Colonnes #39 : Archives d'architectes et sportPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Catherine ChevillotEditeur : CITE DE L ARCHITECTURE DU PATRIMOINE SIT ARCHITEKTUR PATRIMOINDescription : Bulletin de liaison annuel des centres d’archives d’architecture, la revue Colonnes constitue un lien avec les institutions et les chercheurs concernés par la conservation des archives d’architecture et rend compte des manifestations spécifiques : journées d’étude sur les archives, techniques de restauration, méthodologie. Un numéro spécial sur les archives d'architectes sur les équipements sportifs, dans le cadre des Jeux olympiques de Paris 2024. Colonnes #40 : Architecture et décors des grands magasinsPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Julien BargetonEditeur : CITE DE L ARCHITECTURE DU PATRIMOINE SIT ARCHITEKTUR PATRIMOINDescription : Bulletin de liaison annuel des centres d’archives d’architecture, la revue Colonnes constitue un lien avec les institutions et les chercheurs concernés par la conservation des archives d’architecture et rend compte des manifestations spécifiques : journées d’étude sur les archives, techniques de restauration, méthodologie.
Série d'articles relatifs aux fonds récemment classés, reçus ou mieux connus dans différents services d'archives, suivis d'un dossier consacré à l'architecture et aux décors des grands magasins, vus à travers les archives. D'Architectures #322 : Dossier : Faut-il arrêter de construire ?PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Moins de construction, plus d’architecture
Qui aurait imaginé à l’aube du XXIe siècle que ce soient les architectes eux-mêmes qui prôneraient un jour l’arrêt des constructions comme remède ultime à l’effondrement des ressources et à la crise climatique ? Mais soyons plus précis : il s’agit moins de ne plus construire que d’arrêter de détruire des terres encore non artificialisées ou des bâtiments existants pour ériger des bâtiments neufs. Précisons également que cette injonction s’adresse d’abord aux régions du monde dont la démographie est relativement stable : les pays riches. Certes, la France subit elle aussi une forme de crise du logement, mais contrairement à ce que tentent désespérément de nous faire croire les lobbies du BTP et de l’immobilier, la pénurie – réelle – d’habitations immédiatement disponibles est due à d’autres facteurs : une mauvaise répartition territoriale due à l’hyper-métropolisation, et à la vacance ou à la sous-occupation de trop nombreux logements.
Un temps, nous avons cru qu’en passant aux matériaux biosourcés et aux énergies renouvelables nous pourrions continuer comme avant. Or, si le développement de leur usage s’impose comme un impératif majeur, on sait maintenant qu’il ne suffira pas, loin de là, à décarboner suffisamment. Alors que faire ? Sommes-nous condamnés à nous entasser dans des appartements communautaires ? à dresser des yourtes ? à attendre une meilleure répartition territoriale des activités économiques – et donc de l’offre de logements –, c’est-à-dire au minimum plusieurs décennies ? Les architectes vont-ils devenir inutiles ?
Non, au contraire ; cette révolution peut être une formidable opportunité pour refonder et légitimer le rôle de l’architecture et pour rendre nos paysages urbains et ruraux plus beaux et plus habitables. Car il ne s’agit pas de ne rien faire, il s’agit de faire autrement, en privilégiant la transformation du patrimoine existant, surtout le plus ordinaire. À l’opposé des bâtiments qui naissent comme des clones sur les pseudo-écoquartiers de nos banlieues et que l’intelligence artificielle peut déjà concevoir sans les architectes, la régénération de l’existant exige un immense savoir-faire et une stratégie contextuelle fine propre à chaque cas : la capacité d’établir un diagnostic savant et précis, autant en termes techniques qu’humains, et l’intelligence d’adaptation de la conception à la livraison du projet. Enquêter, dialoguer, projeter, s’adapter : qui d’autre que l’architecte serait mieux à même d’orchestrer ces compétences ? Mais la mise en œuvre de ces savoirs dans l’existant exige, à mètre carré égal, beaucoup plus de temps d’étude. Or, les budgets au mètre carré de ces opérations sont souvent inférieurs. Cet engagement vertueux – dans la mesure où il épargne le coût des démolitions et conduit à consommer moins de ressources – ne devrait-il donc pas être rémunéré à l’aune des économies qu’il génère ? Arrêter de construire pourrait ainsi paradoxalement offrir plus de travail aux ingénieurs et aux architectes : déconsommation n’est pas forcément décroissance. Faisons de l’intelligence architecturale l’une des plus puissantes énergies renouvelables. Maisons paysannes de France #234 : Dossier : les cheminéesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Guy SallavuardEditeur : MAISONS PAYSANNES DE FRANCE MAISON PAISAN FRANSDescription : Foyers, conduits, souches… ce sont les cheminées qui sont mises à l’honneur dans ce dernier numéro de l’année.
Depuis les temps les plus reculés de la Préhistoire, le feu a conditionné la vie, les foyers des hommes. Cumulant utilité fonctionnelle, qualités esthétiques et valeurs symboliques,
Ce dossier est une occasion d’apporter des témoignages de l’ingéniosité humaine pour la récupération optimale de la chaleur. Le Moniteur #6332 : Prix Moniteur de la construction : Mes frères Gayet livrent leurs bons tuyauxPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Mamie fait de la résistance. En observant la cuvée 2024 des Prix Moniteur de la construction, on ne peut s'empêcher de constater que les entreprises aussi se bonifient avec le temps. Centenaires, quasi-centenaires et même presque bicentenaires : elles sont nombreuses, parmi les lauréates, à témoigner d'une glorieuse histoire qui remonte à plusieurs générations.
Ces trophées, pourtant, ne sont pas une carte senior. Ce palmarès n'a rien d'un thé dansant. A l'Ehpad, ces sociétés préfèrent l'iPad, misant sans réserve sur l'innovation, comme en témoigne la présence massive de bureaux d'études intégrés. La fin de vie les inquiète moins que la fin du monde : elles embrassent la transition écologique avec la fougue retrouvée de leurs 20 ans. Et, dans leurs rangs, point de vieilles grincheuses : toutes ouvrent leurs bras avec enthousiasme et bienveillance à la jeunesse d'aujourd'hui, sur les chantiers comme dans les comités de direction.
Toutes les entreprises lauréates des Prix Moniteur de la construction forment des collectifs solides et déterminés.
Bref, elles sont souples, agiles et dynamiques. Surtout, elles se portent comme un charme. Elles n'ont pas juste bonne mine, de celle que donne une crème antirides efficace, mais affichent une forme excellente, vérifiée par un check-up complet. La performance, telle que l'a évaluée le jury de ces prix, se mesure en effet à l'aune de critères économiques et financiers, mais aussi sociaux et environnementaux. Un test d'effort unique, que ces lauréates ont réussi avec brio.
Leur santé de fer n'a d'égale que leur moral d'acier. Engagés et motivés, leurs dirigeants creusent leur sillon, affinent leurs recettes, adaptent leurs process. Surtout, ils témoignent d'une infinie reconnaissance pour leurs équipes. Certaines entreprises sont familiales, d'autres coopératives… mais toutes forment des collectifs solides et déterminés, composés d'hommes et de femmes dont l'implication est le résultat de recrutements avisés, de formations adaptées, de rémunérations généreuses tout autant que de petites (et sincères) attentions. Un management aussi bénéfique à la longévité que le verre de porto quotidien de Jeanne Calment. Séquences bois #147 : Prendre soinPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Anne-Sophie GouyenEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Santé !
La notion de care, au-delà d’être un anglicisme énervant de plus, a cela de bon qu’elle intègre davantage d’aspects qui ne se traduisent pas dans notre terme français du soin. Caring about, c’est d’abord se soucier de, reconnaître un besoin et prêter attention au contexte. Taking care of désigne ensuite le fait de prendre en charge, d’assumer une certaine responsabilité. Care giving est la notion qui nous est la plus familière : l’exigence d’une attention à la manière dont un espace offre refuge. Caring with nécessite, enfin, de s’intéresser à l’après. Cela implique de s’interroger sur la fiabilité et la continuité du soin apporté dans le temps ; en bref, la notion de maintenance . Un espace entretenu perdure et reste attrayant pour des personnes qui continuent d’en prendre soin. « Tout calcul fait, toute précaution prise, le mur ne tiendra debout que s’il peut être aimé », résume parfaitement Yves Perret.
Vous l’aurez compris, le thème est donc vaste — trop vaste — et il a fallu recentrer le sujet. Ainsi, nous n’aborderons que très peu cette notion de maintenance, qui m’a pourtant tellement passionnée et inspirée que nous y reviendrons dans un prochain numéro. Nous nous en tiendrons, dans ces pages, à la santé, qui implique déjà celles et ceux qui construisent, soignent, se font soigner jusqu’à se rendre compte que la thématique nous concerne toustes. « Être dans une situation où l’on a besoin de care revient à être dans une position de vulnérabilité », exprime Joan Tronto, qui a théorisé la notion . Reconnaître cette vulnérabilité, non comme une faiblesse, mais comme ce que nous avons de commun — le caractère « périssable » de l’homme — est un bon début pour entrer dans le thème.
Les sujets sanitaires sont d’ailleurs souvent d’abord destinés aux plus « sensibles », avant de pouvoir se généraliser. Si un établissement recevant des personnes atteintes d’autisme propose une diversité d’espaces pour répondre aux besoins de chacun·es, si un établissement pour personnes âgées permet plus de créativité et de sociabilité par ses dispositifs spatiaux et le choix de ses matériaux ou si une crèche présente une excellente qualité de l’air, nous sommes en droit de nous demander si nous ne pourrions pas toustes y prétendre aussi, ou au moins se le souhaiter.
Des souhaits qu’il est d’usage de s’échanger en fin d’année. En France, on trinque à la santé, en l’honneur des dieux et des morts depuis l’Antiquité, alors qu’en anglais c’est la joie que l’on se transmet : cheers ! Au Japon ou en Chine, on est plus efficace : kanpaï et gānbēi signifiant vider tout son verre. Qu’importe, en ces temps incertains, souvent rongés par un sentiment anxiogène d’impuissance, levons nos verres et vidons-les dans une hospitalité joyeuse en prenant soin, non pas seulement de nous-mêmes , mais de tout ce(ux) qui nous entourent. Urbanisme hors-série #80 : Centres anciens : nouveaux enjeux ! Attractivité - Adaptation - AvenirPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Julien MeyrignacEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : D’éclatants objets du désir
Personne n’a oublié l’époque pas si lointaine où les centres anciens des villes petites, moyennes ou grandes qui font la fierté de notre pays, témoignant de la diversité géographique et de la richesse historique et culturelle, ont été dévitalisés au bénéfice des métropoles régionales ou de leurs propres périphéries étalées.
Des centres abandonnés par leur population et par les acteurs économiques de proximité, au premier rang desquels les commerces, étrillés par la grande distribution ou partis la rejoindre en périphérie. Ils ont alors connu des destins contrastés, indexés sur l’économie locale, souvent devenue résidentielle, et sur le tourisme dans ses différentes composantes, du séjour « international » à la journée « locale ».
Et ces visiteurs, mus par le désir de découvrir ces villes et leur patrimoine, de faire le triste constat de la vacance résidentielle et commerciale, parfois compensée par une économie touristique de cueillette (hébergement) ou de petite marchandise (boutiques).
En philosophie, « l’obscur objet du désir » désigne l’assertion que l’on cesse de désirer ce que l’on possède et que l’on ne désire que ce qui nous manque. Ces centres historiques n’étaient plus désirés par ceux qui y habitaient depuis des générations et qui souvent continuaient de les posséder (logements, commerces, etc.), mais ils demeuraient des lieux de désir pour leurs visiteurs.
Oui, mais depuis quelques années déjà, cette tendance s’inverse dans la plupart des villes concernées, certaines connaissant même une véritable renaissance en accueillant de nouveaux habitants en quête d’aménités, services et vie sociale. Cette attractivité nouvelle ne concurrence pas l’attrait touristique, elle le renforce même souvent.
Mais pour devenir « d’éclatants objets du désir », les centres anciens doivent faire l’objet d’attentions particulières, comme être préservés de toute concurrence périphérique, résidentielle et économique, et surtout bénéficier de mesures et actions en faveur de leur adaptation aux défis écologiques et climatiques (réchauffement) et socio-économiques (vieillissement).
Chacune de ces problématiques constitue pour chacun d’eux de véritables challenges : le renouvellement urbain doit respecter le tissu vernaculaire et l’identité locale, la rénovation énergétique et l’adaptation au grand âge ou au handicap coûtent cher, car elles doivent composer avec la nécessaire protection du patrimoine bâti et les prescriptions particulières qui en découlent.
Sur l’ensemble du territoire national, les initiatives pour apaiser ces centres-villes, les rendre plus accessibles, vivants, solidaires et agréables sont de plus en plus nombreuses et probantes. Toujours, le patrimoine y occupe une place déterminante, parce qu’il incarne un récit territorial et urbain, parce qu’il témoigne d’une adaptation continue à travers les époques et qu’il recèle aussi des enseignements et des promesses pour un futur hautement désirable. Le Moniteur #6330 : Transformer les friches en or, l'alchimie de l'immobilierPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Certes, il reste près de trente mois à Emmanuel Macron avant de quitter l'Elysée. Mais ce second quinquennat tournant en eau de boudin, il ne paraît pas prématuré de tirer les premiers enseignements de sa présidence. Pour la construction, la moisson est assez maigre. Un manque d'intérêt certain, qui s'est traduit par peu de lois dédiées. Les TP se souviendront peut-être de la LOM, les bailleurs sociaux d'Elan. Et si son héritage était ailleurs ?
C'est dans la loi Climat et résilience que se niche l'une des transformations radicales opérées ces dernières années. Avec l'objectif de zéro artificialisation nette, la France a pris le virage de la sobriété foncière. Un virage dont la vitesse se négocie encore, puisqu'un troisième texte viendra à nouveau remettre l'ouvrage sur le métier.
De fardeau pour un territoire, ces zones délaissées se sont muées en potentiel de développement.
Mais l'objectif, lui, ne se négocie plus : même ses plus farouches opposants concèdent qu'il faudra bien y arriver. Quoi qu'il en coûte. On peine encore à mesure l'ampleur de ce renversement de paradigme. Car, au-delà des contraintes nouvelles pesant sur les procédures d'élaboration des documents de planification, le ZAN a durablement bousculé les esprits. Comme si le fait de nommer cet objectif - en particulier avec le mot « zéro » - avait dessillé nos yeux sur une évidence : le foncier n'est pas illimité. Cette prise de conscience collective transforme à son tour les projets de construction et d'aménagement . Baromètre des grandes tendances qui agitent le secteur de l'immobilier, le Simi, organisé du 10 au 12 décembre par Infopro Digital (propriétaire du « Moniteur »), fait d'ailleurs de la « régénération urbaine » l'un des grands parcours proposé à ses visiteurs.
