant besoin, toute impactée qu’elle est par la crise de son versant papier, mais aussi parce que, par ce geste et son partage, vous participez hier, aujourd’hui ou demain à faire connaître l'écologie : la progression de la ventilation naturelle (p. 12), la conciliation heureuse des objectifs du passif et du recours au bois, à la terre et à la paille (p. 14), les réflexes d’orientation et d’agencement à garder en tête pour concevoir le plan d’une maison économe en ressources et en énergie (p. 22). Et puis, qui sait, peut-être vous prendrez-vous à imaginer changer de logis pour habiter une petite maison sans fondation « qui a tout d’une grande » (p. 48). L’étude précitée estime aussi que 60 % des Français sont favorables à ce que des règles collectives limitent les comportements nocifs pour l’environnement, même si cela restreint des choix de consommation individuels « comme choisir certains modèles de voiture, prendre l’avion, changer souvent d’équipements électroniques ». Alors, soyons réalistes, demandons le possible : ajoutons-y pour démarrer l’engagement réel de l’état dans une politique de rénovation énergétique de l’habitat digne de ce nom. Facilité de demande de primes et délais de paiement compris. Chiche ! *5e édition de son enquête annuelle dédiée à l’opinion des Français sur la « Sensibilité à l’environnement, action publique et fiscalité environnementale », menée en partenariat avec le Credoc.

Le Moniteur #6328 : Règlement Ecoconception - Comment l'Europe veut verdir la construction
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Faut-il sacrifier un nouveau jour férié pour financer les Ehpad ? L'idée, proposée par un récent rapport sénatorial consacré à ces structures accueillant des personnes âgées dépendantes, semble avoir fait long feu. Le débat a agité le Landerneau politique, hérissé les centrales syndicales, opposées à voir les salariés supporter seuls cette charge, et mis vent debout les associations d'anciens combattants, inquiètes pour le 11- Novembre. « Très réservé » sur l'intérêt de la mesure, le Premier ministre a refermé la boîte à idées. Et pourtant, la France va immanquablement manquer d'Ehpad. La pyramide des âges est implacable : les besoins vont exploser au cours de la prochaine décennie. Ce même rapport parlementaire pointait en effet les difficultés financières croissantes de ces institutions, qu'elles soient publiques ou privés, à but lucratif ou non. De mauvais résultats qui détournent les investisseurs et freinent toute ambition de développement. Or, la pyramide des âges est implacable : les besoins vont exploser au cours de la prochaine décennie. Or le pays ne s'y prépare pas. Dans les Ehpad, en effet, l'heure est à la rénovation (lire p. 8) . On isole, on modernise, on rafraîchit… Objectifs : respecter les obligations du décret tertiaire et améliorer le cadre de vie des personnes âgées. Mais aussi redorer l'image de ces établissements, éclaboussés par le scandale Orpea et critiqués pour leur gestion du Covid. Une montée en gamme salutaire, mais qui, en donnant davantage de place aux résidents, réduit encore un peu plus une offre de lits déjà sérieusement entamée par la baisse du nombre de structures. Même si on met le turbo sur l'adaptation des logements, même si on accroît l'offre de résidences pour seniors non dépendants, le défi du vieillissement contraindra tôt ou tard à relancer la machine à construire. Un plan ambitieux qui nécessitera des investissements massifs. Pour cela, faut-il élargir l'usage du Fonds vert, comme le suggèrent les sénateurs ? Faut-il que, dans les zones rurales, ces institutions accueillent des services publics aux riverains pour favoriser leur implantation ? Rouvrons la boîte à idées !

Le Moniteur #6329 : Equerre d'argent 2024 - Au mont Salève, une machine à remonter le temps
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Le règlement de l'Equerre d'argent est formel : muet sur la nationalité des architectes, il exige à l'inverse que les réalisations en lice se situent sur le territoire français. Du haut de son éperon rocheux surplombant le lac Léman, à une encablure du canton de Genève, la gare du téléphérique du Salève, lauréate 2024 du prix organisé par « Le Moniteur » et « AMC », se trouve bien dans l'Hexagone. Aux confins de la Haute-Savoie, elle n'a pas volé son titre mais flirte avec des limites. En creusant un peu, la Suisse n'est jamais loin. Les lauréats de l'Equerre d'argent ont habilement tiré profit de la position frontalière. Les acteurs de ce projet patrimonial, à commencer par le syndicat à la fois intercommunal et binational qui en est à l'origine, ont d'ailleurs habilement tiré profit de cette position frontalière. De droit français, cette maîtrise d'ouvrage n'en excelle pas moins dans l'art de la négociation et la quête de consensus. Son ambition, à la fois architecturale, paysagère et territoriale, jongle avec les contraintes et réussit le grand écart entre les exigences de là-bas et les moyens d'ici. En 2018, le concours de maîtrise d'œuvre avait vu défiler la fine fleur de la conception des deux pays. La justesse du projet de l'agence parisienne DDA avait - déjà -convaincu le jury. Dotés d'une habileté rare à sublimer l'existant, Claudia et David Devaux font des merveilles lorsqu'ils interviennent sur les bâtiments d'illustres prédécesseurs : Le Corbusier, Mallet-Stevens, Théo van Doesburg… Au Salève, l'infrastructure est signée Maurice Braillard (1879-1965), grand architecte et urbaniste genevois. Un beau Romand, donc, mais surtout une belle histoire. Car le chantier fut interrompu en 1932, laissant l'ouvrage incomplet. Le duo ne s'est donc pas contenté d'une restauration, même minutieuse, même respectueuse : il a parachevé l'œuvre du génie suisse, tout en lui faisant faire un bond d'un siècle, le propulsant d'une modernité à l'autre. Le règlement de l'Equerre d'argent est limpide : le prix récompense architectes et maîtres d'ouvrage. Surtout, il distingue une réalisation. Celle du Salève tient de l'exceptionnel. Par la délicatesse des interventions, évidemment, mais aussi par la radicalité des choix, qui vont de l'organisation des espaces à l'intégration au site. Une architecture de partis pris, tout sauf neutre.

D'Architectures #321 : Prix D'Architectures 10+1
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Ibai Rigby
Editeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURAL
Description : Le Prix d’architectures 10+1 2024 Par Ibai Rigby, président du jury du Prix d’architectures 10+1 2024 Le Prix d’architectures 10+1 se distingue par son approche immersive, valorisant l’engagement direct avec les bâtiments, leurs concepteurs et utilisateurs. Contrairement à d’autres prix fondés sur des présentations visuelles, le Prix d’architectures refuse la passivité d’un diaporama ou d’un fil Instagram. Ici, ni catégories fixes ni critères prédéfinis : le jury élabore ses choix collectivement au fil des visites. Nous sommes allés voir 33 bâtiments à travers l’Hexagone, une odyssée marquée non seulement par les kilomètres parcourus, mais aussi par la richesse des échanges et des rencontres. Chaque visite a donné lieu à des discussions avec les architectes, les commanditaires, ou les usagers, que ce soit sur place, autour de repas partagés, ou lors de voyages ensemble. C’est dans ces moments que la xenia, l’hospitalité grecque, a pris tout son sens. Nous avons été accueillis chaleureusement dans les bâtiments et avons partagé des moments privilégiés avec ceux qui les ont créés ou commandités. Au-delà de l’hospitalité, cette odyssée a transformé nos perspectives. Chacun est arrivé avec des idées préconçues, vite remises en question par la complexité des projets et la réalité de l’architecture en France en 2024. En ce sens, ces réalisations reflètent un moment unique de culture et d’architecture.

Le Moniteur #6327 : Les collectivités à l'épreuve du risque inondation
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : La rude sécheresse de l'été 2022 aura mis en évidence la fragilité de nos nappes phréatiques et donné naissance au Plan eau. L'automne 2024, avec ses inondations dramatiques en France et en Europe, agira-t-il comme un révélateur de la vulnérabilité de nos territoires face aux conséquences du bouleversement climatique ? Car c'est une certitude : « le monde change », nous affirme Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique, de l'Energie, du Climat… et de la Prévention des risques. Les stratégies d'adaptation au changement climatique répondent à des enjeux éminemment locaux. Loin du Vieux Continent, une vague rouge a submergé les Etats-Unis. Le come-back de Donald Trump à la Maison blanche annonce un retour en arrière pour le climat. Or, si les Américains lèvent le pied en matière de réduction de leurs émissions, ils entraîneront à coup sûr une cohorte de nations sur la voie du désengagement. On voit mal les pays du Sud maintenir leurs efforts pour le bien commun, quand la première puissance mondiale s'absout de toute solidarité internationale. Une tonne de CO2 émise au Texas a des conséquences à l'autre bout du monde, par exemple à Valence (Espagne), où le dévastateur phénomène de « goutte froide » aura été accentué par le réchauffement exceptionnel de la Méditerranée. Pour être efficace, l'atténuation ne peut répondre qu'à une démarche mondiale, comme l'avait initié l'Accord de Paris. Les stratégies d'adaptation, à l'inverse, répondent à des enjeux éminemment locaux. L'exemple du risque inondation est éloquent : les caractéristiques du phénomène et les réponses à lui apporter divergent selon que l'on se trouve au débouché d'une vallée, au cœur d'une plaine ou au bord de la mer. Les collectivités se trouvent donc à la manœuvre. Ce n'est pas un hasard si l'adaptation des territoires face aux risques constitue l'une des thématiques fortes du Salon des maires et des collectivités locales, organisé du 19 au 21 novembre par Infopro Digital (éditeur du « Moniteur »). De la conception des ouvrages de protection à l'élaboration d'outils de planification adaptés, de l'invention de formes innovantes d'urbanisme à la négociation serrée entre acteurs locaux, les solutions se trouvent au plus près du terrain. Quand la mer monte trop haut, les maires montent au front.

Projet Paysage(s) #8 : Les maires et le paysage, Bas Smets, bâtisseur de paysage, Le paysage, l'élu et le projet..
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Henri Bava
Editeur : LES EDITIONS DE BIONNAY LE EDISION BIONAI
Description : L'architecture du paysage joue un rôle de plus en plus central dans la lutte contre le changement climatique. A toutes les échelle - des jardins urbains aux grandes infrastructures écologiques - elle permet de concevoir et de transformer les espaces de manière à réduire les impacts environnementaux et à s'adapter aux nouveaux enjeux climatiques.

Urbanisme #440 : Générations
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Julien Meyrignac
Editeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISM
Description : Il y a soixante ans, un groupe de gamins de Londres – The Who – a contribué à installer le rock comme mouvement de subversion sur le sol européen, en prenant violemment à partie les sociétés conservatrices, dans une chanson dont le premier couplet est conclu par une sentence irrévocable : « I hope I die before I get old (Talkin’ ’bout my generation)… » Cet appel à la révolte contre des aînés, accusés d’être mus par de bas instincts et de museler la jeunesse et ses idéaux de justice, est une des premières références populaires et médiatiques de saillies comminatoires de la jeunesse contre les générations qui la précèdent. Et d’innombrables lui ont succédé, dont les plus récentes et marquantes sont sans conteste celles de Greta Thunberg. Des prises de position qui peuvent être considérées comme des réactions en légitime défense face aux continuelles critiques des « adultes » contre la jeunesse et les jeunes, jugés – partout et de tout temps – irresponsables, fainéants, etc. Si nous avons tous conscience que ce qui vient d’être énoncé n’est que le pur produit de préjugés certes répandus, mais peu robustes, certains journalistes et médias n’hésitent pas à alimenter aujourd’hui le dissensus. Notamment sur les sujets qui le cristalliseraient tout particulièrement : l’écologie et le climat. Or, comme l’ont démontré de nombreuses enquêtes, les préoccupations environnementales varient moins à travers les âges qu’à travers les classes sociales et niveaux de diplômes. De même, quand Salomé Saqué affirme que « les jeunes ont rarement voix au chapitre », de nombreux observateurs n’ont aucune peine à lui objecter que, de toute évidence, jamais, avant aujourd’hui, ils n’ont autant eu l’occasion de se faire entendre et de diffuser leurs convictions. Notamment, par la grâce du mass marketing digital, qui place la jeunesse au cœur de la désirabilité acheteuse (cf. les seniors en sneakers et cheveux faussement en bataille des publicités). Si l’intergénérationnel s’invite dans toutes les réflexions et tous les discours sur l’avenir de la société, des villes et des territoires, difficile de ne pas constater à quel point les marchands de biens et services s’appliquent, au contraire, à stratifier les populations et communautés en tranches d’âge toujours plus nombreuses. L’exemple le plus connu en la matière étant, sans aucun doute, celui de l’émergence des « pré-adolescents », sous la pression des industries du textile et des loisirs, qui a permis de considérer que l’on devient un consommateur (de mode, de téléphonie, etc.) à partir de 9 ou 10 ans. Et si la notion de génération se révèle aussi persistante, alors même qu’au quotidien, dans l’espace public, les équipements ou autres, les frontières entre les âges n’ont jamais été aussi ténues et poreuses, c’est sans doute parce que derrière « intergénérationnel » se cache « solidarité » : quand une collectivité met en œuvre une politique ou un projet destiné à une catégorie d’âge, c’est en réalité, presque toujours, pour les populations les plus fragiles qui la composent. Il en est ainsi des politiques de la jeunesse ou du grand âge. Ce qui pose un double problème : l’intergénérationnel n’est jamais une politique adressée à toutes les générations (pour preuve, l’invisibilité des actifs de 35 à 55 ans), et notre pays reste en attente d’une vraie grande politique de solidarité.

Urbanisme NS#5 : Plan de paysage du SCoT de l'agglomération messine / Grand Prix national du paysage 2024
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Agnès Pannier-Runacher
Editeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISM
Description : Ce numéro spécial de la revue Urbanisme, réalisé en partenariat avec le ministère de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques, présente le lauréat : le plan de paysage du SCoT de l’agglomération messine (SCoTAM) ; avec une mention spéciale au projet de rénovation urbaine du quartier Louvois, à Vélizy-Villacoublay (Yvelines), et deux autres projets finalistes. Il propose également un tour d’actualité du paysage au travers d’entretiens avec Henri Bava, président de la Fédération française du paysage (FFP), Grégoire Bassinet, président de l’Association des paysagistes-conseils de l’État (APCE) et Alessia Lefébure, directrice de l’Institut Agro Rennes-Angers, et d’articles sur la nouvelle génération d’atlas de paysages, ainsi que les travaux des chaires Paysage et Énergie, de l’École nationale supérieure de paysage de Versailles, et Territorialisation, de l’École nationale supérieure d’architecture de l’université de Grenoble.

A Vivre #138 : Rénovation
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Nathalie Degardin
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : Pour bien comprendre la différence entre une tendance et une réelle mutation du secteur, il suffit de se plonger dans la dernière enquête Archiscopie 2022-2023 réalisée et pub:liée par le CNOA. Cette photographie du métier révèle que 87% des architectes ont fait de la rénovation en 2020, et que 81% de ceux intervenant dans ce champ ont rénové un logement individuel privé en 2021.

Exé #58 : Passerelles
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Jordi Patillon
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : Avec ambition, ce nouveau numéro d'Exé clôture l'année sur un changement de paradigme. L'architecture réversible est en effet une mutation dans la manière de concevoir, de construire et d'utiliser nos bâtiments. Si le concept s'inscrit pleinement dans les enjeux actuels de durabilité, de flexibilité et de maîtrise des coûts, elle n'est pour autant pas aux prémices de ses réflexions.

Le Moniteur #6325 : A Nice, la forêt urbaine mobilise toutes les ingénieries
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Ce ne sont plus de discrets clins d'œil, mais d'éblouissants appels de phares ! Depuis qu'il a pris ses fonctions, le nouvel exécutif entend choyer les maires des petites communes. Ces derniers viennent d'obtenir coup sur coup l'abandon du transfert obligatoire de la compétence eau et assainissement à l'intercommunalité et l'annonce d'un nouvel assouplissement du ZAN. Deux décisions peut-être indolores pour le budget de l'Etat, mais pas forcément sans effet sur la bonne marche des projets. Que l'objectif de zéro artificialisation nette donne des sueurs froides aux élus ruraux, cela ne fait aucun doute. Issu d'une loi de 2021, il a déjà été remodelé l'année dernière. On ne saurait donc mesurer les effets du nouveau dispositif. Sans présumer du contenu du prochain texte - la foire aux idées est ouverte -, il faut à tout prix éviter qu'un cadre aussi structurant pour l'aménagement à long terme subisse d'incessants revirements. La stabilité normative reste, on le sait, primordiale pour les porteurs de projet. Redonner le pouvoir aux maires, pourquoi pas, mais avec quels moyens ? Garder la haute main sur la gestion de l'eau rassurera bien des édiles, souvent rétifs à cette mutualisation intercommunale obligatoire. Redonner le pouvoir aux maires, pourquoi pas, mais avec quels moyens ? Sans accompagnement financier et d'ingénierie, cette volte-face pourrait in fine freiner les investissements dans les réseaux. Lors des récents épisodes de sécheresse, les territoires privés d'eau étaient bien souvent ceux dotés d'une gestion communale isolée, avec des infrastructures inadaptées. Ces signes d'affection peuvent certes s'apparenter à un juste retour de balancier, tant les élus de terrain se sont sentis malmenés par les précédents gouvernements. Mais ils ne sauraient éclipser la douche froide qu'a représentée, pour les finances locales, le dévoilement du PLF pour 2025. Le vif débat parlementaire sur le budget a d'ailleurs fait ressurgir une revendication ancienne des collectivités : le rétablissement de la taxe d'habitation. En retissant, par la fiscalité, un lien direct entre les ressources d'une collectivité et sa population, on sécurise les recettes de la Ville, on récompense le maire qui développe son territoire, on l'incite à construire du logement. Cette preuve d'amour-là, le gouvernement la refuse toujours aux élus locaux.

Le Moniteur #6326 : L'ombre de la relégation plane sur les PPP de stade
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Aurélien Bellanger
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Nous vous demandons de reconsidérer ces coupes budgétaires. C'est en ces termes que le président de la FNTP, Alain Grizaud, concluait une lettre adressée le 22 octobre au Premier ministre, Michel Barnier. En cause, le coup de rabot de 6 à 7 milliards d'euros sur l'investissement local prévu par le projet de loi de finances pour 2025. Un choix qui ne manquerait pas d'éroder les capacités des collectivités à bâtir et rénover infrastructures comme équipements publics. A moins que le gouvernement ne revoie sa copie, il leur faudra donc convoquer d'autres ressources afin de mener les projets essentiels à leur territoire. Or, s'il n'est pas public, l'argent est forcément… privé. Un truisme soit, mais qui a le mérite d'inviter à réenvisager des modèles mixtes sollicitant l'usager ou des entreprises. La situation actuelle invite à réenvisager des modèles mixtes de financement. Au vu de la situation budgétaire de la France, aucune piste ne peut être écartée a priori, même si certaines appellent à redoubler de vigilance. En témoignent les déboires des partenariats public- privé noués au tournant des années 2010 pour bâtir ou rénover les stades de l'Euro 2016 de football. De Lille à Nice, en passant par Bordeaux et Marseille, chaque fois l'une des parties impliquées dans le financement de ces arènes s'en est mordu les doigts. Là, c'est la collectivité qui doit supporter une charge bien supérieure à ses prévisions. Ici, c'est le partenaire privé qui paie les pots cassés d'une billetterie en berne. Autant d'expériences qui poussent aujourd'hui à explorer un apport majoritaire du club résident pour la construction de telles enceintes. Mais, y compris dans cette mouture, il reste indispensable que les pouvoirs publics locaux mettent la main à la poche. Preuve que, si la maîtrise des dépenses est indispensable, préserver les moyens des collectivités l'est aussi.

A Vivre HS #63 : Best Of - Maisons et appartements
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Jordi Patillon
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : Ce nouveau numéro regroupe certains des plus beaux reportages sur des maisons et des appartements d'architectes que nous avons eu la chance de publier ces dernières années. Ils ont également en commun leur cadre d'implantation : la ville.

La maison écologique HS#20 : Le guide du chauffage écologique
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Gwendal Le Ménahèze
Editeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIK
Description : Engloutissant près de 20 % des consommations d'énergie de la France, le chauffage de nos logements pèse lourd sur le réchauffement climatique. Mais la température du climat social grimpe elle aussi dangereusement. Il y a quelques jours, un automobiliste manque de renverser un cycliste sous mes yeux afin de l'immobiliser pour l'incendier de s'être écarté de sa piste cyclable. Peu après, une passante raille ouvertement les capacités d'une femme en situation d'obésité alors même qu'elle pédale à travers le pays contre les préjugés qui pèsent sur cette maladie... Doit-on laisser nos rapports s'échauffer ainsi ? Ou bien, à l'instar de la sobriété énergétique prônée par les experts de l'écohabitat, faut-il s'engager dans une forme de rénovation relationnelle qui cesserait d'épuiser notre énergie morale ? Les infractions racistes, xénophobes ou antireligieuses enregistrées en France ont explosé de 32 % en 2023(1). Celles anti-LGBTQIA+ ont bondi de 13 %(2). Et les actes d’incivilités ont continué de s'embraser à la faveur d'un sentiment d'impunité débridé qui a pris ses aises entre les deux tours des récentes élections législatives. Si ces chiffres ne suffisent pas à tempérer la surchauffe, rappelons qu'une « simple » injure publique est un délit passible de 12 000 € d'amende, et jusqu'à 45 000 € et 1 an de prison si elle revêt un caractère raciste, sexiste, homophobe ou handiphobe. À quoi sert de bichonner le confort thermique de nos bâtiments si le bien-être de leurs habitants est refroidi par ailleurs ? Les incivilités peuvent paraître « anecdotiques » individuellement, mais, constataient des sénateurs en 2021, « leur multiplication génère une dégradation de la qualité de vie » et, plus encore que les délinquances graves, elles « empoisonnent la vie des citoyens et sont en grande partie responsables du sentiment d'insécurité ». À ces violences « du quotidien » s'ajoutent les guerres, magouilles politico-financières, effondrement de la biodiversité... Où que l'on regarde, les nouvelles font froid dans le dos. Alors ne nous privons pas d'un peu de chaleur humaine. Arpenter les sentiers des Pyrénées cet été m'a reconnecté à mes semblables, qui loin de leurs préoccupations quotidiennes osent à nouveau s'y saluer (et même se regarder !). Reprendre l'habitude d'un simple « bonjour » ou d'un sourire échangé avec les inconnus qui croisent mon chemin m'emplit d'un sentiment revivifiant et apaisant. Ce hors-série dévoile les solutions les plus efficaces et écologiques pour chauffer nos demeures, n'oublions pas de nous réchauffer aussi les cœurs. 1. Service statistique ministériel de la sécurité intérieure, mars 2024. / 2. SSMSI, mai 2024.

Le Moniteur #6324 : Dans les Alpes suisses, un barrage peut en cacher un autre
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu… Vous peinez peut-être à le croire mais, dans les montagnes suisses, un gigantesque barrage est bel et bien en train d'être érigé. Si, si, on vous le jure, on est même allés le voir. Si un tel chantier semble inimaginable, c'est que les derniers grands ouvrages hydrauliques français ne datent pas de la dernière pluie. Les initiatives récentes peinent à émerger, comme en témoigne l'abandon, fin août, du projet Rhônergia à la frontière de l'Isère et de l'Ain. L'établissement d'une doctrine partagée sur les infrastructures s'impose. La raison de cette désaffection réside dans les dommages sur la biodiversité de ces constructions et de leurs retenues d'eau. Un impact qui, à notre époque, paraît inacceptable devant un juge comme devant les électeurs. On en oublierait presque les immenses vertus de l'hydroélectricité : un bilan carbone riquiqui et une ressource renouvelable à l'infini. La transition énergétique réclame des infrastructures. Sa réussite exige donc de surmonter l'antagonisme entre l'indispensable décarbonation de nos sociétés et la non moins légitime protection de nos milieux naturels. Cette opposition se retrouve dans les récentes manifestations contre le tracé de la future LGV Bordeaux-Toulouse ou dans les mobilisations contre divers projets de centrales photovoltaïques. Aussi nécessaires soient-ils, les efforts de sobriété ne suffiront pas à esquiver l'inextricable dilemme : préserver le cadre de vie des marmottes d'aujourd'hui ou sauvegarder les conditions de vie de celles de demain ? L'établissement d'une doctrine partagée s'impose. Que peut-on construire ? Avec quelles externalités acceptables ? C'est, en partie, le sens de la loi Aper du 10 mars 2023, qui facilite l'obtention d'une dérogation « espèces protégées » pour les projets de production d'EnR. Cette clarification du cadre juridique doit s'accompagner d'une cohérence de long terme dans les choix des pouvoirs publics, comme le réclame la FNTP. Rien n'est pire que de laisser porteurs de projet et opposants seuls dans un dialogue de sourds mortifère. Il faut au contraire inviter les citoyens à appréhender les multiples facettes du problème, les élus à prendre le sujet à bras-le-corps et, ensemble, définir la voie acceptable pour le plus grand nombre. Marmottes comprises.

AMC #326 : DELMAS - HARARI - AVENIER CORNEJO - ARBA
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Olivier Namias
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Parmi les pistes de développement urbain, celle de la ville productive séduit, feuille de route imparable pour une société idéale. Reste la question de fond : que produisons-nous ? Dans la "Société de consommation", Jean Baudrillard propose une réponse grinçante.

AMC HS 2024 : Paris 2024
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Olivier Namias
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Que reste-t-il de la parenthèse olympique, hormis des souvenirs festifs ? La frugalité, innovation parisienne de ces XXXIIIes Jeux d’été, est d’abord une stratégie du comité d’organisation pour réduire des coûts si pharaoniques que seules les grandes métropoles sont en mesure d’accueillir cet évènement mondial – et peu candidatent. Mis à part deux constructions majeures, le centre aquatique et l’Adidas Arena, les équipements réalisés pour l’occasion ne bousculeront pas le paysage parisien. En surface du moins, car des dizaines ont été rénovées, à défaut d’un plan tel que 1 000 piscines, déployé en réaction à l’échec de l’équipe française de natation aux Jeux de Mexico en 1968. Léon Marchand est-il le produit des Canetons, Tournesol et autres Iris, modèles industrialisés construits à plus de 700 exemplaires sur le territoire ? L’héritage matériel de Paris 2024 résidera dans les villages conçus pour les athlètes et les médias sur un territoire à reconquérir, suivant l’exemple barcelonais de 1992. D’un village l’autre: en 2012, Paris, déjà candidate, proposait un village olympique bâti sur une friche ferroviaire aux Batignolles. L’élan a abouti à un nouveau quartier parisien. A cheval sur Saint-Ouen, Saint- Denis et l’Ile-Saint-Denis, sa version 2024, innovante, environnementale, inclusive, représenterait ce qu’il se ferait de mieux en France en matière d’urbanisme. Espace hors de la ville jusqu’à la mi-octobre au moins du fait des dernières transformations en cours, cette vitrine interroge. Exercice d’architecture sous forte contrainte temporelle, le quartier revêt autant des allures de caserne décorée que de ville radieuse. Si le risque de gentrification parfois brandi semble loin tant le département – on ne cesse de le répéter – abrite une population pauvre et affiche un taux de logements sociaux bien au-dessus des seuils fixés par la loi SRU, cette enclave colorée dans un environnement rude interroge. Les années à venir diront comment ces villages vivront. En l’état, ils apparaissent peu différents des nombreuses ZAC françaises, et rien ne dit que ce modèle miracle de production de logements, triomphant des procédures administratives, pourrait servir à combler le déficit en la matière. Nous risquerions d’avoir la rigidité sans la rapidité. Ce hors-série entend donner un aperçu des changements discrets qui remodèlent le territoire francilien, dans le domaine du sport mais aussi de l’habitat, des mobilités douces et des cheminements piétons, inventant, sans le dire, une pratique physique libérée des injonctions compétitives.

Le Moniteur #6323 : Les nouvelles manières de faire la cour
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Déficit qui s’envole, recettes qui s’étiolent, Bruxelles qui s’affole… Jamais un projet de loi de finances n’aura été élaboré dans un contexte aussi contraint. Il fallait redresser la barre. Restait à définir le cap, car même quand le champ des possibles se réduit à peau de chagrin, gouverner, c’est toujours choisir. En témoigne le débat sur la fiscalité, opposant ceux qui refusent toute hausse d’impôt et ceux qui ambitionnent de combler les trous grâce aux seuls prélèvements. Cela dit, au-delà des grandes masses, une autre discussion apparaît tout aussi fondamentale : celle des priorités. On serre les boulons, d’accord, mais pas partout aussi fort. Touché par l’austérité annoncée, le BTP apparaît ainsi inégalement exposé. L’élargissement annoncé du PTZ devrait bénéficier aux acteurs du logement neuf alors que le nouveau rabotage de MaPrimeRénov’ bridera la dynamique des travaux sur l’existant. Quant à la coupe sèche dans les finances locales, elle risque d’entraver bon nombre de projets de réseaux, voiries et équipements publics. Le budget de l’Etat ne saurait se lire à travers le seul prisme des intérêts catégoriels. En filigrane, le nouvel exécutif se livre en effet au détricotage d’une partie des moyens financiers dédiés aux objectifs environnementaux. Ce choix – puisque c’est bien de cela qu’il s’agit – témoigne d’un arbitrage, maintes fois observé, entre les dépenses d’aujourd’hui et les dégâts de demain. Un renoncement légitimé par l’urgence financière, une simple parenthèse qui, on le devine, pourrait perdurer bien au-delà d’un seul exercice budgétaire.

D'Architectures #320 : L'ANRU : système de démolition
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Emmanuel Caille
Editeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURAL
Description : La prime au massacre La rage de démolition ayant atteint la France depuis trois décennies ne semble plus pouvoir s’arrêter. Le système mis en place à travers l’ANRU il y a 20 ans avance comme un rouleau compresseur devenu fou. Si la question n’était que patrimoniale – lorsque l’on détruit des architectures comme la Butte-Rouge ou la Maladrerie –, ce gâchis serait déjà très préoccupant mais, bien plus grave à l’heure de la pénurie de logement, ces démolitions coûtent beaucoup plus chères que des réhabilitations, grevant d’autant le financement de nouvelles constructions. Elles ont surtout un bilan carbone catastrophique. Pourtant les maires ne détruisent pas forcément par plaisir mais parce que ces destructions leur donnent, via l’ANRU, accès à des subventions inespérées. C’est l’effet pervers de la prime au massacre. En dehors des habitants expulsés dont l’avis compte peu et qui sont, de fait, minoritaires, cette tabula rasa suscite par ailleurs presque toujours un enthousiasme populaire tant est répandue la croyance qu’avec la disparition de ces bâtiments – insalubres par manque d’entretien –, ce sont tous les problèmes sociaux et les erreurs ou carences d’aménagement du territoire qui s’évaporent miraculeusement. La première chose à faire ne serait-elle pas d’utiliser les sommes colossales que dispense l’État dans ce carnage pour réparer et entretenir ces bâtiments ? Et comme le montre notre dossier du mois, on s’apercevrait que, dans beaucoup de cas de réhabilitations, on pourrait même se passer de cette manne. Manne dont les principaux bénéficiaires sont les promoteurs privés, dont on comprend qu’ils ont tout intérêt à prolonger ce système le plus longtemps possible. Le coût urbain et économique de la sauvegarde de certaines constructions peut à quelques rares exceptions légitimer leur démolition et sans doute faut-il se garder de tout dogmatisme, mais viendra bientôt un jour où il sera difficile d’expliquer pourquoi, alors que l’on subissait une grave crise du logement et une pénurie de ressources, autant d’argent fut mis pour le démolir.

Maisons paysannes de France #233 : Eau : le patrimoine à la source
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Guy Sallavuard
Editeur : MAISONS PAYSANNES DE FRANCE MAISON PAISAN FRANS
Description : C’est au patrimoine de proximité que nous allons nous intéresser au fil de ces pages (moulins, puits, ponts-barrages), ainsi qu’aux paysages façonnés par le passage de l’eau (sources, mares, zones humides). Un patrimoine bâti et aménagé avec les matériaux de son territoire et qui a été adapté à la vie des habitants, apportant de l’harmonie dans leur cadre de vie. Un patrimoine qui évoque l’histoire d’une région, d’une époque, d’une culture et qui porte en lui des savoirs et savoir-faire à transmettre.

Le Moniteur #6322 : Le béton au défi du grand âge
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Le béton finira-t-il dans les livres d'histoire ? Seule certitude, il en occupe d'ores et déjà quelques chapitres. Ce matériau, dont l'usage est attesté dès l'Antiquité, a connu une popularité inégalée au cours du XXe siècle. A tel point que des générations entières de bâtiments et d'ouvrages d'art, plus ou moins remarquables, atteignent aujourd'hui un âge canonique, celui auquel des traitements de fond s'imposent. Même s'il reste le matériau le plus employé, le béton voit sa popularité se fissurer. Les temps ont changé et la popularité du béton se fissure. Il reste cependant le matériau le plus employé. Ses capacités structurelles, mais aussi plastiques, n'y sont pas étrangères. Exemple par-mi tant d'autres, l'élégante halle de marché de Saint-Cloud parvient à résoudre l'épineuse équation posée par son contexte urbain grâce à l'ingéniosité de son concepteur, l'architecte Charles- Henri Tachon, mais aussi aux prouesses techniques du béton. Pour l'heure, la domination de ce matériau reste, dans les pratiques, acquise. Il serait cependant illusoire d'imaginer pouvoir continuer à bancher sans broncher. La lutte contre les émissions de gaz à effet de serre place en effet le clinker dans la ligne de mire des pouvoirs publics. Pressés par un cadre réglementaire de plus en plus exigeant, les cimentiers se sont lancés dans une coûteuse mais impérieuse course contre le carbone. Une course dans laquelle la France doit conserver sa longueur d'avance. Générateur de CO2, le béton est aussi pointé du doigt pour sa gourmandise en sables et autres granulats. Co-auteur d'une BD nommée « Ressources », Philippe Bihouix, DG du groupe Arep, rappelle au « Moniteur » (1) que « notre monde est dépendant de l'extraction de matériaux non renouvelables, un trésor lentement accumulé dans la croûte terrestre au cours des temps géologiques. » Là encore, des efforts urgents s'imposent pour trouver des alternatives mais aussi puiser dans les ouvrages déjà construits les éléments utiles à ceux de demain. Le patrimoine en béton constitue décidément un bien précieux pour les siècles à venir. (1) www.lemoniteur.fr/arep/

Le Moniteur #6320 : Le hors-site en mission décarbonation
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Jérémy Bellanger
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Renommés Arena Paris Sud le temps d'une parenthèse olympique enchantée, les halls de la Porte de Versailles ont repris leur fonction habituelle : celle de parc des expositions. Après les athlètes et les spectateurs, c'est désormais aux professionnels du BTP d'arpenter ses allées, à l'occasion du salon Batimat qui s'y déroulera du 30 septembre au 3 octobre. Si les organisateurs doivent espérer que la ferveur des Jeux continue d'imprégner les lieux, un enthousiasme comparable à celui de 2022 pourrait suffire à leur bonheur. En effet, la dernière édition, qui tournait définitivement la page des restrictions Covid et signait, du même coup, le retour de l'événement à l'intérieur de la capitale, avait été unanimement saluée. Confirmer ce retour en grâce suppose, malgré la crise qui secoue le secteur, de se projeter vers l'avenir. Un exercice complexe, mais nécessaire. Malgré les difficultés rencontrées par certains et la prudence revendiquée par beaucoup, tous devront témoigner de leur capacité à se mobiliser autour des grands enjeux environnementaux. Le monde de la construction n'a d'autres choix que de précéder les attentes. Démontrer que l'innovation est toujours au rendez-vous pour dé-carboner les ouvrages ; que les produits comme les techniques de mise en œuvre continuent d'évoluer et de s'affiner (lire notre enquête p. 18) ; que l'accélération de la révolution numérique provoquée par l'intelligence artificielle se traduit déjà dans les process industriels. Plus qu'un vœu, entretenir une telle dynamique doit être vu comme un impératif car l'histoire, si elle peut être ralentie, ne changera pas de sens. L'exigence en termes de performance énergétique et de réduction carbone continuera de croître. Et pour préserver le futur de ses activités, le monde de la construction n'a d'autres choix que de précéder les attentes. Si la flamme olympique a dû s'éteindre, celle des bâtisseurs ne doit pas vaciller.

Le Moniteur #6321 : Coûts, avancement et ambitions, le Lyon-Turin à coeur ouvert
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Jérémy Bellanger
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Plus de 3 000 milliards d'euros de dettes. Ni le gouvernement Barnier, ni ses éventuels successeurs, ne pourront se soustraire à cette réalité économique. Sans compter que la France fait également l'objet d'une procédure pour déficit excessif lancée par la Commission européenne et va devoir se plier à une série d'arbitrages douloureux qui prendront corps dans la prochaine loi de finances. Pour autant, cette épée de Damoclès qui plane sur les composantes du futur budget ne doit pas se traduire par un abandon en rase campagne de toutes nos ambitions écologiques, sociales et industrielles. L'exécutif n'aura donc d'autre choix que de clarifier ses priorités pour se projeter vers l'avenir sans faire dériver davantage les finances publiques. Raboter indéfiniment le Fonds vert ne saurait être lu comme un acte de raison. Parmi les dépenses dont beaucoup attendent qu'elles soient sanctuarisées, plusieurs concernent directement le monde de la construction. Alors que le gouvernement Attal n'avait sûrement pas pris la mesure de la crise du logement neuf, le nouveau ne devra plus ignorer ce sujet, indissociable de nos enjeux démographiques et de la poursuite d'une politique de réindustrialisation. Dans un autre registre, raboter indéfiniment le Fonds vert et les autres dispositifs de soutien aux collectivités désireuses d'adapter leurs infrastructures au réchauffement climatique ne saurait être lu comme un acte de raison. Ce serait, au contraire, la promesse de voir proliférer une dette grise qui deviendrait rapidement insurmontable. De la même manière, geler, ou simplement ralentir, les investissements dans les énergies décarbonées n'aurait d'autres conséquences que de condamner la France à végéter dans un modèle de dépendance aux ressources fossiles et à hypothéquer sa compétitivité future. Face au mur d'investissements qui se dresse, la voie budgétaire sera étroite et l'impopularité peut-être au bout du chemin pour ceux qui l'emprunteront. Mais l'urgence de la situation interdit désormais tout faux-fuyant à une classe politique que la réalité rappelle aujourd'hui à ses responsabilités.

La Maison écologique #143 : Construire en paille
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Virginie Jourdan
Editeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIK
Description : Chaud devant. Ces temps estivaux sont aux revirements, aux changements imminents, aux orages violents. Un mois déjà que la récente campagne des élections législatives s’est achevée sans que, pour l’écologie, rien ne bouge ni ne soit réellement dit, rêvé ni revendiqué. Dans les tracts concoctés en un temps record ou au détour des conférences de presse, rien de nouveau ni de désirable, mais plutôt quelques noirs étendards à rebours du souhaitable. Parmi eux, la relance active du parc nucléaire, modèle d’abondance et de surproduction d’électrons opposé à la sobriété, à la production décentralisée et à la recyclabilité des déchets des énergies renouvelables. Pourtant, sous un ciel bleu et dans l’ambiance estivale, les pieds dans l’herbe des alpages ou dans le sable d’une côte sauvage, qu’il est doux et agréable de sortir du quotidien pour imaginer un idéal demain. Telle une année 2030 qui tienne ses engagements en termes de réduction réelle des émissions de CO2 pour nous mener sereinement à la neutralité carbone en 2050. Une année 2030 qui récolterait les premiers effets d’un plan quinquennal acté dès demain pour accélérer le développement des énergies renouvelables grâce à un soutien indéfectible aux unités de production de panneaux solaires photovoltaïques basées en France et à l’installation d’équipements solaires pour l’eau chaude sanitaire, en neuf comme en rénovation. Une année 2030 qui fêterait une cinquième année de croissance continue du nombre de rénovations globale et performante de logements individuels et collectifs, portée par le vote, dès le début de l’année 2025, de la prise en charge complète des travaux d’isolation avec des matériaux naturellement biosourcés et à faible empreinte carbone pour les ménages modestes. Enfin, une année 2030 qui célèbrerait la livraison du centième bâtiment de hauteur intégralement construit en béton de chanvre, cette ressource issue d'une plante au bilan carbone délicieusement négatif et à la quasi nulle consommation d’eau. Des rêves absolus ? Plus tout à fait, puisque le dernier de ces songes peut dorénavant s’appuyer sur la très récente publication – courant juillet – des nouvelles règles professionnelles pour la construction en béton de chanvre autorisant les constructions équivalentes à 8 étages. Laissons-nous rêver !

Le Moniteur #6319 : Quand les bailleurs sociaux font sans les promoteurs
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Emmanuelle N'Haux
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : A l'heure où certains se focalisent sur la nécessité d'un ministère de l'Immigration, 2,7 millions de personnes attendent toujours un toit dans le parc social. Certains membres du gouvernement Attal ont reconnu avoir sous-estimé la crise actuelle, de quoi nourrir l'espoir que le prochain exécutif fasse du logement une priorité. Et que le futur ministre en charge de ce portefeuille - non connu au moment où nous imprimons ces lignes - reprenne à son compte le projet de loi relatif au développement de l'offre de logements abordables, stoppé dans sa course législative par la dissolution. Au regard de la production réalisée malgré une promotion privée à l'agonie, les bailleurs sociaux se sont bel et bien retroussé les manches. Les acteurs du monde HLM, qui se réuniront en congrès du 24 au 26 septembre à Montpellier, l'appellent de leurs vœux. La filière du BTP tout entière, derrière. La situation devenue critique l'exige. En 2023, le nombre d'agréments pour la construction de logements sociaux est tombé à 82 000. Bien loin des 198 000 nécessaires chaque année pour répondre à la demande. Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat (USH) déclarait, début juillet, que « la crise du logement n'était pas une fatalité » et que « les acteurs du logement social ne baissaient pas les bras ». Au regard de la production réalisée malgré une promotion privée à l'agonie, les bailleurs se sont bel et bien retroussé les manches. Et d'innovation - thème du congrès de l'USH - ils n'en manquent pas. Ni d'agilité. Maîtrise d'ouvrage directe, opérations d'acquisition- amélioration, Vefa inversée… sont autant de dispositifs mis en œuvre par les organismes HLM. En attendant que l'Etat se penche sur le berceau du logement abordable, les collectivités restent à son chevet à grand renfort de plans d'urgence ou de mobilisation du foncier public. La présidente de l'USH plaide en ce sens. C'est à ce prix que le logement social jouera pleinement son rôle contracyclique.

Urbanisme #439 : Périphéries
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Julien Meyrignac
Editeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISM
Description : Le tout pour le tout Si vous n’en avez pas fait vous-même l’expérience, sans doute avez-vous glosé sur ces points de vue relatifs à « l’exotisme » de l’Hexagone qui se sont généralisés au gré des découvertes imposées par la pandémie. Des propos presque extatiques sur l’absolu dépaysement vécu dans la Creuse, l’épreuve radicale de l’épicerie du hameau et la « reconnexion avec la nature et les vraies gens ». Comme si ce département, situé en moyenne à quatre heures de Paris, développait plus de matière à dépaysement que New York, les villes littorales de la Thaïlande ou d’autres territoires de la mondialisation effrénée, donc du (sur)connu et parfois – à ce titre – de la déception. Étrange géographie d’un monde globalement aplati et contracté, mais qui se dilaterait et se particulariserait aux échelles régionales. Comme la superposition de deux univers : celui du présent indexé sur le futur, de la vitesse, de l’innovation, de la prospérité, mais aussi du stress (maigre écot à payer pour l’ensemble des bénéfices économiques et sociaux précités), et celui du présent enlisé dans le passé, statique, nécessiteux, mais offrant le bonheur de la vie simple (bénéfice exorbitant des conditions de vies précitées). Nous pourrions rire ensemble de ces conceptions biaisées par les clichés qui structurent les imaginaires et les perceptions des métropolitains et urbains si elles ne se révélaient pas contagieuses auprès des territoires et des populations appelées périurbaines, rurales ou périphériques elles-mêmes, pour aboutir à un « cul-de-sac intellectuel », comme l’écrit Valérie Jousseaume dans Plouc Pride, un nouveau récit pour les campagnes (Éditions de l’Aube, 2021). Mais surtout, le sujet est sérieux. À l’heure de la concorde sur la systémique (peu ou prou cinquante ans après le « penser globalement, agir localement » de René Dubos et Le Macroscope, vers une vision globale [Seuil, 1975, ndlr], de Joël de Rosnay, il était temps), et le nécessaire désilotage, celle de la multiplication des analyses transversales rendues possibles par la profusion de data disponibles et la possibilité de générer des indicateurs raffinés, celle des inter-SCoT et des contrats de réciprocité proposés par les métropoles aux territoires qui composent leurs hinterlands, il est désolant de constater que ce sont les « frontières » géographiques et non celles entre les grands champs disciplinaires (ressources, biodiversité, mobilité, économie, habitat…) qui offrent le plus de résistance. Désolant, mais pas surprenant, dans la mesure où elles sont largement sous-tendues par des enjeux politiques fondamentaux, locaux et nationaux : comment expliquer la récente et actuelle inanité du Haut-commissariat au plan autrement que par l’objectif évident de ne pas hérisser le Sénat, dont les élus sont les plus ancrés dans les territoires et la majorité détenue par Les Républicains et centristes ? Plus qu’un lieu commun ou un marronnier journalistique, l’opposition entre villes et campagnes, entre centres et périphéries, est aussi (encore) un enjeu de pouvoir qui trop souvent limite la prise en compte des grands enjeux écologiques et climatiques aux bonnes échelles, fréquemment entrave le déploiement d’une plus grande solidarité territoriale, et parfois se cristallise dans l’exercice démocratique. Face aux nombreuses alertes en la matière, il paraît urgent de jouer le tout (la nation) pour le tout (le dessein).

A vivre #137 : Sépcial petites surfaces
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Nathalie Degardin
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : Place à l'ingéniosité ! Il suffit de regarder les annonces immobilières pour comprendre combien les surfaces de taille modeste séduisent. Et les raisons en sont multiples : premier achat, petite famille, recherche d'un pied-à-terre... A chacun ses besoins, ses envies, ses moyens, pour des espaces prisés par les particuliers et stimulants pour les architectes.

