Le Moniteur #6273 : Planification écologique : Les collectivités cherchent la bonne formule
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Tradition japonaise apparue au XIIe siècle, le thé matcha prend la forme d'une poudre très fine de couleur vive. Les pâtissiers français l'utilisent parfois pour donner une teinte verte aux millefeuilles. Le gouvernement, lui, n'a pas encore trouvé d'ingrédient magique pour verdir en profondeur le millefeuille administratif. Alors que la planification écologique est appelée à innerver l'ensemble des politiques publiques, la réussite de sa déclinaison territoriale apparaît pourtant comme déterminante. Impossible de décarboner les transports, préserver la qualité de l'eau ou rénover les bâtiments sans la mobilisation, à toutes les strates, des élus locaux et de leurs agents. Tradition française apparue après-guerre, la planification suggère, dans son principe même, une vision centralisée de la décision qui ne saurait échapper au cœur du pouvoir. Le secrétariat général à la planification écologique (SGPE) ne loge-t-il pas à l'hôtel de Matignon ? Mais la France de 2023 n'est pas celle de 1946 et le SGPE ne saurait user des mêmes outils que son aïeul, le Commissariat général au plan. L'Etat ne dicte plus, il mobilise, accompagne, contractualise. Les collectivités n'ont pas attendu d'être sollicitées pour prendre des mesures vertueuses. C'est donc du terrain qu'il faut démarrer pour espérer réussir cette planification. Et on ne part pas de zéro, loin s'en faut. Comme le montre notre dossier (lire p. 15-33), les collectivités n'ont pas attendu d'être sollicitées pour prendre des mesures vertueuses pour leur territoire, leur population et les écosystèmes. Ces initiatives présentent la vigueur et la spontanéité inhérentes à leur échelle, mais gagneraient à être mieux coordonnées pour plus d'efficacité. Or, il y a urgence à gagner en efficacité, à transformer le mille-feuille en éclair. C'est ainsi que se dessine la nouvelle articulation de ce que pourrait être la dynamique d'une planification contemporaine. Tous ces mini-plans locaux forment les ingrédients d'une recette dont l'Etat doit assurer à la fois l'association des saveurs, mais aussi la cohérence d'ensemble. Le défi planétaire interroge jusqu'aux tréfonds de la République.

La Gazette des communes #2672 : Spécial Transition Ecologique
Périodiques
Année : 2023
Auteur : Romain Mazon
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Le message d'Elisabeth Borne est clair : pour redresser les comptes publics, « l'Etat restera aux côtés des collectivités, bien sûr, mais son rôle doit se recentrer sur les grands défis et les crises exceptionnelles ». A elles, donc, de « s'auto-assurer » pour programmer leurs investissements ou faire face aux imprévus, tout particulièrement climatiques. La Première ministre évoque, certes, des démarches de coconstruction, une vision partagée, mais les travaux de l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE) montrent à quel point, à ce stade, la lutte contre le dérèglement climatique est surtout sous-financée (*). Et spécifiquement son volet « adaptation ». ICI ET MAINTENANT. Or l'adaptation n'est pas un impératif que les collectivités peuvent planifier pour demain : elle s'impose, ici et maintenant. Il y a urgence, et on ne peut même plus compter sur les adages. « Aide-toi et le ciel t'aidera », ça ne fonctionne plus depuis que les activités humaines l'ont rendu fou, le ciel : fini les doux printemps et les hivers cléments ; place aux tempêtes de grêle, aux sécheresses hivernales, aux canicules qui embrasent les forêts. A l'aune de ces phénomènes extrêmes qui deviennent la norme (mais une norme incontrôlable), les réponses classiques de nos sociétés occidentales ne sont plus opérantes. On ne peut plus se dresser contre le climat à coup de digues, de murs ou d'appropriation des ressources naturelles. Il faut changer de modèle. On ne peut plus se dresser contre le climat à coup de digues ou d'appropriation des ressources naturelles. Il faut changer de modèle. RENONCEMENT. On mesure alors l'immensité de la tâche pour des collectivités qui doivent embarquer leurs administrés dans ces nouvelles voies, chacun mesurant ce à quoi il doit renoncer sans que les pouvoirs publics puissent assurer que « ce sera mieux après ». D'ailleurs, ça ne devrait pas être « mieux », en tout cas pas selon les critères du XXe siècle, mais assurément différent et, surtout, durable. Faire prendre un tel virage à notre société demandera beaucoup (beaucoup) de débats et d'établir ou de rétablir la confiance entre tous ses acteurs. Cela prendra du temps. La planète ayant enclenché le compte à rebours, la course contre la montre est lancée.

