Auteur : Fabien Renou
revueAnnée : 2025Editeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Et s'il fallait passer par la case prison pour prendre un nouveau départ ? Les appels d'offres que lancera le ministère de la Justice en mai et juin pourraient en effet sonner comme le coup d'envoi d'un changement d'échelle pour la construction modulaire. Gérald Darmanin mise sur la préfabrication pour livrer 3 000 places de prison « en quelques mois ». Avant même le nécessaire effort de sécurisation mis en lumière par les récentes attaques de plusieurs établissements, c'est bien le phénomène chronique de surpopulation carcérale qui requiert une réponse urgente.
Le choix de ce mode constructif semble frappé au coin du bon sens, tant il paraît correspondre aux besoins de l'administration pénitentiaire : des cellules toutes identiques, reproduites en quantité, à livrer rapidement. Et sans malfaçon, s'il vous plaît. Le programme idéal pour mettre à l'épreuve le savoir-faire émergent de l'industrialisation du BTP.
Les maîtres d'ouvrage qui construisent à la chaîne, ça n'existe pas. Sauf, peut-être, Gérald Darmanin.
Car il faut le reconnaître, le hors-site, c'est un peu l'arlésienne du bâtiment. Cette révolution, chaque jour annoncée, chaque jour repoussée, n'a pas réussi à faire naître des lendemains qui chantent. Pour expliquer ce décollage impossible, on avance trop souvent les réticences culturelles ou les freins réglementaires. La raison est pourtant bassement financière. L'usine coûte plus cher que le chantier. L'industrialisation exige du volume. Or, les maîtres d'ouvrage qui construisent à la chaîne, ça n'existe pas. Sauf, peut-être, Gérald Darmanin.
Pour les constructeurs, cette initiative publique est une opportunité de tester, sans préjugés, le potentiel réel de ces process innovants. Quelles contraintes techniques ? Quel modèle économique ? Quelle masse critique ? Autant de réponses qui devraient permettre de dissiper un peu le brouillard qui enveloppe encore la préfabrication. Et de lui offrir la possibilité de prendre enfin la place - même modeste - qui lui revient.