Urbanisme #439 : PériphériesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Julien MeyrignacEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : Le tout pour le tout
Si vous n’en avez pas fait vous-même l’expérience, sans doute avez-vous glosé sur ces points de vue relatifs à « l’exotisme » de l’Hexagone qui se sont généralisés au gré des découvertes imposées par la pandémie. Des propos presque extatiques sur
l’absolu dépaysement vécu dans la Creuse, l’épreuve radicale de l’épicerie du hameau et la « reconnexion avec la nature et les vraies gens ». Comme si ce département, situé en moyenne à quatre heures de Paris, développait plus de matière à dépaysement que New York, les villes littorales de la Thaïlande ou d’autres territoires de la mondialisation effrénée, donc du (sur)connu et parfois – à ce titre – de la déception. Étrange géographie d’un monde globalement aplati et contracté, mais qui se dilaterait et se particulariserait aux échelles régionales. Comme la superposition de deux univers : celui du présent indexé sur le futur, de la vitesse, de l’innovation, de la prospérité, mais aussi du stress (maigre écot à payer pour l’ensemble des bénéfices économiques et sociaux précités), et celui du présent enlisé dans le passé, statique, nécessiteux, mais offrant le bonheur de la vie simple (bénéfice exorbitant des conditions de vies précitées).
Nous pourrions rire ensemble de ces conceptions biaisées par les clichés qui structurent les imaginaires et les perceptions des métropolitains et urbains si elles ne se révélaient pas contagieuses auprès des territoires et des populations appelées périurbaines, rurales ou périphériques elles-mêmes, pour aboutir à un « cul-de-sac intellectuel », comme l’écrit Valérie Jousseaume dans Plouc Pride, un nouveau récit pour les campagnes (Éditions de l’Aube, 2021). Mais surtout, le sujet est sérieux.
À l’heure de la concorde sur la systémique (peu ou prou cinquante ans après le « penser globalement, agir localement » de René Dubos et Le Macroscope, vers une vision globale [Seuil, 1975, ndlr], de Joël de Rosnay, il était temps), et le nécessaire désilotage, celle de la multiplication des analyses transversales rendues possibles par la profusion de data disponibles et la possibilité de générer des indicateurs raffinés, celle des inter-SCoT et des contrats de réciprocité proposés par les métropoles aux territoires qui composent leurs hinterlands, il est désolant de constater que ce sont les « frontières » géographiques et non celles entre les grands champs disciplinaires (ressources, biodiversité, mobilité, économie, habitat…) qui offrent le plus de résistance. Désolant, mais pas surprenant, dans la mesure où elles sont largement sous-tendues par des enjeux politiques fondamentaux, locaux et nationaux : comment expliquer la récente et actuelle inanité du Haut-commissariat au plan autrement que par l’objectif évident de ne pas hérisser le Sénat, dont les élus sont les plus ancrés dans les territoires et la majorité détenue par Les Républicains et centristes ?
Plus qu’un lieu commun ou un marronnier journalistique, l’opposition entre villes et campagnes, entre centres et périphéries, est aussi (encore) un enjeu de pouvoir qui trop souvent limite la prise en compte des grands enjeux écologiques et climatiques aux bonnes échelles, fréquemment entrave le déploiement d’une plus grande solidarité territoriale, et parfois se cristallise dans l’exercice démocratique.
Face aux nombreuses alertes en la matière, il paraît urgent de jouer le tout (la nation) pour le tout (le dessein). Le Moniteur #6320 : Le hors-site en mission décarbonationPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jérémy BellangerEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Renommés Arena Paris Sud le temps d'une parenthèse olympique enchantée, les halls de la Porte de Versailles ont repris leur fonction habituelle : celle de parc des expositions.
Après les athlètes et les spectateurs, c'est désormais aux professionnels du BTP d'arpenter ses allées, à l'occasion du salon Batimat qui s'y déroulera du 30 septembre au 3 octobre. Si les organisateurs doivent espérer que la ferveur des Jeux continue d'imprégner les lieux, un enthousiasme comparable à celui de 2022 pourrait suffire à leur bonheur. En effet, la dernière édition, qui tournait définitivement la page des restrictions Covid et signait, du même coup, le retour de l'événement à l'intérieur de la capitale, avait été unanimement saluée.
Confirmer ce retour en grâce suppose, malgré la crise qui secoue le secteur, de se projeter vers l'avenir. Un exercice complexe, mais nécessaire. Malgré les difficultés rencontrées par certains et la prudence revendiquée par beaucoup, tous devront témoigner de leur capacité à se mobiliser autour des grands enjeux environnementaux.
Le monde de la construction n'a d'autres choix que de précéder les attentes.
Démontrer que l'innovation est toujours au rendez-vous pour dé-carboner les ouvrages ; que les produits comme les techniques de mise en œuvre continuent d'évoluer et de s'affiner (lire notre enquête p. 18) ; que l'accélération de la révolution numérique provoquée par l'intelligence artificielle se traduit déjà dans les process industriels.
Plus qu'un vœu, entretenir une telle dynamique doit être vu comme un impératif car l'histoire, si elle peut être ralentie, ne changera pas de sens. L'exigence en termes de performance énergétique et de réduction carbone continuera de croître. Et pour préserver le futur de ses activités, le monde de la construction n'a d'autres choix que de précéder les attentes. Si la flamme olympique a dû s'éteindre, celle des bâtisseurs ne doit pas vaciller. Le Moniteur #6323 : Les nouvelles manières de faire la courPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Déficit qui s’envole, recettes qui s’étiolent, Bruxelles qui s’affole… Jamais un projet de loi de finances n’aura été élaboré dans un contexte aussi contraint. Il fallait redresser la barre. Restait à définir le cap, car même quand le champ des possibles se réduit à peau de chagrin, gouverner, c’est toujours choisir. En témoigne le débat sur la fiscalité, opposant ceux qui refusent toute hausse d’impôt et ceux qui ambitionnent de combler les trous grâce aux seuls prélèvements. Cela dit, au-delà des grandes masses, une autre discussion apparaît tout aussi fondamentale : celle des priorités. On serre les boulons, d’accord, mais pas partout aussi fort.
Touché par l’austérité annoncée, le BTP apparaît ainsi inégalement exposé. L’élargissement annoncé du PTZ devrait bénéficier
aux acteurs du logement neuf alors que le nouveau rabotage de MaPrimeRénov’ bridera la dynamique des travaux sur l’existant. Quant à la coupe sèche dans les finances locales, elle risque d’entraver bon nombre de projets de réseaux, voiries et équipements publics.
Le budget de l’Etat ne saurait se lire à travers le seul prisme des intérêts catégoriels. En filigrane, le nouvel exécutif se livre en effet au détricotage d’une partie des moyens financiers dédiés aux objectifs environnementaux. Ce choix – puisque c’est bien de cela qu’il s’agit – témoigne d’un arbitrage, maintes fois observé, entre les dépenses d’aujourd’hui et les dégâts de demain. Un renoncement
légitimé par l’urgence financière, une simple parenthèse qui, on le devine, pourrait perdurer bien au-delà d’un seul exercice budgétaire. Le Moniteur #6325 : A Nice, la forêt urbaine mobilise toutes les ingénieriesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Ce ne sont plus de discrets clins d'œil, mais d'éblouissants appels de phares ! Depuis qu'il a pris ses fonctions, le nouvel exécutif entend choyer les maires des petites communes. Ces derniers viennent d'obtenir coup sur coup l'abandon du transfert obligatoire de la compétence eau et assainissement à l'intercommunalité et l'annonce d'un nouvel assouplissement du ZAN. Deux décisions peut-être indolores pour le budget de l'Etat, mais pas forcément sans effet sur la bonne marche des projets.
Que l'objectif de zéro artificialisation nette donne des sueurs froides aux élus ruraux, cela ne fait aucun doute. Issu d'une loi de 2021, il a déjà été remodelé l'année dernière. On ne saurait donc mesurer les effets du nouveau dispositif. Sans présumer du contenu du prochain texte - la foire aux idées est ouverte -, il faut à tout prix éviter qu'un cadre aussi structurant pour l'aménagement à long terme subisse d'incessants revirements. La stabilité normative reste, on le sait, primordiale pour les porteurs de projet.
Redonner le pouvoir aux maires, pourquoi pas, mais avec quels moyens ?
Garder la haute main sur la gestion de l'eau rassurera bien des édiles, souvent rétifs à cette mutualisation intercommunale obligatoire. Redonner le pouvoir aux maires, pourquoi pas, mais avec quels moyens ? Sans accompagnement financier et d'ingénierie, cette volte-face pourrait in fine freiner les investissements dans les réseaux. Lors des récents épisodes de sécheresse, les territoires privés d'eau étaient bien souvent ceux dotés d'une gestion communale isolée, avec des infrastructures inadaptées.
Ces signes d'affection peuvent certes s'apparenter à un juste retour de balancier, tant les élus de terrain se sont sentis malmenés par les précédents gouvernements. Mais ils ne sauraient éclipser la douche froide qu'a représentée, pour les finances locales, le dévoilement du PLF pour 2025. Le vif débat parlementaire sur le budget a d'ailleurs fait ressurgir une revendication ancienne des collectivités : le rétablissement de la taxe d'habitation. En retissant, par la fiscalité, un lien direct entre les ressources d'une collectivité et sa population, on sécurise les recettes de la Ville, on récompense le maire qui développe son territoire, on l'incite à construire du logement. Cette preuve d'amour-là, le gouvernement la refuse toujours aux élus locaux. Le Moniteur #6321 : Coûts, avancement et ambitions, le Lyon-Turin à coeur ouvertPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jérémy BellangerEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Plus de 3 000 milliards d'euros de dettes. Ni le gouvernement Barnier, ni ses éventuels successeurs, ne pourront se soustraire à cette réalité économique. Sans compter que la France fait également l'objet d'une procédure pour déficit excessif lancée par la Commission européenne et va devoir se plier à une série d'arbitrages douloureux qui prendront corps dans la prochaine loi de finances.
Pour autant, cette épée de Damoclès qui plane sur les composantes du futur budget ne doit pas se traduire par un abandon en rase campagne de toutes nos ambitions écologiques, sociales et industrielles. L'exécutif n'aura donc d'autre choix que de clarifier ses priorités pour se projeter vers l'avenir sans faire dériver davantage les finances publiques.
Raboter indéfiniment le Fonds vert ne saurait être lu comme un acte de raison.
Parmi les dépenses dont beaucoup attendent qu'elles soient sanctuarisées, plusieurs concernent directement le monde de la construction. Alors que le gouvernement Attal n'avait sûrement pas pris la mesure de la crise du logement neuf, le nouveau ne devra plus ignorer ce sujet, indissociable de nos enjeux démographiques et de la poursuite d'une politique de réindustrialisation.
