Colonnes #39 : Archives d'architectes et sportPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Catherine ChevillotEditeur : CITE DE L ARCHITECTURE DU PATRIMOINE SIT ARCHITEKTUR PATRIMOINDescription : Bulletin de liaison annuel des centres d’archives d’architecture, la revue Colonnes constitue un lien avec les institutions et les chercheurs concernés par la conservation des archives d’architecture et rend compte des manifestations spécifiques : journées d’étude sur les archives, techniques de restauration, méthodologie. Un numéro spécial sur les archives d'architectes sur les équipements sportifs, dans le cadre des Jeux olympiques de Paris 2024. Colonnes #40 : Architecture et décors des grands magasinsPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Julien BargetonEditeur : CITE DE L ARCHITECTURE DU PATRIMOINE SIT ARCHITEKTUR PATRIMOINDescription : Bulletin de liaison annuel des centres d’archives d’architecture, la revue Colonnes constitue un lien avec les institutions et les chercheurs concernés par la conservation des archives d’architecture et rend compte des manifestations spécifiques : journées d’étude sur les archives, techniques de restauration, méthodologie.
Série d'articles relatifs aux fonds récemment classés, reçus ou mieux connus dans différents services d'archives, suivis d'un dossier consacré à l'architecture et aux décors des grands magasins, vus à travers les archives. D'Architectures #322 : Dossier : Faut-il arrêter de construire ?PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Moins de construction, plus d’architecture
Qui aurait imaginé à l’aube du XXIe siècle que ce soient les architectes eux-mêmes qui prôneraient un jour l’arrêt des constructions comme remède ultime à l’effondrement des ressources et à la crise climatique ? Mais soyons plus précis : il s’agit moins de ne plus construire que d’arrêter de détruire des terres encore non artificialisées ou des bâtiments existants pour ériger des bâtiments neufs. Précisons également que cette injonction s’adresse d’abord aux régions du monde dont la démographie est relativement stable : les pays riches. Certes, la France subit elle aussi une forme de crise du logement, mais contrairement à ce que tentent désespérément de nous faire croire les lobbies du BTP et de l’immobilier, la pénurie – réelle – d’habitations immédiatement disponibles est due à d’autres facteurs : une mauvaise répartition territoriale due à l’hyper-métropolisation, et à la vacance ou à la sous-occupation de trop nombreux logements.
Un temps, nous avons cru qu’en passant aux matériaux biosourcés et aux énergies renouvelables nous pourrions continuer comme avant. Or, si le développement de leur usage s’impose comme un impératif majeur, on sait maintenant qu’il ne suffira pas, loin de là, à décarboner suffisamment. Alors que faire ? Sommes-nous condamnés à nous entasser dans des appartements communautaires ? à dresser des yourtes ? à attendre une meilleure répartition territoriale des activités économiques – et donc de l’offre de logements –, c’est-à-dire au minimum plusieurs décennies ? Les architectes vont-ils devenir inutiles ?
Non, au contraire ; cette révolution peut être une formidable opportunité pour refonder et légitimer le rôle de l’architecture et pour rendre nos paysages urbains et ruraux plus beaux et plus habitables. Car il ne s’agit pas de ne rien faire, il s’agit de faire autrement, en privilégiant la transformation du patrimoine existant, surtout le plus ordinaire. À l’opposé des bâtiments qui naissent comme des clones sur les pseudo-écoquartiers de nos banlieues et que l’intelligence artificielle peut déjà concevoir sans les architectes, la régénération de l’existant exige un immense savoir-faire et une stratégie contextuelle fine propre à chaque cas : la capacité d’établir un diagnostic savant et précis, autant en termes techniques qu’humains, et l’intelligence d’adaptation de la conception à la livraison du projet. Enquêter, dialoguer, projeter, s’adapter : qui d’autre que l’architecte serait mieux à même d’orchestrer ces compétences ? Mais la mise en œuvre de ces savoirs dans l’existant exige, à mètre carré égal, beaucoup plus de temps d’étude. Or, les budgets au mètre carré de ces opérations sont souvent inférieurs. Cet engagement vertueux – dans la mesure où il épargne le coût des démolitions et conduit à consommer moins de ressources – ne devrait-il donc pas être rémunéré à l’aune des économies qu’il génère ? Arrêter de construire pourrait ainsi paradoxalement offrir plus de travail aux ingénieurs et aux architectes : déconsommation n’est pas forcément décroissance. Faisons de l’intelligence architecturale l’une des plus puissantes énergies renouvelables. Séquences bois #147 : Prendre soinPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Anne-Sophie GouyenEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Santé !
La notion de care, au-delà d’être un anglicisme énervant de plus, a cela de bon qu’elle intègre davantage d’aspects qui ne se traduisent pas dans notre terme français du soin. Caring about, c’est d’abord se soucier de, reconnaître un besoin et prêter attention au contexte. Taking care of désigne ensuite le fait de prendre en charge, d’assumer une certaine responsabilité. Care giving est la notion qui nous est la plus familière : l’exigence d’une attention à la manière dont un espace offre refuge. Caring with nécessite, enfin, de s’intéresser à l’après. Cela implique de s’interroger sur la fiabilité et la continuité du soin apporté dans le temps ; en bref, la notion de maintenance . Un espace entretenu perdure et reste attrayant pour des personnes qui continuent d’en prendre soin. « Tout calcul fait, toute précaution prise, le mur ne tiendra debout que s’il peut être aimé », résume parfaitement Yves Perret.
Vous l’aurez compris, le thème est donc vaste — trop vaste — et il a fallu recentrer le sujet. Ainsi, nous n’aborderons que très peu cette notion de maintenance, qui m’a pourtant tellement passionnée et inspirée que nous y reviendrons dans un prochain numéro. Nous nous en tiendrons, dans ces pages, à la santé, qui implique déjà celles et ceux qui construisent, soignent, se font soigner jusqu’à se rendre compte que la thématique nous concerne toustes. « Être dans une situation où l’on a besoin de care revient à être dans une position de vulnérabilité », exprime Joan Tronto, qui a théorisé la notion . Reconnaître cette vulnérabilité, non comme une faiblesse, mais comme ce que nous avons de commun — le caractère « périssable » de l’homme — est un bon début pour entrer dans le thème.
Les sujets sanitaires sont d’ailleurs souvent d’abord destinés aux plus « sensibles », avant de pouvoir se généraliser. Si un établissement recevant des personnes atteintes d’autisme propose une diversité d’espaces pour répondre aux besoins de chacun·es, si un établissement pour personnes âgées permet plus de créativité et de sociabilité par ses dispositifs spatiaux et le choix de ses matériaux ou si une crèche présente une excellente qualité de l’air, nous sommes en droit de nous demander si nous ne pourrions pas toustes y prétendre aussi, ou au moins se le souhaiter.
Des souhaits qu’il est d’usage de s’échanger en fin d’année. En France, on trinque à la santé, en l’honneur des dieux et des morts depuis l’Antiquité, alors qu’en anglais c’est la joie que l’on se transmet : cheers ! Au Japon ou en Chine, on est plus efficace : kanpaï et gānbēi signifiant vider tout son verre. Qu’importe, en ces temps incertains, souvent rongés par un sentiment anxiogène d’impuissance, levons nos verres et vidons-les dans une hospitalité joyeuse en prenant soin, non pas seulement de nous-mêmes , mais de tout ce(ux) qui nous entourent. La Maison écologique #120 : Isoler sa maison par l'extérieurPériodiquesAnnée : 2020Auteur : Julie BarbeillonEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Flouze, biffeton, oseille, pèze, fric, pépètes, ronds, blé, monnaie ; puisque le dieu Argent semble le seul encore capable de murmurer à l'oreille des puissants, les lanceurs d'alerte au dérèglement climatique tentent désormais de parler « pognon ». Après l'étude de l'ONG britannique Christian Aid(1) montrant qu'en 2019, quinze catastrophes naturelles ont coûté plus d'un milliard de dollars chacune et même plus de dix milliards de dollars pour sept d'entre elles (inondations en Inde, en Chine, aux États-Unis, typhons Lekima en Chine et Hagibis au Japon, ouragan Dorian en Amérique du Nord et feux de forêt en Californie), de courageux chercheurs chinois, américains et suédois ont fait chauffer leurs calculettes. Ils ont publié dans la revue Nature Communications une étude (2) sur le coût pour les 20 pays les plus riches de la planète (le G20, responsable de 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre) des mesures à prendre pour respecter les Accords de Paris. Ils l'ont comparé aux sommes qu'il faudra dépenser pour faire face aux conséquences du changement climatique si l'on continue sur le chemin actuel de l'immobilisme. Résultat sans appel : ne rien faire reviendrait économiquement à débourser chaque année ce que coûte d'ores et déjà le Covid-19, et ce jusqu'en 2100 ! Soit 1 900 à 10 000 milliards de dollars par an (2 à 12 % du PNB mondial). Pour résumer : la faillite générale assurée. Alors que prendre dès aujourd'hui des mesures fortes pour endiguer la hausse des températures sur le globe coûterait 200 à 1 287 milliards de dollars par an. Des sommes qui semblent plus à notre portée au regard de ce que les seuls États-Unis ont récemment annoncé débourser pour gérer la crise sanitaire due au coronavirus : 2 500 milliards de dollars. Gageons (pour ne pas dire prions) que les chiffres annonciateurs d'une monumentale et insoutenable crise économique mondiale résonnent plus que les discours de la jeunesse effrayée par son avenir, que les pleurs des migrants, que les ventres creux des affamés, que la disparition de milliers d'espèces animales et végétales, que les poumons qui peinent à respirer dans les mégalopoles ultrapolluées...
1. http://caid.org.uk/climate-breakdown
2. www.nature.com/articles/s41467-020-15453-z La Maison écologique #124 : Tiny housePériodiquesAnnée : 2021Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Poser le pied à terre. » « Garder les pieds sur terre. » De l’urgence de ralentir à celle d’agir, même dans les expressions littéraires les plus simples, elle ne cesse de se rappeler au bon souvenir des terriens. Pourquoi alors la Terre passe-t-elle encore si souvent à la trappe des décisions prises à l’échelle internationale comme locale ? En juin, les grandes lignes du futur rapport du Giec (parution complète prévue en 2022) alertent à nouveau sur les conséquences de la hausse des températures dans les 50 prochaines années. De quoi voir annoncé un ralentissement concerté des échanges aériens, de la construction automobile ? Ou un moratoire sur les projets de construction de nouveaux entrepôts Amazon ? Non. La décroissance de l’activité ne parvient pas à s’imposer comme une solution partagée et partageable par la communauté des États planétaires. La création de nouvelles activités, produits ou procédés consommateurs de ressources naturelles demeurent la norme. Ce sont, des Philippines au Salvador, les cryptomonnaies qui, une fois débarrassées de leur vernis virtuel, révèlent des infrastructures grandes consommatrices d’énergie électrique et de métaux rares destinés aux puces des serveurs qui hébergent leurs octets. En France, ce sont les lois qui renoncent à activer la fin de l’artificialisation des sols – grande responsable du dépérissement du potentiel nourricier de la Terre et de sa capacité à retenir l’eau, le carbone, la vie – en repoussant sa décélération à 2027 !
Sur les marchés, les nouvelles logiques de « compensation » laissent aussi imaginer que replanter des arbres ou casser le béton d’un ancien centre commercial suffisent à redonner dès aujourd'hui de l’oxygène aux écosystèmes ! Alors, aux constructeurs de petites maisons sans fondations, aux citadins qui plantent des vergers comestibles, aux fournisseurs d’électrons verts qui soutiennent les nouveaux producteurs d’énergie renouvelable, aux concepteurs d’isolants végétaux performants, deux mots : merci et répandez haut et fort vos actions pour que la seconde partie du rapport du Giec, qui reste à ce jour inconnue, les citent et les présentent comme autant de solutions à la poursuite d’un mieux pour tou·te·s... qui n’induise pas un pire.
AMC #327 : KEMPE THILL / ATELIER 56S - COMPAGNIE - RAMILLIEN - LANDAUER - BOX ARQUITECTOSPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Submersion
Dans une société hyperindustrielle fondée sur les flux ultrarapides, l'architecture, immobile et lente, se trouve à contretemps. Le temps long de son élaboration la place en décalage avec son époque, voire toujours en retard, même sur son propre cadre conceptuel. Les projets, conçus et réalisés en cinq à dix ans en moyenne, ne répondent déjà plus aux réglementations en vigueur lors de leur livraison. Les pratiques des usagers, elles-mêmes mouvantes et fugaces, devancent toujours le cadre bâti. Dernière évolution en date, l'immersion proposée par les industries culturelles (p. 10) . Son alignement sur les logiques d'expériences prégnantes dans la sphère marchande indique qu'il pourrait s'agir de bien plus qu'une mode : un tournant instaurant un nouveau rapport au monde et aux objets, où la sensation remplace la connaissance. La copie du réel transformé en décor peut alors suffire, et le Paris historique, être restitué sous forme de backlot dans les champs briards (p. 8) . Ce phénomène émergent de l'immersion se lance à la conquête de l'espace, en ajoutant une couche technologique dans les intérieurs, ainsi que l'on peut le voir dans quelques nouveaux lieux, tel le Grand Palais immersif à Paris, installé dans une aile de l'opéra Bastille restée vide depuis la livraison du bâtiment, en 1989. Le vaisseau qui devait rendre l'opéra populaire sert ironiquement de tremplin à ces manifestations qui laissent dubitatifs, quand d'autres lieux recyclent le patrimoine artistique - Van Gogh, Dali, Klimt. En revanche, des plasticiens explorent l'immersivité de manière convaincante : Olivier Ratsi, le duo Nonotak, Sabrina Ratté… inscrits dans une longue lignée d'artistes. On pense à Kurt Schwitters, Yayoi Kusama, Ugo La Pietra et son Uomouovosfera (p. 108), ou plus simplement, à l'art baroque, rappelant que l'architecture reste le premier art immersif. S'immerger dans un matériau, une couleur, une structure, une lumière, un espace sonore, c'est ce que ne cesse de faire l'architecture. Lassés de l'excitation des projections, les spectateurs voudront-ils retourner à l'immersion simple mais riche des espaces quotidiens, sans l'attelle high-tech et sa promesse de puissance ? Y aura-t-il des architectes et des maîtres d'ouvrage pour répondre au mieux à ces attentes et éviter que l'immersion ne devienne une nouvelle submersion ?
Il n'est pas interdit de l'espérer. La Maison écologique #144 : Planchers et murs chauffantsPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Nous autres Français sommes toujours conscients des efforts individuels et collectifs à réaliser dans un contexte de nécessaire transition écologique. C’est en substance ce que révèle l’Agence pour la transition écologique, l’Ademe*. Une bonne nouvelle ? « Mouarf », répondrait probablement un personnage de bande dessinée à qui on ne la fait plus. Car, cette conscience des efforts à réaliser recule en 2024. Rattrapée par la violence et l’insécurité (45 %, + 7 points par rapport à 2023) et l’immigration (32 %, + 8 points), puis la pauvreté (26 %, - 1 point), elle est passée de la deuxième à la quatrième position des priorités dans la liste de 11 sujets proposée par l’Ademe. Bien sûr, l’agence nuance à juste titre la progression de ces préoccupations sécuritaires en rappelant que les débats parlementaires sur la loi immigration battaient leur plein au moment de l’enquête. Mais, las, ce résultat rejoint de nombreux discours sur le recul général du souci écologique dans le débat politique et le constat des choix de consommation nécessairement plus restreints d’une majorité de nos concitoyens.
Alors merci à vous, chers et chères abonné.es, acheteuses et acheteurs réguliers ou occasionnels de ce magazine. Pas seulement parce que, par votre geste d’achat, vous soutenez la presse indépendante qui en a tant besoin, toute impactée qu’elle est par la crise de son versant papier, mais aussi parce que, par ce geste et son partage, vous participez hier, aujourd’hui ou demain à faire connaître l'écologie : la progression de la ventilation naturelle (p. 12), la conciliation heureuse des objectifs du passif et du recours au bois, à la terre et à la paille (p. 14), les réflexes d’orientation et d’agencement à garder en tête pour concevoir le plan d’une maison économe en ressources et en énergie (p. 22). Et puis, qui sait, peut-être vous prendrez-vous à imaginer changer de logis pour habiter une petite maison sans fondation « qui a tout d’une grande » (p. 48).
L’étude précitée estime aussi que 60 % des Français sont favorables à ce que des règles collectives limitent les comportements nocifs pour l’environnement, même si cela restreint des choix de consommation individuels « comme choisir certains modèles de voiture, prendre l’avion, changer souvent d’équipements électroniques ». Alors, soyons réalistes, demandons le possible : ajoutons-y pour démarrer l’engagement réel de l’état dans une politique de rénovation énergétique de l’habitat digne de ce nom. Facilité de demande de primes et délais de paiement compris. Chiche !
*5e édition de son enquête annuelle dédiée à l’opinion des Français sur la « Sensibilité à l’environnement, action publique et fiscalité environnementale », menée en partenariat avec le Credoc. D'Architectures #321 : Prix D'Architectures 10+1PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Ibai RigbyEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Le Prix d’architectures 10+1 2024
Par Ibai Rigby, président du jury du Prix d’architectures 10+1 2024
Le Prix d’architectures 10+1 se distingue par son approche immersive, valorisant l’engagement direct avec les bâtiments, leurs concepteurs et utilisateurs. Contrairement à d’autres prix fondés sur des présentations visuelles, le Prix d’architectures refuse la passivité d’un diaporama ou d’un fil Instagram. Ici, ni catégories fixes ni critères prédéfinis : le jury élabore ses choix collectivement au fil des visites.
Nous sommes allés voir 33 bâtiments à travers l’Hexagone, une odyssée marquée non seulement par les kilomètres parcourus, mais aussi par la richesse des échanges et des rencontres. Chaque visite a donné lieu à des discussions avec les architectes, les commanditaires, ou les usagers, que ce soit sur place, autour de repas partagés, ou lors de voyages ensemble. C’est dans ces moments que la xenia, l’hospitalité grecque, a pris tout son sens. Nous avons été accueillis chaleureusement dans les bâtiments et avons partagé des moments privilégiés avec ceux qui les ont créés ou commandités. Au-delà de l’hospitalité, cette odyssée a transformé nos perspectives. Chacun est arrivé avec des idées préconçues, vite remises en question par la complexité des projets et la réalité de l’architecture en France en 2024. En ce sens, ces réalisations reflètent un moment unique de culture et d’architecture. A Vivre #138 : RénovationPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Nathalie DegardinEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Pour bien comprendre la différence entre une tendance et une réelle mutation du secteur, il suffit de se plonger dans la dernière enquête Archiscopie 2022-2023 réalisée et pub:liée par le CNOA. Cette photographie du métier révèle que 87% des architectes ont fait de la rénovation en 2020, et que 81% de ceux intervenant dans ce champ ont rénové un logement individuel privé en 2021. Exé #58 : PasserellesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jordi PatillonEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Avec ambition, ce nouveau numéro d'Exé clôture l'année sur un changement de paradigme. L'architecture réversible est en effet une mutation dans la manière de concevoir, de construire et d'utiliser nos bâtiments. Si le concept s'inscrit pleinement dans les enjeux actuels de durabilité, de flexibilité et de maîtrise des coûts, elle n'est pour autant pas aux prémices de ses réflexions. A Vivre HS #63 : Best Of - Maisons et appartementsPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jordi PatillonEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Ce nouveau numéro regroupe certains des plus beaux reportages sur des maisons et des appartements d'architectes que nous avons eu la chance de publier ces dernières années. Ils ont également en commun leur cadre d'implantation : la ville. La maison écologique HS#20 : Le guide du chauffage écologiquePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Gwendal Le MénahèzeEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Engloutissant près de 20 % des consommations d'énergie de la France, le chauffage de nos logements pèse lourd sur le réchauffement climatique. Mais la température du climat social grimpe elle aussi dangereusement. Il y a quelques jours, un automobiliste manque de renverser un cycliste sous mes yeux afin de l'immobiliser pour l'incendier de s'être écarté de sa piste cyclable. Peu après, une passante raille ouvertement les capacités d'une femme en situation d'obésité alors même qu'elle pédale à travers le pays contre les préjugés qui pèsent sur cette maladie... Doit-on laisser nos rapports s'échauffer ainsi ? Ou bien, à l'instar de la sobriété énergétique prônée par les experts de l'écohabitat, faut-il s'engager dans une forme de rénovation relationnelle qui cesserait d'épuiser notre énergie morale ?
Les infractions racistes, xénophobes ou antireligieuses enregistrées en France ont explosé de 32 % en 2023(1). Celles anti-LGBTQIA+ ont bondi de 13 %(2). Et les actes d’incivilités ont continué de s'embraser à la faveur d'un sentiment d'impunité débridé qui a pris ses aises entre les deux tours des récentes élections législatives. Si ces chiffres ne suffisent pas à tempérer la surchauffe, rappelons qu'une « simple » injure publique est un délit passible de 12 000 € d'amende, et jusqu'à 45 000 € et 1 an de prison si elle revêt un caractère raciste, sexiste, homophobe ou handiphobe.
À quoi sert de bichonner le confort thermique de nos bâtiments si le bien-être de leurs habitants est refroidi par ailleurs ? Les incivilités peuvent paraître « anecdotiques » individuellement, mais, constataient des sénateurs en 2021, « leur multiplication génère une dégradation de la qualité de vie » et, plus encore que les délinquances graves, elles « empoisonnent la vie des citoyens et sont en grande partie responsables du sentiment d'insécurité ». À ces violences « du quotidien » s'ajoutent les guerres, magouilles politico-financières, effondrement de la biodiversité...
Où que l'on regarde, les nouvelles font froid dans le dos. Alors ne nous privons pas d'un peu de chaleur humaine. Arpenter les sentiers des Pyrénées cet été m'a reconnecté à mes semblables, qui loin de leurs préoccupations quotidiennes osent à nouveau s'y saluer (et même se regarder !). Reprendre l'habitude d'un simple « bonjour » ou d'un sourire échangé avec les inconnus qui croisent mon chemin m'emplit d'un sentiment revivifiant et apaisant. Ce hors-série dévoile les solutions les plus efficaces et écologiques pour chauffer nos demeures, n'oublions pas de nous réchauffer aussi les cœurs.
1. Service statistique ministériel de la sécurité intérieure, mars 2024. / 2. SSMSI, mai 2024. AMC #326 : DELMAS - HARARI - AVENIER CORNEJO - ARBAPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Parmi les pistes de développement urbain, celle de la ville productive séduit, feuille de route imparable pour une société idéale. Reste la question de fond : que produisons-nous ? Dans la "Société de consommation", Jean Baudrillard propose une réponse grinçante. AMC HS 2024 : Paris 2024PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Que reste-t-il de la parenthèse olympique, hormis des souvenirs festifs ? La frugalité, innovation parisienne de ces XXXIIIes Jeux d’été, est d’abord une stratégie du comité d’organisation pour réduire des coûts si pharaoniques que seules les grandes métropoles sont en mesure d’accueillir cet évènement mondial – et peu candidatent. Mis à part deux constructions majeures, le centre aquatique et l’Adidas Arena, les équipements réalisés pour l’occasion ne bousculeront pas le paysage parisien. En surface du moins, car des dizaines ont été rénovées, à défaut d’un plan tel que 1 000 piscines, déployé en réaction à l’échec de l’équipe française de natation aux Jeux de Mexico en 1968. Léon Marchand est-il le produit des Canetons, Tournesol et autres Iris, modèles industrialisés construits à plus de 700 exemplaires sur le territoire ? L’héritage matériel de Paris 2024 résidera dans les villages conçus pour les athlètes et les médias sur un territoire à reconquérir, suivant l’exemple barcelonais de 1992. D’un village l’autre: en 2012, Paris, déjà candidate, proposait un village olympique bâti sur une friche ferroviaire aux Batignolles. L’élan a abouti à un nouveau quartier parisien. A cheval sur Saint-Ouen, Saint- Denis et l’Ile-Saint-Denis, sa version 2024, innovante, environnementale, inclusive, représenterait ce qu’il se ferait de mieux en France en matière d’urbanisme. Espace hors de la ville jusqu’à la mi-octobre au moins du fait des dernières transformations en cours, cette vitrine interroge. Exercice d’architecture sous forte contrainte temporelle, le quartier revêt autant des allures de caserne décorée que de ville radieuse. Si le risque de gentrification parfois brandi semble loin tant le département – on ne cesse de le répéter – abrite une population pauvre et affiche un taux de logements sociaux bien au-dessus des seuils fixés par la loi SRU, cette enclave colorée dans un environnement rude interroge. Les années à venir diront comment ces villages vivront. En l’état, ils apparaissent peu différents des nombreuses ZAC françaises, et rien ne dit que ce modèle miracle de production de logements, triomphant des procédures administratives, pourrait servir à combler le déficit en la matière. Nous risquerions d’avoir la rigidité sans la rapidité. Ce hors-série entend donner un aperçu des changements discrets qui remodèlent le territoire francilien, dans le domaine du sport mais aussi de l’habitat, des mobilités douces et des cheminements piétons, inventant, sans le dire, une pratique physique libérée des injonctions compétitives. D'Architectures #320 : L'ANRU : système de démolitionPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : La prime au massacre
La rage de démolition ayant atteint la France depuis trois décennies ne semble plus pouvoir s’arrêter. Le système mis en place à travers l’ANRU il y a 20 ans avance comme un rouleau compresseur devenu fou. Si la question n’était que patrimoniale – lorsque l’on détruit des architectures comme la Butte-Rouge ou la Maladrerie –, ce gâchis serait déjà très préoccupant mais, bien plus grave à l’heure de la pénurie de logement, ces démolitions coûtent beaucoup plus chères que des réhabilitations, grevant d’autant le financement de nouvelles constructions. Elles ont surtout un bilan carbone catastrophique. Pourtant les maires ne détruisent pas forcément par plaisir mais parce que ces destructions leur donnent, via l’ANRU, accès à des subventions inespérées. C’est l’effet pervers de la prime au massacre. En dehors des habitants expulsés dont l’avis compte peu et qui sont, de fait, minoritaires, cette tabula rasa suscite par ailleurs presque toujours un enthousiasme populaire tant est répandue la croyance qu’avec la disparition de ces bâtiments – insalubres par manque d’entretien –, ce sont tous les problèmes sociaux et les erreurs ou carences d’aménagement du territoire qui s’évaporent miraculeusement.
La première chose à faire ne serait-elle pas d’utiliser les sommes colossales que dispense l’État dans ce carnage pour réparer et entretenir ces bâtiments ? Et comme le montre notre dossier du mois, on s’apercevrait que, dans beaucoup de cas de réhabilitations, on pourrait même se passer de cette manne. Manne dont les principaux bénéficiaires sont les promoteurs privés, dont on comprend qu’ils ont tout intérêt à prolonger ce système le plus longtemps possible.
Le coût urbain et économique de la sauvegarde de certaines constructions peut à quelques rares exceptions légitimer leur démolition et sans doute faut-il se garder de tout dogmatisme, mais viendra bientôt un jour où il sera difficile d’expliquer pourquoi, alors que l’on subissait une grave crise du logement et une pénurie de ressources, autant d’argent fut mis pour le démolir. La Maison écologique #143 : Construire en paillePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Chaud devant. Ces temps estivaux sont aux revirements, aux changements imminents, aux orages violents. Un mois déjà que la récente campagne des élections législatives s’est achevée sans que, pour l’écologie, rien ne bouge ni ne soit réellement dit, rêvé ni revendiqué. Dans les tracts concoctés en un temps record ou au détour des conférences de presse, rien de nouveau ni de désirable, mais plutôt quelques noirs étendards à rebours du souhaitable. Parmi eux, la relance active du parc nucléaire, modèle d’abondance et de surproduction d’électrons opposé à la sobriété, à la production décentralisée et à la recyclabilité des déchets des énergies renouvelables. Pourtant, sous un ciel bleu et dans l’ambiance estivale, les pieds dans l’herbe des alpages ou dans le sable d’une côte sauvage, qu’il est doux et agréable de sortir du quotidien pour imaginer un idéal demain. Telle une année 2030 qui tienne ses engagements en termes de réduction réelle des émissions de CO2 pour nous mener sereinement à la neutralité carbone en 2050. Une année 2030 qui récolterait les premiers effets d’un plan quinquennal acté dès demain pour accélérer le développement des énergies renouvelables grâce à un soutien indéfectible aux unités de production de panneaux solaires photovoltaïques basées en France et à l’installation d’équipements solaires pour l’eau chaude sanitaire, en neuf comme en rénovation. Une année 2030 qui fêterait une cinquième année de croissance continue du nombre de rénovations globale et performante de logements individuels et collectifs, portée par le vote, dès le début de l’année 2025, de la prise en charge complète des travaux d’isolation avec des matériaux naturellement biosourcés et à faible empreinte carbone pour les ménages modestes. Enfin, une année 2030 qui célèbrerait la livraison du centième bâtiment de hauteur intégralement construit en béton de chanvre, cette ressource issue d'une plante au bilan carbone délicieusement négatif et à la quasi nulle consommation d’eau. Des rêves absolus ? Plus tout à fait, puisque le dernier de ces songes peut dorénavant s’appuyer sur la très récente publication – courant juillet – des nouvelles règles professionnelles pour la construction en béton de chanvre autorisant les constructions équivalentes à 8 étages. Laissons-nous rêver ! A vivre #137 : Sépcial petites surfacesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Nathalie DegardinEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Place à l'ingéniosité !