Les friches n'ont certes pas attendu la présidence d'Emmanuel Macron - ni même sa naissance - pour susciter l'intérêt. La ville s'est de toute éternité reconstruite sur elle-même. Cependant, le nouveau cap clairement affiché a conféré une attractivité nouvelle à ces anciennes zones industrielles, tertiaires, ferroviaires, militaires, hospitalières, etc. De fardeau pour un territoire, elles se sont muées en potentiel de développement. De verrues, elles sont devenues des pépites. Une nouvelle ruée vers l'or se prépare. Le Moniteur #6331 : Top 1000 - Les nouveaux as du BTP enfin dévoilésPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Gloria ! Avec leur cortège de têtes couronnées, de présidents - parfois pas encore en poste - et d'artistes de renom, les célébrations en l'honneur de la réouverture de Notre-Dame ont fourni une nouvelle occasion de faire rayonner le volontarisme français sur la scène internationale. Après le succès des JO de Paris, cette reconstruction au pas de charge fournit à nouveau une démonstration éclatante de la capacité tricolore à se retrousser les manches pour mener avec succès de grands projets fédérateurs.
Requiem. Fierté méritée ou prétention déplacée ? Car, dans le même temps, l'enterrement précipité du gouvernement Barnier offrait un tout autre spectacle. L'Etat français, si prompt à plastronner sur ses capacités d'action et de mobilisation, se trouve à nouveau décapité. Nouvel épisode du feuilleton tragicomique interprété par le monde politique depuis le printemps, cette censure ne fait pas rire grand monde, surtout pas les acteurs de la construction.
Avec un mauvais budget, on investit moins. Sans budget, on n'investit pas.
In limbo. Disparu en même temps que son auteur, le projet de loi de finances pour 2025 n'avait certes rien d'enthousiasmant. Sa chute dans les limbes inquiète pourtant. D'abord, parce que, à force de persuasion, les acteurs du bâtiment et de l'immobilier avaient réussi à arracher quelques précieuses avancées (élargissement du PTZ, plafonnement de la RLS…). Ensuite, parce que même si les efforts demandés à l'Etat et aux collectivités risquaient d'entraver la commande publique, l'absence de tout cadre budgétaire stable se révèle encore plus paralysante. Avec un mauvais budget, on investit moins. Sans budget, on n'investit pas.
Nostradamus. Prédire la suite des événements relève de la prophétie de boule de cristal, tant les inconnues sont nombreuses et les stratégies opaques. Il n'est en revanche pas interdit d'espérer qu'un sursaut permette aux parlementaires de s'accorder sur quelques textes consensuels, afin de ne pas laisser s'embourber davantage la machinerie législative. Si d'aventure cette bonne volonté était partagée, le dossier du logement pourrait peut-être bénéficier des attentions bienveillantes d'une telle union sacrée. Même si le pire n'est jamais sûr, il faut continuer de croire aux miracles. La Maison écologique #120 : Isoler sa maison par l'extérieurPériodiquesAnnée : 2020Auteur : Julie BarbeillonEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Flouze, biffeton, oseille, pèze, fric, pépètes, ronds, blé, monnaie ; puisque le dieu Argent semble le seul encore capable de murmurer à l'oreille des puissants, les lanceurs d'alerte au dérèglement climatique tentent désormais de parler « pognon ». Après l'étude de l'ONG britannique Christian Aid(1) montrant qu'en 2019, quinze catastrophes naturelles ont coûté plus d'un milliard de dollars chacune et même plus de dix milliards de dollars pour sept d'entre elles (inondations en Inde, en Chine, aux États-Unis, typhons Lekima en Chine et Hagibis au Japon, ouragan Dorian en Amérique du Nord et feux de forêt en Californie), de courageux chercheurs chinois, américains et suédois ont fait chauffer leurs calculettes. Ils ont publié dans la revue Nature Communications une étude (2) sur le coût pour les 20 pays les plus riches de la planète (le G20, responsable de 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre) des mesures à prendre pour respecter les Accords de Paris. Ils l'ont comparé aux sommes qu'il faudra dépenser pour faire face aux conséquences du changement climatique si l'on continue sur le chemin actuel de l'immobilisme. Résultat sans appel : ne rien faire reviendrait économiquement à débourser chaque année ce que coûte d'ores et déjà le Covid-19, et ce jusqu'en 2100 ! Soit 1 900 à 10 000 milliards de dollars par an (2 à 12 % du PNB mondial). Pour résumer : la faillite générale assurée. Alors que prendre dès aujourd'hui des mesures fortes pour endiguer la hausse des températures sur le globe coûterait 200 à 1 287 milliards de dollars par an. Des sommes qui semblent plus à notre portée au regard de ce que les seuls États-Unis ont récemment annoncé débourser pour gérer la crise sanitaire due au coronavirus : 2 500 milliards de dollars. Gageons (pour ne pas dire prions) que les chiffres annonciateurs d'une monumentale et insoutenable crise économique mondiale résonnent plus que les discours de la jeunesse effrayée par son avenir, que les pleurs des migrants, que les ventres creux des affamés, que la disparition de milliers d'espèces animales et végétales, que les poumons qui peinent à respirer dans les mégalopoles ultrapolluées...
1. http://caid.org.uk/climate-breakdown
2. www.nature.com/articles/s41467-020-15453-z La Maison écologique #124 : Tiny housePériodiquesAnnée : 2021Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Poser le pied à terre. » « Garder les pieds sur terre. » De l’urgence de ralentir à celle d’agir, même dans les expressions littéraires les plus simples, elle ne cesse de se rappeler au bon souvenir des terriens. Pourquoi alors la Terre passe-t-elle encore si souvent à la trappe des décisions prises à l’échelle internationale comme locale ? En juin, les grandes lignes du futur rapport du Giec (parution complète prévue en 2022) alertent à nouveau sur les conséquences de la hausse des températures dans les 50 prochaines années. De quoi voir annoncé un ralentissement concerté des échanges aériens, de la construction automobile ? Ou un moratoire sur les projets de construction de nouveaux entrepôts Amazon ? Non. La décroissance de l’activité ne parvient pas à s’imposer comme une solution partagée et partageable par la communauté des États planétaires. La création de nouvelles activités, produits ou procédés consommateurs de ressources naturelles demeurent la norme. Ce sont, des Philippines au Salvador, les cryptomonnaies qui, une fois débarrassées de leur vernis virtuel, révèlent des infrastructures grandes consommatrices d’énergie électrique et de métaux rares destinés aux puces des serveurs qui hébergent leurs octets. En France, ce sont les lois qui renoncent à activer la fin de l’artificialisation des sols – grande responsable du dépérissement du potentiel nourricier de la Terre et de sa capacité à retenir l’eau, le carbone, la vie – en repoussant sa décélération à 2027 !
Sur les marchés, les nouvelles logiques de « compensation » laissent aussi imaginer que replanter des arbres ou casser le béton d’un ancien centre commercial suffisent à redonner dès aujourd'hui de l’oxygène aux écosystèmes ! Alors, aux constructeurs de petites maisons sans fondations, aux citadins qui plantent des vergers comestibles, aux fournisseurs d’électrons verts qui soutiennent les nouveaux producteurs d’énergie renouvelable, aux concepteurs d’isolants végétaux performants, deux mots : merci et répandez haut et fort vos actions pour que la seconde partie du rapport du Giec, qui reste à ce jour inconnue, les citent et les présentent comme autant de solutions à la poursuite d’un mieux pour tou·te·s... qui n’induise pas un pire.
AMC #327 : KEMPE THILL / ATELIER 56S - COMPAGNIE - RAMILLIEN - LANDAUER - BOX ARQUITECTOSPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Submersion
Dans une société hyperindustrielle fondée sur les flux ultrarapides, l'architecture, immobile et lente, se trouve à contretemps. Le temps long de son élaboration la place en décalage avec son époque, voire toujours en retard, même sur son propre cadre conceptuel. Les projets, conçus et réalisés en cinq à dix ans en moyenne, ne répondent déjà plus aux réglementations en vigueur lors de leur livraison. Les pratiques des usagers, elles-mêmes mouvantes et fugaces, devancent toujours le cadre bâti. Dernière évolution en date, l'immersion proposée par les industries culturelles (p. 10) . Son alignement sur les logiques d'expériences prégnantes dans la sphère marchande indique qu'il pourrait s'agir de bien plus qu'une mode : un tournant instaurant un nouveau rapport au monde et aux objets, où la sensation remplace la connaissance. La copie du réel transformé en décor peut alors suffire, et le Paris historique, être restitué sous forme de backlot dans les champs briards (p. 8) . Ce phénomène émergent de l'immersion se lance à la conquête de l'espace, en ajoutant une couche technologique dans les intérieurs, ainsi que l'on peut le voir dans quelques nouveaux lieux, tel le Grand Palais immersif à Paris, installé dans une aile de l'opéra Bastille restée vide depuis la livraison du bâtiment, en 1989. Le vaisseau qui devait rendre l'opéra populaire sert ironiquement de tremplin à ces manifestations qui laissent dubitatifs, quand d'autres lieux recyclent le patrimoine artistique - Van Gogh, Dali, Klimt. En revanche, des plasticiens explorent l'immersivité de manière convaincante : Olivier Ratsi, le duo Nonotak, Sabrina Ratté… inscrits dans une longue lignée d'artistes. On pense à Kurt Schwitters, Yayoi Kusama, Ugo La Pietra et son Uomouovosfera (p. 108), ou plus simplement, à l'art baroque, rappelant que l'architecture reste le premier art immersif. S'immerger dans un matériau, une couleur, une structure, une lumière, un espace sonore, c'est ce que ne cesse de faire l'architecture. Lassés de l'excitation des projections, les spectateurs voudront-ils retourner à l'immersion simple mais riche des espaces quotidiens, sans l'attelle high-tech et sa promesse de puissance ? Y aura-t-il des architectes et des maîtres d'ouvrage pour répondre au mieux à ces attentes et éviter que l'immersion ne devienne une nouvelle submersion ?
Il n'est pas interdit de l'espérer. La Maison écologique #144 : Planchers et murs chauffantsPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Nous autres Français sommes toujours conscients des efforts individuels et collectifs à réaliser dans un contexte de nécessaire transition écologique. C’est en substance ce que révèle l’Agence pour la transition écologique, l’Ademe*. Une bonne nouvelle ? « Mouarf », répondrait probablement un personnage de bande dessinée à qui on ne la fait plus. Car, cette conscience des efforts à réaliser recule en 2024. Rattrapée par la violence et l’insécurité (45 %, + 7 points par rapport à 2023) et l’immigration (32 %, + 8 points), puis la pauvreté (26 %, - 1 point), elle est passée de la deuxième à la quatrième position des priorités dans la liste de 11 sujets proposée par l’Ademe. Bien sûr, l’agence nuance à juste titre la progression de ces préoccupations sécuritaires en rappelant que les débats parlementaires sur la loi immigration battaient leur plein au moment de l’enquête. Mais, las, ce résultat rejoint de nombreux discours sur le recul général du souci écologique dans le débat politique et le constat des choix de consommation nécessairement plus restreints d’une majorité de nos concitoyens.
Alors merci à vous, chers et chères abonné.es, acheteuses et acheteurs réguliers ou occasionnels de ce magazine. Pas seulement parce que, par votre geste d’achat, vous soutenez la presse indépendante qui en a tant besoin, toute impactée qu’elle est par la crise de son versant papier, mais aussi parce que, par ce geste et son partage, vous participez hier, aujourd’hui ou demain à faire connaître l'écologie : la progression de la ventilation naturelle (p. 12), la conciliation heureuse des objectifs du passif et du recours au bois, à la terre et à la paille (p. 14), les réflexes d’orientation et d’agencement à garder en tête pour concevoir le plan d’une maison économe en ressources et en énergie (p. 22). Et puis, qui sait, peut-être vous prendrez-vous à imaginer changer de logis pour habiter une petite maison sans fondation « qui a tout d’une grande » (p. 48).
L’étude précitée estime aussi que 60 % des Français sont favorables à ce que des règles collectives limitent les comportements nocifs pour l’environnement, même si cela restreint des choix de consommation individuels « comme choisir certains modèles de voiture, prendre l’avion, changer souvent d’équipements électroniques ». Alors, soyons réalistes, demandons le possible : ajoutons-y pour démarrer l’engagement réel de l’état dans une politique de rénovation énergétique de l’habitat digne de ce nom. Facilité de demande de primes et délais de paiement compris. Chiche !
*5e édition de son enquête annuelle dédiée à l’opinion des Français sur la « Sensibilité à l’environnement, action publique et fiscalité environnementale », menée en partenariat avec le Credoc. Le Moniteur #6328 : Règlement Ecoconception - Comment l'Europe veut verdir la constructionPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Faut-il sacrifier un nouveau jour férié pour financer les Ehpad ? L'idée, proposée par un récent rapport sénatorial consacré à ces structures accueillant des personnes âgées dépendantes, semble avoir fait long feu. Le débat a agité le Landerneau politique, hérissé les centrales syndicales, opposées à voir les salariés supporter seuls cette charge, et mis vent debout les associations d'anciens combattants, inquiètes pour le 11- Novembre. « Très réservé » sur l'intérêt de la mesure, le Premier ministre a refermé la boîte à idées. Et pourtant, la France va immanquablement manquer d'Ehpad.
La pyramide des âges est implacable : les besoins vont exploser au cours de la prochaine décennie.
Ce même rapport parlementaire pointait en effet les difficultés financières croissantes de ces institutions, qu'elles soient publiques ou privés, à but lucratif ou non. De mauvais résultats qui détournent les investisseurs et freinent toute ambition de développement. Or, la pyramide des âges est implacable : les besoins vont exploser au cours de la prochaine décennie. Or le pays ne s'y prépare pas.
Dans les Ehpad, en effet, l'heure est à la rénovation (lire p. 8) . On isole, on modernise, on rafraîchit… Objectifs : respecter les obligations du décret tertiaire et améliorer le cadre de vie des personnes âgées. Mais aussi redorer l'image de ces établissements, éclaboussés par le scandale Orpea et critiqués pour leur gestion du Covid. Une montée en gamme salutaire, mais qui, en donnant davantage de place aux résidents, réduit encore un peu plus une offre de lits déjà sérieusement entamée par la baisse du nombre de structures.
Même si on met le turbo sur l'adaptation des logements, même si on accroît l'offre de résidences pour seniors non dépendants, le défi du vieillissement contraindra tôt ou tard à relancer la machine à construire. Un plan ambitieux qui nécessitera des investissements massifs. Pour cela, faut-il élargir l'usage du Fonds vert, comme le suggèrent les sénateurs ? Faut-il que, dans les zones rurales, ces institutions accueillent des services publics aux riverains pour favoriser leur implantation ? Rouvrons la boîte à idées ! Le Moniteur #6329 : Equerre d'argent 2024 - Au mont Salève, une machine à remonter le tempsPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Le règlement de l'Equerre d'argent est formel : muet sur la nationalité des architectes, il exige à l'inverse que les réalisations en lice se situent sur le territoire français. Du haut de son éperon rocheux surplombant le lac Léman, à une encablure du canton de Genève, la gare du téléphérique du Salève, lauréate 2024 du prix organisé par « Le Moniteur » et « AMC », se trouve bien dans l'Hexagone. Aux confins de la Haute-Savoie, elle n'a pas volé son titre mais flirte avec des limites. En creusant un peu, la Suisse n'est jamais loin.
