La Gazette des communes #2693 : Violences urbaines - Les clés d'une communication maîtriséePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Jean-Baptiste ForrayEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Dans la capitale, Gérard Collomb , le premier magistrat PS de Lyon, était traité comme un cousin de province. Rue de Solférino, on le mettait en bout de table, quand l'autre vainqueur surprise du millésime 2001, Bertrand Delanoë, prenait toute la lumière. C'est pourtant Gérard Collomb, disparu le 25 novembre, qui, bien avant son collègue parisien, avait lancé les premiers vélos en libre service et piétonnisé les rives de son fleuve. Avec sa fête des Lumières relookée, la cité des Gaules devenait « in ». La Movida lyonnaise s'accompagnait de prestigieuses signatures architecturales, comme celle de Christian de Portzamparc dans le nouveau quartier de la Confluence. Mieux que quiconque, Gérard Collomb incarnait la course à l'attractivité qui a saisi les grandes villes dans les années 2000 et 2010. Une époque révolue. BUSINESS FRIENDLY. A l'instar du club de foot local, l'Olympique lyonnais (OL), qui se frottait aux grosses cylindrées du Vieux Continent en Ligue des champions, la communauté urbaine du Grand Lyon se mesurait désormais à Francfort ou Milan. Fini, les complexes vis-à-vis de la grande sœur parisienne, la métropole jouait dans la cour européenne. Gérard Collomb faisait fi du vieux cadre de l'Etat-nation. Il sillonnait les salons internationaux, vendant ses grands projets urbains aux promoteurs les plus offrants. Sous le masque du secrétaire général de la Fondation Jean-Jaurès perçait un édile d'un nouveau genre, « business friendly » en diable. La grande braderie du patrimoine public pouvait commencer. L'Hôtel-Dieu était transformé en centre commercial de luxe, couronné d'un rooftop.
PETIT MANHATTAN. Gérard Collomb ne savait rien refuser au propriétaire de l'OL, Jean-Michel Aulas. Il finançait à grands frais les accès au nouveau stade des Gones. Au cœur de la vieille cité, il imposait des tours. La Part-Dieu se transformait en petit Manhattan. Un peu partout, la ville se couvrait de grues. Il n'était jamais à court d'un dessein. Mieux que quiconque, Gérard Collomb incarnait cette course à l'attractivité (lire p. 36-40) qui a saisi les grandes villes dans les années 2000 et 2010. Une période révolue. Aux municipales de 2020, le « maire bâtisseur » est devenu le « maire bétonneur ». Présenté comme un adepte du « toujours plus gros, toujours plus grand », Gérard Collomb a été renvoyé dans ses foyers par les écologistes. Sa disparition marque la fin d'une époque. La Gazette des communes #2691 : Le maire, cet employeur qui s'ignorePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Jean-Baptiste ForrayEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Cette fois, c'est la bonne, assure-t-on à l'Elysée. Emmanuel Macron vient de dépêcher Eric Woerth pour relancer la décentralisation. Rallié à la Macronie l'an passé, l'ancien trésorier de l'UMP devra ouvrir des pistes pour « réduire le nombre de strates » administratives. Branle-bas de combat garanti chez les présidents de département réunis en congrès à Strasbourg les 9 et 10 novembre. « L'idée n'est pas de supprimer des strates du millefeuille », les a aussitôt rassurés Eric Woerth. Mais si la pierre angulaire de sa mission est déjà abandonnée, à quoi donc vont servir ses travaux ?
CUISANT SOUVENIR. L'ex-ministre du Budget de Nicolas Sarkozy se souvient peut-être qu'il a été le père de la révision générale des politiques publiques... Un plan de réduction des effectifs dans les services déconcentrés de l'Etat qui a laissé un souvenir cuisant aux maires, rassemblés à leur tour en congrès du 21 au 23 novembre. Eric Woerth se garde bien d'invoquer ces mânes-là. L'ancien maire de Chantilly préfère se lancer dans un vibrant plaidoyer décentralisateur. A la surprise de beaucoup, l'autonomie financière des collectivités figure bel et bien dans la feuille de route que lui a confiée le Président. Eric Woerth pourrait trouver face à lui les hauts fonctionnaires de Bercy, qui rêvent de réduire à la portion congrue ladite autonomie. Un paradoxe pour ce diplômé de HEC, formé à l'école ordolibérale des cabinets de consulting internationaux. Chargé d'une mission sur la décentralisation, Eric Woerth a la fibre girondine. L'homme est aussi habile, ce qui ne gâche rien.