Il suffit de regarder les annonces immobilières pour comprendre combien les surfaces de taille modeste séduisent. Et les raisons en sont multiples : premier achat, petite famille, recherche d'un pied-à-terre... A chacun ses besoins, ses envies, ses moyens, pour des espaces prisés par les particuliers et stimulants pour les architectes. Séquences bois #146 : Spécial 30 ans !PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Anne-Sophie GouyenEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : 30 ans : cerner le temps
Ne vous y trompez pas, l’ambition de ce numéro n’est pas de faire un énième classement — le top 30 ! — ode à la performance. Au contraire, il s’agit plutôt de réunir celles et ceux qui ont été, durant les trois décennies qui se sont écoulées, sources d’inspiration pour nos abonné·es aguérri·es ou feuilleteurs occasionnels. Les réunir afin de les faire dialoguer, mettre côte à côte certains projets qui ne se seraient sinon jamais côtoyés. Mais, nous avons eu beau pousser les murs, rajouter des pages, il fallait bien trancher et laisser s’envoler cette envie absurde d’exhaustivité. Afin de donner davantage d’objectivité — si tant est que cela puisse exister — à ce choix éditorial cornélien, nous avons donc convoqué un comité exceptionnel en conviant, en plus de notre joyeuse troupe habituelle, les trois rédacteurs et rédactrices en chef qui m’ont précédée.
Parmi une liste de 150 projets français, soigneusement dépoussiérée dans les 145 numéros publiés, nous leur avons donc demandé de choisir, par décennie, les 10 réalisations qui leur semblaient refléter la qualité et l’originalité de l’architecture bois sur le territoire français. Si l’exercice de se coltiner trente années de publication pouvait paraître chronophage, il était en réalité assez passionnant. Noter l’évolution du discours, comprendre les choix des comités qui se sont succédés, apercevoir çà et là des expérimentations de rubriques parfois timides à leurs balbutiements, se rendre compte qu’on avait déjà tout pigé dans les années 90, (re) découvrir des projets enfouis dans les pages un peu jaunies des premiers exemplaires… Et pour choisir dans la pré-sélection, peu de critères, si ce n’est de laisser parler ses souvenirs marquants et ses coups de cœur de toujours : le nombre et la diversité des votant·es feraient le reste.
En résulte toutefois une liste de glorieux vainqueurs : difficile de sortir de l’esprit de compétition. Pour pallier cela, rappelons que « la performance, définie comme la somme de l’efficacité et de l’efficience, réduit le champ des possibles, en limitant les options, par essence. Elle requiert un environnement parfaitement prévisible pour se construire et se justifier. La robustesse au contraire ouvre les possibles, en multipliant les options. Elle crée des chemins alternatifs dans un environnement imprévisible »1.
Pour amener plus de robustesse à ce numéro particulier, nous avons donc fait appel à un panel intergénérationnel de 30 rédacteur·ices pour multiplier les points de vue, diversifier le ton des propos, donner la parole à certain·es qui n’étaient pas encore là, ou d’autres qui l’étaient déjà mais
entretenaient un lien étroit avec le projet dont ils étaient amenés à parler. Puis nous avons demandé aux librairies de se manifester, aux anciennes rédactions de nous raconter leurs souvenirs et leurs visions, et nous avons même exploré les fenêtres d’inspirations que la revue à aussi ouvertes au-delà de nos frontières métropolitaines. Une méthode peu efficiente qui a multiplié les échanges, mais qui s’est avérée plus nourrissante que jamais. « Quittons l’époque de l’optimisation dominante construite sur la pauvreté des interactions, pour entrer dans la société de la robustesse construite sur la richesse et la diversité des liens » !1
1. Antidote au culte de la performance, la robustesse du vivant, Olivier Hamant, éditions Tracts Gallimard AMC #325 : STUDIOLADA - GUERVILLY MAUFFRET - BOUCHET - AAVP / DORMOYPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Éléphant cherche futur
Frugalité : ce mantra d'une fraction d'architectes a élargi démesurément son audience lors des JO 2024. Au regard du retentissement planétaire du méga spectacle sportif, la promesse d'une olympiade frugale semblait tenir de l'oxymore. Quinze jours de compétition ont permis de mesurer la réalité du pari. Pas d'éléphants blancs tel le stade de Montréal 76, médaille d'or de l'endettement ; pas de complexe sportif comme celui d'Athènes, devenu terrain d'urbex. Paris s'est appuyée sur le déjà-là, en accord avec les directives élaborées par le CIO au début des années 2000, et suivant une logique qui tend à faire de l'espace urbain l'ultime équipement sportif, ainsi que le notaient nos confrères du Courrier des maires . Pas d'éléphants, mais pas de monuments non plus, tel le stade de Munich 72 conçu par Frei Otto. Paradoxe de l'époque : désireux de garder une trace d'un évènement pensé pour n'en laisser aucune, le débat est ouvert sur la conservation de la montgolfière qui éleva tous les soirs, pour un coût énergétique non communiqué, la flamme électrique de l'olympisme. En 1989, la tour de la Liberté conçue par les architectes Jean-Marie Hennin et Nicolas Normier pour le Bicentenaire quittait les Tuileries pour le plus grand bonheur des Déodatiens.
Une façon pour Paris de redonner un peu à la France ? « Les jeux ne seront plus pareils », affirme la presse internationale, mettant au défi Los Angeles de faire mieux en 2028. Brisbane, désignée hôte des JO 2032, s'aligne d'ores et déjà sur les standards de la capitale française en affichant 85% d'infrastructures existantes, tout comme Los Angeles d'ailleurs. Suffit-il de rénover ses stades et de ripoliner ses vestiaires ? Les spectateurs, unanimes, désignent la Ville Lumière comme la star absolue de l'évènement. La perspective des Invalides pour le tir à l'arc, le grand canal de Versailles pour le concours hippique, l'obélisque de Louxor comme tremplin de BMX et la Seine pour le triathlon. La régénération de la ville est, depuis Barcelone (1992), l'argument majeur servi aux populations a priori peu mobilisées par les jeux. Il semblerait que ceux de Paris marquent l'inversion de cette logique : désormais, c'est la ville qui régénère les jeux. Encore faut-il avoir quelque chose à valoriser. Où sont le Grand Palais, la tour Eiffel et le grand canal de demain, décors des futurs JO 2124 ? Si les jeux olympiques doivent servir d'aiguillon, c'est d'abord à construire une ville suffisamment généreuse pour servir des siècles après la disparition des sociétés et régimes qui les ont vus naître, plutôt que de capitaliser interminablement sur les passés urbains glorieux et révolus. Ne serait-ce pas là une démarche vraiment durable ?
(*) David Picot, « L'équipement sportif de demain ? La ville ! » Le Courrier des maires, 8 nov. 2017. D'Architectures #319 : Dossier : Façades - patrimoine vivant menacéPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Défigurée dans l’indifférence
C’est dans une indifférence à laquelle nous sommes malheureusement habitués qu’une atteinte massive au patrimoine est engagée : sous couvert de plan « Climat », une grande partie de notre bâti ordinaire est en train d’être encapsulé sous une couche de polystyrène, et ce, au mépris non seulement de ses qualités architecturales – si humbles soient-elles – mais surtout des qualités thermiques inhérentes qui sont propres à chaque type de construction. Précisons que cette catastrophe annoncée se fait avec l’assentiment de l’ensemble de la classe politique, qui pour une fois, dans un rare consensus, partage une totale acculturation à l’architecture, notamment au patrimoine du XXe siècle. Cette même ignorance qui conduit encore aujourd’hui aux démolitions absurdes menées par l’ANRU1. Sous prétexte de coefficients de performance associés à des normes à atteindre pour obtenir des subventions ou tout simplement une autorisation de construire, une course à la consommation de produits issus de la pétrochimie, non pérennes et non recyclables, est lancée.
Si l’instauration du DPE (diagnostic de performance énergétique) est un progrès significatif pour lutter contre les passoires thermiques, son application conduit souvent à des aberrations. Il est en effet conçu pour s’appliquer à un modèle-type simplifié qui se heurte à toute la diversité des architectures existantes. Le culte de la performance, si bien dénoncé par Olivier Hamant2, conduit ainsi à des investissements colossaux de rénovation alors que l’on peut souvent dépenser beaucoup moins en atteignant l’essentiel des objectifs pour un bilan carbone bien meilleur, en consommant moins de ressources par exemple, voire davantage si on travaille aussi sur les comportements des habitants3. Mais surtout, ces interventions plus légères permettent de préserver les qualités patrimoniales du bâti. La complexité et la subtilité des exemples que nous montrons dans ce dossier de rentrée prouvent une fois de plus qu’on ne peut pas appliquer globalement de solutions au parc immobilier, mais que chaque cas est spécifique et doit faire l’objet d’une étude qui, elle, sera globale. Qui d’autre que le couple architecte-ingénieur a les compétences pour le faire ?
1. À venir dans le numéro d’octobre, notre dossier consacré à la gabegie des démolitions.
2. Olivier Hamant, Antidote au culte de la performance : La robustesse du vivant, Tracts Gallimard, n° 50, 31 août 2023, 3,90 euros.
3. Voir le dossier « Un autre confort thermique est-il possible ? », d’a n° 318, juillet-août 2024. Exé #56 : Culture et patrimoinePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jordi PatillonEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Événement plus que millénaire, les Jeux olympiques s'apprêtent à prendre leurs quartiers d'été à Paris (mais aussi un peu au-delà...) pour la troisième fois, après 1900 et 1924. 100 ans après donc, les enjeux ne sont évidemment plus les mêmes et la question du devenir des installations, par exemple, est maintenant au centre des préoccupations, surtout à la lumière des dernières expériences barcelonaise ou athénienne, plus ou (beaucoup) moins réussies... Le Moniteur #6312 : Une tour de La Défense isolée fenêtre par fenêtrePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Les oiseaux (de mauvais augure) se cachent pour mourir (de honte). Contrairement aux oracles les plus sombres, les Jeux olympiques de Paris se sont mués, dès leur ouverture, en succès planétaire et populaire. Cette réussite constitue une vitrine du savoir-faire tricolore dans l'organisation de grands événements. Un cocorico que l'on doit, entre autres, aux acteurs de la construction mobilisés de longue date sur cet objectif.
On sait que les ouvrages olympiques ont, de Saint-Denis à Tahiti, concentré l'attention des pouvoirs publics, maîtres d'ouvrage, maîtres d'œuvre et entreprises. Que leurs cahiers des charges ambitieux et leurs délais incompressibles constituaient de sérieux défis, au bout du compte relevés haut la main. Que ces chantiers ont, par endroits, contraint la profession à réaliser des pas de géant en termes d'innovation. Cette œuvre, déjà immense, est connue et reconnue, mais elle ne résume pas à elle seule l'apport des constructeurs à la fête olympique.
Les chantiers olympiques, ont, par endroits, contraint la profession à réaliser des pas de géant en termes d'innovation.
Leurs compétences se déploient également bien loin de la lumière des projecteurs. Dans l'arrière-scène, donc, et jusque sur la Seine. Les équipes de C&E Ingénierie ont ainsi étudié les caractéristiques structurelles des ponts parisiens sollicités par la grandiose cérémonie d'ouverture. Un travail de bénédictin, fait de calculs et de contre-calculs, mais aussi d'archiviste, pour mettre la main sur les plans d'origine de ces ouvrages historiques. Un travail de l'ombre.
Des montagnes d'équations- et quelques tonnes de béton - auront aussi été nécessaires pour concrétiser la sempiternelle promesse de pouvoir se baigner dans la Seine. Malgré les sarcasmes et les orages, l'épreuve de triathlon a pu s'y dérouler sans encombre. En plus de la volonté politique, il aura fallu compter sur le labeur colossal des ingénieurs et des compagnons pour, contre vents et marées, réaliser ce vieux rêve. Et, ainsi, clouer le bec aux grincheux. A l'heure des médailles étincelantes et des Marseillaises tonitruantes, le BTP mérite bien sa couronne de laurier. A Vivre HS #62 : Maisons contemporainesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Nathalie DegardinEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Parfois, il est bon de se rappeler des évidences, à l'image de cette réflexion de Jean-Michel Wilmotte : l'architecte ne construit pas pour lui, mais pour ses clients. Il dessine, projette, met en volume ce qu'il perçoit d'eux, les besoins qu'ils expriment, il crée pour eux. Son imagination n'a pas de limites, car elle transforme les contraintes en solutions. AMC #324 : Intérieurs 2024PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Laure CarsaladeEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Le mythe de la forêt
Si l'homme est né dans la nature, la vie moderne le contraint à évoluer de boîtes en boîtes. Pour mener ses activités et se protéger des variations climatiques, il passe d'un abri à l'autre, véhicule, école ou bureau, espace culturel ou de consommation, domicile ou hôtel… Chacun de ces contenants fait l'objet de grandes attentions, tel le végétal qui s'adapte à son environnement, se plie aux conditions du lieu pour s'y installer durablement. C'est la réponse que l'on attend aujourd'hui des architectes, ces « jardiniers » du monde bâti : savoir planter racines sur le bon site. Que leur implantation soit urbaine ou rurale, les galeries d'art créent une dynamique d'échanges dont l'influence se développe en rhizome (p. 8). Si elles renaissent d'un amas de ruines, elles ouvrent des portes aussi immenses que peut l'être leur ambition d'accueillir de vastes publics. A l'intérieur, le modèle végétal prodigue encore ses bienfaits. Dans la nécessaire entreprise de purification de l'air, il neutralise des polluants invasifs ou entre dans la composition d'un matériau de finition plus sain (p. 27). Au Salon de Milan, le mobilier est avant tout rationnel ; il se présente dans le plus simple appareil, élagué de détails inutiles, sans signature ostentatoire (p. 22). Cette dernière s'efface devant l'évidence du matériau et de l'usage, offrant une lecture simple, immédiate. Symbolique mais prégnante, la forêt s'érige dans les intérieurs à la manière d'un appel inéluctable qui serait bien capable d'alimenter un nouveau mythe. Elle est parfaitement naturelle, composée de piliers de bois massifs au Japon, venant structurer une maison qui se devine à peine de l'extérieur (p. 54). Industrielle, toute de métal et démontable, elle quadrille un campus universitaire ; son tracé régulier est pris dans une enveloppe entièrement transparente (p. 38).
On peut aussi élire domicile au cœur d'une jungle. Il en est ainsi d'un hôtel au Mexique, où une forte trame de béton s'est immiscée à la verticale dans une flore luxuriante (p. 102). Ces ondes végétales dessinent une heureuse arborescence. En matière de construction, la sélection naturelle pourrait bien être, là aussi, critère de survie. D'architectures #318 : Dossier : Un autre confort thermique est-il possible ?PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Pour que le froid soit plus chaud
L’appréciation de la température dans laquelle baigne notre corps est intimement corrélée à l’idée que l’on se fait du bien-être. Et ce, au point que nous pouvons difficilement imaginer que cette sensation ne soit pas consubstantielle à notre nature. Elle est pourtant le fruit d’une construction culturelle et sociale, comme le rappelle l’historien Olivier Jandot dans Les Délices du feu1. Les 20 °C qui en hiver nous paraissent être le minimum décent du confort étaient autrefois considérés comme désagréables, voire dangereux par les médecins. Jandot évoque ainsi l’expérience de l’architecte François Cointeraux (1740-1830), le célèbre théoricien du pisé lyonnais qui, ayant porté la température de la chambre de ses enfants à 20 °C, les trouva fort incommodés. Des températures de 12 à 15 °C étaient alors considérées comme agréables dans les pièces à vivre, tandis que dans les autres une température de 8 °C était considérée comme normale. Notre appétence pour la chaleur est aussi liée à une croyance ancestrale – que les découvertes de Pasteur n’ont pas encore réussi à ébranler au XXIe siècle –, selon laquelle « on attrape froid ». Or, de même que l’on n’attrape pas le Covid-19 ou la grippe avec le froid, l’origine du rhume est uniquement due à un virus et jamais à un « coup de froid ».
La sensation de chaud ou froid est due à des facteurs bien plus complexes que la température de l’air, comme tente de le montrer avec constance l’architecte Philippe Rahm à travers ses expériences d’architecture par le confort thermique. L’injonction d’une répartition homogène de la température, de la maison au bureau, ne repose que sur une idée normative du confort, qui n’est nullement étayée par des études physiologiques ou anthropologiques. On se dit alors que, dans l’immense chantier de la lutte contre le réchauffement climatique, la première action concrète, une des plus économiques à mettre en œuvre dans nos contrées où la moyenne extérieure annuelle est d’environ 12 °C, serait de questionner notre phobie du froid ou, plus précisément, notre peur du « pas assez chaud ». Mais pour échapper à l’accusation de promouvoir une « écologie punitive », il faudra impérativement montrer que cette adaptation n’est pas une régression de notre cher confort, qu’elle ne relève pas d’un culte de l’ascétisme ou de la frugalité mais qu’elle est plutôt une quête d’adéquation plus harmonieuse avec notre environnement. Mieux connaître les mécanismes qui régissent nos sensations thermiques, découvrir leur complexité, c’est aussi mieux maîtriser notre rapport à notre environnement et reprendre la main sur les diktats consuméristes que nous ont sournoisement imposés certaines industries depuis plus d’un siècle.
Vous aurez compris que notre dossier estival est consacré au confort thermique. Nous l’avons abordé moins dans ses dimensions performancielles que dans sa complexité anthropologique et psychologique, avec l’envie de découvrir une architecture au plus près de nos sensations. Nous sommes allés voir des architectes qui, au sein de collectifs comme SlowHeat ou Zerm, expérimentent de nouvelles relations entre le corps et l’espace et nous préparent un hiver vif et joyeux.
Emmanuel Caille
1. Olivier Jandot, Les Délices du feu, L’homme, le chaud et le froid à l’époque moderne, Champ Vallon, 2017. Exé #57 : Etablissements d'enseignementPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jordi PatillonEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Il est beaucoup question de cœur dans ce numéro 57 d'exé : d'une faille centrale qui structure un parcours muséal à un vide nucléal qui articule tout un programme, d'un atrium médian qui distribue des circulations et favorise la rencontre à des cours d'écoles qui concentrent effervescence estudiantine... La Maison écologique #142 : Habitons ensemblePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Qui en juin se porte bien, au temps chaud ne craindra rien », la phrase résume si bien l’esprit du contenu de ce magazine pré-estival que le dicton aura, pour démarrer cet édito, volé la vedette à mon inspiration ! Nous voici donc au seuil d’un nouvel été, Terriens et Terriennes désormais presque habitués à connaître pics de température, épisodes de canicule et de sécheresse. Habitués ? Vraiment ? Si nos esprits les anticipent parce qu’ils ont constaté leur récurrence nouvelle, nos usages et nos logis les ont-ils intégrés ?
En appartement comme en maison, le soleil si consolateur et formidable fournisseur d’énergie (chaleur, bonne humeur et vitamine D !) se transforme en véritable combattant de la fraîcheur dès lors que les ouvertures, vitrées ou restées béantes, lui laissent la voie libre. Bien vivre avec, même au cœur de la belle saison, est pourtant à portée de main. Et c’est bien ce que ce numéro illustre !
Habitués mais pas résignés. Pascal et Tatiana, heureux autoconstructeurs de leur earthship, profitent pleinement du caractère semi-enterré de leur géonef grâce à des choix complémentaires intégrant la vitesse de circulation de l’air et l’orientation du bâtiment. Dans sa maison de ville fraîchement rénovée, Émilie a pour sa part testé l’effet de l’albédo fort. Après avoir vécu d’insupportables chaleurs lors du premier été post-rénovation, elle a fait peindre son toit en blanc. Inertie, déphasage, amortissement : certains termes techniques font partie des indispensables à maîtriser lorsque se pose la question du confort thermique. Dans notre dossier dédié au confort d’été, les impacts d’une bonne ventilation, du choix de matériaux pour ses parois viennent compléter les bons réflexes à mobiliser dans la conception du logement, mais aussi dans les usages à respecter ensuite pour ne pas laisser s’envoler les degrés. Au risque de devoir appuyer sur l’illusoire bouton de la clim’. Parmi les solutions techniques et low-tech recensées à travers ces 10 pages, aucune ne fait le détour par la climatisation électrique. Un rayonnant résultat ! Matières #22 : Dossier : La mixité des matériauxPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Raphaël MénardEditeur : CONSTRUIRACIER KONSTRUIRASIDescription : Face aux multiples défis auxquels se trouve confronté le secteur du bâtiment, il est devenu impérieux de repenser les solutions constructives, sous-tendues par des innovations architecturales et techniques. La mixité de matériaux dans la construction apparaît comme une des solutions d’avenir à développer, en prenant en compte l’hybridation structurelle et fonctionnelle. L’approche globale menée tient à une adaptabilité et évolutivité des édifices, et une recherche de sobriété et d’économies. Le travail collaboratif, entre les architectes, bureaux d’études, entreprises et industriels, doit se déployer pour qu’ils puissent créer ensemble de nouvelles manières de construire plus frugales en matières et en énergie. Séquences Bois #145 : Ressources localesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Anne-Sophie GouyenEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : Bois local : une idée tordue ?
Certaines thématiques demandent, pour être traitées avec attention, plus de mouvements que d’autres. Celle-ci m’aura conduit dans la vallée ariégeoise du Biros, sur les collines de Provence, au pied de Notre-Dame en passant par les Vosges, les Cévennes et le Médoc. Comment parler de ressources locales sans comprendre, au coeur de chaque pays, ce qui se cache derrière ce terme, souvent largement vidé de son sens ? Jusqu’où parle-t-on de local ? Et depuis quand ?
« En 1981, on bossait avec du sapin - ou du pin en menuiserie - qui venait du Haut Forez, à seulement 20 ou 30 km de la scierie. Et c’était le cas partout, on ne parlait alors même pas de bois local ! », raconte Olivier Gaujard. Avec l’idée du local, il faut souvent prendre en compte la dimension du temps, qui s’étire davantage : un séchage – à l’air libre - plus lent, des expérimentations potentiellement laborieuses, un sciage plus compliqué - ou de l’équarrissage à la hache - sans compter le temps de réflexion pour placer la courbe naturelle du bois au bon endroit, ou optimiser le dessin des pièces dans une grume pour un meilleur rendement. « Il faut se réhabituer au temps long », insiste Francis Hallé*. Et si ce n’est pas de bois dont nous disposons, alors préférons d’autres ressources ou favorisons des filières qui peinent encore à sortir de terre.
Construire local n’est en aucun cas un dogme, mais simplement une tentative de réponse aux problématiques rencontrées, ici et là. Pour Olivier, cela évoque « ni plus ni moins, que des modalités d’action ! ». Si le bois local s’est d’abord relancé dans les Alpes, il y a plus de 10 ans, puis dans le Massif Central, la Corse, ou plus récemment les Pyrénées - suivi par le Bois de France, calqué sur les démarches régionales - selon lui, les appellations « disparaîtront parce qu’elles n’auront plus de raison d’être ».
Les pages de ce numéro tentent de faire pérégriner les idées de celles et ceux qui ont choisi de faire voyager la matière le moins possible. En les observant de plus près, il semblerait que faire avec ce qu’on a sous la main, connaître finement les matières – et comment on les transforme - n’a rien d’ennuyeux ou de castrateur. Et si, par force d’habitudes et d’expérience, ces savoirs-là peuvent faire gagner un peu de temps, tant mieux, il y en aura plus pour la sieste à l’ombre des arbres et les baignades dans l’eau froide. Ou pour continuer d’apprendre des équilibres, bouleversés par les humain·es qui peinent à reconnaître– moi la première - les essences et les espèces qui peuplent leurs régions**. « Nous n’avons même pas encore commencé à imaginer collectivement ce que pourrait signifier « architecture » dans un monde qui ne soit plus anthropocentré – tout reste à inventer. »*** A vivre #136 : Journées d'Architectures à VivrePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Nathalie DegardinEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Rencontrez les architectes !
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : les Journées d'Architectures A Vivre tiennent leur 24e édition. Une durée au long cours qui s'explique par le caractère unique de l'événement : une chance exceptionnelle, lors de deux week-ends de visites en juin et d'une journée en octobre, de questionner en direct les architectes et architectes d'intérieur [...] D'architectures #317 : IntérieursPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Karine DanaEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : Spécial Interieurs 2024
Chaque année en juin, le d'a Intérieurs propose une sélection de projets architecturaux remarquables dans les domaines du tertiaire, du retail, de la restauration et de l'hôtellerie, en France et à l'international. Ce numéro annuel pose un regard sur les tendances, les esthétiques et les systèmes d'aménagements intérieurs offrant un large panorama sur les créations de l'année écoulée. La Maison écologique #141 : Nos solutions anti-surchauffesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Qui en juin se porte bien, au temps chaud ne craindra rien », la phrase résume si bien l’esprit du contenu de ce magazine pré-estival que le dicton aura, pour démarrer cet édito, volé la vedette à mon inspiration ! Nous voici donc au seuil d’un nouvel été, Terriens et Terriennes désormais presque habitués à connaître pics de température, épisodes de canicule et de sécheresse. Habitués ? Vraiment ? Si nos esprits les anticipent parce qu’ils ont constaté leur récurrence nouvelle, nos usages et nos logis les ont-ils intégrés ?
En appartement comme en maison, le soleil si consolateur et formidable fournisseur d’énergie (chaleur, bonne humeur et vitamine D !) se transforme en véritable combattant de la fraîcheur dès lors que les ouvertures, vitrées ou restées béantes, lui laissent la voie libre. Bien vivre avec, même au coeur de la belle saison, est pourtant à portée de main. Et c’est bien ce que ce numéro illustre !
Habitués mais pas résignés. Pascal et Tatiana, heureux autoconstructeurs de leur earthship, profitent pleinement du caractère semi-enterré de leur géonef (p. 14) grâce à des choix complémentaires intégrant la vitesse de circulation de l’air et l’orientation du bâtiment. Dans sa maison de ville fraîchement rénovée, Émilie a pour sa part testé l’effet de l’albédo fort. Après avoir vécu d’insupportables chaleurs lors du premier été post-rénovation, elle a fait peindre son toit en blanc (p. 22). Inertie, déphasage, amortissement : certains termes techniques font partie des indispensables à maîtriser lorsque se pose la question du confort thermique. Dans notre dossier dédié au confort d’été (p. 35), les impacts d’une bonne ventilation, du choix de matériaux pour ses parois viennent compléter les bons réflexes à mobiliser dans la conception du logement, mais aussi dans les usages à respecter ensuite pour ne pas laisser s’envoler les degrés. Au risque de devoir appuyer sur l’illusoire bouton de la clim’. Parmi les solutions techniques et low-tech recensées à travers ces 10 pages, aucune ne fait le détour par la climatisation électrique. Un rayonnant résultat ! AMC #323 : BQ+A - A-MAS/FBAA - COMBAS - ATELIER DE L'OURCQPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Notre-Dame-des-tunnels
Une capitale pour l'homme et pour le monde, la renaissance de mille et un bonheurs parisiens, la Seine comme avenue reliant la place de la Concorde au Havre… voilà quelques-uns des scénarios imaginés pour le Grand Paris en 2007. Une décennie plus tard, ces futurs évanouis sont remplacés par un supermétro qui servira huit millions de voyageurs. Evanouis avec eux, les débats byzantins sur le périmètre et la gouvernance de la métropole. La « mobilité » est au cœur du projet. Pour la modique somme de 36 à 42 Mds €, cinq lignes seront construites. Avec l'extension des lignes existantes, la métropole se dotera de nouvelles centralités… qui renforceront celles existantes, comme la ligne E, faisant de Chelles et Mantes-la-Jolie un faubourg de La Défense. Des experts parmi les plus avertis doutent de la prophétie autoréalisatrice qui voudrait que l'ouverture d'une gare provoque une polarité apte à limiter l'étalement urbain.