Dans un autre registre, raboter indéfiniment le Fonds vert et les autres dispositifs de soutien aux collectivités désireuses d'adapter leurs infrastructures au réchauffement climatique ne saurait être lu comme un acte de raison. Ce serait, au contraire, la promesse de voir proliférer une dette grise qui deviendrait rapidement insurmontable.
De la même manière, geler, ou simplement ralentir, les investissements dans les énergies décarbonées n'aurait d'autres conséquences que de condamner la France à végéter dans un modèle de dépendance aux ressources fossiles et à hypothéquer sa compétitivité future.
Face au mur d'investissements qui se dresse, la voie budgétaire sera étroite et l'impopularité peut-être au bout du chemin pour ceux qui l'emprunteront. Mais l'urgence de la situation interdit désormais tout faux-fuyant à une classe politique que la réalité rappelle aujourd'hui à ses responsabilités. Le Moniteur #6319 : Quand les bailleurs sociaux font sans les promoteursPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Emmanuelle N'HauxEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : A l'heure où certains se focalisent sur la nécessité d'un ministère de l'Immigration, 2,7 millions de personnes attendent toujours un toit dans le parc social. Certains membres du gouvernement Attal ont reconnu avoir sous-estimé la crise actuelle, de quoi nourrir l'espoir que le prochain exécutif fasse du logement une priorité. Et que le futur ministre en charge de ce portefeuille - non connu au moment où nous imprimons ces lignes - reprenne à son compte le projet de loi relatif au développement de l'offre de logements abordables, stoppé dans sa course législative par la dissolution.
Au regard de la production réalisée malgré une promotion privée à l'agonie, les bailleurs sociaux se sont bel et bien retroussé les manches.
Les acteurs du monde HLM, qui se réuniront en congrès du 24 au 26 septembre à Montpellier, l'appellent de leurs vœux. La filière du BTP tout entière, derrière. La situation devenue critique l'exige. En 2023, le nombre d'agréments pour la construction de logements sociaux est tombé à 82 000. Bien loin des 198 000 nécessaires chaque année pour répondre à la demande.
Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat (USH) déclarait, début juillet, que « la crise du logement n'était pas une fatalité » et que « les acteurs du logement social ne baissaient pas les bras ». Au regard de la production réalisée malgré une promotion privée à l'agonie, les bailleurs se sont bel et bien retroussé les manches. Et d'innovation - thème du congrès de l'USH - ils n'en manquent pas. Ni d'agilité. Maîtrise d'ouvrage directe, opérations d'acquisition- amélioration, Vefa inversée… sont autant de dispositifs mis en œuvre par les organismes HLM.
En attendant que l'Etat se penche sur le berceau du logement abordable, les collectivités restent à son chevet à grand renfort de plans d'urgence ou de mobilisation du foncier public. La présidente de l'USH plaide en ce sens. C'est à ce prix que le logement social jouera pleinement son rôle contracyclique. Sols vivants : mieux prendre en compte les sols dans l'aménagementLivresAnnée : 2024Auteur : Jean-Baptiste ButlenEditeur : PARENTHESES PARANTESDescription : Le sol est un extraordinaire réservoir de biodiversité : il produit des ressources, stocke du carbone, régule les eaux, apporte des nutriments aux végétaux. Support dynamique, il se transforme sous l'action de l'homme, des écosystèmes, du climat et constitue un allié incontournable pour la préservation des territoires habitables.
Pourtant les sols vivants sont encore insuffisamment considérés dans les projets urbains, dans les démarches de planification, et plus largement dans les politiques publiques d'aménagement ou dans les modèles économiques, qui doivent être repensés pour atteindre nos objectifs de sobriété foncière.
Tirant parti des retours d'expérience de cinq sites lauréats de «'l'Atelier des territoires'», piloté par le ministère en charge de l'urbanisme, cet ouvrage rend compte des propositions de territoires pionniers : mutualiser et régénérer les terres excavées en Indre'et'Loire ; conforter les structures bocagères dans le Calvados ; repenser les modèles de portage foncier en Seine'et'Marne ; révéler les trames brunes dans l'Hérault ; intégrer la valeur plurifactorielle des sols dans les arbitrages d'aménagement en Guadeloupe, etc.
En contrepoint, un dialogue entre experts nationaux interroge les référentiels techniques existants et relève l'inadaptation des modes de représentation, les limites du cadre juridique et les effets induits de la fiscalité. Le regard sensible d'une photographe vient en outre rappeler que les sols sont avant tout un patrimoine culturel commun.
Nourri par des approches concrètes et une mise à l'épreuve constructive de l'action publique, ce livre se présente comme un plaidoyer pour une meilleure intégration des sols vivants dans les stratégies d'aménagement. Le Moniteur #6322 : Le béton au défi du grand âgePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Le béton finira-t-il dans les livres d'histoire ? Seule certitude, il en occupe d'ores et déjà quelques chapitres. Ce matériau, dont l'usage est attesté dès l'Antiquité, a connu une popularité inégalée au cours du XXe siècle. A tel point que des générations entières de bâtiments et d'ouvrages d'art, plus ou moins remarquables, atteignent aujourd'hui un âge canonique, celui auquel des traitements de fond s'imposent.
Même s'il reste le matériau le plus employé, le béton voit sa popularité se fissurer.
Les temps ont changé et la popularité du béton se fissure. Il reste cependant le matériau le plus employé. Ses capacités structurelles, mais aussi plastiques, n'y sont pas étrangères. Exemple par-mi tant d'autres, l'élégante halle de marché de Saint-Cloud parvient à résoudre l'épineuse équation posée par son contexte urbain grâce à l'ingéniosité de son concepteur, l'architecte Charles- Henri Tachon, mais aussi aux prouesses techniques du béton.
Pour l'heure, la domination de ce matériau reste, dans les pratiques, acquise. Il serait cependant illusoire d'imaginer pouvoir continuer à bancher sans broncher. La lutte contre les émissions de gaz à effet de serre place en effet le clinker dans la ligne de mire des pouvoirs publics. Pressés par un cadre réglementaire de plus en plus exigeant, les cimentiers se sont lancés dans une coûteuse mais impérieuse course contre le carbone. Une course dans laquelle la France doit conserver sa longueur d'avance.
Générateur de CO2, le béton est aussi pointé du doigt pour sa gourmandise en sables et autres granulats. Co-auteur d'une BD nommée « Ressources », Philippe Bihouix, DG du groupe Arep, rappelle au « Moniteur » (1) que « notre monde est dépendant de l'extraction de matériaux non renouvelables, un trésor lentement accumulé dans la croûte terrestre au cours des temps géologiques. » Là encore, des efforts urgents s'imposent pour trouver des alternatives mais aussi puiser dans les ouvrages déjà construits les éléments utiles à ceux de demain. Le patrimoine en béton constitue décidément un bien précieux pour les siècles à venir.
(1) www.lemoniteur.fr/arep/ Arbres en milieu urbain : Guide de mise en oeuvrebrochureAnnée : 2016Auteur : George AdamsEditeur : TREES AND DESIGN ACTION GROUP TRUST TR AN AKSION GROU TRUSDescription : Les arbres en ville constituent un atout important pour la création d’infrastructures durables, l’attractivité économique, l’adaptation aux changements climatiques, la santé et le bien-être des citadins. Toutefois, continuer à tirer parti de cet atout à l’avenir requiert de bien comprendre et d’intégrer aux prises de décisions trois grands changements intervenus récemment et pour certain encore largement en cours. Tout d’abord, l’espace souterrain de nos rues et espaces publics fait l’objet d’une compétition accrue pour l’implantation non seulement de canalisations et de câbles électriques mais aussi d’un nombre exponentiel de câbles de télécommunication. Pour satisfaire aux besoins de portance requis par les structures et infrastructures contemporaines, les sols urbains sont également soumis à des degrés de compaction sans précédent. Une approche concertée et intégrée de l’aménagement et de l’utilisation de l’espace souterrain de nos villes est en conséquence indispensable.
Bien qu'initialement conçu pour le contexte britannique, ce guide constitue une ressource de premier ordre pour les professionnels francophone impliqués dans les projets de voiries urbaines, de gestion des déplacements, d'espaces publics, de paysage, de gestion de l'eau et de qualité de l'environnement en ville. La synthèse pragmatique et pluridisciplinaire des connaissances qu'elle apporte est unique en son genre. (Dé)construire la ville : les villes en décroissance, laboratoires d'une production urbaine alternativeLivresAnnée : 2021Auteur : Pauline ChavassieuxEditeur : PUSE PRESSES UNIVERSITAIRES DE SAINT ETIENNE PUS PRES UNIVERSITAIR SIN ETINDescription : Ouvrage collectif, inédit en France, sur les opportunités offertes par le contexte de décroissance urbaine, pour la transformation de la ville. Cet ouvrage est le fruit d'une collaboration scientifique originale, entre chercheurs en architecture et en SHS autour des questions de décroissance urbaine, démographique et économique. L'organisation d'un colloque à Saint-Étienne, en 2017, qui en situe le point de départ, a conforté des problématiques communes, débouchant sur un chantier de recherche et un travail éditorial extrêmement approfondis. Déclin urbain : La France dans une perspective internationaleLivresAnnée : 2021Auteur : Vincent BéalEditeur : EDITIONS DU CROQUANT EDISION KROKANDescription : Brexit au Royaume-Uni, élection de Donald Trump aux États-Unis, montée de l'extrême droite en Europe continentale : ces événements récents sont fréquemment présentés comme les conséquences politiques du décrochage des territoires urbains d'ancienne industrie et de ceux, plus ruraux, restés à l'écart des flux de l'économie globale. Les inégalités créées par un développement à deux vitesses avec, d'un côté, des logiques métropolitaines connectées à la globalisation et, de l'autre, une accentuation et une accélération du déclin territorial, s'imposent ainsi actuellement dans le débat public. En prenant appui sur des analyses portant sur des villes françaises, mais également américaines et marocaines, cet ouvrage propose une analyse fine des dynamiques des territoires décroissants, c'est-à-dire ceux qui connaissent un déclin démographique accompagné d'une dévitalisation économique et, bien souvent, d'une paupérisation de leur population. Le livre cherche à éclairer ces processus, mais également à rendre compte des réponses politiques qui y sont apportées (et de leurs limites), et enfin à éclairer les dynamiques sociales qui animent ces territoires. L'ouvrage souligne que loin d'apparaître uniquement comme des espaces en déshérence marqués par la montée du populisme, les territoires en déclin disposent également de nombreuses ressources susceptibles de les faire apparaître comme des laboratoires pour l'émergence de politiques et pratiques alternatives, plus soucieuses de justice sociale et environnementale. Aménagement des espaces paysagers : connaissances, conception, aménagement, gestionLivresAnnée : 2023Auteur : Denis BigotEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Le végétal utilisé dans les lieux publics est au cœur des enjeux écologiques, sociaux, économiques et politiques, à travers ses multiples formes et usages : parcs, jardins, coulées vertes, espaces naturels aménagés, etc.
