Le Moniteur #6292 : L'immobilier logistique retrouve de l'entrainrevueAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : « Raboter sur le vert, c'est ce qu'il ne faut plus faire. » La rime est facile. Mais si cette maxime doit marquer les esprits, c'est avant tout en raison de son auteur : Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes. L'homme à qui la fonction confère justement un rabot à chaque main. L'urgence environnementale bouscule vraiment toutes les évidences : l'orthodoxie budgétaire s'accorde désormais avec l'écologie.
L'orthodoxie budgétaire s'accorde désormais avec l'écologie
Les magistrats de la rue Cambon se sont en effet penchés, dans leur rapport annuel, sur l'adaptation au changement climatique. Ils ont amassé les données, sorti leurs calculettes sans parvenir à produire un chiffrage précis. Seules certitudes : le dérèglement climatique est définitivement enclenché, ses conséquences déjà perceptibles et les dépenses induites clairement pharaoniques. Les propriétaires s'inquiètent, les collectivités s'affolent, les assureurs se planquent. L'Etat doit réagir. Avec un autre mantra signé Pierre Moscovici : « La dépense publique doit passer d'une culture de la quantité à une culture de la qualité. » Cet appel à un travail de dentelle ne semble pas avoir pénétré la forteresse de Bercy. En sabrant dans MaPrimeRénov' et dans le Fonds vert, Bruno Le Maire a clairement indiqué que ses ciseaux étaient bien affûtés mais qu'ils n'avaient que faire, eux, de la couleur de la dépense. Daltoniens mais pas aveugles, ils ciblent tout ce qui leur permet d'atteindre les économies attendues. Serait-on passé à l'ère du « quoi qu'il en coupe » ?
Ce serait bien évidemment désastreux. Aménager, construire, rénover… Les travaux indispensables à l'adaptation de notre cadre de vie s'annoncent certes coûteux, mais les repousser nous reviendra plus cher encore. Mettre la main à la poche en faveur des villes résilientes, des infrastructures vertes ou des bâtiments sobres ne peut attendre. Cela ne doit surtout pas dépendre de l'état conjoncturel des deniers publics ou du taux en vigueur à la BCE. Investir dans le vert, c'est ce qui est prioritaire. Le Moniteur #6347 : En 2025, Nexity entrevoit la fin du marasmerevueAnnée : 2025Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : A peine douze mois nous séparent des prochaines municipales. Pour le BTP, cette dernière année du cycle électoral constitue traditionnellement un trou d'air dans l'activité comme dans la prise de commandes. L'accalmie qui vient n'a donc rien d'inhabituel. Pour les acteurs du logement comme Nexity, la chute sera d'autant moins brutale que le haut de la courbe n'a jamais été atteint.
La crise immobilière aura en effet marqué la mandature qui s'achève. Certes, la flambée des taux d'intérêt en constitue la cause majeure, mais la génération de maires élus en 2020 était de toute façon encline à freiner la délivrance des permis de construire. Le bilan, cependant, n'est pas uniquement négatif : les dernières élections ont aussi généré une « vague verte » qui s'est traduite, bien au-delà des quelques mairies écolos, par des investissements conséquents en faveur des mobilités douces, de la végétalisation et de la rénovation énergétique.
Foncier, fiscalité, frilosité : les réticences à construire ont des racines profondes.
Les sextennats se suivent mais ne se ressemblent pas. L'actuel est né en plein « quoi qu'il en coûte », le prochain démarrera en période d'austérité. Sans parler du « backlash » à l'œuvre sur la scène internationale qui pourrait trouver une traduction locale. Un tel retour de balancier menacerait avec certitude les projets de décarbonation et d'adaptation au changement climatique sans pour autant garantir une relance de la machine à loger. Foncier, fiscalité, frilosité : les réticences à construire ont des racines profondes. Le mascara écologique a bien souvent servi à maquiller - et à légitimer - des réactions bassement Nimby*.
La clé se trouvera donc dans les urnes et le monde de la construction devra, le moment venu, se faire entendre. Certes, notre Paris n'est pas au Texas et notre Maine est loin du Québec. Reste qu'une nouvelle bifurcation des politiques locales, quelle qu'en soit la direction, provoquera inévitablement du flottement, de l'attentisme. Un cycle, ça peut dérailler au premier coup de pédale. Il faut donc saluer les initiatives qui, telle celle en faveur des maires bâtisseurs, doivent permettre d'amorcer dès maintenant la prochaine période. Après le mandat vert, évitons l'année blanche.
* Not in my backyard, pas de ça dans mon jardin