Ces stations pourraient même l'augmenter dans leur périmètre, objectent-ils, le prix du foncier, la qualité des biens proposés, les services… restant pour les habitants aussi déterminants que l'accès.
Sur cette question se joue une partie de l'avenir de plus de 300 nouveaux quartiers en développement. L'autre partie tient à leur forme, qui reste insaisissable. Reflet d'une époque, ces projets urbains partagent sans doute les mêmes objectifs de durabilité et de conscience environnementale qu'ils ne manqueront pas de revendiquer ; ils s'incarneront dans du néohaussmannien, du néorural et, peut-être, du néomoderne. Ils ont pour horizon commun la seule aubaine foncière. Où sont les projets suscitant le débat, tel Euralille en son temps, quoi que l'on pense de ce quartier ? Où est la pensée urbaine au-delà du fonctionnalisme ou de la grimace ? Reflet d'une époque où la gestion de projet et ses opérateurs l'emportent sur tout ? Signe de l'impossibilité d'une nouvelle utopie architecturale ?
Aux architectes restent les gares, cathédrales du Grand Paris, et éventuellement des places publiques - ont-ils demandé plus ?
Au XIXe siècle, l'opposition des fouriéristes aux saint-simoniens pouvait se résumer à une utopie des lieux - les phalanstères -contre une utopie des flux - les lignes de chemins de fer. Les flux l'emportent toujours, la boucle du supermétro constituant finalement le véritable monument de la mégapole, une Notre-Dame-des-Tunnels qui peine à nous transporter vers un avenir urbain radieux. D'Architectures #316 : Réalisations / Spécial logements collectifsPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Entre militantisme et pragmatisme
Par l’effet du décalage entre commandes et livraisons, cette année voit encore beaucoup d’opérations de logements collectifs arriver à leur terme. Nous en avons choisi neuf que nous avons pu visiter ce printemps et qui témoignent de leur capacité à refuser la fatalité des contraintes réglementaires et budgétaires. Malgré l’emploi de pierres massives pour trois d’entre elles et une transformation de bâtiment universitaire en appartements, elles s’inscrivent cependant encore dans le courant productiviste de l’économie du logement, dont la crise actuelle a révélé les effets délétères. Le parcours que nous consacrons à l’agence Brunnquell & André montre certes que parfois, comme ici dans deux chantiers parisiens – la transformation de la caserne Exelmans et la réhabilitation de HBM rue Sthrau –, il est possible de ne pas se soumettre à des pratiques que l’on croyait immuables. Mais si nous assistons enfin aujourd’hui à une prise de conscience du danger qu’il y a à perpétuer notre modèle de production, celle-ci est très loin de se traduire dans les faits : on continue à démolir, à artificialiser les sols et à employer immodérément le béton… Si le rôle des architectes est fondamental dans ces bouleversements à venir, on sait qu’il restera encore longtemps et pathétiquement dérisoire par le peu d’importance qu’il occupe dans les processus de décision économique et politique. Quelles que soient les menaces climatiques ou d’épuisement des ressources, il faudra encore de nombreuses années pour que le système change et il ne faudrait pas abandonner le type de production mortifère qu’il induit aux mains des moins concernés. Pour les autres, il faudra donc accepter d’agir entre militantisme et pragmatisme et repousser la tentation de s’enfermer dans les postures narcissiques de la radicalité. A vivre #135 : ConvivialitéPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Nathalie DegardinEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Une porte ouverte
L'appartement n'était pas grand mais il fleurait bon la chaleur humaine. Dans la cuisine, le poêle d'un autre âge, sur lequel mitonnaient des heures interminables des plats scellés, finalement remplacé au passage du siècle par une gazinière... AMC #322 : COULON - PAUMIER - DADOUR DE POUS - GRXPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Précieuses bouses
Au rez-de-chaussée d'une institution parisienne émanant d'une enseigne de luxe, un globe en bouse de vache, trivial et mystérieux.
Son installation entre les façades de verre de la fondation Cartier est une sorte de provocation, loin cependant de la merda d'artista créée par Manzoni en 1961. Plutôt qu'un questionnement sur l'œuvre d'art, l'architecte Bijoy Jain exposé chez Nouvel invite à repartir de zéro en regardant du côté freudien de la fécalité. Remise dans un contexte que le gourou de Studio Mumbai s'acharne à gommer, la bouse de vache prend un tout autre sens. C'est la matière première des foyers ruraux de l'Inde, l'énergie qui chauffe les aliments de centaines de communautés paysannes du sous-continent. Cette œuvre serait donc une réserve de combustible, un bien si précieux qu'il se contemplerait avec une certaine révérence dans les galeries les plus huppées de l'art mondialisé. La métaphore de la bouse s'applique certes à juste titre à nombre de constructions ne s'élevant guère au-dessus du produit de la digestion des vaches, mais aussi, à tort, à celles que l'on considère comme s'en approchant, du fait de leur architecture mal comprise ou de leur esthétique mal acceptée. Un promoteur disait dernièrement ne pas comprendre l'émotion que suscitait la démolition obstinée de l'ancien siège de l'Insee à Malakoff, bâtiment qu'il jugeait dénué d'intérêt.
La « démocratie de l'énergie » veut que laides ou belles, ces architectures aient au moins une valeur en énergie stockée.
Conserver cette énergie grise implique de repenser les temps du projet, de faire de la place au diagnostic, de rechercher les qualités d'un édifice qui ne paye pas de mine, de comprendre son histoire, de le valoriser plutôt que de le considérer comme un produit jetable et remplaçable. Le continent appelé « bâti existant » donne le vertige : le CSTB dénombre dans l'Hexagone plus de 27 millions de bâtiments qu'il va s'attacher à immatriculer au sein de la Base de données nationale des bâtiments (BDNB). Aux architectes d'aller au-delà de l'administratif pour connaître la personnalité qui se cache derrière la carte grise et la plaque minéralogique. Avec l'intelligence de l'espace, peut-être accompliront-ils la promesse de l'alchimie baudelairienne : tu m'as donné ta boue, et j'en ai fait de l'or… Architectures CREE #408 : Printemps 2024PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Karine QuédreuxEditeur : MEDIARECLAME PUBLISHING MEDIAREKLAM PUBLICHINGDescription : Bien que la conjoncture ne soit pas des plus optimistes, partons du principe que le futur de nos villes trouvera une expression vertueuse et durable dans les grandes mutations de ce siècle. Après tout, n’avons-nous pas su, dans nos métropoles européennes, faire face à maintes agressions économiques, sanitaires ? Le dérèglement climatique est certes un défi herculéen, sachant que nous en sommes les principaux instigateurs au nom d’un système trop avide. Il va donc falloir trouver un nouvel équilibre et recalibrer nos exigences. Difficile pour le secteur bâtiment qui confirme une entrée en récession en matière d’activité avec une crise du logement neuf, un glissement progressif d’année en année du non-résidentiel neuf, et un sort en pointillé pour la rénovation au regard du devenir incertain de MaPrimeRénov’. Dans un contexte de transition environnementale, il faut rénover plutôt que construire, chacun le conçoit désormais, mais l’intelligence énergétique reste souveraine. L’accès au logement reste cependant une priorité incontournable, étant donné les inégalités sociales grandissantes, la difficulté d’accès au foncier, et l’ensemble des freins juridiques que l’on connaît. Ainsi sonne le retour des microarchitectures dans la conquête de l’outdoor (p. 88), pensé comme un levier de croissance mais aussi comme un outil de réflexion pour parer à l’indispensable. Cette modularité d’échelle de construction interroge notre façon de penser un habitat de qualité à des coûts abordables tout en interrogeant l’idée, semble-t-il dépassée, du « plus c’est grand, mieux c’est ». Faire un meilleur usage des mètres carrés, partager des espaces, repenser le bâtiment, répondre aux principaux enjeux mondiaux en matière de climat et de santé, telle est la démonstration opérée par le concept « Living Places » à Copenhague (p. 136). Ce nouveau paradigme de construction s’ajoute ainsi à toutes les initiatives de partage de connaissances menées à l’international pour identifier des solutions pertinentes et innovantes. Ces solutions permettront, en fin de compte, de relever les défis de décarbonation, de résilience et d’adaptation. Ainsi, un futur raisonné de nos villes et de nos territoires sera-t-il envisageable. A Vivre HS #61 : La nature pour témoinPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Nathalie DegardinEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Comme au cinéma
Se lever le matin, prendre son café en savourant la quiétude de son jardin avant d'entamer sa journée. Ressentir, au fil des saisons, un rapport particulier au temps en suivant les floraisons, la variation des couleurs des feuillages. Apprécier la lumière naturelle et avoir accès au ciel par des puits de lumière orchestrés, des ouvertures et des baies vitrées, et se baigner dans l'horizon de sa piscine miroir... Matières #21 : L'avenir, c'est l'existantPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Anne DémiansEditeur : CONSTRUIRACIER KONSTRUIRASIDescription : Anticiper. Ce n'est plus d'émancipation qu'il s'agit, mais bien d'anticipation. Et l'architecture aborde bien cette anticipation. L'émancipation des femmes, entrées en architecture pour y jouer les seconds rôles, s'est affranchie depuis peu des règles en vigueur pour y fabriquer un pouvoir précis et nouvellement investi : celui de l'anticipation. D'Architectures #315 : Logements : espaces partagés, espaces fragilesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : « Vivre-ensemble », mais à quel prix ?
La crise du logement est sans cesse réduite à une question quantitative : trop peu nombreux, trop chers et trop petits. Pourtant, jamais il n’y a eu autant de logements aussi grands et par habitant. C’est le rapport que chacun entretient désormais avec l’espace qu’il habite qui a changé et qui rend obsolètes les critères trop exclusivement quantitatifs. Un logement était autrefois beaucoup plus partagé : on avait plus d’enfants, différentes générations vivaient sous un même toit et on le partageait souvent avec des personnes hors du cercle familial – apprentis, confrères ou employés. On vivait surtout dehors – et pas seulement à la campagne – parfois parce qu’il y faisait plus chaud que dedans et sans doute aussi pour échapper à la promiscuité. Dans l’espace public comme chez soi, on partageait. On pourrait dire que l’on n’était pas vraiment chez soi dans sa maison et que, dehors, on se sentait un peu chez soi !
L’habitat bourgeois a depuis circonscrit l’intimité domestique, refermant le logement sur la cellule familiale, au point que le terme cellule est devenu une synecdoque : on emploie ce terme pour parler d’un appartement. Tant qu’il y a assez de place pour tous, cette évolution sociologique n’engendre pas de crise. Mais lorsque l’offre ne répond plus à la demande, faut-il faciliter la fluidité résidentielle, construire toujours davantage ? Et si l’on commençait par mutualiser certains espaces exigeant moins d’intimité – jouer, travailler, laver son linge – ou un usage exceptionnel – faire la fête, accueillir des amis. Après Godin et son familistère, Le Corbusier avait eu l’idée d’un espace privé mais partagé par tous les habitants sur le toit des Unités d’habitation. Ces lieux mutualisés sont assez répandus dans les pays scandinaves, en Suisse ou en Espagne, mais pourquoi y en a-t-il si peu en France ? La majorité d’entre eux n’auraient pas fonctionné et ont fini par être abandonnés ou privatisés. Les Français, ces champions de la clôture de jardin infranchissable, incorrigibles individualistes, seraient-ils incapables de vivre sereinement ensemble ?
Pourtant, des architectes persistent à proposer des lieux partagés dans les habitations collectives qu’ils conçoivent, une tendance que les promoteurs privés reprennent maintenant dans leur argument de vente. Les aspirations et les comportements des habitants auraient-ils changé ? Est-ce uniquement par nécessité face à l’exiguïté de leurs logements ou parce que les usages de ces espaces sont mieux encadrés ? Nous avons interrogé bailleurs et architectes sur la réussite ou l’échec de leurs expériences. Leur première leçon est qu’il ne suffit pas de créer un local commun et de penser qu’il fonctionnera tout seul. Sa conception, sa planification et son mode de fonctionnement doivent faire l’objet d’une étude préalable approfondie. Et sans gestion rigoureuse par les habitants ou un tiers, faire advenir ce « vivre-ensemble » – mantra auquel tout le monde aspire sans vouloir en payer le prix – restera un rêve d’architecte. Séquences Bois #144 : Habiter ensemblePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Anne-Sophie GouyenEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Vers un futur habitable ?
Le logement est devenu un produit financier dont les données chiffrées nous feraient presque oublier la dimension humaine de la notion d’habiter. Notre existence est liée, non seulement au bâti que nous habitons, mais aussi aux relations sociales et aux souvenirs que nous tissons. Ainsi, « chaque fenêtre n’est pas simplement ornée de rideaux différents : elle est l’ouverture d’une famille sur le monde, et l’un des visages que prend cette famille pour le voisinage ».*
Tous ces chiffres – loyers, surfaces, taux d’intérêts, nombres de mal-logés… - éclipsent aussi largement les changements sociétaux et écologiques : « les bouleversements tels que la fragmentation de la cellule familiale, la dématérialisation due aux nouvelles technologies, l’effacement des frontières entre vie privée et travail, l’évolution de notre rapport à la propriété, la mobilité excessive ont provoqué des mutations profondes dans nos modes de vie au sein de nos habitats ».** Il serait sain que chacun ait la volonté de les prendre en compte. Mais les idées de flexibilité, d’adaptabilité ou d’évolutivité mettent du temps à s’instaurer, avec pour cause, la frilosité de la majorité des acteurs du logement qui craignent de ne pas vendre ou sont, pour certains, trop confiants sur leurs supposées connaissances des attentes de la société. Les enquêtes de terrain pour obtenir des retours – ou des désirs – d’habitants, sont aussi rares que les habitats mal foutus qui ne permettent pas la beauté simple des situations de vie ordinaire***, se multiplient.
Mais, confondre habitat et logement « c’est déjà tendre vers une société des experts, une organisation sociale basée sur la dépossession des uns aux profits des autres »**. Pour imaginer une nécessaire transformation de la culture d’habiter, il s’agit surtout d’opter pour une posture d’humilité et de se demander quelle légitimité a le concepteur pour proposer un design des modes de vie eux-mêmes, puisqu’« on habite aussi sans le vouloir, sans s’en rendre compte, maladroitement, ou avec douleur : on habite, après tout, comme on veut, mais aussi parfois comme on peut ou comme on est, voire parfois même malgré soi… ». Pour autant, il existe des pistes foisonnantes pour celles et ceux soucieux·ses de participer à la fabrique d’un habitat plus vertueux et solidaire.
Si le désir de mutualiser est une première démarche écologique, il s’accompagne souvent d’une attention accrue aux modes constructifs choisis, où le bois et les bio et géo-sourcés peuvent prendre leur place, prédestinée. L’un des leviers semble être celui de s’abreuver d’exemples et de solutions construites. Ainsi, ce numéro invite tout un chacun à explorer à la fois des opérations réalisées, des désirs collectifs ou des idées individuelles, des alliances nouvelles entre concepteurs et habitants, afin de déconstruire les aspirations et représentations profondément enracinées, et permettre de penser, plus largement, des futurs habitables.
* - Critique de l’habitabilité, Mathias Rollot, Editions Libre Solidaire
** - Proto-Habitat, Flavien Menu, Editions Spector Books
*** - Propos issus d’échanges avec Yves Perret La Maison écologique #140 : Je chauffe au soleilPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Alors que je suivais, via un réseau social, l’un des récits personnels et individuels de construction écologique auxquels je suis abonnée – récit montrant une expérience de bâti et de mode de vie économes en ressources comme en énergie –, une vidéo d’archives de l’Institut national de l’audiovisuel (Ina), est apparue sur mon fil. Intriguée par sa date, je l’ai visionnée. La vidéo de plus de 20 ans rapporte une partie du discours énoncé par Jacques Chirac devant l'assemblée plénière du IVe Sommet de la Terre le 2 septembre 2002 à Johannesburg, en Afrique du Sud. Sa substance en est limpide et dorénavant partagée par toutes et tous : « Le réchauffement climatique […] nous menace d’une tragédie planétaire. Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs. […] Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. »
Entêtant, le propos a continué de résonner et la colère est peu à peu montée. Elle est apparue quand, début février, le gouvernement a annoncé la mise sur pause du très emblématique plan Ecophyto. Déjà malmené, voici qu’on anesthésie le seul outil qui vise à réduire de moitié l'utilisation des pesticides d'ici à 2030 et à accélérer la recherche d'alternatives aux « biocides » dont la nocivité n’est plus à démontrer sur la santé des agriculteurs, de leurs voisins, des consommateurs, des rivières, des nappes phréatiques, des sols, des cultures menées en agriculture biologique.
La colère a grandi quand, le 18 février, le ministre de l’Économie a annoncé un rabot de 1 milliard d’euros sur les crédits alloués à MaPrimeRénov' après que cette dernière a, une nouvelle fois, été modifiée pour tenter de venir à bout des 5 millions de logements « passoires thermiques » que compte la France. Ou comment ajouter l’ombre de l’austérité à la sensation de chaos !
Elle s’est enfin renforcée quand, dans la même annonce, a été mentionnée la modification des règles de calcul du DPE* pour les logements de moins de 40 m2. Une mesure qui conduira sans nul doute à l’inaction. Pire, selon les termes d’Olivier Sidler, porte-parole de négaWatt et expert en conception énergétique, à « verdir » une partie du parc de logements sans modifier les dépenses des ménages ni réduire la précarité. Interrogé par Le Monde, ce spécialiste résume parfaitement la situation : « Le gouvernement s’apprête à changer le thermomètre, mais pas la fièvre ! » Sociale et environnementale, pas de doute : tout comme les raisons de la colère, la fièvre a indiscutablement de quoi être au plus haut.
*Diagnostic de performance énergétique. AMC #321 : LINK - GABRION - ITAR - MASQUESPACIOPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Aux yeux du grand public, le métier d'architecte se résume à une alternative simple, définie par la ligne séparant le dedans du dehors : « Vous êtes architecte d'intérieur ou d'extérieur ? » Cette interrogation est aujourd'hui dépassée, alors que le terme remplace le plus techno « ingénieur » dans le langage courant. Les annonces d'emploi regorgent d'offres à l'attention d'architectes d'entreprise, d'architectes des réseaux ou d'architectes logiciel, un métier qui répond au code Rome M1805, surclassant le product owner et le data scientist sur le podium des professions IT les mieux payées. Sans parler de ce pâtissier autoproclamé « architecte du goût »…
Tandis que l'architecte sans architecture prospère, l'architecte d'architecture, lui, se démultiplie. Dans le cadre de France 2030, une équipe du laboratoire de recherche LET-Lavue s'est penchée sur les pratiques atypiques(2). Ce phénomène identifié depuis plusieurs décennies constitue en 2023 un « fait majoritaire », avec plus de 53 % de non-inscrits à l'Ordre (lire p.10). « Le diplôme, et après ? », pouvait-on déjà lire dans l'étude dirigée par Raymonde Moulin en…
1973 !(2) Un demi-siècle plus tard, seuls 3 % des non-inscrits à l'Ordre se réorientent vers d'autres branches et quittent le monde de l'architecture. Les autres exercent des métiers en lien avec l'architecture sans tenir le crayon du maître d'œuvre. Pour les écoles, cette mutation suppose une remise en cause profonde, une adaptation des formations et des cursus. Pour la profession, elle impose une redéfinition de son identité. Le LET-Lavue a déterminé sept familles de métiers, réparties dans l'assistance à la maîtrise d'ouvrage, la médiation, la Moex… Entre elles, les intérêts divergent et les rapports ne sont pas toujours au beau fixe. Comment ces relations se règleront-elles ? Qui sera inscrit à l'Ordre ? Surtout, l'architecture et le territoire gagneront-ils à cet élargissement, à cette synergie d'intervenants rompus à la culture architecturale ?
Le cercle des architectes a souvent déploré la méconnaissance de ses interlocuteurs en matière d'architecture. La parole de leurs pairs atypiques palliera-t-elle cette défaillance, et mènera-t-elle à davantage de compréhension entre la maîtrise d'œuvre et le grand public ? Typiques et atypiques, unissez-vous ! Exé #55 : Rénovation thermiquePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jordi PatillonEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Nouvelle année, nouvelles perspectives, nouveaux projets... Mois toujours la volonté de mettre en avant dans ces pages la création architecturale de qualité, celle qui façonne, transforme et embellit nos espaces de vie du quotidien. Une école, des bureaux, une médiathèque, des logements... Ce numéro 55 offre encore un vaste spectre de programmes et de terrains de jeux pour les architectes de notre Hexagone. Cette revue s'ouvre le long des fronts de mer, avec des aménagements soumis à des enjeux aussi bien esthétiques que fonctionnels et durables. Souvent emblématiques, ces espaces publics stratégiques sont à la croisée de préoccupations contemporaines liées à l'identité urbaine, à la connectivité sociale, à la revitalisation ou encore à la préservation des paysages. Les projets qui y naissent ne peuvent s'émanciper de l'histoire même du site, d'une harmonie nécessaire entre l'ancien - voire parfois le patrimonial - et le contemporain. Une réécriture de la ville sur la ville, un délicat exercice de couches respectueux du souvenir collectif. D'Architectures #314 : Village des athlètes : une ambition à l'épreuve du réelPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Alors que personne ne propose de solutions crédibles pour sortir de la crise du logement – peut-être parce qu’à court terme il n’y en a pas et qu’à long terme il faut un sacré courage politique –, une petite ville de 52 hectares accueillant notamment 2 807 logements vient d’être livrée en Seine-Saint-Denis en « seulement » trois ans d’études puis trois ans de chantier. Quand on veut, on peut, serait-on tenté de conclure… Ce Village des athlètes, qui accueillera 14 500 sportifs pendant les Jeux olympiques avant d’être habilement transformé en logements, se voulait la vitrine des savoir-faire français, n’incarnant rien de moins que « l’urbanisme du XXI e siècle grâce à sa performance énergétique, sa neutralité carbone et une forte valorisation de la biodiversité ». Pendant qu’à Notre-Dame on nommait un général de corps d’armée pour mener le chantier à terme, le Village olympique se trouvait un amiral en la personne de l’académicien Dominique Perrault qui, en roi de la métaphore, proposait un urbanisme tout militaire avec de grands navires amarrés aux berges. Furent ensuite convoqués des urbanistes, des paysagistes et des architectes parmi les meilleurs de leur génération afin que ce plan d’une redoutable efficacité puisse répondre aux promesses d’un aménagement « désirable », « imaginé pour favoriser le “vivre-ensemble” et le développement d’une société inclusive 2 » (sic). On s’est vanté d’employer massivement du « béton bas carbone », cet oxymore, puissant agent du greenwashing ; tout devait être biosourcé, en bois et hautement recyclable, mais les promesses chiffrées annoncées lors du lancement de l’opération ont aujourd’hui disparu des sites promotionnels. Les délais, plutôt courts, et les objectifs mirobolants de neutralité carbone ont eu le mérite, une fois confrontés à la dure réalité des réglementations et du marché, de montrer à quel point la révolution du monde de la construction est encore loin de solutions à l’échelle des défis environnementaux. En attendant, on se réjouira d’innovations qui, à n’en pas douter, entreront dans les annales des Jeux, comme ce système de recyclage du caca dans les sous-sols d’un immeuble 3 ou ces « bulles d’air purifiées ». Il faudra cependant attendre le départ des athlètes et l’arrivée des habitants pour juger de l’aménité de cet imposant morceau de ville qui n’a rien d’un village gaulois. A Vivre #134 : Nos espaces de viePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Nathalie DegardinEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : "La maison devrait être coiffée au trésor de la vie". Cette réflexion attribuée au célèbre architecte français Le Corbusier a été de nombreuses fois citée dans cette période si proche et si lointaine des longs confinements de 2020. Elle remet au centre ce qui devrait caractériser notre lieu de vie : un espace repère, un écrin qui nous caractérise et dans lequel l'on se sent avant tout bien. AMC #320 : BARANI - CHRIST & GANTENBEIN - V2S / NAS - PERRAUDINPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Ensevelie sous des topiaires jaillissant d'une prairie pentue, une fenêtre coulissante peine à trouver sa place dans un environnement où la nature a, selon l'expression consacrée, « repris ses droits ».
L'arrière-plan l'atteste : nous sommes bien dans une grande ville, et sur le toit d'un immeuble. Un sommet de greenwashing ou un aperçu de l'architecture de demain ? Si l'image en couverture de ce numéro donne un aperçu du futur de l'architecture, c'est moins par ce qu'elle montre que par la manière dont elle a été conçue. Produite par l'architecte Jean Jacques Balzac au terme de descriptions textuelles (prompts) et de sélections, elle a été modelée par une intelligence artificielle. Un outil apparu presque par surprise, tandis que les multivers et autres blockchains accaparaient notre attention.
Flamboyante et soudaine, l'IA se montre beaucoup plus ludique que les piteux métavers et beaucoup moins laborieuse que les chaînes de blocs. Elle fait de l'ordinateur une machine pensante incitant chaque métier à se remettre en question. L'abolition de la frontière entre le vrai et le faux, préoccupante dans le domaine de l'information, ne concerne l'architecture que de façon marginale.
Qui tromper en prétendant que Le Nôtre serait revenu planter la toiture d'un trophy asset du Triangle d'or parisien ?
Qui, au XVIIIe siècle, croyait qu'existaient quelque part les prisons gravées par Piranèse ? Le foisonnement d'édifices étranges ou loufoques accompagnant le lancement de cette technologie indique que l'IA parle en premier lieu à l'imaginaire des architectes, agissant à la manière d'une lampe d'Aladin commandée par la souris.
Au-delà du visuel, elle peut automatiser une série de tâches fastidieuses. Ira-t-elle jusqu'à remplacer l'architecte ? Deux batailles s'annoncent. La première est de bâtir des outils propres, pour préserver la conception architecturale d'intrusions venant de l'ingénierie et de l'industrie. Le second enjeu tient au machine learning. Les réponses générées par l'IA dépendant de ses connaissances, il s'agit de faire ce qui échappe encore à la majorité des humains : lui apprendre l'architecture ! Laquelle et pourquoi ? C'est là toute la question. « Le médium est le message » affirmait Marshall McLuhan. Et en tant que médium, l'IA impose autant un environnement et ses logiques - de travail, de réflexion -qu'elle trace des plans et des images. Le mage serviable ajoutera-t-il son nom à la liste des tyrans conceptuels, déjà nombreux ? La Maison écologique #139 : La balle de riz pour isolationPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Pas de résignation ! Même si 2023 s’achève sur une COP 28 aussi décevante (l’appel à la sortie des énergies fossiles n’est toujours pas lancé) qu’encourageante (le texte final appelle toutefois à « transitionner en dehors des énergies fossiles », reconnaît « les responsabilités communes, mais différenciées » des États dans l’urgence actuelle et intègre « les capacités respectives de chacun » dans la lutte contre le changement climatique). Au sein de la rédaction du magazine LME, l’année 2024 sera à nouveau celle de l’optimisme et d’une vision pratique de la transition écologique de nos habitats vers la sobriété, l’autonomie et la résilience. Tel un chantier de rénovation performante s’appuyant sur l’existant pour aller encore plus loin dans la boucle vertueuse des économies d’énergie et de carbone ! Car cette année, nous voulons encore titiller le réflexe rénovation, toujours questionner la taille de nos habitations, sans cesse souligner l’intérêt de se regrouper pour créer une manière alternative d’habiter ou se loger.
À peine sortis de nos échanges fructueux et fertiles pour mettre en œuvre ces récurrentes mais non moins excellentes résolutions, nous voilà déjà attelés à préparer les futurs contenus de votre bimestriel préféré pour vous livrer des enquêtes et reportages utiles aux changements de pratiques ou aux choix constructifs économes (à commencer pour ce numéro par la balle de riz (p. 14), à repérer un maximum de sources pertinentes pour analyser et apporter un regard critique sur les équipements et les techniques en évolution constante (pourquoi pas du bois de résineux dans votre poêle ? p. 22), à aller à la rencontre d’habitants et d’acteurs de l’écoconstruction inspirés et inspirants (un élu qui soutient les habitats légers p. 63, un atelier qui transforme des lattes de lit usagées en chaise design p. 70).