Tenant compte des derniers textes officiels et normes parus, ce guide propose une synthèse de toutes les dispositions juridiques et techniques relatives à l’aménagement des espaces paysagers urbains.
• Il fait la synthèse des connaissances indispensables concernant le patrimoine végétal (espèces, variétés, classification morphologique et horticole, exigences des plantes).
• Il détaille les éléments de diagnostic qui permettent d’élaborer un projet (composition et analyse des sols, réemploi des matériaux, coût global, conception différenciée) en respectant la nature (protection des arbres et des espaces boisés).
• Il explique les problématiques d’une conception d’aménagement, à chaque étape (réglementations et obligations, études, contrat de travaux) et pour chaque aspect (implantation, choix et traitement des arbres, massifs, gazons, prairies, paillage, gestion de l’eau, arrosage intégré, revêtements de sols).
• Il précise les procédures de la réalisation d’un projet (responsabilités des élus, travaux préliminaires, protection sur chantier, achat des végétaux, plantation) ainsi que les opérations de gestion.
Cette deuxième édition tient compte des évolutions liées à la parution du fascicule n° 35 du CCTG relatif aux aménagements paysagers, aires de sport et de loisirs de plein air (2021) ; des nouveaux modes de gestion des projets d’aménagement paysager tels que le réemploi des matériaux, la gestion différenciée, la participation citoyenne, le choix des essences végétales face au changement climatique, etc. ; des aménagements de certains espaces paysagers particuliers (cour d’école, cimetière, micro-forêt urbaine). Ce manuel pratique est destiné aux maîtres d’ouvrage, chefs de projet, élus locaux et services techniques des collectivités, ainsi qu’aux maîtres d’œuvre, ingénieurs, architectes et bureaux d’études. Le Moniteur #6324 : Dans les Alpes suisses, un barrage peut en cacher un autrePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu… Vous peinez peut-être à le croire mais, dans les montagnes suisses, un gigantesque barrage est bel et bien en train d'être érigé. Si, si, on vous le jure, on est même allés le voir. Si un tel chantier semble inimaginable, c'est que les derniers grands ouvrages hydrauliques français ne datent pas de la dernière pluie. Les initiatives récentes peinent à émerger, comme en témoigne l'abandon, fin août, du projet Rhônergia à la frontière de l'Isère et de l'Ain.
L'établissement d'une doctrine partagée sur les infrastructures s'impose.
La raison de cette désaffection réside dans les dommages sur la biodiversité de ces constructions et de leurs retenues d'eau. Un impact qui, à notre époque, paraît inacceptable devant un juge comme devant les électeurs. On en oublierait presque les immenses vertus de l'hydroélectricité : un bilan carbone riquiqui et une ressource renouvelable à l'infini.
La transition énergétique réclame des infrastructures. Sa réussite exige donc de surmonter l'antagonisme entre l'indispensable décarbonation de nos sociétés et la non moins légitime protection de nos milieux naturels. Cette opposition se retrouve dans les récentes manifestations contre le tracé de la future LGV Bordeaux-Toulouse ou dans les mobilisations contre divers projets de centrales photovoltaïques. Aussi nécessaires soient-ils, les efforts de sobriété ne suffiront pas à esquiver l'inextricable dilemme : préserver le cadre de vie des marmottes d'aujourd'hui ou sauvegarder les conditions de vie de celles de demain ?
L'établissement d'une doctrine partagée s'impose. Que peut-on construire ? Avec quelles externalités acceptables ? C'est, en partie, le sens de la loi Aper du 10 mars 2023, qui facilite l'obtention d'une dérogation « espèces protégées » pour les projets de production d'EnR. Cette clarification du cadre juridique doit s'accompagner d'une cohérence de long terme dans les choix des pouvoirs publics, comme le réclame la FNTP. Rien n'est pire que de laisser porteurs de projet et opposants seuls dans un dialogue de sourds mortifère. Il faut au contraire inviter les citoyens à appréhender les multiples facettes du problème, les élus à prendre le sujet à bras-le-corps et, ensemble, définir la voie acceptable pour le plus grand nombre. Marmottes comprises. Le Moniteur #6326 : L'ombre de la relégation plane sur les PPP de stadePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Aurélien BellangerEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Nous vous demandons de reconsidérer ces coupes budgétaires. C'est en ces termes que le président de la FNTP, Alain Grizaud, concluait une lettre adressée le 22 octobre au Premier ministre, Michel Barnier. En cause, le coup de rabot de 6 à 7 milliards d'euros sur l'investissement local prévu par le projet de loi de finances pour 2025. Un choix qui ne manquerait pas d'éroder les capacités des collectivités à bâtir et rénover infrastructures comme équipements publics.
A moins que le gouvernement ne revoie sa copie, il leur faudra donc convoquer d'autres ressources afin de mener les projets essentiels à leur territoire. Or, s'il n'est pas public, l'argent est forcément… privé. Un truisme soit, mais qui a le mérite d'inviter à réenvisager des modèles mixtes sollicitant l'usager ou des entreprises.
La situation actuelle invite à réenvisager des modèles mixtes de financement.
Au vu de la situation budgétaire de la France, aucune piste ne peut être écartée a priori, même si certaines appellent à redoubler de vigilance. En témoignent les déboires des partenariats public- privé noués au tournant des années 2010 pour bâtir ou rénover les stades de l'Euro 2016 de football. De Lille à Nice, en passant par Bordeaux et Marseille, chaque fois l'une des parties impliquées dans le financement de ces arènes s'en est mordu les doigts. Là, c'est la collectivité qui doit supporter une charge bien supérieure à ses prévisions. Ici, c'est le partenaire privé qui paie les pots cassés d'une billetterie en berne. Autant d'expériences qui poussent aujourd'hui à explorer un apport majoritaire du club résident pour la construction de telles enceintes.
Mais, y compris dans cette mouture, il reste indispensable que les pouvoirs publics locaux mettent la main à la poche. Preuve que, si la maîtrise des dépenses est indispensable, préserver les moyens des collectivités l'est aussi. Le Moniteur #6327 : Les collectivités à l'épreuve du risque inondationPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : La rude sécheresse de l'été 2022 aura mis en évidence la fragilité de nos nappes phréatiques et donné naissance au Plan eau. L'automne 2024, avec ses inondations dramatiques en France et en Europe, agira-t-il comme un révélateur de la vulnérabilité de nos territoires face aux conséquences du bouleversement climatique ? Car c'est une certitude : « le monde change », nous affirme Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique, de l'Energie, du Climat… et de la Prévention des risques.
Les stratégies d'adaptation au changement climatique répondent à des enjeux éminemment locaux.
Loin du Vieux Continent, une vague rouge a submergé les Etats-Unis. Le come-back de Donald Trump à la Maison blanche annonce un retour en arrière pour le climat. Or, si les Américains lèvent le pied en matière de réduction de leurs émissions, ils entraîneront à coup sûr une cohorte de nations sur la voie du désengagement. On voit mal les pays du Sud maintenir leurs efforts pour le bien commun, quand la première puissance mondiale s'absout de toute solidarité internationale.
Une tonne de CO2 émise au Texas a des conséquences à l'autre bout du monde, par exemple à Valence (Espagne), où le dévastateur phénomène de « goutte froide » aura été accentué par le réchauffement exceptionnel de la Méditerranée. Pour être efficace, l'atténuation ne peut répondre qu'à une démarche mondiale, comme l'avait initié l'Accord de Paris. Les stratégies d'adaptation, à l'inverse, répondent à des enjeux éminemment locaux. L'exemple du risque inondation est éloquent : les caractéristiques du phénomène et les réponses à lui apporter divergent selon que l'on se trouve au débouché d'une vallée, au cœur d'une plaine ou au bord de la mer.
Les collectivités se trouvent donc à la manœuvre. Ce n'est pas un hasard si l'adaptation des territoires face aux risques constitue l'une des thématiques fortes du Salon des maires et des collectivités locales, organisé du 19 au 21 novembre par Infopro Digital (éditeur du « Moniteur »). De la conception des ouvrages de protection à l'élaboration d'outils de planification adaptés, de l'invention de formes innovantes d'urbanisme à la négociation serrée entre acteurs locaux, les solutions se trouvent au plus près du terrain. Quand la mer monte trop haut, les maires montent au front. Urbanisme #440 : GénérationsPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Julien MeyrignacEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : Il y a soixante ans, un groupe de gamins de Londres – The Who – a contribué à installer le rock comme mouvement de subversion sur le sol européen, en prenant violemment à partie les sociétés conservatrices, dans une chanson dont le premier couplet est conclu par une sentence irrévocable : « I hope I die before I get old (Talkin’ ’bout my generation)… »
Cet appel à la révolte contre des aînés, accusés d’être mus par de bas instincts et de museler la jeunesse et ses idéaux de justice, est une des premières références populaires et médiatiques de saillies comminatoires de la jeunesse contre les générations qui la précèdent. Et d’innombrables lui ont succédé, dont les plus récentes et marquantes sont sans conteste celles de Greta Thunberg.
Des prises de position qui peuvent être considérées comme des réactions en légitime défense face aux continuelles critiques des « adultes » contre la jeunesse et les jeunes, jugés – partout et de tout temps – irresponsables, fainéants, etc.
Si nous avons tous conscience que ce qui vient d’être énoncé n’est que le pur produit de préjugés certes répandus, mais peu robustes, certains journalistes et médias n’hésitent pas à alimenter aujourd’hui le dissensus. Notamment sur les sujets qui le cristalliseraient tout particulièrement : l’écologie et le climat.
Or, comme l’ont démontré de nombreuses enquêtes, les préoccupations environnementales varient moins à travers les âges qu’à travers les classes sociales et niveaux de diplômes.
De même, quand Salomé Saqué affirme que « les jeunes ont rarement voix au chapitre », de nombreux observateurs n’ont aucune peine à lui objecter que, de toute évidence, jamais, avant aujourd’hui, ils n’ont autant eu l’occasion de se faire entendre et de diffuser leurs convictions. Notamment, par la grâce du mass marketing digital, qui place la jeunesse au cœur de la désirabilité acheteuse (cf. les seniors en sneakers et cheveux faussement en bataille des publicités).
Si l’intergénérationnel s’invite dans toutes les réflexions et tous les discours sur l’avenir de la société, des villes et des territoires, difficile de ne pas constater à quel point les marchands de biens et services s’appliquent, au contraire, à stratifier les populations et communautés en tranches d’âge toujours plus nombreuses.
L’exemple le plus connu en la matière étant, sans aucun doute, celui de l’émergence des « pré-adolescents », sous la pression des industries du textile et des loisirs, qui a permis de considérer que l’on devient un consommateur (de mode, de téléphonie, etc.) à partir de 9 ou 10 ans.
