Le Moniteur #6245 : Pascal Minault dévoile sa stratégiePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Un seuil symbolique a été franchi la semaine dernière avec la mise en service de la 100 000e borne de recharge pour véhicules électriques en France. Ce n'est pas rien : en Europe, seuls les Pays-Bas sont mieux équipés. Ce cap, atteint avec à peine quelques mois de retard sur le programme, n'est qu'un jalon sur la longue route de l'électromobilité. Les 400 000 points de recharge sont en ligne de mire d'ici à la fin de la décennie.
Ce déploiement volontariste s'annonce décisif pour accélérer le verdissement du parc automobile. Les Français délaisseront sans regret leur moteur thermique lorsqu'ils auront la certitude d'accéder à une borne dans la rue, sur les parkings, sur les aires de repos, au pied des immeubles… C'est une règle jamais démentie : dans les transports, les infrastructures précèdent l'usage. Pour décarboner, il faut commencer par investir.
Avec l'annonce de son plan vélo, le gouvernement sort son carnet de chèques comme jamais
Même logique pour le vélo. Le modèle néerlandais dispose, là aussi, d'un temps d'avance. Si les cyclistes sont omniprésents à Amsterdam, ce n'est pas en raison de supposées prédispositions culturelles, encore moins d'une météo favorable, mais bien à la faveur des centaines de kilomètres de voies dédiées qui doublent les routes, longent les canaux, sillonnent les parcs et permettent au bout du compte de pédaler en toute sécurité. Plus proches de nous, les exemples strasbourgeois, grenoblois et, plus récemment, parisien, témoignent de l'appel d'air que génèrent les réseaux denses pour les modes doux.
Un autre cap a justement été franchi la semaine dernière. Avec l'annonce de son plan vélo, le gouvernement sort son carnet de chèques comme jamais. Entre l'argent frais et les fonds déjà prévus, entre les moyens de l'Etat et ceux des collectivités, on arriverait à environ 6 milliards d'euros investis d'ici à 2027. Une somme en nette hausse par rapport à celles fléchées vers la bicyclette jusqu'à présent. De quoi lancer des milliers de chantiers dans tous les territoires, pour encourager les déplacements du quotidien comme les escapades touristiques. Avec, là aussi, un « objectif 100 000 » : il s'agit ici du nombre de kilomètres de voies sécurisées d'ici à 2030. Lorsqu'ils poussent à l'action, les symboles ont du bon. Le Moniteur #6243 : Collectivités : Le transfert à petite vitesse des routes nationalesPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Malgré ses retards, il avait un coup d'avance. Le décret tertiaire, qui vise à rendre plus sobre le parc immobilier hexagonal, a été publié dès 2019. A l'époque, on ne parlait ni de guerre en Ukraine, ni de centrales nucléaires en rade. Et pourtant, ses objectifs ambitieux annonçaient déjà la couleur : baisser progressivement les consommations d'énergie finale du parc tertiaire, pour atteindre - 60 % en 2050.
Tant pis si ses débuts ont été marqués par une course de lenteur et de multiples reports, car on peut le dire aujourd'hui : le pli est pris. Presque tous les acteurs concernés ont, bon gré mal gré, franchi la première étape, celle du renseignement des consommations passées. Nous sommes actuellement en pleine phase d'audit, destiné à connaître plus finement les caractéristiques des bâtiments… et à estimer les frais à engager. Puis vient celle des « quick wins », ces petits efforts offrant des gains importants, à l'instar de la modernisation des systèmes d'éclairage ou de chauffage. Comme souvent, les premières marches sont les plus simples à gravir.
Il ne faut pas se cacher derrière son thermostat : les efforts les plus coûteux sont devant nous
Il ne faut pas donc se cacher derrière son thermostat : les efforts les plus coûteux sont devant nous. Les travaux d'isolation et l'installation de systèmes d'autoconsommation mobiliseront sur des décennies les métiers de la rénovation énergétique et ce, tant sur les chantiers que dans les bureaux d'études. Devant la diversité des bâtiments concernés, seule une ingénierie sur mesure sera à même de déployer les solutions idoines.
Bref, l'après-fossiles ne sera pas facile. Pour se donner du cœur à l'ouvrage, il convient de se rappeler la hauteur de l'enjeu : alors que l'entrée en vigueur tonitruante de la RE 2020 concerne le 1 % de bâtiments qui sort de terre chaque année, la révolution silencieuse du décret tertiaire embrasse l'immensité du parc existant. Ses effets s'annoncent donc décisifs pour retrouver un tant soit peu de souveraineté énergétique et de sérénité climatique. Le Moniteur #6251 : JO2024 - La course à l'innovation, discipline olympiquePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Plus vite. L'heure tourne, les chantiers aussi. Et de plus en plus rapidement. A un an des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, la pression qui pèse sur les acteurs en charge du bon déroulement du plus grand événement sportif au monde monte encore d'un cran. Chaque petit grain de sable susceptible d'enrayer la machine est appréhendé avec angoisse par les organisateurs. En témoignent les sueurs froides données la semaine dernière par la pagaille survenue dans le métro parisien. Un tel scénario virerait au cauchemar s'il survenait en pleine quinzaine olympique.
L'héritage olympique dépassera de loin les seuls ouvrages édifiés ou compétences acquises
Plus haut. En attendant l'épreuve du feu, les constructeurs mettent les bouchées doubles pour répondre aux exigences très élevées des donneurs d'ordres grâce à des solutions jamais vues. Sobriété énergétique, décarbonation, accessibilité… L'ambition d'innover tous azimuts, que porte la Solidéo depuis l'origine, se concrétise dans de nombreuses opérations en cours de réalisation. L'aboutissement d'une mobilisation technique, financière et administrative sans précédent au service de l'écologie et de l'inclusion.