DE L'ENTREGENT.
Mais, qui sait ? Chez le député de l'Oise, la fibre girondine n'est pas feinte. L'homme est aussi habile, ce qui ne gâche rien. Sa manière d'éviter le piège du millefeuille, c'est-à-dire la guerre entre niveaux de collectivités, lui donne de l'oxygène. Son indépendance intellectuelle est saluée sur tous les bancs des associations d'élus locaux.
A l'AMF, on ne doute pas que ses conclusions, attendues dans les six prochains mois, seront excellentes. On doute simplement qu'il réussisse à convaincre Emmanuel Macron de leur pertinence. C'est peut-être oublier que l'ancien ministre a gardé de l'entregent dans les palais de la République comme dans les couloirs du Parlement. Et qu'au crépuscule de sa vie publique, il n'a pas grand-chose à perdre... La Gazette des communes #2680 : Restauration collective - Comment les cuisines éradiquent le plastiquePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Jean-Baptiste ForrayEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Cette fois, c'est la bonne. Après une multitude de ballons d'essai, Emmanuel Macron va enfin s'attaquer au millefeuille territorial. C'est tout du moins ce qu'il affirme dans un entretien fleuve accordé au « Point », paru dans l'édition du 24 août. « Nous devons poser la question de l'organisation territoriale, qui est confuse et coûteuse, et dilue les responsabilités. On voit bien qu'entre les communes, les départements et les régions, on a trop de strates et un problème de clarté des compétences. Ces sujets aussi doivent pouvoir être mis sur la table à la rentrée », martèle le chef de l'Etat (*). Dans un second quinquennat compliqué, Emmanuel Macron est, plus que jamais, en quête d'un totem réformateur. Sans préjuger des pourparlers avec les forces politiques qui s'ouvrent à l'heure où nous écrivons ces lignes, le Président cherche à prendre date.
Dans un second quinquennat compliqué, Emmanuel Macron est, plus que jamais, en quête d'un totem réformateur.
LE SÉNAT EN EMBUSCADE. Avec le millefeuille territorial, il joue sur du velours. Sa dénonciation de la suradministration coïncide avec son ancrage au centre droit. Elle s'inscrit dans la lignée de la réforme menée en 2010 par un Nicolas Sarkozy dont il n'a jamais paru aussi proche. Mais Emmanuel Macron risque de se heurter aux mêmes obstacles que l'ex-président. Le premier d'entre eux s'appelle le Sénat. La chambre du seigle et de la châtaigne goûte peu la rhétorique du millefeuille territorial. Pour elle, il n'y a pas de couche en trop. Emanation de la France des 36 000 clochers, la Chambre haute se refuse à renverser la table. Singulièrement à la veille du scrutin sénatorial.
LA PISTE DU RÉFÉRENDUM. Dans ces conditions, les marges de manœuvre d' Emmanuel Macron apparaissent limitées. D'autant plus qu'il ne dispose pas d'une majorité ferme à l'Assemblée. Les principaux pôles d'opposition, le Rassemblement national et La France insoumise, ne lui feront pas le cadeau de soutenir son projet territorial. Tous deux font, d'ailleurs, du rejet du « président des métropoles » leur mantra. Il reste une option à Emmanuel Macron : l'appel au peuple. Mais la décentralisation est-elle un sujet porteur dans l'opinion ? Cela reste à démontrer. Le référendum raté du général de Gaulle sur la régionalisation, en 1969, est là pour le rappeler. La Gazette des communes #2671 : Foncier : Le développement économique est-il soluble dans le ZAN ?PériodiquesAnnée : 2023Auteur : Jean-Baptiste ForrayEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Le ton monte. Les noms d'oiseaux pleuvent. Les portes claquent. Mais les ruptures définitives ne le sont jamais tout à fait. Il ne manque que l'amant dans le placard pour que les relations entre les collectivités locales et l'Etat basculent dans une pièce de Feydeau. Ce petit théâtre a ses figures de proue : le grand argentier de l'Etat, Bruno Le Maire, parfait dans le rôle de « bad cop » à la mode « austéritaire », et l'éternel numéro deux de l'Association des maires de France, André Laignel (PS), dressé contre le moindre coup de rabot budgétaire.