Et si la notion de génération se révèle aussi persistante, alors même qu’au quotidien, dans l’espace public, les équipements ou autres, les frontières entre les âges n’ont jamais été aussi ténues et poreuses, c’est sans doute parce que derrière « intergénérationnel » se cache « solidarité » : quand une collectivité met en œuvre une politique ou un projet destiné à une catégorie d’âge, c’est en réalité, presque toujours, pour les populations les plus fragiles qui la composent. Il en est ainsi des politiques de la jeunesse ou du grand âge.
Ce qui pose un double problème : l’intergénérationnel n’est jamais une politique adressée à toutes les générations (pour preuve, l’invisibilité des actifs de 35 à 55 ans), et notre pays reste en attente d’une vraie grande politique de solidarité. Urbanisme NS#5 : Plan de paysage du SCoT de l'agglomération messine / Grand Prix national du paysage 2024PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Agnès Pannier-RunacherEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : Ce numéro spécial de la revue Urbanisme, réalisé en partenariat avec le ministère de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques, présente le lauréat : le plan de paysage du SCoT de l’agglomération messine (SCoTAM) ; avec une mention spéciale au projet de rénovation urbaine du quartier Louvois, à Vélizy-Villacoublay (Yvelines), et deux autres projets finalistes.
Il propose également un tour d’actualité du paysage au travers d’entretiens avec Henri Bava, président de la Fédération française du paysage (FFP), Grégoire Bassinet, président de l’Association des paysagistes-conseils de l’État (APCE) et Alessia Lefébure, directrice de l’Institut Agro Rennes-Angers, et d’articles sur la nouvelle génération d’atlas de paysages, ainsi que les travaux des chaires Paysage et Énergie, de l’École nationale supérieure de paysage de Versailles, et Territorialisation, de l’École nationale supérieure d’architecture de l’université de Grenoble. Le Moniteur #6328 : Règlement Ecoconception - Comment l'Europe veut verdir la constructionPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Faut-il sacrifier un nouveau jour férié pour financer les Ehpad ? L'idée, proposée par un récent rapport sénatorial consacré à ces structures accueillant des personnes âgées dépendantes, semble avoir fait long feu. Le débat a agité le Landerneau politique, hérissé les centrales syndicales, opposées à voir les salariés supporter seuls cette charge, et mis vent debout les associations d'anciens combattants, inquiètes pour le 11- Novembre. « Très réservé » sur l'intérêt de la mesure, le Premier ministre a refermé la boîte à idées. Et pourtant, la France va immanquablement manquer d'Ehpad.
La pyramide des âges est implacable : les besoins vont exploser au cours de la prochaine décennie.
Ce même rapport parlementaire pointait en effet les difficultés financières croissantes de ces institutions, qu'elles soient publiques ou privés, à but lucratif ou non. De mauvais résultats qui détournent les investisseurs et freinent toute ambition de développement. Or, la pyramide des âges est implacable : les besoins vont exploser au cours de la prochaine décennie. Or le pays ne s'y prépare pas.
Dans les Ehpad, en effet, l'heure est à la rénovation (lire p. 8) . On isole, on modernise, on rafraîchit… Objectifs : respecter les obligations du décret tertiaire et améliorer le cadre de vie des personnes âgées. Mais aussi redorer l'image de ces établissements, éclaboussés par le scandale Orpea et critiqués pour leur gestion du Covid. Une montée en gamme salutaire, mais qui, en donnant davantage de place aux résidents, réduit encore un peu plus une offre de lits déjà sérieusement entamée par la baisse du nombre de structures.
Même si on met le turbo sur l'adaptation des logements, même si on accroît l'offre de résidences pour seniors non dépendants, le défi du vieillissement contraindra tôt ou tard à relancer la machine à construire. Un plan ambitieux qui nécessitera des investissements massifs. Pour cela, faut-il élargir l'usage du Fonds vert, comme le suggèrent les sénateurs ? Faut-il que, dans les zones rurales, ces institutions accueillent des services publics aux riverains pour favoriser leur implantation ? Rouvrons la boîte à idées ! Le Moniteur #6329 : Equerre d'argent 2024 - Au mont Salève, une machine à remonter le tempsPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Le règlement de l'Equerre d'argent est formel : muet sur la nationalité des architectes, il exige à l'inverse que les réalisations en lice se situent sur le territoire français. Du haut de son éperon rocheux surplombant le lac Léman, à une encablure du canton de Genève, la gare du téléphérique du Salève, lauréate 2024 du prix organisé par « Le Moniteur » et « AMC », se trouve bien dans l'Hexagone. Aux confins de la Haute-Savoie, elle n'a pas volé son titre mais flirte avec des limites. En creusant un peu, la Suisse n'est jamais loin.
Les lauréats de l'Equerre d'argent ont habilement tiré profit de la position frontalière.
Les acteurs de ce projet patrimonial, à commencer par le syndicat à la fois intercommunal et binational qui en est à l'origine, ont d'ailleurs habilement tiré profit de cette position frontalière. De droit français, cette maîtrise d'ouvrage n'en excelle pas moins dans l'art de la négociation et la quête de consensus. Son ambition, à la fois architecturale, paysagère et territoriale, jongle avec les contraintes et réussit le grand écart entre les exigences de là-bas et les moyens d'ici. En 2018, le concours de maîtrise d'œuvre avait vu défiler la fine fleur de la conception des deux pays. La justesse du projet de l'agence parisienne DDA avait - déjà -convaincu le jury.
Dotés d'une habileté rare à sublimer l'existant, Claudia et David Devaux font des merveilles lorsqu'ils interviennent sur les bâtiments d'illustres prédécesseurs : Le Corbusier, Mallet-Stevens, Théo van Doesburg… Au Salève, l'infrastructure est signée Maurice Braillard (1879-1965), grand architecte et urbaniste genevois. Un beau Romand, donc, mais surtout une belle histoire. Car le chantier fut interrompu en 1932, laissant l'ouvrage incomplet. Le duo ne s'est donc pas contenté d'une restauration, même minutieuse, même respectueuse : il a parachevé l'œuvre du génie suisse, tout en lui faisant faire un bond d'un siècle, le propulsant d'une modernité à l'autre.
Le règlement de l'Equerre d'argent est limpide : le prix récompense architectes et maîtres d'ouvrage. Surtout, il distingue une réalisation. Celle du Salève tient de l'exceptionnel. Par la délicatesse des interventions, évidemment, mais aussi par la radicalité des choix, qui vont de l'organisation des espaces à l'intégration au site. Une architecture de partis pris, tout sauf neutre. Le Moniteur #6330 : Transformer les friches en or, l'alchimie de l'immobilierPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Certes, il reste près de trente mois à Emmanuel Macron avant de quitter l'Elysée. Mais ce second quinquennat tournant en eau de boudin, il ne paraît pas prématuré de tirer les premiers enseignements de sa présidence. Pour la construction, la moisson est assez maigre. Un manque d'intérêt certain, qui s'est traduit par peu de lois dédiées. Les TP se souviendront peut-être de la LOM, les bailleurs sociaux d'Elan. Et si son héritage était ailleurs ?
C'est dans la loi Climat et résilience que se niche l'une des transformations radicales opérées ces dernières années. Avec l'objectif de zéro artificialisation nette, la France a pris le virage de la sobriété foncière. Un virage dont la vitesse se négocie encore, puisqu'un troisième texte viendra à nouveau remettre l'ouvrage sur le métier.
De fardeau pour un territoire, ces zones délaissées se sont muées en potentiel de développement.
Mais l'objectif, lui, ne se négocie plus : même ses plus farouches opposants concèdent qu'il faudra bien y arriver. Quoi qu'il en coûte. On peine encore à mesure l'ampleur de ce renversement de paradigme. Car, au-delà des contraintes nouvelles pesant sur les procédures d'élaboration des documents de planification, le ZAN a durablement bousculé les esprits. Comme si le fait de nommer cet objectif - en particulier avec le mot « zéro » - avait dessillé nos yeux sur une évidence : le foncier n'est pas illimité. Cette prise de conscience collective transforme à son tour les projets de construction et d'aménagement . Baromètre des grandes tendances qui agitent le secteur de l'immobilier, le Simi, organisé du 10 au 12 décembre par Infopro Digital (propriétaire du « Moniteur »), fait d'ailleurs de la « régénération urbaine » l'un des grands parcours proposé à ses visiteurs.
Les friches n'ont certes pas attendu la présidence d'Emmanuel Macron - ni même sa naissance - pour susciter l'intérêt. La ville s'est de toute éternité reconstruite sur elle-même. Cependant, le nouveau cap clairement affiché a conféré une attractivité nouvelle à ces anciennes zones industrielles, tertiaires, ferroviaires, militaires, hospitalières, etc. De fardeau pour un territoire, elles se sont muées en potentiel de développement. De verrues, elles sont devenues des pépites. Une nouvelle ruée vers l'or se prépare. Le Moniteur #6331 : Top 1000 - Les nouveaux as du BTP enfin dévoilésPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Gloria ! Avec leur cortège de têtes couronnées, de présidents - parfois pas encore en poste - et d'artistes de renom, les célébrations en l'honneur de la réouverture de Notre-Dame ont fourni une nouvelle occasion de faire rayonner le volontarisme français sur la scène internationale. Après le succès des JO de Paris, cette reconstruction au pas de charge fournit à nouveau une démonstration éclatante de la capacité tricolore à se retrousser les manches pour mener avec succès de grands projets fédérateurs.
Requiem. Fierté méritée ou prétention déplacée ? Car, dans le même temps, l'enterrement précipité du gouvernement Barnier offrait un tout autre spectacle. L'Etat français, si prompt à plastronner sur ses capacités d'action et de mobilisation, se trouve à nouveau décapité. Nouvel épisode du feuilleton tragicomique interprété par le monde politique depuis le printemps, cette censure ne fait pas rire grand monde, surtout pas les acteurs de la construction.
Avec un mauvais budget, on investit moins. Sans budget, on n'investit pas.
In limbo. Disparu en même temps que son auteur, le projet de loi de finances pour 2025 n'avait certes rien d'enthousiasmant. Sa chute dans les limbes inquiète pourtant. D'abord, parce que, à force de persuasion, les acteurs du bâtiment et de l'immobilier avaient réussi à arracher quelques précieuses avancées (élargissement du PTZ, plafonnement de la RLS…). Ensuite, parce que même si les efforts demandés à l'Etat et aux collectivités risquaient d'entraver la commande publique, l'absence de tout cadre budgétaire stable se révèle encore plus paralysante. Avec un mauvais budget, on investit moins. Sans budget, on n'investit pas.
Nostradamus. Prédire la suite des événements relève de la prophétie de boule de cristal, tant les inconnues sont nombreuses et les stratégies opaques. Il n'est en revanche pas interdit d'espérer qu'un sursaut permette aux parlementaires de s'accorder sur quelques textes consensuels, afin de ne pas laisser s'embourber davantage la machinerie législative. Si d'aventure cette bonne volonté était partagée, le dossier du logement pourrait peut-être bénéficier des attentions bienveillantes d'une telle union sacrée. Même si le pire n'est jamais sûr, il faut continuer de croire aux miracles. Urbanisme hors-série #80 : Centres anciens : nouveaux enjeux ! Attractivité - Adaptation - AvenirPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Julien MeyrignacEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : D’éclatants objets du désir
Personne n’a oublié l’époque pas si lointaine où les centres anciens des villes petites, moyennes ou grandes qui font la fierté de notre pays, témoignant de la diversité géographique et de la richesse historique et culturelle, ont été dévitalisés au bénéfice des métropoles régionales ou de leurs propres périphéries étalées.