Le Moniteur #6317-18 : La tour qui fait twister Le Havre
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Sophie d' Auzon
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : « Levez-vous, si vous le pouvez. » Les invites inclusives des speakers lors des moments clés des cérémonies olympiques et paralympiques qui ont jalonné notre été ont rappelé l'évidence. Nous ne sommes pas tous égaux en matière de mobilité. Et personne ne doit rester sur le (bas) côté. Jamais le sujet du handicap en France n'avait bénéficié d'une telle visibilité. Accueillant les parathlètes le soir du 28 août, le président du Comité d'organisation des Jeux de Paris 2024, Tony Estanguet, affirmait : « Votre force, c'est qu'à chacune de vos victoires, c'est aussi tout un pays qui va changer. » Il est temps de mettre la main à la poche et de déclarer l'urgence de la transition mobile. Mais, la flamme éteinte, que restera-t-il de cette prophétie ? « Concrètement, l'héritage va être très faible par rapport à l'accessibilité », estimait Nicolas Mérille, conseiller national accessibilité & conception universelle de l'APF France Handicap, au micro de France Info. Les chantiers sont vastes, et bien connus des acteurs du BTP. Accessibilité des logements, des ERP, du cadre de vie… Pour ne parler que de mobilité, un projet emblématique s'impose dans le débat : rendre accessibles les 13 lignes historiques du métro de la capitale. Paris n'était pas prête pour les visiteurs et athlètes des JOP souhaitant voyager en souterrain. Elle le sera demain, a assuré au cœur du mois d'août Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France. Demain, c'est-à-dire… dans vingt ans, et après avoir trouvé 20 milliards d'euros. L'élue entend pour ce faire obtenir un partage du financement par tiers avec l'Etat et la Ville. Premier signe encourageant, le pacte conclu par les deux collectivités avec l'APF le 5 septembre par lequel les signataires s'engagent à agir conjointement pour lancer le grand projet du « métro pour tous ». Pas encore de promesse sonnante et trébuchante à ce stade. Or il est temps de mettre la main à la poche et de déclarer l'urgence de la transition mobile. « Déplacez-vous, si vous le pouvez. »

Séquences bois #146 : Spécial 30 ans !
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Anne-Sophie Gouyen
Editeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURAL
Description : 30 ans : cerner le temps Ne vous y trompez pas, l’ambition de ce numéro n’est pas de faire un énième classement — le top 30 ! — ode à la performance. Au contraire, il s’agit plutôt de réunir celles et ceux qui ont été, durant les trois décennies qui se sont écoulées, sources d’inspiration pour nos abonné·es aguérri·es ou feuilleteurs occasionnels. Les réunir afin de les faire dialoguer, mettre côte à côte certains projets qui ne se seraient sinon jamais côtoyés. Mais, nous avons eu beau pousser les murs, rajouter des pages, il fallait bien trancher et laisser s’envoler cette envie absurde d’exhaustivité. Afin de donner davantage d’objectivité — si tant est que cela puisse exister — à ce choix éditorial cornélien, nous avons donc convoqué un comité exceptionnel en conviant, en plus de notre joyeuse troupe habituelle, les trois rédacteurs et rédactrices en chef qui m’ont précédée. Parmi une liste de 150 projets français, soigneusement dépoussiérée dans les 145 numéros publiés, nous leur avons donc demandé de choisir, par décennie, les 10 réalisations qui leur semblaient refléter la qualité et l’originalité de l’architecture bois sur le territoire français. Si l’exercice de se coltiner trente années de publication pouvait paraître chronophage, il était en réalité assez passionnant. Noter l’évolution du discours, comprendre les choix des comités qui se sont succédés, apercevoir çà et là des expérimentations de rubriques parfois timides à leurs balbutiements, se rendre compte qu’on avait déjà tout pigé dans les années 90, (re) découvrir des projets enfouis dans les pages un peu jaunies des premiers exemplaires… Et pour choisir dans la pré-sélection, peu de critères, si ce n’est de laisser parler ses souvenirs marquants et ses coups de cœur de toujours : le nombre et la diversité des votant·es feraient le reste. En résulte toutefois une liste de glorieux vainqueurs : difficile de sortir de l’esprit de compétition. Pour pallier cela, rappelons que « la performance, définie comme la somme de l’efficacité et de l’efficience, réduit le champ des possibles, en limitant les options, par essence. Elle requiert un environnement parfaitement prévisible pour se construire et se justifier. La robustesse au contraire ouvre les possibles, en multipliant les options. Elle crée des chemins alternatifs dans un environnement imprévisible »1. Pour amener plus de robustesse à ce numéro particulier, nous avons donc fait appel à un panel intergénérationnel de 30 rédacteur·ices pour multiplier les points de vue, diversifier le ton des propos, donner la parole à certain·es qui n’étaient pas encore là, ou d’autres qui l’étaient déjà mais entretenaient un lien étroit avec le projet dont ils étaient amenés à parler. Puis nous avons demandé aux librairies de se manifester, aux anciennes rédactions de nous raconter leurs souvenirs et leurs visions, et nous avons même exploré les fenêtres d’inspirations que la revue à aussi ouvertes au-delà de nos frontières métropolitaines. Une méthode peu efficiente qui a multiplié les échanges, mais qui s’est avérée plus nourrissante que jamais. « Quittons l’époque de l’optimisation dominante construite sur la pauvreté des interactions, pour entrer dans la société de la robustesse construite sur la richesse et la diversité des liens » !1 1. Antidote au culte de la performance, la robustesse du vivant, Olivier Hamant, éditions Tracts Gallimard

AMC #325 : STUDIOLADA - GUERVILLY MAUFFRET - BOUCHET - AAVP / DORMOY
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Olivier Namias
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Éléphant cherche futur Frugalité : ce mantra d'une fraction d'architectes a élargi démesurément son audience lors des JO 2024. Au regard du retentissement planétaire du méga spectacle sportif, la promesse d'une olympiade frugale semblait tenir de l'oxymore. Quinze jours de compétition ont permis de mesurer la réalité du pari. Pas d'éléphants blancs tel le stade de Montréal 76, médaille d'or de l'endettement ; pas de complexe sportif comme celui d'Athènes, devenu terrain d'urbex. Paris s'est appuyée sur le déjà-là, en accord avec les directives élaborées par le CIO au début des années 2000, et suivant une logique qui tend à faire de l'espace urbain l'ultime équipement sportif, ainsi que le notaient nos confrères du Courrier des maires . Pas d'éléphants, mais pas de monuments non plus, tel le stade de Munich 72 conçu par Frei Otto. Paradoxe de l'époque : désireux de garder une trace d'un évènement pensé pour n'en laisser aucune, le débat est ouvert sur la conservation de la montgolfière qui éleva tous les soirs, pour un coût énergétique non communiqué, la flamme électrique de l'olympisme. En 1989, la tour de la Liberté conçue par les architectes Jean-Marie Hennin et Nicolas Normier pour le Bicentenaire quittait les Tuileries pour le plus grand bonheur des Déodatiens. Une façon pour Paris de redonner un peu à la France ? « Les jeux ne seront plus pareils », affirme la presse internationale, mettant au défi Los Angeles de faire mieux en 2028. Brisbane, désignée hôte des JO 2032, s'aligne d'ores et déjà sur les standards de la capitale française en affichant 85% d'infrastructures existantes, tout comme Los Angeles d'ailleurs. Suffit-il de rénover ses stades et de ripoliner ses vestiaires ? Les spectateurs, unanimes, désignent la Ville Lumière comme la star absolue de l'évènement. La perspective des Invalides pour le tir à l'arc, le grand canal de Versailles pour le concours hippique, l'obélisque de Louxor comme tremplin de BMX et la Seine pour le triathlon. La régénération de la ville est, depuis Barcelone (1992), l'argument majeur servi aux populations a priori peu mobilisées par les jeux. Il semblerait que ceux de Paris marquent l'inversion de cette logique : désormais, c'est la ville qui régénère les jeux. Encore faut-il avoir quelque chose à valoriser. Où sont le Grand Palais, la tour Eiffel et le grand canal de demain, décors des futurs JO 2124 ? Si les jeux olympiques doivent servir d'aiguillon, c'est d'abord à construire une ville suffisamment généreuse pour servir des siècles après la disparition des sociétés et régimes qui les ont vus naître, plutôt que de capitaliser interminablement sur les passés urbains glorieux et révolus. Ne serait-ce pas là une démarche vraiment durable ? (*) David Picot, « L'équipement sportif de demain ? La ville ! » Le Courrier des maires, 8 nov. 2017.

Le Moniteur #6316 : Quand le logement se glisse dans l'existant
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : C'est le mariage de la carpe et du béton. En Alsace, afin de permettre aux poissons de se déplacer le long du Rhin, un vaste chantier met actuellement en œuvre les savoir-faire les plus pointus du génie civil en milieu aquatique (lire p. 46). A terme, cette passe à poissons doit permettre d'effacer l'obstacle infranchissable que représente, tant pour les espèces migratrices que pour les populations locales, une centrale hydroélectrique barrant le fleuve. L'ampleur des travaux, leur technicité ainsi que leur coût témoignent de l'importance que revêt désormais l'enjeu de la protection de la biodiversité. Certes, cet impératif écologique imprègne de longue date les projets, mais il s'agissait plutôt de les brider, les ralentir voire les empêcher. Ce qui est plus récent, c'est que l'on construit de plus en plus pour la faune et la flore. Et on y met les moyens. De plus en plus de financements sont fléchés vers les opérations de renaturation ou de préservation. Située sur un cours d'eau qui se joue des frontières, la passe à poissons de Marckolsheim a, entre autres, bénéficié de subsides européens, mais aussi du plan de relance tricolore. Car en France également, de plus en plus de financements sont fléchés vers les opérations de renaturation ou de préservation. Les agences de l'eau, par exemple, intègrent la préoccupation de la biodiversité aux questionnements plus larges sur la disponibilité de la ressource aquatique. Même les fonds privés, notamment à travers les opérations de compensation, sont appelés à participer à cette ambition commune. On peut faire plus, on doit faire mieux. Reste que le chemin parcouru mérite bien un satisfecit. La prise de conscience collective de l'effondrement de la biodiversité explique en partie ce processus, mais ce dernier n'aurait pas été possible sans la montée en compétences des acteurs du BTP. Ni, soyons honnêtes, sans un certain courage des décideurs locaux et nationaux. Car les 80 M€ d'investissements en cours en Alsace proviennent bien des poches des contribuables et de celles des clients d'EDF. Des râleurs potentiels susceptibles de faire reculer plus d'un élu. Pourtant, la passe est bien là alors que les poissons ne votent pas. Miracle de la nature.

D'Architectures #319 : Dossier : Façades - patrimoine vivant menacé
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Emmanuel Caille
Editeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURAL
Description : Défigurée dans l’indifférence C’est dans une indifférence à laquelle nous sommes malheureusement habitués qu’une atteinte massive au patrimoine est engagée : sous couvert de plan « Climat », une grande partie de notre bâti ordinaire est en train d’être encapsulé sous une couche de polystyrène, et ce, au mépris non seulement de ses qualités architecturales – si humbles soient-elles – mais surtout des qualités thermiques inhérentes qui sont propres à chaque type de construction. Précisons que cette catastrophe annoncée se fait avec l’assentiment de l’ensemble de la classe politique, qui pour une fois, dans un rare consensus, partage une totale acculturation à l’architecture, notamment au patrimoine du XXe siècle. Cette même ignorance qui conduit encore aujourd’hui aux démolitions absurdes menées par l’ANRU1. Sous prétexte de coefficients de performance associés à des normes à atteindre pour obtenir des subventions ou tout simplement une autorisation de construire, une course à la consommation de produits issus de la pétrochimie, non pérennes et non recyclables, est lancée. Si l’instauration du DPE (diagnostic de performance énergétique) est un progrès significatif pour lutter contre les passoires thermiques, son application conduit souvent à des aberrations. Il est en effet conçu pour s’appliquer à un modèle-type simplifié qui se heurte à toute la diversité des architectures existantes. Le culte de la performance, si bien dénoncé par Olivier Hamant2, conduit ainsi à des investissements colossaux de rénovation alors que l’on peut souvent dépenser beaucoup moins en atteignant l’essentiel des objectifs pour un bilan carbone bien meilleur, en consommant moins de ressources par exemple, voire davantage si on travaille aussi sur les comportements des habitants3. Mais surtout, ces interventions plus légères permettent de préserver les qualités patrimoniales du bâti. La complexité et la subtilité des exemples que nous montrons dans ce dossier de rentrée prouvent une fois de plus qu’on ne peut pas appliquer globalement de solutions au parc immobilier, mais que chaque cas est spécifique et doit faire l’objet d’une étude qui, elle, sera globale. Qui d’autre que le couple architecte-ingénieur a les compétences pour le faire ? 1. À venir dans le numéro d’octobre, notre dossier consacré à la gabegie des démolitions. 2. Olivier Hamant, Antidote au culte de la performance : La robustesse du vivant, Tracts Gallimard, n° 50, 31 août 2023, 3,90 euros. 3. Voir le dossier « Un autre confort thermique est-il possible ? », d’a n° 318, juillet-août 2024.

Le Moniteur #6315 : Prévention-sécurité : Les start-up à l'assaut du chantier
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Levons un coin du voile. Les résultats de l'enquête menée par « Le Moniteur » et la FFB sur l'innovation dans le bâtiment (1) ne seront divulgués que dans quelques semaines, mais un chiffre mérite dès à présent notre attention. Invoquée par 45 % de répondants, la sécurité sur les chantiers constitue la principale motivation du déploiement de l'innovation dans les entreprises. La deuxième ? L'amélioration des conditions de travail. La prévention est propice à la créativité. Les start-up l'ont d'ailleurs bien compris. Dans le monde bouillonnant de la « contech », qui regroupe ces jeunes pousses dédiées au secteur de la construction, la mise en sécurité des salariés stimule l'imagination : échafaudage dépliable, caméras anti-collision, EPI connectés, simulation d'accidents en réalité virtuelle… Le tout, de plus en plus souvent, dopé à l'IA. Aussi séduisantes soient-elles, ces solutions se diffusent à faible allure aux yeux de leurs promoteurs. La mise en sécurité des salariés stimule l'imagination des start-up Afin de comprendre ces lenteurs, il convient de se pencher sur les spécificités du secteur. Dans le BTP, chaque chantier est une aventure unique, avec son contexte, ses équipes et son pilote. Une expérimentation couronnée de succès ici peut ne jamais arriver là-bas, quand bien même les compagnons arborent les couleurs de la même entreprise. Pire, la sécurité des salariés relevant de la responsabilité de l'employeur, on imagine le casse-tête que représente la mise en œuvre d'une technologie de rupture dans un contexte de coactivité, de sous-traitance et de recours à l'intérim. Pour hâter le pas, une double acculturation s'impose. D'un côté, les start-upers, souvent biberonnés aux modèles de l'industrie, ne peuvent se contenter de « pitcher » au dernier étage du siège social. Ils doivent troquer leurs sneakers pour des bottes et aller convaincre les directeurs de travaux de la pertinence de leurs trouvailles. De l'autre, les acteurs de la construction sont invités à mieux partager leurs initiatives et à ouvrir plus large les portes du chantier à ces nouveaux entrants. C'est vital. Ces innovations ne promettent pas de miracles mais elles permettent d'éviter des drames. (1) Etude réalisée du 9 au 29 avril 2024 auprès d'un échantillon de 201 répondants joints par téléphone.

Exé #56 : Culture et patrimoine
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Jordi Patillon
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : Événement plus que millénaire, les Jeux olympiques s'apprêtent à prendre leurs quartiers d'été à Paris (mais aussi un peu au-delà...) pour la troisième fois, après 1900 et 1924. 100 ans après donc, les enjeux ne sont évidemment plus les mêmes et la question du devenir des installations, par exemple, est maintenant au centre des préoccupations, surtout à la lumière des dernières expériences barcelonaise ou athénienne, plus ou (beaucoup) moins réussies...

Le Moniteur #6314 : L'ancien loup de mer vogue pour les TP
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : C'est un coup de pied dans la fourmilière qu'a donné Bercy au début de l'été. Dans une étude publiée en juillet, la direction générale du Trésor s'est penchée sur la vacance. Conclusion : environ 75 000 logements existants pourraient, chaque année, répondre aux besoins des ménages. Soit l'équivalent de 20 % de la production neuve. Dotée d'une méthodologie bien charpentée, la démarche présente l'intérêt de s'intéresser aux communes dans lesquelles la production neuve s'accompagne d'une progression des logements inoccupés. En clair, elle entend déconstruire l'idée selon laquelle les maisons et appartements vacants se situeraient, pour l'essentiel, dans la diagonale du vide. Environ 75 000 logements existants pourraient, chaque année, être mobilisés. Elle pointe plutôt la dévitalisation des centres-bourgs au profit des zones pavillonnaires périphériques. Cet enseignement constitue l'intérêt principal de l'étude. Car, pour aller au bout de la réflexion, il aurait fallu comprendre pourquoi ces logements, situés majoritairement en zones tendues, restent désespérément vides. Propriétaires négligents ? Insalubrité ? Successions conflictuelles ? Travaux nécessaires ? Pour desserrer les freins à la location ou à la vente, il faudrait actionner un panel de mesures, de l'incitation à la contrainte, du droit de préemption jusqu'à la fiscalité. La publication, la semaine dernière, d'un arrêté ajustant un micro-détail d'un mini-dispositif de la loi Elan montre à quel point la marche est encore haute. La note du Trésor évoque bien sûr les plans, dispositifs et aides déjà en place. Mais, malgré leur manque d'efficacité à grande échelle, elle ne propose pas de big bang. Ce n'était pas sa vocation. Mais d'ailleurs, quelle était sa vocation ? Tordre le cou à un mythe, peut-être. Objectiver une ressource sous-évaluée, probablement. Décentrer le débat de la politique du logement, sûrement, afin qu'il cesse de se focaliser sur le dramatique effondrement de la construction neuve. Un contre-feu, allumé par une administration que le triste record de 270 000 mises en chantier sur douze mois ne doit pas émouvoir. Lors du CNR Logement, à l'automne 2022, une oratrice avait jeté un froid en évoquant « de besoins nouveaux de l'ordre de 200 000 à 300 000 logements chaque année ». Sa fonction ? Cheffe économiste au Trésor.

Le Moniteur #6313 : Bain de jouvence miraculeux pour la piscine bretonne
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Il est des records dont on se gargarise, d'autres dont on se passerait volontiers. La publication, fin juillet, du nombre de permis de construire délivrés en France a confirmé que le pays atteignait à nouveau des niveaux historiquement bas. Début août, on a appris sans grande surprise que l'emploi dans la construction dégringolait encore… Même si, pendant la parenthèse des JO, le temps est apparu comme suspendu, la Terre ne s'est pas pour autant arrêtée de tourner. Et la crise de l'immobilier ne s'est en aucun cas calmée. Ce coup de frein ne concerne pas le seul Hexagone. Les racines du mal sont, il est vrai, internationales : hausse des taux d'intérêt, flambée des coûts des matériaux, incertitudes économiques… Une étude de l'institut allemand IFO le confirme : les principales économies européennes connaissent un sérieux ralentissement de leur production de logements. Et cela pourrait durer : de 2022 à 2026, la chute atteindrait 17 % à l'échelle continentale. Et pourrait même frôler les 50 % en Suède. De 2022 à 2026, la chute de la production de logements pourrait atteindre 17 % à l'échelle de l'Europe continentale. Quand je me regarde, je me désole, quand je me compare, je me console. Ou pas. Car tous nos voisins européens ne restent pas les bras ballants devant la raréfaction d'un besoin élémentaire de leur population et le ralentissement d'un pan entier de leur économie. Loin de l'inaction qui semble nous servir de politique publique, la vice-Première ministre britannique, - par ailleurs en charge de l'habitat -Angela Rayner, a ainsi annoncé un plan « radical » pour la construction de logements. Avec, à la clé, la réintroduction d'objectifs contraignants de production pour les autorités locales et, le cas échéant, la reprise en main par les instances nationales. Ça ne vous rappelle rien ? C'est l'esprit même de la loi SRU, celle-là même que l'on cherche, ici, à assouplir. Alors que le monde braquait ses yeux émerveillés sur un Paris étincelant, les Anglais ont dû crever de jalousie. Et les émeutes racistes qui ont embrasé le royaume ne doivent pas les inciter à pavoiser. Il n'empêche, non seulement les Britanniques ont droit à un gouvernement de plein exercice, mais celui-ci semble avoir placé la crise immobilière en tête des priorités. Lucky people.

Le Moniteur #6312 : Une tour de La Défense isolée fenêtre par fenêtre
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Les oiseaux (de mauvais augure) se cachent pour mourir (de honte). Contrairement aux oracles les plus sombres, les Jeux olympiques de Paris se sont mués, dès leur ouverture, en succès planétaire et populaire. Cette réussite constitue une vitrine du savoir-faire tricolore dans l'organisation de grands événements. Un cocorico que l'on doit, entre autres, aux acteurs de la construction mobilisés de longue date sur cet objectif. On sait que les ouvrages olympiques ont, de Saint-Denis à Tahiti, concentré l'attention des pouvoirs publics, maîtres d'ouvrage, maîtres d'œuvre et entreprises. Que leurs cahiers des charges ambitieux et leurs délais incompressibles constituaient de sérieux défis, au bout du compte relevés haut la main. Que ces chantiers ont, par endroits, contraint la profession à réaliser des pas de géant en termes d'innovation. Cette œuvre, déjà immense, est connue et reconnue, mais elle ne résume pas à elle seule l'apport des constructeurs à la fête olympique. Les chantiers olympiques, ont, par endroits, contraint la profession à réaliser des pas de géant en termes d'innovation. Leurs compétences se déploient également bien loin de la lumière des projecteurs. Dans l'arrière-scène, donc, et jusque sur la Seine. Les équipes de C&E Ingénierie ont ainsi étudié les caractéristiques structurelles des ponts parisiens sollicités par la grandiose cérémonie d'ouverture. Un travail de bénédictin, fait de calculs et de contre-calculs, mais aussi d'archiviste, pour mettre la main sur les plans d'origine de ces ouvrages historiques. Un travail de l'ombre. Des montagnes d'équations- et quelques tonnes de béton - auront aussi été nécessaires pour concrétiser la sempiternelle promesse de pouvoir se baigner dans la Seine. Malgré les sarcasmes et les orages, l'épreuve de triathlon a pu s'y dérouler sans encombre. En plus de la volonté politique, il aura fallu compter sur le labeur colossal des ingénieurs et des compagnons pour, contre vents et marées, réaliser ce vieux rêve. Et, ainsi, clouer le bec aux grincheux. A l'heure des médailles étincelantes et des Marseillaises tonitruantes, le BTP mérite bien sa couronne de laurier.

Le Moniteur #6311 : Marion Moriceau, scaphandrière déterminée
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Jérémy Bellanger
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Vingt ans pour l'un, dix pour l'autre. Le contrat de partenariat public-privé (PPP) et la société d'économie mixte à opération unique (Semop) viennent de fêter leur anniversaire. Deux outils imaginés pour tirer le meilleur parti des compétences et moyens respectifs des acteurs publics et privés. Pourtant, alors qu'ils sont censés faciliter le financement et l'exploitation d'équipements et d'infrastructures, leur bilan est pour le moins mitigé. Forme de société qui appelle au compromis, la Semop peine à s'imposer. Le PPP, rebaptisé marché de partenariat, a même quasiment disparu. En cause, son potentiel impact à long terme sur le budget, en particulier des collectivités, et une place accordée aux entreprises jugée trop importante. Trouver le bon calibrage pour mener à bien un projet ciblé, en associant un partenaire privé tout en permettant aux pouvoirs publics de garder la main, tel est justement l'objectif de la Semop. Or, cette forme de société qui appelle au compromis peine, elle aussi, à s'imposer (lire « Décryptage », p. 8). A ce jour, la France n'en compte qu'une cinquantaine. Un nombre trop faible aux yeux des défenseurs de cette structure née de « la nécessité de récupérer certaines longues DSP, dans lesquelles l'acteur public avait un peu disparu », comme le rappelle Jean-Léonce Dupont, l'auteur de la loi qui l'a instituée en France. Le manque de compétences au sein de certains territoires pour s'inscrire dans ce format exigeant offre une première explication à ce faible engouement. Le risque financier en livre une autre. Car pour disposer d'un pouvoir de contrôle, la collectivité doit détenir 34 % de l'actionnariat, ce qui l'expose à des pertes potentielles. La vigilance doit donc rester de mise, sans pour autant décourager les volontés d'unir les forces de deux mondes aux intérêts parfois divergents, mais profondément interdépendants. A l'heure d'investir massivement dans la transition écologique, privé et public sont plus que jamais appelés à resserrer leurs liens afin de mieux travailler de concert.

A Vivre HS #62 : Maisons contemporaines
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Nathalie Degardin
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : Parfois, il est bon de se rappeler des évidences, à l'image de cette réflexion de Jean-Michel Wilmotte : l'architecte ne construit pas pour lui, mais pour ses clients. Il dessine, projette, met en volume ce qu'il perçoit d'eux, les besoins qu'ils expriment, il crée pour eux. Son imagination n'a pas de limites, car elle transforme les contraintes en solutions.

AMC #324 : Intérieurs 2024
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Laure Carsalade
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Le mythe de la forêt Si l'homme est né dans la nature, la vie moderne le contraint à évoluer de boîtes en boîtes. Pour mener ses activités et se protéger des variations climatiques, il passe d'un abri à l'autre, véhicule, école ou bureau, espace culturel ou de consommation, domicile ou hôtel… Chacun de ces contenants fait l'objet de grandes attentions, tel le végétal qui s'adapte à son environnement, se plie aux conditions du lieu pour s'y installer durablement. C'est la réponse que l'on attend aujourd'hui des architectes, ces « jardiniers » du monde bâti : savoir planter racines sur le bon site. Que leur implantation soit urbaine ou rurale, les galeries d'art créent une dynamique d'échanges dont l'influence se développe en rhizome (p. 8). Si elles renaissent d'un amas de ruines, elles ouvrent des portes aussi immenses que peut l'être leur ambition d'accueillir de vastes publics. A l'intérieur, le modèle végétal prodigue encore ses bienfaits. Dans la nécessaire entreprise de purification de l'air, il neutralise des polluants invasifs ou entre dans la composition d'un matériau de finition plus sain (p. 27). Au Salon de Milan, le mobilier est avant tout rationnel ; il se présente dans le plus simple appareil, élagué de détails inutiles, sans signature ostentatoire (p. 22). Cette dernière s'efface devant l'évidence du matériau et de l'usage, offrant une lecture simple, immédiate. Symbolique mais prégnante, la forêt s'érige dans les intérieurs à la manière d'un appel inéluctable qui serait bien capable d'alimenter un nouveau mythe. Elle est parfaitement naturelle, composée de piliers de bois massifs au Japon, venant structurer une maison qui se devine à peine de l'extérieur (p. 54). Industrielle, toute de métal et démontable, elle quadrille un campus universitaire ; son tracé régulier est pris dans une enveloppe entièrement transparente (p. 38). On peut aussi élire domicile au cœur d'une jungle. Il en est ainsi d'un hôtel au Mexique, où une forte trame de béton s'est immiscée à la verticale dans une flore luxuriante (p. 102). Ces ondes végétales dessinent une heureuse arborescence. En matière de construction, la sélection naturelle pourrait bien être, là aussi, critère de survie.

D'architectures #318 : Dossier : Un autre confort thermique est-il possible ?
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Emmanuel Caille
Editeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURAL
Description : Pour que le froid soit plus chaud L’appréciation de la température dans laquelle baigne notre corps est intimement corrélée à l’idée que l’on se fait du bien-être. Et ce, au point que nous pouvons difficilement imaginer que cette sensation ne soit pas consubstantielle à notre nature. Elle est pourtant le fruit d’une construction culturelle et sociale, comme le rappelle l’historien Olivier Jandot dans Les Délices du feu1. Les 20 °C qui en hiver nous paraissent être le minimum décent du confort étaient autrefois considérés comme désagréables, voire dangereux par les médecins. Jandot évoque ainsi l’expérience de l’architecte François Cointeraux (1740-1830), le célèbre théoricien du pisé lyonnais qui, ayant porté la température de la chambre de ses enfants à 20 °C, les trouva fort incommodés. Des températures de 12 à 15 °C étaient alors considérées comme agréables dans les pièces à vivre, tandis que dans les autres une température de 8 °C était considérée comme normale. Notre appétence pour la chaleur est aussi liée à une croyance ancestrale – que les découvertes de Pasteur n’ont pas encore réussi à ébranler au XXIe siècle –, selon laquelle « on attrape froid ». Or, de même que l’on n’attrape pas le Covid-19 ou la grippe avec le froid, l’origine du rhume est uniquement due à un virus et jamais à un « coup de froid ». La sensation de chaud ou froid est due à des facteurs bien plus complexes que la température de l’air, comme tente de le montrer avec constance l’architecte Philippe Rahm à travers ses expériences d’architecture par le confort thermique. L’injonction d’une répartition homogène de la température, de la maison au bureau, ne repose que sur une idée normative du confort, qui n’est nullement étayée par des études physiologiques ou anthropologiques. On se dit alors que, dans l’immense chantier de la lutte contre le réchauffement climatique, la première action concrète, une des plus économiques à mettre en œuvre dans nos contrées où la moyenne extérieure annuelle est d’environ 12 °C, serait de questionner notre phobie du froid ou, plus précisément, notre peur du « pas assez chaud ». Mais pour échapper à l’accusation de promouvoir une « écologie punitive », il faudra impérativement montrer que cette adaptation n’est pas une régression de notre cher confort, qu’elle ne relève pas d’un culte de l’ascétisme ou de la frugalité mais qu’elle est plutôt une quête d’adéquation plus harmonieuse avec notre environnement. Mieux connaître les mécanismes qui régissent nos sensations thermiques, découvrir leur complexité, c’est aussi mieux maîtriser notre rapport à notre environnement et reprendre la main sur les diktats consuméristes que nous ont sournoisement imposés certaines industries depuis plus d’un siècle. Vous aurez compris que notre dossier estival est consacré au confort thermique. Nous l’avons abordé moins dans ses dimensions performancielles que dans sa complexité anthropologique et psychologique, avec l’envie de découvrir une architecture au plus près de nos sensations. Nous sommes allés voir des architectes qui, au sein de collectifs comme SlowHeat ou Zerm, expérimentent de nouvelles relations entre le corps et l’espace et nous préparent un hiver vif et joyeux. Emmanuel Caille 1. Olivier Jandot, Les Délices du feu, L’homme, le chaud et le froid à l’époque moderne, Champ Vallon, 2017.

Exé #57 : Etablissements d'enseignement
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Jordi Patillon
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : Il est beaucoup question de cœur dans ce numéro 57 d'exé : d'une faille centrale qui structure un parcours muséal à un vide nucléal qui articule tout un programme, d'un atrium médian qui distribue des circulations et favorise la rencontre à des cours d'écoles qui concentrent effervescence estudiantine...

La Maison écologique #142 : Habitons ensemble
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Virginie Jourdan
Editeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIK
Description : Qui en juin se porte bien, au temps chaud ne craindra rien », la phrase résume si bien l’esprit du contenu de ce magazine pré-estival que le dicton aura, pour démarrer cet édito, volé la vedette à mon inspiration ! Nous voici donc au seuil d’un nouvel été, Terriens et Terriennes désormais presque habitués à connaître pics de température, épisodes de canicule et de sécheresse. Habitués ? Vraiment ? Si nos esprits les anticipent parce qu’ils ont constaté leur récurrence nouvelle, nos usages et nos logis les ont-ils intégrés ? En appartement comme en maison, le soleil si consolateur et formidable fournisseur d’énergie (chaleur, bonne humeur et vitamine D !) se transforme en véritable combattant de la fraîcheur dès lors que les ouvertures, vitrées ou restées béantes, lui laissent la voie libre. Bien vivre avec, même au cœur de la belle saison, est pourtant à portée de main. Et c’est bien ce que ce numéro illustre ! Habitués mais pas résignés. Pascal et Tatiana, heureux autoconstructeurs de leur earthship, profitent pleinement du caractère semi-enterré de leur géonef grâce à des choix complémentaires intégrant la vitesse de circulation de l’air et l’orientation du bâtiment. Dans sa maison de ville fraîchement rénovée, Émilie a pour sa part testé l’effet de l’albédo fort. Après avoir vécu d’insupportables chaleurs lors du premier été post-rénovation, elle a fait peindre son toit en blanc. Inertie, déphasage, amortissement : certains termes techniques font partie des indispensables à maîtriser lorsque se pose la question du confort thermique. Dans notre dossier dédié au confort d’été, les impacts d’une bonne ventilation, du choix de matériaux pour ses parois viennent compléter les bons réflexes à mobiliser dans la conception du logement, mais aussi dans les usages à respecter ensuite pour ne pas laisser s’envoler les degrés. Au risque de devoir appuyer sur l’illusoire bouton de la clim’. Parmi les solutions techniques et low-tech recensées à travers ces 10 pages, aucune ne fait le détour par la climatisation électrique. Un rayonnant résultat !

Matières #22 : Dossier : La mixité des matériaux
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Raphaël Ménard
Editeur : CONSTRUIRACIER KONSTRUIRASI
Description : Face aux multiples défis auxquels se trouve confronté le secteur du bâtiment, il est devenu impérieux de repenser les solutions constructives, sous-tendues par des innovations architecturales et techniques. La mixité de matériaux dans la construction apparaît comme une des solutions d’avenir à développer, en prenant en compte l’hybridation structurelle et fonctionnelle. L’approche globale menée tient à une adaptabilité et évolutivité des édifices, et une recherche de sobriété et d’économies. Le travail collaboratif, entre les architectes, bureaux d’études, entreprises et industriels, doit se déployer pour qu’ils puissent créer ensemble de nouvelles manières de construire plus frugales en matières et en énergie.

Le Moniteur #6308 : Franck Boutté célèbre 20 années d'ingénierie environnementale
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : La cérémonie d'ouverture des JO, le 26 juillet prochain, placera Paris au centre de l'attention mondiale. Retour de flamme olympique : l'événement sportif attise les velléités des activistes et terroristes en quête de visibilité. Or, si la survenue d'actes violents demeure une menace, la recrudescence de cyberattaques, elle, est une certitude. La France constitue, depuis des mois, la cible de hackers, souvent venus de l'Est, qui semblent préparer le terrain pour des opérations de grande ampleur. Entreprises et administrations se savent vulnérables face à des logiciels malveillants. Boucher les failles, fermer les portes : l'heure est au calfeutrage électronique. Aucune organisation dotée d'une connexion internet ne se trouve à l'abri d'une cyberattaque Solidement ancré dans son univers parfaitement physique de béton, de bitume et de bois, le BTP tend encore à considérer cette menace comme virtuelle. La directive européenne NIS2 ne le place d'ailleurs pas dans la liste, pourtant élargie, des « secteurs critiques » où s'impose un renforcement de la sécurité des systèmes d'information. La construction serait-elle immunisée contre les virus informatiques ? Evidemment pas. Aucune organisation dotée d'une connexion internet ne se trouve à l'abri - le groupe Bouygues, paralysé par un ransomware début 2020, en sait quelque chose. De manière plus spécifique, les métiers du BTP ont un rôle décisif à jouer face aux assaillants. Parmi les cibles surexposées au risque cyber figurent en effet les aéroports, les réseaux ferrés, les hôpitaux, les barrages… Des infrastructures parfaitement physiques, avec leurs murs et leurs tuyaux, mais aussi leurs câbles, leurs capteurs et leurs serveurs. La sécurité des ouvrages du XXIe siècle est également informatique. La menace se fait chaque jour plus prégnante, le danger toujours plus grand. Seuls devant leurs écrans, les geeks ont besoin de l'implication, sur le terrain, des acteurs de la conception, de la construction et de la maintenance. Le BTP sera-t-il au niveau ? Avec un nombre d'incidents attendus quasiment décuplé par rapport aux dernières olympiades, l'été apportera les premières réponses.

Le Moniteur #6309 : Les solutions du BTP pour éviter l'insolation
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Jérémy Bellanger
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Neige, vents violents, inondations et désormais… canicule. Depuis un décret publié fin juin, les compagnons du BTP peuvent bénéficier du chômage intempéries lorsqu'un coup de chaud impose une interruption des travaux. Même soumise à certaines conditions, cette évolution du dispositif sort d'une logique d'étude au cas par cas et marque une avancée sociale notoire pour un régime né après-guerre. Plus encore, elle témoigne d'une volonté commune du patronat et des pouvoirs publics de mieux prendre en compte la santé de celles et ceux qui œuvrent sous des températures parfois extrêmes. L'effet en trompe-l'œil d'un printemps et d'un début d'été pluvieux, chahutés par des échéances électorales pour certaines impromptues, aurait pu conduire à l'abandon de ce texte. Il n'en est rien car les chiffres parlent d'eux-mêmes. L'été dernier, Santé Publique France a recensé 11 accidents du travail mortels « en lien possible avec la chaleur, dont près de la moitié sont survenus dans le cadre d'une activité de construction ». C'est toute l'organisation du chantier qui doit pouvoir être repensée quand le thermomètre dépasse 28°C Pour autant, cette nouvelle prise en charge ne suffira pas à maîtriser totalement la gestion du risque canicule sur le chantier. C'est toute l'organisation de ce dernier qui doit pouvoir être repensée quand le thermomètre dépasse 28°C. Travail décalé, réservation de certaines tâches à des heures propices, augmentation de la fréquence des pauses… les solutions tiennent moins à l'innovation technologique qu'à un profond changement des habitudes. Ce sont sur les comportements, individuels et collectifs, qu'il faut agir résolument. Les fédérations professionnelles et leur organisme paritaire de prévention s'y attellent afin d'infuser les bonnes pratiques au cœur des entreprises. Un travail fastidieux, mais nécessaire. Car si la qualité des bâtiments et des infrastructures est indispensable à la société, la sécurité de ceux qui les construisent l'est tout autant.

Le Moniteur #6310 : Le Moniteur se jette à l'eau
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Jérémy Bellanger
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Attendus avec appréhension par certains, avec impatience par d'autres, les Jeux olympiques et paralympiques 2024 s'ouvrent enfin. Alors que le monde braquera son regard jusqu'au 8 septembre sur Paris, il est encore trop tôt pour savoir si l'événement sera à la hauteur des espérances. Néanmoins, la France peut déjà s'enorgueillir d'avoir tenu un pari fou, celui de livrer à temps une série d'ouvrages qui, réunis, dessinent une nouvelle vision urbaine (lire « Décryptage », p. 8). Qu'il s'agisse d'opérations neuves, comme le Village des athlètes et la majestueuse piscine de Saint-Denis, ou de réhabilitations, telles que le Grand Palais et la grande nef sportive de l'Ile-des-Vannes, tous témoignent d'une volonté de concevoir une ville plus sobre, plus inclusive et plus adaptée aux enjeux environnementaux. Autant de réalisations qui n'auront pas été pensées pour un seul événement éphémère. Les enfants d'aujourd'hui et les adultes de demain pourront, pendant des décennies, profiter des lignes du Grand Paris Express, de logements et de complexes sportifs nés des Jeux. La France peut s'enorgueillir d'avoir tenu un pari fou, celui de livrer à temps une série d'ouvrages qui, réunis, dessinent une nouvelle vision de l'urbanité. Mais se projeter vers l'avenir n'interdit pas de chérir l'existant. Tous ceux que le sport indiffère et que la foule oppresse trouveront toujours dans l'Hexagone un refuge où profiter de la douceur de l'eau. Dans toutes nos régions, la baignade estivale se réinvente dans un respect nouveau pour la nature. Des lacs et des rivières, autrefois impraticables, redeviennent accessibles, tandis que des bassins éco-conçus voient le jour. Autant de pièces de vie que des professionnels passionnés s'appliquent à entretenir (lire notre série, p. 11). Après un début d'été asphyxié par les enjeux politiques, chacun pourra y trouver l'occasion de se ressourcer, de lever le nez du guidon et, qui sait, de se convaincre qu'un futur désirable nous attend.

Urbanisme #438 : L'art et la manière
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Julien Meyrignac
Editeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISM
Description : En avant, l’art Il existe un lien puissant entre l’art, les villes et les territoires. De très nombreuses études universitaires l’ont étudié au prisme historique, politique, sociologique ou économique, pour établir que les artistes, mieux que quiconque, savent capter les forces du réel ou les prémonitions du devenir des paysages urbains ou naturels afin de les « mettre en œuvre », et ainsi captiver et renseigner les observateurs. Il faut dire qu’ils sont – investis à ressentir et suggérer une émotion véritable – libérés de toute exigence d’objectivité et de réalisme, quand les urbanistes, architectes et paysagistes s’appliquent à produire des diagnostics irréfutables sur lesquels ils développent des projets rationnels et mesurés (entendre : sobres, inclusifs, etc.). Rarement – jamais ? – les concepteurs de l’urbain ne convoquent la beauté en tant que telle à leurs projets, bien que cette dernière contienne intrinsèquement une forme d’évidence et de justice. Partant de ce constat, nous pourrions souscrire à l’idée que l’art est une forme de connaissance et compréhension des villes et leurs réalités sensibles, autant qu’un moyen d’imaginer et concevoir leur devenir. Et, parfois même, les deux en même temps. Quand Piero della Francesca a peint le décor urbain en sublimant l’art de la perspective établi par Brunelleschi, a‑t-il représenté ou inventé la ville de la Renaissance ? L’Angélus, de Millet, n’est-il pas un témoignage extraordinaire des réalités des campagnes françaises au mitan du XIXe siècle ? Les espaces urbains métaphysiques de Giorgio De Chirico ne constituent-ils pas des représentations quasi prémonitoires de la ville moderniste ? La liste des références d’œuvres peut être étendue indéfiniment et élargie aux arts autres que plastiques : Metropolis, de Fritz Lang, et la somme d’images hyper-structurantes de la ville futuriste qui ont alimenté – et continuent d’alimenter – les représentations de l’environnement urbain et la création architecturale ; Cité de verre, de Paul Auster, portrait macabre (l’aliénation des hommes, la fin des avant-gardes…) de la ville postmoderne, avant même (le roman a paru en 1985) son avènement digital ; ou bien encore, les mondes urbains virtuels des clips de Gorillaz ou Daft Punk… Face à ces œuvres, ce que nous projetons dans les villes et les territoires, réels ou fictionnels, c’est notre humanité, et avec elle, nos émotions ne sont jamais loin de nos valeurs et de toutes nos préoccupations, sociales, écologiques ou autres. Sans doute les artistes parviennent-ils à saisir ce qui se cache dans l’épaisseur des villes, qui en constitue l’identité et la force, et qui semble parfois manquer dans les travaux des urbanistes. Mais pas question d’opposer les uns aux autres, plutôt d’appeler de nos vœux à de plus fréquentes et intenses collaborations, qui permettent d’instiller un esprit et une audace d’avant-garde auprès de tous les donneurs d’ordres. Et de disposer de plus nombreuses représentations affectives des défis auxquels nous sommes confrontés, mais aussi, et surtout, d’un avenir post-carbone hautement désirable.

Le Moniteur #6307 : Sous le sol de Marseille, un bassin d'orage de 10 000m3
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Mystère et boule de gomme. A l'heure où s'écrivent ces lignes, la couleur du gouvernement qui obtiendra l'onction des députés élus le 7 juillet reste une énigme complète. Tout, du comportement des électeurs aux coalitions potentielles, constitue un saut dans l'inconnu. Une seule certitude, à cette heure : la campagne à grande vitesse ne s'est arrêtée sur aucun sujet déterminant pour le cadre de vie. Or, à la lecture des résultats des européennes, une évidence saute aux yeux : le vote RN est inversement proportionnel à la densité de population. L'immense majorité des zones rurales et périurbaines a placé la liste de Jordan Bardella en première position, et ce, même dans les régions traditionnellement rétives à l'extrême droite. A l'inverse, les grandes villes ont davantage voté à gauche et au centre. Le cas le plus caricatural étant Paris, où le RN a plafonné à 8,5 %. Aux européennes, l'immense majorité des zones rurales et périurbaines a placé la liste de Jordan Bardella en première position Cette fracture entre le centre et la périphérie pourrait se lire comme une simple opposition entre le peuple et l'élite. Mais cette analyse à l'emporte- pièce fait l'impasse sur la sociologie des grandes villes, qui ne sont pas, loin s'en faut, peuplées uniquement de CSP +, tout comme sur celle des campagnes, parfois prospères, parfois précaires. A y regarder de plus près, c'est bien le cadre de vie qui marque la césure entre les métropoles, les campagnes et les banlieues : le type d'habitat et de mobilités, l'accès aux services publics et aux loisirs, la facilité à voyager et à se cultiver… On aurait donc pu s'attendre à voir apparaître la crise du logement, le développement des transports collectifs ou encore la rénovation des bâtiments publics comme thèmes structurants des débats. Il n'en a rien été. On leur a préféré la double nationalité, la justice des mineurs, sans oublier l'inépuisable feuilleton du financement des retraites. L'histoire nous a cependant appris que les campagnes électorales répondent à des enjeux fort éloignés de ceux qui façonnent l'exercice du pouvoir. Ces sujets pourraient donc prochainement ressurgir sur les bureaux des nouveaux ministres. Les cent jours nous en diront plus sur la lucidité de nos futurs dirigeants. Ou sur leur cécité.

Séquences Bois #145 : Ressources locales
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Anne-Sophie Gouyen
Editeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISM
Description : Bois local : une idée tordue ? Certaines thématiques demandent, pour être traitées avec attention, plus de mouvements que d’autres. Celle-ci m’aura conduit dans la vallée ariégeoise du Biros, sur les collines de Provence, au pied de Notre-Dame en passant par les Vosges, les Cévennes et le Médoc. Comment parler de ressources locales sans comprendre, au coeur de chaque pays, ce qui se cache derrière ce terme, souvent largement vidé de son sens ? Jusqu’où parle-t-on de local ? Et depuis quand ? « En 1981, on bossait avec du sapin - ou du pin en menuiserie - qui venait du Haut Forez, à seulement 20 ou 30 km de la scierie. Et c’était le cas partout, on ne parlait alors même pas de bois local ! », raconte Olivier Gaujard. Avec l’idée du local, il faut souvent prendre en compte la dimension du temps, qui s’étire davantage : un séchage – à l’air libre - plus lent, des expérimentations potentiellement laborieuses, un sciage plus compliqué - ou de l’équarrissage à la hache - sans compter le temps de réflexion pour placer la courbe naturelle du bois au bon endroit, ou optimiser le dessin des pièces dans une grume pour un meilleur rendement. « Il faut se réhabituer au temps long », insiste Francis Hallé*. Et si ce n’est pas de bois dont nous disposons, alors préférons d’autres ressources ou favorisons des filières qui peinent encore à sortir de terre. Construire local n’est en aucun cas un dogme, mais simplement une tentative de réponse aux problématiques rencontrées, ici et là. Pour Olivier, cela évoque « ni plus ni moins, que des modalités d’action ! ». Si le bois local s’est d’abord relancé dans les Alpes, il y a plus de 10 ans, puis dans le Massif Central, la Corse, ou plus récemment les Pyrénées - suivi par le Bois de France, calqué sur les démarches régionales - selon lui, les appellations « disparaîtront parce qu’elles n’auront plus de raison d’être ». Les pages de ce numéro tentent de faire pérégriner les idées de celles et ceux qui ont choisi de faire voyager la matière le moins possible. En les observant de plus près, il semblerait que faire avec ce qu’on a sous la main, connaître finement les matières – et comment on les transforme - n’a rien d’ennuyeux ou de castrateur. Et si, par force d’habitudes et d’expérience, ces savoirs-là peuvent faire gagner un peu de temps, tant mieux, il y en aura plus pour la sieste à l’ombre des arbres et les baignades dans l’eau froide. Ou pour continuer d’apprendre des équilibres, bouleversés par les humain·es qui peinent à reconnaître– moi la première - les essences et les espèces qui peuplent leurs régions**. « Nous n’avons même pas encore commencé à imaginer collectivement ce que pourrait signifier « architecture » dans un monde qui ne soit plus anthropocentré – tout reste à inventer. »***

Le Moniteur #6306 : Sur le RER E, de nouveaux temples dédiés aux transports
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Les JO de Paris, on le sait, feront la part belle aux installations temporaires. Il s'agit cependant d'une rare exception : les ouvrages sont (presque) toujours construits pour durer. Bouygues Construction ne vient-il pas de choisir comme slogan « Bâtir pour la vie » ? Dans la tête de ceux qui les font naître, les réalisations s'installent dans le paysage pour des décennies au moins. Par leur ampleur ou leur élégance, certaines marquent pour plus longtemps encore le territoire de leur empreinte. Jusqu'à devenir des monuments pour l'Histoire, sans nécessité d'inventaire. Récemment ouvertes au public, les gares de la ligne E du RER francilien devraient ainsi laisser une trace durable dans leur siècle comme dans la métropole. Vastes et majestueuses, elles ont été pensées comme des « palais du peuple », selon les mots de leur concepteur, Jean-Marie Duthilleul. Pièces maîtresses d'une infrastructure de mobilité majeure de la région-capitale, elles changent déjà la vie quotidienne du populo du métro. Il convient de s'interroger sur le sens d'une fabrique de la ville devenue jetable. Il en va pourtant des bâtiments comme des hommes : leur destin s'écarte bien souvent de la trajectoire qu'on leur présageait. Fils de réfugiés russes devenu figure illustre de l'architecture française, Paul Chemetov, décédé le 17 juin, le savait mieux que quiconque (lire p. 12). Au soir de sa vie, il a dû se battre avec ardeur - mais sans succès - contre les démolitions de certains immeubles qu'il avait conçus comme pérennes au début de sa carrière. Quand l'espérance de vie du bâti devient plus courte que celle de son concepteur, il convient de s'interroger sur le sens d'une fabrique de la ville devenue jetable. Un urbanisme Kleenex qui cumule aberrations patrimoniale, économique et écologique. S'il importe de se garder de la muséification de tout et du changement de rien, il faut tout de même se départir de ce vieux réflexe de destruction. C'est en cours. Le regard porté sur le patrimoine du XXe siècle commence à changer, et Paul Chemetov n'y est pas pour rien. Des promoteurs aux bailleurs, des élus à l'Anru, on a la boule de démolition un peu moins facile, on ménage davantage ce qui existe. Et c'est heureux. Tout comme artificialiser, tout comme jeter, détruire est en passe de devenir un ultime recours.

