Le Moniteur #6339 : Les Serm esquissent les gares de demain


Auteur : Fabien Renou


Périodiques
Année : 2025
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Donald Trump est un clown, capable des pires excentricités. Parmi la rafale de décrets qui a suivi son investiture, le nouveau président des Etats-Unis a décidé d'imposer aux futurs bâtiments fédéraux une architecture « traditionnelle, régionale et classique ». Et pourquoi pas des dorures « dans le genre Mar-a-Lago », tant qu'on y est ? C'est risible, certes, mais aussi terriblement révélateur de sa vision du pouvoir, très personnelle, résolument autoritaire et un brin passéiste. La stratégie de Trump pourrait conduire, de notre côté de l'Atlantique, à remettre en cause d'indispensables investissements dans la transition énergétique. Paradoxe de ce mandat : cette appétence pour le néo-classicisme le plus traditionnel coexiste avec une priorité stratégique donnée à l'intelligence artificielle. Fruit des noces de l'Amérique profonde avec la Silicon Valley, la nouvelle présidence plastronne en annonçant un investissement record visant à créer de gigantesques data centers. Un numéro de claquettes à 500 milliards de dollars, rien de moins. Objectif : doter le pays des immenses capacités de calcul que réclame le développement de l'IA. C'est un véritable projet d'infrastructures, qui vise, par son ampleur, à prendre un net avantage compétitif sur le reste du monde. Tout clown qu'il est, il a de la suite dans les idées. Car ces immenses hangars de serveurs feront, c'est certain, exploser les besoins énergétiques. La réponse : du solaire, du nucléaire, mais surtout « forer, forer, forer ». Libéré des contraintes de l'accord de Paris, Washington acte le grand retour des sources fossiles dans le mix états-unien. Une stratégie qui pourrait conduire, de notre côté de l'Atlantique, à remettre en cause d'indispensables investissements dans la transition énergétique, sous couvert de pragmatisme. Si les USA lèvent le pied, pourquoi ferions-nous des efforts ? La culture populaire américaine a produit Bozo, le clown qui fait rire les enfants. Mais aussi « Ça », la créature de Stephen King qui fait peur aux adultes. Le bureau ovale accueille désormais un détonnant mélange des deux, une sorte de Janus aux nez rouges. L'Amérique peut s'armer de pop-corn : elle s'offre un spectacle de quatre ans, pour le pire et le meilleur. Pas certain que l'Europe, elle, rigole longtemps.