Le Moniteur #6332 : Prix Moniteur de la construction : Mes frères Gayet livrent leurs bons tuyauxPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Mamie fait de la résistance. En observant la cuvée 2024 des Prix Moniteur de la construction, on ne peut s'empêcher de constater que les entreprises aussi se bonifient avec le temps. Centenaires, quasi-centenaires et même presque bicentenaires : elles sont nombreuses, parmi les lauréates, à témoigner d'une glorieuse histoire qui remonte à plusieurs générations.
Ces trophées, pourtant, ne sont pas une carte senior. Ce palmarès n'a rien d'un thé dansant. A l'Ehpad, ces sociétés préfèrent l'iPad, misant sans réserve sur l'innovation, comme en témoigne la présence massive de bureaux d'études intégrés. La fin de vie les inquiète moins que la fin du monde : elles embrassent la transition écologique avec la fougue retrouvée de leurs 20 ans. Et, dans leurs rangs, point de vieilles grincheuses : toutes ouvrent leurs bras avec enthousiasme et bienveillance à la jeunesse d'aujourd'hui, sur les chantiers comme dans les comités de direction.
Toutes les entreprises lauréates des Prix Moniteur de la construction forment des collectifs solides et déterminés.
Bref, elles sont souples, agiles et dynamiques. Surtout, elles se portent comme un charme. Elles n'ont pas juste bonne mine, de celle que donne une crème antirides efficace, mais affichent une forme excellente, vérifiée par un check-up complet. La performance, telle que l'a évaluée le jury de ces prix, se mesure en effet à l'aune de critères économiques et financiers, mais aussi sociaux et environnementaux. Un test d'effort unique, que ces lauréates ont réussi avec brio.
Leur santé de fer n'a d'égale que leur moral d'acier. Engagés et motivés, leurs dirigeants creusent leur sillon, affinent leurs recettes, adaptent leurs process. Surtout, ils témoignent d'une infinie reconnaissance pour leurs équipes. Certaines entreprises sont familiales, d'autres coopératives… mais toutes forment des collectifs solides et déterminés, composés d'hommes et de femmes dont l'implication est le résultat de recrutements avisés, de formations adaptées, de rémunérations généreuses tout autant que de petites (et sincères) attentions. Un management aussi bénéfique à la longévité que le verre de porto quotidien de Jeanne Calment. Le Moniteur #6331 : Top 1000 - Les nouveaux as du BTP enfin dévoilésPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Gloria ! Avec leur cortège de têtes couronnées, de présidents - parfois pas encore en poste - et d'artistes de renom, les célébrations en l'honneur de la réouverture de Notre-Dame ont fourni une nouvelle occasion de faire rayonner le volontarisme français sur la scène internationale. Après le succès des JO de Paris, cette reconstruction au pas de charge fournit à nouveau une démonstration éclatante de la capacité tricolore à se retrousser les manches pour mener avec succès de grands projets fédérateurs.
Requiem. Fierté méritée ou prétention déplacée ? Car, dans le même temps, l'enterrement précipité du gouvernement Barnier offrait un tout autre spectacle. L'Etat français, si prompt à plastronner sur ses capacités d'action et de mobilisation, se trouve à nouveau décapité. Nouvel épisode du feuilleton tragicomique interprété par le monde politique depuis le printemps, cette censure ne fait pas rire grand monde, surtout pas les acteurs de la construction.
Avec un mauvais budget, on investit moins. Sans budget, on n'investit pas.
In limbo. Disparu en même temps que son auteur, le projet de loi de finances pour 2025 n'avait certes rien d'enthousiasmant. Sa chute dans les limbes inquiète pourtant. D'abord, parce que, à force de persuasion, les acteurs du bâtiment et de l'immobilier avaient réussi à arracher quelques précieuses avancées (élargissement du PTZ, plafonnement de la RLS…). Ensuite, parce que même si les efforts demandés à l'Etat et aux collectivités risquaient d'entraver la commande publique, l'absence de tout cadre budgétaire stable se révèle encore plus paralysante. Avec un mauvais budget, on investit moins. Sans budget, on n'investit pas.
Nostradamus. Prédire la suite des événements relève de la prophétie de boule de cristal, tant les inconnues sont nombreuses et les stratégies opaques. Il n'est en revanche pas interdit d'espérer qu'un sursaut permette aux parlementaires de s'accorder sur quelques textes consensuels, afin de ne pas laisser s'embourber davantage la machinerie législative. Si d'aventure cette bonne volonté était partagée, le dossier du logement pourrait peut-être bénéficier des attentions bienveillantes d'une telle union sacrée. Même si le pire n'est jamais sûr, il faut continuer de croire aux miracles. Le Moniteur #6316 : Quand le logement se glisse dans l'existantPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : C'est le mariage de la carpe et du béton. En Alsace, afin de permettre aux poissons de se déplacer le long du Rhin, un vaste chantier met actuellement en œuvre les savoir-faire les plus pointus du génie civil en milieu aquatique (lire p. 46). A terme, cette passe à poissons doit permettre d'effacer l'obstacle infranchissable que représente, tant pour les espèces migratrices que pour les populations locales, une centrale hydroélectrique barrant le fleuve.
L'ampleur des travaux, leur technicité ainsi que leur coût témoignent de l'importance que revêt désormais l'enjeu de la protection de la biodiversité. Certes, cet impératif écologique imprègne de longue date les projets, mais il s'agissait plutôt de les brider, les ralentir voire les empêcher. Ce qui est plus récent, c'est que l'on construit de plus en plus pour la faune et la flore. Et on y met les moyens.
De plus en plus de financements sont fléchés vers les opérations de renaturation ou de préservation.
Située sur un cours d'eau qui se joue des frontières, la passe à poissons de Marckolsheim a, entre autres, bénéficié de subsides européens, mais aussi du plan de relance tricolore. Car en France également, de plus en plus de financements sont fléchés vers les opérations de renaturation ou de préservation. Les agences de l'eau, par exemple, intègrent la préoccupation de la biodiversité aux questionnements plus larges sur la disponibilité de la ressource aquatique. Même les fonds privés, notamment à travers les opérations de compensation, sont appelés à participer à cette ambition commune.
On peut faire plus, on doit faire mieux. Reste que le chemin parcouru mérite bien un satisfecit. La prise de conscience collective de l'effondrement de la biodiversité explique en partie ce processus, mais ce dernier n'aurait pas été possible sans la montée en compétences des acteurs du BTP. Ni, soyons honnêtes, sans un certain courage des décideurs locaux et nationaux. Car les 80 M€ d'investissements en cours en Alsace proviennent bien des poches des contribuables et de celles des clients d'EDF. Des râleurs potentiels susceptibles de faire reculer plus d'un élu. Pourtant, la passe est bien là alors que les poissons ne votent pas. Miracle de la nature.