Maisons paysannes de France #232 : Dossier : caves et celliers
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Guy Sallavuard
Editeur : MAISONS PAYSANNES DE FRANCE MAISON PAISAN FRANS
Description : Les caves sont des lieux polyvalents et adaptables liés aux habitudes alimentaires issues des productions locales. Elles revêtent également un caractère historique et unique qui doit être préservé afin d’en assurer la trans­mission aux générations futures. Leur conservation est un enjeu essentiel.

Le Moniteur #6305 : Exploit princier à Monaco : un R+8 érigé sans grue
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Mon conseil municipal devait, dans deux jours, voter une délibération relative au fonds vert. J'ai décidé de décaler la réunion : cette subvention existera-t-elle encore dans un mois ? Comme beaucoup d'élus locaux, ce maire alsacien confie avoir les jambes coupées par une campagne surprise et des élections à l'issue incertaine. Décisions repoussées, interlocuteurs absents, rencontres annulées… Le blocage touche tout le pays, bien au-delà des services de l'Etat. La dissolution avait vocation à faire bouger les lignes. Le fait du prince a, pour l'instant, paralysé la France. Les législatives précédant les grandes vacances, ce sont des mois d'actions qui, in fine, se trouvent perdus Les premières victimes de ce retour à l'isoloir sont bien évidemment les textes qui étaient en discussion au Parlement. Avec des députés renvoyés devant les électeurs et des sénateurs qui, « par courtoisie », suspendent leur séance plénière, une bonne vingtaine de projets et propositions de loi ont, du jour au lendemain, rejoint les limbes. On pense bien évidemment à la loi sur le logement abordable, à celle destinée à simplifier la vie des entreprises ou encore au texte entendant favoriser la transformation de bureaux en logements, qui comportait entre autres des éléments favorables à la surélévation. Toutes ces dispositions ont été longuement discutées, négociées et amendées. Mais elles pourraient tout bonnement passer à la trappe et laisser la place à de nouvelles priorités choisies par la majorité qui sortira des urnes - s'il y en a une. L'été 2024 s'ouvre donc avec un gel. Et comme les législatives précèdent les grandes vacances, ce sont des mois d'actions qui, in fine, se trouvent perdus. L'économie, pourtant, ne peut se permettre que le temps suspende son vol. La crise immobilière, le renouvellement des infrastructures ou encore la transition énergétique exigent volonté, visibilité et liquidités. Or, les coups de poker politiques génèrent au contraire incertitude budgétaire et instabilité normative. Avec, au bout du compte, un risque mésestimé : celui d'une léthargie longue et mortifère.

A vivre #136 : Journées d'Architectures à Vivre
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Nathalie Degardin
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : Rencontrez les architectes ! Les chiffres parlent d'eux-mêmes : les Journées d'Architectures A Vivre tiennent leur 24e édition. Une durée au long cours qui s'explique par le caractère unique de l'événement : une chance exceptionnelle, lors de deux week-ends de visites en juin et d'une journée en octobre, de questionner en direct les architectes et architectes d'intérieur [...]

Le Moniteur #6304 : En Gironde, un complexe sportif aux allures japonisantes
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : C'était la dernière séance. L'UGC Normandie, cinéma emblématique des Champs-Elysées, a fermé ses portes le 13 juin. En cause : un loyer devenu prohibitif pour une salle obscure. Un désaccord entre bailleur et locataire comme il s'en produit chaque jour. Cependant, ce rideau qui sur l'écran est tombé est aussi le symptôme d'un processus latent et plus inquiétant : « la plus belle avenue du monde » n'est plus une destination pour les Parisiens. Un bon millier de kilomètres plus au sud, la Rambla débute, elle, sa mue : circulation, revêtements, luminaires, plantations… La municipalité de Barcelone entend ainsi redonner à ses administrés l'envie d'arpenter cet axe majeur jusqu'ici vérolé de kiosques à souvenirs « made in China », jalonné de terrasses proposant de mauvaises pizzas à des prix exorbitants et arpenté jour et nuit par des hordes de touristes pas toujours respectueux. Face au tourisme de masse, les réponses urbanistiques traînent souvent en longueur A première vue, les deux promenades n'ont rien en commun. L'enseigne la plus chic de la Rambla doit être un Mango. Et les autorités catalanes rêveraient de troquer quelques Britanniques avinés contre une poignée de ces riches Asiatiques qui font la queue devant les boutiques de luxe des Champs. Pourtant, ici et là, c'est bien le tourisme de masse qui s'accapare un morceau de ville emblématique au détriment des habitants. Si, à Paris, la municipalité n'a pas officiellement de plan de reconfiguration des Champs-Elysées, ce n'est pas le cas des commerçants du quartier. Ils ont dévoilé fin mai un projet clé en main élaboré avec l'architecte Philippe Chiambaretta. Un coup de pression aux pouvoirs publics, à n'en pas douter. Une opération de lobbying, c'est certain. Reste que le sujet d'une éventuelle reconfiguration doit être pris au sérieux. Et sans tarder. La massification du tourisme, en effet, se fait à un rythme vertigineux. En trente ans, le nombre de nuitées annuelles à Barcelone a presque décuplé. Or, les réponses urbanistiques traînent, elles, souvent en longueur. Une bonne décennie séparera, si tout se passe bien, la désignation de l'équipe de maîtrise d'œuvre urbaine et la fin des travaux de la Rambla. Restera alors le plus difficile : inciter, par une offre commerciale et culturelle renouvelée, les locaux à se réapproprier un espace public qu'ils avaient déserté.

Le Moniteur #6303 : Quand les grands chantiers donnent une nouvelle vie
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Immigration, agriculture ou encore défense. C'est peu dire que la campagne pour les élections européennes n'était pas centrée sur la transition écologique. Mis à part les échanges sur l'énergie propre - nucléaire contre EnR - ou les mobilités décarbonées - train contre voiture électrique -, le débat est resté en surface. La question cruciale de l'adaptation au changement climatique a surtout largement été ignorée. C'est pourquoi « Le Moniteur » a sollicité les principales têtes de listes pour mieux comprendre leur position sur l'ensemble des sujets qui concernent au premier chef les acteurs de la construction et de l'aménagement. Au regard de l'urgence climatique, la question de l'agenda politique apparaît bien dérisoire Lors d'une campagne, les candidats s'époumonent. Les gouvernants, eux, ont tendance à se taire. Parmi les sujets mis sous le tapis ces dernières semaines figure justement le dévoilement du Pnacc 3, le troisième plan national d'adaptation au changement climatique. Attendu de longue date, annoncé comme imminent, il n'a jamais connu de fenêtre médiatique favorable. Alors, on attend des jours meilleurs. Ce retard à l'allumage est d'autant plus regrettable que le pays était parti à point. Christophe Béchu avait très tôt porté le sujet d'une France à + 4° C. Et Matignon a fait cravacher l'administration pour affiner le futur plan. Ce travail, s'il veut être crédible, doit déboucher sur des investissements sonnants et trébuchants. Toutes les études, même celle de la Cour des comptes, soulignent l'immensité des besoins. Et l'urgence de la situation. Car la France a beau être en avance sur ses voisins, elle court tout de même derrière le changement climatique. Ses effets se font de plus en plus visibles et meurtriers, des records de chaleur indiens aux inondations afghanes en passant par les turbulences aériennes imprévisibles. Plus près de nous, les communes littorales affrontent l'érosion côtière sans que les outils juridiques et financiers ne soient tout à fait affûtés. Au regard de l'enjeu, la question de l'agenda politique apparaît bien dérisoire. Il n'y a pas de mystère : les dossiers qui bénéficient d'un coup de projecteur ne sont pas ceux qui ont sagement attendu leur tour, mais ceux qui ont été jugés prioritaires. Il est grand temps que l'adaptation le devienne.

D'architectures #317 : Intérieurs
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Karine Dana
Editeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISM
Description : Spécial Interieurs 2024 Chaque année en juin, le d'a Intérieurs propose une sélection de projets architecturaux remarquables dans les domaines du tertiaire, du retail, de la restauration et de l'hôtellerie, en France et à l'international. Ce numéro annuel pose un regard sur les tendances, les esthétiques et les systèmes d'aménagements intérieurs offrant un large panorama sur les créations de l'année écoulée.

La Maison écologique #141 : Nos solutions anti-surchauffes
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Virginie Jourdan
Editeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIK
Description : Qui en juin se porte bien, au temps chaud ne craindra rien », la phrase résume si bien l’esprit du contenu de ce magazine pré-estival que le dicton aura, pour démarrer cet édito, volé la vedette à mon inspiration ! Nous voici donc au seuil d’un nouvel été, Terriens et Terriennes désormais presque habitués à connaître pics de température, épisodes de canicule et de sécheresse. Habitués ? Vraiment ? Si nos esprits les anticipent parce qu’ils ont constaté leur récurrence nouvelle, nos usages et nos logis les ont-ils intégrés ? En appartement comme en maison, le soleil si consolateur et formidable fournisseur d’énergie (chaleur, bonne humeur et vitamine D !) se transforme en véritable combattant de la fraîcheur dès lors que les ouvertures, vitrées ou restées béantes, lui laissent la voie libre. Bien vivre avec, même au coeur de la belle saison, est pourtant à portée de main. Et c’est bien ce que ce numéro illustre ! Habitués mais pas résignés. Pascal et Tatiana, heureux autoconstructeurs de leur earthship, profitent pleinement du caractère semi-enterré de leur géonef (p. 14) grâce à des choix complémentaires intégrant la vitesse de circulation de l’air et l’orientation du bâtiment. Dans sa maison de ville fraîchement rénovée, Émilie a pour sa part testé l’effet de l’albédo fort. Après avoir vécu d’insupportables chaleurs lors du premier été post-rénovation, elle a fait peindre son toit en blanc (p. 22). Inertie, déphasage, amortissement : certains termes techniques font partie des indispensables à maîtriser lorsque se pose la question du confort thermique. Dans notre dossier dédié au confort d’été (p. 35), les impacts d’une bonne ventilation, du choix de matériaux pour ses parois viennent compléter les bons réflexes à mobiliser dans la conception du logement, mais aussi dans les usages à respecter ensuite pour ne pas laisser s’envoler les degrés. Au risque de devoir appuyer sur l’illusoire bouton de la clim’. Parmi les solutions techniques et low-tech recensées à travers ces 10 pages, aucune ne fait le détour par la climatisation électrique. Un rayonnant résultat !

Maisons paysannes de France #231 : Dossier : les commerces en centre-bourg
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Guy Sallavuard
Editeur : MAISONS PAYSANNES DE FRANCE MAISON PAISAN FRANS
Description : Souvent délaissés, les centres-bourgs doivent également faire face à l’arrivée de nouvelles populations ; les problématiques pour les faire vivre sont nombreuses, les enjeux et les leviers aussi. L’activité commerciale, intrinsèquement liée aux autres services des centres-bourgs, est l’un des éléments constitutifs de la vitalité de ces derniers. Ainsi, comme on peut le voir à travers ces pages, les commerces dans les centres-bourgs sont les témoins à la fois de la vie passée et de l’évolution de notre monde.

Le Moniteur #6302 : Les usines à maisons attendent leur heure
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Les bonnes nouvelles se savourent sans modération, les satisfecit se jaugent avec circonspection. La France a - cocorico ! - réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 5,8 % en 2023. Gabriel Attal n'a pas raté l'occasion de s'en gargariser sitôt ce chiffre dévoilé : « Nous n'avons de leçons à recevoir de personne en matière d'efficacité écologique et environnementale. » Sans sous-estimer les fruits de politiques publiques efficaces, il apparaît toutefois réducteur de tresser des lauriers aux seuls décideurs. Sur les 22,8 millions de tonnes de CO2 économisées l'an dernier, 15 % l'ont été dans le bâtiment, 19 % dans les transports et 34 % dans l'énergie. Ces performances ne se décident pas en Conseil des ministres, elles ne se décrètent pas par ordonnance. Elles s'obtiennent par l'engagement quotidien des hommes et des femmes de terrain. Cet engagement révèle l'une des dynamiques sous-estimée mais décisive de la décarbonation : la révolution culturelle qui est en train de bousculer en profondeur les pratiques professionnelles, à commencer par celles de la construction. L'arrivée de nouvelles générations de professionnels accélérera encore l'acculturation écologique Les compétences s'adaptent en même temps que les mentalités se transforment. En hausse de 13 % l'an dernier, les formations suivies dans le BTP se trouvent boostées par les modules liés à la transition écologique, explique Constructys. Même tendance du côté de la maîtrise d'ouvrage. François Adam, directeur des achats de l'Etat, constate par exemple « une vraie prise de conscience et une montée en compétences » des acheteurs publics en matière de verdissement des marchés. La mutation des esprits s'opère à grande vitesse. Et ce n'est qu'un début. L'arrivée de nouvelles générations de professionnels accélérera encore cette acculturation écologique. Plus des trois quarts des apprentis en CFA estiment ainsi qu'il leur incombe de porter la préservation de la planète dans le secteur de la construction, annonce le baromètre du CCCA-BTP. Mieux, ils considèrent massivement qu'ils ont à « défendre la protection de l'environnement » au sein de leur entreprise d'accueil. Eux aussi sont jeunes, et eux aussi estiment ne pas avoir de leçons à recevoir.

Le Moniteur #6301 : Infrastructures de recharge : le sésame vers la liberté
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : C'était un texte de Bruno Le Maire… déjà ! La loi Pacte souffle en ce printemps ses cinq bougies. Une demi-décennie qui a vu ses dispositions entrer dans le quotidien des Français et, plus spécifiquement, de leurs entreprises. Simplification des seuils, facilitation de la transmission, soutien à l'export… Sans oublier une innovation : la création du statut d'entreprise à mission. Elles sont aujourd'hui plus de 1 600 à avoir sauté le pas. Des pionnières qui ont essuyé les plâtres et offrent d'ores déjà quelques enseignements. Par leur variété, d'abord : petites ou grandes, elles concernent tous les métiers, y compris ceux de la construction, couvrant aussi bien la promotion immobilière et l'aménagement, que la conception paysagère et les travaux publics. Chez Charier, par exemple, ce nouveau statut accompagne un changement de culture interne et un virage stratégique (lire p. 10). Les pionnières de l'entreprise à mission expérimentent encore, elles s'interrogent et tâtonnent beaucoup, tant le cadre est souple. Cinq ans, ce n'est plus le premier âge, mais ce n'est pas encore l'âge de raison. Alors, nos missionnaires expérimentent encore, elles s'interrogent et tâtonnent beaucoup, tant le cadre est souple. Du choix de la « raison d'être » jusqu'à la définition des indicateurs à suivre, en passant par la création d'un « comité de mission », chacune réalise sa transition à sa manière et à son rythme. Toutes ont cependant l'ambition de faire un pas de côté et d'élargir leurs objectifs au-delà des seuls critères financiers habituels, en tenant compte des visées écologiques, sociales, territoriales… Toutes souhaitent aussi le faire savoir, tant aux salariés, actuels et futurs, qu'aux clients. Cependant, cette stratégie d'image, qui n'enlève rien à la sincérité de la démarche, peine encore à porter ses fruits en termes de contrats. En cause : une conjoncture qui n'incite guère à l'aventure et une commande publique qui reste encore trop sourde aux critères extra-financiers. Heureusement, le cadre juridique évolue progressivement, afin d'encourager les offres plus vertueuses. En témoignent par exemple des dispositions récentes de la loi Industrie verte portée par un certain… Bruno Le Maire. Rendez-vous dans cinq ans ?

AMC #323 : BQ+A - A-MAS/FBAA - COMBAS - ATELIER DE L'OURCQ
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Olivier Namias
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Notre-Dame-des-tunnels Une capitale pour l'homme et pour le monde, la renaissance de mille et un bonheurs parisiens, la Seine comme avenue reliant la place de la Concorde au Havre… voilà quelques-uns des scénarios imaginés pour le Grand Paris en 2007. Une décennie plus tard, ces futurs évanouis sont remplacés par un supermétro qui servira huit millions de voyageurs. Evanouis avec eux, les débats byzantins sur le périmètre et la gouvernance de la métropole. La « mobilité » est au cœur du projet. Pour la modique somme de 36 à 42 Mds €, cinq lignes seront construites. Avec l'extension des lignes existantes, la métropole se dotera de nouvelles centralités… qui renforceront celles existantes, comme la ligne E, faisant de Chelles et Mantes-la-Jolie un faubourg de La Défense. Des experts parmi les plus avertis doutent de la prophétie autoréalisatrice qui voudrait que l'ouverture d'une gare provoque une polarité apte à limiter l'étalement urbain. Ces stations pourraient même l'augmenter dans leur périmètre, objectent-ils, le prix du foncier, la qualité des biens proposés, les services… restant pour les habitants aussi déterminants que l'accès. Sur cette question se joue une partie de l'avenir de plus de 300 nouveaux quartiers en développement. L'autre partie tient à leur forme, qui reste insaisissable. Reflet d'une époque, ces projets urbains partagent sans doute les mêmes objectifs de durabilité et de conscience environnementale qu'ils ne manqueront pas de revendiquer ; ils s'incarneront dans du néohaussmannien, du néorural et, peut-être, du néomoderne. Ils ont pour horizon commun la seule aubaine foncière. Où sont les projets suscitant le débat, tel Euralille en son temps, quoi que l'on pense de ce quartier ? Où est la pensée urbaine au-delà du fonctionnalisme ou de la grimace ? Reflet d'une époque où la gestion de projet et ses opérateurs l'emportent sur tout ? Signe de l'impossibilité d'une nouvelle utopie architecturale ? Aux architectes restent les gares, cathédrales du Grand Paris, et éventuellement des places publiques - ont-ils demandé plus ? Au XIXe siècle, l'opposition des fouriéristes aux saint-simoniens pouvait se résumer à une utopie des lieux - les phalanstères -contre une utopie des flux - les lignes de chemins de fer. Les flux l'emportent toujours, la boucle du supermétro constituant finalement le véritable monument de la mégapole, une Notre-Dame-des-Tunnels qui peine à nous transporter vers un avenir urbain radieux.

La Gazette des communes #2716-2717 : Les acteurs locaux sous le feu des projecteurs
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Jean-Baptiste Forray
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Quelle mouche a piqué Sébastien Martin ? Ces dernières semaines, le très modéré président (ex-LR) d'Intercommunalités de France n'est plus que bruit et fureur contre le gouvernement, accusé de prendre les élus communautaires pour « des cons ». Longtemps, pourtant, au sein de la Macronie, les EPCI ont été présentés comme les bons élèves de la classe locale. A l'automne 2023, le ministre du Logement et patron de la communauté urbaine de Dunkerque, Patrice Vergriete, ne jurait que par eux, prêt à leur accorder la part belle dans le cadre de son projet de loi de décentralisation. Patatras, son successeur, Guillaume Kasbarian, a laissé le texte prendre la poussière dans un tiroir. L'heure est au retour en force des maires dans le cadre des procédures d'attribution des logements sociaux. Longtemps bons élèves de la classe locale, les élus communautaires ne sont plus en odeur de sainteté auprès du gouvernement, en particulier du ministre du Logement. SUR LA TOUCHE. Au chapitre financier, le gouvernement Attal se garde bien, aussi, de jouer la carte intercommunale. L'idée, portée par la Cour des comptes, d'une rationalisation budgétaire de l'action locale autour des EPCI nés de la loi « Notre » a fait long feu. Intercommunalités de France n'a pas été convié à la table du ministre de l'Economie Bruno Le Maire. L'association peine aussi à faire entendre sa voix sur la réforme des crèches. Elle attend maintenant avec une crainte non dissimulée les conclusions de la mission Woerth sur le millefeuille territorial. L'ancien maire de Chantilly envisagerait d'en finir avec les compétences obligatoires des intercommunalités. MISSION À HAUT RISQUE. Eric Woerth serait même prêt à faire une croix sur le statut des communautés urbaines qui seraient contraintes de fusionner avec celui des métropoles. Une piste contraire au droit à la différence territoriale, alerte Intercommunalités de France. L'association des directeurs généraux des communautés de France n'est pas en reste, qui déplore que le pouvoir ne se soit pas engagé dans un mouvement massif de fusions de communes. Entre les deux parties, il y a décidément de la friture sur la ligne. Tout le paradoxe, c'est qu'entre la Macronie et l'Association des maires de France, l'heure n'est pas encore à la lune de miel. Le pacte girondin, promu par le président de la République dès 2017, reste à construire.

Le Moniteur #6300 : Biosourcé, bioclimatique... Les choix de Madec pour un chai du Médoc
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Ses 69 milliards d'euros de chiffre d'affaires mis à part, c'est une entreprise de travaux comme les autres. A l'instar de ses homologues, elle est avant tout le produit du travail des hommes - et de plus en plus, des femmes -qui la composent : compagnons, ingénieurs, dirigeants… Et, comme partout ailleurs, tout changement à sa tête donne lieu à une période particulièrement délicate à gérer. Vinci est bien une entreprise comme les autres. Mais - 69 milliards oblige -ce qui s'y déroule est beaucoup plus scruté qu'ailleurs. C'est donc l'un des voiles les plus opaques du BTP français qui vient d'être soulevé : Xavier Huillard passera le flambeau à Pierre Anjolras. Autant pour Vinci que pour NGE, ce sont deux hommes du sérail qui ont été promus L'heureux élu, qui a déjà œuvré à la réunion d'Eurovia et de Vinci Construction, se voit promu directeur général opérationnel du groupe. Un statut transitoire puisque Xavier Huillard devra quitter ses fonctions de directeur général en 2025, même s'il pourra rester président. Cette nomination est donc, si ce n'est l'épilogue, au moins le dénouement d'une intrigue qui agitait à bas bruit les milieux constructo-financiers depuis des années. L'âge du capitaine étant connu, la désignation d'un second était inéluctable. Son aura étant immense, on savait cette nomination ultra- délicate. Son attachement au groupe étant indéniable, on imaginait l'importance que revêt le transfert - même partiel - de ses prérogatives. Autre entreprise, autre culture, mêmes enjeux. NGE - et ses 4,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires - vient elle aussi de négocier son passage de témoin. Là aussi, c'est un homme du sérail qui a été promu en la personne de Jean Bernadet. Une transition qui se veut douce et programmée, susceptible de rassurer les investisseurs comme les salariés. Une transition comme il s'en produit des milliers chaque année dans le BTP, avec bien moins de commentaires mais tout autant de précautions. Bien souvent, elle est le fruit de longs mois voire d'années de préparation, de formation et de transmissions. A cette condition, les histoires de successions finissent bien, en général.

Urbanisme #437 : Partout, le vivant !
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Julien Meyrignac
Editeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISM
Description : Nous devons, la rédaction d'Urbanisme et moi-même, vous faire un aveu : nous ne nous attendions pas, lorsque nous avons inscrit le vivant- à notre programmation éditoriale, à entrer dans des réflexions et échanges métaphysiques aussi profonds que fondamentaux.

Le Moniteur #6299 : Des aides aux entreprises pour prévenir les TMS
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Pont du Gard. Le 3 mai dernier, un ouvrage provisoire situé à la sortie de Chamborigaud, dans le Gard, restaurait la liaison entre le village de 900 âmes et la commune de Génolhac. La circulation y était interrompue depuis la mi-mars et le brusque effondrement d'un pont en maçonnerie du XIXe siècle. Ce dernier, classé en « bon état », faisait pourtant l'objet d'un suivi régulier, affirme le conseil départemental. Cet accident était-il donc imprévisible, tel un choc provoqué par un porte-containers à la dérive ? Pont-l'Evêque. L'anticipation doit rester le maître mot des gestionnaires d'infrastructures. Une auscultation poussée et, demain, un monitoring en temps réel, doivent permettre de s'assurer de la bonne santé des ouvrages. C'est ainsi que la détection d'une fissure en amont du viaduc de Saint-Cloud a conduit, fin avril, à fermer un tronçon stratégique de l'A13 qui relie Paris au Calvados. Une décision prise dans l'urgence par la Direction des routes d'Ile-de-France, dont les moyens techniques et financiers, c'est vrai, dépassent de loin ceux des petites communes. Cet impérieux besoin de contrôler l'état des infrastructures ira croissant. Pont thermique. Cet impérieux besoin de contrôler l'état des infrastructures ira croissant. D'abord, en raison de leur ancienneté : construit aux siècles passés, ce patrimoine a grand besoin de soins. A Vierzon comme dans toute la France, des collectivités se lancent ainsi dans de lourds travaux de réfection. Ensuite, à cause du réchauffement climatique : la multiplication des pluies torrentielles comme le manque grandissant d'eau menacent la stabilité de ces ouvrages. Pont-à-Mousson. Ce qui vaut pour les ponts vaut pour les canalisations. Comme le rappelle le directeur général de Saint-Gobain PAM, un milliard de mètres cubes s'en échappent chaque année, alors même que « les premières conséquences du changement climatique concernent le cycle de l'eau ». Menacées elles aussi par leur grand âge et par la sécheresse, ces infra structures méritent plus d'attention - et de fonds - qu'elles n'en ont obtenu jusqu'à présent. Un sursaut est nécessaire. Tout le monde sur le pont !

D'Architectures #316 : Réalisations / Spécial logements collectifs
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Emmanuel Caille
Editeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURAL
Description : Entre militantisme et pragmatisme Par l’effet du décalage entre commandes et livraisons, cette année voit encore beaucoup d’opérations de logements collectifs arriver à leur terme. Nous en avons choisi neuf que nous avons pu visiter ce printemps et qui témoignent de leur capacité à refuser la fatalité des contraintes réglementaires et budgétaires. Malgré l’emploi de pierres massives pour trois d’entre elles et une transformation de bâtiment universitaire en appartements, elles s’inscrivent cependant encore dans le courant productiviste de l’économie du logement, dont la crise actuelle a révélé les effets délétères. Le parcours que nous consacrons à l’agence Brunnquell & André montre certes que parfois, comme ici dans deux chantiers parisiens – la transformation de la caserne Exelmans et la réhabilitation de HBM rue Sthrau –, il est possible de ne pas se soumettre à des pratiques que l’on croyait immuables. Mais si nous assistons enfin aujourd’hui à une prise de conscience du danger qu’il y a à perpétuer notre modèle de production, celle-ci est très loin de se traduire dans les faits : on continue à démolir, à artificialiser les sols et à employer immodérément le béton… Si le rôle des architectes est fondamental dans ces bouleversements à venir, on sait qu’il restera encore longtemps et pathétiquement dérisoire par le peu d’importance qu’il occupe dans les processus de décision économique et politique. Quelles que soient les menaces climatiques ou d’épuisement des ressources, il faudra encore de nombreuses années pour que le système change et il ne faudrait pas abandonner le type de production mortifère qu’il induit aux mains des moins concernés. Pour les autres, il faudra donc accepter d’agir entre militantisme et pragmatisme et repousser la tentation de s’enfermer dans les postures narcissiques de la radicalité.

La Gazette des communes #2713 : J-90
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Jean-Baptiste Forray
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Et si les JO étaient réussis ? La question apparaît volontiers provocatrice dans l'océan de bad buzz et de polémiques qui émaille la préparation de l'événement. Depuis des mois, sur les réseaux sociaux et ailleurs, les Français s'adonnent à leur sport favori : le masochisme. Le métier acquis dans l'organisation des grandes compétitions sportives est passé par pertes et profits. Il en est de même pour le refus de toute folie des grandeurs. Loin des milliards dépensés en pure perte pour les JO d'Athènes ou de Rio, Paris a construit un minimum de nouveaux équipements : l'Adidas Arena, le Centre aquatique olympique, le Village des médias ou le Village des athlètes. Autant de bâtisses qui ne devraient pas devenir des « éléphants blancs ». Loin des « éléphants blancs » d'Athènes ou de Rio, les équipements construits pour les JO devraient servir de dynamo au nord de la région parisienne et à la Seine-Saint-Denis. PRÉCIEUX HÉRITAGE. Les Jeux olympiques et paralympiques se veulent l'instrument d'un rééquilibrage de la région parisienne au profit du nord de la capitale et de la Seine-Saint-Denis. Une dynamo au service des transports, du logement et de la pratique sportive. Peu suspect de complaisance envers la Macronie, le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, salue déjà le précieux héritage des Jeux olympiques et paralympiques. Le maire de L'Ile-Saint-Denis, Mohamed Gnabaly, proche des Insoumis, est sur la même longueur d'ondes. Déjà, les Jeux dopent, partout en France, la construction de nouveaux équipements sportifs de proximité. Ces deux dernières années, 5 507 sont sortis de terre, grâce à un petit coup de pouce de l'Etat. POSITIVE ATTITUDE. Après, bien sûr, tout n'est pas rose pour les collectivités, à la veille du grand rendez-vous. Beaucoup craignent que l'événement le plus médiatisé de la planète n'attire les pirates informatiques du monde entier et ne provoque des attaques massives contre les sites des villes les plus exposées. Mais là encore, foin de catastrophisme. La messe n'est pas dite. Plutôt que de crier avant d'avoir mal, les collectivités y voient une opportunité de revoir de fond en comble leurs politiques en la matière. Une leçon à méditer.

La Gazette des communes #2714-15 : L'IA, une nouvelle collègue au banc d'essai
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Jean-Baptiste Forray
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : C'était la surprise du chef. Lors du dernier congrès des maires, Emmanuel Macron avait annoncé une réforme de la dotation globale de fonctionnement, la DGF, instrument principal du soutien de l'Etat aux collectivités. Le président de la République avait confié une mission en ce sens à son meilleur ennemi en matière de finances locales : le socialiste André Laignel. Contre toute attente, le patron du Comité des finances locales avait saisi la main tendue. La belle entente n'a pas duré bien longtemps. La cure de rigueur que le pouvoir souhaite administrer aux collectivités l'a fait voler en éclats. André Laignel a mis, le 23 avril, la réforme de la DGF au frigo. En ces temps de disette budgétaire, la réforme de la dotation globale de fonctionnement ferait beaucoup trop de perdants. BELLE PROMESSE. Le premier magistrat d' Issoudun a repris la position qu'il affectionne le plus, celle d'éternel opposant, distillant, comme sous Nicolas Sarkozy et François Hollande, ses éléments de langage sur le supplice étatique du garrot. Au risque de redonner la main à Bercy ? Le danger n'est pas mince aux yeux du maire Macron-compatible de Charleville-Mézières, Boris Ravignon. Reste à savoir si le gouvernement veut mener cette réforme jusqu'au bout. Par la voix de sa ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales, Dominique Faure, il jure que « oui ». L'expérience invite néanmoins à la plus grande prudence. Beaucoup plus avancée qu'elle ne l'est aujourd'hui, la réforme de la DGF concoctée par la députée (PS) Christine Pirès Beaune sous le mandat de François Hollande n'a jamais vu le jour. SERPENT DE MER. Sans carotte, comme au moment du lancement des intercommunalités à fiscalité propre au début des années 2000, les principales associations d'élus locaux ne veulent pas en entendre parler. En ces temps de disette budgétaire, la réforme de la DGF ferait beaucoup trop de perdants. A l'instar de la révision des valeurs des bases locatives, elle est donc devenue un serpent de mer. Le nombre de critères d'attribution de la DGF dépassera bientôt la barre des 200. Plus personne n'y comprend rien, mais chacun se contente de ce qu'il a. Dans ces conditions, la réforme de la DGF n'est sans doute pas près de sortir de terre.

Le Moniteur #6298 : Du chantier au chantier, le réemploi cherche sa voie
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : C'est une mauvaise nouvelle, mais ce n'est pas une surprise. Les 500 suppressions d'emplois annoncées chez Nexity la semaine dernière n'ont pris personne de court. Face à l'effondrement de la demande, Véronique Bédague, la P-DG du premier promoteur français, avait depuis longtemps annoncé la couleur. D'autres acteurs, comme Vinci Immobilier ou Bouygues Immobilier, avaient déjà montré la voie, malheureusement inéluctable, du PSE. La casse sociale était fatale. Et, même si les entreprises du bâtiment n'ont pas encore touché le fond, elle paraît condamnée à s'étendre. Au-delà des carrières malmenées, cette saignée aura des conséquences à long terme sur les compétences et les savoir-faire nécessaires à la bonne marche des projets. Une fois éloignés de la construction, ces professionnels éconduits n'y reviendront pas. Les mesures phares du projet de loi Logement n'ont pas vocation à stimuler la construction. Véronique Bédague en appelle au gouvernement. Il faut bien reconnaître que l'Etat aurait un rôle contracyclique à jouer dans une crise avant tout provoquée par la brusque remontée des taux d'intérêt. Malheureusement, comme bien d'autres avant elle, celle qui avait un temps été pressentie pour Matignon prêche dans le désert. Si Gabriel Attal et Guillaume Kasbarian affirment avoir pris conscience de la situation, rien, dans leurs actes, ne suggère pour l'instant un infléchissement. En témoigne le projet de loi Logement dont les mesures phares - assouplissement de la loi SRU et sortie des locataires trop aisés du parc social - n'ont pas vocation à stimuler la construction. Les raisons de cette surdité obstinée sont multiples. Une partie d'entre elles tient à l'image du secteur. Soyons lucides : en France, le sort des promoteurs n'émouvra pas grand monde. Quant aux entreprises de bâtiment fragilisées, elles passent trop souvent, en raison de leur taille, en dessous des radars médiatiques et politiques. L'indifférence est prégnante. La semaine dernière se tenait Intermat, le grand salon français du matériel. Un millier d'exposants, des dizaines de milliers de visiteurs, zéro ministre.

A vivre #135 : Convivialité
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Nathalie Degardin
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : Une porte ouverte L'appartement n'était pas grand mais il fleurait bon la chaleur humaine. Dans la cuisine, le poêle d'un autre âge, sur lequel mitonnaient des heures interminables des plats scellés, finalement remplacé au passage du siècle par une gazinière...

AMC #322 : COULON - PAUMIER - DADOUR DE POUS - GRX
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Olivier Namias
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Précieuses bouses Au rez-de-chaussée d'une institution parisienne émanant d'une enseigne de luxe, un globe en bouse de vache, trivial et mystérieux. Son installation entre les façades de verre de la fondation Cartier est une sorte de provocation, loin cependant de la merda d'artista créée par Manzoni en 1961. Plutôt qu'un questionnement sur l'œuvre d'art, l'architecte Bijoy Jain exposé chez Nouvel invite à repartir de zéro en regardant du côté freudien de la fécalité. Remise dans un contexte que le gourou de Studio Mumbai s'acharne à gommer, la bouse de vache prend un tout autre sens. C'est la matière première des foyers ruraux de l'Inde, l'énergie qui chauffe les aliments de centaines de communautés paysannes du sous-continent. Cette œuvre serait donc une réserve de combustible, un bien si précieux qu'il se contemplerait avec une certaine révérence dans les galeries les plus huppées de l'art mondialisé. La métaphore de la bouse s'applique certes à juste titre à nombre de constructions ne s'élevant guère au-dessus du produit de la digestion des vaches, mais aussi, à tort, à celles que l'on considère comme s'en approchant, du fait de leur architecture mal comprise ou de leur esthétique mal acceptée. Un promoteur disait dernièrement ne pas comprendre l'émotion que suscitait la démolition obstinée de l'ancien siège de l'Insee à Malakoff, bâtiment qu'il jugeait dénué d'intérêt. La « démocratie de l'énergie » veut que laides ou belles, ces architectures aient au moins une valeur en énergie stockée. Conserver cette énergie grise implique de repenser les temps du projet, de faire de la place au diagnostic, de rechercher les qualités d'un édifice qui ne paye pas de mine, de comprendre son histoire, de le valoriser plutôt que de le considérer comme un produit jetable et remplaçable. Le continent appelé « bâti existant » donne le vertige : le CSTB dénombre dans l'Hexagone plus de 27 millions de bâtiments qu'il va s'attacher à immatriculer au sein de la Base de données nationale des bâtiments (BDNB). Aux architectes d'aller au-delà de l'administratif pour connaître la personnalité qui se cache derrière la carte grise et la plaque minéralogique. Avec l'intelligence de l'espace, peut-être accompliront-ils la promesse de l'alchimie baudelairienne : tu m'as donné ta boue, et j'en ai fait de l'or…

La Gazette des communes #2712 : Gestion de la dette : choisir le bon cap
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Romain Mazon
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : On peut faire deux lectures de la récente séquence politique ouverte par Stanislas Guerini, le 9 avril, avec la présentation des grands axes de sa réforme de la fonction publique. La première : c'est un échec. En tonitruant dans la presse qu'il fallait « lever le tabou des licenciements » pour mieux sanctionner « l'insuffisance professionnelle » des agents, le ministre de la Transformation et de la fonction publiques remet une pièce dans la machine à « fonctionnaire bashing », braque les syndicats et crispe les employeurs territoriaux. IMPUNITÉ. Est-il, en effet, bien opportun d'ouvrir une phase de négociations en posant comme base que la fonction publique serait bloquée par l'impunité dont jouiraient des tas d'incompétents ? Impunité qui, d'une part, n'existe pas : l'historien Emilien Ruiz y consacre d'ailleurs un chapitre dans son ouvrage « Trop de fonctionnaires ? Histoire d'une obsession française » (*). Impunité qui, d'autre part, serait avant tout le fait d'employeurs peu courageux ou ignorants des outils à leur disposition. Le groupe de réflexion Le Sens du service public remet en outre les choses dans le bon ordre en rappelant que « des dispositifs managériaux existent pour réguler les relations employeurs-fonctionnaires avant le licenciement, qui ne peut être conçu que comme un dernier recours ». Pendant qu'on cherche à comprendre à quoi servirait la fusion des catégories, on évite soigneusement le sujet central : les salaires. FAINÉANTS. Seconde lecture : c'est une opération réussie. La communication médiatique sur le lancement de cette réforme « pour l'efficacité de la fonction publique » repose en effet sur trois slogans : le licenciement donc, la suppression des catégories A, B et C, et la reconnaissance du mérite individuel. Et pendant qu'on cherche à comprendre à quoi servirait la fusion des catégories, si ce n'est à dissimuler le tassement des grilles, ou qu'on discute la philosophie sous-jacente à la notion de mérite individuel (s'il y a des méritants, c'est qu'il y a des fainéants), on évite soigneusement le sujet central, pour les syndicats comme pour les employeurs territoriaux : les niveaux de salaires. Des salaires compétitifs par rapport au secteur privé, c'est quand même plus motivant, pour les futurs talents des services publics, que de rejoindre une communauté gangrenée par des incompétents et des fainéants.

Le Moniteur #6296 : Le changement climatique met les infrastructures au défi
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Emmanuelle N'Haux
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Les catastrophes se suivent et se ressemblent. Vents violents, pluies torrentielles, montée des eaux… Ces phénomènes météorologiques rendus de plus en plus extrêmes par le changement climatique mettent à mal les infrastructures de transport. En témoignent les ponts et routes arrachés comme des fétus de paille dans la vallée de la Roya en 2020 par la tempête Alex. L'été dernier, après un épisode de canicule suivi de pluies intenses en Maurienne, ce sont plus de 10 000 m3 de roches qui se sont décrochés de la montagne, coupant une route départementale, une autoroute et une liaison ferrée entre la France et l'Italie. Sans faire de victimes cette fois. Un miracle. La stratégie d'adaptation des infrastructures à un coût. Mais la facture de l'inaction serait plus salée encore Comme les bâtiments, les infrastructures doivent se préparer à une France à + 4 °C. Et les professionnels n'ont pas attendu la succession des plans d'adaptation au changement climatique – le troisième doit arriver cet été - pour réagir. InfraClimat, la plateforme numérique de visualisation des impacts du réchauffement climatique à destination des maîtres d'ouvrage, tout juste lancée par la Fédération nationale des travaux publics, en est l'une des illustrations, tout comme les travaux conduits par le pôle de compétitivité Infra 2050. La prise de conscience est là et les initiatives ne manquent pas. Reste que la stratégie d'adaptation des infrastructures a un coût : 20 à 30 milliards d'euros par an selon le cabinet de conseil Carbone 4, le tout dans un contexte de coupes des dépenses publiques. Or, sans le soutien de l'Etat, l'équation pour l'adaptation sera insoluble. Et la facture de l'inaction serait bien plus salée encore. Infrastructure de mobilité décarbonée s'il en est, le téléphérique - trop peu développé sous nos latitudes - s'implantera à Créteil (Val-de-Marne) au terme d'un chantier hors norme en milieu urbain. Ce câble de 4,5 km permettra aux habitants de Villeneuve-Saint-Georges – d'ici fin 2025 - de s'interconnecter à la ligne 8 du métro par les airs. Une première du genre en Ile-de-France. De quoi laisser songeur après la tentative avortée dans la métropole de Lyon et l'avis défavorable rendu fin mars par les commissaires-enquêteurs pour le métrocâble grenoblois. La résilience des territoires ne se fera pas sans travailler sur l'acceptabilité des projets.

Le Moniteur #6297 : La Cité des arts urbains accroche l'or olympique
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Bienheureux celui qui n'a jamais participé à une AG de copropriété ! Trop souvent, ce rituel annuel de bon voisinage s'apparente à une pièce de théâtre tragi-comique, qui met en scène les pires travers de ses personnages. Il y a ceux qui, par principe, votent « non », ceux qui parlent sans écouter, ceux qui se prennent pour d'éminents juristes, ceux qui ont des oursins dans les poches… Sans oublier ceux qui ne viennent pas, menaçant par leur absence la bonne tenue de l'assemblée. Jouées partout en France, ces saynètes ont pour inévitable résultat la difficulté à initier des travaux d'ampleur. Une faiblesse bien connue qui, à l'heure du besoin impérieux de rénovations ambitieuses, se transforme en un frein majeur à la décarbonation du parc immobilier. Alors que les bailleurs sociaux se sont lancés avec détermination, le logement collectif privé reste, quant à lui, à la peine. Le logement collectif privé reste à la peine alors que les bailleurs sociaux se sont lancés avec détermination Certaines entreprises s'organisent pour attaquer ce marché en puissance, convaincues qu'il finira bien par se dégripper. Mais quand ? Le calibrage de leur offre à cette clientèle si particulière est un prérequis. La montée en compétences des professionnels (syndics, architectes…) qui accompagnent les copropriétés au quotidien également. Parfaitement dans l'air du temps, un mouvement de simplification du droit serait lui aussi susceptible de faciliter les prises de décisions lors de ces fameuses AG. Toutes ces avancées paraissent à portée de main. Elles resteront cependant sans effet tant que chaque copropriétaire devra débourser 30 000, 50 000 ou 70 000 euros. Des montants faramineux pour beaucoup d'entre eux. Comme l'Etat a durablement rangé son chéquier, il convient de faire preuve d'une radicale inventivité. Jacques Baudrier, élu parisien et fin connaisseur du logement, imagine par exemple sanctuariser des ressources propres fléchées spécifiquement vers ces chantiers. Elles seraient ainsi tenues à distance des ponctions de Bercy. Et pourquoi pas ? La méthode a déjà fait ses preuves, puisqu'elle permet sur le long terme de financer le Grand Paris Express. La rénovation doit devenir un grand chantier français.

La revue Urbanisme HS #79 : No cultures, no futures
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Julien Meyrignac
Editeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISM
Description : Du 15 au 17 novembre 2023, la 44e Rencontre nationale des agences d’urbanisme s’est tenue à Clermont-Ferrand, sous la houlette de l’agence d’urbanisme Clermont Massif central (AUCM) et de la Fnau. Lancés autour de la thématique « No cultures, no futures – pas de réorientation écologique sans recomposition culturelle des territoires », les débats ont permis d’évoquer, durant ces trois jours, la manière dont la culture peut – doit ! – servir de vecteur et de levier à la transition écologique en cours. Mis à l’honneur, le territoire Clermontois a, quant à lui, pu dévoiler ses nombreux atouts lors des dix explorations menées aussi bien en centre-ville qu’autour de la métropole, que ce soit à Thiers, Lezoux, Vichy, Aubière, Châtel-Guyon, Saint-Beauzire ou Gerzat.

Architectures CREE #408 : Printemps 2024
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Karine Quédreux
Editeur : MEDIARECLAME PUBLISHING MEDIAREKLAM PUBLICHING
Description : Bien que la conjoncture ne soit pas des plus optimistes, partons du principe que le futur de nos villes trouvera une expression vertueuse et durable dans les grandes mutations de ce siècle. Après tout, n’avons-nous pas su, dans nos métropoles européennes, faire face à maintes agressions économiques, sanitaires ? Le dérèglement climatique est certes un défi herculéen, sachant que nous en sommes les principaux instigateurs au nom d’un système trop avide. Il va donc falloir trouver un nouvel équilibre et recalibrer nos exigences. Difficile pour le secteur bâtiment qui confirme une entrée en récession en matière d’activité avec une crise du logement neuf, un glissement progressif d’année en année du non-résidentiel neuf, et un sort en pointillé pour la rénovation au regard du devenir incertain de MaPrimeRénov’. Dans un contexte de transition environnementale, il faut rénover plutôt que construire, chacun le conçoit désormais, mais l’intelligence énergétique reste souveraine. L’accès au logement reste cependant une priorité incontournable, étant donné les inégalités sociales grandissantes, la difficulté d’accès au foncier, et l’ensemble des freins juridiques que l’on connaît. Ainsi sonne le retour des microarchitectures dans la conquête de l’outdoor (p. 88), pensé comme un levier de croissance mais aussi comme un outil de réflexion pour parer à l’indispensable. Cette modularité d’échelle de construction interroge notre façon de penser un habitat de qualité à des coûts abordables tout en interrogeant l’idée, semble-t-il dépassée, du « plus c’est grand, mieux c’est ». Faire un meilleur usage des mètres carrés, partager des espaces, repenser le bâtiment, répondre aux principaux enjeux mondiaux en matière de climat et de santé, telle est la démonstration opérée par le concept « Living Places » à Copenhague (p. 136). Ce nouveau paradigme de construction s’ajoute ainsi à toutes les initiatives de partage de connaissances menées à l’international pour identifier des solutions pertinentes et innovantes. Ces solutions permettront, en fin de compte, de relever les défis de décarbonation, de résilience et d’adaptation. Ainsi, un futur raisonné de nos villes et de nos territoires sera-t-il envisageable.

La Gazette des communes #2711 : La catographie des risques, un outil à apprivoiser
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Jean-Baptiste Forray
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : C'était, pour Emmanuel Macron, le meilleur vecteur d'écologie positive. Annoncé en fanfare à la rentrée dernière, le Pass rail se voulait particulièrement ambitieux. Pour 49 euros par mois, tout usager devait, à partir de cet été, pouvoir voyager partout sur le territoire et toute l'année dans les trains Intercités, TER et RER. Las, la belle promesse présidentielle s'est heurtée au mur des réalités. Faute de soutien suffisant de l'Etat, la région Ile-de-France a renoncé. Conscient que les pouvoirs publics n'étaient pas capables de répondre, en un temps réduit, au choc de la demande que n'aurait pas manqué de générer le Pass rail, le gouvernement a revu ses ambitions à la baisse. GUERRE INTESTINE. Le dispositif a été limité aux mois d'été et ouvert aux seuls jeunes de moins de 27 ans. Malgré ce canevas des plus modestes, le Pass rail a suscité l'une de ces guerres intestines dont les régions et l' exécutif ont le secret. Le nouveau ministre délégué aux Transports, Patrice Vergriete, a dû publiquement menacer de jeter l'éponge pour cette année afin d' obtenir l'assentiment des patrons récalcitrants de l' Auvergne - Rhône-Alpes, des Hauts-de-France et de la Normandie. L'accord a minima avec Laurent Wauquiez (LR), Xavier Bertrand (LR) et Hervé Morin (Les Centristes) sauve la face. Mais il en dit aussi long sur les ratés de la décentralisation à la française. L'accord a minima entre les présidents de région et le ministre des Transports sur le Pass rail en dit long sur les ratés de la décentralisation à la française. RESPONSABILITÉ DIFFUSE. La suppression de la clause générale de compétence des départements et des régions, à l'occasion de la réforme portée au milieu des années 2010 par François Hollande, n'a rien changé à l'affaire. En matière de transport, comme dans une multitude d'autres domaines, personne ne peut agir seul. Le millefeuille territorial accouche de compromis qui ne contentent personne. Pour redorer son blason, le service public doit reposer le principe de responsabilité. Puisse Eric Woerth le comprendre, lui qui remettra un rapport sur la décentralisation à Emmanuel Macron dans les prochaines semaines.