Dès aujourd’hui et pour 2024, ce riche programme, n’attend plus que sa touche finale : la vôtre ! Pour qu’elle soit pleinement nourrissante, continuez de nous faire part de vos attentes et de vos interrogations sur les bons gestes, les techniques et les matériaux qui attisent votre curiosité. Car la plus porteuse de nos motivations, c’est vous ! A Vivre HS #60 : 1001 solutions d'architectesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jordi PatillonEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Mais y a-t-il vraiment ces "1001 solutions d'architectes" si fièrement annoncées en couverture de ce numéro hors-série exceptionnel de début d'année? Si la promesse semble ambitieuse, il y a finalement fort à parier qu'il y en ait en réalité... bien plus ! Architectures CREE #407 : Dossier FaçadesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Karine QuédreuxEditeur : MEDIARECLAME PUBLISHING MEDIAREKLAM PUBLICHINGDescription : Immuable, le rituel de la « machine à café » revient sur le devant de la scène pendant que l’univers du bureau fait sa révolution. Probablement une façon de rattraper le lien social qui désunit les collaborateurs sur le temps du télétravail. Condition d’ailleurs très inégale puisque seuls 55 % des salariés y ont accès en France. Dans ce nouveau schéma « économique », faut-il le préciser, le flex-office s’illustre par la mise en place d’environnements dynamiques, propices à générer de la rencontre et de l’échange. Mais à considérer les efforts entrepris, le modèle hybride doit encore faire ses preuves s’il veut convaincre ! La qualité des espaces comme levier de fidélisation et d’attraction des talents s’invite de fait dans les débats. Dans notre dossier Tertiaire Bureaux (p. 112), les solutions architecturales évoquées sonnent comme des pistes qui font sens. Car s’il s’agit bien de redonner l’envie de retourner au bureau, leur préséance vaut d’y associer le cercle vertueux d’une démarche environnementale globale qui nous préoccupe tous. De toute évidence, le « Faire mieux qu’à la maison » invoque en ce sens l’urgence de « Faire de l’entreprise un lieu plus désirable » ! Et pendant ce temps, la COP28 tergiverse pour finalement se satisfaire « d’une transition hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques » mais sans préciser la moindre échéance. Si l’ambition demeure, d’aucuns en regretteront le manque de cap, chaque pays pouvant continuer à servir sa cause... Dans cet accouchement climatique difficile - sachant qu’à fin 2023, nous aurons déjà atteint + 1,43°C pour un objectif de neutralité carbone fixé à + 1,5°C à l’horizon 2050 - les efforts auront-ils été vains ? Tournons-nous donc vers la nouvelle génération d’architectes pour nous réchauffer le cœur ! Talentueux et bons élèves, qui se sont jetés avec conviction dans la bataille de la durabilité. Sans autre choix certes, compte-tenu de la réglementation, mais l’exemplarité de leurs réalisations et de leurs réflexions exprimées dans notre dossier Façade (p. 64) rend le challenge passionnant dans la technique et la créativité. Le virage entrepris est ni plus ni moins celui d’une régénération de l’architecture pour construire un monde meilleur. C’est ici l’occasion inespérée pour nous tous de prendre du recul quant à notre situation, celle de l’avenir de l’architecture mais aussi celle, plus générale, de notre humanité : cassons les codes du moins-disant, abandonnons notre individualisme forcené pour anticiper le futur des nouvelles générations. En bref, donnons du sens et de la valeur à nos entreprises. Regardons enfin avec fierté le travail accompli par ceux qui nous ouvrent la voie. Excellente Année 2024 à tous ! AMC #319 : 2023 Architecture en FrancePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Alors qu'elle fête sa 41e édition, que dit l'Equerre d'argent de notre époque ? Dans cette phase de transitions multiples, elle entend montrer que l'architecture n'est pas un art d'exception. A la façon de la « démocratie des images » de Walker Evans, accordant par la photographie une valeur à tous les sujets, la centaine de projets de ce numéro instaure une « démocratie de l’architecture ». Dans son utopie, elle ne prétend plus résoudre tous les problèmes mais se doit de faire partie de la solution. L'un des premiers enjeux touche au territoire, qui ne se cantonne plus aux métropoles, mais implique de petites communes loin de tous les réseaux d'échanges, telles que la Selle-Craonnaise (groupe scolaire, Huitorel & Morais arch., prix de la Première Œuvre). Ou ces territoires mieux connectés au sein desquels l'architecture semble superflue, ces zones d'activité de Pierrelatte, Miserey, Louviers, que les agences EGR, Concorde et LG-A ont cherché à tirer du néant auquel les vouaient les PLU et la négligence. Dans les villes en difficulté, en prolongement parfois de programmes de l'Etat, l'architecture sert de catalyseur au changement, recrée des lieux de vie (marché de Saint-Dizier, Studiolada arch.). Aux maîtrises d'ouvrage aguerries, dont l'engagement doit être reconnu, se mêlent d'autres, moins expérimentées mais audacieuses. Sur le plan constructif se côtoient techniques marginales et solutions témoignant d'un goût pour l'assemblage dans l'optique bas carbone (centre de soins à Meulan-en-Yvelines, Tolila + Gilliland, prix Activités). Au-delà des labels, ces projets créent un environnement vivable - la véritable mission de l'architecture. Ils développent une innovation hors-tech propre à la discipline, basée sur des principes simples, quitte à s'aventurer hors des sentiers réglementaires, en bonne intelligence avec les pouvoirs publics (32 logements à Bordeaux, A6A, prix Habitat). Ces architectures coproduites deviennent des lieux du lien. Enfin, le palmarès compte trois réhabilitations, à Reims (Osty et Associés, pays.), Lyon (Vurpas) et Paris (FBAA et h2o). Ce dernier projet remporte l'Equerre d'argent avec un programme de logement social. Un symbole bienvenu de renouveau et de continuité pour clôturer une année au cours de laquelle de trop nombreuses personnalités ayant marqué ces cinq dernières décennies nous ont quittés. Puisse leur héritage s'intégrer et s'épanouir dans l'architecture qui vient, à l'image de ces structures existantes devenues des ressources d'avenir. A vivre #133 : Intérieurs d'architectesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Nathalie DegardinEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Repousser les murs
La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Parfois elle nous bouscule, en attendant des jours meilleurs; souvent ses remous nous incitent à aller de l'avant. A sortir de notre zone de confort, pour justement gagner à termes en qualité, en bien-être quotidien. Il en est ainsi de notre maison, elle nous rassure parfois parce qu'on la croit immuable. D'architectures #313 : La scène architecturale slovaquePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Et si la crise du logement était une bonne nouvelle ?
Pour les 13 % de mal-logés en France, ce n’est certes pas une bonne nouvelle, mais doit-on vraiment plaindre un secteur de l’immobilier privé qui, ces dernières années, a fait des milliards de bénéfices en produisant un habitat généralement médiocre et sans pour autant produire assez de logements ? Doit-on regretter que l’on ne puisse plus détruire assez de terres arables pour étaler un pavillonnaire qui tue les villages et détruit les paysages ? Doit-on se réjouir que – comme en 2008 – on demande aux bailleurs sociaux, qui font plutôt bien leur travail, de racheter les invendus du secteur privé ? En clair de les obliger à acquérir des « produits » qui n’ont pas les standards de qualité qu’ils auraient exigés de leurs architectes. Vite ! Il faudrait que l’État injecte des financements alors que s’amplifie la mauvaise fluidité des parcours résidentiels, que 30 % des ménages voudraient déménager pour des logements plus petits ? Que près de 9 millions de logements peu occupés comportent au moins trois pièces de plus que de personnes, quand 1,5 million de logements sur-occupés comportent moins de pièces que d’habitants* ? Et puis ne faut-il pas prendre au mot le président de la République qui a déploré qu’avec les niches fiscales, on ait « créé un paradis pour les investisseurs immobiliers » ? Gageons qu’il doit se réjouir que l’ONG Oxfam, dans son rapport du 4 décembre 2023**, dénonce le désengagement de l’État qui depuis des décennies a bénéficié au secteur privé et aux investisseurs financiers, générant un système qui « transforme le logement en un produit financier, et aboutit à une gestion avant tout “financière” du logement ». Un secteur qui, rappelons-le, sans qu’aucune responsabilité lui ait été conférée, décide souvent seul, et suivant ses objectifs de profits, du monde que nous habitons.
L’approche quantitative et financière du logement est un échec patent et un facteur d’inégalités. La crise actuelle devrait nous pousser à remettre en cause ce modèle délétère. Elle relève évidemment de causes multiples : hausses des taux d’intérêt, refus massifs des maires de construire sur leur commune, augmentation du prix des matériaux, profits inutiles et indécents des promoteurs immobiliers, marges confortables des entreprises du BTP, mauvaise fluidité des parcours résidentiels, ratés de l’aménagement du territoire… Espérons alors que si l’État intervient financièrement, ce soit d’abord en réinvestissant chez les bailleurs sociaux et qu’ensuite il se saisisse de cette opportunité pour transformer et assainir ce modèle obsolète. Un système où l’intérêt public retrouvera son rôle, ou construire des nouveaux logements pourra se réduire à autre chose que des « macrolots », en transformant par exemple les bureaux en logements, en facilitant toutes les initiatives individuelles pour densifier le parc pavillonnaire (comme le promeut le collectif iudo), en encourageant la mobilité résidentielle, en stimulant l’adaptabilité du bâti… bref, un monde où les architectes devront eux aussi s’adapter pour rester indispensables. Séquences Bois #143 : PédagogiesPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Anne-Sophie GouyenEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Apprendre à (dés)apprendre ?
Si l’on se demande ce que l’on devrait enseigner dans les écoles aujourd’hui pour donner aux architectes – et aux citoyens - la conscience d’une responsabilité, tant professionnelle que sociétale, ne faudrait-il pas plutôt apprendre à (dés)apprendre ? C’est la condition pour pouvoir dépasser nos a priori, remettre nos intuitions à leur juste place, bénéficier de nos différences, sortir de nos idéologies et de nos certitudes, explorer des territoires inconnus et imaginer les pistes qui nous permettront, peut-être, de résoudre les véritables problèmes auxquels nous sommes confrontés.(2)
Dans cet objectif, il semblait important de faire état de l’enseignement de l’architecture, à la rencontre de pratiques pédagogiques diverses. S’il ne s’agit pas d’opposer des approches ou de penser que l’une pourrait prévaloir sur l’autre, il est bien question d’identifier des conduites et des parcours qui peuvent produire des résultats différents (3) pour donner la possibilité à celui ou celle qui veut apprendre, d’adopter un regard critique et de choisir en conscience, parmi la multitude d’approches offertes. Alors que certains prêchent que pour déconstruire les manières d’enseigner, il faut construire autrement, d’autres s’attardent sur le déjà-là, afin d’apprendre, parfois, à ne pas construire, non pas dans une attitude de renoncement mais dans une plus grande mesure (3) : « c’est une autre histoire de l’architecture qu’il faut arriver à révéler, et c’est le rôle des écoles ». (4)
Si la question du bois peut sembler s’éloigner du sujet de ce numéro, elle n’est en réalité jamais loin : il reste le matériau le plus utilisé dans ces démarches expérientielles, et prend tout son sens dans la valorisation des savoir-faire que ces pédagogies tendent à transmettre. À travers le large éventail d’établissements en construction bois, d’échelles et de niveaux différents, il est aussi possible de questionner la conception spatiale et matérielle, au regard de l’apprentissage : les lieux transforment-il la pédagogie ou la pédagogie transforme-t-elle les lieux ?
Ces questionnements s’ouvrent sur le classement des agences et des bureaux d’études engagés dans une démarche bas carbone, auquel nous essayons, aussi, de donner une valeur pédagogique. Ce qu’il faut lire entre les lignes de ce tableau compétitif, c’est surtout comment continuer à apprendre ensemble, les uns des autres, à construire autrement !
(1) Expression empruntée à Patrice Doat, dans l’ouvrage Les Grands Ateliers, Anne-Monique Bardagot - (2) Propos d’Henri Van Damme, dans l’ouvrage Les Grands Ateliers, Anne-Monique Bardagot - (3) Introduction du livre vert d’ENSA Eco- (4) Penser-Faire, Quand les architectes se mêlent de construire, P. Lefebvre, J. Neuwels, JP. Possoz- (5) Propos recueillis de Yann Legouis Construction moderne #165PériodiquesAnnée : 2023Auteur : Claire BarbouEditeur : CIMBETON SINBETONDescription : La transformation est bien là, au centre des territoires, des villes, de l’architecture. Elle concerne les acteurs de la réalisation d’un bâtiment, les équipes de mise en œuvre, mais aussi l’usage des matériaux et la recherche pour de nouvelles compositions. Le Trophée béton, une distinction adressée aux architectes comme aux étudiants en architecture, est un observatoire de ces mutations. Il raconte à travers des réalisations remarquables sélectionnées, inscrites dans le temps, l’emploi du béton dans l’histoire de la ville. En valorisant maîtres d’ouvrage, architectes, chercheurs, industriels, ingénieurs, historiens, entreprises, compagnons, le Trophée béton témoigne des évolutions de l’acte de construire. Les projets des étudiants et des architectes primés ou présentés dans Construction Moderne sont sélectionnés pour la cohérence d’une mise au point exemplaire dans la réalisation d’un ouvrage, de la conception à la réalisation. Grâce à ce lien étroit entre tous les intervenants d’un projet, les bâtiments présentent des qualités d’usage, constructives et environnementales exemplaires. La transmission est essentielle dans tous les projets distingués : un lien étroit existe entre héritage et avenir, méthodes traditionnelles et nouvelles technologies. Dans le même esprit, les organisateurs du Trophée béton accompagnent le projet des Archi-Folies, olympiade culturelle portée par le ministère de la Culture pour les Jeux olympiques et paralympiques 2024. Ce formidable travail collectif fédère de nombreux opérateurs culturels, les écoles d’architecture, les professeurs, les fédérations sportives et de nombreux partenaires… Cette émulation favorise une nouvelle culture constructive et l’expérimentation de tous les matériaux, dont les bétons. Car il n’existe pas un béton mais des bétons. La transformation de la matière a un impact directement environnemental, mais offre aussi de nouvelles capacités constructives qui sont de belles opportunités pour les architectes. Paul Chemetov, président d’honneur de Bétocib et l’un des fondateurs du Trophée béton, soulignait lors du dernier jury du Trophée béton « que nous n’en étions qu’au début de l’histoire du béton ». La maison écologique #138 : Confort, énergie, esthétique : Rénovons les pavillonsPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Chez les marchands de journaux, le début de l’automne a été propice aux thématiques autour de la maison. Mais pas n’importe lesquelles ! En allant acheter mon journal dans le rayon presse, l’esprit en veille sur ce que produisent nos cousins du secteur de l’information, je me suis d’abord arrêtée sur la Une de nos confrères et consoeurs spécialistes de la défense des consommateurs. Le magazine Que Choisir a offert dans ses pages une mise en test de sept références de pompes à chaleur air-eau, un mode de chauffage électrique actuellement porté aux nues par les aides à la rénovation. Parfois contre-productif, ce dernier sera finalement et heureusement banni des formulaires MaPrimeRénov’ pour les passoires thermiques dont le DPE est classé F ou G. Du côté de Système D, mensuel adepte du bricolage et de la rénovation, ce sont les combles qui sont à l’honneur. Avec un objectif : leur adjoindre cloisons et isolant pour étendre son espace habitable. Parmi les nombreuses solutions présentées, un pas à pas traite de la pose du coton recyclé. Au bureau le lendemain, lors de la traditionnelle revue de presse, je découvre que L’Âge de faire, journal au fonctionnement pareillement coopératif à celui de La Maison écologique, consacre son nouveau dossier à l’isolation en bottes de paille, avec ce titre évocateur : « Sous le béton la paille. » Se félicitant au passage dans l’édito qu’en enveloppant son propre bâtiment avec cet isolant des champs, l’équipe annule le bilan carbone total moyen d’au moins deux Français.es sur la totalité de leur existence. En tissant ce fil d’info, le tableau est clair. Le chauffage bas carbone, l’isolation écologique et le recours heureux aux biosourcés sont des sujets devenus incontournables ! Et leur traitement s’est généralisé. Une bonne nouvelle ! Mais pour le candidat à la rénovation, il faudra toujours envisager le chantier de manière non-cloisonnée, en agençant chaque sujet pour créer un habitat performant et écologique, du sol à la toiture isolée, des murs aux cloisons et en passant par le chauffage. Voilà pourquoi et comment votre vénéré magazine a voulu explorer la rénovation des pavillons. De manière globale et cohérente ! Présents sur l’ensemble du territoire, parfaits candidats aux gains de performance, ils regorgent d’occasions de mettre à l’unisson les solutions sobres et écologiques pour se créer un cocon douillet tout en accélérant la réduction des émissions carbone et les consommations d’énergie liées au chauffage. À vos pages, prêts, lisez ! EXE #54 : TerrePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Clémentine RolandEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Aborder les sujets de la construction en terre et de l'architecture d'urgence dans un même numéro n'évoque que trop les répercussions du violent séisme qui a frappé le Maroc en septembre dernier. S'ajoutant à un bilan humain tragique, près de 26 0000 maisons ont été démolies ou partiellement détruites, parmi lesquelles, dans la région du Haut Atlas, de multiples auto-constructions traditionnelles en pisé, capables de s'adapter aux forts écarts de température caractéristiques de cette région mais difficilement aux tremblements de terre. Matières #20 : La Steel-In 2023 ; l'acier paré pour le réemploi et l'économie circulairePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Nicolas MichelinEditeur : CONSTRUIRACIER KONSTRUIRASIDescription : Actuellement dans le monde de la construction on entend beaucoup « les temps sont difficiles ». Effectivement, tout s’accumule : crise de l’immobilier – à ne pas confondre avec la crise du logement – hausse des taux et des matières premières, incertitudes politiques, montée des extrêmes, guerres, terrorisme… Et par-dessus tout cela l’effondrement de la biodiversité, le réchauffement climatique et ses conséquences graves. L’architecture, l’urbanisme, l’ingénierie sont déboussolés. Le réchauffement climatique ne marque pas une crise mais un bouleversement. La crise finit par passer et on peut reprendre plus ou moins les habitudes d’avant. Avec un bouleversement, il n’y a pas de retour en arrière, les méthodes d’hier ne sont plus bonnes pour aujourd’hui, il faut changer de paradigme, penser la construction autrement. Autrement ? Mais comment ? Les débats sont vifs, depuis : « il ne faut plus construire et uniquement rénover, réparer, recycler » – attitude qui panique les politiques et le monde de l’immobilier, jusqu’à : « il faut construire impérativement décarboné et en bois », qui rend l’acte de construire quasi impossible économiquement. Mais globalement l’inertie du secteur fait que l’on essaie cahin-caha de continuer comme avant, avec de nouvelles astuces et techniques constructives. Et si c’était le site qui faisait le projet ? Et si, avant toute chose, on regardait attentivement le lieu où l’on est supposé construire en se laissant guider par ce qu’il nous dit ? Car les sites nous parlent ! Peut-être faut-il ne rien construire, peut-être juste « renaturer » et poser deux trois petits volumes, peut-être construire haut et avec peu d’impact au sol, peut-être ne s’inscrire que dans le relief de manière linéaire, peut-être retracer la noue oubliée et restaurer les haies derrière lesquelles peuvent prendre place des maisons. Peut-être, peut-être… Si on les analyse de manière ultra contextuelle, les sites nous donnent le projet sur mesure. Et celui-ci, une fois construit, sera presque invisible, ordinaire comme s’il avait toujours été là : par rapport aux vents – pour se rafraîchir, par rapport à l’ombre et la lumière – pour produire son énergie, par rapport aux voisins, par rapport au sol qu’il utilise en inertie, par rapport au paysage qu’il complète... C‘est un projet ordinaire-extra qu’on ne remarque pas mais qui, lorsqu’on s’y attarde, est magnifique, contemporain et juste, de proportions, de couleur et de matière. C’est cela un projet écologique avant toutes autres considérations techniques de biosourcé, de cycle de vie ou de bas carbone. Un bâtiment réussi est celui qui donne l’impression d’avoir toujours été là. Changer de paradigme c’est cesser de projeter un programme sur un terrain, mais faire en fonction de ce qu’autorise ce terrain, car c’est le site qui fait le projet et le projet qui fait la règle. Voilà un nouveau paradigme qui, à y réfléchir, va à l’inverse de nos pratiques actuelles AMC #318 : Beaudoin/MGM - O-S/NAS - Brugel/H2O - BASTPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Le XXIème siècle s'annonce plus que jamais comme le siècle des villes, où vivent désormais 80% des habitants de la planète. Face à des ensembles difficilement réformables, nombreux sont les Etats qui édifient des villes nouvelles, supposément smart et écologiques. Mais aucun n'est allé aussi loin que le royaume saoudien (/ire p. 10). « Gorbatchev des sables » issu du sérail comme l'ancien dirigeant soviétique, le prince héritier, Mohammed ben Salmane (MBS) semble reprendre à son compte le défi de l'architecte de la perestroïka : ouvrir la société tout en préservant la réalité d'un pouvoir autoritaire et clanique. Pour cela, il recourt à une vieille astuce bizarre, rarement employée à cette échelle : changer la ville pour changer la vie, en plaçant son pays parmi les centres du monde de demain. Le temps presse, car la fin de la rente pétrolière se dessine à l'horizon 2030. Bientôt roi, déjà Premier ministre, urbaniste en chef de son pays, MBS dispose de l'autorité et de la coercition qui siéent aux grands projets d'aménagement à mener dans l'urgence, et d'un pays désertique où déployer sa vision : des villes de pixels dopées au luxe, aux jeux vidéo et aux techniques de pointe. Le Mukaab de Riyad, cube de 400 m de côté équipée d'un écran immersif, fera passer la monumentale Sphère de Las Vegas pour un jouet d'enfant (/ire p. 8). Ces gigaprojets parviendront-ils à séduire des milliers d'expatriés conviés dans une Arabie saoudite réinventée ? Ils ont d'ores et déjà envoûté une myriade d'architectes occidentaux, fascinés par des échelles de projet disparues d'Europe et des Etats-Unis. Comme The Line, une barre de 170 km de long sur 500 m de haut et 200 m de large - prévue pour concentrer 9 millions d'habitants sur 34 km2 -, version agrandie du dispositif où Rem Koolhaas imaginait, dans les années 1970, enfermer des habitants « prisonniers volontaires de l’architecture ». Pourquoi contribuer à une réalisation aussi inhumaine et absurde ? Certains pensent que le projet « atterrira » et gagnera en réalisme au pied du chantier. D'autres cachent à peine leur scepticisme, la perspective de l'échec servant sans doute d'excuse pour avoir franchi cette ligne. Au regard des temps longs de l'urbanisme et de l'aménagement, le pari de MBS apparaît comme une fuite en avant désespérée. Instant City, la ville instantanée, n'existera jamais que dans les dessins d'Archigram. Peter Cook, ancien membre du groupe britannique et consultant actif sur The Line, observe le projet en entomologiste, curieux de savoir si ce phasme géant arrivera à sortir des sables. Une expérience grandeur nature à l'échelle de planète, considérée ici comme un vivarium architectural. D'Architectures #312 : Dossier : Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais : l'héritage comme ressourcesPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Monument vivant
Dans notre imaginaire, le monument est associé à des édifices emphatiques ou à des tombeaux. L’idée de le qualifier de « vivant » peut donc surprendre, comme si les deux termes étaient antinomiques, car nous viennent à l’esprit une pyramide, une cathédrale ou une villa Savoye, bâtiments qu’il serait inconcevable de modifier. Le monument, « chose dressée pour la mémoire du futur », est souvent fétichisé au nom d’un passé idéalisé, enserré dans une nostalgie mortifère. En inscrivant le Bassin minier du Nord-Pas de Calais sur la Liste du patrimoine mondial au titre de « paysage culturel, évolutif et vivant », l’UNESCO et ceux qui ont bataillé pour cette inscription se sont judicieusement démarqués de cette vision passéiste. Le patrimoine ne peut plus se réduire à une collection d’icônes instagrammables destinées à être vénérées par des hordes de touristes comme des reliques. Cette nouvelle manière d’envisager les questions patrimoniales fait écho à la révolution qui ébranle le monde de l’architecture depuis quelques années. Si la conception spatiale et l’intelligence constructive restent bien sûr les qualités essentielles qui légitiment le rôle social de l’architecte, les nouvelles générations sont beaucoup plus investies dans une vision élargie de leur mission. Liée aux enjeux environnementaux, cette prise de conscience politique – que l’on retrouve chez la majorité des lauréats du Prix d’architectures – témoigne d’abord d’un attachement fondamental aux questions de la préservation du bâti existant et à sa potentialité de générer des processus de projet au-delà de la commande initiale. Un élargissement aussi spatial – le paysage alentour – que relationnel, dans le dialogue qu’il tente d’instaurer avec les édiles ou les habitants. De l’Artois au Valenciennois, le Bassin minier est un paysage dont l’histoire a généré une richesse sédimentaire considérable, tant les trois derniers siècles y ont imprimé de bouleversements. Des riches terres agricoles à la révolution industrielle et ses mines de charbon, des guerres destructrices aux reconstructions et aux crises économiques, la région repose sur un patrimoine – tant humain que paysager – au formidable potentiel. Ce n’est pas tel puits de mine, terril ou même coron qui justifie cette patrimonialisation, mais la potentialité de relation et de transformation qui les unit à l’échelle du paysage. En ce sens, on peut dire que ce qui fait la richesse patrimoniale de cette inscription est encore à venir et c’est pourquoi elle relève pleinement de l’architecture. A Vivre #132 : Travailler à la maisonPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Jordi PatillonEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Royaume de l'extrême (qu'il soit climatique, topographique ou géologique), la montagne fascine autant qu'elle peut inspirer la crainte. Construire en altitude n'est donc jamais anodin, et les architectes doivent souvent rivaliser d'ingéniosité pour mener à bien des projets aussi singuliers que les paysages qui les abritent. Architectures CREE #406 : Automne 2023PériodiquesAnnée : 2023Auteur : Karine QuédreuxEditeur : MEDIARECLAME PUBLISHING MEDIAREKLAM PUBLICHINGDescription : La division de la discipline architecturale n’est pas l’apanage de notre époque contemporaine, qui oppose les échelles - celle de la ville, des espaces habités, des matériaux, ou encore des courants de pensée. « C’est dans les villes européennes que se sont affirmées, du XIIe au XVIe siècle, la plupart des libertés - économiques, politiques, sociales, culturelles, familiales, morales - qui caractérisent aujourd’hui les sociétés occidentales », rappelle Jean Haëntjens, économiste et urbaniste, directeur d’Urbatopie. Dans son dossier consacré à l’aménagement urbain, Architectures CREE interroge la complémentarité, ce lien tenu entre l’architecte et l’urbaniste face aux élus dont il s’agit coûte de coûte de gagner la confiance afin de fabriquer la ville vertueuse de demain. L’urbaniste s’installe-t-il chez l’architecte, à moins que ce ne soit le contraire ? Ainsi pourrait-on s’étonner de la déclaration de Christine Leconte, présidente du Conseil national de l’Ordre des architectes, à la Fondation Jean Jaurès le 17 mai dernier, dans le cadre du débat sur la place de l’architecture dans les politiques publiques : « L’architecture doit être pensée fondamentalement en interministériel tout en étant éminemment culturelle. Son positionnement situe la valeur que nous accordons à notre art de vivre ensemble. Aujourd’hui, elle est peu visible. (…) En fait, ce qui fait la ville, ce qui spatialise le projet démocratique, c’est l’architecture ». Aurait-on ici perdu la trace de l’urbanisme au profit d’une architecture toute puissante ? Certes non, car de poursuivre : « Quand des villes perdent toute qualité architecturale ou urbaine, des problématiques sociales, environnementales, de mobilités, d’habitat émergent alors. » Soyons donc toujours attentifs à ne pas alimenter cette lutte larvée entre les deux disciplines. Pascale Poupinot, présidente du Conseil français des urbanistes, instruit ce même discours revenant sur le rôle des agences d’urbanisme - l’un des acteurs paradoxalement les moins célébrés - dans la fabrique de la ville, rappelant l’importance d’une parole à plusieurs voix. La position de ces instances se rallie donc, et il n’est qu’à suivre le débat public sur la transition écologique pour finir de s’en persuader ! Il est de fait grand temps de redonner explicitement sa place à chacune d’elle pour gagner en qualité architecturale et urbaine afin de faire émerger un débat positif à tous les égards. À la question de savoir comment nous vivrons demain face au défi climatique, la réponse mérite de toute évidence une mutualisation des compétences. La Maison écologique HS #19 : Récup & réemploiPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Gwendal Le MénahèzeEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Sur les 37,8 millions de logements que comptait la France début 2022, l'Insee dénombrait 3,7 millions de résidences secondaires et 3,1 millions de logements vacants. Soit près d'un logement sur cinq inutilisé comme lieu de vie principal. Et c'est sans compter les montagnes d'autres bâtiments en quête de reconversion ; locaux commerciaux, industriels, agricoles, publics... Rien qu'en Île-de-France, la surface de bureaux vacants a presque doublé depuis la crise sanitaire du Covid et le développement du télétravail, pour atteindre 4,4 millions de m² mi-2022. Malgré ce grand vide qui prend beaucoup de place, on continue d'autoriser la construction de 431 800 logements neufs par an, qui grignotent encore et encore nos paysages. Et engloutissent nos ressources, puisque construire une maison consomme 1,2 t/m2, soit 40 fois plus de matières qu'une rénovation basse consommation. 51 millions de tonnes de matériaux ont été dévorés pour la construction neuve en 2015. À l'occasion de cet opulent festin, la construction nous recrache ses impacts sur l'environnement. L'ingénieur Bruno Peuportier a comparé les bilans environnementaux de la réhabilitation d'un bâtiment des Yvelines et de sa reconstruction à neuf : malgré la meilleure performance énergétique du scénario neuf (35 kWh/m2.an de chauffage contre 50), même après 30 ans le neuf traîne un bilan carbone global 45 % plus lourd, soit 252 kg d'émissions de CO2 de plus par m2 ! Sur le plan énergétique, l'expert Olivier Sidler estime « qu’une rénovation performante dépense trois fois moins qu’une construction ». Et la note environnementale serait bien moins salée si ces chantiers étaient menés en réemploi. Cerise sur le gâteau, quand la démolition régurgite 328 t de déchets par unité de travail* et la construction neuve, 34 t, la rénovation en rejette18 t. Alors, de toute évidence, transformons nos 213 millions de tonnes annuelles de déchets du BTP en ressources pour nos chantiers. Mais, sachant que 63 % du bilan carbone d’un bâtiment neuf sont attribués à ses matériaux et équipements, n'oublions pas de réemployer les bâtiments qui nous tendent les bras.