POINT D'INDICE.
De ce côté-ci de la scène, on décrit la partie adverse comme un nouveau KGB. Le « politburo » de Bercy a, il faut dire, fait très fort avec la hausse du point d'indice des agents publics. Le matin, il évaluait la note de cette mesure pour les collectivités à 1 milliard, l'après-midi c'était le double.
Une mauvaise manière qui a provoqué l'ire des élus locaux. Mais, promis juré, l'épisode est clos. L'heure est au rabibochage. Elisabeth Borne, lors des assises des finances publiques, a fait acte de contrition. Bientôt, si Emmanuel Macron lui en offre le loisir, elle promettra un nouvel « agenda territorial » fondé sur la « coconstruction ».
Chacun fera semblant d'y croire.
Il ne manque plus que l'amant dans le placard pour que les relations entre les collectivités territoriales et l'Etat virent à une pièce de Feydeau.
ZFE. Déjà, les zones à faibles émissions remettent de la friture sur la ligne. L'Etat, avec ce dispositif, porte la lutte contre la pollution en bandoulière. Mais ce n'est pas à lui de prendre des mesures de restriction contre les véhicules qui polluent. C'est aux collectivités de le faire. Certaines d'entre elles affichent leur volontarisme, multipliant les interdictions. Néanmoins, elles se gardent bien de verbaliser les voitures contrevenantes. La faute à l'Etat, disent-elles, qui ne débloque pas suffisamment de fonds au profit des automobilistes touchés et n'a toujours pas mis en place de système de contrôle des plaques minéralogiques. Bilan des courses : le dossier n'avance pas d'un iota. Le vaudeville des finances locales, décidément, a de beaux jours devant lui. La Gazette des communes #2662 : Recrutements - L'atout seniorsPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Jean-Baptiste ForrayEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : De la première ligne d'Europe continentale Saint-Etienne - Andrézieux au TGV Paris-Lyon du début des années 80, ils furent une fierté nationale. Portés par un appareil industriel en expansion, les trains tricolores reliaient les points les plus reculés de l'Hexagone. L'aménagement du territoire n'était pas un vain mot pour les cheminots. Las, la tyrannie des tableaux Excel et la prime accordée à la très grande vitesse ont tué cet idéal. Les petites lignes sont en sursis. Le réseau part à vau-l'eau. Les transports se retrouvent au cœur des fractures françaises.
NOUVEAUX MURS. La province crie haro sur le « pharaonique » Grand Paris express. Elle pointe du doigt « les cadeaux » étatiques au syndicat des transports d'Ile-de-France pour éponger les dettes générées par la crise politico-sanitaire des années 2020-2021. Dans les grandes villes, les automobilistes venus d'ailleurs ne sont plus les bienvenus. De zones à faibles émissions en zones à trafic limité, les métropoles régionales érigent de nouveaux murs. Au nom d'un impératif louable, la protection de l'environnement, de nouvelles cassures se font jour. Mobilités douces contre France qui « fume des clopes et roule au diesel » : le pouvoir ne parvient pas à sortir de ce débat binaire. Depuis la crise des « gilets jaunes », il est dans la seringue. Et tout le pays avec.
L'aménagement du territoire n'était pas un vain mot pour les cheminots. Las, la prime accordée à la très grande vitesse a tué cet idéal.
CHANTIER MONSTRE. Il existe pourtant une porte de sortie entrouverte par Emmanuel Macron cet automne : dix RER métropolitains dans un rayon de 40 à 60 kilomètres autour des principales conurbations régionales. Un mode de transport qui, comme son nom ne l'indique pas, vise à sortir la France périphérique du tout voiture. Ce dessein exige une union sacrée. Métropoles et régions devront enterrer la hache de guerre. Tous les échelons locaux seront invités à mettre la main à la poche. L'Etat devra aussi injecter des sommes colossales. S'il est un domaine où le « quoi qu'il en coûte » mérite d'être prolongé, c'est bien celui-là. C'est même la condition sine qua non pour que les RER métropolitains deviennent le grand projet d'aménagement du territoire qui manque cruellement à la France depuis une trentaine d'années.