Les lauréats de l'Equerre d'argent ont habilement tiré profit de la position frontalière.
Les acteurs de ce projet patrimonial, à commencer par le syndicat à la fois intercommunal et binational qui en est à l'origine, ont d'ailleurs habilement tiré profit de cette position frontalière. De droit français, cette maîtrise d'ouvrage n'en excelle pas moins dans l'art de la négociation et la quête de consensus. Son ambition, à la fois architecturale, paysagère et territoriale, jongle avec les contraintes et réussit le grand écart entre les exigences de là-bas et les moyens d'ici. En 2018, le concours de maîtrise d'œuvre avait vu défiler la fine fleur de la conception des deux pays. La justesse du projet de l'agence parisienne DDA avait - déjà -convaincu le jury.
Dotés d'une habileté rare à sublimer l'existant, Claudia et David Devaux font des merveilles lorsqu'ils interviennent sur les bâtiments d'illustres prédécesseurs : Le Corbusier, Mallet-Stevens, Théo van Doesburg… Au Salève, l'infrastructure est signée Maurice Braillard (1879-1965), grand architecte et urbaniste genevois. Un beau Romand, donc, mais surtout une belle histoire. Car le chantier fut interrompu en 1932, laissant l'ouvrage incomplet. Le duo ne s'est donc pas contenté d'une restauration, même minutieuse, même respectueuse : il a parachevé l'œuvre du génie suisse, tout en lui faisant faire un bond d'un siècle, le propulsant d'une modernité à l'autre.
Le règlement de l'Equerre d'argent est limpide : le prix récompense architectes et maîtres d'ouvrage. Surtout, il distingue une réalisation. Celle du Salève tient de l'exceptionnel. Par la délicatesse des interventions, évidemment, mais aussi par la radicalité des choix, qui vont de l'organisation des espaces à l'intégration au site. Une architecture de partis pris, tout sauf neutre. D'Architectures #321 : Prix D'Architectures 10+1PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Ibai RigbyEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Le Prix d’architectures 10+1 2024
Par Ibai Rigby, président du jury du Prix d’architectures 10+1 2024
Le Prix d’architectures 10+1 se distingue par son approche immersive, valorisant l’engagement direct avec les bâtiments, leurs concepteurs et utilisateurs. Contrairement à d’autres prix fondés sur des présentations visuelles, le Prix d’architectures refuse la passivité d’un diaporama ou d’un fil Instagram. Ici, ni catégories fixes ni critères prédéfinis : le jury élabore ses choix collectivement au fil des visites.
Nous sommes allés voir 33 bâtiments à travers l’Hexagone, une odyssée marquée non seulement par les kilomètres parcourus, mais aussi par la richesse des échanges et des rencontres. Chaque visite a donné lieu à des discussions avec les architectes, les commanditaires, ou les usagers, que ce soit sur place, autour de repas partagés, ou lors de voyages ensemble. C’est dans ces moments que la xenia, l’hospitalité grecque, a pris tout son sens. Nous avons été accueillis chaleureusement dans les bâtiments et avons partagé des moments privilégiés avec ceux qui les ont créés ou commandités. Au-delà de l’hospitalité, cette odyssée a transformé nos perspectives. Chacun est arrivé avec des idées préconçues, vite remises en question par la complexité des projets et la réalité de l’architecture en France en 2024. En ce sens, ces réalisations reflètent un moment unique de culture et d’architecture. Le Moniteur #6327 : Les collectivités à l'épreuve du risque inondationPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : La rude sécheresse de l'été 2022 aura mis en évidence la fragilité de nos nappes phréatiques et donné naissance au Plan eau. L'automne 2024, avec ses inondations dramatiques en France et en Europe, agira-t-il comme un révélateur de la vulnérabilité de nos territoires face aux conséquences du bouleversement climatique ? Car c'est une certitude : « le monde change », nous affirme Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique, de l'Energie, du Climat… et de la Prévention des risques.
Les stratégies d'adaptation au changement climatique répondent à des enjeux éminemment locaux.
Loin du Vieux Continent, une vague rouge a submergé les Etats-Unis. Le come-back de Donald Trump à la Maison blanche annonce un retour en arrière pour le climat. Or, si les Américains lèvent le pied en matière de réduction de leurs émissions, ils entraîneront à coup sûr une cohorte de nations sur la voie du désengagement. On voit mal les pays du Sud maintenir leurs efforts pour le bien commun, quand la première puissance mondiale s'absout de toute solidarité internationale.
Une tonne de CO2 émise au Texas a des conséquences à l'autre bout du monde, par exemple à Valence (Espagne), où le dévastateur phénomène de « goutte froide » aura été accentué par le réchauffement exceptionnel de la Méditerranée. Pour être efficace, l'atténuation ne peut répondre qu'à une démarche mondiale, comme l'avait initié l'Accord de Paris. Les stratégies d'adaptation, à l'inverse, répondent à des enjeux éminemment locaux. L'exemple du risque inondation est éloquent : les caractéristiques du phénomène et les réponses à lui apporter divergent selon que l'on se trouve au débouché d'une vallée, au cœur d'une plaine ou au bord de la mer.
Les collectivités se trouvent donc à la manœuvre. Ce n'est pas un hasard si l'adaptation des territoires face aux risques constitue l'une des thématiques fortes du Salon des maires et des collectivités locales, organisé du 19 au 21 novembre par Infopro Digital (éditeur du « Moniteur »). De la conception des ouvrages de protection à l'élaboration d'outils de planification adaptés, de l'invention de formes innovantes d'urbanisme à la négociation serrée entre acteurs locaux, les solutions se trouvent au plus près du terrain. Quand la mer monte trop haut, les maires montent au front. Urbanisme #440 : GénérationsPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Julien MeyrignacEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : Il y a soixante ans, un groupe de gamins de Londres – The Who – a contribué à installer le rock comme mouvement de subversion sur le sol européen, en prenant violemment à partie les sociétés conservatrices, dans une chanson dont le premier couplet est conclu par une sentence irrévocable : « I hope I die before I get old (Talkin’ ’bout my generation)… »
Cet appel à la révolte contre des aînés, accusés d’être mus par de bas instincts et de museler la jeunesse et ses idéaux de justice, est une des premières références populaires et médiatiques de saillies comminatoires de la jeunesse contre les générations qui la précèdent. Et d’innombrables lui ont succédé, dont les plus récentes et marquantes sont sans conteste celles de Greta Thunberg.
Des prises de position qui peuvent être considérées comme des réactions en légitime défense face aux continuelles critiques des « adultes » contre la jeunesse et les jeunes, jugés – partout et de tout temps – irresponsables, fainéants, etc.
Si nous avons tous conscience que ce qui vient d’être énoncé n’est que le pur produit de préjugés certes répandus, mais peu robustes, certains journalistes et médias n’hésitent pas à alimenter aujourd’hui le dissensus. Notamment sur les sujets qui le cristalliseraient tout particulièrement : l’écologie et le climat.
Or, comme l’ont démontré de nombreuses enquêtes, les préoccupations environnementales varient moins à travers les âges qu’à travers les classes sociales et niveaux de diplômes.
De même, quand Salomé Saqué affirme que « les jeunes ont rarement voix au chapitre », de nombreux observateurs n’ont aucune peine à lui objecter que, de toute évidence, jamais, avant aujourd’hui, ils n’ont autant eu l’occasion de se faire entendre et de diffuser leurs convictions. Notamment, par la grâce du mass marketing digital, qui place la jeunesse au cœur de la désirabilité acheteuse (cf. les seniors en sneakers et cheveux faussement en bataille des publicités).
Si l’intergénérationnel s’invite dans toutes les réflexions et tous les discours sur l’avenir de la société, des villes et des territoires, difficile de ne pas constater à quel point les marchands de biens et services s’appliquent, au contraire, à stratifier les populations et communautés en tranches d’âge toujours plus nombreuses.
L’exemple le plus connu en la matière étant, sans aucun doute, celui de l’émergence des « pré-adolescents », sous la pression des industries du textile et des loisirs, qui a permis de considérer que l’on devient un consommateur (de mode, de téléphonie, etc.) à partir de 9 ou 10 ans.
Et si la notion de génération se révèle aussi persistante, alors même qu’au quotidien, dans l’espace public, les équipements ou autres, les frontières entre les âges n’ont jamais été aussi ténues et poreuses, c’est sans doute parce que derrière « intergénérationnel » se cache « solidarité » : quand une collectivité met en œuvre une politique ou un projet destiné à une catégorie d’âge, c’est en réalité, presque toujours, pour les populations les plus fragiles qui la composent. Il en est ainsi des politiques de la jeunesse ou du grand âge.
Ce qui pose un double problème : l’intergénérationnel n’est jamais une politique adressée à toutes les générations (pour preuve, l’invisibilité des actifs de 35 à 55 ans), et notre pays reste en attente d’une vraie grande politique de solidarité. Urbanisme NS#5 : Plan de paysage du SCoT de l'agglomération messine / Grand Prix national du paysage 2024PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Agnès Pannier-RunacherEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : Ce numéro spécial de la revue Urbanisme, réalisé en partenariat avec le ministère de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques, présente le lauréat : le plan de paysage du SCoT de l’agglomération messine (SCoTAM) ; avec une mention spéciale au projet de rénovation urbaine du quartier Louvois, à Vélizy-Villacoublay (Yvelines), et deux autres projets finalistes.
Il propose également un tour d’actualité du paysage au travers d’entretiens avec Henri Bava, président de la Fédération française du paysage (FFP), Grégoire Bassinet, président de l’Association des paysagistes-conseils de l’État (APCE) et Alessia Lefébure, directrice de l’Institut Agro Rennes-Angers, et d’articles sur la nouvelle génération d’atlas de paysages, ainsi que les travaux des chaires Paysage et Énergie, de l’École nationale supérieure de paysage de Versailles, et Territorialisation, de l’École nationale supérieure d’architecture de l’université de Grenoble. A Vivre #138 : RénovationPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Nathalie DegardinEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Pour bien comprendre la différence entre une tendance et une réelle mutation du secteur, il suffit de se plonger dans la dernière enquête Archiscopie 2022-2023 réalisée et pub:liée par le CNOA. Cette photographie du métier révèle que 87% des architectes ont fait de la rénovation en 2020, et que 81% de ceux intervenant dans ce champ ont rénové un logement individuel privé en 2021. Exé #58 : PasserellesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jordi PatillonEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Avec ambition, ce nouveau numéro d'Exé clôture l'année sur un changement de paradigme. L'architecture réversible est en effet une mutation dans la manière de concevoir, de construire et d'utiliser nos bâtiments. Si le concept s'inscrit pleinement dans les enjeux actuels de durabilité, de flexibilité et de maîtrise des coûts, elle n'est pour autant pas aux prémices de ses réflexions. Le Moniteur #6325 : A Nice, la forêt urbaine mobilise toutes les ingénieriesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Ce ne sont plus de discrets clins d'œil, mais d'éblouissants appels de phares ! Depuis qu'il a pris ses fonctions, le nouvel exécutif entend choyer les maires des petites communes. Ces derniers viennent d'obtenir coup sur coup l'abandon du transfert obligatoire de la compétence eau et assainissement à l'intercommunalité et l'annonce d'un nouvel assouplissement du ZAN. Deux décisions peut-être indolores pour le budget de l'Etat, mais pas forcément sans effet sur la bonne marche des projets.
Que l'objectif de zéro artificialisation nette donne des sueurs froides aux élus ruraux, cela ne fait aucun doute. Issu d'une loi de 2021, il a déjà été remodelé l'année dernière. On ne saurait donc mesurer les effets du nouveau dispositif. Sans présumer du contenu du prochain texte - la foire aux idées est ouverte -, il faut à tout prix éviter qu'un cadre aussi structurant pour l'aménagement à long terme subisse d'incessants revirements. La stabilité normative reste, on le sait, primordiale pour les porteurs de projet.
Redonner le pouvoir aux maires, pourquoi pas, mais avec quels moyens ?
Garder la haute main sur la gestion de l'eau rassurera bien des édiles, souvent rétifs à cette mutualisation intercommunale obligatoire. Redonner le pouvoir aux maires, pourquoi pas, mais avec quels moyens ? Sans accompagnement financier et d'ingénierie, cette volte-face pourrait in fine freiner les investissements dans les réseaux. Lors des récents épisodes de sécheresse, les territoires privés d'eau étaient bien souvent ceux dotés d'une gestion communale isolée, avec des infrastructures inadaptées.
Ces signes d'affection peuvent certes s'apparenter à un juste retour de balancier, tant les élus de terrain se sont sentis malmenés par les précédents gouvernements. Mais ils ne sauraient éclipser la douche froide qu'a représentée, pour les finances locales, le dévoilement du PLF pour 2025. Le vif débat parlementaire sur le budget a d'ailleurs fait ressurgir une revendication ancienne des collectivités : le rétablissement de la taxe d'habitation. En retissant, par la fiscalité, un lien direct entre les ressources d'une collectivité et sa population, on sécurise les recettes de la Ville, on récompense le maire qui développe son territoire, on l'incite à construire du logement. Cette preuve d'amour-là, le gouvernement la refuse toujours aux élus locaux. Le Moniteur #6326 : L'ombre de la relégation plane sur les PPP de stadePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Aurélien BellangerEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Nous vous demandons de reconsidérer ces coupes budgétaires. C'est en ces termes que le président de la FNTP, Alain Grizaud, concluait une lettre adressée le 22 octobre au Premier ministre, Michel Barnier. En cause, le coup de rabot de 6 à 7 milliards d'euros sur l'investissement local prévu par le projet de loi de finances pour 2025. Un choix qui ne manquerait pas d'éroder les capacités des collectivités à bâtir et rénover infrastructures comme équipements publics.
A moins que le gouvernement ne revoie sa copie, il leur faudra donc convoquer d'autres ressources afin de mener les projets essentiels à leur territoire. Or, s'il n'est pas public, l'argent est forcément… privé. Un truisme soit, mais qui a le mérite d'inviter à réenvisager des modèles mixtes sollicitant l'usager ou des entreprises.
La situation actuelle invite à réenvisager des modèles mixtes de financement.
Au vu de la situation budgétaire de la France, aucune piste ne peut être écartée a priori, même si certaines appellent à redoubler de vigilance. En témoignent les déboires des partenariats public- privé noués au tournant des années 2010 pour bâtir ou rénover les stades de l'Euro 2016 de football. De Lille à Nice, en passant par Bordeaux et Marseille, chaque fois l'une des parties impliquées dans le financement de ces arènes s'en est mordu les doigts. Là, c'est la collectivité qui doit supporter une charge bien supérieure à ses prévisions. Ici, c'est le partenaire privé qui paie les pots cassés d'une billetterie en berne. Autant d'expériences qui poussent aujourd'hui à explorer un apport majoritaire du club résident pour la construction de telles enceintes.