* 1 UT = 1 salarié, ce qui décorrèle en grande partie la production de déchets de la taille du chantier. A vivre HS #59 : Le meilleur de l'architecturePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Jordi PatillonEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Architecture à Vivre est la seule revue d'architecture et de design en France qui s'adresse au grand public. Elle a pour but de diffuser la qualité architecturale auprès d'un large public et plus particulièrement les thèmes de l'habitat et de l'univers de la maison, en expliquant de la façon la plus claire la logique d'un projet, son empreinte culturelle et environnementale, la fabrication de l'espace, les matériaux, le tout illustré par le point de vue de l'habitant, du concepteur et par une présentation détaillée des produits. AMC #317 : GHOTMEH - TOLILA+GILLILAND - STUDIO 1984 - JAQPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Comment meurent les bateaux et qui coud ma chemise ? Cette interrogation, apparue à la suite d'accidents dans des casses de navires et des usines textiles du Bangladesh au milieu des années 2000, se pose au quotidien dans nos sociétés industrialisées confrontées au défi de leur durabilité. La question porte autant sur les matériaux que sur les acteurs de la transformation de notre environnement, fissurant les mythologies comme celle de l'architecte démiurge. Une figure déjà bien écornée, à en juger le nombre d'architectes regroupés en collectifs ou derrière un sigle gommant les individualités. Qui peut encore croire, hormis pour des commodités légales, que le génie d'une personne métamorphose la société par ses idées miraculeuses ? Derrière l'architecte, une foule travaille à la patiente mise au point d'un bâtiment et à son développement en chantier ; et dans cette seconde ligne, très souvent des femmes, écartées du devant de la scène alors qu'elles représentent désormais la moitié des moins de 35 ans inscrits à l'Ordre et plus de la moitié des étudiants en architecture. Leur donner une visibilité pourrait-il faire émerger une nouvelle architecture ou y contribuer ? C'est le premier pas d'une longue marche pour l'égalité qui ne doit pas s'arrêter au genre. Derrière la domination masculine diffuse se cache une domination sociale bien mesurée : seuls 4 % des jeunes diplômés en architecture ont un père ouvrier(*). Dans la cohorte des invisibles, il faudrait aussi mentionner les légions de BET et entreprises, déterminants dans la réalisation d'une œuvre. Pour en finir avec l'invisibilité, les médias doivent prendre leur part, sans exclure de piste. Le cinéma, par exemple, n'oublie jamais de citer à chaque projection l'ensemble des participants à la fabrication d'un film, du réalisateur (l'architecte) au scénariste (le programmiste), en passant par l'accessoiriste et le décorateur (les entreprises), les matériaux musicaux et les opérateurs (les BET), pour finir par le producteur (la maîtrise d'ouvrage). Comme les films, les bâtiments mériteraient d'avoir leur générique. Lors des inaugurations, les architectes déplorent régulièrement de n'être jamais cités par leur maître d'ouvrage. Faut-il y voir une forme de morale : si vous invisibilisez les autres, vous deviendrez à votre tour invisible ? Exé #53 : Technique et activitéPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Clémentine RolandEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Aborder le sujet des bâtiments techniques et productifs, c'est parler d'industrie et d'économie, d'emploi et de qualifications, d'aménagement et d'ergonomie. C'est aussi parler des professionnels qui répondent au quotidien aux attentes d'usagers de services et de consommateurs exigeants. D'architectures #311 : Dossier : les lieux de la mort, le grand tabouPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Le pire endroit pour les morts ?
Il y en a dans tous les villes et villages de France, des lieux où l’on devrait avoir envie de se promener, des lieux qui devraient être les plus beaux parce que l’on peut y vivre des moments intenses, ou y rester peut-être pour l’éternité… Occupant de vastes superficies, souvent placés en plein milieu urbain, ils sont les parcs ou jardins qui nous manquent tant aujourd’hui.
Et pourtant qu’ils sont laids et sinistres nos cimetières, royaume du kitsch funéraire où règnent fleurs en plastique et plaquettes de granit poli venues de Chine. Le concept de nos cimetières, hérités d’un temps où l’on vivait pendant des générations sur la terre de nos ancêtres, est devenu complètement obsolète. Mais personne ne paraît remettre en cause ce monde, sans doute parce qu’on le subit dans l’urgence et le désarroi, parce qu’il est trop tard, parce qu’on préfère ne pas y penser, mais aussi parce qu’il est soumis au lobbying du business funéraire, bien installé.
Il n’y a qu’à voyager de Stockholm à Igualada en passant par Modène pour découvrir qu’un cimetière n’est pas forcément sinistre. Chez nous, leur conception ou leur entretien est confié aux services municipaux ou à des géomètres, rarement à des paysagistes ou des architectes. Il existe bien quelques rares et beaux exemples, que vous découvrirez dans ces pages, mais ils ne paraissent pas faire école. Une seule métropole, Montpellier, semble avoir pris la mesure du problème avec une magnifique extension de son cimetière de Grammont, réalisée par l’agence Traverses. Mais cette expérience, pourtant exemplaire, ne semble pas avoir ébranlé les mentalités ; les lieux des morts, qui accueillent près de 600 000 Français par an, posent des questions qui n’intéressent visiblement personne. Oui, pendant encore longtemps la France devrait rester le pire endroit pour les morts ! La maison écologique #137 : Buche et granulé : ça twiste pour les poêles mixtesPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Comment reprendre le cours classique de nos vies après chaque nouvel été ? L’insouciance furtive de la saison des cerises et des framboises dévorées, des perséides guettées dans l’obscurité du ciel et des pieds nus sur les sols réchauffés semble parfois presque impossible à conserver sur la durée. Difficile, en effet, de fermer les yeux sur la tragique récurrence des incendies dont le paroxysme s’incarne probablement dans les feux meurtriers qui ont ravagé en août l’île Maui de l’archipel de Hawaï. Une nouvelle fois l’eau a manqué dans la majorité des départements français alors même que la pluie a été d’une présence remarquée dans de nombreuses régions. Dans la Manche comme la Méditerranée, les victimes de l’exil recensées par les Nations unies dépasse le millier ces six derniers mois. Les conséquences du changement climatique ont intégré notre quotidien sans devenir pour autant supportables. Alors reprendre le cours classique de nos vies après la pause estivale appartient vraisemblablement au passé. Choquante, souvent violente, cette réalité de l’été meurtrier doit bien nous amener à nous transformer. Un peu comme le suggère le neuropsychiatre et psychanalyste Boris Cyrulnik, dont la définition de la résilience rejoint le cycle du deuil : une évolution nouvelle après l’ébranlement ; la faculté de passer d’un sentier raide, étroit et escarpé, à un chemin d’évolution, large et dégagé. Accepter sans se résigner ou encore parvenir à regarder pour imaginer de nouvelles manières de faire en somme. À l’humble échelle de l’habitat, la palette des actions est, comme l’est notre univers, en constante expansion. Et votre cher magazine veut au mieux suivre et faire connaître ces transformations, petites ou grandes. En baissant la consommation de ressources via la nouvelle offre en poêles mixtes bûche-granulé (p.35) et petits modèles adaptés aux habitats légers (p.65), en s’inspirant de rénovation et écoconstruction nourries de terre et de bois (p.14 et 26), en puisant dans l’intarissable gisement du réemploi pour aménager nos logements (p.70), gardons l’envie et le plaisir de changer nos habitudes à défaut de pouvoir changer plus rapidement le monde ! D'Architectures #310 : Les matériaux naturels au secours du climat ?PériodiquesAnnée : 2023Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Vous reprendrez bien un peu de biosourcé ?
Le monde du bâtiment n’échappe pas à la polarisation des débats, l’opposition caricaturale entre les thuriféraires de la construction bois et la vieille garde des bétonneux n’étant pas la moins active sur le marché de l’invective. La ligne que d’a tient depuis toujours n’a pas changé : il n’y a pas d’architecture écologique en soi, il y a une bonne ou une mauvaise architecture ; il n’y a pas de mauvais matériaux, il y a un bon ou un mauvais usage des matériaux. Aujourd’hui, pour répondre au défi de la décarbonation, l’importance est essentiellement mise sur l’origine des matériaux. Or, et c’est le sujet de notre dossier de rentrée, ceux-ci ont une incidence sur le bilan carbone des bâtiments moins importante qu’on ne le pense. D’autre part, le cadre normatif et les méthodes de calcul de ces bilans sont loin d’être satisfaisants. Il ne faudrait pas pour autant décourager l’emploi des matériaux biosourcés, bien au contraire, car même si leur impact est très loin d’être suffisant pour nos objectifs de décarbonation, on ne pourra pas y arriver sans eux. Mais si l’on veut convaincre de la pertinence de leur emploi, il faut que leur efficacité soit mesurée à sa juste valeur.
Il y a d’autre part un risque à tout faire reposer sur l’usage des matériaux dit « naturels », c’est de faire croire qu’en remplaçant les matériaux conventionnels par des matériaux biosourcés, c’est-à-dire en substituant notre hyperconsumérisme par un autre – certes, un peu plus vertueux –, nous éviterions l’inévitable changement de paradigme auquel nous sommes confrontés. Questionner l’intérêt de leur emploi, c’est donc aussi implicitement s’interroger sur un problème qui fait peur à tout le monde : peut-on continuer à construire autant ? Le type de question idéal pour relancer de nouvelles polémiques caricaturales. À nous donc de faire en sorte de poser plus sereinement les termes du débat ; rendez-vous est pris pour la suite… Séquences Bois #142 : Construire avec le risque / Guide revêtements de façadePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Anne-Sophie GouyenEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Penser des futurs incertains
C’est d’abord comprendre ce qui est déjà en train d’advenir. Or, cela est à ce point immense, et nos sens « si minuscules face à l’ampleur du désastre », qu’il est presque imperceptible de sentir véritablement le tort fait au vivant, à l’échelle de la biosphère. Pourtant, affectés par les activités humaines, les risques climatiques deviennent plus saillants chaque année, compromettant les conditions d’habitabilité sur Terre.
Le mois de juillet 2023 fut le plus chaud jamais enregistré sur la planète. Au 30 juillet, plus de 12 millions d’hectares de forêt avaient déjà brûlé au Canada et au 1er août, 72 % des niveaux des nappes étaient inférieurs aux normes de saison. On assiste aussi à une accélération de la montée du niveau des mers, dont le rythme a presque doublé depuis deux décennies, alors que l’érosion du littoral affecte déjà près de 20 % des côtes françaises. À cause de tous ces phénomènes, mais aussi en raison de persécutions, de conflits, de violences ou de violations des droits de l’homme, on décompte 108,4 millions de personnes déplacées de force ou réfugiées dans le monde, sans compter les risques industriels, parasitaires ou encore de pandémie. Tout cela reste incompréhensible et dépasse notre entendement.
Dans un tel contexte, que peut alors l’architecture ? Yasmeen Lari nous rappelle qu’« à mesure que les inégalités et la pauvreté augmentent, une partie grandissante de l’humanité a besoin de design d’excellence pour survivre. » Ou pour le dire avec Mathias Rollot, il semble que « les architectes pourraient faire partie des militant·es les plus compétent·es et les plus agiles, les mieux armé·es et les plus efficaces, pour aider à s’échapper de l’insoutenabilité actuelle ; pour reconstruire un monde habitable sur les ruines de l’ancien ; pour inventer des cultures saines, partagées, multiculturelles et même multi spécifiques. » Tout d’abord, en apportant assistance aux populations, en leur permettant de retrouver des conditions de (sur)vie décentes, dans les meilleurs délais. Puis, en outillant et en accompagnant les individualités humaines dans leur installation sur Terre. Enfin, en portant un regard singulier sur le monde, et en étant capable de le représenter, pour faire voir les changements subit par notre planète : en bâtissant des lieux pour habiter ces luttes. Sans prétention d’exhaustivité, ce numéro tente alors de donner à voir comment l’architecture bois, à travers le monde, agît déjà, face à l’ensemble de ces risques, qu’ils soient naturels ou anthropiques. « Et c’est là, je crois, son plus grand apport pour l’époque, face à une situation actuelle qui peine à se saisir d’elle-même. » AMC #316 : KAAN - VURPAS - FACES - NP2F - TAKKPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Transmissions
Après avoir réalisé 16 212 pages et 135 numéros en treize ans passés à la tête d'AMC, Gilles Davoine prend une retraite que nous lui souhaitons paisible et active. Sa signature réapparaîtra, souvent on l'espère, dans les colonnes de nos futurs numéros, qu'il m'incombe désormais de concevoir avec l'appui de l'équipe qui n'a cessé d'accompagner la fabrication du magazine, et sous son regard vigilant. L'actualité place ce numéro, largement imaginé par Gilles, sous le signe de la transition et de la transmission. Nous rendons hommage à deux figures majeures de l'architecture, Philippe Panerai (lire p.10), qui nous a quittés en mai dernier, et Jean-Louis Cohen (lire p.22), décédé soudainement cet été. Deux représentants d'une génération qui a voulu changer l'architecture et l'urbanisme, et gardait cet élan dans des époques toujours moins enclines à faire une place aux « arts de l'espace ». Chacun, à sa manière, nous parlait du « présent du passé », si vivace dans notre monde physique. L'Empire romain s'est effondré au Ve siècle, mais une voie romaine peut subsister derrière chez vous, à l'état de route ou de chemin. Quant à l'héritage moderne, brutal et omniprésent, il demande à être mieux compris pour être transformé. L'avenir du présent architectural dépend en partie de la façon dont étudiants, doctorants, architectes, et autres héritiers de ces savoirs sauront les faire vivre et les développer. Car le pire advient toujours lorsque l'architecture, invoquant les urgences de l'époque, ne sait se penser qu'au moment présent, prétendant à une forme d'éternité, factice et finalement catastrophique. Elle doit savoir tisser le temps et relier les époques, thème de plusieurs projets présentés dans ces pages : un immeuble de bureaux, un appartement, une école, deux musées, récents ou plus anciens, comme celui créé par Louis Miquel à Besançon (lire p.67), qui fait coexister le classicisme et le moderne bien avant que les maîtrises d'ouvrage ne fassent de la nécessaire transformation leur dernier mantra en date. Venues droit des années 1970, les trois lettres figurant sur notre couverture ne cessent de nous le rappeler : l'architecture est mouvement et continuité. Plus qu'un titre, un programme et une boussole ! A Vivre #131 : Petites surfacesPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Jordi PatillonEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Faites vos jeux... Dans maintenant un peu moins d'un an, les 33e Jeux olympiques d'été débuteront à Paris (mais aussi à Marseille, Bordeaux, Lille... ou même en Polynésie...). Un événement planétaire qui ne manque pas d'interpeller. A une époque où la crise climatique exige des actions audacieuses et responsables, l’empreinte carbone massive due aux infrastructures temporaires, aux déplacements des athlètes et des spectateurs ou encore à l'énergie qui y sera consommée peut sembler en totale déconnexion. Et ce, même si dans la continuité de l'Accord de Paris sur le climat, la Ville s'est engagée à réduire de 55% l'empreinte carbone de ses Jeux par rapport aux éditions de Londres ou de Rio, avec des constructions qui devraient utiliser 100% de matériaux biosourcés et d'énergie verte. A Vivre HS #58 : Maisons extraordinairesPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Agathe JarretouEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Amateurs de fine architecture, réjouissez-vous ! Pour construire ce numéro hors-série, la rédaction s'est affairée à sélectionner quinze projets dont les initiatives et les finitions ont su les démarquer de l'ordinaire. Nichées dans des ruelles montréalaises ou au cœur de la campagne belge, les surprises sont au rendez-vous. Architectures CREE #405 : Eté 2023PériodiquesAnnée : 2023Auteur : Karine QuédreuxEditeur : MEDIARECLAME PUBLISHING MEDIAREKLAM PUBLICHINGDescription : L’heure est décidément sombre pour les futurs architectes qui attendent encore et toujours que des moyens soient attribués à leurs écoles et à leurs enseignants chargés de mettre en œuvre les décrets d’une réforme attendue par tous, visant ni plus ni moins à la transition énergétique et écologique de notre société. L’horizon, désespérément brumeux, dans l’espoir d’une prise en compte politique des actions à mener face au dérèglement climatique, dans un contexte où l’industrialisation privilégie encore la performance budgétaire à court terme. Faudra-t-il encore longtemps cumuler les catastrophes pour que chacun prenne conscience de l’urgence et adopte des mesures à la hauteur de la tâche ? L’influence humaine est-elle par définition néfaste selon la célèbre théorie dans le Léviathan de Thomas Hobbes ? « Nous avons changé de monde », expliquait Bruno Latour dans son ouvrage « Face à Gaïa » (éd. La Découverte, 2015), interrogeant la séparation entre la nature et la culture. Sans doute est-il clair néanmoins que pour sortir de notre état de nature et accéder à un monde meilleur, il y a désormais urgence à changer de paradigme. Faut-il donc tout d’abord nous réjouir que les pays sous-développés – qui paient le plus lourd tribut des rejets de CO2 dans l’atmosphère – soient enfin reconsidérés dans une équité globale. Réjouissons-nous aussi que l’architecture soit plus que jamais au cœur de la transition écologique, forte des actions de plus en plus nombreuses de collectifs qui œuvrent localement à travers la France pour construire un monde meilleur tout en veillant à sensibiliser les plus jeunes à bâtir la ville différemment. De quoi développer un nouvel art de vivre et trouver un nouvel équilibre au travers d’une discipline aguerrie aux débats et aux préoccupations culturelles et sociétales ! Dans notre dossier « Intérieur », nous nous reconnectons à l’humain avec des aménagements où la simplicité et l’authenticité sont les moteurs d’un nouvel équilibre, où le raffinement s’exprime sans ostentation et dans la seule expression de savoir-faire maîtrisés, nourris d’une histoire passée qui s’enrichit du présent. Autant d’éclaircies conscientisées qui sont les bienvenues face aux arbitrages en cours ! La Maison écologique #136 : Chantiers en famillePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Julie BarbeillonEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : C'est en 2004 que j'ai reçu, en tant que journaliste, le double des clés de La Maison écologique. Le magazine était alors une toute petite maison autoconstruite par ses fondateurs grâce aux coups de mains des lectrices et lecteurs, mais aussi de professionnels engagés. On y croisait des techniques expérimentales et des matériaux peu communs à l'époque (paille, chanvre, charpente réciproque...). J'y ai petit à petit peaufiné les aménagements de rubriques et finitions de mise en page avec les collègues. Et puis, un jour, on m'a donné les clés du cœur du réacteur (renouvelable, bien sûr !), où l'on canalise les énergies pour piloter la transmission de l'information. Une période intense durant laquelle j'ai pu observer en tant que rédactrice en chef la création et l'évolution de réseaux et de filières professionnelles dédiés aux écomatériaux et aux énergies renouvelables (formations, règles pros, guides de bonnes pratiques, avis techniques, aides financières...). De nouveaux colocataires sont arrivés, Gwendal il y a huit ans et Virginie il y a deux ans. Nous avons pris soin de La Maison en dévoilant comment optimiser la ventilation, créer une extension bioclimatique, installer des panneaux solaires, croisant sur notre chemin des équipements prometteurs (récupérateur de chaleur sur eaux grises, système de filtration d'eau de pluie...). Nos fenêtres (à triple vitrage !) se sont ouvertes sur le paradoxe d'une médiatisation grandissante des problèmes environnementaux parallèle à la baisse des visiteurs de notre Maison écologique. Mais aussi de l'intérêt faiblissant pour la presse, si indépendante soit-elle. Il est l'heure de lancer une belle rénovation, pour que La Maison écologique reste longtemps ce bâtiment démonstrateur et pionnier. Pour mener ces travaux, je transmets avec confiance mon jeu de clés aux collègues colocataires. Je pars en nomade pour laisser infuser toutes ces belles années et repasserai avec plaisir dans ces pages à l'occasion. Je remballe les souvenirs avec une immense gratitude envers les personnes rencontrées dans La Maison. Professionnels du bâtiment, autoconstructeurs, journalistes et autres collaborateurs ; un immense MERCI pour nos riches échanges qui ont profité à toute une communauté de lecteurs et lectrices. Et grâce auxquels de nombreux logements ont été construits et rénovés écologiquement. Ciao et tous mes vœux de vertueux chantiers à toutes et tous. Matières #19 : Les Nouvelles Galeries à Annecy ; Les passerelles en acier & Thomas LavignePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Thomas LavigneEditeur : CONSTRUIRACIER KONSTRUIRASIDescription : La passion des ouvrages d’art est notre moteur ! Elle anime toute la profession : les architectes, les ingénieurs, les urbanistes, les constructeurs et les maîtres d’ouvrages. Sans passion, il n’y a pas d’avancée, pas de rêve. Cette passion est même plus large et touche une grande partie de la population comme l’a si bien écrit le philosophe et académicien Michel Serres : « Je n’ai jamais rêvé que de ponts, écrit que d’eux, pensé sur ou sous eux ; je n’ai jamais aimé qu’eux. » Concevoir des ponts, des passerelles restent un acte fort, puissant, symbolique : un geste de paix si important en cette période de trouble en Europe et l’actualité nous le montre tous les jours. Concevoir un ouvrage d’art, c’est avant tout une histoire de femmes et d’hommes, un travail d’équipe, qui ensemble élaborent des idées, analysent des données multiples, partagent leurs sensibilités et leurs savoir-faire. Cette communion des coconcepteurs est la seule qui aboutisse à de grandes réalisations, des projets innovants qui améliorent la vie. Quelle fierté alors de gagner en équipe un concours et de voir se réaliser, quelques mois ou quelques années plus tard, le fruit d’un tel travail. Je pense au pont Chaban-Delmas à Bordeaux, conçu avec mon père Charles Lavigne et mon épouse Cecilia Amor, à la passerelle de Chartres, au viaduc en arc de la Mayenne (conçu avec SCE) et au pont des JO de Paris 2024 (conçu avec Artelia) sur la Seine au cœur du Village olympique. Les commandes des ouvrages d’art évoluent avec le temps et les époques : ponts routiers et autoroutiers dans les années 1980, ponts ferroviaires dans les années 1990/2000, ponts urbains et ponts mobiles dans les années 2000/2010 et les passerelles dédiées aux modes doux qui se développent largement aujourd’hui comme la passerelle Empalot à Toulouse sur la Garonne, conçue avec l’ingénieur Patrick Dalpalu (BG). Quelle que soit l’échelle du projet, les enjeux sont toujours les mêmes, comme aime à le rappeler Michel Virlogeux : les trois préceptes de Vitruve – « Firmitas, Utilitas et Venustas » – n’ont pas pris une ride. Nos ponts doivent marier « l’élégance, la résistance, la durabilité », s’inscrire dans le sens des efforts et être dans le même temps des belvédères sur le grand paysage, des places à vivre comme le souligne l’architecte urbaniste Cecilia Amor. Nous marions les matériaux en cherchant à utiliser les qualités de chacun, acier, bois, béton. Dans cette recherche de la performance, de la légèreté et du recyclage, l’acier a pris une part privilégiée et permet de réaliser nos rêves. Nous avons, enfin, en France un patrimoine exceptionnel en termes d’ouvrages d’art qui résulte de l’histoire du génie français dans le domaine. Nous sommes les fils de grands concepteurs comme Jean-Rodolphe Perronet, Paul Séjourné, Gustave Eiffel bien sûr, dont on fête cette année les 100 ans de sa disparition, ou Eugène Freyssinet et plus récemment Michel Virlogeux, Jean-Marc Tanis, Michel Moussard, Jean-Bernard Datry et l’architecte Charles Lavigne qui m’a transmis cette passion. J’en oublie tant d’autres… Ils nous ont montré la voie. Nous sommes des fils de bâtisseurs ! Nous héritons de ce savoir-faire et nous devons continuer à écrire cette histoire des ponts et des passerelles. Les programmes et les besoins des ouvrages de demain évoluent, les mobilités changent, les projets se transforment et la passion perdure. Tous sur le pont ! D'Architectures #309 : Dossier - Ukraine : ce que la guerre fait à l'architecturePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Leçons d’Ukraine
En temps de guerre, lorsque l’essentiel est de sauver sa peau, on pourrait croire que l’architecture est la dernière chose qui compte. Depuis l’ère industrielle, le bombardement n’incarne-t-il pas la volonté même de détruire l’architecture ? En 2011, l’exposition de Jean-Louis Cohen – « Architecture en uniforme » – avait déjà montré combien la période de la Seconde Guerre mondiale avait pourtant été fertile en réflexions, en posant bien souvent les fondements de ce que serait la reconstruction.