Le Moniteur #6295 : Rénovation, EnR, mobilités... Le BTP au coeur de la transition verte
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : La planification écologique, « ce n'est pas le Gosplan. » Et Antoine Pellion n'est pas Gleb Krijanovski, ce proche de Lénine qui pilota l'industrialisation à marche forcée de l'Union soviétique. Autre régime, autres latitudes, autre époque. Pour mener à bien sa révolution verte, l'homme à la tête du Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) ne parie pas sur des oukases, mais sur la coopération. Il ne se repose pas sur des soviets, mais s'appuie sur des COP régionales. Il ne prétend pas faire du passé table rase, mais entend partir des initiatives déjà en œuvre sur le terrain (lire p. 10). Transversale par nature, la planification écologique peut donner l'impression de toucher un peu à tout sans rien chambouler. Une machinerie administrative qui se contenterait de surplomber et d'analyser. Imaginer cela, c'est méconnaître la puissance de l'appareil de l'Etat. Surtout, c'est pour les acteurs de la construction et de l'aménagement faire fi d'un constat : les dossiers brassés par le SGPE sont avant tout les leurs. Les dossiers brassés par le Secrétariat général à la planification écologique sont avant tout les leurs Rénovation énergétique, déploiement des bornes électriques, préservation de la ressource en eau, développement des EnR… Sur tous ces sujets, il a fixé des objectifs ambitieux qu'il s'agit désormais d'atteindre. Cela implique des investissements et des travaux pour de nombreuses années. Un effort de visibilité salutaire pour le BTP, qui a suffisamment souffert - et souffre encore - du « stop-and-go ». Reste une inconnue : celle des moyens. A elle seule, l'adaptation du bâtiment au changement climatique coûtera plus de 5 milliards d'euros par an, selon l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE). Les prochains mois, marqués par la réduction des déficits publics, s'annoncent donc comme une heure de vérité. L'écologie survivra-t-elle aux coupes ? Certes, les masses budgétaires nécessaires ne proviendront pas toutes de l'Etat, ni même de la sphère publique dans son ensemble (nous ne sommes pas une république socialiste, vous l'aurez compris), mais l'impulsion gouvernementale demeure indépassable (nous ne sommes pas non plus une république fédérale). La transition écologique n'a peut-être pas besoin de Gosplan, elle exige sans nul doute un plan Marshall.

A Vivre HS #61 : La nature pour témoin
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Nathalie Degardin
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : Comme au cinéma Se lever le matin, prendre son café en savourant la quiétude de son jardin avant d'entamer sa journée. Ressentir, au fil des saisons, un rapport particulier au temps en suivant les floraisons, la variation des couleurs des feuillages. Apprécier la lumière naturelle et avoir accès au ciel par des puits de lumière orchestrés, des ouvertures et des baies vitrées, et se baigner dans l'horizon de sa piscine miroir...

Matières #21 : L'avenir, c'est l'existant
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Anne Démians
Editeur : CONSTRUIRACIER KONSTRUIRASI
Description : Anticiper. Ce n'est plus d'émancipation qu'il s'agit, mais bien d'anticipation. Et l'architecture aborde bien cette anticipation. L'émancipation des femmes, entrées en architecture pour y jouer les seconds rôles, s'est affranchie depuis peu des règles en vigueur pour y fabriquer un pouvoir précis et nouvellement investi : celui de l'anticipation.

La Gazette des communes #2710 : Quand on arrive en ville... par 50°C
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Jean-Baptiste Forray
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Pour les collectivités, c'est comme dans les films hollywoodiens. Elles ont droit, au gouvernement, à leur « bad cop » et à leur « good cop ». Dans le rôle du méchant, le maître de Bercy, Bruno Le Maire, remplit parfaitement son office. Il ne connaît pas grand-chose à la gestion locale. L'énarque du Quai d'Orsay ne s'est jamais abaissé à exercer un mandat communal ou départemental. L'ancien député de l'Eure s'est contenté de se faire élire dans une circonscription en or massif, à moins d'une heure de la capitale. Or, le ministre de l'Economie ne se prive pas de faire la leçon aux élus locaux. Il pointe du doigt leur goût inextinguible pour le millefeuille territorial. Il dénonce l'absentéisme de leurs agents. Autant de domaines qui ne relèvent pas de son portefeuille. La ministre chargée des Collectivités territoriales, Dominique Faure, qui n'a jamais été parlementaire ou dirigeante d'association d'élus, peine à exister. GOOD COP. Mais pas d'embrouille. La ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la ruralité, Dominique Faure, n'aime pas trop les bras de fer. Sa spécialité, c'est davantage la câlinothérapie. Un exercice dans lequel elle excelle, sillonnant les congrès d'édiles pour dire tout le bien qu'elle pense des fantassins de la République. La good cop promet un statut de l'élu renforcé. Elle est même pour le retour du cumul des mandats. Mais quelles sont ses vues profondes en matière de décentralisation ? Mystère. PEAU DE CHAGRIN. Le dossier a été confié à Eric Woerth et il est supervisé en direct par l'Elysée. La ministre déléguée, qui n'a jamais été parlementaire ou dirigeante d'association d'élus, n'a pas l'entregent de l'ancienne sénatrice et vice-présidente de l'AMF, Jacqueline Gourault, qui, ministre de plein exercice dans la dernière partie de la précédente mandature, avait la haute main sur les collectivités. Dominique Faure a pourtant moyen de se créer un pré carré. Ses ministres de tutelle, Gérald Darmanin et Christophe Béchu, ont déjà beaucoup à faire sur le front de la sécurité et de la transition écologique. A Dominique Faure, donc, de démontrer son utilité et de faire entendre sa voix dans les prochains mois. Les collectivités qui, faute, aujourd'hui, de soutien de poids, redoutent de subir une cure d'austérité sans précédent, lui en seraient grandement reconnaissantes.

Projet Paysage(s) #7 : Les maires et le paysages - Le poids des mots - Le sport & le paysage - Construire la ville sur la ville..
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Henri Bava
Editeur : LES EDITIONS DE BIONNAY LE EDISION BIONAI
Description : L’approche des Jeux Olympiques de Paris 2024 nous offre, au-delà de l’intérêt de cet évènement exceptionnel, une opportunité de se questionner sur la place du sport dans la cité : la réponse jusqu’ici traditionnelle consiste à lui attribuer des “zones” réservées, déployées avec parcimonie sous forme de complexes sportifs. Mais imaginer la place du sport, déployé et même “infusé” dans tout l’espace public, ouvre un champ exploratoire qui démultiplie les possibles. Mieux accueillir le sport dans la spatialité urbaine Les pratiques sportives et les activités physiques sont de plus en plus plébiscitées et cherchent à se glisser dans l’espace public ; parfois anticipées par les services des villes et les concepteurs, elles s’imposent le plus souvent à posteriori. Il faut alors leur trouver une place dans la complexité des usages de l’espace public, au sein de contextes urbains plus ou moins denses. Il me semble primordial d’intégrer les activités sportives le plus possible en amont des projets, au sein de la “spatialité” de l’espace public : c’est-à-dire non pas comme un territoire à part, enclos, mais comme une possibilité de revisiter l’espace public, afin de mieux de faire profiter les praticiens des sports des qualités spatiales des villes et de leur paysage. A l’air libre Il faut donc utiliser différemment l’espace public, le transformer, afin de lui permettre plus de flexibilité et d’accueillir de nouvelles pratiques dites actives. Ces “mobilités actives” à l’air libre, se développent particulièrement aujourd’hui après l’épisode douloureux de pandémie, et de son corollaire, le confinement. La quête d’une amélioration de la santé individuelle entraîne des engouements variés : nous voyons se conforter des pratiques comme la marche rapide, le jogging, le parcours sportif, le vélo électrique ou/et “musculaire”, les rollers, le skate, mais aussi les pratiques plus collectives de jeux de ballon, de ping-pong, d’exercices en groupe de santé, thai-chi et beaucoup d’autres activités ludiques de plein air non citées ou encore inconnues, qui vont apparaître dans les prochaines années, tant l’innovation est active en ce domaine. Réservons donc dans nos projets des tracés, des parcours, des surfaces pour démultiplier les raisons de profiter, activement ou non, des espaces publics créés. Configuration Ajouter de nouvelles pratiques sportives au sein d’espaces urbains constitués entraîne souvent une certaine animation, au pire une cacophonie. Elles peuvent se retrouver parfaitement intégrées au sein d’une conception d’ensemble, à la condition de l’avoir anticipée ; les paysagistes concepteurs sont aux avant-postes pour prendre en charge cette question. Dans ce second cas de figure, la “spatialité” de l’espace public a été prise en considération, et les activités sportives et ludiques de plein air se combinent parfaitement à la configuration, voire elles en révèlent les qualités spatiales ; telle linéarité, telle “clairière” entourée de plantations, tel enchaînement d’espaces à vocations diverses, tel promontoire sur un site magnifique. Les nouvelles configurations urbaines associent, pour le bien de tous, pratiques sportives avec les nouveaux objectifs en matière de ZAN, de biodiversité, de qualité de l’air, des sols, et de l’eau, d’îlots de fraîcheur. Cela forme un tout qui répond à la fois à des objectifs de qualité urbaine et de santé, objectifs qui, bien qu’ils semblent nouveaux, ont, dans l’histoire de l’urbanisme, régulièrement présidé au renouvellement urbain, comme celui de Paris et des grandes villes françaises.

D'Architectures #315 : Logements : espaces partagés, espaces fragiles
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Emmanuel Caille
Editeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURAL
Description : « Vivre-ensemble », mais à quel prix ? La crise du logement est sans cesse réduite à une question quantitative : trop peu nombreux, trop chers et trop petits. Pourtant, jamais il n’y a eu autant de logements aussi grands et par habitant. C’est le rapport que chacun entretient désormais avec l’espace qu’il habite qui a changé et qui rend obsolètes les critères trop exclusivement quantitatifs. Un logement était autrefois beaucoup plus partagé : on avait plus d’enfants, différentes générations vivaient sous un même toit et on le partageait souvent avec des personnes hors du cercle familial – apprentis, confrères ou employés. On vivait surtout dehors – et pas seulement à la campagne – parfois parce qu’il y faisait plus chaud que dedans et sans doute aussi pour échapper à la promiscuité. Dans l’espace public comme chez soi, on partageait. On pourrait dire que l’on n’était pas vraiment chez soi dans sa maison et que, dehors, on se sentait un peu chez soi ! L’habitat bourgeois a depuis circonscrit l’intimité domestique, refermant le logement sur la cellule familiale, au point que le terme cellule est devenu une synecdoque : on emploie ce terme pour parler d’un appartement. Tant qu’il y a assez de place pour tous, cette évolution sociologique n’engendre pas de crise. Mais lorsque l’offre ne répond plus à la demande, faut-il faciliter la fluidité résidentielle, construire toujours davantage ? Et si l’on commençait par mutualiser certains espaces exigeant moins d’intimité – jouer, travailler, laver son linge – ou un usage exceptionnel – faire la fête, accueillir des amis. Après Godin et son familistère, Le Corbusier avait eu l’idée d’un espace privé mais partagé par tous les habitants sur le toit des Unités d’habitation. Ces lieux mutualisés sont assez répandus dans les pays scandinaves, en Suisse ou en Espagne, mais pourquoi y en a-t-il si peu en France ? La majorité d’entre eux n’auraient pas fonctionné et ont fini par être abandonnés ou privatisés. Les Français, ces champions de la clôture de jardin infranchissable, incorrigibles individualistes, seraient-ils incapables de vivre sereinement ensemble ? Pourtant, des architectes persistent à proposer des lieux partagés dans les habitations collectives qu’ils conçoivent, une tendance que les promoteurs privés reprennent maintenant dans leur argument de vente. Les aspirations et les comportements des habitants auraient-ils changé ? Est-ce uniquement par nécessité face à l’exiguïté de leurs logements ou parce que les usages de ces espaces sont mieux encadrés ? Nous avons interrogé bailleurs et architectes sur la réussite ou l’échec de leurs expériences. Leur première leçon est qu’il ne suffit pas de créer un local commun et de penser qu’il fonctionnera tout seul. Sa conception, sa planification et son mode de fonctionnement doivent faire l’objet d’une étude préalable approfondie. Et sans gestion rigoureuse par les habitants ou un tiers, faire advenir ce « vivre-ensemble » – mantra auquel tout le monde aspire sans vouloir en payer le prix – restera un rêve d’architecte.

La Gazette des communes #2709 : Ces juristes territoriaux qui dépoussièrent leur métier
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Delphine Gerbeau
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Depuis fin février, la colère gronde dans les écoles et établissements scolaires de la Seine-Saint-Denis face au manque de moyens tant matériels qu'humains. L'abandon de la politique du « choc des savoirs » est dénoncé et l'obtention d'un « plan d'urgence » de 358 millions d'euros pour le département réclamée. Le 27 mars, c'était au tour des élus de l'intercommunalité dyonisienne Est ensemble d'alerter, de façon plus large, sur l'inaction de l'Etat en matière de services publics dans ce territoire, chiffres à l'appui. « Les agences Pôle emploi [aujourd'hui France Travail] sont confrontées à une surcharge de 250 demandeurs d'emploi suivis par conseiller, bien au-delà du maximum théorique de 150. On compte seulement 34 policiers pour 10 000 habitants contre 44 dans les Hauts-de-Seine », ont-ils déploré. DES INÉGALITÉS DE TRAITEMENT. Dans un rapport retentissant présenté en mai 2018, les députés François Cornut-Gentille (LR) et Rodrigue Kokouendo (LREM) avaient pourtant déjà alerté sur le manque cruel de moyens humains et financiers, ainsi que sur les inégalités de traitement, dans un territoire qui concentre les plus importants taux de criminalité, d'insécurité, de pauvreté et d'immigration irrégulière en France. Un plan de transformation du département a bien été mis en place en 2019 par le gouvernement, mais le « pognon de dingue » de la politique de la ville ne masque pas le fait que les politiques de droit commun y font encore et toujours défaut. Le « pognon de dingue » de la politique de la ville ne masque pas le fait que les politiques de droit commun y font encore et toujours défaut. UN FOSSÉ S'EST CREUSÉ. Si la situation de la Seine-Saint-Denis est paroxystique, le reste du territoire n'est pas en reste. Dans son rapport annuel consacré au dernier kilomètre de l'action publique, présenté en septembre dernier, le Conseil d'Etat constate également qu'« un fossé s'est creusé entre l'action publique et les usagers » (lire notre dossier p. 34-39). Alors que le gouvernement vient d'imposer une diète de 10 milliards d'euros pour cette année, touchant tous les secteurs, y compris l'Education nationale (- 691 millions), la police nationale (- 134 millions), l'emploi (- 1,1 milliard), on ne peut que douter d'une amélioration rapide de l'état des services publics en Seine-Saint-Denis et ailleurs. Il y a pourtant urgence...

Le Moniteur #6294 : Le bois français en quête de souveraineté
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Tous les coins de l'Hexagone ne vivent pas la crise du logement aussi durement. Certains tirent en effet leur épingle du jeu, par une demande toujours soutenue (et solvable) mais aussi grâce à des acteurs mobilisés (lire p. 10) . Ces dynamiques locales, mélange de bonne fortune et de volonté commune, devraient permettent aux « territoires engagés pour le logement » de booster leur production. Mais, pour 22 collectivités ciblées, combien restent dans l'expectative face à l'effondrement ? On rêve certes que la BCE agisse sur les taux, source majeure d'attentisme des ménages. On espère évidemment de l'Etat qu'il dope la production de logements, et pas seulement intermédiaires. Mais on est aussi en droit d'attendre des collectivités qu'elles embrassent le sujet. Certaines le font, en mobilisant entre autres leur bras armé dans le logement social. Mais ne soyons pas candides : une partie des élus détourne la tête quand un programme suscite l'ire des riverains. A leur décharge, ce sont les habitants d'aujourd'hui qui votent, pas ceux de demain… Il conviendrait d'actionner enfin les leviers susceptibles de redonner aux maires la fibre constructive. C'est pour cette exacte raison qu'une éventuelle territorialisation de la politique du logement doit être menée avec beaucoup de doigté. L'échelon local se révèle pertinent pour définir les besoins comme les objectifs de production. C'est au plus près du terrain que se dénichent, à l'heure du ZAN, les solutions de recyclage urbain ou de comblement de dents creuses. Mais rien ne dit que, dans les années 2020, ce soit dans le bureau du maire que se trouve forcément la volonté la plus farouche de bâtir. Faut-il, dès lors, que l'Etat reprenne partout la main, à l'instar de ce qui se passe dans certaines communes carencées ? Ce serait un constat d'échec. Il conviendrait plutôt d'actionner enfin les leviers susceptibles de redonner aux élus la fibre constructive. Cela passe par un soutien technique, financier et réglementaire indispensable pour mener des projets d'aménagement, devenus plus complexes que le simple lotissement d'un champ. Mais aussi, évidemment, par une fiscalité renouvelée qui incitera à nouveau la collectivité à accueillir de nouveaux habitants.

Séquences Bois #144 : Habiter ensemble
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Anne-Sophie Gouyen
Editeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURAL
Description : Vers un futur habitable ? Le logement est devenu un produit financier dont les données chiffrées nous feraient presque oublier la dimension humaine de la notion d’habiter. Notre existence est liée, non seulement au bâti que nous habitons, mais aussi aux relations sociales et aux souvenirs que nous tissons. Ainsi, « chaque fenêtre n’est pas simplement ornée de rideaux différents : elle est l’ouverture d’une famille sur le monde, et l’un des visages que prend cette famille pour le voisinage ».* Tous ces chiffres – loyers, surfaces, taux d’intérêts, nombres de mal-logés… - éclipsent aussi largement les changements sociétaux et écologiques : « les bouleversements tels que la fragmentation de la cellule familiale, la dématérialisation due aux nouvelles technologies, l’effacement des frontières entre vie privée et travail, l’évolution de notre rapport à la propriété, la mobilité excessive ont provoqué des mutations profondes dans nos modes de vie au sein de nos habitats ».** Il serait sain que chacun ait la volonté de les prendre en compte. Mais les idées de flexibilité, d’adaptabilité ou d’évolutivité mettent du temps à s’instaurer, avec pour cause, la frilosité de la majorité des acteurs du logement qui craignent de ne pas vendre ou sont, pour certains, trop confiants sur leurs supposées connaissances des attentes de la société. Les enquêtes de terrain pour obtenir des retours – ou des désirs – d’habitants, sont aussi rares que les habitats mal foutus qui ne permettent pas la beauté simple des situations de vie ordinaire***, se multiplient. Mais, confondre habitat et logement « c’est déjà tendre vers une société des experts, une organisation sociale basée sur la dépossession des uns aux profits des autres »**. Pour imaginer une nécessaire transformation de la culture d’habiter, il s’agit surtout d’opter pour une posture d’humilité et de se demander quelle légitimité a le concepteur pour proposer un design des modes de vie eux-mêmes, puisqu’« on habite aussi sans le vouloir, sans s’en rendre compte, maladroitement, ou avec douleur : on habite, après tout, comme on veut, mais aussi parfois comme on peut ou comme on est, voire parfois même malgré soi… ». Pour autant, il existe des pistes foisonnantes pour celles et ceux soucieux·ses de participer à la fabrique d’un habitat plus vertueux et solidaire. Si le désir de mutualiser est une première démarche écologique, il s’accompagne souvent d’une attention accrue aux modes constructifs choisis, où le bois et les bio et géo-sourcés peuvent prendre leur place, prédestinée. L’un des leviers semble être celui de s’abreuver d’exemples et de solutions construites. Ainsi, ce numéro invite tout un chacun à explorer à la fois des opérations réalisées, des désirs collectifs ou des idées individuelles, des alliances nouvelles entre concepteurs et habitants, afin de déconstruire les aspirations et représentations profondément enracinées, et permettre de penser, plus largement, des futurs habitables. * - Critique de l’habitabilité, Mathias Rollot, Editions Libre Solidaire ** - Proto-Habitat, Flavien Menu, Editions Spector Books *** - Propos issus d’échanges avec Yves Perret

La Maison écologique #140 : Je chauffe au soleil
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Virginie Jourdan
Editeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIK
Description : Alors que je suivais, via un réseau social, l’un des récits personnels et individuels de construction écologique auxquels je suis abonnée – récit montrant une expérience de bâti et de mode de vie économes en ressources comme en énergie –, une vidéo d’archives de l’Institut national de l’audiovisuel (Ina), est apparue sur mon fil. Intriguée par sa date, je l’ai visionnée. La vidéo de plus de 20 ans rapporte une partie du discours énoncé par Jacques Chirac devant l'assemblée plénière du IVe Sommet de la Terre le 2 septembre 2002 à Johannesburg, en Afrique du Sud. Sa substance en est limpide et dorénavant partagée par toutes et tous : « Le réchauffement climatique […] nous menace d’une tragédie planétaire. Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs. […] Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. » Entêtant, le propos a continué de résonner et la colère est peu à peu montée. Elle est apparue quand, début février, le gouvernement a annoncé la mise sur pause du très emblématique plan Ecophyto. Déjà malmené, voici qu’on anesthésie le seul outil qui vise à réduire de moitié l'utilisation des pesticides d'ici à 2030 et à accélérer la recherche d'alternatives aux « biocides » dont la nocivité n’est plus à démontrer sur la santé des agriculteurs, de leurs voisins, des consommateurs, des rivières, des nappes phréatiques, des sols, des cultures menées en agriculture biologique. La colère a grandi quand, le 18 février, le ministre de l’Économie a annoncé un rabot de 1 milliard d’euros sur les crédits alloués à MaPrimeRénov' après que cette dernière a, une nouvelle fois, été modifiée pour tenter de venir à bout des 5 millions de logements « passoires thermiques » que compte la France. Ou comment ajouter l’ombre de l’austérité à la sensation de chaos ! Elle s’est enfin renforcée quand, dans la même annonce, a été mentionnée la modification des règles de calcul du DPE* pour les logements de moins de 40 m2. Une mesure qui conduira sans nul doute à l’inaction. Pire, selon les termes d’Olivier Sidler, porte-parole de négaWatt et expert en conception énergétique, à « verdir » une partie du parc de logements sans modifier les dépenses des ménages ni réduire la précarité. Interrogé par Le Monde, ce spécialiste résume parfaitement la situation : « Le gouvernement s’apprête à changer le thermomètre, mais pas la fièvre ! » Sociale et environnementale, pas de doute : tout comme les raisons de la colère, la fièvre a indiscutablement de quoi être au plus haut. *Diagnostic de performance énergétique.

Le Moniteur #6293 : La décarbonation, moteur de la croissance de Spie
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Gaz russe, centrales à charbon et maintenant récession. Les Allemands paient cher leurs choix énergétiques passés. Ils se trouvent au-jourd'hui contraints de remettre à plat leur modèle et leurs réseaux, ce qui profite à des acteurs comme Spie (lire p. 12) . De ce côté-ci du Rhin, l'ambiance est tout autre : les mésaventures germaniques contribuent à conforter l'idylle retrouvée de la France et de l'atome. Décarbonée et pilotable, l'électricité nucléaire se voit élevée au rang de maillon essentiel de la transition énergétique. Elle se retrouve, par un facétieux retournement de l'histoire, ripolinée de vert. Avec trois paires d'EPR 2, et bien davantage dans les cartons, l'Hexagone mise très gros sur l'atome. Jancovici a gagné la bataille des idées. Reste à remporter celle du chantier (lire p. 18) . Les dernières expériences ont, il est vrai, de quoi rendre sourcilleux. A Olkiluoto (Finlande), Hinkley Point (Royaume-Uni) ou Flamanville, dans la Manche, les projets d'EPR ont tous accumulé leurs lots de retards et de surcoûts. Or, avec trois paires de réacteurs de deuxième génération annoncées - et bien davantage dans les cartons -, l'Hexagone mise très gros sur l'atome. Cette stratégie, si on en croit ses auteurs, n'a cependant rien d'un coup de poker. Il s'agit au contraire d'un plan parfaitement rationnel : finis les prototypes boiteux, place à la production en série. Les volumes offrent la standardisation qui, seule, peut garantir la qualité et les délais. En massifiant, la France entend donc maximiser ses chances de succès, même si, ce faisant, elle met beaucoup d'œufs dans un même panier. Restons humbles : comme nos cousins d'outre-Rhin avant nous, nous faisons un pari. Quelle qu'en soit l'issue, les entreprises de travaux et d'ingénierie susceptibles de se positionner sur ces marchés d'expertise se préparent à des années prometteuses, pour ne pas dire des décennies dorées. Toutes espèrent participer à cette aventure collective. Alors que les grands projets nationaux se font rares, construire les EPR 2 s'apparente à une épopée qui marquera à coup sûr une génération de bâtisseurs.

La Gazette des communes #2708 : Gestion déléguée : Comment garantir la qualité d'accueil en crèche
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Brigitte Menguy
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Il y a vingt ans, le législateur adoptait la loi encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les établissements scolaires. Si, à l'époque, certains commentateurs se réjouissaient de faire sortir la question religieuse de l'école de la République, d'autres craignaient, au contraire, une transformation profonde de la notion de la laïcité. Deux décennies plus tard, force est de constater que la loi de 2004 a constitué une rupture dans l'histoire de la laïcité à la française. En généralisant l'application d'une neutralité stricte aux usagers du service public de l'école, ce texte a ouvert une brèche, assignant à la laïcité un objectif de lutte contre les séparatismes, entériné quelques années plus tard par la loi du 24 août 2021 (*). PASSER PAR LA FENÊTRE. Dans son propre bilan dévoilé le 15 mars 2024, le gouvernement a fait état d'une augmentation des atteintes au principe de laïcité depuis la rentrée 2023, marquée par l'interdiction du port de l'abaya et du qamis en septembre, et l'attentat contre le professeur Dominique Bernard suivi des sanctions liées aux incidents durant les hommages aux deux professeurs, en octobre. Si l'objectif de la loi de 2004 était de fermer les portes de l'école républicaine à la question religieuse, il est indéniable que celle-ci a réussi à passer par la fenêtre. Si l'objectif de la loi de 2004 était de fermer les portes de l'école républicaine à la question religieuse, il est indéniable que celle-ci a réussi à passer par la fenêtre. EXCLUSION. Pire, en voulant exclure le cultuel des établissements scolaires publics, le législateur de 2004 a contraint les personnels éducatifs à procéder à une chasse aux sorcières arborant des vêtements suspects. Car rien n'est pire qu'un texte qui consiste à sanctionner le caractère ostentatoire d'un vêtement religieux : certains porteurs de bandanas ou de jupes trop longues se sont ainsi vus refuser l'accès aux grilles des écoles. Au point de stigmatiser ceux qui les revêtent, de les conduire parfois à renoncer à l'éducation au sein des écoles publiques, au mieux, au profit d'un enseignement privé cultuel, au pire, pour certains, à renoncer à l'éducation. Tout ce que l'école de la République est censée combattre.

Le Moniteur #6292 : L'immobilier logistique retrouve de l'entrain
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : « Raboter sur le vert, c'est ce qu'il ne faut plus faire. » La rime est facile. Mais si cette maxime doit marquer les esprits, c'est avant tout en raison de son auteur : Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes. L'homme à qui la fonction confère justement un rabot à chaque main. L'urgence environnementale bouscule vraiment toutes les évidences : l'orthodoxie budgétaire s'accorde désormais avec l'écologie. L'orthodoxie budgétaire s'accorde désormais avec l'écologie Les magistrats de la rue Cambon se sont en effet penchés, dans leur rapport annuel, sur l'adaptation au changement climatique. Ils ont amassé les données, sorti leurs calculettes sans parvenir à produire un chiffrage précis. Seules certitudes : le dérèglement climatique est définitivement enclenché, ses conséquences déjà perceptibles et les dépenses induites clairement pharaoniques. Les propriétaires s'inquiètent, les collectivités s'affolent, les assureurs se planquent. L'Etat doit réagir. Avec un autre mantra signé Pierre Moscovici : « La dépense publique doit passer d'une culture de la quantité à une culture de la qualité. » Cet appel à un travail de dentelle ne semble pas avoir pénétré la forteresse de Bercy. En sabrant dans MaPrimeRénov' et dans le Fonds vert, Bruno Le Maire a clairement indiqué que ses ciseaux étaient bien affûtés mais qu'ils n'avaient que faire, eux, de la couleur de la dépense. Daltoniens mais pas aveugles, ils ciblent tout ce qui leur permet d'atteindre les économies attendues. Serait-on passé à l'ère du « quoi qu'il en coupe » ? Ce serait bien évidemment désastreux. Aménager, construire, rénover… Les travaux indispensables à l'adaptation de notre cadre de vie s'annoncent certes coûteux, mais les repousser nous reviendra plus cher encore. Mettre la main à la poche en faveur des villes résilientes, des infrastructures vertes ou des bâtiments sobres ne peut attendre. Cela ne doit surtout pas dépendre de l'état conjoncturel des deniers publics ou du taux en vigueur à la BCE. Investir dans le vert, c'est ce qui est prioritaire.

La Gazette des communes #2707 : Acheteur public, un métier d'acrobate
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Brigitte Menguy
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : La commande publique peut-elle sauver le monde ? Les déclarations politiques doublées de récents textes réglementaires et législatifs amènent à le penser. Finie la matière juridique, faite uniquement de seuils et de règles procédurales, l'achat public est désormais, aussi, un outil de politique publique qui a réponse à tous les maux. La crise des agriculteurs ? L'achat public local. L'inégalité professionnelle entre les femmes et les hommes ? L'égaconditionnalité. Le réchauffement climatique ? La clause verte. L'insertion des personnes défavorisées ? Les marchés réservés. Erigés en bâtisseurs d'un monde meilleur, les acheteurs publics semblent détenir entre leurs mains une baguette magique appelée code de la commande publique. CUMUL IRRÉALISABLE. Mais à l'impossible, nul n'est tenu. Même doté de cette baguette magique, l'acheteur public peut difficilement concilier injonctions politiques et respect de règles de plus en plus complexes (lire notre dossier p. 38-43). L'achat public ne peut que rarement être à la fois économiquement performant, socialement pertinent, écologiquement efficace et conforme aux différents règlements. L'exemple de l'achat de denrées alimentaires pour la restauration scolaire parle de lui-même : proposer des repas bios et locaux a un coût financier plus important. Sans compter qu'il peut s'entendre comme la prise en compte d'un critère géographique dans l'attribution d'un marché public, ce qui est contraire aux traités de l'Union européenne. L'achat public ne peut que rarement être à la fois économiquement performant, socialement pertinent, écologiquement efficace et conforme aux différents règlements. CHEVILLE OUVRIÈRE. A défaut, donc, de sauver le monde, les acheteurs publics en sont une cheville ouvrière. L'achat des masques aux premières heures de l'épidémie de Covid, les marchés de travaux montés en urgence après les émeutes de l'été dernier... sont autant de preuves qu'ils savent jongler avec les dispositions du code de la commande publique et les désidératas politiques nationaux et locaux. Mais ce n'est pas sans rappeler que leur acrobatie n'est possible que lorsque les règles sont assouplies et les objectifs politiques priorisés. Simplification et priorisation sont ici, aussi, la formule magique d'une action publique efficace. A quand sa généralisation ?

Le Moniteur #6291 : L'IA fait irruption dans la conception
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Un mort et deux blessés graves. L'accident survenu la semaine passée sur le chantier du métro toulousain est dramatique à plus d'un titre. Pour les victimes, leurs familles et leurs proches, d'abord. Professionnelle ? Accidentelle ? Leur douleur n'a que faire des causes du décès. Pour les équipes de Bouygues TP, ensuite, affectées par une tragédie qui percute leur quotidien avec une violence inouïe. Pour tous ceux qui œuvrent en faveur de la sécurité, enfin. Car, si même chez Bouygues, on peut mourir sur un chantier, à quoi bon déployer des efforts de prévention ? La résignation doit rester la toute dernière des réactions. Le désengagement, la dernière des réponses. Tout relâchement serait coupable alors que la mort continue de rôder sur les chantiers. Tout relâchement serait coupable alors que la mort continue de rôder sur les chantiers Pire, les décès dans le BTP ont connu une recrudescence en 2022, souvent bien loin des grands projets en vue. Certes, les périodes de forte activité coïncident généralement avec des pics d'accidents, mais ce constat empirique ne peut en aucun cas se muer en fatalité. Au contraire, la sécurité ne devrait souffrir d'aucune régression. Formation, équipements, contrôles… Les leviers sont multiples et, pour la plupart, connus de longue date. Les entreprises de travaux, dans leur rôle d'employeurs, disposent des moyens d'action les plus directs. On ne renouera cependant avec le progrès que collectivement, avec en première ligne les maîtres d'ouvrage et d'œuvre. Les premiers ont vocation à relever le niveau d'exigence dès la commande afin de tirer le secteur vers le haut. Les seconds doivent intégrer cette préoccupation, tant au stade de la conception que de l'exécution. Le chantier est accidentogène par nature. À ce titre, il convient de poursuivre inlassablement l'amélioration du cadre de travail des compagnons, leur sensibilisation et celle de leurs encadrants. Mais l'acte de construire est aussi accidentogène par sa segmentation. La stricte répartition des rôles conduit parfois à la dispersion des responsabilités, la rigidité normative entraîne trop souvent une application bornée de la réglementation. Il est urgent que nous interrogions nombre d'habitudes et de certitudes : des vies en dépendent.

La revue Urbanisme #436 : Le monde a besoin des urbanistes
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Julien Meyrignac
Editeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISM
Description : Oh, Urbanie Je vous écris d’Urbanie, non pas le village polonais ou la commune italienne, mais de la république des urbanistes, ce territoire chahuté, dont les villes épiphanes¹ s’insèrent entre des forêts scientifiques inextricables et de grandes plaines juridiques arides. Urbanie est une terre de paradoxes nourris par les complexes de ses habitants, à moins que ce ne soit l’inverse. Existe-t-il une autre société que celle des urbanistes dont les membres ont consacré et continuent de consacrer autant de temps et d’énergie à seulement tenter de définir leurs frontières (champ d’activité) et leur constitution (la pratique) ? Un autre domaine qui compte plus d’une trentaine de partis (associations professionnelles) pour tout au plus vingt mille électeurs (actifs en poste) ? Existe-t-il une autre société qui s’est battue – jusqu’à l’obtenir – pour le droit du sol (reconnaissance d’un titre professionnel par un diplôme), mais dont la majorité des acteurs continue de défendre le droit du sang (reconnaissance confraternelle de la bonne pratique) ? Il faut dire qu’Urbanie est une terre accueillante qui s’offre à toutes celles et tous ceux qui nourrissent un simple intérêt à son égard, et même à l’immense communauté des urbains de la planète, désignés par principe citoyens d’honneur ès qualités « d’experts de leur quotidien ». Pourtant, dans d’autres pays, comme le royaume de l’ingénierie ou la principauté du droit, le simple fait de se documenter sur les réseaux sociaux pour répépier ensuite en libre exercice ne confère aucune légitimité à celui ou celle qui s’y prête ; pas plus que le seul motif de s’intéresser aux enjeux de santé publique et à la crise hospitalière ne suffit pour devenir médecin. Urbanie est une terre riche qui suscite de longue date la convoitise des pays voisins, et a subi de ce fait de nombreux putschs et même tentatives d’annexions. Personne n’a oublié l’invasion des hordes d’architectes affamés par la crise des années 1990, auxquels les urbanistes n’avaient opposé aucune résistance ; leur occupation fut éphémère, car la relance économique dans leur pays a entraîné leur repli rapide. Personne ne néglige non plus les subversives préparations de coups d’État orchestrées par les paysagistes, tentatives hégémoniques de faire de la république d’Urbanie un royaume en couronnant l’un des leurs. Mais les paysagistes, « combien de divisions ?² ». Aujourd’hui, la menace est pour l’essentiel intérieure, elle émane des sectes adeptes de l’ultracrépidarianisme³ dont l’agit-prop – essentiellement digitale – sape les fondements de la république, avec pour seul objectif d’exploiter la manne de l’essence d’Urbanie, par la vente de petites breloques littéraires ou d’onéreuses retraites, aujourd’hui appelées webinaires. Pour autant, Urbanie et les urbanistes n’entendent pas renoncer à leur tradition humaniste d’ouverture. Irréductiblement libre, ce si petit pays se nourrit depuis toujours des différences de ses habitants. Mais tous ont conscience que c’est à la condition de réguliers revigorements de leurs principes et permanentes remobilisations de leurs institutions. Ainsi, longtemps Urbanie prospérera. 1/Surnom de divers dieux grecs bienfaisants. 2/Comme l’a dit Staline, à Yalta, à propos du Vatican. 3/Comportement qui consiste à donner son avis sur des sujets à propos desquels on n’a pas de compétence crédible ou démontrée.

AMC #321 : LINK - GABRION - ITAR - MASQUESPACIO
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Olivier Namias
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Aux yeux du grand public, le métier d'architecte se résume à une alternative simple, définie par la ligne séparant le dedans du dehors : « Vous êtes architecte d'intérieur ou d'extérieur ? » Cette interrogation est aujourd'hui dépassée, alors que le terme remplace le plus techno « ingénieur » dans le langage courant. Les annonces d'emploi regorgent d'offres à l'attention d'architectes d'entreprise, d'architectes des réseaux ou d'architectes logiciel, un métier qui répond au code Rome M1805, surclassant le product owner et le data scientist sur le podium des professions IT les mieux payées. Sans parler de ce pâtissier autoproclamé « architecte du goût »… Tandis que l'architecte sans architecture prospère, l'architecte d'architecture, lui, se démultiplie. Dans le cadre de France 2030, une équipe du laboratoire de recherche LET-Lavue s'est penchée sur les pratiques atypiques(2). Ce phénomène identifié depuis plusieurs décennies constitue en 2023 un « fait majoritaire », avec plus de 53 % de non-inscrits à l'Ordre (lire p.10). « Le diplôme, et après ? », pouvait-on déjà lire dans l'étude dirigée par Raymonde Moulin en… 1973 !(2) Un demi-siècle plus tard, seuls 3 % des non-inscrits à l'Ordre se réorientent vers d'autres branches et quittent le monde de l'architecture. Les autres exercent des métiers en lien avec l'architecture sans tenir le crayon du maître d'œuvre. Pour les écoles, cette mutation suppose une remise en cause profonde, une adaptation des formations et des cursus. Pour la profession, elle impose une redéfinition de son identité. Le LET-Lavue a déterminé sept familles de métiers, réparties dans l'assistance à la maîtrise d'ouvrage, la médiation, la Moex… Entre elles, les intérêts divergent et les rapports ne sont pas toujours au beau fixe. Comment ces relations se règleront-elles ? Qui sera inscrit à l'Ordre ? Surtout, l'architecture et le territoire gagneront-ils à cet élargissement, à cette synergie d'intervenants rompus à la culture architecturale ? Le cercle des architectes a souvent déploré la méconnaissance de ses interlocuteurs en matière d'architecture. La parole de leurs pairs atypiques palliera-t-elle cette défaillance, et mènera-t-elle à davantage de compréhension entre la maîtrise d'œuvre et le grand public ? Typiques et atypiques, unissez-vous !

Les Cahiers de l'Institut d'Aménagement et d'Urbanisme d'Ile-de-France n° 159
Le paysage, du projet à la réalité

Périodiques
Année : 2011
Auteur : Jean-Paul Huchon
Editeur : INSTITUT D AMENAGEMENT ET D URBANISME IAU D ILE DE FRANCE INSTITU AMENAJEMAN URBANISM IO IL FRANS
Description : L’Île-de-France dispose d’un patrimoine bâti et paysager riche et de grande qualité, célébré dès le XIXe siècle par des peintres tels que Sisley, Renoir, Monet, Pissaro ou Van Gogh. Le paysage rural et urbain est ainsi une composante majeure de l’identité de notre région. Il constitue le cadre de notre vie quotidienne. Sa singularité est un facteur d’attractivité qui amène l’Île-de-France à jouer un rôle de premier plan dans le tourisme mondial. Le paysage, c’est ce que l’on voit, mais aussi ce que l’on perçoit… c’est « un état d’âme » comme l’écrivait Henri-Frédéric Amiel. Situé à la croisée des enjeux environnementaux, sociaux et économiques, il est un élément primordial de nos vies. Il se transforme au rythme des saisons, mais aussi des évolutions sociétales, techniques, urbaines, en fonction des formes urbaines choisies, des types d’infrastructures mises en œuvre, de la manière d’intégrer la végétation et la nature dans la réflexion globale des projets de territoire… Consciente des enjeux d’un paysage dont la valorisation favorise la croissance verte, les bienfaits sur la santé et de la nécessité de promouvoir des éléments naturels dans l’urbanisation des métropoles, dans un contexte de crises environnementale, énergétique, climatique ou économique récurrentes, la Région Île-de-France se mobilise : quartiers durables, biodiversité, trame verte et bleue, végétalisation renforcée de la ville, récupération des eaux pluviales… à l’instar du Conseil de l’Europe qui a mis en place la convention européenne du paysage en 2000. Cette mobilisation catalyse les nombreuses initiatives locales, les expérimentations citoyennes, les politiques publiques ambitieuses qui sont actuellement conduites sur le territoire régional pour améliorer les modes de vie, notamment des plus pauvres et des plus dépendants à leur environnement. Ce numéro des Cahiers aborde ces enjeux pour ouvrir la voie à une nouvelle manière de penser l’aménagement, plus compact, économe en ressources, en espace et en énergie, mais aussi plus respectueux du vivant, de l’humain et de la qualité de vie. À l’aube d’une nouvelle révision du projet de schéma directeur régional portée par le conseil régional, une place toute particulière devra être accordée au paysage. Je souhaite que ce numéro des Cahiers, le troisième que l’IAU Île-de-France consacre aux paysages, puisse éclairer les décisions techniques et politiques qui permettront de mettre en dialogue paysages naturels et paysages urbains, et d’aider à offrir aux Franciliens comme aux Européens un cadre de vie créateur de richesses, thème des 5 es assises européennes du paysage qui se tiennent à Strasbourg.

Exé #55 : Rénovation thermique
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Jordi Patillon
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : Nouvelle année, nouvelles perspectives, nouveaux projets... Mois toujours la volonté de mettre en avant dans ces pages la création architecturale de qualité, celle qui façonne, transforme et embellit nos espaces de vie du quotidien. Une école, des bureaux, une médiathèque, des logements... Ce numéro 55 offre encore un vaste spectre de programmes et de terrains de jeux pour les architectes de notre Hexagone. Cette revue s'ouvre le long des fronts de mer, avec des aménagements soumis à des enjeux aussi bien esthétiques que fonctionnels et durables. Souvent emblématiques, ces espaces publics stratégiques sont à la croisée de préoccupations contemporaines liées à l'identité urbaine, à la connectivité sociale, à la revitalisation ou encore à la préservation des paysages. Les projets qui y naissent ne peuvent s'émanciper de l'histoire même du site, d'une harmonie nécessaire entre l'ancien - voire parfois le patrimonial - et le contemporain. Une réécriture de la ville sur la ville, un délicat exercice de couches respectueux du souvenir collectif.

La Gazette des communes #2706 : Ville durable - Sauvons nos sols !
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Romain Mazon
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors le Visage pâle s'apercevra que l'argent ne se mange pas. Il y a cent cinquante ans, cette pensée attribuée à Sitting Bull, chef de la nation Sioux, devait faire sourire les colons venus d'Europe qui découvraient, eux, des terres et des ressources naturelles apparemment inépuisables et inexploitées. PROPHÉTIE RÉALISÉE. En ce début de XXIe siècle, on ne rit plus car l'aphorisme est devenu prophétie réalisée : la Révolution industrielle et le progrès « à l'occidentale » ont provoqué un dérèglement du climat qui fait dépérir les forêts, pollue l'eau et menace l'existence même d'un nombre considérable d'espèces animales et végétales. Jusqu'aux sols, que le modèle agro- industriel a à ce point épuisés, à coups de pesticides et d'engrais chimiques, qu'ils sont, dans de nombreuses campagnes, dépourvus de vivants et donc, en pratique, morts. De surcroît, notre modèle d'aménagement les a recouverts de parkings, routes, lotissements et immeubles. Nous prenons conscience du caractère délétère de nos usages des sols : notre modèle d'aménagement les a recouverts de parkings, routes, lotissements et immeubles. A l'instar des autres ressources naturelles, nous prenons peu à peu conscience de l'importance de ces terres, de leur rôle fondamental pour l'épanouissement du vivant et du caractère délétère de nos usages (lire notre dossier p. 32-37). Les adoptions à une large majorité des récentes lois « climat et résilience » et sur le ZAN prouvent que, sur le principe, il y a consensus. Mais, s'il y a loin de la coupe aux lèvres, il y a loin, aussi, des principes à la pratique. TRAGIQUE DÉMONSTRATION. La crise agricole en fait la tragique démonstration, avec des agriculteurs pris entre le marteau du dérèglement climatique, qui exige d'autres méthodes, et l'enclume des marchés, qui ne connaissent qu'une règle, celle des rendements et des profits, sans considération pour les écosystèmes. Il en va de même concernant les acteurs publics locaux, déstabilisés par les répercussions de l'objectif du zéro artificialisation nette sur le développement de leur territoire (lire p. 8-10). « La Terre n'appartient pas à l'homme, c'est l'homme qui appartient à la Terre », disait aussi Sitting Bull. Il s'agirait d'en tirer toutes les leçons.

Le Moniteur #6290 : Au village olympique, le BTP s'envole vers le futur
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Ce n'est pas encore l'heure des médailles, et pourtant… Les acteurs de la construction mobilisés sur les ouvrages olympiques méritent bien leurs lauriers. Sans eux, jamais le village des athlètes n'aurait pu être livré dans les temps. Ce fut tout à la fois une course contre la montre, un saut de haies et un marathon couru au rythme d'un sprint. Ce 29 février, l'heure était à la remise des clés. A quelques mois de l'événement mondial et à la date exacte fixée des années à l'avance, le comité d'organisation des Jeux a pris possession des lieux où seront hébergés les sportifs et sportives de tous les continents. Satisfecit général et fierté collective. Pour preuve, Emmanuel Macron lui-même a fait le déplacement en Seine-Saint-Denis. Avec un rappel opportun : « Ici, on a tenu les engagements du bâtiment de 2040. On a construit pour vivre sous le climat de 2050. » Ce nouveau quartier se présente en effet comme une fenêtre sur l'avenir. Bas carbone, bien sûr, mais aussi réversibilité, construction bois, accessibilité universelle… Pour atteindre ces objectifs ambitieux, la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solidéo) a misé sur une émulation collective et une coordination serrée. Son but : rendre possible ce qui, il y a quelques années encore, paraissait hors de portée. Objectif atteint ? La Solidéo a misé sur une émulation collective et une coordination serrée C'est tout l'objet de la première « enquête transitions » du « Moniteur », votre nouveau rendez-vous destiné à décrypter, avec clairvoyance, les mutations vers lesquelles se dirigent les acteurs de la construction. Cette semaine, nous avons donc entrepris d'arpenter le village olympique afin de mesurer la réalité de sa promesse d'avant-garde, mais aussi d'en tirer les leçons pour tous les autres projets d'aménagement, moins exposés médiatiquement mais tout aussi utiles pour leur territoire. Cela n'a pas tardé : lors de sa déambulation, le Président a émis le souhait de « déployer la méthode Solidéo » dans le cadre des 22 territoires engagés pour le logement que le gouvernement entend développer. Ce n'est pas encore l'heure des médailles, mais pour le BTP, c'est déjà l'heure du bilan.