Mais, y compris dans cette mouture, il reste indispensable que les pouvoirs publics locaux mettent la main à la poche. Preuve que, si la maîtrise des dépenses est indispensable, préserver les moyens des collectivités l'est aussi. A Vivre HS #63 : Best Of - Maisons et appartementsPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jordi PatillonEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Ce nouveau numéro regroupe certains des plus beaux reportages sur des maisons et des appartements d'architectes que nous avons eu la chance de publier ces dernières années. Ils ont également en commun leur cadre d'implantation : la ville. La maison écologique HS#20 : Le guide du chauffage écologiquePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Gwendal Le MénahèzeEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Engloutissant près de 20 % des consommations d'énergie de la France, le chauffage de nos logements pèse lourd sur le réchauffement climatique. Mais la température du climat social grimpe elle aussi dangereusement. Il y a quelques jours, un automobiliste manque de renverser un cycliste sous mes yeux afin de l'immobiliser pour l'incendier de s'être écarté de sa piste cyclable. Peu après, une passante raille ouvertement les capacités d'une femme en situation d'obésité alors même qu'elle pédale à travers le pays contre les préjugés qui pèsent sur cette maladie... Doit-on laisser nos rapports s'échauffer ainsi ? Ou bien, à l'instar de la sobriété énergétique prônée par les experts de l'écohabitat, faut-il s'engager dans une forme de rénovation relationnelle qui cesserait d'épuiser notre énergie morale ?
Les infractions racistes, xénophobes ou antireligieuses enregistrées en France ont explosé de 32 % en 2023(1). Celles anti-LGBTQIA+ ont bondi de 13 %(2). Et les actes d’incivilités ont continué de s'embraser à la faveur d'un sentiment d'impunité débridé qui a pris ses aises entre les deux tours des récentes élections législatives. Si ces chiffres ne suffisent pas à tempérer la surchauffe, rappelons qu'une « simple » injure publique est un délit passible de 12 000 € d'amende, et jusqu'à 45 000 € et 1 an de prison si elle revêt un caractère raciste, sexiste, homophobe ou handiphobe.
À quoi sert de bichonner le confort thermique de nos bâtiments si le bien-être de leurs habitants est refroidi par ailleurs ? Les incivilités peuvent paraître « anecdotiques » individuellement, mais, constataient des sénateurs en 2021, « leur multiplication génère une dégradation de la qualité de vie » et, plus encore que les délinquances graves, elles « empoisonnent la vie des citoyens et sont en grande partie responsables du sentiment d'insécurité ». À ces violences « du quotidien » s'ajoutent les guerres, magouilles politico-financières, effondrement de la biodiversité...
Où que l'on regarde, les nouvelles font froid dans le dos. Alors ne nous privons pas d'un peu de chaleur humaine. Arpenter les sentiers des Pyrénées cet été m'a reconnecté à mes semblables, qui loin de leurs préoccupations quotidiennes osent à nouveau s'y saluer (et même se regarder !). Reprendre l'habitude d'un simple « bonjour » ou d'un sourire échangé avec les inconnus qui croisent mon chemin m'emplit d'un sentiment revivifiant et apaisant. Ce hors-série dévoile les solutions les plus efficaces et écologiques pour chauffer nos demeures, n'oublions pas de nous réchauffer aussi les cœurs.
1. Service statistique ministériel de la sécurité intérieure, mars 2024. / 2. SSMSI, mai 2024. Le Moniteur #6324 : Dans les Alpes suisses, un barrage peut en cacher un autrePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu… Vous peinez peut-être à le croire mais, dans les montagnes suisses, un gigantesque barrage est bel et bien en train d'être érigé. Si, si, on vous le jure, on est même allés le voir. Si un tel chantier semble inimaginable, c'est que les derniers grands ouvrages hydrauliques français ne datent pas de la dernière pluie. Les initiatives récentes peinent à émerger, comme en témoigne l'abandon, fin août, du projet Rhônergia à la frontière de l'Isère et de l'Ain.
L'établissement d'une doctrine partagée sur les infrastructures s'impose.
La raison de cette désaffection réside dans les dommages sur la biodiversité de ces constructions et de leurs retenues d'eau. Un impact qui, à notre époque, paraît inacceptable devant un juge comme devant les électeurs. On en oublierait presque les immenses vertus de l'hydroélectricité : un bilan carbone riquiqui et une ressource renouvelable à l'infini.
La transition énergétique réclame des infrastructures. Sa réussite exige donc de surmonter l'antagonisme entre l'indispensable décarbonation de nos sociétés et la non moins légitime protection de nos milieux naturels. Cette opposition se retrouve dans les récentes manifestations contre le tracé de la future LGV Bordeaux-Toulouse ou dans les mobilisations contre divers projets de centrales photovoltaïques. Aussi nécessaires soient-ils, les efforts de sobriété ne suffiront pas à esquiver l'inextricable dilemme : préserver le cadre de vie des marmottes d'aujourd'hui ou sauvegarder les conditions de vie de celles de demain ?
L'établissement d'une doctrine partagée s'impose. Que peut-on construire ? Avec quelles externalités acceptables ? C'est, en partie, le sens de la loi Aper du 10 mars 2023, qui facilite l'obtention d'une dérogation « espèces protégées » pour les projets de production d'EnR. Cette clarification du cadre juridique doit s'accompagner d'une cohérence de long terme dans les choix des pouvoirs publics, comme le réclame la FNTP. Rien n'est pire que de laisser porteurs de projet et opposants seuls dans un dialogue de sourds mortifère. Il faut au contraire inviter les citoyens à appréhender les multiples facettes du problème, les élus à prendre le sujet à bras-le-corps et, ensemble, définir la voie acceptable pour le plus grand nombre. Marmottes comprises. AMC #326 : DELMAS - HARARI - AVENIER CORNEJO - ARBAPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Parmi les pistes de développement urbain, celle de la ville productive séduit, feuille de route imparable pour une société idéale. Reste la question de fond : que produisons-nous ? Dans la "Société de consommation", Jean Baudrillard propose une réponse grinçante. AMC HS 2024 : Paris 2024PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Que reste-t-il de la parenthèse olympique, hormis des souvenirs festifs ? La frugalité, innovation parisienne de ces XXXIIIes Jeux d’été, est d’abord une stratégie du comité d’organisation pour réduire des coûts si pharaoniques que seules les grandes métropoles sont en mesure d’accueillir cet évènement mondial – et peu candidatent. Mis à part deux constructions majeures, le centre aquatique et l’Adidas Arena, les équipements réalisés pour l’occasion ne bousculeront pas le paysage parisien. En surface du moins, car des dizaines ont été rénovées, à défaut d’un plan tel que 1 000 piscines, déployé en réaction à l’échec de l’équipe française de natation aux Jeux de Mexico en 1968. Léon Marchand est-il le produit des Canetons, Tournesol et autres Iris, modèles industrialisés construits à plus de 700 exemplaires sur le territoire ? L’héritage matériel de Paris 2024 résidera dans les villages conçus pour les athlètes et les médias sur un territoire à reconquérir, suivant l’exemple barcelonais de 1992. D’un village l’autre: en 2012, Paris, déjà candidate, proposait un village olympique bâti sur une friche ferroviaire aux Batignolles. L’élan a abouti à un nouveau quartier parisien. A cheval sur Saint-Ouen, Saint- Denis et l’Ile-Saint-Denis, sa version 2024, innovante, environnementale, inclusive, représenterait ce qu’il se ferait de mieux en France en matière d’urbanisme. Espace hors de la ville jusqu’à la mi-octobre au moins du fait des dernières transformations en cours, cette vitrine interroge. Exercice d’architecture sous forte contrainte temporelle, le quartier revêt autant des allures de caserne décorée que de ville radieuse. Si le risque de gentrification parfois brandi semble loin tant le département – on ne cesse de le répéter – abrite une population pauvre et affiche un taux de logements sociaux bien au-dessus des seuils fixés par la loi SRU, cette enclave colorée dans un environnement rude interroge. Les années à venir diront comment ces villages vivront. En l’état, ils apparaissent peu différents des nombreuses ZAC françaises, et rien ne dit que ce modèle miracle de production de logements, triomphant des procédures administratives, pourrait servir à combler le déficit en la matière. Nous risquerions d’avoir la rigidité sans la rapidité. Ce hors-série entend donner un aperçu des changements discrets qui remodèlent le territoire francilien, dans le domaine du sport mais aussi de l’habitat, des mobilités douces et des cheminements piétons, inventant, sans le dire, une pratique physique libérée des injonctions compétitives. Le Moniteur #6323 : Les nouvelles manières de faire la courPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Déficit qui s’envole, recettes qui s’étiolent, Bruxelles qui s’affole… Jamais un projet de loi de finances n’aura été élaboré dans un contexte aussi contraint. Il fallait redresser la barre. Restait à définir le cap, car même quand le champ des possibles se réduit à peau de chagrin, gouverner, c’est toujours choisir. En témoigne le débat sur la fiscalité, opposant ceux qui refusent toute hausse d’impôt et ceux qui ambitionnent de combler les trous grâce aux seuls prélèvements. Cela dit, au-delà des grandes masses, une autre discussion apparaît tout aussi fondamentale : celle des priorités. On serre les boulons, d’accord, mais pas partout aussi fort.
Touché par l’austérité annoncée, le BTP apparaît ainsi inégalement exposé. L’élargissement annoncé du PTZ devrait bénéficier
aux acteurs du logement neuf alors que le nouveau rabotage de MaPrimeRénov’ bridera la dynamique des travaux sur l’existant. Quant à la coupe sèche dans les finances locales, elle risque d’entraver bon nombre de projets de réseaux, voiries et équipements publics.
Le budget de l’Etat ne saurait se lire à travers le seul prisme des intérêts catégoriels. En filigrane, le nouvel exécutif se livre en effet au détricotage d’une partie des moyens financiers dédiés aux objectifs environnementaux. Ce choix – puisque c’est bien de cela qu’il s’agit – témoigne d’un arbitrage, maintes fois observé, entre les dépenses d’aujourd’hui et les dégâts de demain. Un renoncement
légitimé par l’urgence financière, une simple parenthèse qui, on le devine, pourrait perdurer bien au-delà d’un seul exercice budgétaire. D'Architectures #320 : L'ANRU : système de démolitionPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : La prime au massacre
La rage de démolition ayant atteint la France depuis trois décennies ne semble plus pouvoir s’arrêter. Le système mis en place à travers l’ANRU il y a 20 ans avance comme un rouleau compresseur devenu fou. Si la question n’était que patrimoniale – lorsque l’on détruit des architectures comme la Butte-Rouge ou la Maladrerie –, ce gâchis serait déjà très préoccupant mais, bien plus grave à l’heure de la pénurie de logement, ces démolitions coûtent beaucoup plus chères que des réhabilitations, grevant d’autant le financement de nouvelles constructions. Elles ont surtout un bilan carbone catastrophique. Pourtant les maires ne détruisent pas forcément par plaisir mais parce que ces destructions leur donnent, via l’ANRU, accès à des subventions inespérées. C’est l’effet pervers de la prime au massacre. En dehors des habitants expulsés dont l’avis compte peu et qui sont, de fait, minoritaires, cette tabula rasa suscite par ailleurs presque toujours un enthousiasme populaire tant est répandue la croyance qu’avec la disparition de ces bâtiments – insalubres par manque d’entretien –, ce sont tous les problèmes sociaux et les erreurs ou carences d’aménagement du territoire qui s’évaporent miraculeusement.
La première chose à faire ne serait-elle pas d’utiliser les sommes colossales que dispense l’État dans ce carnage pour réparer et entretenir ces bâtiments ? Et comme le montre notre dossier du mois, on s’apercevrait que, dans beaucoup de cas de réhabilitations, on pourrait même se passer de cette manne. Manne dont les principaux bénéficiaires sont les promoteurs privés, dont on comprend qu’ils ont tout intérêt à prolonger ce système le plus longtemps possible.
Le coût urbain et économique de la sauvegarde de certaines constructions peut à quelques rares exceptions légitimer leur démolition et sans doute faut-il se garder de tout dogmatisme, mais viendra bientôt un jour où il sera difficile d’expliquer pourquoi, alors que l’on subissait une grave crise du logement et une pénurie de ressources, autant d’argent fut mis pour le démolir. Maisons paysannes de France #233 : Eau : le patrimoine à la sourcePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Guy SallavuardEditeur : MAISONS PAYSANNES DE FRANCE MAISON PAISAN FRANSDescription : C’est au patrimoine de proximité que nous allons nous intéresser au fil de ces pages (moulins, puits, ponts-barrages), ainsi qu’aux paysages façonnés par le passage de l’eau (sources, mares, zones humides). Un patrimoine bâti et aménagé avec les matériaux de son territoire et qui a été adapté à la vie des habitants, apportant de l’harmonie dans leur cadre de vie. Un patrimoine qui évoque l’histoire d’une région, d’une époque, d’une culture et qui porte en lui des savoirs et savoir-faire à transmettre. Le Moniteur #6322 : Le béton au défi du grand âgePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Le béton finira-t-il dans les livres d'histoire ? Seule certitude, il en occupe d'ores et déjà quelques chapitres. Ce matériau, dont l'usage est attesté dès l'Antiquité, a connu une popularité inégalée au cours du XXe siècle. A tel point que des générations entières de bâtiments et d'ouvrages d'art, plus ou moins remarquables, atteignent aujourd'hui un âge canonique, celui auquel des traitements de fond s'imposent.
Même s'il reste le matériau le plus employé, le béton voit sa popularité se fissurer.
Les temps ont changé et la popularité du béton se fissure. Il reste cependant le matériau le plus employé. Ses capacités structurelles, mais aussi plastiques, n'y sont pas étrangères. Exemple par-mi tant d'autres, l'élégante halle de marché de Saint-Cloud parvient à résoudre l'épineuse équation posée par son contexte urbain grâce à l'ingéniosité de son concepteur, l'architecte Charles- Henri Tachon, mais aussi aux prouesses techniques du béton.
Pour l'heure, la domination de ce matériau reste, dans les pratiques, acquise. Il serait cependant illusoire d'imaginer pouvoir continuer à bancher sans broncher. La lutte contre les émissions de gaz à effet de serre place en effet le clinker dans la ligne de mire des pouvoirs publics. Pressés par un cadre réglementaire de plus en plus exigeant, les cimentiers se sont lancés dans une coûteuse mais impérieuse course contre le carbone. Une course dans laquelle la France doit conserver sa longueur d'avance.
Générateur de CO2, le béton est aussi pointé du doigt pour sa gourmandise en sables et autres granulats. Co-auteur d'une BD nommée « Ressources », Philippe Bihouix, DG du groupe Arep, rappelle au « Moniteur » (1) que « notre monde est dépendant de l'extraction de matériaux non renouvelables, un trésor lentement accumulé dans la croûte terrestre au cours des temps géologiques. » Là encore, des efforts urgents s'imposent pour trouver des alternatives mais aussi puiser dans les ouvrages déjà construits les éléments utiles à ceux de demain. Le patrimoine en béton constitue décidément un bien précieux pour les siècles à venir.
(1) www.lemoniteur.fr/arep/ Le Moniteur #6320 : Le hors-site en mission décarbonationPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jérémy BellangerEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Renommés Arena Paris Sud le temps d'une parenthèse olympique enchantée, les halls de la Porte de Versailles ont repris leur fonction habituelle : celle de parc des expositions.
