Urbanisme #432 : Représenter la ville et les territoiresPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Julien MeyrignacEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : Les cartes et les plans ne sont que des représentations du monde, par nature partielles et subjectives. Partielles, car certaines caractéristiques des territoires, des villes, des écosystèmes et des sociétés sont difficilement représentables, sinon irreprésentables. Comme les données d’ambiance, sensibles, qualitatives, ou les enjeux complexes, du fait du nombre de paramètres à intégrer, de leurs caractéristiques (dynamiques, temporalités, etc.) et de leur hétérogénéité. Subjectives, car ce sont des projections qui, à toutes les échelles, convertissent une sphère en plan, dépendent de la précision et de l’exhaustivité relatives des relevés, et sont assujetties aux conventions graphiques et aux intentions du cartographe. L’avènement du digital – de Google Maps à Géoportail, en passant par OpenStreetMap, des cartes en open source, des systèmes d’information géographique, des applications de génération de cartes, etc. – n’a pas fondamentalement remis en cause ce constat. Le numérique n’a que très marginalement augmenté nos capacités cognitives à intégrer des informations multifactorielles, et il demeure que représenter, c’est choisir. Par nécessité ou par volonté, souvent les deux : les cartes sont donc politiques, ce sont des outils de gouvernance des exécutifs et des administrations pour faire comprendre (mobiliser) et pour décider (agir). La prise en compte des grands enjeux territoriaux et sociétaux de notre époque – les défis qu’imposent les grandes transitions écologiques et climatiques, économiques et sociales – nécessite des représentations originales et « efficaces », afin de garantir la bonne appréhension des enjeux par le plus grand nombre et leur prise en considération effective par les acteurs concernés. Or, les cartes et les plans ne sont – de toute évidence – pas au rendez-vous. Car s’ils ont beaucoup progressé du point de vue de la qualité des représentations, ils semblent encore au
service d’une conception archaïque de la politique : celle de l’information descendante, servie par des datavisualisations destinées à soutenir des postures. En conséquence, les citoyens et les décideurs ont aujourd’hui besoin de produire leurs propres documents de référence de nature à objectiver les débats, partager les constats et soutenir un engagement collectif. Ils ont besoin de coélaborer des cartes et des plans, sans lesquels, l’aménagement du territoire et l’urbanisme, embourbés dans des cadres procéduraux devenus bien trop techniques, juridiques, administratifs, ne vont pas pouvoir réaliser leur mue vers la planification durable. Pour que la société s’engage à limiter les incidences sur les écosystèmes et réduire les inégalités territoriales, sociales, économiques, une grande participation et adhésion populaire, démocratique, est nécessaire. La question des représentations y est centrale dans la mesure où dessiner des cartes et des plans est un exercice positivement mobilisateur parce qu’il convoque des imaginaires puissants. Il nous ramène aux histoires de pirates, aux cours de géographie, aux voyages… Il est le lieu et le moment de la rencontre entre le monde et nos mondes, dont il est si urgent, désormais, de produire des représentations universellement subjectives. Dessinons les défis. La Gazette des communes #2653 : Vite, dépoussiérons le concours !PériodiquesAnnée : 2023Auteur : Jean-Baptiste ForrayEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Depuis la rentrée de janvier, c'est un festival. Pas une semaine sans que la Macronie ne lance un ballon d'essai à destination des « territoires ». Un jour, c'est le patron du parti présidentiel, Stéphane Séjourné, qui veut mettre sur l'établi le redécoupage des grandes régions. Un autre, c'est une source élyséenne qui évoque un retour du conseiller territorial, appelé sous Nicolas Sarkozy à siéger dans les assemblées départementale et régionale.
Le ministre Christophe Béchu n'est pas en reste. Il se dit prêt à aller « très loin » dans les transferts de la compétence « logement » de l'Etat aux collectivités. En dehors des APL et de l'hébergement d'urgence, tout est négociable.
PÉTARD MOUILLÉ. Autant d'offres de réforme qui laissent les élus locaux incrédules. Les édiles n'ont pas oublié le pétard mouillé de la différenciation territoriale durant le précédent quinquennat. Destiné à instaurer une organisation à la carte, ce mécanisme a été victime de l'échec de la refonte des institutions. Dans sa version gouvernementale, le « D » de différenciation de la loi « 3DS » s'est limité à des possibilités de modulation du nombre d'élus dans les centres communaux et intercommunaux d'action sociale ou au nombre de bêtes admises au pâturage. La fin des grandes régions risque fort de connaître le même sort. Il n'existe pas de consensus à l'Assemblée et au Sénat sur une nouvelle carte. Les présidents de région LR ou proches du pouvoir ne veulent pas entendre parler d'un quelconque redécoupage de leur fief, pas plus que d'un retour du conseiller territorial. Redécoupage des régions, retour du conseiller territorial, nouveaux transferts dans le domaine du logement... : la Macronie multiplie les ballons d'essai.
DÉCENTRALISATION. Englué sur le front des retraites, Emmanuel Macron est-il prêt à s'attaquer à des dossiers aussi explosifs ? Pas sûr, tant cette réforme n'apparaît pas mue par une foi girondine profonde. « L'expérience montre que la décentralisation n'a jamais réglé aucun problème », avait jugé, définitif, Emmanuel Macron au moment du dernier congrès des maires, avant d'appeler à des transferts de responsabilité au profit des... collectivités locales. Comprenne qui pourra.