Projet Paysage(s) #1 : Le palmarès du Paysage 2021 - Urbanisme et santé - Pour une transition écologique et solidaire
Périodiques
Année : 2021
Auteur : Henri Bava
Editeur : LES ED DE BIONNAY LE BIONAI
Description : Parce que nous sommes tous concernés par le tournant climatique, il ne faut plus perdre de temps pour entraîner, convaincre et agir. Anticiper les affres du changement climatique demande d'entreprendre une action d'urgence, lieu par lieu, pour transformer chacun d'eux en "machine climatique". Cela correspond déjà à l'action quotidienne trop peu connue des paysagistes concepteurs. Elle va dans le sens d'une écologie appliquée aux spécificités de nos territoires, une écologie sociale. Forts de la récente reconnaissance par l'État de la profession de paysagiste concepteur, nécessaire mais pas encore suffisante, il s'agit maintenant de faire-part chaque année, du très large champ de compétences de notre profession qui s'exerce à différentes échelles et configurations. Avec le soutien de toute la Fédération Française du Paysage, et en particulier de son Bureau toujours très pro-actif. J’ai souhaité créer un événement annuel montrant l'efficience de notre profession, prise au sens large, dans des domaines très divers : cela concerne toutes les pratiques, aussi bien des jeunes diplômés porteurs d'approches innovantes, des praticiens expérimentés en matière d'études et de planification territoriale, de réalisations à diverses échelles, du quartier à la métropole, d'actions de concertation et d'activation, ou encore de recherches imaginant de nouvelles stratégies d'intention. La complexité ainsi gérée par les paysagistes concepteurs et l'inscription de leurs projets dans le temps long, expliquent peut-être pourquoi la perception de leur action n'est pas aisée et demeure peu repérée. Il faut changer cet état de fait. Le Palmarès du Paysage en est un des outils. Chaque année, un panel d'actions phares menées par des paysagistes concepteurs, repérées par le jury du Palmarès du Paysage, sera dorénavant présenté sur le site internet de la FFP, et édité dans le nouveau magazine « Projet PAYSAGE(s) » grâce à l'étroite collaboration entre la FFP et les Editions de Bionnay. Le Palmarès du Paysage annuel, montrera, dès ce mois de mars 2021, et, bien sûr, chaque année suivante, cette inspirante diversité de situations et de pratiques associées, développées par notre profession. Cette attention au travail de chacun est indispensable pour mettre en lumière l'intensité de l'apport des paysagistes concepteurs, qui ancrent les nécessaires mesures éco-systémiques dans nos territoires urbains, ruraux et commerciaux ou industriels, afin de territorialiser la lutte climatique, la rendre ainsi plus spécifique, compatible avec le développement d'une économie locale: en un mot, territorialiser la lutte climatique, pour rendre ainsi sa réalité plus acceptable et appropriable par tous.

D'Architectures #314 : Village des athlètes : une ambition à l'épreuve du réel
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Emmanuel Caille
Editeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURAL
Description : Alors que personne ne propose de solutions crédibles pour sortir de la crise du logement – peut-être parce qu’à court terme il n’y en a pas et qu’à long terme il faut un sacré courage politique –, une petite ville de 52 hectares accueillant notamment 2 807 logements vient d’être livrée en Seine-Saint-Denis en « seulement » trois ans d’études puis trois ans de chantier. Quand on veut, on peut, serait-on tenté de conclure… Ce Village des athlètes, qui accueillera 14 500 sportifs pendant les Jeux olympiques avant d’être habilement transformé en logements, se voulait la vitrine des savoir-faire français, n’incarnant rien de moins que « l’urbanisme du XXI e siècle grâce à sa performance énergétique, sa neutralité carbone et une forte valorisation de la biodiversité ». Pendant qu’à Notre-Dame on nommait un général de corps d’armée pour mener le chantier à terme, le Village olympique se trouvait un amiral en la personne de l’académicien Dominique Perrault qui, en roi de la métaphore, proposait un urbanisme tout militaire avec de grands navires amarrés aux berges. Furent ensuite convoqués des urbanistes, des paysagistes et des architectes parmi les meilleurs de leur génération afin que ce plan d’une redoutable efficacité puisse répondre aux promesses d’un aménagement « désirable », « imaginé pour favoriser le “vivre-ensemble” et le développement d’une société inclusive 2 » (sic). On s’est vanté d’employer massivement du « béton bas carbone », cet oxymore, puissant agent du greenwashing ; tout devait être biosourcé, en bois et hautement recyclable, mais les promesses chiffrées annoncées lors du lancement de l’opération ont aujourd’hui disparu des sites promotionnels. Les délais, plutôt courts, et les objectifs mirobolants de neutralité carbone ont eu le mérite, une fois confrontés à la dure réalité des réglementations et du marché, de montrer à quel point la révolution du monde de la construction est encore loin de solutions à l’échelle des défis environnementaux. En attendant, on se réjouira d’innovations qui, à n’en pas douter, entreront dans les annales des Jeux, comme ce système de recyclage du caca dans les sous-sols d’un immeuble 3 ou ces « bulles d’air purifiées ». Il faudra cependant attendre le départ des athlètes et l’arrivée des habitants pour juger de l’aménité de cet imposant morceau de ville qui n’a rien d’un village gaulois.

La Gazette des communes #2705 : Disponibilité, détachement... et plus dur est le retour
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Delphine Gerbeau
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Machine arrière : après avoir trompetté, fin septembre, lors du congrès des maires ruraux, que la région Auvergne -Rhône-Alpes « sortait » du dispositif du zéro artificialisation nette (ZAN) - oubliant un peu vite que la loi votée par le Parlement s'impose à tous -, Laurent Wauquiez est revenu sur ce « coup politique ». Dans un courrier adressé aux maires de la région, daté du 19 février, il indique renoncer à ne pas appliquer le ZAN, au motif que (ce que même le plus novice des juristes en droit public aurait pu lui indiquer dès le départ) cela créerait un risque de contentieux sur toutes les décisions en matière d'urbanisme de la région, des communes et des intercos. La région était par ailleurs sous la menace d'une reprise en main par l'Etat du schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires, qui doit intégrer et territorialiser les objectifs du ZAN. SUR LE TERRAIN. Au-delà de ces gesticulations électoralistes, il faut cependant reconnaître que les enjeux de la transition écologique sont, ces derniers temps, mis sous le tapis par l'exécutif lui-même, comme le montre la mise à l'arrêt du plan Ecophyto pour répondre à la grogne des agriculteurs, ou les annulations de crédits de 2,2 milliards s'agissant du ministère de la Transition écologique. Au-delà des gesticulations électoralistes, il faut reconnaître que les enjeux de la transition écologique sont, ces derniers temps, mis sous le tapis par l'exécutif. Et sur le terrain, si les élus locaux sont globalement d'accord avec la nécessité de réduire la consommation foncière, ils s'arrachent les cheveux, qu'ils soient des villes ou des champs, pour mettre en œuvre concrètement cet objectif en le conciliant avec les besoins de développement de leur territoire, la consommation liée à des objectifs nationaux comme le développement du photovoltaïque ou les grands projets d'intérêt général, et les besoins de leurs habitants. SOUS CLOCHE. Trois ans après le vote de la loi « climat et résilience », les collectivités ont toujours la désagréable impression d'avoir été placées sous cloche. Faut-il encore légiférer, comme l'a évoqué le sénateur (LR) Jean- Baptiste Blanc lors du lancement de la mission de suivi de la mise en œuvre du ZAN, le 6 février, au risque d'aboutir à encore plus de complexité, voire d'incongruités ? Ne vaudrait-il pas mieux, cette fois, que l'Etat tienne bon, tout en mettant le paquet sur l'aide à l'ingénierie aux collectivités, l'accompagnement, la pédagogie et la souplesse ? La balle est dans son camp.

Le Moniteur #6289 : Près de Paris, un labyrinthe de 300 000 m3 à combler
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Préférence nationale, droit du sol… Le couple exécutif semble friand des manœuvres consistant à briser des tabous, à s'attaquer à des totems. La remise en cause soudaine de la loi SRU et du symbole des 25 % de logements sociaux fait partie de ces « coups » destinés à secouer le cocotier. Sauf qu'en voulant faire bouger les lignes, nos apprentis sorciers font surtout sauter des digues. Sans surprise, le génie est immédiatement sorti de sa bouteille. Depuis l'évocation par Gabriel Attal de l'intégration d'une partie de logement intermédiaire dans les fameux 25 %, on ne compte plus le nombre d'élus locaux notablement rétifs à la construction de HLM qui se sont engouffrés dans la brèche ouverte pour réclamer, à grands coups de tribunes médiatiques, conférences de presse et autres lettres ouvertes, une révision en profondeur de ce texte qui remonte à l'an 2000. C'est justement le logement social qui a besoin de toute urgence d'un choc de l'offre. S'il est sain d'interroger les règles en vigueur, s'il est légitime de pointer leurs difficultés d'application, il paraît en revanche bien risqué d'envisager le détricotage d'un mécanisme qui, bon an mal an, a permis l'édification de milliers de logements sociaux en France. A fortiori au moment où les organismes HLM croulent sous les demandes. C'est justement le logement social qui a besoin de toute urgence d'un choc de l'offre. Et, à rebours du discours gouvernemental, c'est plutôt un choc de la demande qui serait nécessaire dans le domaine de l'accession. Pour résumer : alors que les promoteurs cherchent des acquéreurs, les bailleurs sociaux ne savent plus où donner de la tête. Et que dire de la rénovation ? En coupant sauvagement dans le soutien public à ces travaux, Bercy cible le seul segment du bâtiment qui garde la tête hors de l'eau. L'inscription de la crise du logement dans l'agenda politique avait été bien accueillie par les professionnels. Les premières décisions, elles, manquent leur cible. Parce qu'elles ont des visées plus politiques que socio-économiques ? A trop chercher le contre-pied, on finit par faire des contresens.

A Vivre #134 : Nos espaces de vie
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Nathalie Degardin
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : "La maison devrait être coiffée au trésor de la vie". Cette réflexion attribuée au célèbre architecte français Le Corbusier a été de nombreuses fois citée dans cette période si proche et si lointaine des longs confinements de 2020. Elle remet au centre ce qui devrait caractériser notre lieu de vie : un espace repère, un écrin qui nous caractérise et dans lequel l'on se sent avant tout bien.

La Gazette des communes #2704 : Résidence autonomie, habitat inclusif - Quels logements pour le grand âge ?
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Hervé Jouanneau
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Retour surprise. Alors que les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur révélaient une progression des crimes, la secrétaire d’Etat Sabrina Agresti-­Roubache donnait le coup d’envoi d’un Beauvau de la prévention de la délinquance et d’une concertation avec les élus locaux, les professionnels et les associations. L’objectif, confié à « La Gazette » : aboutir à une nouvelle Stratégie nationale de prévention de la délinquance avant l’été. Répression L’annonce peut étonner : cela fait des années que les élus locaux n’entendent plus de parole publique, ni de discours fort sur la prévention de la délinquance. Depuis le retour du terrorisme en 2015, l’Etat a recruté massivement des policiers et réduit la politique de prévention au déploiement de la vidéoprotection et de la lutte contre la radicalisation. Indéniablement, le discours politique a été celui de la répression. Au détriment de l’action sociale et éducative prônée par les acteurs du secteur. Pourtant, leur intervention en amont n’a jamais été aussi indispensable pour prendre en charge les mineurs en souffrance, lutter contre les addictions, traiter les nuisances du quotidien, prévenir les violences intrafamiliales, accompagner les victimes… La prévention, nous disent-ils, est une autre façon de penser la sécurité, qui implique autant les travailleurs sociaux, les psychologues, les bailleurs, les transporteurs que la police. C’est l’outil partenarial essentiel pour éviter qu’un jeune en rupture ne bascule dans la primodélinquance et entre dans un parcours judiciaire. Main tendue Doit-on donc voir dans cette annonce le retour en grâce d’une politique souvent négligée ? Espérons-le. Mais, pour réussir, l’exécutif, souvent tenté de privilégier le bâton à la main tendue, devra montrer sa volonté politique. Surtout, il s’agira d’y mettre les moyens et de déplafonner un fonds interministériel de prévention de la délinquance qui, depuis des années, ne dépasse pas les 80 millions d’euros, contraignant les collectivités à financer le reste. Faire le pari de la prévention, c’est investir sur les générations à venir. Aussi faut-il mettre le paquet.

Le Moniteur #6288 : Le bitume ôté, la forêt en majesté
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Sophie d' Auzon
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Un chewing-gum, cinq ans. Un sac en plastique, quatre cents ans. Et une route ? Plutôt que de laisser la nature finir son œuvre et dégrader totalement le bitume qui ornait certaines anciennes voies traversant la forêt classée réserve naturelle de Neuhof-Illkirch, la municipalité de Strasbourg a fait appel à une entreprise de travaux publics pour rendre à l'humus plusieurs kilomètres de linéaires (lire p. 40) . Pas banal pour un constructeur de faire disparaître des ouvrages et de les remplacer par… rien. Mais tout autant que pour donner vie à une infrastructure, une telle mission requiert de déployer ingéniosité, adaptation au terrain et savoir-faire. Elle demande aussi une dose de modestie - et sans doute de maturité. Car effacer toute trace de la main de l'homme, et en constater les bienfaits sur la faune et la flore bien vite ragaillardies, c'est reconnaître en creux l'impact de nos ouvrages, aussi vertueusement conçus soient-ils. Pas banal pour une entreprise de TP de faire disparaître des ouvrages. Elle exige, enfin, de la mesure. Les concepteurs du projet n'ont pas oublié, au détour des sentiers, l'objectif d'accessibilité. La débi-tumisation a pour l'heure épargné certaines pistes, utiles à la circulation des cyclistes, le temps de trouver des itinéraires bis. Un équilibre entre divers impératifs auquel les acteurs de la construction sont bien habitués. De même que le meilleur achat est parfois celui qu'on ne fait pas, l'énergie la plus verte celle qu'on ne consomme pas, le retour à la nature, porté par une collectivité et un bâtisseur, méritait cette semaine un hommage. En toute humilité. Du latin « humilitas », lui-même dérivé de… « humus ».

La Gazette des communes #2703 : La gastronomie locale, ingrédient de choix de l'attractivité
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Delphine Gerbeau
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Lors du discours de politique générale de Gabriel Attal, le 30 janvier, une annonce parmi d'autres n'a peut-être pas éveillé l'attention du grand public. Elle a en revanche soulevé un tollé chez l'ensemble des professionnels du secteur. Afin de contribuer au « choc de l'offre de logement » et pour relancer la machine à construire, les logements intermédiaires seront inclus dans le quota de 25 % de logements sociaux prévu par l'article 55 de la loi « SRU » - une annonce qui devrait être concrétisée avant l'été. Au risque de réduire encore l'offre pour les ménages les plus défavorisés, alors que la demande de logement social a dépassé, en 2023, les 2,4 millions. RÉNOVATION URBAINE. Le Premier ministre oublie par ailleurs l'objectif premier de la loi « SRU », qui était de mieux répartir l'offre de logement social sur le territoire et, ainsi, de contribuer à la mixité sociale des habitants. Les 20 ans de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine, fêtés à Aubervilliers le 8 février, ont d'ailleurs été l'occasion de revenir sur la mixité, cet axe central du Programme national de rénovation urbaine, et d'en tirer un bilan mitigé. Mais, selon plusieurs intervenants lors de cette journée, ce n'est pas tant dans l'habitat qu'à l'école que la mixité a le plus fort impact. Une plus grande mixité sociale dans les écoles ne s'obtiendra pas avec des mesurettes, mais par un travail de longue haleine avec les collectivités. FACTEUR DE RÉUSSITE. Le mot « mixité » n'a pas non plus été prononcé par Gabriel Attal au sujet de l'Education nationale. Il a préféré brandir le port de l'uniforme comme outil pour restaurer l'égalité des conditions d'études des élèves. La publication par le ministère de l' Education nationale des indices de position sociale des établissements scolaires, en 2022, a pourtant fait l'effet d'une bombe, révélant des disparités sociales énormes entre établissements d'une même commune. Rétablir une plus grande mixité sociale dans les écoles, ce qui a été démontré par de nombreuses études comme étant facteur de réussite pour les élèves, ne se fera pas avec des mesurettes, mais par un travail de longue haleine avec les collectivités sur la carte scolaire, les options proposées, l'encadrement des élèves, la répartition de l'offre de logements. Un travail qu'un précédent ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye, avait entamé, et qu'il serait bon de remettre au-dessus de la pile des dossiers prioritaires.

Le Moniteur #6287 : A Rennes, les associations font maison commune
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Il en aura fallu, de la patience. Après de longues semaines de flottement, les interlocuteurs ministériels du BTP ont enfin été nommés, jeudi 8 février. Patrice Vergriete a cédé son portefeuille - état quasi neuf - du Logement à Guillaume Kasbarian et récupéré celui des Transports. Très attendus par les professionnels, tous deux doivent maintenant faire leurs preuves. Seule certitude : le premier, consensuel ancien président de l'Afit France, comme le second, auteur de la très clivante loi anti-squat, ne sont pas des novices en matière de construction et d'aménagement. Nos néoministres obtiendront-ils autant de résultats que le député impétueux et le maire énergique ? La preuve, à Dunkerque. La ville dont Patrice Vergriete a été le maire pendant une décennie, bénéficie à plein du mouvement de réindustrialisation, illustrée entre autres par l'arrivée de gigafactories. Une dynamique locale notamment portée par les « sites industriels clés en main » imaginés en 2019 par un parlementaire du nom de… Guillaume Kasbarian. Résultats de cette conjonction des bonnes volontés : sur l'emprise du port, 160 M€ seront injectés rien que cette année pour accueillir des projets de bâtiments et d'infrastructures. Nos néoministres obtiendront-ils autant de résultats que le député impétueux et le maire énergique ? Conserveront-ils « la niaque » revendiquée par Guillaume Kasbarian sitôt promu ? La machine administrative, on le sait, essore même les plus valeureux. Surtout, les arbitrages gouvernementaux sont souvent favorables aux tenants de la rigueur budgétaire. Or, la politique du logement a besoin de fonds publics pour répondre à la crise sociale. Et celle des transports nécessite des investissements lourds pour réussir la transition écologique. Sans moyens, toute ambition reste vaine. Reste une dernière inconnue : le fonctionnement de cet attelage détonnant. Car un travail en commun s'impose. Un temps évoquée, l'hypothèse d'un grand ministère unifié du Logement et des Transports ne s'est donc pas concrétisée. Au-delà du poids politique qu'aurait eu le titulaire d'un tel maroquin, cette solution aurait été de nature à améliorer la cohérence du cadre réglementaire pour les porteurs de projets dans lesquels l'habitat, l'énergie et les mobilités s'entremêlent de manière étroite. La preuve ? A Dunkerque.

AMC #320 : BARANI - CHRIST & GANTENBEIN - V2S / NAS - PERRAUDIN
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Olivier Namias
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Ensevelie sous des topiaires jaillissant d'une prairie pentue, une fenêtre coulissante peine à trouver sa place dans un environnement où la nature a, selon l'expression consacrée, « repris ses droits ». L'arrière-plan l'atteste : nous sommes bien dans une grande ville, et sur le toit d'un immeuble. Un sommet de greenwashing ou un aperçu de l'architecture de demain ? Si l'image en couverture de ce numéro donne un aperçu du futur de l'architecture, c'est moins par ce qu'elle montre que par la manière dont elle a été conçue. Produite par l'architecte Jean Jacques Balzac au terme de descriptions textuelles (prompts) et de sélections, elle a été modelée par une intelligence artificielle. Un outil apparu presque par surprise, tandis que les multivers et autres blockchains accaparaient notre attention. Flamboyante et soudaine, l'IA se montre beaucoup plus ludique que les piteux métavers et beaucoup moins laborieuse que les chaînes de blocs. Elle fait de l'ordinateur une machine pensante incitant chaque métier à se remettre en question. L'abolition de la frontière entre le vrai et le faux, préoccupante dans le domaine de l'information, ne concerne l'architecture que de façon marginale. Qui tromper en prétendant que Le Nôtre serait revenu planter la toiture d'un trophy asset du Triangle d'or parisien ? Qui, au XVIIIe siècle, croyait qu'existaient quelque part les prisons gravées par Piranèse ? Le foisonnement d'édifices étranges ou loufoques accompagnant le lancement de cette technologie indique que l'IA parle en premier lieu à l'imaginaire des architectes, agissant à la manière d'une lampe d'Aladin commandée par la souris. Au-delà du visuel, elle peut automatiser une série de tâches fastidieuses. Ira-t-elle jusqu'à remplacer l'architecte ? Deux batailles s'annoncent. La première est de bâtir des outils propres, pour préserver la conception architecturale d'intrusions venant de l'ingénierie et de l'industrie. Le second enjeu tient au machine learning. Les réponses générées par l'IA dépendant de ses connaissances, il s'agit de faire ce qui échappe encore à la majorité des humains : lui apprendre l'architecture ! Laquelle et pourquoi ? C'est là toute la question. « Le médium est le message » affirmait Marshall McLuhan. Et en tant que médium, l'IA impose autant un environnement et ses logiques - de travail, de réflexion -qu'elle trace des plans et des images. Le mage serviable ajoutera-t-il son nom à la liste des tyrans conceptuels, déjà nombreux ?

La Gazette des communes #2702 : Recrutement - Des équipes musclées pour des JO réussis
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Romain Mazon
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Cette fois sera-t-elle la bonne ? Gabriel Attal a annoncé, lors de son discours de politique générale, une loi de décentralisation « coconstruite avec les associations d'élus locaux pour fin 2024 ». « Pour chaque compétence, il doit y avoir un responsable et un financement dédié », a-t-il précisé devant le Sénat, le 31 janvier. Dire cela, et seulement cela, revient à expliquer que le rugby se joue avec un ballon ovale. Ce n'est pas faux, mais ça ne dit pas grand-chose de la richesse des possibilités ouvertes. Sans compter que défendre le triptyque « une compétence, un responsable, un financement » semble tout simple, mais c'est omettre que le terrain de jeu de la décentralisation est foisonnant et truffé d'ornières, légales et politiques. On souhaite bien du courage à Eric Woerth, chargé d'une mission sur le sujet pour, sur ces bases, trouver un consensus avec les joueurs de terrain que sont les élus locaux. LES MOYENS. Car ces derniers n'en sont pas à leur premier match. Ils en ont vécu des transferts de compétences mal conçus et souvent mal financés ! Dernier exemple en date : celui des digues, effectif depuis quinze jours (*). A tel point qu'on ne les y reprendra sans doute plus, malgré la conviction de beaucoup que les collectivités pourraient faire mieux que l'Etat. A condition que les finances suivent. Une exigence rappelée par Audrey Linkenheld, sénatrice (SER) du Nord, le 31 janvier, devant les élus d'Intercommunalités de France. Elle s'exprimait sur le projet de décentralisation du logement : « Je suis prudente car si cette décentralisation donne plus de compétences aux territoires, mais pas les moyens qui vont avec, alors ne décentralisons pas. » Les élus locaux n'en sont pas à leur premier match. Ils en ont vu des transferts de compétences mal conçus et souvent mal financés ! LES FONDAMENTAUX. Sans compter qu'insidieusement les fondamentaux de la décentralisation ont changé, ainsi que l'établit une étude du Réseau finances locales animé par les intercos. Analysant les ressorts des investissements des collectivités sur une période longue, Sacha Czertok, de la coopérative Acadie, interroge : « On peut se demander si la décentralisation, aujourd'hui, n'est pas : un territoire, des opérations sectorielles [impulsées par l'Etat, ndlr] et des dossiers de subvention [attribuées par l'Etat, ndlr]. » On est loin de l'article 72 de la Constitution.

Le Moniteur #6286 : Photovolaïque et assurance - ça flotte un peu !
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : En France, les agriculteurs en colère bénéficient d'un totem d'immunité, vis-à-vis du pouvoir politique, mais aussi de l'opinion publique, qui leur apporte un soutien indéfectible. Le peuple des villes et celui des champs partagent, dans une très large majorité, la conviction que le travailleur de la terre mérite une plus juste rémunération. Après tout, c'est bien lui qui, au terme d'un dur labeur, nous assure notre pain quotidien. Problème : la vérité des sondages n'est pas toujours celle des super marchés. Les mêmes qui soutiennent haut et fort la qualité du « made in France » arbitrent parfois, au rayon boucherie, en faveur de steaks meilleur marché venus du bout du monde. Le citoyen que nous sommes s'oppose alors au consommateur en nous. Comme il peut se trouver en porte-à-faux avec notre intérêt de contribuable lorsqu'il s'agit de financer les mesures de soutien. La lutte contre l'artificialisation des sols cherche aussi à maintenir le potentiel nourricier d'un foncier limité. Quid du professionnel du BTP ? Ne souffrirait-il pas, lui aussi, d'une telle dissonance cognitive vis-à-vis du monde paysan ? Eleveurs et cultivateurs se dressent certes contre la concurrence déloyale et le poids des normes, mais ils pointent aussi du doigt la dépossession de leurs terres au bénéfice de projets industriels, immobiliers ou d'infrastructures. Le maire, le promoteur ou l'entrepreneur ont tendance à l'oublier : la lutte contre l'artificialisation des sols ne vise pas uniquement à protéger l'eau et la biodiversité, elle cherche aussi à maintenir le potentiel nourricier d'un foncier limité. Le droit témoigne lui-même de notre schizophrénie. La juxtaposition de politiques publiques (agricole, environnementale, de l'urbanisme…) conduit à des injonctions contradictoires, génératrices de confusion. Définir l'intérêt général relève du casse-tête quand même nos petits intérêts personnels évoluent au gré des habits que nous endossons. Ces multiples facettes, nos personnalités en sont toutes faites. Ces incohérences, nous en sommes tous victimes. Même les agriculteurs ! Sur son tracteur, le paysan se bat pour sanctuariser ses parcelles. Devant le notaire, le propriétaire terrien cède volontiers à la tentation de la plus-value. Le peuple des champs et celui des villes partagent les mêmes contradictions.

La Gazette des communes #2701 : Ce que vous devez retenir de la loi de finances 2024
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Delphine Gerbeau
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Le 12 janvier, la toute nouvelle ministre de l'Education nationale, de la jeunesse et des sports, Amélie Oudéa-Castéra, dégoupillait deux grenades, celle de la guerre entre l'école publique et l'école privée, et celle du manque de mixité sociale - à laquelle l'un de ses prédécesseurs, Pap Ndiaye, a tenté de s'attaquer, signant avec l'enseignement catholique, en mai 2023, un protocole d'accord pour développer la diversité sociale dans les établissements privés. Tout ministre de l'Education nationale sait, en principe, à quel point le sujet de la place de l'enseignement privé est sensible depuis les grandes grèves de 1984 visant le projet de loi « Savary », qui devait réformer son financement public. PARITÉ (Renaissance), dont les premières conclusions ont été présentées le 18 janvier, pourrait remettre le feu aux poudres. Ils rappellent que, selon les articles L.442-5 et s. du code de l'éducation, l'Etat et les collectivités - pour la partie « bâtiments » - doivent financer à parité l'enseignement public et l'enseignement privé sous contrat. Mais il ressort de leurs analyses préliminaires que le montant total de la dépense publique dédiée aux établissements privés sous contrat est inconnu. Le ministère de l'Education nationale communique une somme correspondant aux rémunérations des enseignants versée par l'Etat, mais le financement apporté par les communes, départements et régions pour les écoles, collèges et lycées n'est pas évalué. Il ressort des premières conclusions du rapport que le montant total de la dépense publique dédiée aux établissements privés sous contrat est inconnu. ENCLAVES. Par ailleurs, le contrôle de l'utilisation des fonds est compliqué, les bilans comptables présentés aux chambres régionales des comptes étant en général sommaires. Impossible, par exemple, de vérifier le bon usage des forfaits communaux, exclusivement réservés aux dépenses de fonctionnement. Le montant total des subventions versées par les collectivités est tout sauf anodin. Si les collectivités ont développé des projets éducatifs locaux étoffés (lire notre dossier p. 30-35) et des partenariats avec tous les acteurs éducatifs, les écoles privées restent des enclaves dans la cour desquelles il leur est bien difficile de rentrer. La ministre aura-t-elle le courage d'ouvrir le dossier ?

Créer un verger de variétés fruitières régionales
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Espaces naturels régionaux Hauts-de-France
Editeur : REGION HAUTS DE FRANCE REJION O FRANS
Description : Comment devenir un établissement gardien de la biodiversité cultivée ? Ce guide propose des fiches techniques vous guideront, pas à pas, jusqu’à la création puis la gestion durable de votre verger. C’est l’occasion pour les élèves d’apprendre par l’observation et les investigations qui accompagnent la démarche scientifique, d’effectuer des suivis, d’observer les organismes vivants et de déguster le fruit de leur travail…

La Maison écologique #139 : La balle de riz pour isolation
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Virginie Jourdan
Editeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIK
Description : Pas de résignation ! Même si 2023 s’achève sur une COP 28 aussi décevante (l’appel à la sortie des énergies fossiles n’est toujours pas lancé) qu’encourageante (le texte final appelle toutefois à « transitionner en dehors des énergies fossiles », reconnaît « les responsabilités communes, mais différenciées » des États dans l’urgence actuelle et intègre « les capacités respectives de chacun » dans la lutte contre le changement climatique). Au sein de la rédaction du magazine LME, l’année 2024 sera à nouveau celle de l’optimisme et d’une vision pratique de la transition écologique de nos habitats vers la sobriété, l’autonomie et la résilience. Tel un chantier de rénovation performante s’appuyant sur l’existant pour aller encore plus loin dans la boucle vertueuse des économies d’énergie et de carbone ! Car cette année, nous voulons encore titiller le réflexe rénovation, toujours questionner la taille de nos habitations, sans cesse souligner l’intérêt de se regrouper pour créer une manière alternative d’habiter ou se loger. À peine sortis de nos échanges fructueux et fertiles pour mettre en œuvre ces récurrentes mais non moins excellentes résolutions, nous voilà déjà attelés à préparer les futurs contenus de votre bimestriel préféré pour vous livrer des enquêtes et reportages utiles aux changements de pratiques ou aux choix constructifs économes (à commencer pour ce numéro par la balle de riz (p. 14), à repérer un maximum de sources pertinentes pour analyser et apporter un regard critique sur les équipements et les techniques en évolution constante (pourquoi pas du bois de résineux dans votre poêle ? p. 22), à aller à la rencontre d’habitants et d’acteurs de l’écoconstruction inspirés et inspirants (un élu qui soutient les habitats légers p. 63, un atelier qui transforme des lattes de lit usagées en chaise design p. 70). Dès aujourd’hui et pour 2024, ce riche programme, n’attend plus que sa touche finale : la vôtre ! Pour qu’elle soit pleinement nourrissante, continuez de nous faire part de vos attentes et de vos interrogations sur les bons gestes, les techniques et les matériaux qui attisent votre curiosité. Car la plus porteuse de nos motivations, c’est vous !

Le Moniteur #6285 : La famille du logement lance l'appel de la dernière chance
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Bloquer les routes n'est pas dans leurs habitudes. Déverser des tonnes de lisier non plus. Les entrepreneurs, bailleurs, promoteurs ou encore architectes réunis au sein de « l'Alliance pour le logement » préfèrent, aux panneaux et aux fourches, les mots et des chiffres. Cependant, cette mobilisation unitaire témoigne elle aussi d'une filière à l'agonie. En parlant d'une seule voix, ces professionnels cherchent à interpeller l'exécutif pour qu'enfin, des réponses soient apportées à la crise du logement qui promet d'engloutir entreprises, emplois et savoir-faire. Plus qu'un coup de force, c'est donc un cri d'effroi, un cri d'alerte. Un cri de rage, aussi. Car cela fait des mois que tous les signaux sont passés au rouge, des années que les ministres successifs consultent, sans que cela n'aboutisse à des inflexions, bien au contraire. La politique du logement s'apparente aujourd'hui à un désert dans lequel s'égosillent des professionnels exsangues. La politique du logement s'apparente aujourd'hui à un désert dans lequel s'égosillent des professionnels exsangues Cet appel de la dernière chance sera-t-il entendu ? Rien n'est moins sûr. Il y a tout d'abord une question d'interlocuteur. L'absence, pendant de longues semaines, d'un membre du gouvernement chargé de cette question a rendu encore plus difficile tout échange avec l'Etat. Le Premier ministre ? On ignore totalement sa sensibilité au sujet mais il paraît clair que le réarmement du pays n'a pas prévu de passer par le logement. Reste, bien sûr, Emmanuel Macron. Hyper-Président, super-Premier ministre et omni-ministre, lui seul semble disposer des clefs pour débloquer la situation. Plus que personnel, le problème est éminemment politique. Car, bien avant les recentrages du PTZ et du Pinel qui frappent le parc privé, la RLS avait dès le premier quinquennat porté un coup très dur au logement social. Avec les résultats que l'on connaît. Amer, le président de la Fnaim estime que « le Président n'aime pas le logement ». A défaut d'amour, le secteur réclame juste des preuves d'amour. A cor et à cri.

La revue Urbanisme #435 : La clé des sols
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Julien Meyrignac
Editeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISM
Description : Selon la Genèse, le Créateur a puni Adam et Ève pour avoir goûté le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, en les renvoyant du jardin d’Éden et en leur imposant de cultiver la terre pour subsister. Leur fils Caïn, attelé à cette tâche, fut condamné pour avoir tué son frère (et souillé la terre de son sang) à ne plus pouvoir la cultiver, car son crime l’avait rendu infertile, et à devenir un vagabond. Un destin que Caïn refusa en créant la première ville qu’il nomma du nom de son fils Hénoch. La tradition judéo-chrétienne a inscrit culturellement les sols comme ressources et objets de malédiction, mais aussi facteur déterminant des regroupements humains, ce que semble confirmer – dans les grandes largeurs – l’archéologie : les premières villes ont été érigées dans des régions de sols fertiles, où l’activité agricole s’est développée au point de passer d’une économie de subsistance à une économie de production au service d’activités de commerce.

Sites & Monuments #228
Périodiques
Année : 2021
Auteur : Société pour la Protection des Paysages et de l'Esthétique de la France
Editeur : SITES MONUMENTS SIT MONUMAN
Description : Le quinquennat de notre Président de la République a été, dans le champ de nos statuts, celui des déconstructions, dans toute l’étendue des acceptions de ce terme. Dès février 2017 — nous ne prêtions alors guère attention à ces propos de campagne — Emmanuel Macron a déclaré qu’« Il n’y a pas de culture française » mais « une culture en France », celle-ci étant « diverse » ou, devant nos expatriés londoniens, n’avoir « jamais vu d’art français ». Quatre ans plus tard, en avril 2021, le Président déclara à New York que la France devait « déconstruire [sa] propre histoire », notamment coloniale. C’était évidemment faire allusion à Jacques Derrida (1930–2004), inventeur du mot et fondateur aux États-Unis d’une French Theory nous revenant tel un boomerang. Les fondements de la culture, de l’art et de l’histoire de France devaient trembler. Le climat ainsi créé permettait d’agencer l’Histoire et le patrimoine français dans un ordre plus conforme aux dogmes de notre époque, notamment en « restituant » certaines œuvres provenant d’Afrique — gommant ainsi tout un passé colonial — ou en reléguant certaines sculptures ou enseignes pour leur en substituer d’autres, dans un mécanisme inquiétant de soustraction mémorielle. Emmanuel Macron refuse en cela de prendre rang dans l’histoire de France par un processus classique de stratification, en bâtissant sur un édifice hérité de ses prédécesseurs, mais souhaite le « déconstruire » à l’aune de ses propres conceptions, comme Derrida entendait faire dire aux auteurs classiques ce qu’ils n’avaient pas écrit. Par définition, toute déconstruction est le processus inverse de la construction mais suppose un certain respect pour les matériaux désassemblés et un projet de construction nouvelle, visant à leur réemploi. Déconstruire n’est donc, en principe, pas tout à fait détruire.

Sites & Monuments #229
Périodiques
Année : 2022
Auteur : Société pour la Protection des Paysages et de l'Esthétique de la France
Editeur : SITES MONUMENTS SIT MONUMAN
Description : DE L’INTÉRÊT PUBLIC Notre dernier éditorial mettait en lumière la déconstruction théorique et normative à l’œuvre dans le domaine du patrimoine. Ce mouvement sans précédent de dérégulation est aujourd’hui assez logiquement prolongé par une banalisation de la notion d’« intérêt public » faite notamment au préjudice du patrimoine. La loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques retient précisément ce concept comme fondement des classements. Elle substitue ainsi l’idée d’« intérêt public » (voir actuel article L. 621-1 du Code du patrimoine) à celle d’« intérêt national » prévue par la loi de 1887 sur les monuments historiques. Cette nouvelle notion conférait une nature de servitude d’utilité publique au classement permettant de l’appliquer, au besoin d’office, aux propriétaires privés. Leur droit de propriété se trouvait ainsi limité au profit de la collectivité. Le concept d’intérêt public, proche de celui d’intérêt général, n’est évidemment pas propre au patrimoine et fonde toute l’action publique. Historiquement, il a pris des noms divers : celui de bien commun, de commun profit ou d’utilité commune. Cette idée permit notamment au monarque de légitimer et d’étendre un pouvoir normatif dont il était privé à l’époque féodale hors de son domaine. L’intérêt public (commun profit) a été, réciproquement, un critère de « constitutionnalité » de la loi du roi, contrôlée par des parlements s’opposant à sa toute-puissance. Ce concept a donc tout à la fois été un instrument de pouvoir et un critère de contrôle de l’absolutisme. C’est pourquoi la notion d’« intérêt public majeur », coiffant les autres intérêts publics, est préoccupante, notamment en matière de développement des ENR. Sites & Monuments avait rencontré ce concept en avril 2021 dans un arrêt du Conseil d’État relatif au parc éolien de la forêt de Lanouée (Morbihan), saignée pour l’occasion. La reconnaissance d’un tel intérêt permettait en effet de déroger à l’interdiction d’atteinte à la faune protégée, abondante à Lanouée où soixante types d’oiseaux avaient été répertoriés.

La Gazette des communes #2699 : Verdir sa flotte de véhicules, une course d'obstacles
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Romain Mazon
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Bien sûr, le gouvernement Attal va être complété et enrichi, et on ne doute pas qu'on nommera quelqu'un directement chargé de la Fonction publique, du Logement ou de la Politique de la ville. Mais le symbole est inquiétant s'agissant des priorités qu'Emmanuel Macron se donne pour cette nouvelle phase de son second quinquennat. Encore une fois, après 2017, personne pour la fonction publique, pourtant portée aux nues avec le confinement, mais exsangue. A l'heure où nous écrivons, Stanislas Guerini bataillerait pour rester au gouvernement, avec un titre de ministre de plein exercice. COHÉSION SOCIALE. On a beau dire, cette absence est lourde de sens, ce que n'ont pas manqué de relever les acteurs territoriaux, de la Fédération CGT des services publics aux administrateurs territoriaux, en passant par le groupe de réflexion trans - fonction publique, Le Sens du service public. De fait, que le gouvernement, employeur direct d'une bonne moitié des 5,5 millions d'agents publics, garant des services publics dont le chef de l'Etat a souligné le rôle fondamental pour la cohésion sociale - et qui, en passant, produisent 20 % de la richesse du pays (*) -, décide de se dispenser, en première intention, d'un ministre dédié laisse pantois. Les transports, la politique de la ville et le logement auraient pu rejoindre un grand pôle dédié aux territoires et au climat. DÉSAMOUR. Cette mise à distance, pour ne pas dire ce désamour, ne concerne pas que la fonction publique et les services publics. Elle touche aussi d'autres secteurs dans lesquels les collectivités tiennent une place prépondérante : les transports, la politique de la ville et le logement. Elisabeth Borne avait d'ailleurs bien identifié la grave crise que connaît ce dernier, qui affecte des millions de ménages, tant pour ce qui relève de la production de logements (qui s'écroule) qu'en termes de contribution à la lutte contre le dérèglement climatique, qui ne décolle pas. Autant de sujets qui auraient parfaitement pu rejoindre un grand pôle dédié aux territoires et au climat. Sauf que le ministère de Christophe Béchu est relégué en fin de liste et que la transition énergétique passe sous la coupe de Bercy... En s'appuyant aussi peu sur les collectivités locales, le président de la République affirme, une nouvelle fois, son peu de goût pour la décentralisation. C'est, au moins, une constante.

La Gazette des communes #2700 : Management - Retrouvons la force du collectif !
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Brigitte Menguy
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Inutiles, en surnombre, inapplicables... les normes se sont à nouveau fait taper dessus par le haut sommet de l'Etat, lors de la conférence de presse d'Emmanuel Macron le 16 janvier. « Nous mettrons fin aux normes inutiles », a promis le locataire de l'Elysée, renouant avec la tradition présidentielle selon laquelle les normes « brident l'activité du pays et renchérissent les dépenses publiques ». Le chef de l'Etat estime qu'il y aurait donc encore « trop de complexités qui découragent les entrepreneurs, les industriels, les commerçants, les agriculteurs, les artisans, les maires ». Même l'actuelle contestation paysanne trouve son ancrage dans la multiplication des normes environnementales jugées excessives. L'idée n'est pas nouvelle, mais mérite d'être rappelée : aux particularités des territoires, une norme adaptée devrait pouvoir être opposée. LOIS D'ÉMOTION. Pour répondre à la colère des agriculteurs, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire (depuis sept ans aux manettes de Bercy...), en visite auprès des vignerons de la Marne, a appelé à « simplifier les normes existantes. Simplifier la vie des gens. Arrêter d'emmerder les gens, qu'ils soient viticulteurs, agriculteurs ou simples citoyens ». Le ton est donné : le gouvernement réglera les crises actuelles et futures par la suppression des normes. Vraiment ? Force est de constater que, ces dernières années, le réflexe des hommes politiques en responsabilité, tous bords politiques confondus, est davantage de produire des lois d'émotion que d'en éliminer. ADAPTATION. Alors, que faire ? La norme est certes trop bavarde - pour reprendre une formule célèbre -, mais son uniformité pèche surtout par son inadaptation aux situations locales. Gilles Carrez, nouveau président du Conseil national d'évaluation des normes, soutient qu'« il faut donner au préfet des pouvoirs d'adaptation et de dérogation plus importants » (lire p. 48-49). L'idée n'est pas nouvelle, mais elle mérite d'être rappelée : aux particularités des territoires, une norme adaptée devrait pouvoir être opposée. Adapter plutôt que supprimer, n'est-ce pas l'avenir des normes ?

Projet Paysage(s) #6 : L'eau dans tous ses états / Les 30 ans de la loi Paysage...
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Henri Bava
Editeur : LES ED DE BIONNAY LE BIONAI
Description : Relever le défi de l'urgence climatique En cette année 2023, l'anniversaire de la Loi Paysage et de la création de l'association des paysagistes conseils de l'Etat, représente une double opportunité : Tout d'abord, celle de célébrer le chemin parcouru, ensemble, en termes d'organisation, de législation, de cohérence, en matière de prise en compte du paysage, et du devenir des sites. En matière d'une maturation de la profession de paysagistes concepteurs, aussi bien dans leur pratique que dans leurs missions de conseil des services de l'Etat.

A Vivre HS #60 : 1001 solutions d'architectes
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Jordi Patillon
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : Mais y a-t-il vraiment ces "1001 solutions d'architectes" si fièrement annoncées en couverture de ce numéro hors-série exceptionnel de début d'année? Si la promesse semble ambitieuse, il y a finalement fort à parier qu'il y en ait en réalité... bien plus !

Architectures CREE #407 : Dossier Façades
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Karine Quédreux
Editeur : MEDIARECLAME PUBLISHING MEDIAREKLAM PUBLICHING
Description : Immuable, le rituel de la « machine à café » revient sur le devant de la scène pendant que l’univers du bureau fait sa révolution. Probablement une façon de rattraper le lien social qui désunit les collaborateurs sur le temps du télétravail. Condition d’ailleurs très inégale puisque seuls 55 % des salariés y ont accès en France. Dans ce nouveau schéma « économique », faut-il le préciser, le flex-office s’illustre par la mise en place d’environnements dynamiques, propices à générer de la rencontre et de l’échange. Mais à considérer les efforts entrepris, le modèle hybride doit encore faire ses preuves s’il veut convaincre ! La qualité des espaces comme levier de fidélisation et d’attraction des talents s’invite de fait dans les débats. Dans notre dossier Tertiaire Bureaux (p. 112), les solutions architecturales évoquées sonnent comme des pistes qui font sens. Car s’il s’agit bien de redonner l’envie de retourner au bureau, leur préséance vaut d’y associer le cercle vertueux d’une démarche environnementale globale qui nous préoccupe tous. De toute évidence, le « Faire mieux qu’à la maison » invoque en ce sens l’urgence de « Faire de l’entreprise un lieu plus désirable » ! Et pendant ce temps, la COP28 tergiverse pour finalement se satisfaire « d’une transition hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques » mais sans préciser la moindre échéance. Si l’ambition demeure, d’aucuns en regretteront le manque de cap, chaque pays pouvant continuer à servir sa cause... Dans cet accouchement climatique difficile - sachant qu’à fin 2023, nous aurons déjà atteint + 1,43°C pour un objectif de neutralité carbone fixé à + 1,5°C à l’horizon 2050 - les efforts auront-ils été vains ? Tournons-nous donc vers la nouvelle génération d’architectes pour nous réchauffer le cœur ! Talentueux et bons élèves, qui se sont jetés avec conviction dans la bataille de la durabilité. Sans autre choix certes, compte-tenu de la réglementation, mais l’exemplarité de leurs réalisations et de leurs réflexions exprimées dans notre dossier Façade (p. 64) rend le challenge passionnant dans la technique et la créativité. Le virage entrepris est ni plus ni moins celui d’une régénération de l’architecture pour construire un monde meilleur. C’est ici l’occasion inespérée pour nous tous de prendre du recul quant à notre situation, celle de l’avenir de l’architecture mais aussi celle, plus générale, de notre humanité : cassons les codes du moins-disant, abandonnons notre individualisme forcené pour anticiper le futur des nouvelles générations. En bref, donnons du sens et de la valeur à nos entreprises. Regardons enfin avec fierté le travail accompli par ceux qui nous ouvrent la voie. Excellente Année 2024 à tous !

La Gazette des communes #2698 : Intelligence artificielle : Ces collectivités qui prennent le train de l'IA
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Delphine Gerbeau
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : A qui la faute ? En deux mois, le Pas-de-Calais a été touché par des inondations d'une ampleur inédite, liées à des précipitations d'un niveau lui aussi inédit depuis les années 60. Les habitants de certaines communes ont dû faire face à deux reprises à la dévastation de leur habitation, n'ayant jamais été confrontés auparavant à de telles montées du fleuve côtier Aa. Face à la colère qui enfle, les élus locaux sont en première ligne, et tous se renvoient la balle. DOSSIER COMPLEXE. Alors, à qui la faute ? A l'Etat, qui tarde à réagir et empêcherait, par son obsession des procédures, le bon entretien et le curage des canaux, comme l'a soutenu le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand ? Aux associations de riverains chargées de l'entretien des wateringues, ces zones terrestres de polders situées sous le niveau de la mer ? Aux communes, qui auraient délivré trop de permis de construire et ainsi contribué à l'artificialisation et à l'imperméabilisation des sols ? Il est de la responsabilité de tous, élus locaux et représentants de l'Etat, de se mettre autour de la table et trouver des solutions adaptées aux spécificités locales. La gestion des eaux est un dossier d'une grande complexité, les multiples débats autour de la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (Gemapi), introduite par la loi « Maptam » de 2014, en témoignent. Les inondations du Pas-de-Calais ne peuvent se réduire à un seul facteur d'explication. OPPOSITIONS SIMPLISTES. Il est de la responsabilité de tous, élus locaux et représentants de l'Etat, de sortir de ces oppositions simplistes pour se mettre autour de la table et trouver des solutions adaptées aux spécificités locales, une posture qui devrait maintenant s'imposer sur de multiples dossiers, tel le zéro artificialisation nette. Ou le transfert de la gestion des digues de l'Etat aux collectivités exerçant la compétence Gemapi, qui doit être bouclé pour le 27 janvier mais qui, il y a encore quelques semaines, semblait patiner. Après avoir sous-entretenu ces ouvrages de protection, l'Etat sous-finance ce transfert de gestion, renvoyant à la taxe Gemapi le soin de financer les travaux de maintenance. Alors que ce type de catastrophe devrait se produire de plus en plus fréquemment sous l'influence du changement climatique, la politique de la patate chaude n'est plus tenable.