Après les athlètes et les spectateurs, c'est désormais aux professionnels du BTP d'arpenter ses allées, à l'occasion du salon Batimat qui s'y déroulera du 30 septembre au 3 octobre. Si les organisateurs doivent espérer que la ferveur des Jeux continue d'imprégner les lieux, un enthousiasme comparable à celui de 2022 pourrait suffire à leur bonheur. En effet, la dernière édition, qui tournait définitivement la page des restrictions Covid et signait, du même coup, le retour de l'événement à l'intérieur de la capitale, avait été unanimement saluée.
Confirmer ce retour en grâce suppose, malgré la crise qui secoue le secteur, de se projeter vers l'avenir. Un exercice complexe, mais nécessaire. Malgré les difficultés rencontrées par certains et la prudence revendiquée par beaucoup, tous devront témoigner de leur capacité à se mobiliser autour des grands enjeux environnementaux.
Le monde de la construction n'a d'autres choix que de précéder les attentes.
Démontrer que l'innovation est toujours au rendez-vous pour dé-carboner les ouvrages ; que les produits comme les techniques de mise en œuvre continuent d'évoluer et de s'affiner (lire notre enquête p. 18) ; que l'accélération de la révolution numérique provoquée par l'intelligence artificielle se traduit déjà dans les process industriels.
Plus qu'un vœu, entretenir une telle dynamique doit être vu comme un impératif car l'histoire, si elle peut être ralentie, ne changera pas de sens. L'exigence en termes de performance énergétique et de réduction carbone continuera de croître. Et pour préserver le futur de ses activités, le monde de la construction n'a d'autres choix que de précéder les attentes. Si la flamme olympique a dû s'éteindre, celle des bâtisseurs ne doit pas vaciller. Le Moniteur #6321 : Coûts, avancement et ambitions, le Lyon-Turin à coeur ouvertPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jérémy BellangerEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Plus de 3 000 milliards d'euros de dettes. Ni le gouvernement Barnier, ni ses éventuels successeurs, ne pourront se soustraire à cette réalité économique. Sans compter que la France fait également l'objet d'une procédure pour déficit excessif lancée par la Commission européenne et va devoir se plier à une série d'arbitrages douloureux qui prendront corps dans la prochaine loi de finances.
Pour autant, cette épée de Damoclès qui plane sur les composantes du futur budget ne doit pas se traduire par un abandon en rase campagne de toutes nos ambitions écologiques, sociales et industrielles. L'exécutif n'aura donc d'autre choix que de clarifier ses priorités pour se projeter vers l'avenir sans faire dériver davantage les finances publiques.
Raboter indéfiniment le Fonds vert ne saurait être lu comme un acte de raison.
Parmi les dépenses dont beaucoup attendent qu'elles soient sanctuarisées, plusieurs concernent directement le monde de la construction. Alors que le gouvernement Attal n'avait sûrement pas pris la mesure de la crise du logement neuf, le nouveau ne devra plus ignorer ce sujet, indissociable de nos enjeux démographiques et de la poursuite d'une politique de réindustrialisation.
Dans un autre registre, raboter indéfiniment le Fonds vert et les autres dispositifs de soutien aux collectivités désireuses d'adapter leurs infrastructures au réchauffement climatique ne saurait être lu comme un acte de raison. Ce serait, au contraire, la promesse de voir proliférer une dette grise qui deviendrait rapidement insurmontable.
De la même manière, geler, ou simplement ralentir, les investissements dans les énergies décarbonées n'aurait d'autres conséquences que de condamner la France à végéter dans un modèle de dépendance aux ressources fossiles et à hypothéquer sa compétitivité future.
Face au mur d'investissements qui se dresse, la voie budgétaire sera étroite et l'impopularité peut-être au bout du chemin pour ceux qui l'emprunteront. Mais l'urgence de la situation interdit désormais tout faux-fuyant à une classe politique que la réalité rappelle aujourd'hui à ses responsabilités. La Maison écologique #143 : Construire en paillePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Chaud devant. Ces temps estivaux sont aux revirements, aux changements imminents, aux orages violents. Un mois déjà que la récente campagne des élections législatives s’est achevée sans que, pour l’écologie, rien ne bouge ni ne soit réellement dit, rêvé ni revendiqué. Dans les tracts concoctés en un temps record ou au détour des conférences de presse, rien de nouveau ni de désirable, mais plutôt quelques noirs étendards à rebours du souhaitable. Parmi eux, la relance active du parc nucléaire, modèle d’abondance et de surproduction d’électrons opposé à la sobriété, à la production décentralisée et à la recyclabilité des déchets des énergies renouvelables. Pourtant, sous un ciel bleu et dans l’ambiance estivale, les pieds dans l’herbe des alpages ou dans le sable d’une côte sauvage, qu’il est doux et agréable de sortir du quotidien pour imaginer un idéal demain. Telle une année 2030 qui tienne ses engagements en termes de réduction réelle des émissions de CO2 pour nous mener sereinement à la neutralité carbone en 2050. Une année 2030 qui récolterait les premiers effets d’un plan quinquennal acté dès demain pour accélérer le développement des énergies renouvelables grâce à un soutien indéfectible aux unités de production de panneaux solaires photovoltaïques basées en France et à l’installation d’équipements solaires pour l’eau chaude sanitaire, en neuf comme en rénovation. Une année 2030 qui fêterait une cinquième année de croissance continue du nombre de rénovations globale et performante de logements individuels et collectifs, portée par le vote, dès le début de l’année 2025, de la prise en charge complète des travaux d’isolation avec des matériaux naturellement biosourcés et à faible empreinte carbone pour les ménages modestes. Enfin, une année 2030 qui célèbrerait la livraison du centième bâtiment de hauteur intégralement construit en béton de chanvre, cette ressource issue d'une plante au bilan carbone délicieusement négatif et à la quasi nulle consommation d’eau. Des rêves absolus ? Plus tout à fait, puisque le dernier de ces songes peut dorénavant s’appuyer sur la très récente publication – courant juillet – des nouvelles règles professionnelles pour la construction en béton de chanvre autorisant les constructions équivalentes à 8 étages. Laissons-nous rêver ! Le Moniteur #6319 : Quand les bailleurs sociaux font sans les promoteursPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Emmanuelle N'HauxEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : A l'heure où certains se focalisent sur la nécessité d'un ministère de l'Immigration, 2,7 millions de personnes attendent toujours un toit dans le parc social. Certains membres du gouvernement Attal ont reconnu avoir sous-estimé la crise actuelle, de quoi nourrir l'espoir que le prochain exécutif fasse du logement une priorité. Et que le futur ministre en charge de ce portefeuille - non connu au moment où nous imprimons ces lignes - reprenne à son compte le projet de loi relatif au développement de l'offre de logements abordables, stoppé dans sa course législative par la dissolution.
Au regard de la production réalisée malgré une promotion privée à l'agonie, les bailleurs sociaux se sont bel et bien retroussé les manches.
Les acteurs du monde HLM, qui se réuniront en congrès du 24 au 26 septembre à Montpellier, l'appellent de leurs vœux. La filière du BTP tout entière, derrière. La situation devenue critique l'exige. En 2023, le nombre d'agréments pour la construction de logements sociaux est tombé à 82 000. Bien loin des 198 000 nécessaires chaque année pour répondre à la demande.
Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat (USH) déclarait, début juillet, que « la crise du logement n'était pas une fatalité » et que « les acteurs du logement social ne baissaient pas les bras ». Au regard de la production réalisée malgré une promotion privée à l'agonie, les bailleurs se sont bel et bien retroussé les manches. Et d'innovation - thème du congrès de l'USH - ils n'en manquent pas. Ni d'agilité. Maîtrise d'ouvrage directe, opérations d'acquisition- amélioration, Vefa inversée… sont autant de dispositifs mis en œuvre par les organismes HLM.
En attendant que l'Etat se penche sur le berceau du logement abordable, les collectivités restent à son chevet à grand renfort de plans d'urgence ou de mobilisation du foncier public. La présidente de l'USH plaide en ce sens. C'est à ce prix que le logement social jouera pleinement son rôle contracyclique. Urbanisme #439 : PériphériesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Julien MeyrignacEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : Le tout pour le tout
Si vous n’en avez pas fait vous-même l’expérience, sans doute avez-vous glosé sur ces points de vue relatifs à « l’exotisme » de l’Hexagone qui se sont généralisés au gré des découvertes imposées par la pandémie. Des propos presque extatiques sur
l’absolu dépaysement vécu dans la Creuse, l’épreuve radicale de l’épicerie du hameau et la « reconnexion avec la nature et les vraies gens ». Comme si ce département, situé en moyenne à quatre heures de Paris, développait plus de matière à dépaysement que New York, les villes littorales de la Thaïlande ou d’autres territoires de la mondialisation effrénée, donc du (sur)connu et parfois – à ce titre – de la déception. Étrange géographie d’un monde globalement aplati et contracté, mais qui se dilaterait et se particulariserait aux échelles régionales. Comme la superposition de deux univers : celui du présent indexé sur le futur, de la vitesse, de l’innovation, de la prospérité, mais aussi du stress (maigre écot à payer pour l’ensemble des bénéfices économiques et sociaux précités), et celui du présent enlisé dans le passé, statique, nécessiteux, mais offrant le bonheur de la vie simple (bénéfice exorbitant des conditions de vies précitées).
Nous pourrions rire ensemble de ces conceptions biaisées par les clichés qui structurent les imaginaires et les perceptions des métropolitains et urbains si elles ne se révélaient pas contagieuses auprès des territoires et des populations appelées périurbaines, rurales ou périphériques elles-mêmes, pour aboutir à un « cul-de-sac intellectuel », comme l’écrit Valérie Jousseaume dans Plouc Pride, un nouveau récit pour les campagnes (Éditions de l’Aube, 2021). Mais surtout, le sujet est sérieux.
À l’heure de la concorde sur la systémique (peu ou prou cinquante ans après le « penser globalement, agir localement » de René Dubos et Le Macroscope, vers une vision globale [Seuil, 1975, ndlr], de Joël de Rosnay, il était temps), et le nécessaire désilotage, celle de la multiplication des analyses transversales rendues possibles par la profusion de data disponibles et la possibilité de générer des indicateurs raffinés, celle des inter-SCoT et des contrats de réciprocité proposés par les métropoles aux territoires qui composent leurs hinterlands, il est désolant de constater que ce sont les « frontières » géographiques et non celles entre les grands champs disciplinaires (ressources, biodiversité, mobilité, économie, habitat…) qui offrent le plus de résistance. Désolant, mais pas surprenant, dans la mesure où elles sont largement sous-tendues par des enjeux politiques fondamentaux, locaux et nationaux : comment expliquer la récente et actuelle inanité du Haut-commissariat au plan autrement que par l’objectif évident de ne pas hérisser le Sénat, dont les élus sont les plus ancrés dans les territoires et la majorité détenue par Les Républicains et centristes ?
Plus qu’un lieu commun ou un marronnier journalistique, l’opposition entre villes et campagnes, entre centres et périphéries, est aussi (encore) un enjeu de pouvoir qui trop souvent limite la prise en compte des grands enjeux écologiques et climatiques aux bonnes échelles, fréquemment entrave le déploiement d’une plus grande solidarité territoriale, et parfois se cristallise dans l’exercice démocratique.
Face aux nombreuses alertes en la matière, il paraît urgent de jouer le tout (la nation) pour le tout (le dessein). A vivre #137 : Sépcial petites surfacesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Nathalie DegardinEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Place à l'ingéniosité !
Il suffit de regarder les annonces immobilières pour comprendre combien les surfaces de taille modeste séduisent. Et les raisons en sont multiples : premier achat, petite famille, recherche d'un pied-à-terre... A chacun ses besoins, ses envies, ses moyens, pour des espaces prisés par les particuliers et stimulants pour les architectes. Le Moniteur #6317-18 : La tour qui fait twister Le HavrePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Sophie d' AuzonEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : « Levez-vous, si vous le pouvez. » Les invites inclusives des speakers lors des moments clés des cérémonies olympiques et paralympiques qui ont jalonné notre été ont rappelé l'évidence. Nous ne sommes pas tous égaux en matière de mobilité. Et personne ne doit rester sur le (bas) côté. Jamais le sujet du handicap en France n'avait bénéficié d'une telle visibilité. Accueillant les parathlètes le soir du 28 août, le président du Comité d'organisation des Jeux de Paris 2024, Tony Estanguet, affirmait : « Votre force, c'est qu'à chacune de vos victoires, c'est aussi tout un pays qui va changer. »
Il est temps de mettre la main à la poche et de déclarer l'urgence de la transition mobile.
Mais, la flamme éteinte, que restera-t-il de cette prophétie ? « Concrètement, l'héritage va être très faible par rapport à l'accessibilité », estimait Nicolas Mérille, conseiller national accessibilité & conception universelle de l'APF France Handicap, au micro de France Info. Les chantiers sont vastes, et bien connus des acteurs du BTP. Accessibilité des logements, des ERP, du cadre de vie… Pour ne parler que de mobilité, un projet emblématique s'impose dans le débat : rendre accessibles les 13 lignes historiques du métro de la capitale.
Paris n'était pas prête pour les visiteurs et athlètes des JOP souhaitant voyager en souterrain. Elle le sera demain, a assuré au cœur du mois d'août Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France. Demain, c'est-à-dire… dans vingt ans, et après avoir trouvé 20 milliards d'euros. L'élue entend pour ce faire obtenir un partage du financement par tiers avec l'Etat et la Ville. Premier signe encourageant, le pacte conclu par les deux collectivités avec l'APF le 5 septembre par lequel les signataires s'engagent à agir conjointement pour lancer le grand projet du « métro pour tous ». Pas encore de promesse sonnante et trébuchante à ce stade. Or il est temps de mettre la main à la poche et de déclarer l'urgence de la transition mobile. « Déplacez-vous, si vous le pouvez. » Séquences bois #146 : Spécial 30 ans !PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Anne-Sophie GouyenEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : 30 ans : cerner le temps
Ne vous y trompez pas, l’ambition de ce numéro n’est pas de faire un énième classement — le top 30 ! — ode à la performance. Au contraire, il s’agit plutôt de réunir celles et ceux qui ont été, durant les trois décennies qui se sont écoulées, sources d’inspiration pour nos abonné·es aguérri·es ou feuilleteurs occasionnels. Les réunir afin de les faire dialoguer, mettre côte à côte certains projets qui ne se seraient sinon jamais côtoyés. Mais, nous avons eu beau pousser les murs, rajouter des pages, il fallait bien trancher et laisser s’envoler cette envie absurde d’exhaustivité. Afin de donner davantage d’objectivité — si tant est que cela puisse exister — à ce choix éditorial cornélien, nous avons donc convoqué un comité exceptionnel en conviant, en plus de notre joyeuse troupe habituelle, les trois rédacteurs et rédactrices en chef qui m’ont précédée.