En frappant intentionnellement les habitations et le patrimoine ukrainien, la guerre d’agression russe fait aujourd’hui ressurgir du passé les images dramatiques des destructions de Guernica ou du Havre. Peut-il encore y avoir une place pour penser l’architecture sous ce régime de terreur ? Oui, répondent sans hésiter les architectes ukrainiens et leurs étudiants. Et ils ne se contentent pas de travailler à protéger et à reloger dans l’urgence les déplacés et les victimes des destructions ; alors que le conflit engendre une catastrophe écologique d’une ampleur considérable, leurs réflexions s’ancrent d’emblée dans les questions de la transition environnementale, que ce soit pour les nouvelles constructions, la réhabilitation du gigantesque parc de logements hérité de l’époque soviétique – pour laquelle nous avons fait dialoguer à distance Anne Lacaton et Oleg Drozdov – mais aussi pour les manières de recycler les millions de tonnes de gravats qu’engendrent chaque jour les bombardements. Ils puisent dans leur tragédie une créativité empreinte de l’espoir que le monde d’après soit meilleur que celui d’avant. Ce conflit est aussi pour les Ukrainiens un choc culturel qui les oblige à regarder leur patrimoine, profondément intriqué avec celui de leur voisin envahisseur, dans une perspective décoloniale. Autant dire que l’Ukraine pourrait bien se tenir aux avant-gardes de nos propres interrogations. AMC #315 : Intérieurs 2023PériodiquesAnnée : 2023Auteur : Laure CarsaladeEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Loin des algorithmes
Témoin des aspirations d'aujourd'hui, le design d'espace emprunte des chemins de traverse et se recentre sur une valeur clé, la modestie. De jeunes praticiens ont choisi d'exercer en tant qu'architectes et artisans. Ils relatent leurs stratégies originales pour accomplir leur désir, celui de dessiner et de fabriquer. Mettre en pratique cette polyvalence de talents demeure un défi au quotidien. Dans l'habitat aussi, la modération prévaut. Cherchant à réduire l'empreinte de la construction à son minimum, des « objets à vivre » se fondent littéralement dans la nature jusqu'à proposer un modèle de vie en autarcie. Le moyen de s'immerger dans un paysage où règnent paix et solitude, loin de l'urbanisation intensive.
Neuves ou rebâties sur des ruines à l'abandon, les maisons privilégient une consommation mesurée des matériaux et les ressources locales. Tel un monument miniature protégé par une enceinte, une sculpture aux perforations géométriques assure l'intimité d'une famille, bien que dressée en bord de route. Les équipements culturels se définissent par des volumes clairs qui reçoivent la lumière du jour et exaltent la matérialité de leur enveloppe. Un hangar à dirigeables devient une salle d'exposition à la façade vitrée monumentale. Pour attirer les acheteurs rivés à Internet, les boutiques osent des scénographies spectaculaires et signifiantes. Un décor en plastique recyclé figurant un glacier rivalise avec un laboratoire d'incubation de chaussures. Organiser des zones libres de toute sollicitation du monde numérique devient vital. Par son pragmatisme autant que par sa poésie, l'architecture peut parer à cet envahisseur. Le luxe ne réside-t-il pas dans un espace déconnecté et anonyme, loin de tout algorithme ? Alors, prom'nons-nous, dans les bois, pendant que l'IA n'y est pas… Le Moniteur #6252 : + 4°C en 2010 : construire une France vivablePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Juillet 2022 : Christophe Béchu arrive au ministère de la Transition éco logique, et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'adaptation au changement climatique ne figure pas au rang de ses priorités. La décarbonation, oui. L'effondrement de la biodiversité, oui. Mais évoquer une France qui grille reste alors un tabou. L'évoquer, pensait-on, risque de détourner la population de l'urgence absolue : réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Mai 2023 : le gouvernement lance, avec tambours et trompettes, une vaste consultation visant à mieux définir une stratégie d'adaptation. Avec non pas 2 °C de hausse d'ici à la fin du siècle, mais 4 °C. Deux degrés qui changent radicalement le visage du pays en 2100. Un autre tabou est brisé, celui de l'obsolescence de l'Accord de Paris. Comment expliquer ce renversement de perspective en moins d'un an ? Par cette année 2022, juste ment. Une année exceptionnelle, avec ses innombrables records de chaleur, ses feux de forêt incontrôlés et ses orages ravageurs. Jamais le bouleversement climatique n'a été ressenti de manière aussi marquante, dans les esprits comme dans les corps. Jamais... jusqu'en 2023, qui s'annonce hors normes. La machine s'emballe et l'on ne peut plus l'ignorer.
Si l'horizon de l'adaptation est dorénavant incontesté, le chemin à parcourir reste tracer.
Prise de conscience collective, prise en main politique... L'heure est main tenant aux solutions pratiques. Heureusement, les propositions fourmillent chez les start-ups et les entreprises de l'aménagement, des infrastructures et du bâtiment : des produits parfaitement aboutis aux prototypes encore à l'essai, des technologies de pointe aux propositions low-tech. Si l'horizon de l'adaptation est dorénavant incontesté, le chemin à parcourir reste à tracer. Cette route sera nécessairement longue, largement inconnue, mais pas forcément douloureuse. Si le climat nous oblige l’action, il ne nous contraint pas au supplice. Après tout, vivre dans une ville tempérée et végétalisée, habiter un logement qui ne craint ni le froid ni le chaud, se tenir éloigné des dangers et des catastrophes, cela ne participe-t-il pas d'un projet commun éminemment désirable ? A l'instar de Christophe Béchu, notre conversion aux bienfaits de l'adaptation s'apparente à un chemin de Damas. Gardons-nous désormais d'emprunter un chemin de croix. Séquences bois #141 : FranchissementPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Gaël ChervetEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Franchir le cap
Si la thématique a initialement été choisie pour donner à voir les dernières prouesses que permet le bois pour de grands franchissements, elle soulève des questionnements plus larges révélés par les échanges préparatoires à ce numéro. Celui avec Jacques Anglade fut déterminant, et c’est alors en réponse à notre conversation que je construis cet éditorial. Peut-être vais-je franchir ici, les limites du sujet ; je vais, tout du moins, m’en affranchir. Car en fouillant l’étymologie de « franchir », on trouve dans le sens médiéval une signification plus proche d’« affranchir » qu’aujourd’hui: franchir, c’est prendre sa liberté.
Jacques, vous réfléchissez en nageant : « est-ce peut-être l’absence de pesanteur qui fait émerger toutes les idées ? ». Pour moi, c’est au fil des foulées que ce sont mis en place ces pensées. Ancienne athlète, à l’évocation de franchissement, c’est l’image d’un stade qui m’apparait en premier. Franchir un obstacle, bien sûr, mais aussi aller au-delà de. Dès lors, l’analogie de la construction bois avec la performance sportive devient frappante : exploit, prouesse, succès.
Vous affirmez qu’«il ne faut pas garder tous les éléments de cette culture de la performance et simplement changer en mettant du bois à la place du béton. Ces choix limités, ne changent aucuns problèmes ». Il faudrait plutôt de se libérer de la compétitivité, héritage de notre culture occidentale. « Tout être vivant est parfait. Ainsi de l’arbre. Vouloir l’améliorer, c’est comme fournir un produit dopant à un athlète. » Au lieu de truffer nos constructions de ces produits, ne peut-on pas plutôt se demander pour combien de temps on construit, prendre conscience du don de la forêt, et retrouver la consistance de la matière ?
Mais il existe un paradoxe entre cette recherche de performance et l’urgence de décarboner notre environnement. Même si nous nous efforçons de trouver la prouesse ailleurs, dans l’économie de matière ou dans un processus de mise en œuvre mesuré, nous ne pouvons pas nous extraire de l’émotion que procure la finesse et l’élégance d’une poutre de grande portée. Reste à méditer sur cette pensée de Cedric Price, de 1966 : «La technologie est la réponse, mais quelle était la question ? »…
La bonne nouvelle, c’est que l’on a encore de l’énergie. « Il faut la saisir ! Plutôt que de faire du sport, il y a de la terre à malaxer. » Il y a des pierres à tailler, des bois à équarrir, de quoi construire, ensemble. Puisque « changer les choses, sans changer les relations, ne marche pas. Il faut des ententes, des relations humaines riches, des choses d’amitié qui font chaud au cœur. Franchir torrent, rivière ou fleuve, c’est aller vers l’autre quand tant de fleuves servent encore de frontières ».
Alors, il suffit donc de passer le pont ! A Vivre #130 : Numéro exceptionnel - Journées d'Architectures à VivrePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Laurence JarretouEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Comme chaque année, l’éclosion des derniers bourgeons du printemps annonce pour nous l'arrivée à grands pas des Journées d'Architectures A Vivre. Cette manifestation unique en France, qui n'a pour autre ambition que de fédérer l'architecture, ses concepteurs et ses usagers, vous offre la possibilité de découvrir un florilège de maisons, d'appartements, d'extensions, de surélévations et même de reconversions de lieux insolites, lors de visites en petits groupes guidées par leurs architectes. Le Moniteur #6251 : JO2024 - La course à l'innovation, discipline olympiquePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Plus vite. L'heure tourne, les chantiers aussi. Et de plus en plus rapidement. A un an des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, la pression qui pèse sur les acteurs en charge du bon déroulement du plus grand événement sportif au monde monte encore d'un cran. Chaque petit grain de sable susceptible d'enrayer la machine est appréhendé avec angoisse par les organisateurs. En témoignent les sueurs froides données la semaine dernière par la pagaille survenue dans le métro parisien. Un tel scénario virerait au cauchemar s'il survenait en pleine quinzaine olympique.
L'héritage olympique dépassera de loin les seuls ouvrages édifiés ou compétences acquises
Plus haut. En attendant l'épreuve du feu, les constructeurs mettent les bouchées doubles pour répondre aux exigences très élevées des donneurs d'ordres grâce à des solutions jamais vues. Sobriété énergétique, décarbonation, accessibilité… L'ambition d'innover tous azimuts, que porte la Solidéo depuis l'origine, se concrétise dans de nombreuses opérations en cours de réalisation. L'aboutissement d'une mobilisation technique, financière et administrative sans précédent au service de l'écologie et de l'inclusion.
Plus fort. Qu'on adore le sport ou qu'on l'abhorre, on doit pouvoir se mettre d'accord : les Jeux nous rendent plus forts. Pour les équipes engagées dans les projets de construction audacieux, l'échéance joue le rôle d'un entraînement de haut vol dont elles tireront les bénéfices pour longtemps. Il suffit d'écouter les candidats malheureux regretter, encore aujourd'hui, de ne pas participer à ce grand projet pour comprendre l'importance qu'il revêt. Pourtant, eux aussi en bénéficieront.
Ensemble. Il y a deux ans, le CIO rallongeait la devise olympique d'un quatrième mot : « ensemble ». Les JO 2024 le prouvent : le BTP aussi sait jouer collectif, très collectif même. Leur héritage dépassera de loin les seuls ouvrages édifiés ou compétences acquises : il bénéficiera à l'ensemble de la filière hexagonale, des joueurs de première ligne jusqu'à ceux restés sur la touche. Quand la flamme olympique quittera Paris, la construction tri colore conservera son auréole. D'Architectures #308 : Intérieurs : espaces de travail / boutiques / hôtels / restaurantsPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Karine DanaEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Chaque année en juin, le d'a Intérieurs propose une sélection de projets architecturaux remarquables dans les domaines du tertiaire, du retail, de la restauration et de l'hôtellerie, en France et à l'international. Ce numéro annuel pose un regard sur les tendances, les esthétiques et les systèmes d'aménagements intérieurs offrant un large panorama sur les créations de l'année écoulée. EXE #52 : CourbesPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Clémentine RolandEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : La Maison écologique #135 : Bâtir en bois et préserver la forêtPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Depuis quelques mois, le nom de ChatGPT a remis sur le devant de la scène la question de l’intelligence artificielle et de ses possibles. Saisi d’admiration ou d’effroi, chacun découvre ce que le mathématicien Alan Turing, l’un des pères de la science informatique, préconcevait en créant son fameux test de Turing dans les années 1950 : voir la machine si bien reproduire le langage qu’il devient impossible de la distinguer de l’être humain.
Ainsi, ChatGPT est interrogé par une journaliste sur une chaîne radiophonique publique française, le logiciel créateur d’images Midjourney produit d’étonnantes illustrations à partir d’un nuage de mots, les voix de Barack Obama et Donald Trump doublent un live de gamers suivis sur le Web par des milliers d’amateurs de jeux vidéo. En bref, le virtuel prend corps, et en accédant à la visibilité, l’artifice est devenu réel, palpable.
Comme le rappelle Asma Mhalla, spécialiste des enjeux politiques et géopolitiques des nouvelles technologies, l’IA est un outil. Il convient dès lors de nous interroger collectivement sur son usage et sur les intentions de ses promoteurs et utilisateurs.
Et pourquoi évoquer l’IA dans cet édito d’un magazine dédié à l’écoconstruction, aux énergies renouvelables domestiques, à la résilience et l’autonomie dans l’habitat ?
Dans les maisons, elle est déjà là dans sa forme primitive. Programmée pour nous éviter de devoir nous-même baisser les stores, relancer le chauffage en cas d’absence, activer la machine à laver aux heures qui nous arrangent. Mais risque-t-elle d’y devenir notre égale ? Inversons un temps les rôles. Pour être une IA, il nous faudrait vivre à proximité d’une source d’électricité démesurée alimentant notre puissance de calcul (terminés les gourmands petits déjeuners qui nous fournissent des calories issues du vivant). Pour être une IA, il nous faudrait renoncer à certains arts, tels que désobéir, pour nous plier à une liste des recommandations qui nous seraient transmises pour réaliser nos missions quotidiennes. Autant de sorties de route impossibles qui nous empêcheraient de créer ex nihilo ce qui n’existe pas encore. Pour être une IA, il nous faudrait renoncer à aller à la rencontre de nos congénères pour nous en inspirer et expérimenter de nouvelles manières de construire. Enfin, il nous faudrait renoncer à fabriquer des magazines nés de l’inspiration étayée de journalistes réunis en équipe pour aller interroger, vérifier et « voir » par eux-même. Les coupeurs de coûts veulent remplacer les humains ? À La Maison écologique la puissance de calcul de l’intelligence artificielle ne remplacera ni l’imagination, ni l’intelligence collective. A Vivre #129 : Numéro d'été - Architectures du SudPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Laurence JarretouEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Qu’est-ce-que le Sud ? C’est tout d’abord une notion faussement claire. S’il est évident que le sud se définit par rapport au nord, un sud, comme le Maghreb par rapport à l’Europe, est un nord pour l’Afrique. En Europe, l’Italie est un pays sud-européen qui a son nord, avec Milan, la Lombardie. La France, pays du nord, a son sud : la Provence, le Languedoc. Et São Paulo, métropole du sud, est toute imprégnée de nord. La notion de sud est une notion relative. Donc nous devons éviter toute réification ou substantialisation du terme « sud » Le Nord de son côté ne peut être conçu comme entité géographique. Il est très hétérogène et nous ne parlons évidemment pas de la Russie plus proche culturellement du sud européen que du nord anglo-saxon, ni évidemment de la Sibérie. Il ne saurait non plus être conçu comme idéal-type à la façon de Max Weber. Ce n’est pas non plus une notion réductrice qui oublierait toutes les qualités qui viennent du Nord. En fait, ce que nous appelons aujourd’hui Nord était, il y a quelques décennies, appelé Occident quand on l’opposait à l’Orient; il est devenu Nord opposé au Sud quand le terme de Tiers-Monde est tombé en désuétude. Effectivement, pour le sud, il y a une hégémonie du nord, qui est l’hégémonie de la technique, de l’économie, du calcul, de la rationalisation, de la rentabilité, de l’efficacité. Notions qui ne sont pas à rejeter, mais à l’égard desquelles, sans doute, une pensée du sud doit s’exprimer de façon consciente et critique, d’autant plus que cette hégémonie insuffle son dynamisme sur toute la planète. D’autant plus qu’actuellement le Nord est en train de dévorer – ou d’essayer de dévorer – le Sud. Il y a évidemment des suds, très différents les uns des autres, mais qui sont soumis à la conception unique, venue du nord, de l’arriération, du sous-développement, de l’impératif du développement et de la modernisation. Cette vision rend incapable de concevoir qu’il y ait dans les suds des qualités, des vertus, des arts de vivre, des modes de connaissance qu’il s’agirait non seulement de sauvegarder, mais aussi de propager dans les nords. Edgar Morin AMC #314 : STUDIOLADA - NOTAN OFFICE - DRATLER DUTHOIT - SALOMON - KIMA / ATELIER OSLOPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Gilles DavoineEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Beauté et harmonie
La « transition écologique » aura probablement été l'expression la plus utilisée - et la plus galvaudée - de ces dernières années. Plus dynamique que le désormais vieillot « développement durable », plus ambitieuse que la trop technique « rénovation énergétique », plus mobilisatrice que la béate « frugalité heureuse », elle s'est imposée dans tous les discours, du responsable politique à l'expert patenté, pour faire sa place dans les médias et le grand public. Le 21 avril dernier, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, adressait une lettre aux étudiants qui manifestent depuis deux mois, dénonçant le manque de moyens attribués aux écoles d'architecture - ce qui n'est pas nouveau -, des cas de violences, de discriminations, voire de harcèlement sexuel - ce qui est plus inédit - et enfin, l'inadaptation des enseignements aux enjeux actuels - ce qui témoigne d'une lucidité salutaire. Sur ce dernier point, la ministre a bien sûr répondu vouloir « mettre la transition écologique au cœur des écoles ». Consciente que l'annonce en début d'année du lancement du palmarès Reseda - récompensant les meilleurs projets de fin d'études orientés vers les enjeux environnementaux - ne suffirait pas à calmer les esprits, elle a donc missionné la nouvelle Directrice de l'architecture, Hélène Fernandez, pour « mener une vaste concertation » en vue de redonner un coup de jeune à la Stratégie nationale pour l'architecture de 2015, que tout le monde avait oubliée. Le temps presse, car il y a du boulot. Entre le changement climatique, l'artificialisation des sols, les pénuries de ressources, le vieillissement de la population, il s'agit de revoir toute l'organisation de l'enseignement en donnant notamment plus de place au monde du vivant. Sinon, l'intelligence artificielle s'en chargera, et elle n'aura pas besoin de concertation pour remplacer au pied levé les architectes et résoudre les problèmes à sa façon. Il n'est pas sûr cependant qu'elle reprenne à son compte la définition lyrique que donnait la ministre, le 6 février dernier à l'école Paris-Val-de-Seine : « L'architecture, c'est l'alchimie entre une vision fonctionnelle du bâti et un souffle de beauté et d'harmonie. » Le Moniteur #6245 : Pascal Minault dévoile sa stratégiePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Un seuil symbolique a été franchi la semaine dernière avec la mise en service de la 100 000e borne de recharge pour véhicules électriques en France. Ce n'est pas rien : en Europe, seuls les Pays-Bas sont mieux équipés. Ce cap, atteint avec à peine quelques mois de retard sur le programme, n'est qu'un jalon sur la longue route de l'électromobilité. Les 400 000 points de recharge sont en ligne de mire d'ici à la fin de la décennie.
Ce déploiement volontariste s'annonce décisif pour accélérer le verdissement du parc automobile. Les Français délaisseront sans regret leur moteur thermique lorsqu'ils auront la certitude d'accéder à une borne dans la rue, sur les parkings, sur les aires de repos, au pied des immeubles… C'est une règle jamais démentie : dans les transports, les infrastructures précèdent l'usage. Pour décarboner, il faut commencer par investir.
Avec l'annonce de son plan vélo, le gouvernement sort son carnet de chèques comme jamais
Même logique pour le vélo. Le modèle néerlandais dispose, là aussi, d'un temps d'avance. Si les cyclistes sont omniprésents à Amsterdam, ce n'est pas en raison de supposées prédispositions culturelles, encore moins d'une météo favorable, mais bien à la faveur des centaines de kilomètres de voies dédiées qui doublent les routes, longent les canaux, sillonnent les parcs et permettent au bout du compte de pédaler en toute sécurité. Plus proches de nous, les exemples strasbourgeois, grenoblois et, plus récemment, parisien, témoignent de l'appel d'air que génèrent les réseaux denses pour les modes doux.
Un autre cap a justement été franchi la semaine dernière. Avec l'annonce de son plan vélo, le gouvernement sort son carnet de chèques comme jamais. Entre l'argent frais et les fonds déjà prévus, entre les moyens de l'Etat et ceux des collectivités, on arriverait à environ 6 milliards d'euros investis d'ici à 2027. Une somme en nette hausse par rapport à celles fléchées vers la bicyclette jusqu'à présent. De quoi lancer des milliers de chantiers dans tous les territoires, pour encourager les déplacements du quotidien comme les escapades touristiques. Avec, là aussi, un « objectif 100 000 » : il s'agit ici du nombre de kilomètres de voies sécurisées d'ici à 2030. Lorsqu'ils poussent à l'action, les symboles ont du bon. D'Architectures #307 : Dossier : Ventiler et rafraîchir sous le nouveau régime climatiquePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Trop longtemps éblouis par l'injonction célèbre de Le Corbusier l'architecture est le "jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière", les architectes ont négligé la maîtrise de l'air et des ambiances dans la conception de leurs projets, s'en remettant au bas coût des énergies fossiles pour régler les problèmes de régulation thermique. On redécouvre aujourd'hui d'ingénieux procédés ancestraux de rafraîchissement qui, perfectionnés par la modélisation numérique, offrent des alternatives prometteuses aux climatisations énergivores. Pour l'architecture, c'est une excellente nouvelle : bourrer les plénums d'équipements aérauliques a toujours été un pensum pour les architectes qui, longtemps, se sont défaussés sur les compétences des ingénieurs. L'art du plénum consistait surtout à le faire disparaître, un exercice pour le moins ingrat. Mais à partir du moment où la régulation thermique de notre corps et les sensations qu'il éprouve ne sont plus déterminées par des systèmes mécaniques mais par la configuration de l'espace, de son orientation ou de sa matérialité, alors la question climatique redevient une question architecturale majeure. Nous sommes allés ce mois-ci à la recherche des architectes qui, à des échelles de programme fort différentes, sont parvenus à montrer la pertinence de ces dispositifs passifs de régulation et à en faire une question architecturale. Le Moniteur #6244 : Sous les fondations, la merPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Jérémy BellangerEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Plus personne écoute, tout l'monde s'exprime. Personne change d'avis, que des débats stériles, rappe Orelsan. Un constat désenchanté mais lucide d'une société enlisée dans une incapacité chronique à s'entendre. Le dialogue de sourds entre l'Etat, les partenaires sociaux et les citoyens sur la réforme des retraites l'illustre. Tout comme la succession de grands projets d'infrastructures remis en cause ou avortés.
Que retenir de ces oppositions, sinon qu'elles révèlent un manque de clarté sur les orientations de notre politique d'aménagement du territoire ? Impossible d'obtenir l'adhésion ou, a minima, l'acceptation des parties prenantes sans s'appuyer sur une direction, un cadre et une méthode d'analyse éprouvés et partagés.
Chaque projet d'équipement doit pouvoir s'inscrire dans un plan global de développement durable et justifier de son équilibre entre lutte contre l'artificialisation des sols, réduction des émissions de CO2, adaptation au réchauffement climatique, attractivité des territoires et viabilité économique. Etablir cette feuille de route ne se fera pas sans mal et suppose de réinterroger collectivement notre rapport au foncier disponible pour décider à quoi il doit être consacré, et selon quelles modalités : agriculture, production d'énergies renouvelables, mobilités, logements…
La succession de grands projets d'infrastructures remis en cause ou avortés illustre une incapacité chronique à s'entendre
Faute de s'astreindre à cet exercice, la suspicion continuera de prospérer, poussant à caricaturer l'écologiste en idéaliste opposé à tout, l'élu local en jouet dans la main des lobbys et l'entrepreneur en individu sans scrupule. Délétère, cette défiance abîme tout, jusqu'au crédit apporté aux outils de décision tels que les rapports d'experts ou le recours à la démocratie locale. S'en extraire impose d'exposer clairement les bénéfices et les externalités négatives des projets pour permettre un choix éclairé, qui intègre le compromis mais se garde de toutes compromissions. Architectures CREE #404 : Lan Architecture / VTN Architects / GRAAM Architecture / Agence AW² / Groupe ADPPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Karine QuédreuxEditeur : MEDIARECLAME PUBLISHING MEDIAREKLAM PUBLICHINGDescription : Réveiller nos désirs d’utopie, projeter l’architecture dans un désir de construire un futur meilleur, repenser notre monde en crise dans une approche authentique de re-création tout en croisant les disciplines de l’art, du théâtre, du son, de la recherche… Voilà ce que nous propose le projet « Ball Theater – La fête n’est pas finie », porté par l’agence Muoto dans le cadre de la 18e édition de la Biennale internationale d’architecture de Venise qui se tiendra du 20 mai au 26 novembre 2023. Inscrite dans la thématique générale « le Laboratoire du futur », définie par l’architecte, universitaire et écrivaine Lesley Lokko, également curatrice de cette biennale, l’installation du Pavillon français s’incarnera sous la forme d’une architecture modulable, frugale et réversible : une imposante sphère aux allures de boule à facettes ouverte en son intérieur sur une agora propice à l’échange, au partage, à l’écoute, à la réflexion, à la fête… Dans ce monde en crise, il faut désormais s’accorder des moments de découverte et d’euphorie pour oser l’architecture autrement et ainsi envisager de nouvelles trajectoires. Nous y reviendrons dans notre prochain numéro, mais cette idée de convoquer la fête et l’expérimentation dans une pensée positive et prospective pour fabriquer d’autres schémas de construction nous réjouit. L’architecture devient une invitation au voyage. Un voyage qu’il faut continuer à préparer et à imaginer comme nous venons de le faire pour ce magazine qui vient de changer de main. Nous allons donc nous atteler à écrire la suite, à apporter du changement dans la continuité en embrassant, autant que faire se peut, des réflexions et des réalisations sensibles, innovantes, ouvertes sur le monde… afin de vous offrir des perspectives aussi joyeuses qu’enrichissantes ! Le Moniteur #6243 : Collectivités : Le transfert à petite vitesse des routes nationalesPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Malgré ses retards, il avait un coup d'avance. Le décret tertiaire, qui vise à rendre plus sobre le parc immobilier hexagonal, a été publié dès 2019. A l'époque, on ne parlait ni de guerre en Ukraine, ni de centrales nucléaires en rade. Et pourtant, ses objectifs ambitieux annonçaient déjà la couleur : baisser progressivement les consommations d'énergie finale du parc tertiaire, pour atteindre - 60 % en 2050.
Tant pis si ses débuts ont été marqués par une course de lenteur et de multiples reports, car on peut le dire aujourd'hui : le pli est pris. Presque tous les acteurs concernés ont, bon gré mal gré, franchi la première étape, celle du renseignement des consommations passées. Nous sommes actuellement en pleine phase d'audit, destiné à connaître plus finement les caractéristiques des bâtiments… et à estimer les frais à engager. Puis vient celle des « quick wins », ces petits efforts offrant des gains importants, à l'instar de la modernisation des systèmes d'éclairage ou de chauffage. Comme souvent, les premières marches sont les plus simples à gravir.
Il ne faut pas se cacher derrière son thermostat : les efforts les plus coûteux sont devant nous
Il ne faut pas donc se cacher derrière son thermostat : les efforts les plus coûteux sont devant nous. Les travaux d'isolation et l'installation de systèmes d'autoconsommation mobiliseront sur des décennies les métiers de la rénovation énergétique et ce, tant sur les chantiers que dans les bureaux d'études. Devant la diversité des bâtiments concernés, seule une ingénierie sur mesure sera à même de déployer les solutions idoines.