Le Moniteur #6282 : Le jumeau numérique, bien plus qu'un double
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Alors qu'il s'est installé dans le monde de l'industrie, le jumeau numérique émerge tout doucement dans celui du BTP. La raison de cette prudence tient moins à un conservatisme présumé des acteurs du secteur qu'à la caractéristique qui distingue l'usine du chantier : on fabrique en série mais on construit sur mesure. Or, la singularité de chaque projet accroît considérablement l'effort que représente la génération de son double. Accoucher d'un enfant représente déjà une épreuve, alors des jumeaux… Sauf que, justement, ces jumeaux n'en sont pas vraiment. D'un côté se tient l'objet physique : bâtiment, ouvrage d'art, réseau… De l'autre, sa réplique virtuelle dotée de toutes les données qu'il est possible de lui injecter. Ou plutôt : de celles qu'il se révèle pertinent de lui injecter. La technologie du jumeau numérique doit savoir s'adapter au projet plutôt que l'inverse Les oubliettes du progrès sont remplies d'innovations prometteuses. Sans gains notables pour l'utilisateur, une prouesse technique, aussi épatante soit-elle, en restera à l'état de démonstrateur. La vraie rupture, elle, n'intervient que lorsque les acteurs ont un intérêt évident à franchir le pas. Ce moment est-il venu ? Sans surprise, c'est l'énergie qui provoque encore le déclic. Alors que la performance thermique des ouvrages est devenue un objectif impérieux, les possibilités de calculs offertes par les jumeaux numériques - démultipliées par les promesses de l'intelligence artificielle - deviennent chaque jour plus précieuses, de la conception jusqu'à l'exploitation. Pas étonnant, dans ces conditions, qu'un réseau de chaleur extrêmement innovant bénéficie d'un double digital avant même les premiers coups de pioche. Les enjeux énergétiques, mais aussi climatiques, devraient donc stimuler la transition. D'autant plus que la technologie mûrit. Elle doit à l'avenir garantir l'interopérabilité entre des données éparses afin d'en décupler les potentialités. Elle devra aussi savoir s'adapter au réel plutôt que l'inverse : ce n'est plus aux concepteurs de faire rentrer au chausse-pied leur projet dans les contraintes du logiciel. Les capacités actuelles permettent de dupliquer tous les ouvrages, et même des villes, des territoires. Profitable, pratique et prometteur : la famille du BTP se tient prête à accueillir le petit dernier.

Le Moniteur #6283 : High Speed 2 - Un grand chantier anglais à l'accent français
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : A peine un mot devient-il tendance qu'il se trouve galvaudé. En 2024, tout le monde ou presque se pique de « sobriété ». Pour tout, et parfois pour n'importe quoi. Même Gabriel Attal, la semaine passée, n'a pas pu s'empêcher de recourir à ce vocable pour résumer la composition resserrée de son équipe gouvernementale. De fait, avec seulement 11 ministres de plein exercice, le casting se révèle bien plus sélectif que par le passé. Avec, à la clé, des super-ministres aux portefeuilles bien garnis. Trop ? Les acteurs du logement s'étranglent ainsi de voir une nouvelle fois s'envoler l'espoir d'une tutelle autonome. A commencer par Emmanuelle Cosse, présidente de l'USH et dernière à bénéficier d'une telle position. C'était en 2017. Les acteurs du logement s'étranglent de voir une nouvelle fois s'envoler l'espoir d'une tutelle autonome Cette relégation est aujourd'hui ressentie de manière d'autant plus cruelle que les professionnels du secteur, et les habitants du pays avec eux, s'enfoncent dans le marasme face à l'indifférence apparente des pouvoirs publics. Le logement et les transports restent donc dans le périmètre de Christophe Béchu. En revanche, l'énergie lui échappe. C'est Bruno Le Maire qui absorbe l'éphémère ministère de la Transition énergétique. Avec un risque : celui de l'industrialo-centrisme propre à la culture de Bercy. Or, il ne faudrait surtout pas résumer le défi énergétique à la relance du nucléaire. L'impérieux développement des renouvelables, fortement lié aux acteurs de la construction et de l'aménagement, ne doit pas passer par pertes et profits. Pas plus que le défi de la… sobriété. Enfin, l'arrivée de Rachida Dati à la Culture a provoqué - à dessein - un effet de sidération. Et une certaine circonspection. Car, s'il est difficile de douter du talent de la nouvelle locataire de la rue de Valois à livrer bataille, on ignore encore si l'architecture fera partie de ses combats. Quel regard porte-t-elle sur la création contemporaine ? Personne ne le sait. Poursuivra-t-elle l'effort financier pour redonner aux Ensa les moyens nécessaires ? Aucune idée. Ecartelé, invisibilisé, mésestimé… Le BTP attend toujours des raisons de se réjouir.

AMC #319 : 2023 Architecture en France
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Olivier Namias
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Alors qu'elle fête sa 41e édition, que dit l'Equerre d'argent de notre époque ? Dans cette phase de transitions multiples, elle entend montrer que l'architecture n'est pas un art d'exception. A la façon de la « démocratie des images » de Walker Evans, accordant par la photographie une valeur à tous les sujets, la centaine de projets de ce numéro instaure une « démocratie de l’architecture ». Dans son utopie, elle ne prétend plus résoudre tous les problèmes mais se doit de faire partie de la solution. L'un des premiers enjeux touche au territoire, qui ne se cantonne plus aux métropoles, mais implique de petites communes loin de tous les réseaux d'échanges, telles que la Selle-Craonnaise (groupe scolaire, Huitorel & Morais arch., prix de la Première Œuvre). Ou ces territoires mieux connectés au sein desquels l'architecture semble superflue, ces zones d'activité de Pierrelatte, Miserey, Louviers, que les agences EGR, Concorde et LG-A ont cherché à tirer du néant auquel les vouaient les PLU et la négligence. Dans les villes en difficulté, en prolongement parfois de programmes de l'Etat, l'architecture sert de catalyseur au changement, recrée des lieux de vie (marché de Saint-Dizier, Studiolada arch.). Aux maîtrises d'ouvrage aguerries, dont l'engagement doit être reconnu, se mêlent d'autres, moins expérimentées mais audacieuses. Sur le plan constructif se côtoient techniques marginales et solutions témoignant d'un goût pour l'assemblage dans l'optique bas carbone (centre de soins à Meulan-en-Yvelines, Tolila + Gilliland, prix Activités). Au-delà des labels, ces projets créent un environnement vivable - la véritable mission de l'architecture. Ils développent une innovation hors-tech propre à la discipline, basée sur des principes simples, quitte à s'aventurer hors des sentiers réglementaires, en bonne intelligence avec les pouvoirs publics (32 logements à Bordeaux, A6A, prix Habitat). Ces architectures coproduites deviennent des lieux du lien. Enfin, le palmarès compte trois réhabilitations, à Reims (Osty et Associés, pays.), Lyon (Vurpas) et Paris (FBAA et h2o). Ce dernier projet remporte l'Equerre d'argent avec un programme de logement social. Un symbole bienvenu de renouveau et de continuité pour clôturer une année au cours de laquelle de trop nombreuses personnalités ayant marqué ces cinq dernières décennies nous ont quittés. Puisse leur héritage s'intégrer et s'épanouir dans l'architecture qui vient, à l'image de ces structures existantes devenues des ressources d'avenir.

La Gazette des communes #2697 : 40 ans du statut - L'Etat et la territoriale, si proches, si loin
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Romain Mazon
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Les débuts d'année sont propices aux serments et aux « plus jamais ». Ils sont aussi l'occasion des rétrospectives, nostalgiques ou soulagées, sur « avant ». Ce début 2024 en est un exemple parfait s'agissant des collectivités locales. La célébration des 40 ans des lois créant la fonction publique d'Etat puis la fonction publique territoriale (lire notre dossier p. 28-35) permet de revenir aux raisons d'être du statut et d'examiner ce que ses multiples réformes ont produit ; dans l'autre sens, vers le futur, Stanislas Guerini annonce un projet de loi destiné à remettre de l'entrain aux carrières de la fonction publique. RÉFORME. Côté rétrospective, le bilan n'est pas brillant. Un : la pénurie de candidats menace le fonctionnement même de certains services publics. Deux : les salaires ont tant décroché (sans parler du tassement des grilles) que plus grand monde n'en veut. Trois : le flux des recrutements, dans la territoriale spécifiquement, est dominé par les contractuels. Quatre : on en arrive même à l'ubuesque situation où des cadres fonctionnaires se mettent en disponibilité ou renoncent à leur statut pour être recrutés en tant que contractuels, bien mieux payés. Cinq : le tout sans subir les affres des concours ! Partant de là, que peut raisonnablement attendre le monde territorial pour 2024 ? Le ministre a bien posé le diagnostic en axant sa réforme annoncée sur l'accès, les parcours et les rémunérations de la fonction publique. ESPOIR. Mais comment rendre les concours attractifs si le recrutement de contractuels domine ? Comment redonner de la vivacité aux carrières sans remettre de l'air dans les grilles indiciaires ? Comment, et tout peut se résumer à ça, remobiliser la richesse nationale (des milliards d'euros) pour rémunérer les agents publics à la hauteur de la technicité de leurs métiers, de leur utilité sociale et, au minimum, des salaires du secteur privé ? Particulièrement lorsque les collectivités ont besoin de celles et ceux qui feront la transition écologique. Comment remobiliser la richesse nationale pour rémunérer les agents publics à la hauteur de la technicité de leurs métiers et de leur utilité sociale ? Stanislas Guerini aura-t-il les moyens de ces ambitions ? A ce stade, il est permis d'espérer. Bonne année à tous nos lecteurs.

Le Moniteur #6281 : Les destins liés de la biodiversité et du BTP
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Jérémy Bellanger
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Le nucléaire français est de retour sur le devant de la scène. Pas à pas, le plan annoncé par Emmanuel Macron en 2022 à Belfort prend corps avec pour finalité d'accompagner l'augmentation des consommations électriques qu'induira la décarbonation des usages. Après plus d'une décennie sous l'éteignoir, la filière nucléaire se réorganise en vue de bâtir de nouveaux réacteurs sur le sol hexagonal. Cette année, la mise en service de l'EPR de Flamanville ne manquera pas d'attirer les regards, mais ne constituera qu'un écho du passé. Celui de décisions prises avant l'accident de Fukushima en 2011 et l'arrêt des programmes sous la présidence de François Hollande (2012-2017). Avec le nouveau programme nucléaire, le vivier d'activités s'annonce énorme pour les groupes de BTP et d'ingénierie C'est en réalité l'attribution récente à Eiffage d'un contrat gigantesque de génie civil sur le site de Penly qui concrétise la nouvelle stratégie nucléaire française. Outre la construction de ces deux EPR 2 en Seine-Maritime, il est d'ores et déjà prévu d'en réaliser deux autres paires sur les sites de Gravelines et du Bugey. Sachant qu'une seconde vague de projets est déjà dans les tuyaux, le vivier d'activités s'annonce énorme pour les groupes de BTP et d'ingénierie. Une opportunité à la hauteur du défi qui leur est proposé : aider EDF à renouer avec une production en série. Pour ce faire, il leur faudra retrouver un niveau de performance comparable à celui qui a permis, dans la seconde moitié du XXe siècle, de donner naissance aux 56 réacteurs actuellement en service. Tout devra donc être mis en œuvre afin d'éviter retards et surcoûts. Dans cette optique, la maquette numérique sera un allié dont ne disposaient pas les générations précédentes pour industrialiser la conception comme la réalisation de ces ouvrages. L'outil permettra de mieux prévenir les aléas de chantier, d'agir plutôt que de réagir, mais il ne résoudra pas le problème des ressources humaines qu'il faudra mobiliser en nombre et en qualité. Un casse-tête en perspective pour les entreprises. Une aubaine pour l'emploi dans la construction.

Maisons paysannes de France #230 : Dossier : réaffectation du bâti ancien
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Guy Sallavuard
Editeur : MAISONS PAYSANNES DE FRANCE MAISON PAISAN FRANS
Description : Le respect de la mémoire des générations qui nous ont précédés, la préservation de la beauté de nos paysages et la gestion éclairée des ressources naturelles sont compatibles et passent par des actes individuels et collectifs de transformation et d’adaptation.

A vivre #133 : Intérieurs d'architectes
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Nathalie Degardin
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : Repousser les murs La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Parfois elle nous bouscule, en attendant des jours meilleurs; souvent ses remous nous incitent à aller de l'avant. A sortir de notre zone de confort, pour justement gagner à termes en qualité, en bien-être quotidien. Il en est ainsi de notre maison, elle nous rassure parfois parce qu'on la croit immuable.

D'architectures #313 : La scène architecturale slovaque
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Emmanuel Caille
Editeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURAL
Description : Et si la crise du logement était une bonne nouvelle ? Pour les 13 % de mal-logés en France, ce n’est certes pas une bonne nouvelle, mais doit-on vraiment plaindre un secteur de l’immobilier privé qui, ces dernières années, a fait des milliards de bénéfices en produisant un habitat généralement médiocre et sans pour autant produire assez de logements ? Doit-on regretter que l’on ne puisse plus détruire assez de terres arables pour étaler un pavillonnaire qui tue les villages et détruit les paysages ? Doit-on se réjouir que – comme en 2008 – on demande aux bailleurs sociaux, qui font plutôt bien leur travail, de racheter les invendus du secteur privé ? En clair de les obliger à acquérir des « produits » qui n’ont pas les standards de qualité qu’ils auraient exigés de leurs architectes. Vite ! Il faudrait que l’État injecte des financements alors que s’amplifie la mauvaise fluidité des parcours résidentiels, que 30 % des ménages voudraient déménager pour des logements plus petits ? Que près de 9 millions de logements peu occupés comportent au moins trois pièces de plus que de personnes, quand 1,5 million de logements sur-occupés comportent moins de pièces que d’habitants* ? Et puis ne faut-il pas prendre au mot le président de la République qui a déploré qu’avec les niches fiscales, on ait « créé un paradis pour les investisseurs immobiliers » ? Gageons qu’il doit se réjouir que l’ONG Oxfam, dans son rapport du 4 décembre 2023**, dénonce le désengagement de l’État qui depuis des décennies a bénéficié au secteur privé et aux investisseurs financiers, générant un système qui « transforme le logement en un produit financier, et aboutit à une gestion avant tout “financière” du logement ». Un secteur qui, rappelons-le, sans qu’aucune responsabilité lui ait été conférée, décide souvent seul, et suivant ses objectifs de profits, du monde que nous habitons. L’approche quantitative et financière du logement est un échec patent et un facteur d’inégalités. La crise actuelle devrait nous pousser à remettre en cause ce modèle délétère. Elle relève évidemment de causes multiples : hausses des taux d’intérêt, refus massifs des maires de construire sur leur commune, augmentation du prix des matériaux, profits inutiles et indécents des promoteurs immobiliers, marges confortables des entreprises du BTP, mauvaise fluidité des parcours résidentiels, ratés de l’aménagement du territoire… Espérons alors que si l’État intervient financièrement, ce soit d’abord en réinvestissant chez les bailleurs sociaux et qu’ensuite il se saisisse de cette opportunité pour transformer et assainir ce modèle obsolète. Un système où l’intérêt public retrouvera son rôle, ou construire des nouveaux logements pourra se réduire à autre chose que des « macrolots », en transformant par exemple les bureaux en logements, en facilitant toutes les initiatives individuelles pour densifier le parc pavillonnaire (comme le promeut le collectif iudo), en encourageant la mobilité résidentielle, en stimulant l’adaptabilité du bâti… bref, un monde où les architectes devront eux aussi s’adapter pour rester indispensables.

Le Moniteur #6278 : Prix Moniteur de la construction - Petit à petit, le duo a fait Le Ny
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Patience et longueur de temps… On ne devient pas lauréat des Prix Moniteur de la construction en un tournemain. Il en faut, des kilomètres au compteur, pour afficher une performance économique, sociale et environnementale telle qu'elle vous permet de sortir du lot. La recette la mieux partagée par les PME distinguées cette année ? Une attention de tous les instants portée au respect des bonnes pratiques, à l'acquisition des savoirs utiles, à la reproduction des gestes justes. Cette montée en compétence individuelle permet de grandir collectivement. Doucement, mais sûrement. Les entreprises qui réussissent transmettent les savoir-faire. Les entreprises qui savent faire réussissent les transmissions. C'est l'autre enseignement notable de ce palmarès. La durée de vie d'une belle entreprise dépasse de beaucoup celle d'une simple carrière. Et l'on perçoit nettement, dans le récit que les dirigeants font de leur aventure entrepreneuriale, l'importance décisive du passage de relais entre les générations. Le soir de la remise des prix, certains jeunes patrons venaient tout juste de se saisir des rênes. D'autres étaient en plein processus de rachat du capital. Quant aux futurs retraités, ils témoignaient tous du soin apporté au choix du dauphin comme aux modalités de la succession. La durée de vie d'une belle entreprise dépasse de beaucoup celle d'une simple carrière Les héritiers se trouvent parfois au sein de la famille. Une fille ou un fils, naturel ou adoptif, prend la relève de la génération précédente. C'est le cas chez Asseline, Metranor, Régis Père et Fils, Avicollo Energies… Ou encore chez Roger Martin où Vincent entend bien marquer de son empreinte l'histoire flamboyante de l'ETI bourguignonne fondée par son arrière-grand-père. Parfois, la filiation ne s'embarrasse pas des liens du sang et repose sur une confiance purement professionnelle. C'est le cas chez Bealem, Delaboudinière, Menuisiers du Rhône… Ou encore chez Alain Le Ny, où les deux frères, qui tiennent la barre de cette magnifique entreprise de couverture préparent, depuis des mois et dans le moindre détail, le passage de témoin à trois de leurs salariés d'ici à 2025. La patience, mère de toutes les vertus.

Le Moniteur #6279-6280 : Le cadre réglementaire du ZAN bientôt achevé
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Au diapason d'une mandature complètement détraquée par l'absence de majorité absolue, la dernière séquence politique de l'année aura défié tous les pronostics. Malgré un projet de loi Immigration préparé depuis plus d'un an, malgré d'interminables négociations pour aplanir les différends, malgré la confiance affichée par l'exécutif, rien ne s'est passé comme prévu. Un dérapage incontrôlé qui a suscité nombre de commentaires. Et quelques silences qui en disent long. Prenez l'une des idées phares du texte initial : la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension. Cette disposition avait bien évidemment les faveurs des employeurs. Ceux du BTP font régulièrement état de ces situations ubuesques où l'un de leurs compagnons se retrouve soudain dans l'illégalité et se heurte à des agents préfectoraux zélés. Les fédérations du secteur, étrangement, n'ont pas défendu publiquement cette mesure lorsque le vent a tourné au Sénat, ni quand la commission mixte paritaire l'a réduite à peau de chagrin. Probablement parce que cette loi arrive trop tard : difficile de se prétendre « en tension » lorsque se profile une hémorragie sociale. Probablement, aussi, parce qu'elle porte sur un thème si sensible que, pour éviter les coups, on préfère rester coi. Devenu central, le sujet de l'immigration éclipse tous les autres De mots, le président de la République, lui, n'en manque pas. Le lendemain du vote, il a pris la parole deux heures durant pour se livrer à un plaidoyer pro domo. Toujours aussi à l'aise à l'écran, il ne s'est pas interdit d'aborder d'autres sujets, de la laïcité à la situation au Proche-Orient en passant par Gérard Depardieu. Sur le logement, en revanche, rien. Comme si ce thème n'était pas digne d'une prise de parole présidentielle, comme si cette crise-là n'appelait pas une réponse politique courageuse. Le silence, ici, se fait coupable. C'est l'un des paradoxes de ce débat complètement raté : l'immigration, on en parle mal, on en parle trop. Devenu électrique, ce sujet contraint au silence les points de vue posés et étayés. Devenu central, il éclipse tous les autres, au point d'ôter au débat public la clairvoyance nécessaire sur les réels dangers qui nous menacent. Les boucliers qui nous manquent ne sont pas ceux qu'on croit.

Urbanisme HS #78 : La politique de la ville au défi de la transformation écologique
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Julien Meyrignac
Editeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISM
Description : Les quartiers populaires, et notamment ceux qui relèvent de la politique de la ville, font l’objet d’une attention particulière et d’un investissement important de l’État, des collectivités et de l’ensemble de leurs partenaires – au premier rang desquels la Caisse des Dépôts et la Banque des Territoires – depuis près de quarante ans, augmentés depuis 2003 par la création de l’Anru. Aujourd’hui, une nouvelle ère de projets est mise en œuvre, ou sur le point de l’être, visant à intégrer ces quartiers dans le droit commun de la ville ordinaire pour y assigner les mêmes objectifs et en tirer les meilleurs résultats. Ces projets structurés autour du thème de « résilience » ont pour objectif de réparer ces quartiers, pour réparer la ville elle-même et améliorer les conditions de vie de leurs habitants en même temps que celles de la ville et du territoire.

Séquences Bois #143 : Pédagogies
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Anne-Sophie Gouyen
Editeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURAL
Description : Apprendre à (dés)apprendre ? Si l’on se demande ce que l’on devrait enseigner dans les écoles aujourd’hui pour donner aux architectes – et aux citoyens - la conscience d’une responsabilité, tant professionnelle que sociétale, ne faudrait-il pas plutôt apprendre à (dés)apprendre ? C’est la condition pour pouvoir dépasser nos a priori, remettre nos intuitions à leur juste place, bénéficier de nos différences, sortir de nos idéologies et de nos certitudes, explorer des territoires inconnus et imaginer les pistes qui nous permettront, peut-être, de résoudre les véritables problèmes auxquels nous sommes confrontés.(2) Dans cet objectif, il semblait important de faire état de l’enseignement de l’architecture, à la rencontre de pratiques pédagogiques diverses. S’il ne s’agit pas d’opposer des approches ou de penser que l’une pourrait prévaloir sur l’autre, il est bien question d’identifier des conduites et des parcours qui peuvent produire des résultats différents (3) pour donner la possibilité à celui ou celle qui veut apprendre, d’adopter un regard critique et de choisir en conscience, parmi la multitude d’approches offertes. Alors que certains prêchent que pour déconstruire les manières d’enseigner, il faut construire autrement, d’autres s’attardent sur le déjà-là, afin d’apprendre, parfois, à ne pas construire, non pas dans une attitude de renoncement mais dans une plus grande mesure (3) : « c’est une autre histoire de l’architecture qu’il faut arriver à révéler, et c’est le rôle des écoles ». (4) Si la question du bois peut sembler s’éloigner du sujet de ce numéro, elle n’est en réalité jamais loin : il reste le matériau le plus utilisé dans ces démarches expérientielles, et prend tout son sens dans la valorisation des savoir-faire que ces pédagogies tendent à transmettre. À travers le large éventail d’établissements en construction bois, d’échelles et de niveaux différents, il est aussi possible de questionner la conception spatiale et matérielle, au regard de l’apprentissage : les lieux transforment-il la pédagogie ou la pédagogie transforme-t-elle les lieux ? Ces questionnements s’ouvrent sur le classement des agences et des bureaux d’études engagés dans une démarche bas carbone, auquel nous essayons, aussi, de donner une valeur pédagogique. Ce qu’il faut lire entre les lignes de ce tableau compétitif, c’est surtout comment continuer à apprendre ensemble, les uns des autres, à construire autrement ! (1) Expression empruntée à Patrice Doat, dans l’ouvrage Les Grands Ateliers, Anne-Monique Bardagot - (2) Propos d’Henri Van Damme, dans l’ouvrage Les Grands Ateliers, Anne-Monique Bardagot - (3) Introduction du livre vert d’ENSA Eco- (4) Penser-Faire, Quand les architectes se mêlent de construire, P. Lefebvre, J. Neuwels, JP. Possoz- (5) Propos recueillis de Yann Legouis

La Gazette des communes #2695-2696 : Services publics - Aux côtés des usagers contre les arnaques en ligne
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Brigitte Menguy
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Tout semblait si apaisé en cette dernière ligne droite avant les fêtes de fin d'année. Les rues des villes et des villages s'ornaient de décorations moins énergivores que les éditions précédentes, les marchés de Noël présentaient sur leurs étals des produits locaux, les sapins étaient érigés sans étoile à leur cime. Même les rares crèches de Noël installées par quelques maires récalcitrants à la jurisprudence du Conseil d'Etat en la matière ont peu été l'objet de recours. Comme si, las, les défenseurs de la laïcité avaient jeté l'éponge devant une telle assimilation des règles garantissant la séparation des Eglises et de l'Etat. Car il faut le reconnaître, les fêtes religieuses passant, les édiles semblent avoir trouvé les aménagements nécessaires à l'expression des différentes libertés. À L'ÉLYSÉE. Mais il aura suffi d'une étincelle pour que le brasier s'enflamme. Ou plutôt d'une courte vidéo publiée sur les réseaux sociaux, dans laquelle on peut voir, le premier jour de la Fête des lumières célébrée par la communauté juive, le grand rabbin de France allumer des bougies dans la salle des fêtes de l'Elysée aux côtés d'Emmanuel Macron. Un chant juif traditionnel est ensuite entonné. A la veille de la célébration de la loi du 9 décembre 1905, il n'a pas fallu plus que ces petites flammes et notes de musique pour raviver un feu que l'on aurait pu croire éteint. A la veille de la célébration de la loi du 9 décembre 1905, les petites flammes de la Fête des lumières ont rallumé un feu que l'on croyait éteint. RÉACTION ÉPIDERMIQUE. « Contraire à la laïcité », « faute politique impardonnable »... les critiques ont plu sur les réseaux sociaux et dans les médias. Et même si le président de la République s'est défendu de « s'être prêté à un geste cultuel » et a appelé à faire preuve « de bon sens et de bienveillance », nombre de défenseurs de la laïcité demeurent outrés par une telle scène. Une réaction épidermique qui démontre à quel point nous demeurons, près de cent vingt ans après la loi de séparation des Eglises et de l'Etat, sur une ligne de crête.

Le Moniteur #6277 : Top 1000 du BTP : un millésime d'exception
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Si les chantiers étaient des vendanges, il faudrait patienter jusqu'à la mise en bouteille pour obtenir les résultats financiers. Comme le bon vin, le classement annuel des plus grandes entreprises du BTP français a besoin d'un peu de temps pour révéler ses subtilités. Celui que « Le Moniteur » livre ici témoigne donc de l'activité du secteur en 2022. Qui se révèle être une cuvée de prestige. Les chiffres ne mentent pas. La plupart des sociétés listées, qu'elles soient indépendantes ou affiliées à des majors, qu'elles évoluent dans les travaux publics, le bâtiment ou les deux, affichent une nette progression de leur activité. Pour la première fois, le chiffre d'affaires de la millième entreprise tricolore dépasse le seuil des 20 millions d'euros. Et ce n'est pas l'amorce du phénomène inflationniste qui remet en cause cette évidence : dans l'Hexagone, les chantiers ont tourné à plein régime. Pour la première fois, le chiffre d'affaires de la millième entreprise tricolore dépasse le seuil des 20 millions d'euros Les millésimes se suivent et ne se ressemblent pas, c'est même ce qui fait tout leur intérêt. Si les conditions se sont avérées particulièrement propices pour le secteur l'an passé, de lourds nuages planent désormais à l'horizon. La crise du logement, qui ébranle déjà les promoteurs immobiliers, va immanquablement se propager aux autres acteurs de la filière. Les travaux, encore dynamiques en 2023, vont ralentir à un rythme variable selon les régions et les métiers. Certaines entreprises voient déjà fondre leurs carnets de commandes. A l'avenir, les bulles, ce ne sera plus pour tout le monde. Ces perspectives moroses ne devraient pourtant pas nous empêcher de célébrer les bonnes nouvelles. Ces excellents chiffres sont mérités. Ils sont le fruit d'un labeur quotidien et le témoignage d'une filière robuste. La certitude de jours plus difficiles doit agir comme un salutaire appel à la lucidité et inciter à mettre à profit ces belles années pour préparer les moins bonnes. Savourons l'instant présent mais gardons-nous de l'ivresse, les prochains top 1 000 se préparent dès aujourd'hui.

Construction moderne #165
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Claire Barbou
Editeur : CIMBETON SINBETON
Description : La transformation est bien là, au centre des territoires, des villes, de l’architecture. Elle concerne les acteurs de la réalisation d’un bâtiment, les équipes de mise en œuvre, mais aussi l’usage des matériaux et la recherche pour de nouvelles compositions. Le Trophée béton, une distinction adressée aux architectes comme aux étudiants en architecture, est un observatoire de ces mutations. Il raconte à travers des réalisations remarquables sélectionnées, inscrites dans le temps, l’emploi du béton dans l’histoire de la ville. En valorisant maîtres d’ouvrage, architectes, chercheurs, industriels, ingénieurs, historiens, entreprises, compagnons, le Trophée béton témoigne des évolutions de l’acte de construire. Les projets des étudiants et des architectes primés ou présentés dans Construction Moderne sont sélectionnés pour la cohérence d’une mise au point exemplaire dans la réalisation d’un ouvrage, de la conception à la réalisation. Grâce à ce lien étroit entre tous les intervenants d’un projet, les bâtiments présentent des qualités d’usage, constructives et environnementales exemplaires. La transmission est essentielle dans tous les projets distingués : un lien étroit existe entre héritage et avenir, méthodes traditionnelles et nouvelles technologies. Dans le même esprit, les organisateurs du Trophée béton accompagnent le projet des Archi-Folies, olympiade culturelle portée par le ministère de la Culture pour les Jeux olympiques et paralympiques 2024. Ce formidable travail collectif fédère de nombreux opérateurs culturels, les écoles d’architecture, les professeurs, les fédérations sportives et de nombreux partenaires… Cette émulation favorise une nouvelle culture constructive et l’expérimentation de tous les matériaux, dont les bétons. Car il n’existe pas un béton mais des bétons. La transformation de la matière a un impact directement environnemental, mais offre aussi de nouvelles capacités constructives qui sont de belles opportunités pour les architectes. Paul Chemetov, président d’honneur de Bétocib et l’un des fondateurs du Trophée béton, soulignait lors du dernier jury du Trophée béton « que nous n’en étions qu’au début de l’histoire du béton ».

Le Moniteur #6276 : Le tertiaire cherche sa place dans le recyclage urbain
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : La radicalité des résultats sans la brutalité des mesures. Non, ce n'est pas le slogan d'une COP 28 au pays des hydrocarbures mais la démarche défendue par la Première ministre à l'occasion de la présentation de la troisième stratégie nationale pour la biodiversité. En résumé, une déclinaison verte du « en même temps », ou plutôt du « ni ni » : ni fin du monde ni fin du mois. Une telle feuille de route ne fait a priori que des heureux. Reste à savoir si, dans la pratique, ce chemin de crête existe. La semaine passée, l'Union européenne - avec l'approbation silencieuse de la France - a par exemple autorisé l'utilisation du glyphosate pour dix années supplémentaires. On perçoit bien l'apaisement de la mesure vis-à-vis du monde agricole, moins la radicalité des résultats. A l'inverse, le ZAN est un objectif radical qui reste perçu par beaucoup comme extrêmement brutal. Un surcroît de paperasserie, même sur papier recyclé, n'aurait aucun bienfait sur la planète Défendre absolument la faune et la flore sans faire grogner le citoyen, l'élu ou le professionnel, semble illusoire. Pire, à trop ménager la chèvre et le chou, on peut décevoir l'un et l'autre. Prenons un autre exemple, celui de la commande publique durable. Au détour de la loi Industrie verte, de nouvelles obligations viennent encore renforcer le cadre juridique de ce qui est considéré comme un puissant vecteur du verdissement de l'économie. Pesant sur les entreprises soumissionnaires, ces contraintes supplémentaires, bien réelles, se révèlent dans les faits purement procédurales. Elles pourraient même n'avoir aucune conséquence sur la qualité environnementale des marchés publics conclus. Sans remettre en cause le bien-fondé de ces décisions, cet exemple devrait nous alerter. Si on n'y prend garde, la quête du juste milieu écologique pourrait se traduire en un surcroît de paperasserie qui, même sur papier recyclé, n'aurait aucun bienfait pour la planète. Verdir un peu sans trop gêner pourrait aboutir au pire des compromis : l'absence de résultats malgré la rigidité des mesures.

La Gazette des communes #2694 : Attractivité, compétences, formation : Les intercos se démènent pour l'emploi
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Brigitte Menguy
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Il y a des semaines où les verdicts des cours de justice renforcent la croyance collective dans notre système judiciaire et dans l'éthique de nos responsables politiques. D'autres, non. A l'image de celle du 27 novembre, qui a débuté le lundi avec le retour sur la scène médiatique de Jérôme Cahuzac au micro de la matinale de France Inter. L'ancien ministre du Budget, plus connu pour sa fraude fiscale que pour les mesures prises en faveur de l'intérêt général, a déclaré en direct « ne pas exclure de se représenter à une élection ». Depuis, il multiplie les visites et les réunions publiques dans son ex-fief de Lot-et-Garonne. Sa peine d'inéligibilité est purgée, il n'y aurait donc plus matière à s'offusquer. SOUPÇON DE FAVORITISME. Hasard du calendrier, le même jour, le procès de l'actuel ministre du Travail, Olivier Dussopt, s'est ouvert devant le tribunal correctionnel de Paris. Pas de fraude fiscale ici, mais des soupçons de favoritisme dans le cadre d'un marché public passé en 2009, alors qu'il était maire d'Annonay (Ardèche). A l'issue de trois jours de procès, dont le verdict est attendu le 24 janvier, le ministre a la permission judiciaire de rejoindre, présomption d'innocence oblige, les bancs du gouvernement. Les citoyens attendront. Leur confiance, aussi. Le ministre a la permission judiciaire de rejoindre, présomption d'innocence oblige, le gouvernement. Les citoyens attendront. Leur confiance, aussi. CRITÈRE INTENTIONNEL. Enfin, le mercredi 29 novembre, un autre ministre en exercice, celui de la Justice, a été déclaré non coupable de prise illégale d'intérêts, faute d'avoir été alerté et d'avoir eu conscience d'être en situation de conflit d'intérêts. Le juge aurait-il inventé un nouveau critère en la matière ? Loin de là : le critère intentionnel est connu de toute constitution d'infraction pénale. Mais cette impression du « pas voulu, pas pris », doublée d'une incompréhension des acteurs publics locaux, pour qui jamais l'absence de ce critère intentionnel n'a permis à un agent d'échapper à la faute disciplinaire, ni à une collectivité d'éviter la censure du juge de la légalité de ses actes, ne fait que monter le son de l'insidieuse mélodie d'une justice à deux vitesses.

La Gazette des communes #2693 : Violences urbaines - Les clés d'une communication maîtrisée
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Jean-Baptiste Forray
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Dans la capitale, Gérard Collomb , le premier magistrat PS de Lyon, était traité comme un cousin de province. Rue de Solférino, on le mettait en bout de table, quand l'autre vainqueur surprise du millésime 2001, Bertrand Delanoë, prenait toute la lumière. C'est pourtant Gérard Collomb, disparu le 25 novembre, qui, bien avant son collègue parisien, avait lancé les premiers vélos en libre service et piétonnisé les rives de son fleuve. Avec sa fête des Lumières relookée, la cité des Gaules devenait « in ». La Movida lyonnaise s'accompagnait de prestigieuses signatures architecturales, comme celle de Christian de Portzamparc dans le nouveau quartier de la Confluence. Mieux que quiconque, Gérard Collomb incarnait la course à l'attractivité qui a saisi les grandes villes dans les années 2000 et 2010. Une époque révolue. BUSINESS FRIENDLY. A l'instar du club de foot local, l'Olympique lyonnais (OL), qui se frottait aux grosses cylindrées du Vieux Continent en Ligue des champions, la communauté urbaine du Grand Lyon se mesurait désormais à Francfort ou Milan. Fini, les complexes vis-à-vis de la grande sœur parisienne, la métropole jouait dans la cour européenne. Gérard Collomb faisait fi du vieux cadre de l'Etat-nation. Il sillonnait les salons internationaux, vendant ses grands projets urbains aux promoteurs les plus offrants. Sous le masque du secrétaire général de la Fondation Jean-Jaurès perçait un édile d'un nouveau genre, « business friendly » en diable. La grande braderie du patrimoine public pouvait commencer. L'Hôtel-Dieu était transformé en centre commercial de luxe, couronné d'un rooftop. PETIT MANHATTAN. Gérard Collomb ne savait rien refuser au propriétaire de l'OL, Jean-Michel Aulas. Il finançait à grands frais les accès au nouveau stade des Gones. Au cœur de la vieille cité, il imposait des tours. La Part-Dieu se transformait en petit Manhattan. Un peu partout, la ville se couvrait de grues. Il n'était jamais à court d'un dessein. Mieux que quiconque, Gérard Collomb incarnait cette course à l'attractivité (lire p. 36-40) qui a saisi les grandes villes dans les années 2000 et 2010. Une période révolue. Aux municipales de 2020, le « maire bâtisseur » est devenu le « maire bétonneur ». Présenté comme un adepte du « toujours plus gros, toujours plus grand », Gérard Collomb a été renvoyé dans ses foyers par les écologistes. Sa disparition marque la fin d'une époque.

Le Moniteur #6275 : Equerre d'Argent - Dans un quartier huppé, le logement social distingué
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Tout ce qu'il faut, mais juste ce qu'il faut. Tous les ans, le palmarès des prix d'architecture du « Moniteur » et d'« AMC » apporte la démonstration magistrale de la capacité des concepteurs à engendrer des réalisations d'exception. Mais cette année, plus que jamais, il suggère aussi la retenue inhérente à l'acte de construire, propre à notre époque. L'excellence s'accommode de la fin de l'abondance. Aux démonstrations de force, elle préfère désormais le tour de force. Dès lors, la question devient hautement « matérielle ». Les opérations primées font ainsi la part belle aux biosourcés, de la paille au liège. Par leur réinterprétation du déjà-là, elles préservent la matière des bâtiments transformés et des espaces publics requalifiés. Ce souci de la retenue s'illustre enfin par ce que les architectes choisissent de ne pas dessiner, cette matière qui n'est pas consommée, à l'instar de ces « volumes capables » laissés au bon vouloir de l'acquéreur. Pour décrocher l'Equerre d'argent, il faut un surcroît de génie, une prise de risque, une ambition hors normes Il serait pourtant réducteur de ne voir dans le choix du jury qu'un coup de chapeau à la sobriété. La vertu ne fait pas architecture, pas plus que l'immense talent - reconnu à l'ensemble des équipes finalistes - ne suffit pour obtenir l'Equerre d'argent. Il faut, pour décrocher la timbale, un surcroît de génie, une prise de risque, une ambition hors normes. C'est d'ailleurs pourquoi l'habitat, si central dans l'activité des agences mais si engoncé dans ses standards, se hisse rarement sur la plus haute marche. Or, l'îlot Saint-Germain à Paris (VIIe arrondissement) témoigne d'une inventivité salutaire. Ces anciens bureaux produisent du logement social de qualité là où les besoins sont immenses, au cœur des métropoles, sans artificialiser un mètre carré. Une lueur d'espoir, au moment où l'immobilier résidentiel fonce tout droit vers l'abîme. Un appel à l'action, aussi. Cette opération n'a été rendue possible que par la « décote Duflot », un rabais sur l'achat du patrimoine de l'Etat tombé en désuétude. Trop coûteux pour notre époque austère, ce dispositif témoignait d'une quête de solutions ingénieuses face à la crise du logement. Cette inventivité-là nous fait, pour l'heure, cruellement défaut.

La Gazette des communes #2692 : Y a-t-il une vie après l'industrie ?
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Delphine Gerbeau
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Dans son rapport sur les crédits « logement » et « hébergement » du projet de loi de finances pour 2024, le député de la majorité François Jolivet estime que s'installe en France une « crise inédite concernant la production de logements neufs ». Une crise qui créerait un effet boule de neige dévastateur : une réduction de 100 000 unités sur 2023 signifierait une baisse de la TVA de 4 milliards d'euros et, in fine, une perte potentielle de 180 000 emplois pour la filière du bâtiment. BOMBE SOCIALE. La nouvelle bombe sociale est là, mettent en garde, depuis des mois, élus locaux et professionnels du secteur de tous bords, de la Fondation Abbé-Pierre pour le logement des personnes défavorisées à la Fédération des promoteurs immobiliers. Au-delà du contexte international, une partie de l'explication réside dans le fait que les bailleurs sociaux ne peuvent plus jouer leur rôle contracyclique, en rachetant aux promoteurs immobiliers des programmes « plantés ». La sévère réforme que leur a infligée le gouvernement depuis 2017, avec la diminution des aides personnalisées au logement de cinq euros qu'ils ont compensée, a asséché leur trésorerie, alors que la rénovation thermique des logements mobilise une bonne partie de leur capacité d'investissement. La baguette magique de la décentralisation ne remplacera jamais les moyens en soutien aux maires bâtisseurs. PANSEMENTS. Face au déluge de chiffres plus inquiétants les uns que les autres, l'exécutif semble minimiser l'ampleur de la crise, distillant au fil de ces derniers mois des « pansements » : révision des zonages du logement, poursuite du prêt à taux zéro mais seulement dans certains territoires... Il vient aussi de dégainer la carte « décentralisation », avec un projet de loi sur le logement prévu pour le printemps. Dans l'attente de ce texte, Elisabeth Borne a annoncé la désignation de vingt « territoires engagés pour la production de logements » et des mesures de simplification afin d'accélérer les chantiers. Donner plus de pouvoir à ceux qui connaissent le mieux les besoins, très bien, mais la baguette magique de la décentralisation ne remplacera jamais les moyens sonnants et trébuchants en soutien aux maires bâtisseurs. L'Etat doit, en outre, assumer ses choix passés et ne pas laisser seules les collectivités face à la bombe sociale. Décentraliser ne veut pas dire abandonner.

La maison écologique #138 : Confort, énergie, esthétique : Rénovons les pavillons
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Virginie Jourdan
Editeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIK
Description : Chez les marchands de journaux, le début de l’automne a été propice aux thématiques autour de la maison. Mais pas n’importe lesquelles ! En allant acheter mon journal dans le rayon presse, l’esprit en veille sur ce que produisent nos cousins du secteur de l’information, je me suis d’abord arrêtée sur la Une de nos confrères et consoeurs spécialistes de la défense des consommateurs. Le magazine Que Choisir a offert dans ses pages une mise en test de sept références de pompes à chaleur air-eau, un mode de chauffage électrique actuellement porté aux nues par les aides à la rénovation. Parfois contre-productif, ce dernier sera finalement et heureusement banni des formulaires MaPrimeRénov’ pour les passoires thermiques dont le DPE est classé F ou G. Du côté de Système D, mensuel adepte du bricolage et de la rénovation, ce sont les combles qui sont à l’honneur. Avec un objectif : leur adjoindre cloisons et isolant pour étendre son espace habitable. Parmi les nombreuses solutions présentées, un pas à pas traite de la pose du coton recyclé. Au bureau le lendemain, lors de la traditionnelle revue de presse, je découvre que L’Âge de faire, journal au fonctionnement pareillement coopératif à celui de La Maison écologique, consacre son nouveau dossier à l’isolation en bottes de paille, avec ce titre évocateur : « Sous le béton la paille. » Se félicitant au passage dans l’édito qu’en enveloppant son propre bâtiment avec cet isolant des champs, l’équipe annule le bilan carbone total moyen d’au moins deux Français.es sur la totalité de leur existence. En tissant ce fil d’info, le tableau est clair. Le chauffage bas carbone, l’isolation écologique et le recours heureux aux biosourcés sont des sujets devenus incontournables ! Et leur traitement s’est généralisé. Une bonne nouvelle ! Mais pour le candidat à la rénovation, il faudra toujours envisager le chantier de manière non-cloisonnée, en agençant chaque sujet pour créer un habitat performant et écologique, du sol à la toiture isolée, des murs aux cloisons et en passant par le chauffage. Voilà pourquoi et comment votre vénéré magazine a voulu explorer la rénovation des pavillons. De manière globale et cohérente ! Présents sur l’ensemble du territoire, parfaits candidats aux gains de performance, ils regorgent d’occasions de mettre à l’unisson les solutions sobres et écologiques pour se créer un cocon douillet tout en accélérant la réduction des émissions carbone et les consommations d’énergie liées au chauffage. À vos pages, prêts, lisez !

Urbanisme #434 : Les leçons des crises et des chocs
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Julien Meyrignac
Editeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISM
Description : Stéphane Hessel avait, parmi les premiers, très bien compris qu'être concerné ne veut pas dire être impliqué, et que nombreux sont les auto-satisfaits d'avoir lu (compris) et dit (posté). C'est pour cela qu'il avait accepté de donner une suite sous forme d'entretien à son inattendu best-seller Indignez-vous ! (2010). Mais Engagez-vous ! n'a pas atteint, et de très loin, les 4,5 millions d'exemplaires vendus de son prédécesseur. Triste démonstration. Les crises et les chocs sont inscrits dans nos imaginaires par l'information médiatique multicanal, toujours plus élargie, avisée et réactive. De telle sorte que les catastrophes semblent rythmer perpétuellement l’actualité : tremblements de terre, inondations, guerres, attentats... Elles sont, de fait, moins surprenantes ; elles étaient d'occasionnels cris stridents, elles sont devenues de perpétuels bruits sourds, générant du like, de l'émotion, du commentaire, voire de l'indifférence, mais peu de remise en cause, et encore moins d'implication. Plus on nous donne à voir et moins nous éprouvons, selon le très connu principe de désensibilisation. Cela concerne, bien entendu, celles et ceux qui ne sont pas confrontés à la catastrophe elle-même, qui sont désormais habitués à recevoir un compte-rendu quotidien de la violence et de l'injustice du monde ; à la fois fascinés et blasés du spectacle d'un nouveau sinistre qui frappe ces autres qui sont comme une partie détachée d'eux­ mêmes. Les plus concernés s'indignent de l'incurie des pouvoirs publics et de la voracité du capital qui ont conduit à ce que des malheureux se retrouvent exposés, puis frappés par le risque. Les plus fragiles pleurent un peu, les plus généreux font un don sur leur smartphone. Et, le lendemain, tout le monde passe à autre chose. Mais cela concerne aussi celles et ceux qui sont frappés de plein fouet par la catastrophe et qui vivent une nouvelle expérience du réel : ils savaient que ça pouvait (devait ?) arriver, et c'est arrivé. Ils doivent faire face à des circonstances qu'ils ont maintes fois vues depuis leurs canapés, pour se rendre compte que, paradoxalement, cela ne les a pas préparés (sans doute au contraire). Ils se découvrent étranges « spectateurs », mobilisés par l'urgence, mais pressés de revenir à la normale et d'oublier tous ces tourments. Personne, chacun à sa place, n'oublie de réagir, mais trop peu sont ceux qui s'engagent pour tirer les leçons fondamentales des évènements. Quelques mois après la crise sanitaire du Covid-19, combien de stériles querelles au sujet d'une de ses moins flagrantes conséquences sur le territoire - le spectral exode urbain-, plutôt qu'un examen collectif approfondi de tout ce qu’elle a révolutionné dans nos sociétés (mobilités, lien social, rapport au travail, etc.) ? Quelques mois-toujours- après la tempête Alex qui a dévasté certaines vallées de l'arrière-pays niçois, combien de débats sur la « mécanique » réglementaire des PLU, plutôt qu'un travail destiné à faire émerger de nouveaux horizons pour les territoires concernés, quand une nouvelle tempête -Aline- est venue confirmer les nouvelles et fréquentes exigences de la crise climatique ? « Facile à dire !», ne manqueront pas de réagir certains sur les réseaux sociaux quand ils liront cet édito. Ce sera vrai, mais ce ne sera pas suffisant. Engagez-vous !

