La Gazette des communes #2709 : Ces juristes territoriaux qui dépoussièrent leur métier


Auteur : Delphine Gerbeau


Périodiques
Année : 2024
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Depuis fin février, la colère gronde dans les écoles et établissements scolaires de la Seine-Saint-Denis face au manque de moyens tant matériels qu'humains. L'abandon de la politique du « choc des savoirs » est dénoncé et l'obtention d'un « plan d'urgence » de 358 millions d'euros pour le département réclamée. Le 27 mars, c'était au tour des élus de l'intercommunalité dyonisienne Est ensemble d'alerter, de façon plus large, sur l'inaction de l'Etat en matière de services publics dans ce territoire, chiffres à l'appui. « Les agences Pôle emploi [aujourd'hui France Travail] sont confrontées à une surcharge de 250 demandeurs d'emploi suivis par conseiller, bien au-delà du maximum théorique de 150. On compte seulement 34 policiers pour 10 000 habitants contre 44 dans les Hauts-de-Seine », ont-ils déploré. DES INÉGALITÉS DE TRAITEMENT. Dans un rapport retentissant présenté en mai 2018, les députés François Cornut-Gentille (LR) et Rodrigue Kokouendo (LREM) avaient pourtant déjà alerté sur le manque cruel de moyens humains et financiers, ainsi que sur les inégalités de traitement, dans un territoire qui concentre les plus importants taux de criminalité, d'insécurité, de pauvreté et d'immigration irrégulière en France. Un plan de transformation du département a bien été mis en place en 2019 par le gouvernement, mais le « pognon de dingue » de la politique de la ville ne masque pas le fait que les politiques de droit commun y font encore et toujours défaut. Le « pognon de dingue » de la politique de la ville ne masque pas le fait que les politiques de droit commun y font encore et toujours défaut. UN FOSSÉ S'EST CREUSÉ. Si la situation de la Seine-Saint-Denis est paroxystique, le reste du territoire n'est pas en reste. Dans son rapport annuel consacré au dernier kilomètre de l'action publique, présenté en septembre dernier, le Conseil d'Etat constate également qu'« un fossé s'est creusé entre l'action publique et les usagers » (lire notre dossier p. 34-39). Alors que le gouvernement vient d'imposer une diète de 10 milliards d'euros pour cette année, touchant tous les secteurs, y compris l'Education nationale (- 691 millions), la police nationale (- 134 millions), l'emploi (- 1,1 milliard), on ne peut que douter d'une amélioration rapide de l'état des services publics en Seine-Saint-Denis et ailleurs. Il y a pourtant urgence...