Parmi une liste de 150 projets français, soigneusement dépoussiérée dans les 145 numéros publiés, nous leur avons donc demandé de choisir, par décennie, les 10 réalisations qui leur semblaient refléter la qualité et l’originalité de l’architecture bois sur le territoire français. Si l’exercice de se coltiner trente années de publication pouvait paraître chronophage, il était en réalité assez passionnant. Noter l’évolution du discours, comprendre les choix des comités qui se sont succédés, apercevoir çà et là des expérimentations de rubriques parfois timides à leurs balbutiements, se rendre compte qu’on avait déjà tout pigé dans les années 90, (re) découvrir des projets enfouis dans les pages un peu jaunies des premiers exemplaires… Et pour choisir dans la pré-sélection, peu de critères, si ce n’est de laisser parler ses souvenirs marquants et ses coups de cœur de toujours : le nombre et la diversité des votant·es feraient le reste.
En résulte toutefois une liste de glorieux vainqueurs : difficile de sortir de l’esprit de compétition. Pour pallier cela, rappelons que « la performance, définie comme la somme de l’efficacité et de l’efficience, réduit le champ des possibles, en limitant les options, par essence. Elle requiert un environnement parfaitement prévisible pour se construire et se justifier. La robustesse au contraire ouvre les possibles, en multipliant les options. Elle crée des chemins alternatifs dans un environnement imprévisible »1.
Pour amener plus de robustesse à ce numéro particulier, nous avons donc fait appel à un panel intergénérationnel de 30 rédacteur·ices pour multiplier les points de vue, diversifier le ton des propos, donner la parole à certain·es qui n’étaient pas encore là, ou d’autres qui l’étaient déjà mais
entretenaient un lien étroit avec le projet dont ils étaient amenés à parler. Puis nous avons demandé aux librairies de se manifester, aux anciennes rédactions de nous raconter leurs souvenirs et leurs visions, et nous avons même exploré les fenêtres d’inspirations que la revue à aussi ouvertes au-delà de nos frontières métropolitaines. Une méthode peu efficiente qui a multiplié les échanges, mais qui s’est avérée plus nourrissante que jamais. « Quittons l’époque de l’optimisation dominante construite sur la pauvreté des interactions, pour entrer dans la société de la robustesse construite sur la richesse et la diversité des liens » !1
1. Antidote au culte de la performance, la robustesse du vivant, Olivier Hamant, éditions Tracts Gallimard AMC #325 : STUDIOLADA - GUERVILLY MAUFFRET - BOUCHET - AAVP / DORMOYPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Éléphant cherche futur
Frugalité : ce mantra d'une fraction d'architectes a élargi démesurément son audience lors des JO 2024. Au regard du retentissement planétaire du méga spectacle sportif, la promesse d'une olympiade frugale semblait tenir de l'oxymore. Quinze jours de compétition ont permis de mesurer la réalité du pari. Pas d'éléphants blancs tel le stade de Montréal 76, médaille d'or de l'endettement ; pas de complexe sportif comme celui d'Athènes, devenu terrain d'urbex. Paris s'est appuyée sur le déjà-là, en accord avec les directives élaborées par le CIO au début des années 2000, et suivant une logique qui tend à faire de l'espace urbain l'ultime équipement sportif, ainsi que le notaient nos confrères du Courrier des maires . Pas d'éléphants, mais pas de monuments non plus, tel le stade de Munich 72 conçu par Frei Otto. Paradoxe de l'époque : désireux de garder une trace d'un évènement pensé pour n'en laisser aucune, le débat est ouvert sur la conservation de la montgolfière qui éleva tous les soirs, pour un coût énergétique non communiqué, la flamme électrique de l'olympisme. En 1989, la tour de la Liberté conçue par les architectes Jean-Marie Hennin et Nicolas Normier pour le Bicentenaire quittait les Tuileries pour le plus grand bonheur des Déodatiens.
Une façon pour Paris de redonner un peu à la France ? « Les jeux ne seront plus pareils », affirme la presse internationale, mettant au défi Los Angeles de faire mieux en 2028. Brisbane, désignée hôte des JO 2032, s'aligne d'ores et déjà sur les standards de la capitale française en affichant 85% d'infrastructures existantes, tout comme Los Angeles d'ailleurs. Suffit-il de rénover ses stades et de ripoliner ses vestiaires ? Les spectateurs, unanimes, désignent la Ville Lumière comme la star absolue de l'évènement. La perspective des Invalides pour le tir à l'arc, le grand canal de Versailles pour le concours hippique, l'obélisque de Louxor comme tremplin de BMX et la Seine pour le triathlon. La régénération de la ville est, depuis Barcelone (1992), l'argument majeur servi aux populations a priori peu mobilisées par les jeux. Il semblerait que ceux de Paris marquent l'inversion de cette logique : désormais, c'est la ville qui régénère les jeux. Encore faut-il avoir quelque chose à valoriser. Où sont le Grand Palais, la tour Eiffel et le grand canal de demain, décors des futurs JO 2124 ? Si les jeux olympiques doivent servir d'aiguillon, c'est d'abord à construire une ville suffisamment généreuse pour servir des siècles après la disparition des sociétés et régimes qui les ont vus naître, plutôt que de capitaliser interminablement sur les passés urbains glorieux et révolus. Ne serait-ce pas là une démarche vraiment durable ?
(*) David Picot, « L'équipement sportif de demain ? La ville ! » Le Courrier des maires, 8 nov. 2017. Le Moniteur #6316 : Quand le logement se glisse dans l'existantPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : C'est le mariage de la carpe et du béton. En Alsace, afin de permettre aux poissons de se déplacer le long du Rhin, un vaste chantier met actuellement en œuvre les savoir-faire les plus pointus du génie civil en milieu aquatique (lire p. 46). A terme, cette passe à poissons doit permettre d'effacer l'obstacle infranchissable que représente, tant pour les espèces migratrices que pour les populations locales, une centrale hydroélectrique barrant le fleuve.
L'ampleur des travaux, leur technicité ainsi que leur coût témoignent de l'importance que revêt désormais l'enjeu de la protection de la biodiversité. Certes, cet impératif écologique imprègne de longue date les projets, mais il s'agissait plutôt de les brider, les ralentir voire les empêcher. Ce qui est plus récent, c'est que l'on construit de plus en plus pour la faune et la flore. Et on y met les moyens.
De plus en plus de financements sont fléchés vers les opérations de renaturation ou de préservation.
Située sur un cours d'eau qui se joue des frontières, la passe à poissons de Marckolsheim a, entre autres, bénéficié de subsides européens, mais aussi du plan de relance tricolore. Car en France également, de plus en plus de financements sont fléchés vers les opérations de renaturation ou de préservation. Les agences de l'eau, par exemple, intègrent la préoccupation de la biodiversité aux questionnements plus larges sur la disponibilité de la ressource aquatique. Même les fonds privés, notamment à travers les opérations de compensation, sont appelés à participer à cette ambition commune.
On peut faire plus, on doit faire mieux. Reste que le chemin parcouru mérite bien un satisfecit. La prise de conscience collective de l'effondrement de la biodiversité explique en partie ce processus, mais ce dernier n'aurait pas été possible sans la montée en compétences des acteurs du BTP. Ni, soyons honnêtes, sans un certain courage des décideurs locaux et nationaux. Car les 80 M€ d'investissements en cours en Alsace proviennent bien des poches des contribuables et de celles des clients d'EDF. Des râleurs potentiels susceptibles de faire reculer plus d'un élu. Pourtant, la passe est bien là alors que les poissons ne votent pas. Miracle de la nature. D'Architectures #319 : Dossier : Façades - patrimoine vivant menacéPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Défigurée dans l’indifférence
C’est dans une indifférence à laquelle nous sommes malheureusement habitués qu’une atteinte massive au patrimoine est engagée : sous couvert de plan « Climat », une grande partie de notre bâti ordinaire est en train d’être encapsulé sous une couche de polystyrène, et ce, au mépris non seulement de ses qualités architecturales – si humbles soient-elles – mais surtout des qualités thermiques inhérentes qui sont propres à chaque type de construction. Précisons que cette catastrophe annoncée se fait avec l’assentiment de l’ensemble de la classe politique, qui pour une fois, dans un rare consensus, partage une totale acculturation à l’architecture, notamment au patrimoine du XXe siècle. Cette même ignorance qui conduit encore aujourd’hui aux démolitions absurdes menées par l’ANRU1. Sous prétexte de coefficients de performance associés à des normes à atteindre pour obtenir des subventions ou tout simplement une autorisation de construire, une course à la consommation de produits issus de la pétrochimie, non pérennes et non recyclables, est lancée.
Si l’instauration du DPE (diagnostic de performance énergétique) est un progrès significatif pour lutter contre les passoires thermiques, son application conduit souvent à des aberrations. Il est en effet conçu pour s’appliquer à un modèle-type simplifié qui se heurte à toute la diversité des architectures existantes. Le culte de la performance, si bien dénoncé par Olivier Hamant2, conduit ainsi à des investissements colossaux de rénovation alors que l’on peut souvent dépenser beaucoup moins en atteignant l’essentiel des objectifs pour un bilan carbone bien meilleur, en consommant moins de ressources par exemple, voire davantage si on travaille aussi sur les comportements des habitants3. Mais surtout, ces interventions plus légères permettent de préserver les qualités patrimoniales du bâti. La complexité et la subtilité des exemples que nous montrons dans ce dossier de rentrée prouvent une fois de plus qu’on ne peut pas appliquer globalement de solutions au parc immobilier, mais que chaque cas est spécifique et doit faire l’objet d’une étude qui, elle, sera globale. Qui d’autre que le couple architecte-ingénieur a les compétences pour le faire ?
1. À venir dans le numéro d’octobre, notre dossier consacré à la gabegie des démolitions.
2. Olivier Hamant, Antidote au culte de la performance : La robustesse du vivant, Tracts Gallimard, n° 50, 31 août 2023, 3,90 euros.
3. Voir le dossier « Un autre confort thermique est-il possible ? », d’a n° 318, juillet-août 2024. Le Moniteur #6315 : Prévention-sécurité : Les start-up à l'assaut du chantierPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Levons un coin du voile. Les résultats de l'enquête menée par « Le Moniteur » et la FFB sur l'innovation dans le bâtiment (1) ne seront divulgués que dans quelques semaines, mais un chiffre mérite dès à présent notre attention. Invoquée par 45 % de répondants, la sécurité sur les chantiers constitue la principale motivation du déploiement de l'innovation dans les entreprises. La deuxième ? L'amélioration des conditions de travail.
La prévention est propice à la créativité. Les start-up l'ont d'ailleurs bien compris. Dans le monde bouillonnant de la « contech », qui regroupe ces jeunes pousses dédiées au secteur de la construction, la mise en sécurité des salariés stimule l'imagination : échafaudage dépliable, caméras anti-collision, EPI connectés, simulation d'accidents en réalité virtuelle… Le tout, de plus en plus souvent, dopé à l'IA.
Aussi séduisantes soient-elles, ces solutions se diffusent à faible allure aux yeux de leurs promoteurs.
La mise en sécurité des salariés stimule l'imagination des start-up
Afin de comprendre ces lenteurs, il convient de se pencher sur les spécificités du secteur. Dans le BTP, chaque chantier est une aventure unique, avec son contexte, ses équipes et son pilote. Une expérimentation couronnée de succès ici peut ne jamais arriver là-bas, quand bien même les compagnons arborent les couleurs de la même entreprise. Pire, la sécurité des salariés relevant de la responsabilité de l'employeur, on imagine le casse-tête que représente la mise en œuvre d'une technologie de rupture dans un contexte de coactivité, de sous-traitance et de recours à l'intérim.
Pour hâter le pas, une double acculturation s'impose. D'un côté, les start-upers, souvent biberonnés aux modèles de l'industrie, ne peuvent se contenter de « pitcher » au dernier étage du siège social. Ils doivent troquer leurs sneakers pour des bottes et aller convaincre les directeurs de travaux de la pertinence de leurs trouvailles. De l'autre, les acteurs de la construction sont invités à mieux partager leurs initiatives et à ouvrir plus large les portes du chantier à ces nouveaux entrants. C'est vital. Ces innovations ne promettent pas de miracles mais elles permettent d'éviter des drames.
(1) Etude réalisée du 9 au 29 avril 2024 auprès d'un échantillon de 201 répondants joints par téléphone. Exé #56 : Culture et patrimoinePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jordi PatillonEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Événement plus que millénaire, les Jeux olympiques s'apprêtent à prendre leurs quartiers d'été à Paris (mais aussi un peu au-delà...) pour la troisième fois, après 1900 et 1924. 100 ans après donc, les enjeux ne sont évidemment plus les mêmes et la question du devenir des installations, par exemple, est maintenant au centre des préoccupations, surtout à la lumière des dernières expériences barcelonaise ou athénienne, plus ou (beaucoup) moins réussies... Le Moniteur #6314 : L'ancien loup de mer vogue pour les TPPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : C'est un coup de pied dans la fourmilière qu'a donné Bercy au début de l'été. Dans une étude publiée en juillet, la direction générale du Trésor s'est penchée sur la vacance. Conclusion : environ 75 000 logements existants pourraient, chaque année, répondre aux besoins des ménages. Soit l'équivalent de 20 % de la production neuve.
Dotée d'une méthodologie bien charpentée, la démarche présente l'intérêt de s'intéresser aux communes dans lesquelles la production neuve s'accompagne d'une progression des logements inoccupés. En clair, elle entend déconstruire l'idée selon laquelle les maisons et appartements vacants se situeraient, pour l'essentiel, dans la diagonale du vide.
Environ 75 000 logements existants pourraient, chaque année, être mobilisés.
Elle pointe plutôt la dévitalisation des centres-bourgs au profit des zones pavillonnaires périphériques. Cet enseignement constitue l'intérêt principal de l'étude. Car, pour aller au bout de la réflexion, il aurait fallu comprendre pourquoi ces logements, situés majoritairement en zones tendues, restent désespérément vides. Propriétaires négligents ? Insalubrité ? Successions conflictuelles ? Travaux nécessaires ? Pour desserrer les freins à la location ou à la vente, il faudrait actionner un panel de mesures, de l'incitation à la contrainte, du droit de préemption jusqu'à la fiscalité. La publication, la semaine dernière, d'un arrêté ajustant un micro-détail d'un mini-dispositif de la loi Elan montre à quel point la marche est encore haute.
La note du Trésor évoque bien sûr les plans, dispositifs et aides déjà en place. Mais, malgré leur manque d'efficacité à grande échelle, elle ne propose pas de big bang. Ce n'était pas sa vocation. Mais d'ailleurs, quelle était sa vocation ? Tordre le cou à un mythe, peut-être. Objectiver une ressource sous-évaluée, probablement. Décentrer le débat de la politique du logement, sûrement, afin qu'il cesse de se focaliser sur le dramatique effondrement de la construction neuve. Un contre-feu, allumé par une administration que le triste record de 270 000 mises en chantier sur douze mois ne doit pas émouvoir. Lors du CNR Logement, à l'automne 2022, une oratrice avait jeté un froid en évoquant « de besoins nouveaux de l'ordre de 200 000 à 300 000 logements chaque année ». Sa fonction ? Cheffe économiste au Trésor. Le Moniteur #6313 : Bain de jouvence miraculeux pour la piscine bretonnePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Il est des records dont on se gargarise, d'autres dont on se passerait volontiers. La publication, fin juillet, du nombre de permis de construire délivrés en France a confirmé que le pays atteignait à nouveau des niveaux historiquement bas. Début août, on a appris sans grande surprise que l'emploi dans la construction dégringolait encore… Même si, pendant la parenthèse des JO, le temps est apparu comme suspendu, la Terre ne s'est pas pour autant arrêtée de tourner. Et la crise de l'immobilier ne s'est en aucun cas calmée.