Projet Paysage(s) #1 : Le palmarès du Paysage 2021 - Urbanisme et santé - Pour une transition écologique et solidaire
Périodiques
Année : 2021
Auteur : Henri Bava
Editeur : LES ED DE BIONNAY LE BIONAI
Description : Parce que nous sommes tous concernés par le tournant climatique, il ne faut plus perdre de temps pour entraîner, convaincre et agir. Anticiper les affres du changement climatique demande d'entreprendre une action d'urgence, lieu par lieu, pour transformer chacun d'eux en "machine climatique". Cela correspond déjà à l'action quotidienne trop peu connue des paysagistes concepteurs. Elle va dans le sens d'une écologie appliquée aux spécificités de nos territoires, une écologie sociale. Forts de la récente reconnaissance par l'État de la profession de paysagiste concepteur, nécessaire mais pas encore suffisante, il s'agit maintenant de faire-part chaque année, du très large champ de compétences de notre profession qui s'exerce à différentes échelles et configurations. Avec le soutien de toute la Fédération Française du Paysage, et en particulier de son Bureau toujours très pro-actif. J’ai souhaité créer un événement annuel montrant l'efficience de notre profession, prise au sens large, dans des domaines très divers : cela concerne toutes les pratiques, aussi bien des jeunes diplômés porteurs d'approches innovantes, des praticiens expérimentés en matière d'études et de planification territoriale, de réalisations à diverses échelles, du quartier à la métropole, d'actions de concertation et d'activation, ou encore de recherches imaginant de nouvelles stratégies d'intention. La complexité ainsi gérée par les paysagistes concepteurs et l'inscription de leurs projets dans le temps long, expliquent peut-être pourquoi la perception de leur action n'est pas aisée et demeure peu repérée. Il faut changer cet état de fait. Le Palmarès du Paysage en est un des outils. Chaque année, un panel d'actions phares menées par des paysagistes concepteurs, repérées par le jury du Palmarès du Paysage, sera dorénavant présenté sur le site internet de la FFP, et édité dans le nouveau magazine « Projet PAYSAGE(s) » grâce à l'étroite collaboration entre la FFP et les Editions de Bionnay. Le Palmarès du Paysage annuel, montrera, dès ce mois de mars 2021, et, bien sûr, chaque année suivante, cette inspirante diversité de situations et de pratiques associées, développées par notre profession. Cette attention au travail de chacun est indispensable pour mettre en lumière l'intensité de l'apport des paysagistes concepteurs, qui ancrent les nécessaires mesures éco-systémiques dans nos territoires urbains, ruraux et commerciaux ou industriels, afin de territorialiser la lutte climatique, la rendre ainsi plus spécifique, compatible avec le développement d'une économie locale: en un mot, territorialiser la lutte climatique, pour rendre ainsi sa réalité plus acceptable et appropriable par tous.

La Gazette des communes #2711 : La catographie des risques, un outil à apprivoiser
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Jean-Baptiste Forray
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : C'était, pour Emmanuel Macron, le meilleur vecteur d'écologie positive. Annoncé en fanfare à la rentrée dernière, le Pass rail se voulait particulièrement ambitieux. Pour 49 euros par mois, tout usager devait, à partir de cet été, pouvoir voyager partout sur le territoire et toute l'année dans les trains Intercités, TER et RER. Las, la belle promesse présidentielle s'est heurtée au mur des réalités. Faute de soutien suffisant de l'Etat, la région Ile-de-France a renoncé. Conscient que les pouvoirs publics n'étaient pas capables de répondre, en un temps réduit, au choc de la demande que n'aurait pas manqué de générer le Pass rail, le gouvernement a revu ses ambitions à la baisse. GUERRE INTESTINE. Le dispositif a été limité aux mois d'été et ouvert aux seuls jeunes de moins de 27 ans. Malgré ce canevas des plus modestes, le Pass rail a suscité l'une de ces guerres intestines dont les régions et l' exécutif ont le secret. Le nouveau ministre délégué aux Transports, Patrice Vergriete, a dû publiquement menacer de jeter l'éponge pour cette année afin d' obtenir l'assentiment des patrons récalcitrants de l' Auvergne - Rhône-Alpes, des Hauts-de-France et de la Normandie. L'accord a minima avec Laurent Wauquiez (LR), Xavier Bertrand (LR) et Hervé Morin (Les Centristes) sauve la face. Mais il en dit aussi long sur les ratés de la décentralisation à la française. L'accord a minima entre les présidents de région et le ministre des Transports sur le Pass rail en dit long sur les ratés de la décentralisation à la française. RESPONSABILITÉ DIFFUSE. La suppression de la clause générale de compétence des départements et des régions, à l'occasion de la réforme portée au milieu des années 2010 par François Hollande, n'a rien changé à l'affaire. En matière de transport, comme dans une multitude d'autres domaines, personne ne peut agir seul. Le millefeuille territorial accouche de compromis qui ne contentent personne. Pour redorer son blason, le service public doit reposer le principe de responsabilité. Puisse Eric Woerth le comprendre, lui qui remettra un rapport sur la décentralisation à Emmanuel Macron dans les prochaines semaines.