Urbanisme NS #4 : Le monde de demain s'invente dans les territoires ultramarins
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Julien Meyrignac
Editeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISM
Description : Le monde de demain s’invente dans les territoires ultramarins. Initiatives et projets innovants, créatifs et disruptifs. Dans les territoires ultramarins, la société civile, les acteurs économiques et les habitants impulsent une dynamique économique et d’innovation prometteuse qu’il convient d’accompagner au plus près de leurs besoins les plus concrets. Cette dynamique concerne tout particulièrement les secteurs d’activité dédiés aux réponses à apporter aux défis climatiques et écologiques, dont les conséquences affectent plus intensément ces territoires. Ce numéro spécial présente un panorama synthétique des contextes locaux, mais surtout une sélection d’initiatives à l’œuvre en outre-mer, en faveur d’un développement économique des transitions ou bifurcations : économie circulaire, alimentation, énergie, logement, mobilité, digital, santé, tourisme…

Le Moniteur #6274 : Ouvrages d'art en série sur un terrain accidenté
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Les promoteurs le constatent : « On change d'époque. » Et, dans leur esprit, l'histoire ne va clairement pas dans le bon sens. Les ventes s'effondrent chaque trimestre un peu plus jusqu'à atteindre, en cette fin d'année, des niveaux dramatiques. L'activité plonge, les talents s'envolent. L'immobilier se trouve, encore selon les promoteurs, « au bord du précipice ». Avant un saut dans le vide ? Autant il apparaît aisé de caractériser l'époque révolue, avec son argent bon marché et son accession accessible, autant définir celle qui arrive relève de la gageure. Alors, quand le brouillard s'épaissit, on est tenté de se fier au capitaine. Or, sur ce sujet sensible, le gouvernement reste fort peu disert. Tout juste, ici et là, quelques déclarations qu'il faut s'efforcer d'interpréter. La semaine dernière, c'est la Première ministre qui a annoncé un nouveau plan de rachat aux promoteurs et des ambitions redoublées en matière de production de logements intermédiaires et étudiants. Pas de quoi changer la donne, à peine de quoi amortir le choc. Mais peut-être de quoi décrypter les grandes lignes de la future politique du logement. Les bailleurs sociaux se trouvent au centre du jeu, une position qui pourrait devenir structurelle. Premier enseignement : les bailleurs sociaux se trouvent au centre du jeu. Une position habituelle en cas de conjoncture faiblarde, mais qui pourrait bien devenir structurelle à l'avenir. Pour des questions économiques d'abord, tant les organismes HLM font preuve de résilience. Pour des questions sociales aussi, tant il est urgent de répondre aux demandes d'habitations accessibles. L'autre inflexion se traduit par un appel du pied appuyé du gouvernement aux investisseurs institutionnels. En creux, ces attentes vis-à-vis du monde HLM et des « zinzins » visent à écarter pour de bon l'investisseur individuel. Obnubilé par la défiscalisation, ce dernier est jugé, en haut lieu, susceptible d'acquérir des appartements inadaptés aux besoins réels. La fermeté du gouvernement concernant la fin du Pinel témoigne de cette conviction. Un choix assumé qui, pour l'instant, ne fait qu'amplifier la dépression quand il faudrait appuyer sur le champignon.

EXE #54 : Terre
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Clémentine Roland
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : Aborder les sujets de la construction en terre et de l'architecture d'urgence dans un même numéro n'évoque que trop les répercussions du violent séisme qui a frappé le Maroc en septembre dernier. S'ajoutant à un bilan humain tragique, près de 26 0000 maisons ont été démolies ou partiellement détruites, parmi lesquelles, dans la région du Haut Atlas, de multiples auto-constructions traditionnelles en pisé, capables de s'adapter aux forts écarts de température caractéristiques de cette région mais difficilement aux tremblements de terre.

Matières #20 : La Steel-In 2023 ; l'acier paré pour le réemploi et l'économie circulaire
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Nicolas Michelin
Editeur : CONSTRUIRACIER KONSTRUIRASI
Description : Actuellement dans le monde de la construction on entend beaucoup « les temps sont difficiles ». Effectivement, tout s’accumule : crise de l’immobilier – à ne pas confondre avec la crise du logement – hausse des taux et des matières premières, incertitudes politiques, montée des extrêmes, guerres, terrorisme… Et par-dessus tout cela l’effondrement de la biodiversité, le réchauffement climatique et ses conséquences graves. L’architecture, l’urbanisme, l’ingénierie sont déboussolés. Le réchauffement climatique ne marque pas une crise mais un bouleversement. La crise finit par passer et on peut reprendre plus ou moins les habitudes d’avant. Avec un bouleversement, il n’y a pas de retour en arrière, les méthodes d’hier ne sont plus bonnes pour aujourd’hui, il faut changer de paradigme, penser la construction autrement. Autrement ? Mais comment ? Les débats sont vifs, depuis : « il ne faut plus construire et uniquement rénover, réparer, recycler » – attitude qui panique les politiques et le monde de l’immobilier, jusqu’à : « il faut construire impérativement décarboné et en bois », qui rend l’acte de construire quasi impossible économiquement. Mais globalement l’inertie du secteur fait que l’on essaie cahin-caha de continuer comme avant, avec de nouvelles astuces et techniques constructives. Et si c’était le site qui faisait le projet ? Et si, avant toute chose, on regardait attentivement le lieu où l’on est supposé construire en se laissant guider par ce qu’il nous dit ? Car les sites nous parlent ! Peut-être faut-il ne rien construire, peut-être juste « renaturer » et poser deux trois petits volumes, peut-être construire haut et avec peu d’impact au sol, peut-être ne s’inscrire que dans le relief de manière linéaire, peut-être retracer la noue oubliée et restaurer les haies derrière lesquelles peuvent prendre place des maisons. Peut-être, peut-être… Si on les analyse de manière ultra contextuelle, les sites nous donnent le projet sur mesure. Et celui-ci, une fois construit, sera presque invisible, ordinaire comme s’il avait toujours été là : par rapport aux vents – pour se rafraîchir, par rapport à l’ombre et la lumière – pour produire son énergie, par rapport aux voisins, par rapport au sol qu’il utilise en inertie, par rapport au paysage qu’il complète... C‘est un projet ordinaire-extra qu’on ne remarque pas mais qui, lorsqu’on s’y attarde, est magnifique, contemporain et juste, de proportions, de couleur et de matière. C’est cela un projet écologique avant toutes autres considérations techniques de biosourcé, de cycle de vie ou de bas carbone. Un bâtiment réussi est celui qui donne l’impression d’avoir toujours été là. Changer de paradigme c’est cesser de projeter un programme sur un terrain, mais faire en fonction de ce qu’autorise ce terrain, car c’est le site qui fait le projet et le projet qui fait la règle. Voilà un nouveau paradigme qui, à y réfléchir, va à l’inverse de nos pratiques actuelles

La Gazette des communes #2691 : Le maire, cet employeur qui s'ignore
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Jean-Baptiste Forray
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Cette fois, c'est la bonne, assure-t-on à l'Elysée. Emmanuel Macron vient de dépêcher Eric Woerth pour relancer la décentralisation. Rallié à la Macronie l'an passé, l'ancien trésorier de l'UMP devra ouvrir des pistes pour « réduire le nombre de strates » administratives. Branle-bas de combat garanti chez les présidents de département réunis en congrès à Strasbourg les 9 et 10 novembre. « L'idée n'est pas de supprimer des strates du millefeuille », les a aussitôt rassurés Eric Woerth. Mais si la pierre angulaire de sa mission est déjà abandonnée, à quoi donc vont servir ses travaux ? CUISANT SOUVENIR. L'ex-ministre du Budget de Nicolas Sarkozy se souvient peut-être qu'il a été le père de la révision générale des politiques publiques... Un plan de réduction des effectifs dans les services déconcentrés de l'Etat qui a laissé un souvenir cuisant aux maires, rassemblés à leur tour en congrès du 21 au 23 novembre. Eric Woerth se garde bien d'invoquer ces mânes-là. L'ancien maire de Chantilly préfère se lancer dans un vibrant plaidoyer décentralisateur. A la surprise de beaucoup, l'autonomie financière des collectivités figure bel et bien dans la feuille de route que lui a confiée le Président. Eric Woerth pourrait trouver face à lui les hauts fonctionnaires de Bercy, qui rêvent de réduire à la portion congrue ladite autonomie. Un paradoxe pour ce diplômé de HEC, formé à l'école ordolibérale des cabinets de consulting internationaux. Chargé d'une mission sur la décentralisation, Eric Woerth a la fibre girondine. L'homme est aussi habile, ce qui ne gâche rien. DE L'ENTREGENT. Mais, qui sait ? Chez le député de l'Oise, la fibre girondine n'est pas feinte. L'homme est aussi habile, ce qui ne gâche rien. Sa manière d'éviter le piège du millefeuille, c'est-à-dire la guerre entre niveaux de collectivités, lui donne de l'oxygène. Son indépendance intellectuelle est saluée sur tous les bancs des associations d'élus locaux. A l'AMF, on ne doute pas que ses conclusions, attendues dans les six prochains mois, seront excellentes. On doute simplement qu'il réussisse à convaincre Emmanuel Macron de leur pertinence. C'est peut-être oublier que l'ancien ministre a gardé de l'entregent dans les palais de la République comme dans les couloirs du Parlement. Et qu'au crépuscule de sa vie publique, il n'a pas grand-chose à perdre...

Histoire et traditions du Pays des Coudriers #65 : Le moulin de Naours ; Jean-Louis Baudelocque, médecin picard célèbre & Le curage de la mare de Villers-Bocage
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Christian Manable
Editeur : ASSOCIATION DU PAYS DES COUDRIERS ASOSIASION PAI DE KOUDRIER
Description : L'attaque du bureau de poste de Villers-Bocage - Dany DHEILLY Mémoires d’Éloi CARON, agriculteur et soldat de Molliens-au-Bois (2ème partie) - Lionel JOLY La grotte de Lourdes à Villers-Bocage - Christian MANABLE Des médecins picards célèbres - Daniel COUAPEL Bus-en-Artois : fêtes, traditions et coutumes - Alain AZOU Le moulin de Naours : il tourne à nouveau... - Monique LEFER et Lionel JOLY Les synagogues d'Amiens (1ère partie) - Stevens SIMMONDS Petites histoires de ... Contay - Patrice DELRUE Le parc de la Hotoie, d'hier à demain - Anne MARC La mare de Villers-Bocage - Pierre-Marie MACEWKO Randos ed’ no coin : n°2 > Molliens-au-Bois - Patrice DELRUE Bilan des visites guidées de l’été 2023 - Lionel JOLY Site internet – Bon de commande Les points de vente de notre revue Bibliographie

Le Moniteur #6273 : Planification écologique : Les collectivités cherchent la bonne formule
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Tradition japonaise apparue au XIIe siècle, le thé matcha prend la forme d'une poudre très fine de couleur vive. Les pâtissiers français l'utilisent parfois pour donner une teinte verte aux millefeuilles. Le gouvernement, lui, n'a pas encore trouvé d'ingrédient magique pour verdir en profondeur le millefeuille administratif. Alors que la planification écologique est appelée à innerver l'ensemble des politiques publiques, la réussite de sa déclinaison territoriale apparaît pourtant comme déterminante. Impossible de décarboner les transports, préserver la qualité de l'eau ou rénover les bâtiments sans la mobilisation, à toutes les strates, des élus locaux et de leurs agents. Tradition française apparue après-guerre, la planification suggère, dans son principe même, une vision centralisée de la décision qui ne saurait échapper au cœur du pouvoir. Le secrétariat général à la planification écologique (SGPE) ne loge-t-il pas à l'hôtel de Matignon ? Mais la France de 2023 n'est pas celle de 1946 et le SGPE ne saurait user des mêmes outils que son aïeul, le Commissariat général au plan. L'Etat ne dicte plus, il mobilise, accompagne, contractualise. Les collectivités n'ont pas attendu d'être sollicitées pour prendre des mesures vertueuses. C'est donc du terrain qu'il faut démarrer pour espérer réussir cette planification. Et on ne part pas de zéro, loin s'en faut. Comme le montre notre dossier (lire p. 15-33), les collectivités n'ont pas attendu d'être sollicitées pour prendre des mesures vertueuses pour leur territoire, leur population et les écosystèmes. Ces initiatives présentent la vigueur et la spontanéité inhérentes à leur échelle, mais gagneraient à être mieux coordonnées pour plus d'efficacité. Or, il y a urgence à gagner en efficacité, à transformer le mille-feuille en éclair. C'est ainsi que se dessine la nouvelle articulation de ce que pourrait être la dynamique d'une planification contemporaine. Tous ces mini-plans locaux forment les ingrédients d'une recette dont l'Etat doit assurer à la fois l'association des saveurs, mais aussi la cohérence d'ensemble. Le défi planétaire interroge jusqu'aux tréfonds de la République.

AMC #318 : Beaudoin/MGM - O-S/NAS - Brugel/H2O - BAST
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Olivier Namias
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Le XXIème siècle s'annonce plus que jamais comme le siècle des villes, où vivent désormais 80% des habitants de la planète. Face à des ensembles difficilement réformables, nombreux sont les Etats qui édifient des villes nouvelles, supposément smart et écologiques. Mais aucun n'est allé aussi loin que le royaume saoudien (/ire p. 10). « Gorbatchev des sables » issu du sérail comme l'ancien dirigeant soviétique, le prince héritier, Mohammed ben Salmane (MBS) semble reprendre à son compte le défi de l'architecte de la perestroïka : ouvrir la société tout en préservant la réalité d'un pouvoir autoritaire et clanique. Pour cela, il recourt à une vieille astuce bizarre, rarement employée à cette échelle : changer la ville pour changer la vie, en plaçant son pays parmi les centres du monde de demain. Le temps presse, car la fin de la rente pétrolière se dessine à l'horizon 2030. Bientôt roi, déjà Premier ministre, urbaniste en chef de son pays, MBS dispose de l'autorité et de la coercition qui siéent aux grands projets d'aménagement à mener dans l'urgence, et d'un pays désertique où déployer sa vision : des villes de pixels dopées au luxe, aux jeux vidéo et aux techniques de pointe. Le Mukaab de Riyad, cube de 400 m de côté équipée d'un écran immersif, fera passer la monumentale Sphère de Las Vegas pour un jouet d'enfant (/ire p. 8). Ces gigaprojets parviendront-ils à séduire des milliers d'expatriés conviés dans une Arabie saoudite réinventée ? Ils ont d'ores et déjà envoûté une myriade d'architectes occidentaux, fascinés par des échelles de projet disparues d'Europe et des Etats-Unis. Comme The Line, une barre de 170 km de long sur 500 m de haut et 200 m de large - prévue pour concentrer 9 millions d'habitants sur 34 km2 -, version agrandie du dispositif où Rem Koolhaas imaginait, dans les années 1970, enfermer des habitants « prisonniers volontaires de l’architecture ». Pourquoi contribuer à une réalisation aussi inhumaine et absurde ? Certains pensent que le projet « atterrira » et gagnera en réalisme au pied du chantier. D'autres cachent à peine leur scepticisme, la perspective de l'échec servant sans doute d'excuse pour avoir franchi cette ligne. Au regard des temps longs de l'urbanisme et de l'aménagement, le pari de MBS apparaît comme une fuite en avant désespérée. Instant City, la ville instantanée, n'existera jamais que dans les dessins d'Archigram. Peter Cook, ancien membre du groupe britannique et consultant actif sur The Line, observe le projet en entomologiste, curieux de savoir si ce phasme géant arrivera à sortir des sables. Une expérience grandeur nature à l'échelle de planète, considérée ici comme un vivarium architectural.

D'Architectures #312 : Dossier : Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais : l'héritage comme ressources
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Emmanuel Caille
Editeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURAL
Description : Monument vivant Dans notre imaginaire, le monument est associé à des édifices emphatiques ou à des tombeaux. L’idée de le qualifier de « vivant » peut donc surprendre, comme si les deux termes étaient antinomiques, car nous viennent à l’esprit une pyramide, une cathédrale ou une villa Savoye, bâtiments qu’il serait inconcevable de modifier. Le monument, « chose dressée pour la mémoire du futur », est souvent fétichisé au nom d’un passé idéalisé, enserré dans une nostalgie mortifère. En inscrivant le Bassin minier du Nord-Pas de Calais sur la Liste du patrimoine mondial au titre de « paysage culturel, évolutif et vivant », l’UNESCO et ceux qui ont bataillé pour cette inscription se sont judicieusement démarqués de cette vision passéiste. Le patrimoine ne peut plus se réduire à une collection d’icônes instagrammables destinées à être vénérées par des hordes de touristes comme des reliques. Cette nouvelle manière d’envisager les questions patrimoniales fait écho à la révolution qui ébranle le monde de l’architecture depuis quelques années. Si la conception spatiale et l’intelligence constructive restent bien sûr les qualités essentielles qui légitiment le rôle social de l’architecte, les nouvelles générations sont beaucoup plus investies dans une vision élargie de leur mission. Liée aux enjeux environnementaux, cette prise de conscience politique – que l’on retrouve chez la majorité des lauréats du Prix d’architectures – témoigne d’abord d’un attachement fondamental aux questions de la préservation du bâti existant et à sa potentialité de générer des processus de projet au-delà de la commande initiale. Un élargissement aussi spatial – le paysage alentour – que relationnel, dans le dialogue qu’il tente d’instaurer avec les édiles ou les habitants. De l’Artois au Valenciennois, le Bassin minier est un paysage dont l’histoire a généré une richesse sédimentaire considérable, tant les trois derniers siècles y ont imprimé de bouleversements. Des riches terres agricoles à la révolution industrielle et ses mines de charbon, des guerres destructrices aux reconstructions et aux crises économiques, la région repose sur un patrimoine – tant humain que paysager – au formidable potentiel. Ce n’est pas tel puits de mine, terril ou même coron qui justifie cette patrimonialisation, mais la potentialité de relation et de transformation qui les unit à l’échelle du paysage. En ce sens, on peut dire que ce qui fait la richesse patrimoniale de cette inscription est encore à venir et c’est pourquoi elle relève pleinement de l’architecture.

La Gazette des communes #2690 : City-stades, skateparks... Où sont les filles ?
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Romain Mazon
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : L'énormité de l'affaire Cahuzac a donné naissance à un corpus législatif enrichi de manière ininterrompue depuis dix ans (*). Son mensonge, « les yeux dans les yeux », a rendu inaudibles tous ceux qui, de longue date, renvoient la corruption à des perversions isolées. Depuis, la lutte contre la corruption s'appuie en particulier sur le levier de la transparence de la vie publique. CONFIANCE. En soi, l'objectif de transparence n'a rien que de très banal, traduction contemporaine des valeurs défendues par les textes fondateurs de notre Ve République : la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, préambule de notre Constitution. Pour faire court, les citoyens ont le droit de demander des comptes à tout responsable public sur son action. S'est-il enrichi à la faveur de son mandat ou de son emploi ? A-t-il favorisé d'autres intérêts que l'intérêt général ? De cette transparence découle la confiance que les citoyens accordent à leurs représentants, donc à la démocratie. Rien de choquant, a priori. Avec les lois de 2013, on passe au concret, avec déclaration de patrimoine et d'intérêts. Depuis, les thuriféraires de l'auto régulation dénoncent un « système totalitaire ». EXEMPLARITÉ. Pourtant, quel tir de barrage contre les modalités de cette transparence ! Il faut dire qu'avec les lois du 11 octobre 2013, on ne se paye plus de mots, on passe au concret, avec déclaration de patrimoine et d'intérêts. Les thuriféraires de l'autorégulation y vont, depuis, au bazooka, dénonçant, ici, un « système totalitaire », là, une « loi de suspicion ». Surtout, certains responsables politiques se permettent de s'affranchir de leurs obligations en remplissant des déclarations illisibles ou incomplètes. Tant pis pour l'exemplarité. Même un ancien Premier ministre comme Edouard Philippe ne rate pas une occasion de dire tout le mal qu'il pense de la transparence. Pourtant, après l'affaire Cahuzac, on a eu l'affaire Fillon, l'affaire McKinsey, d'innombrables polémiques sur le pantouflage et le « rétro pantouflage » de fonctionnaires... Certes, certaines dispositions législatives ou réglementaires peuvent être mal calibrées (lire notre dossier p. 30-35) et nécessiter d'être remises sur le métier. Mais si l'on veut réellement installer la confiance, l'objectif de transparence, lui, n'est ni un luxe, ni une option.

Le Moniteur #6272 : A La Réunion, un canyon atterit sur l'aérogare
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Sur le chantier de l'autoroute qui reliera Castres à Toulouse, le bruit des engins ne couvre pas les cris des manifestants. Cette cacophonie témoigne d'un dialogue de sourds. Les uns assurent avoir limité au maximum le nombre d'œufs cassés pour faire leur omelette, quand les autres prétendent qu'il faudrait ne pas faire d'omelette du tout. Deux positions irréconciliables. Sur le terrain, l'affaire paraît entendue : le chantier bat son plein. C'est d'ailleurs l'un des paradoxes de cette histoire : la cristallisation de la contestation n'intervient qu'au terme d'une procédure régulière où tous les feux sont au vert. Après des années de concertation et de contentieux, il semble désormais inconcevable de remettre en cause un projet aussi bordé juridiquement. Qu'on le veuille ou non, l'autoroute est sur des rails (de sécurité). L'utilité publique d'un projet ne sera jamais une évidence pour tous. L'avenir, en revanche, est bien plus flou. Notre capacité de construire des infrastructures semble s'amoindrir. Par manque de courage politique ? Trop simple. En raison d'oppositions systématiques ? Trop caricatural. Ce genre de décision repose sur un équilibre précaire : les avantages de l'ouvrage, en termes de développement ou de sécurité par exemple, doivent en justifier les coûts, qu'ils soient économiques ou environnementaux. Or, de ce côté-ci de la balance, la donne a bien changé. Le prix des arbres coupés, des collines arasées ou des terres agricoles artificialisées apparaît bien plus lourd aux yeux des citoyens de 2023 qu'à ceux de leurs aînés. Les œufs de poule sont devenus des œufs d'esturgeon, l'omelette un produit de luxe. L'utilité publique d'un projet - puisque c'est bien elle, le juge de paix - ne sera jamais une évidence pour tous. Elle se discute, elle se débat, parfois dans le brouhaha. Elle évolue, aussi, selon les priorités du moment. Aujourd'hui, elles sont écologiques. Pourtant, même là, il faut arbitrer entre éoliennes et paysages, ferme photovoltaïque et espaces protégés, ligne ferroviaire et terres agricoles… Seule certitude, immuable : la décision revient aux élus, miroirs de leur époque, maîtres du fouet.

A Vivre #132 : Travailler à la maison
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Jordi Patillon
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : Royaume de l'extrême (qu'il soit climatique, topographique ou géologique), la montagne fascine autant qu'elle peut inspirer la crainte. Construire en altitude n'est donc jamais anodin, et les architectes doivent souvent rivaliser d'ingéniosité pour mener à bien des projets aussi singuliers que les paysages qui les abritent.

La Gazette des communes #2689 : Pollution sonore - Les collectivités ne peuvent plus faire la source oreille
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Hervé Jouanneau
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : C'était un rendez-vous attendu avec une impatience teintée d'anxiété et d'espoir. Annoncé il y a un an, maintes fois reporté, le comité interministériel des villes (CIV) s'est finalement bel et bien tenu, le 27 octobre, à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines). De quoi soulager les maires de banlieue qui, ces dernières semaines, ne dissimulaient plus leur colère, fustigeant les atermoiements de l'exécutif face à l'urgence sociale dans les quartiers populaires. PAS DE SURPRISE. Entourée de la moitié de son gouvernement, la Première ministre a donc répondu à l'appel des élus locaux pour « faire vivre la promesse républicaine et garantir l'égalité des chances ». A la clé, une pluie de mesures touchant à la mixité sociale, à la transition écologique, à l'emploi ou à l'accès aux services publics. Certaines étaient réclamées, comme la généralisation des cités éducatives, un nouveau plan sur les copropriétés dégradées et le fléchage du fonds vert. Pas de surprise pour les autres, en revanche, la plupart étant recyclées ou déjà sur les rails. Même scénario pour le plan de fermeté que la même Elisabeth Borne avait présenté la veille en réponse aux émeutes de l'été. La déception est tangible sur le terrain. Le CIV historique, que tous espéraient, avec un vrai projet pour repenser la cohésion nationale, n'a pas eu lieu. ATTENTES IMMENSES. De leur côté, les élus et les professionnels, qui attendait du gouvernement une ambition, un souffle à la hauteur des enjeux, sont tombés de haut. « Pas de révolution mais des évolutions », a concédé, amer, Philippe Rio, maire (PC) de Grigny, à l'issue du discours de douze minutes prononcé par Elisabeth Borne. Certes, l'exécutif a honoré son engagement. Et cette liste de 40 mesures techniques - bien souvent sans moyens ni calendrier - va dans le bon sens et étoffe un peu la boîte à outils des professionnels. Mais sur le terrain, où les attentes étaient immenses, sans doute trop, la déception est tangible. Le CIV historique, que tous espéraient, avec un vrai projet pour repenser la cohésion nationale, n'a pas eu lieu. Et dans un contexte de crispation sociale et de fortes tensions internationales, les acteurs de terrain vont se retrouver bien seuls pour tenter de panser les plaies des quartiers les plus pauvres et les plus fragiles. Et de leurs habitants.

Le Moniteur #6271 : Pour le béton aussi, le bio c'est bon
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Jérémy Bellanger
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Le malheur des uns fait le bonheur des autres. L'adage se vérifie souvent, mais omet de préciser que les réjouissances peuvent être de courte durée. Dernier exemple en date : la crise du logement neuf et ses effets. Pour les promoteurs, la cote d'alerte est désormais largement dépassée, comme en témoignent les derniers résultats communiqués par certains grands acteurs. Aux avant-postes du marché de la construction, ils ont été parmi les premiers à faire les frais de la remontée des taux et des difficultés d'accès au crédit. Les voilà dans l'incapacité d'écouler leurs produits, sauf à les dévaluer. Une aubaine pour les bailleurs sociaux qui se retrouvent en position de force à l'heure de négocier le prix du mètre carré. Pourtant, rares sont les organismes HLM à se féliciter de la nouvelle donne, bien conscients que cette parenthèse des bonnes affaires est en réalité mortifère et se refermera aussi vite qu'elle s'est ouverte. Les bailleurs sociaux se retrouvent en position de force à l'heure de négocier le prix du mètre carré. Mais derrière, c'est la pénurie qui guette. Derrière, c'est la pénurie qui guette. Un trou d'air dans la construction qui n'épargnera aucun maillon de la chaîne de valeur. Le dernier congrès de l'Unsfa s'est d'ailleurs fait l'écho de ce risque de contagion, pointant l'impact à venir sur les maîtres d'œuvre. Une inquiétude bien compréhensible qui commence également à infuser au sein d'entreprises de travaux, encore très occupées sur les chantiers, mais dont les défaillances sont reparties à la hausse au troisième trimestre. Pour sûr, les mois à venir tiendront de l'épreuve de résilience, même si certains parviendront à s'abreuver dans des oasis du marché telles que la rénovation énergétique et l'industrie. La crise est là et elle gagne du terrain. Reste désormais à en connaître l'ampleur et la durée. Deux paramètres largement dépendants de l'action des pouvoirs publics.

Architectures CREE #406 : Automne 2023
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Karine Quédreux
Editeur : MEDIARECLAME PUBLISHING MEDIAREKLAM PUBLICHING
Description : La division de la discipline architecturale n’est pas l’apanage de notre époque contemporaine, qui oppose les échelles - celle de la ville, des espaces habités, des matériaux, ou encore des courants de pensée. « C’est dans les villes européennes que se sont affirmées, du XIIe au XVIe siècle, la plupart des libertés - économiques, politiques, sociales, culturelles, familiales, morales - qui caractérisent aujourd’hui les sociétés occidentales », rappelle Jean Haëntjens, économiste et urbaniste, directeur d’Urbatopie. Dans son dossier consacré à l’aménagement urbain, Architectures CREE interroge la complémentarité, ce lien tenu entre l’architecte et l’urbaniste face aux élus dont il s’agit coûte de coûte de gagner la confiance afin de fabriquer la ville vertueuse de demain. L’urbaniste s’installe-t-il chez l’architecte, à moins que ce ne soit le contraire ? Ainsi pourrait-on s’étonner de la déclaration de Christine Leconte, présidente du Conseil national de l’Ordre des architectes, à la Fondation Jean Jaurès le 17 mai dernier, dans le cadre du débat sur la place de l’architecture dans les politiques publiques : « L’architecture doit être pensée fondamentalement en interministériel tout en étant éminemment culturelle. Son positionnement situe la valeur que nous accordons à notre art de vivre ensemble. Aujourd’hui, elle est peu visible. (…) En fait, ce qui fait la ville, ce qui spatialise le projet démocratique, c’est l’architecture ». Aurait-on ici perdu la trace de l’urbanisme au profit d’une architecture toute puissante ? Certes non, car de poursuivre : « Quand des villes perdent toute qualité architecturale ou urbaine, des problématiques sociales, environnementales, de mobilités, d’habitat émergent alors. » Soyons donc toujours attentifs à ne pas alimenter cette lutte larvée entre les deux disciplines. Pascale Poupinot, présidente du Conseil français des urbanistes, instruit ce même discours revenant sur le rôle des agences d’urbanisme - l’un des acteurs paradoxalement les moins célébrés - dans la fabrique de la ville, rappelant l’importance d’une parole à plusieurs voix. La position de ces instances se rallie donc, et il n’est qu’à suivre le débat public sur la transition écologique pour finir de s’en persuader ! Il est de fait grand temps de redonner explicitement sa place à chacune d’elle pour gagner en qualité architecturale et urbaine afin de faire émerger un débat positif à tous les égards. À la question de savoir comment nous vivrons demain face au défi climatique, la réponse mérite de toute évidence une mutualisation des compétences.

La Gazette des communes #2688 : Logement - Face à la crise, les collectivités jouent les pompiers
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Romain Mazon
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : La crise des « gilets jaunes » en a été le marqueur récent le plus spectaculaire : bien que fondée sur un diagnostic globalement non contredit en France, la hausse de la taxe « carbone » a été rejetée par une partie du pays, entraînant un cycle de violences inédit. Dans un autre registre, le projet d'autoroute A69 mobilise des opposants déterminés à le stopper malgré l'affirmation de sa conformité réglementaire. Le ministre des Transports, Clément Beaune, a beau expliquer que tous les recours judiciaires ont reçu une réponse, que toutes les procédures d'enquête préalable et de concertation ont été respectées, rien n'y fait : des milliers d'opposants récusent la légitimité démocratique de la décision. TRANSPARENCE. Même l'autorité de la loi ne pèse plus auprès des citoyens : les zones à faibles émissions, dispositif mis en œuvre dans de nombreuses métropoles européennes sans susciter de crise, ne passent pas en France, malgré déjà deux lois. Dans son récent rapport consacré à l'acceptabilité des ZFE (1), l'ancienne ministre de la Transition écologique Barbara Pompili recommande de « mener des consultations publiques et d'assurer la transparence du processus d'élaboration du projet ». Les décideurs locaux ne peuvent se contenter de dénoncer l'incurie de l'Etat car leurs décisions sont tout autant contestées. QUESTIONS POLITIQUES. Sauf que si la démocratie représentative est en crise, la démocratie participative l'est tout autant (2). Laissons aux sociologues le soin de nous éclairer sur les raisons pour lesquelles des citoyens n'acceptent plus les règles du jeu démocratique. Et aux historiens de documenter les renoncements ou trahisons qui, sur le plan national, ont nourri ce désamour. Mais notons que les décideurs publics locaux ne peuvent, cette fois, se contenter de dénoncer l'incurie de l'Etat, car leurs décisions sont tout autant contestées. Pour les universitaires Alice Mazeaud et Guillaume Gourgues (lire p. 22-23), le hiatus tient en partie à « l'inflation des dispositifs participatifs », qui les dévalorise. Et les chercheurs de proposer de cibler la participation « sur les sujets qui soulèvent des questions fondamentalement politiques. Or, c'est exactement là où le politique ne veut pas qu'il y ait de participation ». On tient sans doute ici un début de réponse pour résoudre la crise démocratique.

La Maison écologique HS #19 : Récup & réemploi
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Gwendal Le Ménahèze
Editeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIK
Description : Sur les 37,8 millions de logements que comptait la France début 2022, l'Insee dénombrait 3,7 millions de résidences secondaires et 3,1 millions de logements vacants. Soit près d'un logement sur cinq inutilisé comme lieu de vie principal. Et c'est sans compter les montagnes d'autres bâtiments en quête de reconversion ; locaux commerciaux, industriels, agricoles, publics... Rien qu'en Île-de-France, la surface de bureaux vacants a presque doublé depuis la crise sanitaire du Covid et le développement du télétravail, pour atteindre 4,4 millions de m² mi-2022. Malgré ce grand vide qui prend beaucoup de place, on continue d'autoriser la construction de 431 800 logements neufs par an, qui grignotent encore et encore nos paysages. Et engloutissent nos ressources, puisque construire une maison consomme 1,2 t/m2, soit 40 fois plus de matières qu'une rénovation basse consommation. 51 millions de tonnes de matériaux ont été dévorés pour la construction neuve en 2015. À l'occasion de cet opulent festin, la construction nous recrache ses impacts sur l'environnement. L'ingénieur Bruno Peuportier a comparé les bilans environnementaux de la réhabilitation d'un bâtiment des Yvelines et de sa reconstruction à neuf : malgré la meilleure performance énergétique du scénario neuf (35 kWh/m2.an de chauffage contre 50), même après 30 ans le neuf traîne un bilan carbone global 45 % plus lourd, soit 252 kg d'émissions de CO2 de plus par m2 ! Sur le plan énergétique, l'expert Olivier Sidler estime « qu’une rénovation performante dépense trois fois moins qu’une construction ». Et la note environnementale serait bien moins salée si ces chantiers étaient menés en réemploi. Cerise sur le gâteau, quand la démolition régurgite 328 t de déchets par unité de travail* et la construction neuve, 34 t, la rénovation en rejette18 t. Alors, de toute évidence, transformons nos 213 millions de tonnes annuelles de déchets du BTP en ressources pour nos chantiers. Mais, sachant que 63 % du bilan carbone d’un bâtiment neuf sont attribués à ses matériaux et équipements, n'oublions pas de réemployer les bâtiments qui nous tendent les bras. * 1 UT = 1 salarié, ce qui décorrèle en grande partie la production de déchets de la taille du chantier.

Le Moniteur #6269 : "Les architectes sont à l'avant-garde des besoins de la société"
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : LE MONITEUR MONITER
Description : Et si l'usine produisait des chantiers à la chaîne ? Le projet de loi Industrie verte, qui vient d'arriver au terme de son cheminement parlementaire, devrait y contribuer. Fruit d'un compromis entre groupes politiques et d'un accord entre députés et sénateurs, le texte n'a pas nécessité de recours au 49-3. Son contenu ne fait peut-être pas tout à fait l'unanimité, mais son ambition fait consensus : accélérer la mutation de l'appareil productif hexagonal. Ce n'est pas écrit noir sur blanc dans la loi, mais les professionnels de la construction se trouvent au cœur du processus de réindustrialisation. D'abord, parce que ces usines indispensables à la décarbonation, il faudra bien les faire sortir de terre. Une partie des nouvelles dispositions s'attache ainsi à simplifier l'accès au foncier et à accélérer les procédures, pour, à terme, concevoir, construire et exploiter des unités de production. A l'heure où la production de logements s'éteint dans l'indifférence gouvernementale, le coup de pouce à d'ambitieux projets industriels conduira les constructeurs à des repositionnements opportuns. Certains, dans le gros œuvre ou l'ingénierie, l'ont déjà compris. Le secteur de la construction se trouve au cœur du processus de réindustrialisation « verte » Mieux : ces chantiers en appelleront d'autres, bien plus nombreux. L'exécutif et les parlementaires entendent promouvoir tout particulièrement les « big five », à savoir l'éolien, le photovoltaïque, les pompes à chaleur, les batteries et l'hydrogène décarboné. Fait remarquable : ces cinq productions industrielles d'avenir nourriront toutes la réalisation d'ouvrages et de réseaux. Un motif de réjouissances, donc, mais aussi une preuve supplémentaire du rôle central que la construction est appelée à jouer dans les transitions écologique et énergétique. Nul ne peut prédire aujourd'hui les effets réels des dispositifs d'Industrie verte. En revanche, on peut d'ores et déjà affirmer que celle-ci accompagne un mouvement profond et inéluctable de transformation de notre économie. Et qu'il est temps d'en tirer profit. C'est désormais écrit noir sur blanc.

Le Moniteur #6270 : Retrait-gonflement des argiles : une fissure très salée
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : LE MONITEUR MONITER
Description : Comment freiner l'épidémie de fissures qui touche les maisons françaises ? La question reste à ce jour sans réponse. Pourtant, la multiplication des épisodes de sécheresse provoque une croissance exponentielle et inexorable des dégâts sur le bâti. Même les zones aussi éloignées du croissant argileux que le Finistère ou la Corse-du-Sud sont désormais touchées. Avec, au bout du compte, une facture qui se compte en milliards d'euros. L'appréhension du phénomène du retrait-gonflement des argiles se heurte à une difficulté particulière, celle de percevoir l'ampleur de la catastrophe. Ici, pas d'image spectaculaire. Les ravages d'une crue ou d'un séisme font les gros titres. Pas les petites fissures qui lézardent en silence ces habitations. Confrontés à des montagnes de sinistres, les assureurs s'alarment eux aussi Avec ses 3,5 milliards d'euros de dégâts, le triste record de 2022 aura, si l'on ose dire, réussi à briser ce mur de l'indifférence. Le député du Nord Vincent Ledoux vient ainsi de remettre à la Première ministre un rapport parlementaire sur le sujet. Il propose un bouquet de mesures, allant de la mobilisation financière à l'adaptation du régime « Cat Nat », en passant par les études géotechniques et une « météo des sols ». Confrontés à des montagnes de sinistres, les assureurs s'alarment eux aussi. Et cherchent, entre autres, à améliorer les solutions destinées à protéger les habitations. Des techniques encore insuffisamment maîtrisées mais qui pourraient devenir courantes à l'avenir. En 2023, les frais devraient rester sous la barre du milliard d'euros. Un léger mieux, certes, mais qui représente tout de même le double de la moyenne des années 2000. Indubitablement, nous avons déjà changé d'ère et rien ne permet aujourd'hui d'imaginer que le réchauffement climatique cessera de produire ses effets dans les prochaines décennies. Qu'il plafonne à + 2 °C ou atteigne + 4 °C, il faudra s'adapter et cela ne se limitera pas à végétaliser les rues ou rafraîchir les logements. Sécheresses, orages, érosion côtière ou mégafeux… Silencieuses ou fracassantes, les calamités sont devant nous. Elles doivent être regardées en face.

A vivre HS #59 : Le meilleur de l'architecture
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Jordi Patillon
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : Architecture à Vivre est la seule revue d'architecture et de design en France qui s'adresse au grand public. Elle a pour but de diffuser la qualité architecturale auprès d'un large public et plus particulièrement les thèmes de l'habitat et de l'univers de la maison, en expliquant de la façon la plus claire la logique d'un projet, son empreinte culturelle et environnementale, la fabrication de l'espace, les matériaux, le tout illustré par le point de vue de l'habitant, du concepteur et par une présentation détaillée des produits.

La Gazette des communes #2687 : Circuits courts : Ces villes qui retrouvent la clé des champs
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Hervé Jouanneau
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : La peur du terrorisme aveugle est de retour. Après l'effroyable assassinat du professeur Dominique Bernard au lycée Gambetta à Arras par un islamiste, la question est dans tous les esprits : comment éviter qu'un tel drame se reproduise ? Comment prévenir le passage à l'acte d'individus isolés et radicalisés dont le mode opératoire est bien souvent improvisé ? En l'absence de réponses, un sentiment d'impuissance semble dominer. D'autant que les services antiterroristes le confirment : qu'elle soit projetée depuis l'extérieur ou qu'elle vienne d'un loup solitaire galvanisé par les atrocités de la guerre au Proche-Orient, rarement la menace a été aussi élevée et difficile à détecter. PRIORITÉ À L'ORDRE. Pour rassurer la population, l'exécutif promet un « Etat impitoyable », mobilise l'appareil militaire et policier, relève tous les niveaux de surveillance et accélère l'expulsion des « fichés S » étrangers. Priorité à l'ordre. Les collectivités ne sont pas en reste. Sollicités par le ministre de l'Education nationale pour mieux sécuriser les établissements scolaires, les élus locaux vont sans nul doute mettre la main au portefeuille pour lancer de nouveaux travaux d'aménagement et muscler leurs systèmes de vidéoprotection. Comme souvent, le tiroir-caisse territorial servira à soutenir de coûteuses technologies de sécurité. Mais pour quels résultats ? Comme souvent, le tiroircaisse territorial servira à soutenir de coûteuses technologies de sécurité. Mais pour quels résultats ? La volonté de protéger et de sanctuariser les collèges et les lycées n'est pas contestable. Mais, n'en déplaisent à leurs thuriféraires, les caméras et les portiques n'ont jamais empêché les martyrs-kamikazes de réaliser leur dessein mortifère. EN PREMIÈRE LIGNE. S'ils veulent éradiquer durablement ceux qui cherchent précisément le délitement de la cohésion nationale et la guerre de tous contre tous, les pouvoirs publics devront aussi relever un autre défi, immense : celui de l'école républicaine et de la transmission de ses valeurs - la laïcité, la citoyenneté, l'esprit critique et la lutte contre les discriminations. Cet effort-là n'a pas de prix et place la communauté éducative ainsi que l'ensemble des élus et des agents publics en première ligne du combat contre l'obscurantisme. Faisons bloc !

AMC #317 : GHOTMEH - TOLILA+GILLILAND - STUDIO 1984 - JAQ
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Olivier Namias
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Comment meurent les bateaux et qui coud ma chemise ? Cette interrogation, apparue à la suite d'accidents dans des casses de navires et des usines textiles du Bangladesh au milieu des années 2000, se pose au quotidien dans nos sociétés industrialisées confrontées au défi de leur durabilité. La question porte autant sur les matériaux que sur les acteurs de la transformation de notre environnement, fissurant les mythologies comme celle de l'architecte démiurge. Une figure déjà bien écornée, à en juger le nombre d'architectes regroupés en collectifs ou derrière un sigle gommant les individualités. Qui peut encore croire, hormis pour des commodités légales, que le génie d'une personne métamorphose la société par ses idées miraculeuses ? Derrière l'architecte, une foule travaille à la patiente mise au point d'un bâtiment et à son développement en chantier ; et dans cette seconde ligne, très souvent des femmes, écartées du devant de la scène alors qu'elles représentent désormais la moitié des moins de 35 ans inscrits à l'Ordre et plus de la moitié des étudiants en architecture. Leur donner une visibilité pourrait-il faire émerger une nouvelle architecture ou y contribuer ? C'est le premier pas d'une longue marche pour l'égalité qui ne doit pas s'arrêter au genre. Derrière la domination masculine diffuse se cache une domination sociale bien mesurée : seuls 4 % des jeunes diplômés en architecture ont un père ouvrier(*). Dans la cohorte des invisibles, il faudrait aussi mentionner les légions de BET et entreprises, déterminants dans la réalisation d'une œuvre. Pour en finir avec l'invisibilité, les médias doivent prendre leur part, sans exclure de piste. Le cinéma, par exemple, n'oublie jamais de citer à chaque projection l'ensemble des participants à la fabrication d'un film, du réalisateur (l'architecte) au scénariste (le programmiste), en passant par l'accessoiriste et le décorateur (les entreprises), les matériaux musicaux et les opérateurs (les BET), pour finir par le producteur (la maîtrise d'ouvrage). Comme les films, les bâtiments mériteraient d'avoir leur générique. Lors des inaugurations, les architectes déplorent régulièrement de n'être jamais cités par leur maître d'ouvrage. Faut-il y voir une forme de morale : si vous invisibilisez les autres, vous deviendrez à votre tour invisible ?

Exé #53 : Technique et activité
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Clémentine Roland
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : Aborder le sujet des bâtiments techniques et productifs, c'est parler d'industrie et d'économie, d'emploi et de qualifications, d'aménagement et d'ergonomie. C'est aussi parler des professionnels qui répondent au quotidien aux attentes d'usagers de services et de consommateurs exigeants.

La Gazette des communes #2686 : Et si la grogne citoyenne nourrissait l'action publique..
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Hervé Jouanneau
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : L'annonce a fait l'effet d'une bombe parmi les élus de banlieue. Trois mois après les violences urbaines qui ont ébranlé le pays et remis sous les projecteurs ceux que l'on a coutume d'appeler les territoires oubliés de la République, la décision prise par l'Elysée d'annuler le comité interministériel des villes (CIV) du 9 octobre a sonné le glas d'une confiance déjà bien érodée entre l'exécutif et les acteurs de terrain. Le rendez-vous, promis cet été pour répondre aux grands enjeux de la politique de la ville, avait pourtant fait l'objet d'une série de rencontres et de concertations encourageantes. Mais le chef de l'Etat en a voulu autrement, imposant à la dernière minute un nouveau report, le quatrième en un an, au profit d'un temps d'échange sans envergure - pompeusement baptisé « Conseil national de la refondation » -dédié aux émeutes. COLÈRE. Sidérés, les maires de banlieue qui, depuis la violente poussée de fièvre de juillet, nourrissent l'espoir que le gouvernement prenne pleinement conscience du malaise des quartiers, ne décolèrent pas. Et fustigent, à l'instar du maire de Grigny, Philippe Rio, « le mépris et l'indifférence du pouvoir pour les quartiers populaires ! » Comment expliquer ce nouveau rendez-vous manqué ? Les observateurs les mieux informés expliquent que le Président aurait demandé à son gouvernement de revoir la copie, pas suffisamment ambitieuse. D'autres ne veulent y voir qu'une péripétie calendaire, le CIV étant « repoussé de quelques semaines », sans doute fin octobre, affirme-t-on à Matignon. On le saura très vite. Si le chef de l'Etat tergiverse autant pour proposer une solution aux émeutes, c'est peut-être parce qu'il n'en a pas. TROISIÈME VOIE. Au-delà, tout porte à croire qu'Emmanuel Macron s'est égaré sur une ligne de crête, à la recherche d'une troisième voie entre, d'une part, une posture « de gauche » synonyme de traitement social de la pauvreté, et, d'autre part, un choix « de droite » tablant sur un durcissement sécuritaire. A moins que la vérité ne se situe ailleurs. Car si le chef de l'Etat tergiverse autant pour proposer une solution aux émeutes, c'est peut-être aussi parce qu'il n'en a pas. Ce qui est encore moins rassurant pour les habitants des quartiers qui, chaque jour, s'enfoncent un peu plus dans la pauvreté.

Urbanisme #406 : Actualité du bidonville
Périodiques
Année : 2017
Auteur : Jean-Michel Maestre
Editeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURAL
Description : C’est à une actualité paradoxale – celles des bidonvilles en France – que la revue Urbanisme consacre le dossier de son numéro 406 (automne 2017). D’abord en s’attachant à leur histoire : celle des années 1960–1970 qu’évoquent la couverture et d’autres photos en noir et blanc. Ce dossier se saisit aussi d’un renouveau d’intérêt de la recherche universitaire et de démarches culturelles et professionnelles. Chercheurs, architectes et urbanistes, artistes questionnent la réalité actuelle des bidonvilles : en regard d’autres pays européens ou d’autres continents, comment les dénommer ? Des enquêtes montrent que l’insertion de leurs habitants est possible, à Madrid, au Portugal ou en banlieue parisienne, pour peu que des pouvoirs locaux et des associations se mobilisent. Médecins du Monde qui, à partir des questions de santé, est intervenue dès 1993 auprès des populations roms, estime que la stabilisation de certains bidonvilles peut constituer un sas pour leurs habitants. Cette affirmation interpelle politiques et professionnels.