Ce coup de frein ne concerne pas le seul Hexagone. Les racines du mal sont, il est vrai, internationales : hausse des taux d'intérêt, flambée des coûts des matériaux, incertitudes économiques… Une étude de l'institut allemand IFO le confirme : les principales économies européennes connaissent un sérieux ralentissement de leur production de logements. Et cela pourrait durer : de 2022 à 2026, la chute atteindrait 17 % à l'échelle continentale. Et pourrait même frôler les 50 % en Suède.
De 2022 à 2026, la chute de la production de logements pourrait atteindre 17 % à l'échelle de l'Europe continentale.
Quand je me regarde, je me désole, quand je me compare, je me console. Ou pas. Car tous nos voisins européens ne restent pas les bras ballants devant la raréfaction d'un besoin élémentaire de leur population et le ralentissement d'un pan entier de leur économie. Loin de l'inaction qui semble nous servir de politique publique, la vice-Première ministre britannique, - par ailleurs en charge de l'habitat -Angela Rayner, a ainsi annoncé un plan « radical » pour la construction de logements. Avec, à la clé, la réintroduction d'objectifs contraignants de production pour les autorités locales et, le cas échéant, la reprise en main par les instances nationales. Ça ne vous rappelle rien ? C'est l'esprit même de la loi SRU, celle-là même que l'on cherche, ici, à assouplir.
Alors que le monde braquait ses yeux émerveillés sur un Paris étincelant, les Anglais ont dû crever de jalousie. Et les émeutes racistes qui ont embrasé le royaume ne doivent pas les inciter à pavoiser. Il n'empêche, non seulement les Britanniques ont droit à un gouvernement de plein exercice, mais celui-ci semble avoir placé la crise immobilière en tête des priorités. Lucky people. Le Moniteur #6312 : Une tour de La Défense isolée fenêtre par fenêtrePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Les oiseaux (de mauvais augure) se cachent pour mourir (de honte). Contrairement aux oracles les plus sombres, les Jeux olympiques de Paris se sont mués, dès leur ouverture, en succès planétaire et populaire. Cette réussite constitue une vitrine du savoir-faire tricolore dans l'organisation de grands événements. Un cocorico que l'on doit, entre autres, aux acteurs de la construction mobilisés de longue date sur cet objectif.
On sait que les ouvrages olympiques ont, de Saint-Denis à Tahiti, concentré l'attention des pouvoirs publics, maîtres d'ouvrage, maîtres d'œuvre et entreprises. Que leurs cahiers des charges ambitieux et leurs délais incompressibles constituaient de sérieux défis, au bout du compte relevés haut la main. Que ces chantiers ont, par endroits, contraint la profession à réaliser des pas de géant en termes d'innovation. Cette œuvre, déjà immense, est connue et reconnue, mais elle ne résume pas à elle seule l'apport des constructeurs à la fête olympique.
Les chantiers olympiques, ont, par endroits, contraint la profession à réaliser des pas de géant en termes d'innovation.
Leurs compétences se déploient également bien loin de la lumière des projecteurs. Dans l'arrière-scène, donc, et jusque sur la Seine. Les équipes de C&E Ingénierie ont ainsi étudié les caractéristiques structurelles des ponts parisiens sollicités par la grandiose cérémonie d'ouverture. Un travail de bénédictin, fait de calculs et de contre-calculs, mais aussi d'archiviste, pour mettre la main sur les plans d'origine de ces ouvrages historiques. Un travail de l'ombre.
Des montagnes d'équations- et quelques tonnes de béton - auront aussi été nécessaires pour concrétiser la sempiternelle promesse de pouvoir se baigner dans la Seine. Malgré les sarcasmes et les orages, l'épreuve de triathlon a pu s'y dérouler sans encombre. En plus de la volonté politique, il aura fallu compter sur le labeur colossal des ingénieurs et des compagnons pour, contre vents et marées, réaliser ce vieux rêve. Et, ainsi, clouer le bec aux grincheux. A l'heure des médailles étincelantes et des Marseillaises tonitruantes, le BTP mérite bien sa couronne de laurier. Le Moniteur #6311 : Marion Moriceau, scaphandrière déterminéePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jérémy BellangerEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Vingt ans pour l'un, dix pour l'autre. Le contrat de partenariat public-privé (PPP) et la société d'économie mixte à opération unique (Semop) viennent de fêter leur anniversaire. Deux outils imaginés pour tirer le meilleur parti des compétences et moyens respectifs des acteurs publics et privés. Pourtant, alors qu'ils sont censés faciliter le financement et l'exploitation d'équipements et d'infrastructures, leur bilan est pour le moins mitigé.
Forme de société qui appelle au compromis, la Semop peine à s'imposer.
Le PPP, rebaptisé marché de partenariat, a même quasiment disparu. En cause, son potentiel impact à long terme sur le budget, en particulier des collectivités, et une place accordée aux entreprises jugée trop importante.
Trouver le bon calibrage pour mener à bien un projet ciblé, en associant un partenaire privé tout en permettant aux pouvoirs publics de garder la main, tel est justement l'objectif de la Semop. Or, cette forme de société qui appelle au compromis peine, elle aussi, à s'imposer (lire « Décryptage », p. 8). A ce jour, la France n'en compte qu'une cinquantaine. Un nombre trop faible aux yeux des défenseurs de cette structure née de « la nécessité de récupérer certaines longues DSP, dans lesquelles l'acteur public avait un peu disparu », comme le rappelle Jean-Léonce Dupont, l'auteur de la loi qui l'a instituée en France.
Le manque de compétences au sein de certains territoires pour s'inscrire dans ce format exigeant offre une première explication à ce faible engouement. Le risque financier en livre une autre. Car pour disposer d'un pouvoir de contrôle, la collectivité doit détenir 34 % de l'actionnariat, ce qui l'expose à des pertes potentielles.
La vigilance doit donc rester de mise, sans pour autant décourager les volontés d'unir les forces de deux mondes aux intérêts parfois divergents, mais profondément interdépendants. A l'heure d'investir massivement dans la transition écologique, privé et public sont plus que jamais appelés à resserrer leurs liens afin de mieux travailler de concert. A Vivre HS #62 : Maisons contemporainesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Nathalie DegardinEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Parfois, il est bon de se rappeler des évidences, à l'image de cette réflexion de Jean-Michel Wilmotte : l'architecte ne construit pas pour lui, mais pour ses clients. Il dessine, projette, met en volume ce qu'il perçoit d'eux, les besoins qu'ils expriment, il crée pour eux. Son imagination n'a pas de limites, car elle transforme les contraintes en solutions. AMC #324 : Intérieurs 2024PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Laure CarsaladeEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Le mythe de la forêt
Si l'homme est né dans la nature, la vie moderne le contraint à évoluer de boîtes en boîtes. Pour mener ses activités et se protéger des variations climatiques, il passe d'un abri à l'autre, véhicule, école ou bureau, espace culturel ou de consommation, domicile ou hôtel… Chacun de ces contenants fait l'objet de grandes attentions, tel le végétal qui s'adapte à son environnement, se plie aux conditions du lieu pour s'y installer durablement. C'est la réponse que l'on attend aujourd'hui des architectes, ces « jardiniers » du monde bâti : savoir planter racines sur le bon site. Que leur implantation soit urbaine ou rurale, les galeries d'art créent une dynamique d'échanges dont l'influence se développe en rhizome (p. 8). Si elles renaissent d'un amas de ruines, elles ouvrent des portes aussi immenses que peut l'être leur ambition d'accueillir de vastes publics. A l'intérieur, le modèle végétal prodigue encore ses bienfaits. Dans la nécessaire entreprise de purification de l'air, il neutralise des polluants invasifs ou entre dans la composition d'un matériau de finition plus sain (p. 27). Au Salon de Milan, le mobilier est avant tout rationnel ; il se présente dans le plus simple appareil, élagué de détails inutiles, sans signature ostentatoire (p. 22). Cette dernière s'efface devant l'évidence du matériau et de l'usage, offrant une lecture simple, immédiate. Symbolique mais prégnante, la forêt s'érige dans les intérieurs à la manière d'un appel inéluctable qui serait bien capable d'alimenter un nouveau mythe. Elle est parfaitement naturelle, composée de piliers de bois massifs au Japon, venant structurer une maison qui se devine à peine de l'extérieur (p. 54). Industrielle, toute de métal et démontable, elle quadrille un campus universitaire ; son tracé régulier est pris dans une enveloppe entièrement transparente (p. 38).
On peut aussi élire domicile au cœur d'une jungle. Il en est ainsi d'un hôtel au Mexique, où une forte trame de béton s'est immiscée à la verticale dans une flore luxuriante (p. 102). Ces ondes végétales dessinent une heureuse arborescence. En matière de construction, la sélection naturelle pourrait bien être, là aussi, critère de survie. D'architectures #318 : Dossier : Un autre confort thermique est-il possible ?PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Pour que le froid soit plus chaud
L’appréciation de la température dans laquelle baigne notre corps est intimement corrélée à l’idée que l’on se fait du bien-être. Et ce, au point que nous pouvons difficilement imaginer que cette sensation ne soit pas consubstantielle à notre nature. Elle est pourtant le fruit d’une construction culturelle et sociale, comme le rappelle l’historien Olivier Jandot dans Les Délices du feu1. Les 20 °C qui en hiver nous paraissent être le minimum décent du confort étaient autrefois considérés comme désagréables, voire dangereux par les médecins. Jandot évoque ainsi l’expérience de l’architecte François Cointeraux (1740-1830), le célèbre théoricien du pisé lyonnais qui, ayant porté la température de la chambre de ses enfants à 20 °C, les trouva fort incommodés. Des températures de 12 à 15 °C étaient alors considérées comme agréables dans les pièces à vivre, tandis que dans les autres une température de 8 °C était considérée comme normale. Notre appétence pour la chaleur est aussi liée à une croyance ancestrale – que les découvertes de Pasteur n’ont pas encore réussi à ébranler au XXIe siècle –, selon laquelle « on attrape froid ». Or, de même que l’on n’attrape pas le Covid-19 ou la grippe avec le froid, l’origine du rhume est uniquement due à un virus et jamais à un « coup de froid ».
La sensation de chaud ou froid est due à des facteurs bien plus complexes que la température de l’air, comme tente de le montrer avec constance l’architecte Philippe Rahm à travers ses expériences d’architecture par le confort thermique. L’injonction d’une répartition homogène de la température, de la maison au bureau, ne repose que sur une idée normative du confort, qui n’est nullement étayée par des études physiologiques ou anthropologiques. On se dit alors que, dans l’immense chantier de la lutte contre le réchauffement climatique, la première action concrète, une des plus économiques à mettre en œuvre dans nos contrées où la moyenne extérieure annuelle est d’environ 12 °C, serait de questionner notre phobie du froid ou, plus précisément, notre peur du « pas assez chaud ». Mais pour échapper à l’accusation de promouvoir une « écologie punitive », il faudra impérativement montrer que cette adaptation n’est pas une régression de notre cher confort, qu’elle ne relève pas d’un culte de l’ascétisme ou de la frugalité mais qu’elle est plutôt une quête d’adéquation plus harmonieuse avec notre environnement. Mieux connaître les mécanismes qui régissent nos sensations thermiques, découvrir leur complexité, c’est aussi mieux maîtriser notre rapport à notre environnement et reprendre la main sur les diktats consuméristes que nous ont sournoisement imposés certaines industries depuis plus d’un siècle.
Vous aurez compris que notre dossier estival est consacré au confort thermique. Nous l’avons abordé moins dans ses dimensions performancielles que dans sa complexité anthropologique et psychologique, avec l’envie de découvrir une architecture au plus près de nos sensations. Nous sommes allés voir des architectes qui, au sein de collectifs comme SlowHeat ou Zerm, expérimentent de nouvelles relations entre le corps et l’espace et nous préparent un hiver vif et joyeux.
Emmanuel Caille
1. Olivier Jandot, Les Délices du feu, L’homme, le chaud et le froid à l’époque moderne, Champ Vallon, 2017. Exé #57 : Etablissements d'enseignementPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jordi PatillonEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Il est beaucoup question de cœur dans ce numéro 57 d'exé : d'une faille centrale qui structure un parcours muséal à un vide nucléal qui articule tout un programme, d'un atrium médian qui distribue des circulations et favorise la rencontre à des cours d'écoles qui concentrent effervescence estudiantine... La Maison écologique #142 : Habitons ensemblePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Qui en juin se porte bien, au temps chaud ne craindra rien », la phrase résume si bien l’esprit du contenu de ce magazine pré-estival que le dicton aura, pour démarrer cet édito, volé la vedette à mon inspiration ! Nous voici donc au seuil d’un nouvel été, Terriens et Terriennes désormais presque habitués à connaître pics de température, épisodes de canicule et de sécheresse. Habitués ? Vraiment ? Si nos esprits les anticipent parce qu’ils ont constaté leur récurrence nouvelle, nos usages et nos logis les ont-ils intégrés ?
En appartement comme en maison, le soleil si consolateur et formidable fournisseur d’énergie (chaleur, bonne humeur et vitamine D !) se transforme en véritable combattant de la fraîcheur dès lors que les ouvertures, vitrées ou restées béantes, lui laissent la voie libre. Bien vivre avec, même au cœur de la belle saison, est pourtant à portée de main. Et c’est bien ce que ce numéro illustre !