Plus fort. Qu'on adore le sport ou qu'on l'abhorre, on doit pouvoir se mettre d'accord : les Jeux nous rendent plus forts. Pour les équipes engagées dans les projets de construction audacieux, l'échéance joue le rôle d'un entraînement de haut vol dont elles tireront les bénéfices pour longtemps. Il suffit d'écouter les candidats malheureux regretter, encore aujourd'hui, de ne pas participer à ce grand projet pour comprendre l'importance qu'il revêt. Pourtant, eux aussi en bénéficieront.
Ensemble. Il y a deux ans, le CIO rallongeait la devise olympique d'un quatrième mot : « ensemble ». Les JO 2024 le prouvent : le BTP aussi sait jouer collectif, très collectif même. Leur héritage dépassera de loin les seuls ouvrages édifiés ou compétences acquises : il bénéficiera à l'ensemble de la filière hexagonale, des joueurs de première ligne jusqu'à ceux restés sur la touche. Quand la flamme olympique quittera Paris, la construction tri colore conservera son auréole. Le Moniteur #6252 : + 4°C en 2010 : construire une France vivablePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Juillet 2022 : Christophe Béchu arrive au ministère de la Transition éco logique, et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'adaptation au changement climatique ne figure pas au rang de ses priorités. La décarbonation, oui. L'effondrement de la biodiversité, oui. Mais évoquer une France qui grille reste alors un tabou. L'évoquer, pensait-on, risque de détourner la population de l'urgence absolue : réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Mai 2023 : le gouvernement lance, avec tambours et trompettes, une vaste consultation visant à mieux définir une stratégie d'adaptation. Avec non pas 2 °C de hausse d'ici à la fin du siècle, mais 4 °C. Deux degrés qui changent radicalement le visage du pays en 2100. Un autre tabou est brisé, celui de l'obsolescence de l'Accord de Paris. Comment expliquer ce renversement de perspective en moins d'un an ? Par cette année 2022, juste ment. Une année exceptionnelle, avec ses innombrables records de chaleur, ses feux de forêt incontrôlés et ses orages ravageurs. Jamais le bouleversement climatique n'a été ressenti de manière aussi marquante, dans les esprits comme dans les corps. Jamais... jusqu'en 2023, qui s'annonce hors normes. La machine s'emballe et l'on ne peut plus l'ignorer.
Si l'horizon de l'adaptation est dorénavant incontesté, le chemin à parcourir reste tracer.
Prise de conscience collective, prise en main politique... L'heure est main tenant aux solutions pratiques. Heureusement, les propositions fourmillent chez les start-ups et les entreprises de l'aménagement, des infrastructures et du bâtiment : des produits parfaitement aboutis aux prototypes encore à l'essai, des technologies de pointe aux propositions low-tech. Si l'horizon de l'adaptation est dorénavant incontesté, le chemin à parcourir reste à tracer. Cette route sera nécessairement longue, largement inconnue, mais pas forcément douloureuse. Si le climat nous oblige l’action, il ne nous contraint pas au supplice. Après tout, vivre dans une ville tempérée et végétalisée, habiter un logement qui ne craint ni le froid ni le chaud, se tenir éloigné des dangers et des catastrophes, cela ne participe-t-il pas d'un projet commun éminemment désirable ? A l'instar de Christophe Béchu, notre conversion aux bienfaits de l'adaptation s'apparente à un chemin de Damas. Gardons-nous désormais d'emprunter un chemin de croix. Le Moniteur #6312 : Une tour de La Défense isolée fenêtre par fenêtrePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Les oiseaux (de mauvais augure) se cachent pour mourir (de honte). Contrairement aux oracles les plus sombres, les Jeux olympiques de Paris se sont mués, dès leur ouverture, en succès planétaire et populaire. Cette réussite constitue une vitrine du savoir-faire tricolore dans l'organisation de grands événements. Un cocorico que l'on doit, entre autres, aux acteurs de la construction mobilisés de longue date sur cet objectif.
On sait que les ouvrages olympiques ont, de Saint-Denis à Tahiti, concentré l'attention des pouvoirs publics, maîtres d'ouvrage, maîtres d'œuvre et entreprises. Que leurs cahiers des charges ambitieux et leurs délais incompressibles constituaient de sérieux défis, au bout du compte relevés haut la main. Que ces chantiers ont, par endroits, contraint la profession à réaliser des pas de géant en termes d'innovation. Cette œuvre, déjà immense, est connue et reconnue, mais elle ne résume pas à elle seule l'apport des constructeurs à la fête olympique.
Les chantiers olympiques, ont, par endroits, contraint la profession à réaliser des pas de géant en termes d'innovation.
Leurs compétences se déploient également bien loin de la lumière des projecteurs. Dans l'arrière-scène, donc, et jusque sur la Seine. Les équipes de C&E Ingénierie ont ainsi étudié les caractéristiques structurelles des ponts parisiens sollicités par la grandiose cérémonie d'ouverture. Un travail de bénédictin, fait de calculs et de contre-calculs, mais aussi d'archiviste, pour mettre la main sur les plans d'origine de ces ouvrages historiques. Un travail de l'ombre.
Des montagnes d'équations- et quelques tonnes de béton - auront aussi été nécessaires pour concrétiser la sempiternelle promesse de pouvoir se baigner dans la Seine. Malgré les sarcasmes et les orages, l'épreuve de triathlon a pu s'y dérouler sans encombre. En plus de la volonté politique, il aura fallu compter sur le labeur colossal des ingénieurs et des compagnons pour, contre vents et marées, réaliser ce vieux rêve. Et, ainsi, clouer le bec aux grincheux. A l'heure des médailles étincelantes et des Marseillaises tonitruantes, le BTP mérite bien sa couronne de laurier.