Le Moniteur #6268 : Après les émeutes, la reconstruction à petits pas
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Le « fou du Puy » serait-il devenu le « zinzin du ZAN » ? On peine à comprendre ce qui a poussé Laurent Wauquiez à annoncer que sa région « sortait du ZAN ». Pour être honnête, on a d'abord peiné à comprendre ce que cela signifiait. Puis, une fois précisé que la collectivité suspendait la procédure de modification de son Sraddet pour manifester son mécontentement face aux règles nationales, on a peiné à comprendre ce qu'elle avait à gagner à se priver d'un outil aussi crucial pour l'aménagement de son territoire. Bien entendu, Laurent Wauquiez a toute sa tête. Son coup d'éclat, il le sait pertinemment, n'aura que peu de portée pratique. Annoncer une « sortie du ZAN » pour un élu de droite engage autant que poser un panneau « Commune hors Tafta » pour un élu altermondialiste : de l'affichage pur et simple. Son objectif est ailleurs. Ce redoutable animal politique a flairé autour du ZAN un potentiel point de clivage. Le candidat non déclaré à la présidentielle de 2027 a choisi de dégoupiller sa grenade devant l'Association des maires ruraux de France. Nul besoin d'être un normalien doublé d'un énarque pour saisir qu'il entend réveiller l'antagonisme entre France des villes et France des champs. La lutte contre l'artificialisation ne peut se réduire à une lubie urbaine. Dans les petites communes, c'est clair, des élus se disent désemparés face à la fin annoncée des lotissements, gloutons en terres. Le risque de friction existe - c'est indéniable - entre l'objectif de sobriété et celui, tout aussi louable, de développement local. Mais il est tout aussi certain qu'il faudra, demain, aménager autrement. Oui, c'est contraignant. Oui, c'est long. Mais, comme la décarbonation, comme le recyclage, ce n'est plus une option. Là se trouve l'erreur de jugement de Laurent Wauquiez : réduire la lutte contre l'artificialisation à une lubie urbaine. Or, la population rurale a fait sienne la volonté de préserver les espaces naturels. Le monde agricole lui-même fait désormais pression pour limiter le grignotage des terres. Ce n'est pas parce qu'ils roulent au diesel et se chauffent au fioul que les habitants des bourgs se moquent de la nature. En cherchant à toucher ce qu'il imagine être les tréfonds des terroirs, le stratège politique confond clivage et cliché. Non, les Français, même ruraux, ne sont pas des veaux.

D'architectures #311 : Dossier : les lieux de la mort, le grand tabou
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Emmanuel Caille
Editeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURAL
Description : Le pire endroit pour les morts ? Il y en a dans tous les villes et villages de France, des lieux où l’on devrait avoir envie de se promener, des lieux qui devraient être les plus beaux parce que l’on peut y vivre des moments intenses, ou y rester peut-être pour l’éternité… Occupant de vastes superficies, souvent placés en plein milieu urbain, ils sont les parcs ou jardins qui nous manquent tant aujourd’hui. Et pourtant qu’ils sont laids et sinistres nos cimetières, royaume du kitsch funéraire où règnent fleurs en plastique et plaquettes de granit poli venues de Chine. Le concept de nos cimetières, hérités d’un temps où l’on vivait pendant des générations sur la terre de nos ancêtres, est devenu complètement obsolète. Mais personne ne paraît remettre en cause ce monde, sans doute parce qu’on le subit dans l’urgence et le désarroi, parce qu’il est trop tard, parce qu’on préfère ne pas y penser, mais aussi parce qu’il est soumis au lobbying du business funéraire, bien installé. Il n’y a qu’à voyager de Stockholm à Igualada en passant par Modène pour découvrir qu’un cimetière n’est pas forcément sinistre. Chez nous, leur conception ou leur entretien est confié aux services municipaux ou à des géomètres, rarement à des paysagistes ou des architectes. Il existe bien quelques rares et beaux exemples, que vous découvrirez dans ces pages, mais ils ne paraissent pas faire école. Une seule métropole, Montpellier, semble avoir pris la mesure du problème avec une magnifique extension de son cimetière de Grammont, réalisée par l’agence Traverses. Mais cette expérience, pourtant exemplaire, ne semble pas avoir ébranlé les mentalités ; les lieux des morts, qui accueillent près de 600 000 Français par an, posent des questions qui n’intéressent visiblement personne. Oui, pendant encore longtemps la France devrait rester le pire endroit pour les morts !

Maisons paysannes de France #229 : Dossier : escaliers extérieurs
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Guy Sallavuard
Editeur : MAISONS PAYSANNES DE FRANCE MAISON PAISAN FRANS
Description : Inégalement réparti en France, l’escalier extérieur représente un marqueur typologique de l’habitat rural. En s’accordant à des choix d’agriculture aussi spécialisés que la culture de la vigne et l’élevage ovin, il s’attache par principe au genre de maison en hauteur agencée sur trois ou quatre niveaux : un cellier, une bergerie ou un chai, un logis à l’étage, puis un grenier.

La Gazette des communes #2685 : Recrutement - Comment attirer les futurs policiers municipaux
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Delphine Gerbeau
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : On croyait les débats sur le ZAN - momentanément -clos, après le vote de la loi du 13 juillet visant à faciliter la mise en œuvre des objectifs de lutte contre l'artificialisation des sols. Laurent Wauquiez, président (LR) de la région Auvergne - Rhône-Alpes, a remis une pièce dans la machine. Le 30 septembre, à l'Alpe d'Huez, devant l'assistance du congrès des maires ruraux, il a déclaré avoir « décidé que la région sortait du dispositif du ZAN », estimant que « mettre sous cloche les décisions des permis de construire sur la ruralité, cela signifie que l'on s'interdit toute forme d'avenir ». PLANIFICATION. Ces déclarations purement électoralistes qui, si elles sont appliquées, vont placer la région dans l'illégalité et les territoires concernés dans la plus grande difficulté. La loi « climat et résilience » a en effet prévu que si la région ne transcrit pas dans son Sraddet les objectifs de baisse de l'artificialisation des sols, ce sont les Scot et les PLU intercommunaux qui devront le faire. Si les élus locaux semblent conscients des enjeux liés au changement climatique, changer de paradigme leur est plus difficile. Au-delà, ces mots inquiètent quant à la suite de la séquence « planification écologique » ouverte, fin septembre, par Emmanuel Macron. Cette grande stratégie prévoit en effet une territorialisation de la planification élaborée au niveau national, en commençant par les régions, via notamment des COP locales pour partager les objectifs et les trajectoires dans les différents secteurs, et les intégrer dans les schémas. ÉCOLOGIE PRODUCTIVISTE. Or, si les élus locaux semblent globalement conscients des enjeux liés au changement climatique et des maux contre lesquels il faut lutter, il leur est plus compliqué d'accepter de changer de paradigme, comme on l'a vu avec le ZAN et la concession accordée par le gouvernement d'un hectare à artificialiser par commune, ou avec son rétropédalage sur les zones à faibles émissions, deux exemples parmi tant d'autres. Comment leur jeter la pierre, quand l'exécutif lui-même et le Président ont opté pour une « écologie productiviste » sans rupture véritable avec le modèle carboné ? Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, a entamé, le 27 septembre, son tour de France de l'écologie. Son passage à l'Alpe d'Huez, le 30, lui aura donné une vision franche du chemin qu'il reste à parcourir.

Le Moniteur #6267 : Sur les chantiers, les recrutements ne faiblissent pas
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Pour un ministre des Finances, même expérimenté, concocter le budget de l'Etat s'apparente à un exercice comptable : prendre ici pour redistribuer là. Un jeu de vases communicants qui permet d'élaborer un propos politique à partir de grandes masses financières difficiles à appréhender. Le projet de loi de finances pour 2024 ne fait pas exception. Tout juste ripolinée de vert suite au dévoilement des grandes lignes de la planification écologique, la feuille de route présentée par Bruno Le Maire peut se résumer grossièrement en quelques arbitrages : aider la rénovation des logements plutôt que sauver le neuf, accélérer les travaux ferroviaires en taxant les autoroutes, faire progressivement disparaître le GNR au profit des biocarburants… Autant d'annonces auxquelles s'attendait la construction. Bref, rien de nouveau sous le soleil. Ou plutôt sous les nuages lourds. L'effondrement brutal du logement neuf aura de graves conséquences bien au-delà du cercle des promoteurs En effet, ce jeu d'écritures, consistant à faire passer des milliards d'une ligne à l'autre, fait totalement abstraction de la situation des acteurs du BTP alors même qu'il se déroule dans les couloirs de Bercy, tour de contrôle de l'économie française. Certes, le secteur dans son ensemble n'est pas en crise. En témoigne le rythme toujours soutenu des recrutements dans les entreprises de travaux. Mais ces besoins en bras et en cerveaux sont à la fois liés au cycle des projets - on construit ce qui a été décidé il y a de longs mois - et au déficit d'attractivité du secteur, phénomène insensible à la conjoncture. Ils ne sauraient donc occulter les difficultés qui s'annoncent. L'effondrement brutal du logement neuf aura de graves conséquences bien au-delà du cercle des promoteurs. Les bailleurs sociaux voient déjà leurs agréments se réduire à peau de chagrin là où la Vefa fournissait une partie notable du contingent des HLM. Le regain d'activité dans l'ancien, lui, ne compense en rien les chantiers perdus du bâtiment. Même les entreprises de travaux publics craignent que, par le truchement des droits de mutation, la crise de l'immobilier ait un effet délétère sur leurs carnets de commandes. La contagion guette. Non seulement une partie de l'eau s'est évaporée, mais les vases sont percés.

La Gazette des communes #2684 : "Nous mettons 220 millions d'euros de DGF en plus en 2024"
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Romain Mazon
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : En présentant la feuille de route de la planification écologique, le 25 septembre, Emmanuel Macron a donc engagé le pays sur la voie de la neutralité carbone à horizon 2050. Il ne s'agit que d'un premier pas sur un chemin truffé d'obstacles. Chemin que devront emprunter, de concert et en harmonie, les collectivités locales, les citoyens, les entreprises, l'Etat... Chemin qui devra aussi concilier plusieurs chantiers stratégiques déjà lancés ou à lancer : on frise l'usine à gaz et les migraines. EMPOIGNADES EN PERSPECTIVE. Premier défi, « la territorialisation de la planification », qui devra adapter le « chemin national » aux particularités régionales. De ces concertations, animées par le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, devront sortir des stratégies régionales qui identifieront et attribueront clairement les responsabilités entre niveaux de collectivités. De belles empoignades en perspective, qui seront peut-être compliquées par la nouvelle étape de décentralisation voulue par le président de la République. Cette territorialisation soulève immédiatement deux questions : les objectifs fixés auront-ils force contraignante ? Des pénalités, pécuniaires par exemple, sanctionneront-elles les collectivités qui n'atteindraient pas leurs objectifs ? Des concertations animées par Christophe Béchu devront sortir des stratégies régionales qui identifieront et attribueront clairement les responsabilités entre niveaux de collectivités. IDÉOLOGIE INCHANGÉE. Autre défi, celui des financements. Avec les 7 milliards d'euros ajoutés au projet de loi de finances pour 2024 (1), la France semble être à la hauteur des besoins (2). Mais le gouvernement refuse, pour l'heure, de s'engager sur la voie d'une révolution vers la fiscalité écologique, qui semble pourtant incontournable (lire p. 8-10). Par ailleurs, les collectivités font valoir qu'il faudra aussi financer le fonctionnement de cette stratégie, avec des professionnels qui devront bien être payés. C'est aujourd'hui un angle mort. Enfin, et peut-être plus fondamentalement, Emmanuel Macron inscrit son chemin vers la neutralité carbone dans un paysage intellectuel et idéologique toujours fondé sur la croissance et le développement. La notion de sobriété est présente mais « mesurée ». Pour les scientifiques, cela ne fait pourtant pas un pli : sur une planète aux ressources finies, on ne peut poursuivre une croissance sans limite. Le chemin sera long, y compris dans les têtes.

La maison écologique #137 : Buche et granulé : ça twiste pour les poêles mixtes
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Virginie Jourdan
Editeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIK
Description : Comment reprendre le cours classique de nos vies après chaque nouvel été ? L’insouciance furtive de la saison des cerises et des framboises dévorées, des perséides guettées dans l’obscurité du ciel et des pieds nus sur les sols réchauffés semble parfois presque impossible à conserver sur la durée. Difficile, en effet, de fermer les yeux sur la tragique récurrence des incendies dont le paroxysme s’incarne probablement dans les feux meurtriers qui ont ravagé en août l’île Maui de l’archipel de Hawaï. Une nouvelle fois l’eau a manqué dans la majorité des départements français alors même que la pluie a été d’une présence remarquée dans de nombreuses régions. Dans la Manche comme la Méditerranée, les victimes de l’exil recensées par les Nations unies dépasse le millier ces six derniers mois. Les conséquences du changement climatique ont intégré notre quotidien sans devenir pour autant supportables. Alors reprendre le cours classique de nos vies après la pause estivale appartient vraisemblablement au passé. Choquante, souvent violente, cette réalité de l’été meurtrier doit bien nous amener à nous transformer. Un peu comme le suggère le neuropsychiatre et psychanalyste Boris Cyrulnik, dont la définition de la résilience rejoint le cycle du deuil : une évolution nouvelle après l’ébranlement ; la faculté de passer d’un sentier raide, étroit et escarpé, à un chemin d’évolution, large et dégagé. Accepter sans se résigner ou encore parvenir à regarder pour imaginer de nouvelles manières de faire en somme. À l’humble échelle de l’habitat, la palette des actions est, comme l’est notre univers, en constante expansion. Et votre cher magazine veut au mieux suivre et faire connaître ces transformations, petites ou grandes. En baissant la consommation de ressources via la nouvelle offre en poêles mixtes bûche-granulé (p.35) et petits modèles adaptés aux habitats légers (p.65), en s’inspirant de rénovation et écoconstruction nourries de terre et de bois (p.14 et 26), en puisant dans l’intarissable gisement du réemploi pour aménager nos logements (p.70), gardons l’envie et le plaisir de changer nos habitudes à défaut de pouvoir changer plus rapidement le monde !

Le Moniteur #6266 : Spécial HLM - Tout rénover, même les financements
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : LE MONITEUR MONITER
Description : Les Congrès HLM se suivent et ne se ressemblent pas. L'édition 2022 avait été marquée par une grande déception - parfois même une franche hostilité - vis-à-vis des positions du ministre du Logement d'alors, Olivier Klein. Celle qui se déroule début octobre promet certes de nouvelles crispations, mais, cette fois-ci, le gouvernement n'y est pour rien. A la manière d'une scène de ménage, la crise éclate au sein de ce que l'on se plaît parfois à présenter comme la grande famille HLM. La semaine passée, la Fédération des OPH a en effet lancé une procédure contre Action Logement, le poids très lourd des ESH. Autant dire, un fratricide. Le fond de l'affaire apparaît éminemment technique : il concerne la distribution du produit de la collecte de la Peec. Mais on le sait, dans les histoires de famille, ce sont souvent les sujets d'argent qui provoquent les pires conflits. Un linge sale que l'on préfère généralement laver à l'abri des regards. Entreprises et maîtres d'œuvre misent sur les bailleurs sociaux pour atténuer la casse économique et sociale annoncée Or, cette année plus que jamais, toute la construction a les yeux rivés sur le monde HLM. Alors que les promoteurs se préparent à ce qui s'apparente à la pire crise de leur histoire, entreprises et maîtres d'œuvre misent sur les bailleurs sociaux pour atténuer la casse économique et sociale annoncée. Quel que soit leur statut - OPH, ESH, coopératives… - et leurs éventuelles divergences, les organismes HLM apparaissent comme les seuls acteurs en mesure de construire et de rénover massivement… mais pas au milieu d'un champ de ruines. Afin d'éviter le désastre et de peser au maximum sur l'élaboration du projet de loi de finances pour 2024, une « Alliance pour le logement » vient de prendre forme. Elle se veut très large, allant des économistes de la construction aux CMistes, en passant par les entreprises de bâtiment et les notaires. Sans oublier, bien sûr, les bailleurs sociaux. Si elle veut peser dans la balance, cette belle unité devra faire taire les fâcheries de la maison HLM, le temps d'une cousinade.

La Gazette des communes #2683 : Avenir des centres de gestion : un menu XXL sinon rien
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Jean-Baptiste Forray
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Exit, la pensée complexe, Emmanuel Macron va droit au but. Il met sur la rampe de lancement un « pass rail » ouvert à tous, valable de manière illimitée sur les trains Intercités comme sur les TER. Un abonnement « autour de 49 euros », qui a vocation à être opérationnel dès l'été prochain, précise aussitôt son ministre des Transports, Clément Beaune. Un dispositif simple et efficace, calqué sur celui existant outre-Rhin. Si l'Allemagne l'a fait, c'est que c'est assurément une bonne idée, vante la Macronie. Le pass rail sent bon le pouvoir d'achat et la vertu écologique. PRESSION POPULAIRE. Alors, à quoi bon, dans ces conditions, s'embarrasser avec des considérations secondaires, la décentralisation et la libre administration des collectivités ? Les Français n'ont que faire de ces arguties constitutionnelles. Les régions, chargées des TER, pourront bien faire de la résistance, elles ne tiendront pas longtemps face à la pression populaire. Peu importe que le pass rail reprenne les formules d'abonnement à bas prix qu'elles ont déjà mises en place, c'est le pouvoir qui sera crédité de cette initiative. Déjà, les opposants au dispositif passent pour de mauvais coucheurs. A l'image de Franck Dhersin, vice-président (LR) des Hauts-de-France chargé des mobilités, lorsqu'il dit : « Le président de la République a souvent de très bonnes idées, mais il faut surtout qu'il arrête d'avoir des idées avec le pognon des collectivités locales... » Peu importe que le pass rail reprenne les formules d'abonnement à bas prix des régions, c'est le gouvernement qui sera crédité de cette initiative. MARKETING POLITIQUE. C'est pourtant bien le fond de l'affaire. L'Etat, par la voix de Clément Beaune, a beau s'engager à mettre la main à la poche, il se garde de donner le moindre montant. Le pass rail, dont les effets sur le trafic automobile sont, pour l'heure, marginaux en Allemagne, pourrait grever les capacités d'investissement des pouvoirs publics. Quand on met plus de temps qu'il y a quarante ans pour aller en Intercités de Paris à Limoges, l'urgence n'est-elle pas de remettre en état le réseau et de créer les conditions d'un choc d'offres, plutôt que de succomber aux facilités du marketing politique ?

Urbanisme #433 : Les ressources cachées du renouvellement urbain
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Julien Meyrignac
Editeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISM
Description : Au cours de l’été qui vient de s’achever, la question des lieux de culte – entendu, des chapelles et églises catholiques – a suscité quelques articles et animé de nombreux débats sur les réseaux sociaux, en réaction à de récentes et spectaculaires démolitions d’églises, notamment dans le Nord et en Mayenne. Assez étrangement, ce sont les voix favorables qui se sont le plus manifestées, tandis que celles opposées ont été bien moins nombreuses et audibles. En cause, les charges pour les collectivités – et donc les contribuables – relatives à leur entretien ; les sénateurs, auteurs1 d’une tribune parue sur le site internet du quotidien Le Monde, le 9 août 2023², n’hésitant pas à affirmer qu’il existe « un surdimensionnement du patrimoine mis à disposition de l’Église catholique », notamment au regard de la « baisse de la pratique cultuelle ». De telle sorte que la dimension patrimoine de ces édifices se serait dissoute dans la dimension usage. Drôle d’argument, car, si nous y réfléchissons bien, il y a encore bien trop d’arènes romaines en France par rapport au nombre de combats de gladiateurs qui y sont organisés, et même de corridas (qui bientôt, de toute évidence, n’appartiendront plus qu’à l’histoire). Dans une drôle d’époque, qui voit de nombreuses, visibles et même parfois virulentes mobilisations contre les destructions de bâtiments existants, y compris aux caractéristiques très ordinaires et/ou d’histoire récente, s’agissant notamment de ce qui est qualifié aujourd’hui de patrimoine du XXe siècle. La revue Urbanisme a relayé certaines de ces luttes dans ses pages, et elle le fait encore dans ce numéro. Les défenseurs de ce patrimoine, hostiles aux démolitions, développent le plus souvent des arguments premiers autour de la mémoire sociale, économique, populaire, etc., des territoires, qui, selon eux, transcende l’architecture même du bâtiment. Est-il permis de douter que le patrimoine religieux, bien au-delà de la spiritualité et des convictions, pourrait parfaitement s’inscrire dans cette logique ? D’autant que ce patrimoine, en France, est loin d’être totémisé : de très nombreux édifices – dont certains de grandes dimensions, comme à Paris ou à Arles – ont été désacralisés pour être transformés en équipements publics, souvent dédiés aux activités culturelles, ou bien en restaurants, logements ou autre. D’autres bâtiments, toujours lieux de culte, ont su s’ouvrir à de nombreuses activités socio-éducatives et culturelles sans lien particulier avec la religion catholique. Le potentiel de recyclage (mutualisation, réemploi, etc.) des bâtiments dédiés aux cultes a même été identifié dans certaines études préalables à l’élaboration ou la révision de documents d’urbanisme réglementaire intercommunaux (PLUi). Le plus étrange dans ces débats, c’est que ce sont souvent les mêmes acteurs qui crient au scandale face au projet de démolition d’une MJC et qui applaudissent au spectacle de celle d’une église de 1866, qui, bien que présentant de nombreux désordres et nécessitant un investissement important, conservait un grand potentiel d’usage et constituait aussi – surtout – un témoignage historique, traditionnel et culturel. Chut, un esprit disparaît. 1/Les sénateurs Catherine Morin-Desailly (Union centriste, Seine-Maritime), Pierre Ouzoulias (Parti communiste, Hauts-de-Seine) et Anne Ventalon (Les Républicains, Ardèche). 2/Dans l’espace « Le Monde des Religions », à la rubrique « Patrimoine » (sic). Un coup de pied au culte ?

D'Architectures #310 : Les matériaux naturels au secours du climat ?
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Emmanuel Caille
Editeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURAL
Description : Vous reprendrez bien un peu de biosourcé ? Le monde du bâtiment n’échappe pas à la polarisation des débats, l’opposition caricaturale entre les thuriféraires de la construction bois et la vieille garde des bétonneux n’étant pas la moins active sur le marché de l’invective. La ligne que d’a tient depuis toujours n’a pas changé : il n’y a pas d’architecture écologique en soi, il y a une bonne ou une mauvaise architecture ; il n’y a pas de mauvais matériaux, il y a un bon ou un mauvais usage des matériaux. Aujourd’hui, pour répondre au défi de la décarbonation, l’importance est essentiellement mise sur l’origine des matériaux. Or, et c’est le sujet de notre dossier de rentrée, ceux-ci ont une incidence sur le bilan carbone des bâtiments moins importante qu’on ne le pense. D’autre part, le cadre normatif et les méthodes de calcul de ces bilans sont loin d’être satisfaisants. Il ne faudrait pas pour autant décourager l’emploi des matériaux biosourcés, bien au contraire, car même si leur impact est très loin d’être suffisant pour nos objectifs de décarbonation, on ne pourra pas y arriver sans eux. Mais si l’on veut convaincre de la pertinence de leur emploi, il faut que leur efficacité soit mesurée à sa juste valeur. Il y a d’autre part un risque à tout faire reposer sur l’usage des matériaux dit « naturels », c’est de faire croire qu’en remplaçant les matériaux conventionnels par des matériaux biosourcés, c’est-à-dire en substituant notre hyperconsumérisme par un autre – certes, un peu plus vertueux –, nous éviterions l’inévitable changement de paradigme auquel nous sommes confrontés. Questionner l’intérêt de leur emploi, c’est donc aussi implicitement s’interroger sur un problème qui fait peur à tout le monde : peut-on continuer à construire autant ? Le type de question idéal pour relancer de nouvelles polémiques caricaturales. À nous donc de faire en sorte de poser plus sereinement les termes du débat ; rendez-vous est pris pour la suite…

La Gazette des communes #2682 : Culture - L'urgence écologique entre en scène
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Romain Mazon
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Stanislas Guerini veut, lui aussi, sa réforme de la fonction publique. Il ne sera pas le dernier ministre à souhaiter laisser une trace dans les tables de la loi. Saura-t-il, en revanche, innover de sorte à réellement réformer la fonction publique ? On pense tout particulièrement à sa volonté de « mieux récompenser le mérite des agents ». Ah, le mérite ! Politiquement, le sujet est porteur, arborant tous les attributs du bon sens : pourquoi les agents qui travaillent plus et mieux que les autres ne gagneraient-ils pas plus ? PAS RÉELLEMENT CRÉDIBLE. Peut-être, serait-on tenté de répondre, parce que depuis quarante ans qu'il est invoqué, jamais le mérite n'a pu s'installer, ni devenir réellement crédible. Ni en France, ni en Angleterre, ni aux Etats-Unis, ainsi que l'ont établi, dès 2012, Sylvie Saint-Onge et Marie-Laure Buisson dans la revue « Management international » (1). Le mérite, c'est le serpent de mer par excellence, qui finit toujours par se mordre la queue. Budget, formation des cadres, indicateurs... S'il veut rénover la prise en compte du mérite, Stanislas Guerini sait ce qu'il lui reste à faire. Les raisons des échecs dans ces trois pays se rejoignent : la part de la rémunération récompensant la performance est trop faible pour avoir un effet sur la motivation ; les cadres qui évaluent la performance sont mal formés ; les agents craignent le favoritisme et l'arbitraire ; la notion de performance individuelle est jugée peu compatible avec les objectifs collectifs de l'action publique. SOUS CONDITIONS. L'annonce de Stanislas Guerini a déjà suscité une levée de boucliers chez les syndicats, tandis que les employeurs territoriaux n'adhèrent que du bout des lèvres, et sous de nombreuses conditions (2). Stanislas Guerini sait ce qu'il lui reste à faire s'il veut rénover la prise en compte du mérite : dégager les ressources budgétaires qui feront d'une telle prime un réel instrument de motivation, installer des indicateurs de performance compatibles avec le service public, former des cadres capables d'évaluer la performance, sans clientélisme. Le tout en tenant compte des particularités des trois versants de la fonction publique. A cette aune, en effet, plus qu'une réforme, ce serait une révolution.

Séquences Bois #142 : Construire avec le risque / Guide revêtements de façade
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Anne-Sophie Gouyen
Editeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURAL
Description : Penser des futurs incertains C’est d’abord comprendre ce qui est déjà en train d’advenir. Or, cela est à ce point immense, et nos sens « si minuscules face à l’ampleur du désastre », qu’il est presque imperceptible de sentir véritablement le tort fait au vivant, à l’échelle de la biosphère. Pourtant, affectés par les activités humaines, les risques climatiques deviennent plus saillants chaque année, compromettant les conditions d’habitabilité sur Terre. Le mois de juillet 2023 fut le plus chaud jamais enregistré sur la planète. Au 30 juillet, plus de 12 millions d’hectares de forêt avaient déjà brûlé au Canada et au 1er août, 72 % des niveaux des nappes étaient inférieurs aux normes de saison. On assiste aussi à une accélération de la montée du niveau des mers, dont le rythme a presque doublé depuis deux décennies, alors que l’érosion du littoral affecte déjà près de 20 % des côtes françaises. À cause de tous ces phénomènes, mais aussi en raison de persécutions, de conflits, de violences ou de violations des droits de l’homme, on décompte 108,4 millions de personnes déplacées de force ou réfugiées dans le monde, sans compter les risques industriels, parasitaires ou encore de pandémie. Tout cela reste incompréhensible et dépasse notre entendement. Dans un tel contexte, que peut alors l’architecture ? Yasmeen Lari nous rappelle qu’« à mesure que les inégalités et la pauvreté augmentent, une partie grandissante de l’humanité a besoin de design d’excellence pour survivre. » Ou pour le dire avec Mathias Rollot, il semble que « les architectes pourraient faire partie des militant·es les plus compétent·es et les plus agiles, les mieux armé·es et les plus efficaces, pour aider à s’échapper de l’insoutenabilité actuelle ; pour reconstruire un monde habitable sur les ruines de l’ancien ; pour inventer des cultures saines, partagées, multiculturelles et même multi spécifiques. » Tout d’abord, en apportant assistance aux populations, en leur permettant de retrouver des conditions de (sur)vie décentes, dans les meilleurs délais. Puis, en outillant et en accompagnant les individualités humaines dans leur installation sur Terre. Enfin, en portant un regard singulier sur le monde, et en étant capable de le représenter, pour faire voir les changements subit par notre planète : en bâtissant des lieux pour habiter ces luttes. Sans prétention d’exhaustivité, ce numéro tente alors de donner à voir comment l’architecture bois, à travers le monde, agît déjà, face à l’ensemble de ces risques, qu’ils soient naturels ou anthropiques. « Et c’est là, je crois, son plus grand apport pour l’époque, face à une situation actuelle qui peine à se saisir d’elle-même. »

AMC #316 : KAAN - VURPAS - FACES - NP2F - TAKK
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Olivier Namias
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Transmissions Après avoir réalisé 16 212 pages et 135 numéros en treize ans passés à la tête d'AMC, Gilles Davoine prend une retraite que nous lui souhaitons paisible et active. Sa signature réapparaîtra, souvent on l'espère, dans les colonnes de nos futurs numéros, qu'il m'incombe désormais de concevoir avec l'appui de l'équipe qui n'a cessé d'accompagner la fabrication du magazine, et sous son regard vigilant. L'actualité place ce numéro, largement imaginé par Gilles, sous le signe de la transition et de la transmission. Nous rendons hommage à deux figures majeures de l'architecture, Philippe Panerai (lire p.10), qui nous a quittés en mai dernier, et Jean-Louis Cohen (lire p.22), décédé soudainement cet été. Deux représentants d'une génération qui a voulu changer l'architecture et l'urbanisme, et gardait cet élan dans des époques toujours moins enclines à faire une place aux « arts de l'espace ». Chacun, à sa manière, nous parlait du « présent du passé », si vivace dans notre monde physique. L'Empire romain s'est effondré au Ve siècle, mais une voie romaine peut subsister derrière chez vous, à l'état de route ou de chemin. Quant à l'héritage moderne, brutal et omniprésent, il demande à être mieux compris pour être transformé. L'avenir du présent architectural dépend en partie de la façon dont étudiants, doctorants, architectes, et autres héritiers de ces savoirs sauront les faire vivre et les développer. Car le pire advient toujours lorsque l'architecture, invoquant les urgences de l'époque, ne sait se penser qu'au moment présent, prétendant à une forme d'éternité, factice et finalement catastrophique. Elle doit savoir tisser le temps et relier les époques, thème de plusieurs projets présentés dans ces pages : un immeuble de bureaux, un appartement, une école, deux musées, récents ou plus anciens, comme celui créé par Louis Miquel à Besançon (lire p.67), qui fait coexister le classicisme et le moderne bien avant que les maîtrises d'ouvrage ne fassent de la nécessaire transformation leur dernier mantra en date. Venues droit des années 1970, les trois lettres figurant sur notre couverture ne cessent de nous le rappeler : l'architecture est mouvement et continuité. Plus qu'un titre, un programme et une boussole !

Le Moniteur #6263-64 : Le BTP et "Le Moniteur" - 120 ans de compagnonnage
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Si tout est permis, rien n'est permis. Surtout pas les permis de construire. En écrivant cette phrase, Vladimir Jankélévitch « (né le 31 août 1903) était certes bien loin de penser aux autorisations d'urbanisme. Et pourtant, le philosophe l'ignorait peut-être, mais l'analyse des règles encadrant la pratique des constructeurs confine parfois à la métaphysique. Elle suscite même, parmi tant d'autres raisons, un besoin impérieux d'une presse professionnelle de qualité, capable de rendre intelligibles des textes aussi abscons que des traités de phénoménologie allemande. Décrypter, expliquer, raconter. C'est la vocation du « Moniteur » depuis 120 ans. Braquer les projecteurs sur l'excellence également, qu'elle soit technique, économique ou esthétique. Cela va jusqu'à l'octroi de distinctions incontestées, à l'instar de l'Equerre d'argent, aussi prestigieuse en architecture que le prix Goncourt en littérature (21 décembre). Décrypter, expliquer, raconter. C'est la vocation du « Moniteur » depuis 120 ans. Comme l'estimait fort justement Marguerite Yourcenar (8 juin) : « Il faut toujours un coup de folie pour bâtir un destin. » Lorsqu'il imprimait son journal de quatre pages au début du XXe siècle, Louis Dubois n'avait probablement aucune idée de l'épopée qu'il initiait. Il faut dire que les défis à surmonter se sont multipliés au fil du temps. Le plus grand ? Réunir les travaux publics et le bâtiment, les infrastructures et l'architecture, la biodiversité telle que l'on la retrouve dans « La Ferme des animaux » de George Orwell (25 juin) et le béton armé, digne de « Zazie dans le métro » de Raymond Queneau (21 février). Parler au privé comme au public, deux mondes qui, malgré leurs antagonismes et les rivalités, finissent généralement par saisir leur intérêt commun, à la manière d'un Peppone et d'un Don Camillo, incarné par l'irremplaçable Fernandel (8 mai). Nos journalistes écoutent, écrivent et enquêtent, cherchant l'information juste avec la détermination d'un commissaire Maigret, né de la plume de Georges Simenon (13 février). Ils bénéficient en outre d'un ancrage régional sans pareil. Car, tel le tracé du Tour de France (1er -19 juillet), la construction est une activité localisée par nature, qui ne se comprend qu'au plus près du territoire, avec ses contraintes et ses atouts, mais aussi ses régionaux de l'étape. Dans les ascensions difficiles ou dans les plaines reposantes, « Le Moniteur » reste au cœur du peloton, fidèle compagnon de la construction.

La Gazettes des communes #2681 : Ressources humaines - Au secours, les cadres se font la malle !
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Delphine Gerbeau
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Associations d'élus. L'AMF, présidée par le Républicain David Lisnard, devait-elle revenir à son ancienne partition, 50 % à gauche, 50 % à droite ? Telle était la volonté de son numéro deux, le socialiste André Laignel. Il n'a pas été totalement entendu. Mais la gauche n'a pas à se plaindre de la nouvelle répartition du bureau de l'association. Quant à l'empêcheur de tourner en rond, le centriste Philippe Laurent allié aux macronistes, il conserve peu ou prou ses positions. Ce qu'on appelle un bon arbitrage, puisqu'il n'humilie personne.

Le moniteur #6262 : La tour Pleyel achève sa mue
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Le monde du bâtiment se divise en deux catégories : ceux qui construisent et ceux qui rénovent. Et en ce moment, leur sort apparaît diablement contrasté. Provoquée par des facteurs conjoncturels, comme la hausse des taux d'intérêt, et par des tendances de long terme, comme la raréfaction du foncier, la crise du neuf s'annonce profonde et durable. A l'inverse, les vertus de la rénovation apparaissent en phase avec l'époque. Pour les professionnels menacés, il semble opportun de faire évoluer rapidement le modèle. C'est ce qu'a fait Smac (lire p. 12), dont la croissance repose largement sur la rénovation énergétique. C'est aussi ce que font certains acteurs de l'immobilier, qui inventent un métier de promoteur-rénovateur radicalement nouveau (lire p. 8). Reste que cette reconversion n'est pas aussi simple à accomplir selon que l'on est maçon ou plombier, terrassier ou architecte. Pour tous, elle ne se fera pas en un jour, tant les savoir-faire et les équilibres économiques divergent entre ces deux typologies d'opérations. Intervenir sur l'existant constitue un défi de tous les instants, depuis la conception jusqu'au chantier. Intervenir sur l'existant constitue un défi de tous les instants, depuis la conception qui doit composer avec le déjà-là, jusqu'au chantier toujours truffé de surprises, plus ou moins mauvaises. De la reconversion ambitieuse de la tour Pleyel (lire p. 40) à la restauration d'un collège respectueuse de l'esprit de Jean Nouvel (lire p. 44) , un travail d'orfèvre se révèle à chaque fois nécessaire pour mener à bien ces projets. Si le bilan carbone est naturellement à l'avantage de la rénovation, ce sur-mesure systématique et ces aléas permanents peuvent rapidement faire déraper le bilan économique. Le virage s'annonce donc très serré pour les professionnels. D'autant plus que cette grande bascule paraît encouragée par les pouvoirs publics. L'extinction du Pinel se rapproche, le ZAN raréfiera le foncier et les aides à la rénovation montent en puissance. Certes, l'exigence de sobriété paraît légitimer un tel mouvement pendulaire, mais il laisse un angle mort : celui du déficit de l'offre de logements qu'il produit inévitablement.

La Gazette des communes #2680 : Restauration collective - Comment les cuisines éradiquent le plastique
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Jean-Baptiste Forray
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Cette fois, c'est la bonne. Après une multitude de ballons d'essai, Emmanuel Macron va enfin s'attaquer au millefeuille territorial. C'est tout du moins ce qu'il affirme dans un entretien fleuve accordé au « Point », paru dans l'édition du 24 août. « Nous devons poser la question de l'organisation territoriale, qui est confuse et coûteuse, et dilue les responsabilités. On voit bien qu'entre les communes, les départements et les régions, on a trop de strates et un problème de clarté des compétences. Ces sujets aussi doivent pouvoir être mis sur la table à la rentrée », martèle le chef de l'Etat (*). Dans un second quinquennat compliqué, Emmanuel Macron est, plus que jamais, en quête d'un totem réformateur. Sans préjuger des pourparlers avec les forces politiques qui s'ouvrent à l'heure où nous écrivons ces lignes, le Président cherche à prendre date. Dans un second quinquennat compliqué, Emmanuel Macron est, plus que jamais, en quête d'un totem réformateur. LE SÉNAT EN EMBUSCADE. Avec le millefeuille territorial, il joue sur du velours. Sa dénonciation de la suradministration coïncide avec son ancrage au centre droit. Elle s'inscrit dans la lignée de la réforme menée en 2010 par un Nicolas Sarkozy dont il n'a jamais paru aussi proche. Mais Emmanuel Macron risque de se heurter aux mêmes obstacles que l'ex-président. Le premier d'entre eux s'appelle le Sénat. La chambre du seigle et de la châtaigne goûte peu la rhétorique du millefeuille territorial. Pour elle, il n'y a pas de couche en trop. Emanation de la France des 36 000 clochers, la Chambre haute se refuse à renverser la table. Singulièrement à la veille du scrutin sénatorial. LA PISTE DU RÉFÉRENDUM. Dans ces conditions, les marges de manœuvre d' Emmanuel Macron apparaissent limitées. D'autant plus qu'il ne dispose pas d'une majorité ferme à l'Assemblée. Les principaux pôles d'opposition, le Rassemblement national et La France insoumise, ne lui feront pas le cadeau de soutenir son projet territorial. Tous deux font, d'ailleurs, du rejet du « président des métropoles » leur mantra. Il reste une option à Emmanuel Macron : l'appel au peuple. Mais la décentralisation est-elle un sujet porteur dans l'opinion ? Cela reste à démontrer. Le référendum raté du général de Gaulle sur la régionalisation, en 1969, est là pour le rappeler.

Le Moniteur #6261 : Un centre sportif parisien ceinture noire de clarté
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Dans un secteur aussi réglementé que le nôtre, on attend beaucoup des textes. Et, soit dit en passant, on les attend souvent longtemps. Il en va ainsi du décret promettant de simplifier la mise en œuvre des projets de réutilisation des eaux usées. La publication de l'une des pièces maîtresses du plan eau, annoncé au printemps par Emmanuel Macron, était présentée comme imminente depuis plusieurs jours à l'heure où nous bouclons ces pages. L'attente est vive. Et pour cause : que l'été soit torride ou pourri, le niveau des nappes phréatiques reste dramatiquement bas. Alors, il en va de l'eau comme du plastique ou du verre : quand une ressource se fait rare, le recyclage apparaît comme une solution évidente. La mise à jour du cadre réglementaire relatif au traitement de l'eau est urgente. « Bien sûr qu'il faut réutiliser les eaux usées ! entend-on subitement. Mais la réglementation nous met des bâtons dans les roues. » Alors oui, c'est vrai, on trépigne. La mise à jour du cadre réglementaire relatif au traitement de l'eau de l'eau est urgente. Mais ne nous berçons pas d'illusions : quelques lignes au JO, aussi nécessaire soient-elles, ne suffiront pas. D'abord parce que la publication du décret n'est que la première étape d'un profond remaniement qui prendra du temps. Ensuite et surtout parce que rien ne se fera sans que les acteurs eux-mêmes s'emparent de ces solutions, par conviction écologique, par responsabilité politique ou par intérêt économique. Ce fut le cas à Orléans, où l'on n'a pas attendu pour agir. Un projet novateur limite désormais les prélèvements d'eau dans le cours du Loiret (lire p. 28). Ce type d'initiative est appelé à se multiplier, la démarche à se massifier. Reste qu'elles demeureront éminemment locales : ici, c'est la proximité d'un parc géré par la Ville avec une station d'épuration de la métropole qui a rendu possible cette opération. Ailleurs, d'autres formules devront être élaborées. Et il faudra toujours des hommes et des femmes, travaillant pour des collectivités, des entreprises de travaux, des bureaux d'études, des industriels… pour les mettre au point. Des gouttes d'eau dans l'océan, peut-être, mais que la réglementation, seule, ne saurait faire jaillir. Elle peut simplement dégripper le robinet.

La Gazette des communes #2678-2679 : Territoires numériques éducatifs en net progrès !
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Brigitte Menguy
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : On connaît les données du problème : face aux difficultés d'exercice et aux violences, le mandat d'élu local, en particulier de maire, attire de moins en moins. A l'approche des élections sénatoriales du 24 septembre, la majorité présidentielle est au chevet des édiles. Le 7 juillet, la ministre chargée des Collectivités, Dominique Faure, a ouvert la voie, au congrès de Villes de France, en présentant un plan national de prévention et de lutte contre les violences faites aux élus locaux. Cinq jours plus tard, un rapport sénatorial appelait notamment à une revalorisation des indemnités des maires, de plus en plus nombreux à rendre leur écharpe. Le 17 juillet, le gouvernement et le président de l'AMF annonçaient en grande pompe l'organisation, à l'automne, d'une « convention nationale de la démocratie locale » afin d'améliorer les conditions d'exercice des mandats locaux. L'ambition affichée est de renforcer le triptyque fondateur d'un statut de l'élu local : rémunération, protection et formation. ANECDOTIQUE. C'est la mobilisation générale avec, désormais, deux propositions de loi et une mission parlementaire pour concrétiser ces annonces. Ambition affichée : renforcer le triptyque fondateur d'un véritable statut de l'élu local, à savoir la rémunération, la protection et la formation. Les mesures envisagées sont-elles à la hauteur ? L'instauration d'un délit d'atteinte à la vie privée en cas de diffusion intentionnelle de coordonnées personnelles des représentants de la Nation, prévue par la proposition de loi de Jean-François Lovisolo et Karl Olive (Renaissance), ne peut pas faire de mal, mais paraît un brin anecdotique. MESURETTES. Les sénateurs socialistes Eric Kerrouche et Didier Marie souhaitent, eux, la création d'un statut d'agent civique territorial pour les élus locaux. Sauf que cette piste, qui conduirait à une forme de contrat de travail, comme le confirme (*) la députée Renaissance Violette Spillebout, corapporteure de la mission parlementaire, semble vouée à être enterrée. On est plus proche d'un empilement de mesurettes pour cajoler les élus que d'un grand soir du statut de l'élu local. Pendant ce temps, les DGS attendent toujours, si ce n'est un statut, du moins la définition de leurs missions.

A Vivre #131 : Petites surfaces
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Jordi Patillon
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : Faites vos jeux... Dans maintenant un peu moins d'un an, les 33e Jeux olympiques d'été débuteront à Paris (mais aussi à Marseille, Bordeaux, Lille... ou même en Polynésie...). Un événement planétaire qui ne manque pas d'interpeller. A une époque où la crise climatique exige des actions audacieuses et responsables, l’empreinte carbone massive due aux infrastructures temporaires, aux déplacements des athlètes et des spectateurs ou encore à l'énergie qui y sera consommée peut sembler en totale déconnexion. Et ce, même si dans la continuité de l'Accord de Paris sur le climat, la Ville s'est engagée à réduire de 55% l'empreinte carbone de ses Jeux par rapport aux éditions de Londres ou de Rio, avec des constructions qui devraient utiliser 100% de matériaux biosourcés et d'énergie verte.

Le Moniteur #6260 : Un pont suspendu fait peau neuve
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : On ne touche pas à l'œuvre de Le Corbusier sans faire preuve d'une certaine hardiesse. Pour s'attaquer aux pathologies qui affectent la célèbre chapelle Notre-Dame du Haut, à Ronchamp (Haute-Saône), l'association propriétaire s'est résolue à intervenir sur l'édifice du glorieux concepteur des lieux (lire p. 26). Avec respect, bien entendu, mais sans frilosité : insertion de broches en carbone, décapage complet de la façade… Aussi sacré soit-il, un bâtiment reste mortel et exige quelques soins. Mais, pour des communes déjà mobilisées dans la rénovation énergétique de leurs écoles (lire p. 8), la campagne de restauration d'un bâtiment parfois très peu fréquenté fait peser un lourd fardeau, pour ne pas dire une croix. L'Observatoire du patrimoine religieux évalue entre 2 500 et 5 000 le nombre d'édifices menacés d'abandon, de vente voire de destruction. Or, personne ou presque ne souhaite en arriver à de telles extrémités. Indépendamment de leur éventuelle protection au titre des monuments historiques, ces églises constituent un patrimoine de proximité auxquels demeurent très attachés les habitants des villes et des campagnes, grenouilles de bénitiers comme bouffeurs de curés. Pour offrir aux édifices religieux les travaux nécessaires, il convient d'en varier les utilisations. Pour offrir à ces édifices les travaux nécessaires, il convient d'en varier les utilisations, plaident trois sénateurs dans une récente tribune publiée dans « Le Monde ». Des activités évidemment compatibles avec la pratique cultuelle, comme il en existe déjà (concerts dans la nef, cours de yoga dans la sacristie…) ou qu'il reste à inventer. La fraîcheur des églises pourrait, par exemple, fournir aux citadins un précieux refuge en cas d'épisode caniculaire. Cette réflexion devient pressante, expliquent les parlementaires, par le « surdimensionnement du patrimoine mis à disposition de l'Eglise catholique par rapport à l'usage qu'elle en fait ». Elle s'inscrit cependant dans un mouvement bien plus large, celui de la sobriété foncière et constructive qui pousse à l'intensification des usages de l'existant. En Bretagne (lire p. 15), des internats de lycée hébergent des saisonniers pendant les vacances scolaires. Un peu partout, des cours d'écoles s'ouvrent aux riverains le week-end… Ecoles publiques, églises catholiques, même combat.

Le Moniteur #6259 : Les Dents de scie des cheminots de Trappes
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Sur les sentiers des douaniers ou sur la plage abandonnée, vous avez peut-être, au cours de votre été, eu l'opportunité de profiter des sublimes paysages offerts par les côtes françaises. Ces beautés brutes - des longues étendues picardes jusqu'aux lagons ultramarins - témoignent des bonnes grâces de la nature envers notre pays. Mais elles tiennent aussi à la ferme volonté de préservation voulue par les hommes, à l'instar des rédacteurs de la loi Littoral. Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin, et le maillot de bain est inexorablement abandonné au profit du costume de promoteur, du casque de chantier ou de l'écharpe d'élu. Alors ce fameux texte de 1986, tant apprécié pendant les congés, se mue parfois en carcan réglementaire une fois la rentrée arrivée. Un cadre qui, de surcroît, n'en finit pas d'évoluer au fil des lois votées et de s'affiner au gré des décisions des juges (lire p. 35) . Sans parler des nouvelles contraintes visant à anticiper la montée des eaux. Personne ne regrette aujourd'hui que la France ait échappé à une bétonisation systématique de ses côtes. Avec quarante années de recul, on s'aperçoit cependant que la loi Littoral - tout comme sa sœur, la loi Montagne de 1985 - laissait entrevoir l'inéluctable régulation de l'étalement urbain. Avec pour ambition d'éviter tant les ravages de l'urbanisation sauvage que la mise sous cloche mortifère, les efforts déployés pour encadrer la construction dans ces zones si sensibles peuvent nous aider en 2023 à répondre à l'impératif de sobriété foncière. Ainsi, personne ne regrette aujourd'hui que la France ait échappé, contrairement à certains de ses voisins, à une bétonisation systématique de ses côtes. Il y a donc fort à parier que nos petits-enfants se féliciteront de la préservation des espaces agricoles et forestiers justifiant l'objectif du ZAN. A l'inverse, la gentrification que connaissent certaines zones littorales - en partie liée à une offre de logements bridée par la loi - doit nous alerter pour éviter que, demain, l'impossibilité d'étendre les limites de la ville ne conduise à la vider de ses habitants les moins aisés. Une partie de notre avenir est déjà écrit sur nos plages. On remet le maillot ?

A Vivre HS #58 : Maisons extraordinaires
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Agathe Jarretou
Editeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISION
Description : Amateurs de fine architecture, réjouissez-vous ! Pour construire ce numéro hors-série, la rédaction s'est affairée à sélectionner quinze projets dont les initiatives et les finitions ont su les démarquer de l'ordinaire. Nichées dans des ruelles montréalaises ou au cœur de la campagne belge, les surprises sont au rendez-vous.