Bref, l'après-fossiles ne sera pas facile. Pour se donner du cœur à l'ouvrage, il convient de se rappeler la hauteur de l'enjeu : alors que l'entrée en vigueur tonitruante de la RE 2020 concerne le 1 % de bâtiments qui sort de terre chaque année, la révolution silencieuse du décret tertiaire embrasse l'immensité du parc existant. Ses effets s'annoncent donc décisifs pour retrouver un tant soit peu de souveraineté énergétique et de sérénité climatique. AMC #313 : XDGA - HUITOREL & MORAIS - BEAUDOUIN / MARTINEZ - RÉCITA - BRISSONPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Gilles DavoineEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Épuiser le réel : Rien n’est plus difficile que de vouloir saisir, dans sa totalité, son exhaustivité, la réalité d’un lieu – un quartier, une ville, un paysage – et de ses habitants. La période moderne, avide d’outils « objectifs », a cru pouvoir le faire à travers des techniques de cartographie, de statistique ou d’enquête en tout genre, qui sont venues s’additionner à une perception plus sensible, exprimée traditionnellement par l’écriture, le croquis, le dessin, puis la photographie et la vidéo. Il est une méthode de connaissance du territoire qui retrouve grâce aujourd’hui – notamment dans les écoles d’architecture – pour nourrir le projet et lui donner la substance du vécu : marcher et arpenter (lire p.10). « L’être en mouvement possède toujours un avantage sur l’être au repos », affirmait le sociologue Pierre Sansot (Variations paysagères, 1983). La pérégrination, l’errance, l’exploration sans relâche du terrain pour tenter d’épuiser le réel, est une pratique ancienne des philosophes et des scientifiques. Sans remonter au promeneur botaniste que fut Jean-Jacques Rousseau, le géographe Raoul Blanchard répétait à ses étudiants, dans les années 1930 : « La géographie, ça s’apprend avec les pieds. » Il s’agit de prendre les chemins de traverse, de sortir des sentiers battus, d’escalader les clôtures, comme le font depuis longtemps les architectes italiens du collectif Stalker, qui parcourent en tous sens la métropole romaine. Le critique Michel Vernes, dont les principaux textes viennent d’être rassemblés dans un ouvrage (Ecrits sur l’art et l’architecture, la ville et le paysage, 2023), avait une autre méthode, en automobile, racontée dans la préface par son ami l’historien Manuel Charpy : « Sur une carte Michelin, il avait tracé à l’aide d’une règle et d’une mine de plomb une ligne droite entre la baie de Saint-Brieuc et la galerie Vivienne à Paris. Nous nous sommes tenus au plus près de cette ligne, empruntant bretelles et ronds points, impasses et voies privées, chemins cahoteux. Traverser tout droit un territoire et c’est le divers qui surgit. » Cependant, si l’expérience sensorielle, yeux grand ouverts, engageant le corps et l’esprit, est riche d’informations, il ne faut pas perdre de vue qu’elle reste amplement subjective, conditionnée par le statut social et la culture du marcheur : le paysage peut aussi mentir Matières #18 : Les aciers autoprotégésPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Nayla MecattafEditeur : CONSTRUIRACIER KONSTRUIRASIDescription : Pratiquer l’architecture et la conception urbaine n’a jamais été aussi engageant. Les enjeux climatiques, la nouvelle donne énergétique, les mutations des modes de vie, la prise en compte des enjeux du vivant, bouleversent la manière de penser la conception et la construction, invitant plus que jamais à croiser la grande et la petite échelle. La récente pandémie a également révélé plus fortement l’importance du lien humain dans une société qui ne peut s’épanouir dans le repli sur soi. L’interdépendance entre les individus peut être transformée en force si on la considère sous l’angle de l’échange, du partage, de la complémentarité. Dans cet esprit, nous avons créé un nouveau laboratoire, qui nous permet d’explorer de nouveaux territoires autour de la ville durable, de la verticalité, de l’empreinte carbone globale des projets… L’expérience au service de la nouveauté pour réinterroger notre pratique, et donc notre écriture architecturale. Nous pensons que la ville de demain est une ville de compacité, de proximité et de mixité, dans laquelle les habitants peuvent répondre à leurs besoins à pied ou à vélo. C’est surtout une ville désirable, qui contribue au bien-être de ses habitants. L’architecture verticale est une réponse possible à la densification de la ville. Même si elle n’a pas toujours bonne presse en France, elle peut être soutenable et désirable grâce à une conception de bon sens et, surtout, à une approche holistique qui replace l’utilisateur au cœur du projet, en dialogue avec l’espace public. Une tour n’est plus forcément anonyme et uniforme. Elle confronte le corps et l’esprit humain avec l’extérieur, le paysage, les vues, et offre une manière inédite d’habiter les airs. Ces idées ont permis à la tour Trinity que nous avons livrée en 2021 d’être récompensée par le Best Tall Office Building Overall Award délivré par le CTBUH à Chicago. Entièrement pensée pour reconnecter l’usager avec son environnement, elle propose des espaces de rencontre à chaque étage, à l’intérieur comme à l’extérieur, des services partagés dans les niveaux élevés, des ascenseurs panoramiques qui exposent le mouvement des utilisateurs vers l’extérieur, des ouvrants en façade pour chaque bureau et des liaisons urbaines végétalisées en contact avec le sol. Grâce à la R&D que nous menons en interne, nous continuons à nous questionner sur la pertinence de nos orientations pour vérifier que nos projets sont en accord avec nos valeurs. La recherche fait de plus en plus partie intégrante du travail de l’architecte, qui contribue ainsi à l’effort de réflexion collective. Restructurer ou (re)construire ? Construire en hauteur ou pas ? Chaque cas est unique et mérite une approche globale pour prendre le bon chemin. Il faut se débarrasser du superflu pour retrouver la sobriété et, surtout, remettre l’humain au cœur de chaque projet. En 2010, nous avons déposé l’acronyme HQ«h»E, Haute Qualité Humaine et Environnemental. D'Architectures #306 : L'architecture, une économie en projetPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : L’architecture, tu l’aimes ou tu la quittes
Une fois de plus, la situation des architectes est pathétique : alors qu’une partie des Français sont dans la rue pour contester une loi qui vient d’être votée, les étudiants des écoles d’architecture sont aussi dans la rue mais, contrairement aux aspirants à la retraite, c’est pour que des moyens leur soient donnés afin que les décrets concernant la réforme de leur enseignement soient applicables ! Et à part eux, à gauche comme à droite, tout le monde s’en fout. Cette colère est le fruit du mépris dont est victime la profession d’architecte depuis des décennies, un mépris qui ne parvient plus à se dissimuler derrière les discours lénifiants dont nous abreuvent tous les ministres de la Culture depuis trente ans. C’est pourtant avec des soupirs de volupté que les architectes – qui prennent plutôt leur retraite après 70 ans – accueillent ces paroles flatteuses pour leur ego, préparées par des conseillers ministériels qui pallient comme ils peuvent l’inculture et le désintérêt récurrent de leurs ministres. « Enfin, nous sommes entendus ! » se congratulent-ils tous sous les lambris de la rue de Valois avant de vite désenchanter, jusqu’au prochain hochet qu’on leur tend, comme ce prix Reseda annoncé en février.
Comment justifier que des écoles d’art comme l’ENSBA ou l’ENSAD (qui dépendent elles aussi du ministère de la Culture) ou les écoles d’ingénieurs soient jusqu’à deux fois mieux dotées par étudiant que les ENSA ? Pourquoi ne donne-t-on pas à ces dernières les moyens d’appliquer la réforme de 2018 qui avait pourtant fait consensus et que les écoles ont vaillamment tenté de mettre en œuvre, s’adaptant en peu de temps aux ambitions qu’elle exigeait ? Tout ceci a été dit, écrit et répété dans ces pages et ailleurs, dans les assemblées générales des étudiants et enseignants en grève et maintenant dans la rue. L’abandon dont semble faire preuve l’administration par la fin de non-recevoir qu’elle renvoie aux manifestants ne cache-t-il pas en réalité son embarras face à son impossibilité de leur répondre ? L’architecture n’a jamais été une priorité à la Culture et le financement des écoles, même très légèrement augmenté comme cela a été le cas récemment, passera toujours en dernier. On avait espéré que le rapprochement avec les universités, acté par la réforme, excellente chose en soi, aurait tiré les ENSA vers le haut (c’est le « S » pour « supérieure »). Le moment est donc venu de se demander ce que font les écoles d’architecture à la Culture alors qu’un autre ministère porte dans son intitulé même la définition de ce que devrait être l’architecture en 2023 : la Transition écologique et la Cohésion des territoires ? Et sur les 15 milliards d’investissements consacrés à la transition énergétique et écologique promis par le président de la République, n’est-on pas en droit d’espérer qu’une infime mais nécessaire partie soit consacrée à la formation de ceux qui sont en première ligne pour la mettre en œuvre ? Séquences bois #140 : MatièresPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Anne-Sophie GouyenEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Matières à réflexion
Une architecture c’est un tas - qui révèle les savants équilibres que les pierres ont su trouver entre elles, pour s’élever, ensemble(1) - mais c’est aussi un trou quelque part. Une pensée architecturale fertile ne peut émerger sans un vif intérêt à la matière. Porter attention à ce trou, à ce que l’on extrait souvent loin de l’horizon de notre regard, c’est assumer la responsabilité que l’acte de bâtir n’est pas anodin et en comprendre son impact. Aujourd’hui, la plupart des bâtiments ont perdu ce qu’ils puisaient dans leurs territoires et ne nous permettent plus de nous y relier. Ils continuent, avec des pratiques dispendieuses, de produire des trous que nous décidons collectivement d’ignorer.
Apprendre avec humilité des architectures vernaculaires ne nous dispense pas un regard critique, nécessaire pour inventer des pratiques contemporaines. Les bâtisseurs d’hier ont toujours su construire avec ce qu’ils avaient à portée de main : durant 12.000 ans, terre, bois, pierre et fibres végétales ont su abriter l’être humain grâce aux savoir-faire et de pensée qui émergeait des lieux. En 200 ans les matériaux industriels, dont il ne faut rejeter le grand intérêt dans de nombreux contextes, ont supprimé l’expérience sensible d’appartenance terrestre que permettait l’architecture. Les produits industriels sont de la matière morte(2), « ils sont à notre image : déracinés et désincarnés. »(3)
L’architecte doit être garant de l’équilibre entre le besoin primaire de protection de l’homme et celui des milieux qu’il habite. Il lui incombe alors de maitriser la technicité des matériaux durables pour faire la démonstration de leur l’efficience autant que celle des filières raisonnées, en allant à la source du matériau. L’enjeu de ce numéro est de démontrer que l’emploi de matières naturelles n’est pas un «effet de mode » supplémentaire, bien qu’il n’échappe pas au risque de récupération et de dévoiement, mais bien une manière de redonner au corps et à l’émotion une importance, dans une époque où nos décisions sont de plus en plus guidées par des algorithmes. Mais ne nous y trompons pas, l’emploi de matières durables ne suffit pas à fabriquer une bonne architecture et elles tendent encore à trouver une écriture qui leur est propre.
Le plus enthousiasmant reste que parler de matière, c’est nécessairement rendre compte de la réforme profonde des disciplines de la construction qui s’impose, face aux enjeux actuels. C’est questionner nos rapports au temps et au travail, en le valorisant plutôt que l’achat de produits transformés onéreux mis en œuvre à bas prix. C’est démontrer tout l’intérêt d’un d’un réseau de proximité. C’est mettre en évidence, au milieu de l’angoissante normativité ambiante, toute l’énergie humaine derrière ces constructions. La fierté, l’épanouissement et la convivialité que peut générer un chantier. Une convivialité retrouvée dans tous les chaleureux échanges de la fabrication de ce numéro. Composé des récits partagés, il est une tentative de donner matière à réflexion, mais surtout à sensation. AMC #312 : RCR/AEI - MOUSSAFIR - FERRANDO/GALLEGO - STUDIO RIJSEL - ROBAIN GUIEYSSEPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Gilles DavoineEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Utiliser le déjà-là, le mot d'ordre se fait de plus en plus pressant. Loin d'être un discours d'architecte, il est désormais repris en cœur par les politiques, les collectivités et - non sans traîner un peu les pieds - par les promoteurs. Les objectifs officiels de décarbonation, de réduction des déchets de démolition et de zéro artificialisation nette ne laissent de toute façon guère le choix. D'autant plus qu'ils sont partagés par l'ensemble de la population, qui a toujours été pour le moins réticente à la tabula rasa portée par les Modernes et à la ville construite ex nihilo sur les terrains agricoles. Une période qui n'aura été finalement qu'un intermède car, à l'échelle historique, les bâtiments délaissés ont plus souvent été considérés comme une aubaine à exploiter, une ressource à valoriser, que comme des objets de consommation à mettre au rebut une fois leur date de péremption passée. On connaît les exemples antiques du Colisée de Rome, dont les pierres ont servi à l'édification de la ville aux XVe et XVIe siècle, ou de l'immense palais de l'empereur Dioclétien à Split, tout bonnement reconverti en une cité toujours vivante. Ces pratiques de recyclage sont redevenues courantes ces dernières années, comme le montrent plusieurs réalisations publiées dans ce numéro, notamment ce bâtiment de bureaux des années 1970 transformé en immeuble multi-usage dans le cœur de Paris (p. 34), ou cette prison des années 1930 devenue école puis centre social à Reus en Espagne (p. 42).
A dire vrai, ce mode opératoire avait même commencé dès la fin du XXe siècle, bénéficiant alors du regard patrimonial porté sur les bâtiments industriels, parmi les premiers à être préservés et reconvertis, comme le rappelle notre dossier (p. 53). Mais le mouvement prend une telle ampleur aujourd'hui, qu'il pourrait bien s'agir d'un changement de paradigme : à Paris intramuros, 70 % des autorisations d'urbanisme déposées concernent désormais des opérations de transformation. Ce qui devrait également changer l'enseignement reçu dans les écoles d'architecture. Car fonder le projet sur le déjà-là nécessite de comprendre en profondeur l'édifice existant, d'étudier de près ses qualités, voire d'entrer dans la tête du concepteur initial, pour en exploiter tout le potentiel et créer des espaces non standards. Et au final, doter le projet d'une charge émotionnelle plus forte. Une chance à saisir pour, enfin, réconcilier la population avec l'architecture contemporaine. Exé #51 : Espaces de travailPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Clémentine RolandEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Certaines coïncidences sont moins heureuses que d'autres. La parution d'un numéro d'Exé titré "Espaces de travail" pourrait sembler ironique au moment où l'exécutif veut imposer son projet très controversé de réforme des retraites. La maison écologique #134 : Sur la piste du mobilier écoloPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Oyez ! Le printemps s'installe. Entendez-vous le silence des chauffages qui se taisent ? Bientôt les bûches ne crépiteront plus, les chauffe-eau ne se lanceront plus, les thermostats ne cliquèteront plus. Un silence de bonne augure pour prolonger ses réflexions autour de nos habitats et de nos modes de vie pour les amener à concilier toujours plus le bien-être des être vivants et celui de leurs écosystèmes naturels. D'Architectures #305 : Populismes architecturaux, une question de goûtPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Attention, certaines images peuvent heurter votre sensibilité. Abordant la question des populismes architecturaux, Federico Ferrari nous invite doctement ce mois-ci à ne pas céder aux anathèmes simplistes face à la grandiloquence kitsch dont s’enorgueillissent quelques maires qui se sont donné comme mission de redécorer leur ville. Face au carton-pâte haussmanno-vénitien que nous infligent ces édiles convaincus que « c’était mieux avant », peut-on d’ailleurs parler de « populisme architectural » ? Que cherchent ces maires du Blanc-Mesnil, du Raincy ou de Puteaux dont l’inculture les porte à confondre modernité et bolchevisme alors qu’ils nous infligent un péplum immobilier que ne renierait pas les Ceausescu ? La maison écologique #132 : La terre crue on y croitPériodiquesAnnée : 2022Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Chères lectrices et chers lecteurs, La Scop La Maison écologique a à cœur de continuer à vous informer via son magazine La Maison écologique et ses plus de 20 années dédiées à l’écoconstruction et aux matériaux sains. Depuis un plus d’un an maintenant, la coopérative a aussi accueilli le bimestriel d’initiative écologique et solidaire Kaizen qui depuis une décade pratique également un journalisme d’impact et de solutions solidaires. Mais comme tous les acteurs de la presse aujourd’hui, nous sommes confrontés à une réalité économique violente. En un an, le prix du papier recyclé pour imprimer le magazine que vous tenez entre vos mains a doublé : il est passé de 700 € à 1 400 € la tonne. Dans le même temps, la tendance de la presse écrite n’est pas à l’explosion heureuse de ses ventes en kiosque. Son modèle continue de se transformer, réduisant parfois sa voilure mais ne se résignant pas à disparaître. Engagés, convaincus, nous ne nous résignons pas non plus à rogner sur nos exigences journalistiques : le nombre de journalistes avec qui nous vérifions et fabriquons l’information reste constant, leur rémunération ne connaît pas non plus de baisse.
Car, en plus du soucis écologique qui porte notre Scop, la question du bien-être social est aussi essentielle. Elle fait partie des piliers de l’économie coopérative et participative dans laquelle nous avons choisi de nous inscrire et de rester. Parce que La Maison écologique n’existe et ne parait que grâce à vous, lectrices et lecteurs, abonnées et abonnés, nous souhaitons par cet édito être transparents. La santé de La Maison écologique est plus que jamais fragilisée par le contexte économique. Pour notre titre comme pour d’autres, l’abonnement reste le meilleur soutien que vous puissiez nous apporter. Si vous êtes abonné vous-même, vous pouvez aussi offrir un abonnement à l’un de vos proches, vous pouvez passer le mot à vos voisins, à vos collègues et à vos amis. Abonnez-vous qu’il disait ! Dans un paysage médiatique où 90 % des médias appartiennent à une dizaine de groupes financiers, industriels, choisir de soutenir une SCOP indépendante, c’est aussi préserver et défendre une bulle d’oxygène dans le débat démocratique. Car nos choix éditoriaux reposent sur la recherche de ce qui nous semble être le bien commun. EXE #41 : Mur-rideauPériodiquesAnnée : 2020Auteur : Nadège MevelEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : EXE #42 : MatièresPériodiquesAnnée : 2020Auteur : Nadège MevelEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : EXE #44 : LogementsPériodiquesAnnée : 2021Auteur : Nadège MevelEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : EXE #45 : RéhabilitationsPériodiquesAnnée : 2021Auteur : Clémentine RolandEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : EXE #46 : Bas carbonePériodiquesAnnée : 2022Auteur : Clémentine RolandEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : EXE #47 : PréfabricationPériodiquesAnnée : 2022Auteur : Clémentine RolandEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Séquences bois #138 : Construire en feuillusPériodiquesAnnée : 2022Auteur : Anne-Sophie GouyenEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : L'essence de la forêt. La forêt française est composée a plus des deux tiers d’essences feuillus. Faire état de la structuration de la filière, de la ressource forestière au bois d’œuvre, dans toute sa complexité, permet d’entrevoir les contours, les obstacles mais aussi les enjeux du développement des essences feuillues sur notre territoire. «Le paradoxe entre une ressource présente en quantité et le déficit commercial de sa filière révèle tout le retard et toutes les lacunes d’une industrie et son risque d’essoufflement ». Nous ne construisons pas avec les bois les plus durs, voir même avec les moins résistants, simplement parce qu’ils se transforment d’une manière plus efficace et sèche plus rapidement, alors que l’utilisation des bois durs, les feuillus, en structure de nos constructions pourrait être l’une des réponses à ces enjeux. Pourtant, tous les acteurs sont mobilisés, pépiniéristes, propriétaires, exploitants forestiers, bûcherons, débardeurs, scieurs, transformateurs, mérandiers, tonneliers, papetiers, menuisiers, charpentiers, architectes… Mais leur diversité fait état de la difficulté d’appréhender la filière dans son ensemble avec une approche holistique. Les propriétaires forestiers d’aujourd’hui, privés pour les trois quart de la forêt, récoltent ce qu’ont plantés leurs grands-parents et replantent des arbres qui seront à leur tour coupés par leurs petits-enfants. L’échelle de temps de la foret n’est pas celle de l’humain. Ce temps long s’oppose aux cycles toujours plus rapides dans lequel nous évoluons. Or nous affrontons une autre accélération, celle des changements climatiques : le temps d’adaptation de la foret n’est pas compatible avec son renouvellement nécessaire. Mais, alors que les freins normatifs et l’économie du marché semblent poser toujours plus d’entraves, par où on commencer pour s’adapter? Par la recherche en laboratoire pour combler le déficit normatif ou par les prescriptions qui dynamisent ces expérimentations? Encourager l’aval pour dynamiser l’amont ou structurer l’offre pour permettre un développement de la demande ? De nombreux projets exemplaires voient le jour, en parallèle de la recherche sur le sujet, mais ces projets émanent d’une volonté politique tenace, et restent minoritaires. « Les choses changent. Mais si vite… est-ce que les habitudes des hommes pourront suivre ? ». L’architecture bois devrait-elle aussi se défaire de ses habitudes et cesser de n’être appréhender que par le biais des calculs de superficies ou de stockage carbone, pour se mesurer davantage à l’intelligence du choix de sa matière disponible et à l’inventivité de ses structures : plus légères, réversibles, locales et ajustées ? Il reste certain que pour construire en feuillus, dans ce contexte d’accélération auquel les écosystèmes forestiers et nous-même faisons face, il faudra subtilement allier l’héritage et l’innovation. Oser réinterpréter les traditions constructives à l’aune des avancées techniques et scientifiques. Continuer de tailler et sculpter ce manteau vivant qu’est la forêt, au plus juste de nos besoins, pour faire entrer la lumière au cœur des bois. Séquences bois #139 : Paysages - Guide vivre dehorsPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Anne-Sophie GouyenEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Pays, Paysage. La frontière entre architecture et paysage peut sembler assez fine, notamment lorsque l’on s’intéresse de près aux ressources, à leurs impacts sur nos territoires en mouvement. Différentes définitions fleurissent dans les tentatives de théorisations, mais il semble exister un certain flou autour du terme paysage. Étymologiquement, il puise sa racine dans le terme latin pagus, signifiant « petit pays délimité », auquel est ajouté le suffixe –age qui désigne, après un nom de chose inanimée, une collection que présente un pays. Paysage est alors à pays ce que plumage est à plume ou outillage à outil, des mots de Bernard Charbonneau : l’ensemble des gestes d’un peuple sur la terre qu’il habite, taillée à son image. Le paysage est ce qui se trouve sous l’étendu du regard, et tous les autres sens. C’est un espace sensible, à toutes les échelles, complète Gilles Clément.(1) Si aujourd’hui le paysagiste concepteur est indéniablement l’un des acteurs incontournables de la fabrication du territoire avec des échelles d’interventions, s’étendant du jardin au territoire, il nous invite à nous questionner sur la fabrication de nos paysages : dans le métier de paysagiste, si l’on ne fait rien, on est utile à tous. Puisque si l’on ne fait rien, on fait une forêt. La gestion forestière, que l’on est souvent tenté de dualiser entre exploitation et sanctuarisation, peut imager facilement le concept de diplomatie d’interdépendance, développée par Baptiste Morizot. Cette notion permet de penser les paysages non pas comme la défense d’intérêt d’un camp « humain » contre un autre camp « naturel » mais au nom d’un tissage d’interdépendances soutenables, contre tous les usages qui le mettent en danger. Selon le philosophe, se questionner par le point de vue des interdépendances provoque un trouble, une tension, un conflit de loyauté caractéristique d’une position contemporaine extrêmement inconfortable, mais qui est la seule désirable et constitue une boussole intéressante en écologie politique. Pour nous aiguiller dans cette direction souhaitable, les mots sont parfois nécessaires : pour faire un jardin, il faut d’abord être saisi. Dites aux jeunes paysagistes de rêver. Puis dites-leur d’écrire le rêve.(1) C’est avec ce conseil que les différentes installations paysagères, arpentées ici, permettent de questionner comment le bois, extrait de nos forêts, peut, avec une évidence singulière, faire partie du rêve de jardin planétaire. Mais dans la plupart des projets parcourus, même lorsqu’ils présentent des qualités d’intégration paysagère remarquables, une interrogation nous submerge : les paysages ne se suffiraient-ils pas à eux-mêmes ? Dès lors, ce numéro est une tentative d’écrire, au fil des pages, le rêve de tout bon jardinier de notre temps: ménager. AMC Hors-série 2011 : LogementPériodiquesAnnée : 2011Auteur : Gilles DavoineEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Dans ce numéro hors-série d'AMC, le logement collectif est abordé sous quatre enjeux : Celui du développement durable pour qu'il ne s'arrête pas à une question technique et réglementaire. La performance énergétique ne doit pas empêcher de faire des logements spacieux, lumineux et agréables à vivre. Celui de l'intermédiaire ou du collectif individualisé car on ne peut, dans les périphéries urbaines, continuer à produire des marées de pavillonnaires consommatrices d'espace. Celui de la mixité car il est plus facile de fabriquer des quartiers vivants et animés lorsqu'on y mélange les fonctions et les populations. Enfin, la réhabilitation et la reconversion car il faut profiter de l'existant, du déjà-là et de son potentiel, pour offrir des logements moins standardisés et un plaisir d'habiter renouvelé. AMC Hors-série 2012 : Sport/LoisirsPériodiquesAnnée : 2012Auteur : Gilles DavoineEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Un dossier regroupant 32 projets d'architecture axés sur le sport et les loisirs et présentant la construction de stades, gymnases, piscines et autres équipements. AMC Hors-série 2013 : Terre cuite / CéramiquePériodiquesAnnée : 2013Auteur : Gilles DavoineEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Matériau millénaire chargé d'histoire, la tuile en terre cuite a forgé l'identité des cultures dans leur diversité architecturale. Elle ne cesse d'évoluer, afin de répondre et d'anticiper les besoins de la construction de demain. Célébrée pour ses performances et la simplicité de sa mise en œuvre, elle demeure le matériau de référence pour l'habitat individuel. Ne nécessitant pas d'entretien particulier, écologique, économique et présentant un fort potentiel en matière de créativité, ce matériau de caractère s'intègre parfaitement dans les architectures les plus contemporaines, en façade comme en toiture. Aux atouts naturels de la terre cuite s'ajoutent désormais d'autres avantages, tels qu'une isolation renforcée, des propriétés autonettoyantes, des reflets métalliques, des textures travaillées, une présentation en feuilles souples, des émaux ultrabrillants, etc. Une sélection de tomettes, briques, tuiles et carreaux variés, dans laquelle la terre cuite et la céramique répondent autant aux attentes esthétiques qu'aux problématiques environnementales. AMC Hors-série 2015 : BétonPériodiquesAnnée : 2015Auteur : Gilles DavoineEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Materiau de prédilection de l'architecture moderne, retrouvez dans ce Hors-série AMC, 20 projets internationaux sous les thèmes : Structure, Modénature, Compacité. Entretien exclusif avec Simon TEXIER, historien de l'architecture AMC Hors-Série 2017 : LumièrePériodiquesAnnée : 2017Auteur : Gilles DavoineEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Cet ouvrage met l’accent sur le traitement de la lumière dans 20 réalisations architecturales internationales (musée, église, maison, jardin, centre commercial, salle de concert, bibliothèque, école, gymnase…). Il répond également aux questions suivantes : comment faire entrer et doser la lumière naturelle dans un édifice : puits de lumière, éclairage zénithal, filtres, baies vitrées…, comment éclairer un édifice ou un espace public la nuit ou un espace intérieur : éclairage direct, indirect, couleur et intensité lumineuse, dispositifs led... Retrouvez également l'entretien exclusif de François MIGEON, concepteur lumière. AMC Hors-Série 2017 : BoisPériodiquesAnnée : 2017Auteur : Gilles DavoineEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Avec ses qualités environnementales indéniables, le bois opère un renouveau spectaculaire depuis une dizaine d’années. Sa diffusion à l’ensemble du territoire et son retour en ville sont désormais bien visibles. Il ne se limite plus à l’habitat mais s’étend à tous les programmes : écoles, musées, usines, centres commerciaux, comme le montre ce hors-série. Retrouvez 20 projets européens et internationaux présentés par Christophe Hespel parmi lesquels : un centre d’exposition écologique à Remerschen, Luxembourg, une résidence d’artiste à Seyssins en Isère & une chapelle à Braga, Portugal. Entretien exclusif de Jacques ANGLADE, ingénieur bois. AMC Hors-Série 2019 : HabitatPériodiquesAnnée : 2019Auteur : Christophe HespelEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Avant, les choses étaient simples ! Le bailleur social, non soumis à l’obligation de profit et, en tant que