Des centres abandonnés par leur population et par les acteurs économiques de proximité, au premier rang desquels les commerces, étrillés par la grande distribution ou partis la rejoindre en périphérie. Ils ont alors connu des destins contrastés, indexés sur l’économie locale, souvent devenue résidentielle, et sur le tourisme dans ses différentes composantes, du séjour « international » à la journée « locale ».
Et ces visiteurs, mus par le désir de découvrir ces villes et leur patrimoine, de faire le triste constat de la vacance résidentielle et commerciale, parfois compensée par une économie touristique de cueillette (hébergement) ou de petite marchandise (boutiques).
En philosophie, « l’obscur objet du désir » désigne l’assertion que l’on cesse de désirer ce que l’on possède et que l’on ne désire que ce qui nous manque. Ces centres historiques n’étaient plus désirés par ceux qui y habitaient depuis des générations et qui souvent continuaient de les posséder (logements, commerces, etc.), mais ils demeuraient des lieux de désir pour leurs visiteurs.
Oui, mais depuis quelques années déjà, cette tendance s’inverse dans la plupart des villes concernées, certaines connaissant même une véritable renaissance en accueillant de nouveaux habitants en quête d’aménités, services et vie sociale. Cette attractivité nouvelle ne concurrence pas l’attrait touristique, elle le renforce même souvent.
Mais pour devenir « d’éclatants objets du désir », les centres anciens doivent faire l’objet d’attentions particulières, comme être préservés de toute concurrence périphérique, résidentielle et économique, et surtout bénéficier de mesures et actions en faveur de leur adaptation aux défis écologiques et climatiques (réchauffement) et socio-économiques (vieillissement).
Chacune de ces problématiques constitue pour chacun d’eux de véritables challenges : le renouvellement urbain doit respecter le tissu vernaculaire et l’identité locale, la rénovation énergétique et l’adaptation au grand âge ou au handicap coûtent cher, car elles doivent composer avec la nécessaire protection du patrimoine bâti et les prescriptions particulières qui en découlent.
Sur l’ensemble du territoire national, les initiatives pour apaiser ces centres-villes, les rendre plus accessibles, vivants, solidaires et agréables sont de plus en plus nombreuses et probantes. Toujours, le patrimoine y occupe une place déterminante, parce qu’il incarne un récit territorial et urbain, parce qu’il témoigne d’une adaptation continue à travers les époques et qu’il recèle aussi des enseignements et des promesses pour un futur hautement désirable. Le Moniteur #6332 : Prix Moniteur de la construction : Mes frères Gayet livrent leurs bons tuyauxPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Mamie fait de la résistance. En observant la cuvée 2024 des Prix Moniteur de la construction, on ne peut s'empêcher de constater que les entreprises aussi se bonifient avec le temps. Centenaires, quasi-centenaires et même presque bicentenaires : elles sont nombreuses, parmi les lauréates, à témoigner d'une glorieuse histoire qui remonte à plusieurs générations.
Ces trophées, pourtant, ne sont pas une carte senior. Ce palmarès n'a rien d'un thé dansant. A l'Ehpad, ces sociétés préfèrent l'iPad, misant sans réserve sur l'innovation, comme en témoigne la présence massive de bureaux d'études intégrés. La fin de vie les inquiète moins que la fin du monde : elles embrassent la transition écologique avec la fougue retrouvée de leurs 20 ans. Et, dans leurs rangs, point de vieilles grincheuses : toutes ouvrent leurs bras avec enthousiasme et bienveillance à la jeunesse d'aujourd'hui, sur les chantiers comme dans les comités de direction.
Toutes les entreprises lauréates des Prix Moniteur de la construction forment des collectifs solides et déterminés.
Bref, elles sont souples, agiles et dynamiques. Surtout, elles se portent comme un charme. Elles n'ont pas juste bonne mine, de celle que donne une crème antirides efficace, mais affichent une forme excellente, vérifiée par un check-up complet. La performance, telle que l'a évaluée le jury de ces prix, se mesure en effet à l'aune de critères économiques et financiers, mais aussi sociaux et environnementaux. Un test d'effort unique, que ces lauréates ont réussi avec brio.
Leur santé de fer n'a d'égale que leur moral d'acier. Engagés et motivés, leurs dirigeants creusent leur sillon, affinent leurs recettes, adaptent leurs process. Surtout, ils témoignent d'une infinie reconnaissance pour leurs équipes. Certaines entreprises sont familiales, d'autres coopératives… mais toutes forment des collectifs solides et déterminés, composés d'hommes et de femmes dont l'implication est le résultat de recrutements avisés, de formations adaptées, de rémunérations généreuses tout autant que de petites (et sincères) attentions. Un management aussi bénéfique à la longévité que le verre de porto quotidien de Jeanne Calment. La fabrique de la ville en transitionLivresAnnée : 2022Auteur : Michael FenkerEditeur : EDITIONS QUAE EDISION KADescription : Cet ouvrage explore comment les sphères politiques, professionnelles, citoyennes, scientifiques et médiatiques, se sont mobilisées à partir des années 2000 autour des injonctions au développement urbain durable puis à la transition écologique. Il rend compte des tensions qui peuvent se manifester entre une approche de la ville écologique encore marquée par les logiques normatives et productivistes et une autre fondée sur l'idée de sobriété et de capacité du citoyen-habitant à maîtriser la transformation de son cadre de vie. Murs solidaires : mécaniques des lieux d'utilité socialeLivresAnnée : 2024Auteur : Vincent JossoEditeur : EDITIONS APOGEE EDISION APOJDescription : Qu'y a-t-il de commun entre une crèche associative, un café-dépôt de pain-antenne de la Poste, des ateliers d'artistes, une cantine solidaire, un tiers lieu, un entrepôt logistique décarboné ? Tous ont une utilité sociale, mais une lucrativité limitée. Si ces lieux sont souvent soutenus par la collectivité publique, c'est au prix de leur précarité quand leur hébergement est temporaire, ou de leur indépendance quand le loyer se paye en services commandés. Trouver des murs et s'y maintenir est un parcours du combattant, accaparant ressources et énergie au détriment du « coeur de métier » de personnes souvent bénévoles. Murs solidaires s'adresse aux collectivités qui veulent apporter un soutien pérenne aux lieux d'utilité sociale, aux foncières solidaires qui ont fait de ce soutien leur mission et, last but not least, aux personnes porteuses de projet, généralement peu familières de l'univers complexe de l'immobilier. Après une nécessaire proposition de définition de l'utilité sociale, l'ouvrage démonte la mécanique immobilière ordinaire qui impose sa loi aux murs qu'elle occupe, pour mieux exposer d'autres montages juridico-financiers, existants mais méconnus, capables de sécuriser la situation immobilière de ces structures aux modèles économiques alternatifs. Illustré de nombreuses expériences concrètes menées dans des contextes socio-urbains variés, Murs solidaires témoigne aussi de la réjouissante créativité de celles et ceux qui sur le terrain, localement donc, participent à la grande entreprise de rénovation des rapports entre économie et société. Écovillage des Noés : Val-de-Reuil 2008-2024LivresAnnée : 2024Auteur : Philippe MadecEditeur : EDITIONS LE MONITEUR EDISION MONITERDescription : Faire d’un projet d’urbanisme écoresponsable le socle d’un modèle du mieux vivre-ensemble et un exemple d’écologie intégrative, tel était l’objectif de l’architecte et urbaniste Philippe Madec lors de la conception de l’écoquartier des Noés, dans la ville nouvelle du Val-de-Reuil. Ce projet, lancé en 2008 par le bailleur social Siloge et la municipalité, est pour son atelier l’aboutissement d’une décennie de recherche appliquée. Seize ans plus tard, la réussite est visible, tant dans les éléments construits et paysagers que dans les yeux des habitants. Omniprésence de la végétation et des mobilités douces, logements lumineux, traversants et bien isolés, implantation des bâtiments en respect de l’environnement, équipements de proximité… tout accueille la vie dans ce quartier à taille humaine.
Cet ouvrage, qui inaugure la collection « Frugalité créative » dirigée par Dominique-Gauzin-Müller, retrace l’aventure de cet écoquartier exemplaire, lauréat en 2018 de l’Équerre d’Argent dans la catégorie « Aménagement urbain et paysager ». Il en décrit la genèse puis expose le principe d’écoresponsabilité sur lequel il est fondé, en lien avec les enjeux sociétaux et environnementaux, actuels et à venir. Il détaille ensuite la conception architecturale, urbaine et paysagère (implantation en quartiers, principes bioclimatiques, frugalité et performance énergétique, maraîchage urbain, accueil de la biodiversité, etc.) ainsi que les solutions d’écologie douce qui jalonnent le projet. Il raconte aussi les modes d’occupation et l’appropriation des logements par les habitants, notamment à travers une enquête sociologique réalisée auprès des résidents. Il se conclut par la requalification du hameau pavillonnaire voisin de l’Andelle, engagée à la suite des Noés, et les enseignements à tirer.
L’histoire est racontée par son chef d’orchestre, Philippe Madec, avec le soutien d’un autre membre de l’équipe de maîtrise d’oeuvre, l’ingénieur en environnement Alain Bornarel, cofondateur du bureau d’études Tribu. Ses principaux protagonistes, les habitants des Noés, sont présents dans les superbes prises de vue du photographe Pierre-Yves Brunaud, qui a effectué une douzaine de reportages, du chantier à aujourd’hui. Leurs témoignages ont été recueillis par le sociologue Philippe Rucheton, mandaté dès les prémisses du projet. La découverte de la vie du quartier, au fil des années et au gré des saisons, fait émerger la quatrième dimension de l’aménagement spatial : la composante temporelle. Le Moniteur #6333-6334 : Photovoltaïque et biodiversité : Décarboner l'énergie sans dénaturer les solsPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Ils ont survécu à l'ouragan, ils doivent désormais survivre au dénuement. Les Mahorais ont tout perdu. Plus de toit, plus d'eau, plus d'école… Le passage de Chido a ravagé l'archipel et plongé la population dans un état de détresse absolu. Quand, sur un territoire aussi isolé, les bâtiments et les infrastructures se trouvent hors service, c'est tout un cadre de vie qui disparaît. Et ce, même quand cet environnement se compose d'habitats précaires et d'urbanisme spontané.
Désormais, il faut mobiliser tout ce dont l'île manque cruellement mais qui, partout, fait un chantier.
