Le Moniteur #6288 : Le bitume ôté, la forêt en majestéPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Sophie d' AuzonEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Un chewing-gum, cinq ans. Un sac en plastique, quatre cents ans. Et une route ? Plutôt que de laisser la nature finir son œuvre et dégrader totalement le bitume qui ornait certaines anciennes voies traversant la forêt classée réserve naturelle de Neuhof-Illkirch, la municipalité de Strasbourg a fait appel à une entreprise de travaux publics pour rendre à l'humus plusieurs kilomètres de linéaires (lire p. 40) . Pas banal pour un constructeur de faire disparaître des ouvrages et de les remplacer par… rien. Mais tout autant que pour donner vie à une infrastructure, une telle mission requiert de déployer ingéniosité, adaptation au terrain et savoir-faire.
Elle demande aussi une dose de modestie - et sans doute de maturité. Car effacer toute trace de la main de l'homme, et en constater les bienfaits sur la faune et la flore bien vite ragaillardies, c'est reconnaître en creux l'impact de nos ouvrages, aussi vertueusement conçus soient-ils.
Pas banal pour une entreprise de TP de faire disparaître des ouvrages.
Elle exige, enfin, de la mesure. Les concepteurs du projet n'ont pas oublié, au détour des sentiers, l'objectif d'accessibilité. La débi-tumisation a pour l'heure épargné certaines pistes, utiles à la circulation des cyclistes, le temps de trouver des itinéraires bis. Un équilibre entre divers impératifs auquel les acteurs de la construction sont bien habitués.
De même que le meilleur achat est parfois celui qu'on ne fait pas, l'énergie la plus verte celle qu'on ne consomme pas, le retour à la nature, porté par une collectivité et un bâtisseur, méritait cette semaine un hommage. En toute humilité. Du latin « humilitas », lui-même dérivé de… « humus ». Le Moniteur #6317-18 : La tour qui fait twister Le HavrePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Sophie d' AuzonEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : « Levez-vous, si vous le pouvez. » Les invites inclusives des speakers lors des moments clés des cérémonies olympiques et paralympiques qui ont jalonné notre été ont rappelé l'évidence. Nous ne sommes pas tous égaux en matière de mobilité. Et personne ne doit rester sur le (bas) côté. Jamais le sujet du handicap en France n'avait bénéficié d'une telle visibilité. Accueillant les parathlètes le soir du 28 août, le président du Comité d'organisation des Jeux de Paris 2024, Tony Estanguet, affirmait : « Votre force, c'est qu'à chacune de vos victoires, c'est aussi tout un pays qui va changer. »
Il est temps de mettre la main à la poche et de déclarer l'urgence de la transition mobile.
Mais, la flamme éteinte, que restera-t-il de cette prophétie ? « Concrètement, l'héritage va être très faible par rapport à l'accessibilité », estimait Nicolas Mérille, conseiller national accessibilité & conception universelle de l'APF France Handicap, au micro de France Info. Les chantiers sont vastes, et bien connus des acteurs du BTP. Accessibilité des logements, des ERP, du cadre de vie… Pour ne parler que de mobilité, un projet emblématique s'impose dans le débat : rendre accessibles les 13 lignes historiques du métro de la capitale.
Paris n'était pas prête pour les visiteurs et athlètes des JOP souhaitant voyager en souterrain. Elle le sera demain, a assuré au cœur du mois d'août Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France. Demain, c'est-à-dire… dans vingt ans, et après avoir trouvé 20 milliards d'euros. L'élue entend pour ce faire obtenir un partage du financement par tiers avec l'Etat et la Ville. Premier signe encourageant, le pacte conclu par les deux collectivités avec l'APF le 5 septembre par lequel les signataires s'engagent à agir conjointement pour lancer le grand projet du « métro pour tous ». Pas encore de promesse sonnante et trébuchante à ce stade. Or il est temps de mettre la main à la poche et de déclarer l'urgence de la transition mobile. « Déplacez-vous, si vous le pouvez. »