propriétaire, soucieux de pérennité, produisait des logements de qualité, voire innovants. Le promoteur privé, avant tout attentif à sa marge et délesté des problèmes de maintenance à long terme en les transférant aux acquéreurs, fabriquait un produit vite construit-vite vendu, à l’architecture convenue et standardisée. Mais les certitudes d’antan – ou les caricatures qui en tenaient lieu – ne sont plus de mise. Les frontières se brouillent. Des promoteurs privés construisent, en Vefa, des logements sociaux et ne rechignent plus à innover – notamment en matière typologique ou environnementale –, tandis que des organismes HLM, encouragés par la loi Elan, construisent sans organiser de concours d’architecture. Ce hors-série Habitat témoigne de cette redistribution des cartes en montrant quelques-unes des tendances à l’œuvre, en France et en Europe. La densité, toujours d’actualité, est traitée par la grande hauteur, la gestion des vis-à-vis, la variété typologique, le travail sur les cours intérieures… La mixité, souvent recherchée, est obtenue par la juxtaposition de logements en accession, sociaux et pour étudiants dans un même immeuble, ou par la greffe de logements sur un parking-silo ou un supermarché… Enfin, l’impératif environnemental se traduit par le recours aux filières sans carbone qui privilégient l’utilisation du bois, des fibres végétales, le recyclage ou le réemploi des matériaux… Dans un monde du logement en pleine mutation, des architectes s’engagent auprès de maîtres d’ouvrage sans doute moins frileux qu’auparavant pour satisfaire aux aspirations – pas toujours formulées – de l’habitant contemporain. AMC Hors série 2020 : MétalPériodiquesAnnée : 2020Auteur : Jean-François CailleEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Même si la tour Eiffel est devenue au fil des décennies l’emblème de Paris, en France, pays du béton, le métal a toujours eu du mal à s’imposer dans la construction. Quand il apparaît au milieu du XIXe siècle, il est réservé aux bâtiments utilitaires : halles industrielles et ferroviaires, marchés couverts, serres, ponts, pavillons d’exposition, etc. Il reste caché dans les programmes « nobles », comme à l’église Saint-Augustin à Paris, construite en 1871 par Victor Baltard, où la structure métallique est recouverte de pierre. Son heure de gloire sonne avec les Trente Glorieuses et le développement de l’immobilier tertiaire. L’époque est friande de performances structurelles et architecturales ; l’image hightech du métal, garante de modernité, voire d’avant-gardisme, annonce un avenir radieux et flamboyant. Retournement de situation au tournant du siècle. L’heure est à la frugalité environnementale ; le matériau est alors montré du doigt, victime de son mode de production industriel qui engendre des consommations énergétiques et des émissions de CO2 importantes, pourtant très variables en fonction des sources d’énergie utilisées. Depuis quelques années, il semble de nouveau revenir dans la course, lorsque sont mises en avant ses incomparables possibilités de récupération et de recyclage, en conservant toutes ses qualités constructives. Après avoir frôlé la disgrâce, le métal pourrait bien finir par s’imposer comme le roi de l’économie circulaire. AMC Hors série 2021 : SantéPériodiquesAnnée : 2021Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : La crise sanitaire a montré les limites d’un système de santé basé sur de lourdes infrastructures hospitalières, confronté à une pandémie de grande ampleur. On sait que le temps nécessaire à la création d’un hôpital, entre la prise de décision et la mise en service de l’équipement – planification, programmation, conception, construction – est souvent supérieur à dix ans. Une temporalité en décalage avec la rapidité des mutations technologiques qui régissent le monde de la santé et peuvent rendre le bâtiment fraîchement inauguré rapidement obsolète. Comme le rappelle Reinier de Graaf, associé de l’agence OMA (lire p.6), « la construction en dix jours, en février 2020, à Wuhan, d’un hôpital pouvant accueillir 1 000 patients, doit questionner nos manières de faire ». Et de plaider pour la création de petites unités temporaires en extension d’équipements sanitaires permanents, construites en tant que de besoin sur le modèle des hôpitaux militaires de campagne, pour parer aux urgences et épidémies. Mais, d’ores et déjà, les réalisations publiées dans ce hors-série montrent une grande diversité d’approches, loin du modèle hospitalier hérité du XXe siècle : transformation d’un ancien immeuble de bureaux à Paris IXe ; « maison » de soutien pour malades du cancer à Leeds ; association à d’autres fonctions, comme l’hôtellerie à Paris XVe ou même un centre archéologique à Thérouanne, dans le Pas-de-Calais ; installation d’une unité de réanimation dans une usine désaffectée à Turin… Dans les pays émergents, l’architecture se concentre sur l’utilisation des ressources locales : blocs de terre cuite ajourés au Sénégal, brique et bambou en Birmanie, terre crue au Népal et en Ouganda, avec un recours à l’énergie solaire et à la ventilation naturelle. Pour autant, en Europe, les grands équipements régionaux qui traitent tous les types de pathologies demeurent d’actualité. « L’hôpital doit rester une machine à soigner, dit Reinier de Graaf. Mais les architectes doivent aussi faire entrer dans ses murs des éléments qui répondent aux besoins émotionnels des patients. » Désir et avenir d'un matériau : 10 ans du trophée BétonPériodiquesAnnée : 2022Auteur : Claire BarbouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : En 10 ans, le Trophée béton Écoles s’est progressivement imposé comme l’un des rendez-vous annuels les plus attendus des étudiants en architecture. Les projets de diplôme présentés au Trophée montrent une réflexion extrêmement riche sur l’usage du matériau béton dans le bâtiment. Ils stimulent, tant par la justesse des réponses apportées aux éléments de contexte que par la pertinence des questions qu’ils soulèvent, toute la filière intéressée par l’art de bâtir avec un matériau qui ne cesse de se réinventer. Longtemps décrié pour sa présence hégémonique dans les infrastructures et le bâtiment, trop souvent synonyme d’urbanisation brutale et de construction peu qualitative, depuis quelque temps accusé pour son empreinte environnementale, le béton se réinvente aujourd’hui et offre de nouvelles possibilités qui font redécouvrir ses immenses qualités sensibles (plastique des formes, sensibilité des états de surface) et techniques (résistance, durabilité, acoustique, thermique…). En effet, le béton évolue, sous le double effet des travaux de recherche scientifique et technique des ingénieurs et de la créativité projectuelle des architectes. Ces dernières années ont vu sortir des laboratoires les BEFUP (béton fibré ultra-haute résistance), béton de terre, béton de site, béton bas carbone, qui renouvellent les cas d’usage du béton. Et les architectes, experts aguerris par l’expérience du chantier ou étudiants à l’aube de leur vie professionnelle, contribuent à donner au béton sa juste place dans le bâti et dans la société, par l’usage qu’ils proposent pour ce matériau, préfabriqué ou « pierre coulée » sur site, en mixité avec d’autres matériaux de structure, dans l’infinie palette des compositions et des textures. Mais, au-delà d’une maîtrise certaine dans l’utilisation des matériaux, les travaux des étudiants présentés au Trophée béton démontrent une grande maturité dans la réflexion sur la manière dont l’architecte façonne par ses projets le cadre de vie de ses contemporains. Comme pour nous rappeler que l’approfondissement des dimensions constructives, fonctionnelles et poétiques de la conception architecturale ne cessent de se nourrir mutuellement. Ce n’est pas là la moindre des vertus du Trophée. Urbanisme Hors-série #70 : Hauts-de-France : La Première Reconstruction (1919-1939)PériodiquesAnnée : 2019Auteur : Jean-Michel MestresEditeur : REVUE URBANISME REVU URBANISMDescription : Ce hors-série réalisé en partenariat avec la DRAC des Hauts-de-France est consacré à la Première Reconstruction et aux nouvelles formes urbaines et architecturales qu'elle a générées. Quelle trace inscrit-elle durablement dans le paysage, des monuments aux morts aux innovations architecturales ? Aux nombreux bâtiments et monuments issus de cette Première Reconstruction, il faut ajouter des legs immatériels tout aussi importants : les changements muséographiques, la tentation inaboutie d'une métropolisation de Lille, l'essai d'un urbanisme rural ou encore la Loi Cornudet qui jette les bases de la planification urbaine. Principalement axé sur les Hauts-de-France, le sommaire s'élargit à l'Est de la France et à la Belgique. Des journées d'étude sur la Première Reconstruction ont été organisées à Saint-Quentin du 6 au 8 novembre 2020. A Vivre #127 : Habiter ensemblePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Laurence JarretouEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Habiter ensemble. "Quoi de plus normal ?", vous direz-vous. Une sorte de formalité pour les plus citadins d'entre nous, ceux qui apprivoisent un quotidien fait d'intenses proximités sociales; ceux qui se côtoient, de près ou de loin, dans le centre-ville de leur commune ; ou ceux qui savent tout de leurs voisins, tant la typicité de leur village les a rapprochés. A Vivre #128 : Reportages : maisons insolitesPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Laurence JarretouEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Laissez s'éteindre le petit feu encore crépitant dans un coin du salon et ouvrez grand les volets : les beaux jours sont de retour et avec eux de furieuses envies de renouveau, parmi lesquelles des projets d'aménagement pour profiter pleinement du printemps. Ranger nos séjours encombrés, dépoussiérer nos étagères et, lorsque le contexte nous le permet, se réapproprier nos espaces extérieurs ! AMC Hors série 2012 : Cuivre - ZincPériodiquesAnnée : 2012Auteur : Christophe HespelEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Depuis quelques années c’est un nouvel engouement qui se manifeste pour les métaux ductiles – qui peuvent se déformer plastiquement sans se rompre – à savoir le zinc mais aussi le cuivre, le titane et leurs différents alliages. Nul doute que ces métaux « précieux », mais durables et recyclables, confèrent une dignité particulière au bâtiment : 29 projets classés par thèmes : Enveloppes, Filtres & Modules. AMC Hors série 2020 : HôtelsPériodiquesAnnée : 2016Auteur : Gilles DavoineEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : L’hôtellerie est l’un des programmes qui a le plus évolué ces dix dernières années, en même temps que les attentes d’une clientèle, d’affaires ou touristique, avide de nouvelles sensations. Il ne s’agit plus simplement d’héberger momentanément un client, il s’agit de lui faire vivre une expérience unique, des émotions! Exit donc les hôtels standardisés d’hier où les grandes chaînes offraient la même chambre impersonnelle à Paris, Rome ou Singapour. Les hôtels urbains s’ouvrent sur la ville en abritant des boutiques, des bars, des espaces de coworking, des galeries d’exposition, des salles de concerts; ils deviennent des lieux de travail, de shopping ou de rendez-vous, ouverts à tous et pas seulement aux clients. Les hôtels balnéaires ou de montagne jouent la carte du ressourcement et du bien-être avec l’intégration de spas ou de thermes, en offrant une proximité immédiate avec la nature et des vues panoramiques sur le paysage. Enfin, profitant de la bonne santé du secteur, les projets hôteliers investissent des bâtiments devenus obsolètes: anciens garages, entrepôts maritimes ou ferroviaires désaffectés, immeubles de bureaux des années 1960 et 1970… Dans ce contexte, un champ créatif s’ouvre aux architectes, dans un domaine naguère réservé aux décorateurs et dominé par les injonctions du marketing. D'Architectures #304 : L'architecture se réinvente en dehors des grandes métropolesPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Renversement
Tétanisés par la laideur des entrées de ville, nous n’avons pas vu à temps combien c’est le territoire français dans son ensemble qui était lui aussi contaminé, comme par métastase, par la transformation brutale des paysages. Si nos grandes villes bénéficient depuis longtemps d’une ingénierie urbaine aux compétences requises, rodées à l’organisation de concours de maîtrise d’œuvre, qu’en est-il des petites villes, des bourgs et des campagnes? Les CAUE et les architectes-conseils font un travail de fond précieux mais n’ont malheureusement qu’un rôle de conseil et sont généralement peu entendus. Seuls les ABF ont quelque autorité mais uniquement dans leur périmètre d’intervention. L’aménagement est donc laissé aux mains d’élus démunis, dépourvus de compétences et soumis à la vive pression des intérêts locaux, qu’il s’agisse de développement économique ou d’intérêts purement personnels (« Je veux mon pavillon ! »). Réagir globalement est d’autant plus difficile qu’on ne peut plus aujourd’hui opposer rural et urbain, tant ces territoires, que l’on qualifiait autrefois de ruraux, ont évolué de manières parfois très opposées les uns des autres, autant d’un point de vue économique, démographique que culturel.
La situation est, à bien des égards, désespérante et l’opposition récurrente des Français à l’interdiction de l’artificialisation des sols ne porte pas à l’optimisme. Le dernier rapport du CNOA révèle par ailleurs que, comme existent des déserts médicaux, de véritables déserts architecturaux apparaissent désormais. Il n’y a par exemple plus que 13 architectes en Haute-Marne...
Malgré ce sombre tableau, la résistance s’organise ; le pavillon français de la Biennale de Venise en 2016, fort judicieusement baptisé « Nouvelles richesses », montrait ce renouveau d’agences souvent jeunes qui décidaient volontairement d’opérer dans ces territoires délaissés. Nous publions maintenant régulièrement leur travail dans ces pages et le Prix d’architectures les a plusieurs fois récompensées. Mais ce que nous avons surtout voulu montrer dans ce numéro, c’est que, loin d’appliquer une méthodologie copiée – mais en plus modeste – sur celles développées dans les métropoles, ces agences inventent leurs propres stratégies ; davantage d’écoute, de dialogue, d’empirisme, de flexibilité, de prise en compte du temps long : des processus de projet qui peuvent s’accorder à chaque spécificité locale. Faisons un vœu : et si c’était au sein de ces pratiques que se forgeait le renouveau de la profession d’architecte ? La Maison écologique HS #14 : De quel bois je me construis ?!PériodiquesAnnée : 2020Auteur : Gwendal Le MénahèzeEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : En construction bois, l’écologie est l’arbre qui cache la forêt. Une forêt où le greenwashing est dense et où les sentiers de la responsabilité environnementale sont semés d’embûches.
Le magazine que vous tenez entre les mains (modeste descendant d’arbres transformés en papier, lui-même recyclé pour prendre la forme de ces pages) parle bien de bâtiments en bois écologiques. Ce dernier mot a son importance, tant le secteur foisonne de discours trompeurs. Une promenade virtuelle dans les méandres de la Toile suffit à constater que presque tous les constructeurs de maisons en bois vantent les vertus écologiques de leurs bâtiments à grands renforts de « durable », de « faible impact sur la planète », de « made in France »… En passant derrière ce rideau de verdure, on découvre que ces rassurants arguments commerciaux habillent bien souvent de l’épicéa importé de Scandinavie et traité chimiquement, quand ce ne sont pas carrément des modules entiers fabriqués à l’étranger, une isolation en laine minérale ou polymachin, un bardage en bois exotique…
Bâtissons-nous vraiment un monde plus résilient avec du bois gorgé de produits chimiques et importé depuis l’autre bout de l’Europe, voire des tréfonds d’un autre continent ? Quand on y associe des isolants polluants et revêtements pétrochimiques ? Si on chauffe (et refroidit) son logis grâce à de l’énergie fossile ou nucléaire ? En prévoyant 200 m2 pour n’abriter qu’un couple ?
Pour éviter de se planter, ce hors-série défriche les multiples options locales, sociales et naturellement durables et éclaircit les broussailles qui vous empêchent d’apercevoir la lumière au bout du chemin ; celle qui baignera l’intérieur de votre habitat sain, respectueux de la planète et de tous ses habitants. Jeunes pousses ou vieilles branches de l’écohabitat, suivez-nous vers ce nouveau monde qui vous accueille à bois ouverts ! La Maison écologique HS #15 : Aménagements extérieursPériodiquesAnnée : 2021Auteur : Gwendal Le MénahèzeEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Espace de vie supplémentaire, loisirs, agrément, biodiversité, mais aussi optimisation du confort et de la performance thermique du logement ; les aménagements extérieurs se révèlent être des alliés aux multiples facettes. Reportages, enquêtes, cahiers pratiques et portfolio autour du mobilier extérieur, des clôtures; allées, terrasses, pergolas, cabanes et abris, aménagements aquatiques, serres, fours en terre-paille… A base de matériaux naturels, mais aussi de réemploi ou à faible impact, l’espace extérieur mérite d’être pensé et aménagé comme un véritable lieu de vie. Mobilier biosourcé, terrasse et pergola au naturel, piscine végétale, clôtures douces, allée carrossable et stationnement, cabanes en tous genres, accueillir la biodiversité. La Maison écologique HS #16 : La rénovation performante et écologiquePériodiquesAnnée : 2021Auteur : Gwendal Le MénahèzeEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Alors que le secteur du bâtiment est le plus gros consommateur d’énergie en France et le deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre, la rénovation énergétique est on ne peut plus urgente. Plus de 700 000 logements devraient être rénovés chaque année jusqu’en 2050 pour devenir « basse consommation », mais seuls 180 000 l’ont été entre 2015 et 2020. Pavillons, bâtis anciens, appartements, copropriétés… A travers des reportages, des enquêtes et des conseils d’expert.es, ce hors-série donne les clés pour rénover nos logements avec efficacité en alliant matériaux écologiques et énergies renouvelables.
=> Aides financières • 15 chantiers détaillés • Se faire accompagner • Chauffage, isolation, ventilation : toutes les solutions • Rénover global ou par étapes… La Maison écologique HS #17 : Peintures naturellesPériodiquesAnnée : 2022Auteur : Gwendal Le MénahèzeEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Avec 1,9 million de tonnes de microparticules de plastique gentiment offertes à la faune et à la flore marines chaque année, les peintures industrielles seraient la principale source de pollution des océans par les microplastiques, constate une toute nouvelle étude* du centre de recherche Environmental Action de Lausanne (Suisse). Sur les 7,4 Mt annuelles de plastique issu des peintures, ce qui ne finit pas dans l’eau finit dans nos sols. Le rôle funeste de ces peintures était déjà connu, mais largement sous-estimé par les précédentes études qui lui attribuaient 10 à 20 % de la pollution microplastique des océans. Elle en serait en fait responsable à 58 %, loin devant les particules relarguées par les textiles (522 000 t) et les pneus (424 000 t) réunis, pourtant pointés comme la partie immergée de l’iceberg.
Les peintures modernes sont majoritairement constituées d’un liant à base de polymère plastique (37 % en moyenne). Les rejets de microplastiques ont lieu durant leur application comme lors de leur entretien ou leur fin de vie. Le secteur du bâtiment se place tristement en tête de proue, responsable de 48 % de ces relargages, loin devant les secteurs de l’industrie générale (24 %), maritime (12 %) ou automobile (8 %). Le tollé suscité par cette étude appelle au développement de solutions alternatives. Elles existent pourtant déjà, certaines depuis seulement quelques petits millénaires…
Pour peindre nos logements et ce qu’ils contiennent ou qui les entoure, des peintures durables en intérieur comme en extérieur, saines et jolies, se font à partir de composants biodégradables ou minéraux : huiles de lin, de chanvre, de colza ou de tournesol, caséine de lait, algues, terre, chaux et même fromage blanc, pomme de terre, œuf ou bière ! On peut d’ores et déjà acheter des peintures d’origine naturelle prêtes à l’emploi ou les fabriquer soi-même. De quoi mettre des couleurs dans nos vies trop assombries ces temps-ci. Poissons, coquillages et crustacés nous en remercieront. Matières #17 : Aciers d'avenirPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Bernard VaudevilleEditeur : CONSTRUIRACIER KONSTRUIRASIDescription : Cela peut paraître paradoxal, mais je crois sincèrement que l’avenir de l’acier dans la construction, c’est moins d’acier ! On sait que la production primaire de l’acier est vorace en énergie et grande émettrice de CO2. On peut espérer des progrès, mais ceux-ci viendront progressivement, à un
rythme probablement insuffisant en regard de l’urgence climatique. On connaît aussi les qualités inégalées de l’acier : sa haute résistance en traction comme en compression, son isotropie mécanique, sa ductilité, la grande variété de procédés pour lui donner forme, son étanchéité, sa recyclabilité à l’infini. Il y a donc toutes les raisons de continuer à l’utiliser pour construire, mais à bon escient, avec parcimonie, en tirant le meilleur parti de ses qualités. Pour aller dans cette
direction, on voit se développer, aujourd’hui, des structures mixtes, qui associent plusieurs matériaux au mieux de leurs propriétés. Ces exemples d’hybridation sont prometteurs. Ils se traduisent par d’importantes réductions dans les quantités d’acier, mais en recourant à des aciers plus performants, plus transformés, plus travaillés. C’est un déplacement de valeur ajoutée intéressant, qui ne devrait nuire ni aux ingénieurs, ni aux entreprises. La structure légère est une autre voie d’avenir pour l’acier, dans le sillage des recherches de Frei Otto et de Buckminster Fuller dans les années 60-70. Ce dernier posait cette question iconoclaste à des architectes surpris : « How much does your building weigh ? » En général, s’agissant d’un bâtiment, on s’intéresse en effet à son architecture, à son coût, ou à bien d’autres choses encore, mais rarement à son poids, et l’on s’attend d’ailleurs à ce qu’il soit très lourd. Pourtant, la question doit, aujourd’hui, être prise au sérieux : le poids signifie plus de matériaux, donc plus de ressources utilisées, plus de pollution, plus d’émissions de gaz à effet de serre. Il faut aller résolument vers la légèreté. De ce point de vue, l’acier présente un avantage incontestable, mais il faudrait, à mon sens, le pousser davantage. On sous-utilise actuellement les aciers de construction à très haute limite d’élasticité, 460 MPa ou même 690 MPa. Les mettre en œuvre en les poussant aux limites permettrait de réduire sensiblement les quantités de matériau. Cela implique d’inventer des procédés pour dissocier les exigences de raideur et de résistance. Cela peut se faire en mobilisant des « réserves de raideur » généralement négligées, comme des vitrages, des bardages ou autres éléments secondaires. Cela peut se faire aussi en exploitant les courbures données par l’architecture et en recherchant leur raideur de forme. Nous travaillons aujourd’hui sur plusieurs projets dans lesquels ces stratégies sont élaborées et expérimentées. Cela demande des études et, parfois, de sortir des normes. Nous le faisons en collaborant très étroitement avec les architectes, les entreprises, les fabricants, les fournisseurs, les contrôleurs techniques. On trouve chez tous, étonnamment et heureusement, une même volonté de faire évoluer la construction en acier. C’est pourquoi ce travail en commun, indispensable, est aussi très motivant. EXE #50 : Conception bioclimatiquePériodiquesAnnée : 2022Auteur : Clémentine RolandEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : CONSTRUIRE : Introduction
ZONE INONDABLE : LAISSER COULER
Projet
MÉDIATHÈQUE D'ÉPERNON - MU ARCHITECTURE
RÉSIDENCE TERRE SUD - TAILLANDIER ARCHITECTES ASSOCIÉS
PRODUITS
ÉQUIPEMENT HÔTELIER : CASSER LES CODES
SURFACE ANTIMICROBIENNE
STORES ET RIDEAUX
COMPOSITE ET BIOSOURCÉ
TROIS QUESTIONS À BENJAMIN CLARENS ET YANN MARTIN
SOLS FLOQUÉS
PANNEAU ACOUSTIQUE
MOQUETTE VELOURS
SIGNALÉTIQUE ÉCOCONÇUE
PERGOLA BIOCLIMATIQUE
DIFFUSEUR D'AIR
SERRURE TECHNOLOGIQUE
ENTRÉE VITRÉE
PAUMELLE CACHÉE
PANNEAU COULEUR
RAIL RIDEAU
PORTE COULISSANTE
ZOOMS
Lames de terrasse
TOUR HIGHER ROCH
Tuiles plates
RÉSIDENCE EKKO
Panneaux acoustiques
SIÈGE SOCIAL ASI REISEN La Maison écologique #133 : Le chanvre un isolant vraiment stupéfiantPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Reportages : Une maison sur le toit d’un immeuble ; Une rénovation où matériaux biosourcés s’allient aux parpaings ; Enquêtes : Choisir ses volets ; Des économies d’énergie… sans travaux ; Énergies renouvelables : Demain, tous producteurs ? Cahier pratique : Créer sa structure en super adobe A Vivre HS #56 : 1001 aménagements malinsPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Laurence JarretouEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Architecture à Vivre est la seule revue d'architecture et de design en France qui s'adresse au grand public. Elle a pour but de diffuser la qualité architecturale auprès d'un large public et plus particulièrement les thèmes de l'habitat et de l'univers de la maison, en expliquant de la façon la plus claire la logique d'un projet, son empreinte culturelle et environnementale, la fabrication de l'espace, les matériaux, le tout illustré par le point de vue de l'habitant, du concepteur et par une présentation détaillée des produits. AMC #311 : KEMPE THILL/ANNO - TANK - COSA - ATELIER DU ROUGET - OBJEKTPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Gilles DavoineEditeur : LE MONITEUR MONITERDescription : La grande migration post-confinements a-t-elle eu lieu ? S'il est trop tôt pour faire parler les statistiques, depuis plus de deux ans, des titres de la presse généraliste l'affirment en Une : « L'exode urbain s'accélère », « L'appel de la campagne », « La revanche des villes moyennes »… Les habitants des grandes métropoles - et singulièrement Paris - sont-ils vraiment allés s'installer en masse dans ces villes, en quête, d'après les sondages, de « sécurité », de « calme », de « verdure » et de « liens sociaux » ? En somme, à la recherche d'une vie de notable, telle que décrite dans les films de Chabrol des années 1970 et 1980 ! A vrai dire, la vision de la vie dans les petites et moyennes villes reste largement fantasmée. La mondialisation - et son corollaire la métropolisation - est passée par là et a dévitalisé nombre de ces préfectures et sous-préfectures, les métropoles captant les investissements, les entreprises et les populations.
Les centres-villes en particulier se sont vidés, les boutiques fermant les unes après les autres au profit de complexes commerciaux de périphérie ; l'habitat ancien se dégradant au profit de lotissements tout aussi périphériques. L'automobile y a pris le pouvoir, devenant le moyen de transport hégémonique. Cet état des lieux alarmant a fini par inquiéter les pouvoirs publics. Longtemps oubliées des politiques d'aménagement du territoire, ces agglomérations font désormais l'objet d'une attention soutenue, notamment avec le programme Action cœur de ville, doté pour la période 2018-2023 d'un budget de 5 Mds € - et renouvelé pour 2023-2027 avec un montant identique. On y trouve de tout : création de logements dans une ancienne clinique à Angoulême ou dans d'anciens ateliers à Oyonnax, réaménagement des berges de la Seine à Vernon ou de l'Allier à Moulins, implantation d'un cinéma dans une halle à tabac à Dieppe ou dans une caserne à Cahors. Le bilan qualitatif de ces 6 000 projets répartis dans 234 communes reste à établir, notamment pour ceux concernant l'aménagement urbain et l'architecture. Quid du renouvellement des typologies d'habitat, du traitement de l'espace public, de l'intégration du vivant, de l'utilisation de circuits courts, du rapport à la ville existante ?
Des objectifs indispensables pour que les villes petites et moyennes soient non seulement revitalisées, mais deviennent - ambition affichée - le fer de lance territorial de la transition écologique. AMC Hors-série 2022 : L'Equerre d'Argent, 40e éditionPériodiquesAnnée : 2022Auteur : Gilles DavoineEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Depuis quatre décennies, l’Equerre d’argent prend chaque année le pouls de l’architecture française. Et pour célébrer sa 40e édition, qui se tiendra le 21 novembre 2022 à Paris, nous nous sommes livrés à un exercice rétrospectif avec ce numéro hors-série consacré aux 39 précédents lauréats. Depuis 1983, un jury essentiellement composé d’architectes français et étrangers, mais aussi de maîtres d’ouvrage, de journalistes ou de personnalités extérieures se réunit pour juger de la production de l’année écoulée. Tâche insensée, difficile et délicate, exécutée à chaud et sans filet, sans le confort et la clairvoyance que,peut donner le recul de l'histoire. Mais tâche nécessaire, pour constituer des repères, des jalons dans l’énorme production bâtie qui donne forme en continu à notre cadre de vie. Pour établir aussi une sorte d’état des lieux d’une discipline qui, à bien des égards, s'avère le reflet de la société. Juger, c’est bien souvent risquer de se tromper, c’est même, sans doute, créer des injustices. « Le jugement n’est pas la justice : le jugement, c’est le relatif ; la justice, c’est l’absolu », disait Victor Hugo. Si l’Equerre d’argent ne désigne donc pas nécessairement « le meilleur bâtiment de l’année », ambition chimérique, elle distingue toujours une réalisation remarquable – puisque remarquée – et représentative de son époque. Au fil de ces pages, ce sont donc les 39 projets lauréats qui sont passés en revue et commentés sous la plume aiguisée de Jean-François Pousse. Si en 1983, pour sa première édition, l’Equerre récompense une petite crèche construite à Saint-Denis par Henri Ciriani, elle est ensuite happée par l’esprit du temps et distingue de grands équipements nationaux – voire « présidentiels » – en identifiant, comme le souligne Jacques Lucan (interview à retrouver p. 6), la figure de « l’architecte héroïque », qui marquera la fin du siècle dernier et le début du suivant. Avant de revenir, plus récemment, à des projets « du quotidien », dont le dernier en date, en 2021, le groupe scolaire de Neuvecelle, en Haute-Savoie, par PNG / Boidot / Robin. Plutôt que d’en conclure que la boucle est bouclée, considérons qu’il s’agit là d’une voie féconde, dont l’exploration est loin d’être terminée.