Le cent unième département français n'avait, il est vrai, pas besoin de ça. Le cataclysme n'a fait qu'ajouter du malheur à la misère. En rasant des bidonvilles, il a tout pris à ceux qui n'avaient presque rien. En anéantissant l'aéroport, il a bloqué la seule voie d'accès à ce confetti perdu dans l'océan Indien. En blessant une foule de personnes tout en dégradant l'hôpital, il a saturé un établissement qui manquait déjà de capacité d'accueil.
Sanitaire et humanitaire, l'urgence est aussi constructive. Or, dans l'Hexagone comme en outre-mer, il faut du temps pour passer du projet à la réalisation. Nous avons, fort heureusement, déjà démontré notre capacité à forcer l'allure. Des moyens exceptionnels n'ont-ils pas été débloqués pour répondre aux besoins d'une ville sous-équipée comme Marseille ? Certes, mais Mamoudzou n'est plus qu'un champ de ruines. N'est-on pas parvenu à rebâtir Notre-Dame en un temps record ? Vrai. Reste que, pour les rescapés de Mayotte, cinq années ressemblent à une éternité. De toutes les crises récentes, celle-ci s'apparente à du jamais-vu.
La solidarité nationale s'exprimera tant par la mobilisation des fonds publics que par la générosité privée. Mais au-delà de la question financière, cette situation inédite impose une remise à plat de toutes nos habitudes, de tous nos process. Déjà, les règles habituelles de la commande publique peuvent être outrepassées. Désormais, il faut mobiliser moyens techniques et logistiques. Des hommes et des matériaux, des savoir-faire et des engins. Bref, tout ce dont l'île manque cruellement mais qui, partout, fait un chantier. Et, là-bas, ce sont des milliers et des milliers de chantiers qui nous attendent. Le Moniteur #6335 : Résistance des matériaux : Dans le labo où les vitrages passent l'épreuve du feuPériodiquesAnnée : 2025Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Soyons honnêtes : le BTP a connu des années plus prometteuses. Les professionnels se préparent à se battre contre la crise immobilière, le cycle électoral et le marasme politique. Il leur faudra donc faire preuve de pugnacité pour traverser 2025. Et pour cela, s'entraîner sans tarder.
Faire le gros dos. Le secteur du bâtiment comme celui des travaux publics connaissent chacun des cycles réguliers qui, s'ils ne sont pas toujours synchrones, se caractérisent tous les deux par des périodes de flux et de reflux. Quand l'activité patine, la patience redevient la mère de toutes les vertus. Encore faut-il pouvoir la pratiquer.
Avoir les reins solides. Selon une expression attribuée au célèbre investisseur américain Warren Buffett, « c'est quand la mer se retire que l'on voit ceux qui se baignent nus ». Les organisations les plus résilientes seront donc celles qui se seront le mieux préparées au retournement de conjoncture annoncé. On l'a vu dès 2024 : les promoteurs, situés aux avant-postes de la crise, n'ont pas tous eu la même capacité à faire face.
Pour sortir au plus vite de l'ornière, la filière a besoin des pouvoirs publics.
Ecarquiller les yeux. Résister, c'est bien. Réagir, c'est mieux. Pour affronter une conjoncture difficile, il faudra rester aux aguets, scruter les opportunités, observer la concurrence. Et faire des choix décisifs. Miser sur la réno ? Se diversifier sur l'énergie ? Prendre la voie du ferroviaire ? Même quand l'horizon se bouche, il reste des coins de ciel bleu.
Murmurer à l'oreille. Si la lutte est individuelle, la bataille est collective. Pour sortir au plus vite de l'ornière, la filière a besoin des pouvoirs publics. Elle doit donc absolument se faire entendre du nouveau gouvernement qui, espérons-le, se montrera moins sourd que ses prédécesseurs aux demandes d'un secteur aussi décisif pour l'emploi que pour le cadre de vie.
Croiser les doigts. Pour traverser 2025 sans anicroche, il convient de muscler ses atouts, sans pour autant négliger le facteur chance. Rien n'est encore écrit et les douze mois qui viennent nous réserveront bien évidemment quelques bonnes surprises. Une heureuse année, c'est tout ce que l'on peut se souhaiter ! Construire le futur : Quand un territoire réinvente la villeLivresAnnée : 2023Auteur : Vincent MonadéEditeur : AUTREMENT OTREMANDescription : Pour faire face aux enjeux environnementaux, sociétaux et économiques contemporains, la Région Île-de-France lance un programme d'une ampleur inédite : "Construire au futur, habiter le futur". Son ambition : accélérer la transition écologique du secteur du bâtiment francilien et soutenir l'innovation en matière de logement et de cadre de vie, afin de mieux répondre, dans les décennies à venir, aux besoins et aspirations des habitants de la première région d'Europe. Écoconstruction, végétalisation, nouvelles mobilités, inclusivité, engagement citoyen, etc. Ce livre porte témoignage de cette véritable révolution qui veut faire émerger la ville de demain... dès aujourd'hui. Habiter l'entre-deuxLivresAnnée : 2024Auteur : Naïri Arzoumanian-RuminEditeur : PARENTHESES PARANTESDescription : L’acte d’habiter se réalise au quotidien par de multiples interactions entre l’individu et son environnement. Il implique des arbitrages liés à la recherche permanente d’un équilibre entre des éléments qui a priori s’opposent : l’intérieur et l’extérieur, le bâti et la nature, le public et le privé, le visible et l’intime, l’individuel et le collectif. Dans ses diverses formes, l’espace intermédiaire — l’entre‑deux — est l’élément clef de ces compromis.
Une étude menée dans plusieurs ensembles de logements illustre l’importance de l’entre‑deux dans l’affirmation d’une architecture de relation. Sa conception et ses usages permettent de dépasser la simple fonction spatiale et en fait un espace signifiant. L’entre‑deux devient le fil rouge du processus de production de l’habitat : de la programmation au vécu, il est la traduction formelle d’un système de valeurs partagé par l’ensemble des acteurs. Si l’entre‑deux a souvent été un élément de réponse stratégique dans la création de logements, désormais, face aux défis contemporains, tels que la sobriété foncière ou la gestion des ressources, il garde plus que jamais son efficience : un gage de qualité au service d’une vision renouvelée de l’habitat, où l’architecture contribue à faire société. Urbanisme #441 : Dense dense densePériodiquesAnnée : 2025Auteur : Julien MeyrignacEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : Dans l’imaginaire collectif mondial, la ville dense, compacte ou haute (ou les deux à la fois) ne représente que deux réalités principales, diamétralement opposées : la grande prospérité ou la déchéance.
Jay McInerney a très bien écrit, dans son premier roman Bright Lights, Big City (1), l’attraction irrésistible des grandes villes, en l’occurrence New York, pour toutes celles et tous ceux – notamment les jeunes adultes – qui désirent prendre leur destin en main.
Des villes idéalisées, fantasmées, ou plus prosaïquement envisagées comme seul lieu possible pour un changement de condition, une élévation. Des villes dont la promesse irradiante dissimule une réalité économique et sociale aliénante, qui corrompt les ambitions et les corps des plus nombreux, à coups de déceptions et d’expédients, d’alcool et de drogues.
Cette représentation caractérise toujours une réalité contemporaine : au registre des grandes espérances urbaines, beaucoup d’appelés et peu élus ; reste donc le passage quasi obligé (études, emploi).
Dans leur immense majorité, les travailleurs des classes populaires, moyennes et même supérieures ne parviennent pas ou plus à vivre dans les cœurs des métropoles, qu’ils quittent dès lors que leur situation familiale change ou qu’ils décident de se soustraire à des conditions de mal-logement devenues pour eux inacceptables, qu’elles s’appellent colocation, exiguïté ou exorbitance.
Des trajectoires quasi immuables du fait des logiques en place de l’économie urbaine, qui conduisent, dans nos sociétés libérales, au renchérissement perpétuel de l’immobilier et du coût global de la vie dans les grandes villes. Plus c’est cher, plus elles s’élèvent ; plus elles s’élèvent, plus c’est cher.
La ville haute est symptomatique de la ségrégation sociale – de New York à Dubaï en passant par Hong Kong et Singapour –, alors même que la ségrégation concerne tout autant la ville étalée – de Los Angeles au Caire, en passant par Tokyo. Le Moniteur #6336 : Un nouveau quai jette l'ancre dans la baie des AngesPériodiquesAnnée : 2025Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : L'ère Béchu est échue. Dévoilée juste avant Noël, l'architecture du gouvernement Bayrou réunit sous une même ombrelle le Logement et les Transports, la Ville et la Ruralité. Une ombrelle qui n'est plus, comme au temps du maire d'Angers, celle de la Transition écologique, mais bien celle, portée par le dijonnais François Rebsamen, de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation.
Evoquant la glorieuse époque de la Datar et celle des transferts de compétences, l'intitulé du portefeuille peut sonner un tantinet désuet aux oreilles des plus jeunes. Et pourquoi pas un ministère de l'Equipement, tant qu'on y est ? Pourtant, à y regarder de plus près, cette recomposition d'un pôle alliant BTP et collectivités apparaît comme tout à fait actuelle. Elle pourrait apporter une réponse à la déconnexion inédite, observée ces dernières années, entre les strates nationales et locales.
La filière du BTP aspire à ce que soit renoué le lien entre les territoires et la construction.
La filière aspire à ce que soit renoué, au plus haut niveau, ce lien entre les territoires et la construction. Une telle mise en cohérence devrait se révéler bénéfique, même si elle conduit à faire une victime. Jusqu'à récemment, en effet, c'est bien la Transition écologique qui servait de cap aux politiques de l'habitat et des mobilités. Or, Agnès Pannier-Runacher, toujours titulaire du maroquin vert, voit son périmètre nettement amoindri. Privée de la compétence énergétique, elle ne dispose pas - à l'inverse de son prédécesseur - des leviers d'action des ministères du Logement et des Transports sur le terrain. Au risque de se retrouver en charge des ruisseaux et des petits oiseaux, comme aux temps anciens de l'Equipement.
Un tel recul ne serait pas sans risques. A la faveur de la transition verte, le BTP a trouvé une dynamique nouvelle, favorable à l'innovation et à son attractivité. Les avancées notables en matière d'adaptation au changement climatique, par exemple, ont été rendues possibles par les multiples casquettes que portait un ministre de poids. Un certain Christophe Béchu. Désormais, c'est fichu ? Le Moniteur #6337 : Réseaux d'eau potable - Prendre la fuite à bras-le-corpsPériodiquesAnnée : 2025Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Michel Barnier aura fait long feu à Matignon. Mais il aura eu le temps d'allumer une mèche. L'éphémère Premier ministre a en effet annoncé la fin du transfert obligatoire, au 1er janvier prochain, de la compétence eau et assainissement des communes vers les intercommunalités. Cette concession à une partie des maires risque malheureusement d'avoir des conséquences négatives sur l'investissement dans les réseaux d'eau potable, leur renouvellement et, en bout de course, la résorption des fuites.