Habitués mais pas résignés. Pascal et Tatiana, heureux autoconstructeurs de leur earthship, profitent pleinement du caractère semi-enterré de leur géonef grâce à des choix complémentaires intégrant la vitesse de circulation de l’air et l’orientation du bâtiment. Dans sa maison de ville fraîchement rénovée, Émilie a pour sa part testé l’effet de l’albédo fort. Après avoir vécu d’insupportables chaleurs lors du premier été post-rénovation, elle a fait peindre son toit en blanc. Inertie, déphasage, amortissement : certains termes techniques font partie des indispensables à maîtriser lorsque se pose la question du confort thermique. Dans notre dossier dédié au confort d’été, les impacts d’une bonne ventilation, du choix de matériaux pour ses parois viennent compléter les bons réflexes à mobiliser dans la conception du logement, mais aussi dans les usages à respecter ensuite pour ne pas laisser s’envoler les degrés. Au risque de devoir appuyer sur l’illusoire bouton de la clim’. Parmi les solutions techniques et low-tech recensées à travers ces 10 pages, aucune ne fait le détour par la climatisation électrique. Un rayonnant résultat ! Matières #22 : Dossier : La mixité des matériauxPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Raphaël MénardEditeur : CONSTRUIRACIER KONSTRUIRASIDescription : Face aux multiples défis auxquels se trouve confronté le secteur du bâtiment, il est devenu impérieux de repenser les solutions constructives, sous-tendues par des innovations architecturales et techniques. La mixité de matériaux dans la construction apparaît comme une des solutions d’avenir à développer, en prenant en compte l’hybridation structurelle et fonctionnelle. L’approche globale menée tient à une adaptabilité et évolutivité des édifices, et une recherche de sobriété et d’économies. Le travail collaboratif, entre les architectes, bureaux d’études, entreprises et industriels, doit se déployer pour qu’ils puissent créer ensemble de nouvelles manières de construire plus frugales en matières et en énergie. Le Moniteur #6308 : Franck Boutté célèbre 20 années d'ingénierie environnementalePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : La cérémonie d'ouverture des JO, le 26 juillet prochain, placera Paris au centre de l'attention mondiale. Retour de flamme olympique : l'événement sportif attise les velléités des activistes et terroristes en quête de visibilité. Or, si la survenue d'actes violents demeure une menace, la recrudescence de cyberattaques, elle, est une certitude. La France constitue, depuis des mois, la cible de hackers, souvent venus de l'Est, qui semblent préparer le terrain pour des opérations de grande ampleur. Entreprises et administrations se savent vulnérables face à des logiciels malveillants. Boucher les failles, fermer les portes : l'heure est au calfeutrage électronique.
Aucune organisation dotée d'une connexion internet ne se trouve à l'abri d'une cyberattaque
Solidement ancré dans son univers parfaitement physique de béton, de bitume et de bois, le BTP tend encore à considérer cette menace comme virtuelle. La directive européenne NIS2 ne le place d'ailleurs pas dans la liste, pourtant élargie, des « secteurs critiques » où s'impose un renforcement de la sécurité des systèmes d'information. La construction serait-elle immunisée contre les virus informatiques ? Evidemment pas. Aucune organisation dotée d'une connexion internet ne se trouve à l'abri - le groupe Bouygues, paralysé par un ransomware début 2020, en sait quelque chose.
De manière plus spécifique, les métiers du BTP ont un rôle décisif à jouer face aux assaillants. Parmi les cibles surexposées au risque cyber figurent en effet les aéroports, les réseaux ferrés, les hôpitaux, les barrages… Des infrastructures parfaitement physiques, avec leurs murs et leurs tuyaux, mais aussi leurs câbles, leurs capteurs et leurs serveurs. La sécurité des ouvrages du XXIe siècle est également informatique.
La menace se fait chaque jour plus prégnante, le danger toujours plus grand. Seuls devant leurs écrans, les geeks ont besoin de l'implication, sur le terrain, des acteurs de la conception, de la construction et de la maintenance. Le BTP sera-t-il au niveau ? Avec un nombre d'incidents attendus quasiment décuplé par rapport aux dernières olympiades, l'été apportera les premières réponses. Le Moniteur #6309 : Les solutions du BTP pour éviter l'insolationPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jérémy BellangerEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Neige, vents violents, inondations et désormais… canicule. Depuis un décret publié fin juin, les compagnons du BTP peuvent bénéficier du chômage intempéries lorsqu'un coup de chaud impose une interruption des travaux. Même soumise à certaines conditions, cette évolution du dispositif sort d'une logique d'étude au cas par cas et marque une avancée sociale notoire pour un régime né après-guerre.
Plus encore, elle témoigne d'une volonté commune du patronat et des pouvoirs publics de mieux prendre en compte la santé de celles et ceux qui œuvrent sous des températures parfois extrêmes. L'effet en trompe-l'œil d'un printemps et d'un début d'été pluvieux, chahutés par des échéances électorales pour certaines impromptues, aurait pu conduire à l'abandon de ce texte. Il n'en est rien car les chiffres parlent d'eux-mêmes. L'été dernier, Santé Publique France a recensé 11 accidents du travail mortels « en lien possible avec la chaleur, dont près de la moitié sont survenus dans le cadre d'une activité de construction ».
C'est toute l'organisation du chantier qui doit pouvoir être repensée quand le thermomètre dépasse 28°C
Pour autant, cette nouvelle prise en charge ne suffira pas à maîtriser totalement la gestion du risque canicule sur le chantier. C'est toute l'organisation de ce dernier qui doit pouvoir être repensée quand le thermomètre dépasse 28°C. Travail décalé, réservation de certaines tâches à des heures propices, augmentation de la fréquence des pauses… les solutions tiennent moins à l'innovation technologique qu'à un profond changement des habitudes. Ce sont sur les comportements, individuels et collectifs, qu'il faut agir résolument. Les fédérations professionnelles et leur organisme paritaire de prévention s'y attellent afin d'infuser les bonnes pratiques au cœur des entreprises. Un travail fastidieux, mais nécessaire. Car si la qualité des bâtiments et des infrastructures est indispensable à la société, la sécurité de ceux qui les construisent l'est tout autant. Le Moniteur #6310 : Le Moniteur se jette à l'eauPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jérémy BellangerEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Attendus avec appréhension par certains, avec impatience par d'autres, les Jeux olympiques et paralympiques 2024 s'ouvrent enfin. Alors que le monde braquera son regard jusqu'au 8 septembre sur Paris, il est encore trop tôt pour savoir si l'événement sera à la hauteur des espérances. Néanmoins, la France peut déjà s'enorgueillir d'avoir tenu un pari fou, celui de livrer à temps une série d'ouvrages qui, réunis, dessinent une nouvelle vision urbaine (lire « Décryptage », p. 8).
Qu'il s'agisse d'opérations neuves, comme le Village des athlètes et la majestueuse piscine de Saint-Denis, ou de réhabilitations, telles que le Grand Palais et la grande nef sportive de l'Ile-des-Vannes, tous témoignent d'une volonté de concevoir une ville plus sobre, plus inclusive et plus adaptée aux enjeux environnementaux. Autant de réalisations qui n'auront pas été pensées pour un seul événement éphémère. Les enfants d'aujourd'hui et les adultes de demain pourront, pendant des décennies, profiter des lignes du Grand Paris Express, de logements et de complexes sportifs nés des Jeux.
La France peut s'enorgueillir d'avoir tenu un pari fou, celui de livrer à temps une série d'ouvrages qui, réunis, dessinent une nouvelle vision de l'urbanité.
Mais se projeter vers l'avenir n'interdit pas de chérir l'existant. Tous ceux que le sport indiffère et que la foule oppresse trouveront toujours dans l'Hexagone un refuge où profiter de la douceur de l'eau. Dans toutes nos régions, la baignade estivale se réinvente dans un respect nouveau pour la nature. Des lacs et des rivières, autrefois impraticables, redeviennent accessibles, tandis que des bassins éco-conçus voient le jour. Autant de pièces de vie que des professionnels passionnés s'appliquent à entretenir (lire notre série, p. 11).
Après un début d'été asphyxié par les enjeux politiques, chacun pourra y trouver l'occasion de se ressourcer, de lever le nez du guidon et, qui sait, de se convaincre qu'un futur désirable nous attend. Urbanisme #438 : L'art et la manièrePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Julien MeyrignacEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : En avant, l’art
Il existe un lien puissant entre l’art, les villes et les territoires. De très nombreuses études universitaires l’ont étudié au prisme historique, politique, sociologique ou économique, pour établir que les artistes, mieux que quiconque, savent capter les forces du réel ou les prémonitions du devenir des paysages urbains ou naturels afin de les « mettre en œuvre », et ainsi captiver et renseigner les observateurs.
Il faut dire qu’ils sont – investis à ressentir et suggérer une émotion véritable – libérés de toute exigence d’objectivité et de réalisme, quand les urbanistes, architectes et paysagistes s’appliquent à produire des diagnostics irréfutables sur lesquels ils développent des projets rationnels et mesurés (entendre : sobres, inclusifs, etc.). Rarement – jamais ? – les concepteurs de l’urbain ne convoquent la beauté en tant que telle à leurs projets, bien que cette dernière contienne intrinsèquement une forme d’évidence et de justice.
Partant de ce constat, nous pourrions souscrire à l’idée que l’art est une forme de connaissance et compréhension des villes et leurs réalités sensibles, autant qu’un moyen d’imaginer et concevoir leur devenir. Et, parfois même, les deux en même temps.
Quand Piero della Francesca a peint le décor urbain en sublimant l’art de la perspective établi par Brunelleschi, a‑t-il représenté ou inventé la ville de la Renaissance ? L’Angélus, de Millet, n’est-il pas un témoignage extraordinaire des réalités des campagnes françaises au mitan du XIXe siècle ? Les espaces urbains métaphysiques de Giorgio De Chirico ne constituent-ils pas des représentations quasi prémonitoires de la ville moderniste ?
La liste des références d’œuvres peut être étendue indéfiniment et élargie aux arts autres que plastiques : Metropolis, de Fritz Lang, et la somme d’images hyper-structurantes de la ville futuriste qui ont alimenté – et continuent d’alimenter – les représentations de l’environnement urbain et la création architecturale ; Cité de verre, de Paul Auster, portrait macabre (l’aliénation des hommes, la fin des avant-gardes…) de la ville postmoderne, avant même (le roman a paru en 1985) son avènement digital ; ou bien encore, les mondes urbains virtuels des clips de Gorillaz ou Daft Punk…
Face à ces œuvres, ce que nous projetons dans les villes et les territoires, réels ou fictionnels, c’est notre humanité, et avec elle, nos émotions ne sont jamais loin de nos valeurs et de toutes nos préoccupations, sociales, écologiques ou autres. Sans doute les artistes parviennent-ils à saisir ce qui se cache dans l’épaisseur des villes, qui en constitue l’identité et la force, et qui semble parfois manquer dans les travaux des urbanistes.
Mais pas question d’opposer les uns aux autres, plutôt d’appeler de nos vœux à de plus fréquentes et intenses collaborations, qui permettent d’instiller un esprit et une audace d’avant-garde auprès de tous les donneurs d’ordres. Et de disposer de plus nombreuses représentations affectives des défis auxquels nous sommes confrontés, mais aussi, et surtout, d’un avenir post-carbone hautement désirable. Le Moniteur #6307 : Sous le sol de Marseille, un bassin d'orage de 10 000m3PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Mystère et boule de gomme. A l'heure où s'écrivent ces lignes, la couleur du gouvernement qui obtiendra l'onction des députés élus le 7 juillet reste une énigme complète. Tout, du comportement des électeurs aux coalitions potentielles, constitue un saut dans l'inconnu. Une seule certitude, à cette heure : la campagne à grande vitesse ne s'est arrêtée sur aucun sujet déterminant pour le cadre de vie.
Or, à la lecture des résultats des européennes, une évidence saute aux yeux : le vote RN est inversement proportionnel à la densité de population. L'immense majorité des zones rurales et périurbaines a placé la liste de Jordan Bardella en première position, et ce, même dans les régions traditionnellement rétives à l'extrême droite. A l'inverse, les grandes villes ont davantage voté à gauche et au centre. Le cas le plus caricatural étant Paris, où le RN a plafonné à 8,5 %.
Aux européennes, l'immense majorité des zones rurales et périurbaines a placé la liste de Jordan Bardella en première position
Cette fracture entre le centre et la périphérie pourrait se lire comme une simple opposition entre le peuple et l'élite. Mais cette analyse à l'emporte- pièce fait l'impasse sur la sociologie des grandes villes, qui ne sont pas, loin s'en faut, peuplées uniquement de CSP +, tout comme sur celle des campagnes, parfois prospères, parfois précaires. A y regarder de plus près, c'est bien le cadre de vie qui marque la césure entre les métropoles, les campagnes et les banlieues : le type d'habitat et de mobilités, l'accès aux services publics et aux loisirs, la facilité à voyager et à se cultiver…
On aurait donc pu s'attendre à voir apparaître la crise du logement, le développement des transports collectifs ou encore la rénovation des bâtiments publics comme thèmes structurants des débats. Il n'en a rien été. On leur a préféré la double nationalité, la justice des mineurs, sans oublier l'inépuisable feuilleton du financement des retraites. L'histoire nous a cependant appris que les campagnes électorales répondent à des enjeux fort éloignés de ceux qui façonnent l'exercice du pouvoir. Ces sujets pourraient donc prochainement ressurgir sur les bureaux des nouveaux ministres. Les cent jours nous en diront plus sur la lucidité de nos futurs dirigeants. Ou sur leur cécité. Séquences Bois #145 : Ressources localesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Anne-Sophie GouyenEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : Bois local : une idée tordue ?
Certaines thématiques demandent, pour être traitées avec attention, plus de mouvements que d’autres. Celle-ci m’aura conduit dans la vallée ariégeoise du Biros, sur les collines de Provence, au pied de Notre-Dame en passant par les Vosges, les Cévennes et le Médoc. Comment parler de ressources locales sans comprendre, au coeur de chaque pays, ce qui se cache derrière ce terme, souvent largement vidé de son sens ? Jusqu’où parle-t-on de local ? Et depuis quand ?
« En 1981, on bossait avec du sapin - ou du pin en menuiserie - qui venait du Haut Forez, à seulement 20 ou 30 km de la scierie. Et c’était le cas partout, on ne parlait alors même pas de bois local ! », raconte Olivier Gaujard. Avec l’idée du local, il faut souvent prendre en compte la dimension du temps, qui s’étire davantage : un séchage – à l’air libre - plus lent, des expérimentations potentiellement laborieuses, un sciage plus compliqué - ou de l’équarrissage à la hache - sans compter le temps de réflexion pour placer la courbe naturelle du bois au bon endroit, ou optimiser le dessin des pièces dans une grume pour un meilleur rendement. « Il faut se réhabituer au temps long », insiste Francis Hallé*. Et si ce n’est pas de bois dont nous disposons, alors préférons d’autres ressources ou favorisons des filières qui peinent encore à sortir de terre.
Construire local n’est en aucun cas un dogme, mais simplement une tentative de réponse aux problématiques rencontrées, ici et là. Pour Olivier, cela évoque « ni plus ni moins, que des modalités d’action ! ». Si le bois local s’est d’abord relancé dans les Alpes, il y a plus de 10 ans, puis dans le Massif Central, la Corse, ou plus récemment les Pyrénées - suivi par le Bois de France, calqué sur les démarches régionales - selon lui, les appellations « disparaîtront parce qu’elles n’auront plus de raison d’être ».
Les pages de ce numéro tentent de faire pérégriner les idées de celles et ceux qui ont choisi de faire voyager la matière le moins possible. En les observant de plus près, il semblerait que faire avec ce qu’on a sous la main, connaître finement les matières – et comment on les transforme - n’a rien d’ennuyeux ou de castrateur. Et si, par force d’habitudes et d’expérience, ces savoirs-là peuvent faire gagner un peu de temps, tant mieux, il y en aura plus pour la sieste à l’ombre des arbres et les baignades dans l’eau froide. Ou pour continuer d’apprendre des équilibres, bouleversés par les humain·es qui peinent à reconnaître– moi la première - les essences et les espèces qui peuplent leurs régions**. « Nous n’avons même pas encore commencé à imaginer collectivement ce que pourrait signifier « architecture » dans un monde qui ne soit plus anthropocentré – tout reste à inventer. »***