Le constat, pourtant, semble clair comme de l'eau de roche. Les trois quarts des réseaux les moins efficaces relèvent de la gestion communale, quand bien même celle-ci est devenue minoritaire. Dans ces localités rurales, souvent montagneuses, les ressources financières demeurent limitées alors que la dispersion de l'habi-tat renchérit l'entretien des canalisations. Sans soutien, elles se trouvent donc en première ligne lorsque l'eau vient à manquer.
La bataille contre les fuites d'eau n'a rien d'un Himalaya budgétaire.
Or, si les réseaux fuyards ne sont pas une nouveauté, le changement climatique devrait faire de ce chantier une priorité. En raison de la multiplication des périodes de stress hydrique, l'eau potable devient une ressource précieuse que l'on ne doit plus se permettre de dilapider. C'était d'ailleurs l'une des priorités du plan eau, annoncé par Emmanuel Macron en mars 2023 sur les rives du lac de Serre-Ponçon, symbole de la sécheresse de l'été précédent. Las, début 2025, il demeure impossible de connaître l'état d'avancement de cet engagement.
La bataille contre les fuites n'a pourtant rien d'un Himalaya budgétaire. Quelque 750 M€ seulement suffiraient à transformer le rendement moyen actuel de 80 % en niveau minimum partout en France, estime l'OCDE. Centré sur les situations les plus dramatiques, cet effort permettrait d'économiser à peu de frais une partie du quasi-milliard de m3 perdus chaque année. Il faudra aussi aller plus loin, en mobilisant des techniques avancées d'auscultation et de détection mais aussi en améliorant la durée de vie des réseaux neufs. Condition essentielle : des maîtres d'ouvrage armés de savoir-faire pointus, d'équipes compétentes et de moyens financiers. La petite bombe allumée par Michel Barnier n'a malheureusement rien du pétard mouillé. Le Moniteur #6338 : Le Grand Paris Express s'offre un puits de lumièrePériodiquesAnnée : 2025Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Ça coûte cher, ça ne sert à rien… La chasse aux « machins » est un refrain populaire, au café du commerce comme dans le débat public. Ces derniers jours, ce sont les agences de l'Etat qui se sont trouvées dans la ligne de mire de grands élus de droite. Au cor : Gérard Larcher a lancé la charge. Au bout du fusil : l'Ademe, mais aussi l'Office français de la biodiversité. Le doigt sur la gâchette : Valérie Pécresse propose purement et simplement de supprimer l'agence de la transition écologique. Pan !
L'assaut fut violent et la polémique soudaine. Pourtant, l'attaque ne vient pas de nulle part. Un think-tank libéral, l'Ifrap, imaginait dès l'automne un dépeçage de l'Ademe. Surtout, ce coup médiatique se veut une réponse au RN, qui entend supprimer pas moins de 80 agences et opérateurs s'il accède au pouvoir. Ajoutez à cela la forte coloration écologique des organismes ciblés et vous comprenez que la stratégie est donc purement politique. Et fort peu pragmatique.
S'en prendre aux milliards de l'Ademe, c'est jeter le discrédit sur des outils cruciaux pour le BTP.
Car s'en prendre aux milliards de l'Ademe, c'est jeter le discrédit sur des outils cruciaux pour le secteur de la construction, comme le fonds friches, le fonds chaleur, France 2030… Autant de deniers publics dont ont besoin les collectivités dans leurs investissements et les acteurs privés dans leur transformation. Cet argent pourrait bien sûr être directement distribué par l'Etat. Mais alors, où se trouveraient les économies ? Quant aux agents, qu'ils soient récupérés par les régions, selon les vœux de Valérie Pécresse, ou recasés dans les Dreal, selon le plan de l'Ifrap, il faudra toujours les payer… De son vivant, Claude Allègre voulait « dégraisser le mammouth ». Aujourd'hui, des personnalités influentes prétendent le faire en se lançant dans une chasse au dahu.
Il est de la responsabilité des élus de veiller à la bonne utilisation des derniers publics. Aucun budget n'est sacré, aucune procédure n'est intouchable. Cependant, au moment où Mayotte panse ses plaies et où Los Angeles brûle, il est incontestable que les investissements au service de la transition écologique des territoires figurent parmi les dépenses les plus utiles. En sortant le bazooka contre l'Ademe, les chasseurs risquent de transformer une simple partie de chasse en bain de sang qui éclabousserait tout le BTP. Le Moniteur #6339 : Les Serm esquissent les gares de demainPériodiquesAnnée : 2025Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Donald Trump est un clown, capable des pires excentricités. Parmi la rafale de décrets qui a suivi son investiture, le nouveau président des Etats-Unis a décidé d'imposer aux futurs bâtiments fédéraux une architecture « traditionnelle, régionale et classique ». Et pourquoi pas des dorures « dans le genre Mar-a-Lago », tant qu'on y est ? C'est risible, certes, mais aussi terriblement révélateur de sa vision du pouvoir, très personnelle, résolument autoritaire et un brin passéiste.
La stratégie de Trump pourrait conduire, de notre côté de l'Atlantique, à remettre en cause d'indispensables investissements dans la transition énergétique.
Paradoxe de ce mandat : cette appétence pour le néo-classicisme le plus traditionnel coexiste avec une priorité stratégique donnée à l'intelligence artificielle. Fruit des noces de l'Amérique profonde avec la Silicon Valley, la nouvelle présidence plastronne en annonçant un investissement record visant à créer de gigantesques data centers. Un numéro de claquettes à 500 milliards de dollars, rien de moins. Objectif : doter le pays des immenses capacités de calcul que réclame le développement de l'IA. C'est un véritable projet d'infrastructures, qui vise, par son ampleur, à prendre un net avantage compétitif sur le reste du monde.
Tout clown qu'il est, il a de la suite dans les idées. Car ces immenses hangars de serveurs feront, c'est certain, exploser les besoins énergétiques. La réponse : du solaire, du nucléaire, mais surtout « forer, forer, forer ». Libéré des contraintes de l'accord de Paris, Washington acte le grand retour des sources fossiles dans le mix états-unien. Une stratégie qui pourrait conduire, de notre côté de l'Atlantique, à remettre en cause d'indispensables investissements dans la transition énergétique, sous couvert de pragmatisme. Si les USA lèvent le pied, pourquoi ferions-nous des efforts ?
La culture populaire américaine a produit Bozo, le clown qui fait rire les enfants. Mais aussi « Ça », la créature de Stephen King qui fait peur aux adultes. Le bureau ovale accueille désormais un détonnant mélange des deux, une sorte de Janus aux nez rouges. L'Amérique peut s'armer de pop-corn : elle s'offre un spectacle de quatre ans, pour le pire et le meilleur. Pas certain que l'Europe, elle, rigole longtemps. Le Moniteur #6340 : Curage de jouvence pour un ancien poste électriquePériodiquesAnnée : 2025Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Quand l'argent public se raréfie, les idées, elles, prolifèrent. Face au coup de vis budgétaire qui menace les investissements dans les bâtiments comme dans les infrastructures, chacun avance sa solution… sans oublier de placer ses pions. Des PPP aux hausses d'impôt, des concessions au tiers-financement, les vieilles recettes ressortent du placard et redonnent de la vigueur à un débat toujours sensible : investir, d'accord, mais avec quoi ?
Le sujet, en effet, reste explosif. Car si tout le monde cherche de nouveaux modèles, personne ne souhaite passer à la caisse. L'Etat a les poches vides, les collectivités craignent de se faire tondre et le contribuable refuse tout nouvel effort. Quant aux entreprises privées et aux institutions financières, dont certaines disposent de puissants leviers d'action, elles devraient monnayer leur participation, tant elles sont courtisées.
Si tout le monde cherche de nouveaux modèles, personne ne souhaite passer à la caisse.
Reste l'usager, trop souvent ignoré. Très impopulaire dans l'opinion publique, l'idée de le faire participer davantage séduit de plus en plus de professionnels. Prenons l'eau potable, ridiculement bon marché. Une hausse du prix du mètre cube permettrait de mieux entretenir les réseaux tout en incitant à davantage de sobriété. Une option que les élus locaux abordent avec prudence, tant l'eau se révèle un sujet inflammable… Dans les mobilités aussi, les bonnets rouges en ont échaudé plus d'un. Cela n'empêche pas la région Grand Est, qui récupère 500 km de routes nationales, d'annoncer le recours à l'écotaxe pour financer leur remise à niveau. Et ce n'est qu'un début : la question des péages routiers devrait animer la prochaine conférence de financement des infrastructures de transports annoncée pour le printemps.
S'il est salutaire de briser des tabous, il est dangereux de croire aux formules magiques. La solution idoine diffère selon les situations et selon les projets. Mal ficelé, un PPP peut se retourner contre ses concepteurs, comme en témoignent les difficultés rencontrées par certains stades. De même, l'usager doit parfois être épargné : pour lutter contre la pollution et les émissions carbone, le prix du ticket de bus doit rester bien inférieur au coût réel des transports en commun. Les bonnes idées, c'est comme l'argent public : elles doivent être maniées avec précaution, surtout quand elles abondent. La ville régénérative : un collectif nature-sociétéLivresAnnée : 2024Auteur : Eduardo BlancoEditeur : EDITIONS APOGEE EDISION APOJDescription : Avec plus de 8 milliards d'habitants sur la planète, dont près de 60 % vivant en milieu urbain, les villes exercent un impact majeur sur la nature. Chaque projet urbain, chaque bâtiment, chaque infrastructure construite dans nos villes concourt à notre bien-être mais engendre également des impacts significatifs sur l'environnement et les espèces vivantes qui nous entourent. Malgré les efforts pour rendre nos villes durables, nos impacts persistent et, face aux défis globaux actuels, un changement de notre approche est nécessaire. La notion de ville régénérative offre une perspective nouvelle pour repenser nos villes avec des bénéfices simultanés pour la nature et la société humaine. En fournissant des bases théoriques, des solutions concrètes à mettre en oeuvre dans nos projets urbains, ainsi que des exemples de réussite, ce livre a pour ambition d'éclairer et d'inspirer le public quant à la pratique de la conception urbaine régénérative. Comment penser nos espaces urbains pour qu'ils s'intègrent et co-évoluent harmonieusement avec les écosystèmes ' Comment faire en sorte que nos villes contribuent activement au bon fonctionnement de ces derniers, tout en répondant aux besoins de la société moderne ' Cet ouvrage explore ces questions cruciales et propose des pistes de réflexion essentielles pour façonner un avenir urbain régénératif (Re) penser les villesLivresAnnée : 2024Auteur : Loi[u0308]c VadelorgeEditeur : ARMAND COLIN ARMAN KOLINDescription : "Comment habitons-nous les villes ' Que reste-t-il des sentes de nos forêts parmi les boulevards et les avenues ' Quelles traces numériques laissons-nous dans nos pas ' À qui appartient la nuit ' La ville du futur est-elle un terrain de jeu pour les investisseurs ' Est-il indispensable de disposer d'un mégaphone pour se faire entendre ' Historiens, géographes et sociologues répondent sans détours à ces questions. Tenant compte de nos habitudes et des enjeux de la ville du XXIe siècle, ils éclairent des notions centrales telles que les risques, les mobilités, la nature en ville, la révolution numérique, le devenir des patrimoines urbains, la place des femmes et les inégalités sociales. Au fil d'une promenade rythmée par les illustrations de Djohr, chercheuses et chercheurs sondent notre façon d'habiter les villes aujourd'hui pour mieux dessiner les contours de nos vies de demain." À l'échelle du quartier : histoire d'une notion d'urbanisme (1890-1960)LivresAnnée : 2024Auteur : Angelo BertoniEditeur : METISPRESSES METISPRESDescription : La notion de "quartier" est apparue dans les discours en urbanisme à la fin du 19e siècle et n'a cessé d'évoluer jusqu'au milieu du 20e siècle. Au cours de cette période, quatre types de quartier marquent autant de moments dans la pensée sur la ville : du quartier d'extension au secteur fonctionnaliste, autant de figures qui se superposent et qui reconfigurent le visage des villes modernes. Au fil des propositions théoriques et des réalisations, Angelo Bertoni retrace une histoire urbanistique non linéaire : en croisant l'analyse spatiale et les trajectoires professionnelles des auteurs - principalement des architectes - il en reconstruit les multiples entrelacs, en résonance avec les différents contextes politiques et culturels. Cet ouvrage, riche d'une iconographie d'archives souvent inédite, remet en perspective l'approche contemporaine de la notion de "quartier", laquelle désigne tout autant une échelle d'analyse que de projet, ainsi que sa valeur en tant que levier essentiel dans la mise en oeuvre de visions urbaines et territoriales Le Moniteur #6342 : Le bois, un matériau (enfin) comme les autresPériodiquesAnnée : 2025Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Ah, les normes ! Trop nombreuses, mal rédigées, déconnectées des réalités… C'est à se demander si elles ne sont pas là juste pour enquiquiner le populo et faire tourner en bourrique l'entrepreneur. L'impératif de simplification, vieux serpent de mer de la politique, refait surface à intervalles réguliers. Surtout que supprimer des normes, c'est comme parler identité nationale, ça ne coûte pas un kopeck. Pratique, quand on n'a plus d'argent à dépenser.
Le Medef l'a bien compris. L'organisation patronale profite de cette fenêtre de tir pour proposer un projet de loi totalement ficelé. Son objectif : encourager les investissements dans des projets hexagonaux, essentiellement industriels.
Son moyen : lever les contraintes réglementaires. Ses cibles : le ZAN, la protection des espèces protégées et, surtout, les recours juridiques.
Aussi décriée soit-elle, une norme naît en général d'une bonne intention.Elle entrave autant qu'elle libère.
L'impatience des porteurs de projets devant les délais observés apparaît légitime, leur frustration est indéniable. Faut-il pour autant sortir le lance-flamme et réduire en cendres les Codes de l'urbanisme et de l'environnement ? Rien n'est moins sûr. Laissons Trump et la politique du bulldozer à Washington. Les contraintes insupportables des uns sont bien souvent les droits légitimes des autres. Limitez la protection de l'environnement, réduisez les voies de recours des riverains, et vous mettrez le feu à une société déjà hautement inflammable.
Aussi décriée soit-elle, une norme naît en général d'une bonne intention. Elle entrave autant qu'elle libère. Dernier exemple en date : le règlement européen sur les produits de construction. Ce texte, complexe, parfois nébuleux et encore incomplet, permettra à terme de sécuriser l'usage du réemploi pour accélérer l'utilisation de produits de seconde main. Une telle ambition, largement partagée, impose de mettre en œuvre des dispositifs contraignants.
Plutôt qu'un vigoureux coup de balai épisodique qui laisse rapidement retomber la poussière, la simplification doit devenir un époussetage quotidien, un processus permanent qui entre dans le détail des mesures, soupèse les conséquences des différentes options et accepte in fine la complexité. Le Moniteur #6341 : Construire un hôpital : les leçons du Covid-19PériodiquesAnnée : 2025Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Ça aurait pu être bien pire. Après l'adoption, dans la douleur, d'un budget pour 2025, les professionnels de la construction peuvent souffler.
L'élargissement du PTZ met du baume au cœur des promoteurs exsangues. La diminution de la RLS limite la douloureuse ponction qui pèse sur les bailleurs sociaux. Les collectivités, elles, voient leur contribution à l'effort de redressement amoindrie par rapport aux premières annonces. Quant au budget de MaPrimeRénov', il est finalement moins raboté que prévu.
Alors que le monde de la construction avait les yeux braqués sur le palais Bourbon, les architectes gardaient un œil sur la rue de Valois. A quelques heures du rejet de la motion de censure, Rachida Dati réactivait en effet la Stratégie nationale pour l'architecture (SNA). Au menu, là encore, tout pour plaire à la profession : tisser des liens avec les collectivités, améliorer la formation, encourager la réhabilitation…
Les acteurs de la construction semblent avoir enfin retrouvé l'attention des parlementaires et des gouvernants après des années d'ignorance.
Ni la loi de finances pour 2025 ni la SNA relookée ne permettront aux professionnels de sortir de l'ornière. Très attendues, ces mesures ont cependant le mérite d'exister. Elles témoignent surtout d'un heureux mouvement de balancier : les acteurs de la construction semblent avoir enfin retrouvé l'oreille des parlementaires et des gouvernants après des années d'ignorance.
Si tout cela fait chaud au cœur, il faut garder la tête froide. Ce changement d'attitude, aussi salutaire soit-il, apparaît bien précaire. La forte contrainte financière n'offre aucune garantie pour la suite. Dans quelques mois à peine, le prochain débat budgétaire se rouvrira et, selon l'état des comptes publics, les acquis de 2025 pourraient être balayés d'un revers de la main. Quant à la SNA, elle brille par une absence totale de données budgétaires et de calendrier précis, comme si ses auteurs refusaient de se lier les mains, alors que l'avenir est on ne peut plus incertain. Et c'est sans compter sur l'instabilité politique, susceptible, à tout moment, de rebattre les cartes dans les ministères. Il faudra alors reprendre son bâton de pèlerin. Le Moniteur #6344 : Conception bioclimatique de première classePériodiquesAnnée : 2025Auteur : Emmanuelle N'HauxEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Stop and go. C'est sur ce tempo que les décisions de justice concernant l'A69 s'enchaînent et ne se ressemblent pas. Largement attaqué depuis son lancement, le chantier de construction de cette autoroute entre Toulouse et Castres - dont l'idée a germé il y a trente ans ! - est aujourd'hui à l'arrêt. Le tribunal administratif de Toulouse a en effet annulé, jeudi 27 février, les autorisations environnementales délivrées les 1er et 2 mars 2023.
Une issue préconisée par la rapporteure publique le 25 novembre 2024, se fondant sur l'absence de « raison impérative d'intérêt public majeur » justifiant les atteintes environnementales du projet. Pour autant, jusqu'ici, les travaux démarrés il y a deux ans n'avaient jamais été stoppés malgré les multiples demandes de suspension portées par les associations de défense de l'environnement.
Quel que soit le devenir de l'opération, c'est du perdant-perdant.
Cette fois, les pelleteuses sont remisées. Pour combien de temps ? L'Etat, par la voix du ministre des Transports, a déjà annoncé qu'il ferait appel de cette décision, réaffirmant son « attachement » à la réalisation d'un projet dont « les deux tiers du coût de la construction ont été engagés ».
Quand les travaux avancent plus vite que la justice, c'est la fausse note assurée. Vu du ciel, le paysage porte déjà massivement l'empreinte de l'infrastructure autoroutière concédée à Atosca. Sur la terre, la destruction des écosystèmes est quant à elle bien enclenchée. Quel que soit le devenir de l'opération, c'est du perdant-perdant. Les 157 espèces animales protégées qui vivaient dans la zone sont déjà loin, l'arrêt du chantier sera coûteux et les attentes douchées.
Pour Alain Grizaud, président de la FNTP, « cette décision vient aujourd'hui mettre en péril l'avenir de l'ensemble des projets d'infrastructures en France ». Si elle devait être confirmée en appel, elle ne manquerait pas de faire trembler tous les porteurs de projet au moment du go-no go. Le Moniteur #6343 : Au-dessus de Nice, ils confortent la falaisePériodiquesAnnée : 2025Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Un retour à l'envoyeur bien involontaire. En décembre 2023, lorsque Patrice Vergriete, ministre du Logement, cosigne la lettre de mission pour la rédaction d'un rapport sur l'avenir du renouvellement urbain, il est loin de se douter qu'à la remise de celui-ci, le 18 février dernier, il se trouvera justement à la tête de l'Anru, l'agence au cœur de ce méticuleux travail de défrichage.
Cette facétie du destin illustre à la fois l'incroyable instabilité gouvernementale de l'époque (dans l'intervalle, le maire de Dunkerque a même eu le temps de passer par les Transports) et l'extrême précarité du personnel politique… tout comme son indéniable capacité à retomber sur ses pieds ! Problème : cette volatilité inédite pourrait bien finir par menacer la continuité des politiques publiques de long terme. Pour preuve : chacune des deux premières phases des programmes de renouvellement urbain s'étale sur une quinzaine d'années. Une éternité.
L'Anru ne dispose pas que d'amis au sein du personnel politique.
Dans ce contexte, le gouvernement aura-t-il l'ambition de relancer un Anru 3 ? Il le faut. Sans les 23 milliards d'euros mobilisés depuis Jean-Louis Borloo, jamais les vastes programmes de transformation des quartiers populaires n'auraient pu être menés à bien. Cela n'a évidemment pas manqué de susciter des critiques : périmètre d'intervention trop restreint, recours à la démolition trop systématique… Ces limites sont justement questionnées par les auteurs qui esquissent les contours d'un troisième acte.
Destinataire du rapport commandé par ses prédécesseurs, François Rebsamen, ministre de l'Aménagement du territoire, a certes reconnu la nécessité de poursuivre l'effort, mais entend prendre le temps de la réflexion. On le comprend, tant le sujet est touffu, les enjeux financiers importants et l'urgence toute relative. Sauf que le temps de ce gouvernement, lui, semble compté. La remise de ce document a déjà subi un retard de quatre mois en raison justement de la valse des ministres. Or, rien ne dit que les prochains se montrent aussi bien disposés envers ces chantiers. L'Anru, dont l'action est appréciée des élus locaux comme des bailleurs sociaux, ne dispose pas que d'amis au sein du personnel politique. A l'instar de la CNDP, dont le bilan apparaît lui aussi globalement positif ), l'Anru pourrait, si l'on tarde trop à lui fixer un cap, finir comme l'USAid : un bel outil opérationnel que l'on casse par idéologie.