Matières #20 : La Steel-In 2023 ; l'acier paré pour le réemploi et l'économie circulaire


Auteur : Nicolas Michelin


Périodiques
Année : 2023
Editeur : CONSTRUIRACIER KONSTRUIRASI
Description : Actuellement dans le monde de la construction on entend beaucoup « les temps sont difficiles ». Effectivement, tout s’accumule : crise de l’immobilier – à ne pas confondre avec la crise du logement – hausse des taux et des matières premières, incertitudes politiques, montée des extrêmes, guerres, terrorisme… Et par-dessus tout cela l’effondrement de la biodiversité, le réchauffement climatique et ses conséquences graves. L’architecture, l’urbanisme, l’ingénierie sont déboussolés. Le réchauffement climatique ne marque pas une crise mais un bouleversement. La crise finit par passer et on peut reprendre plus ou moins les habitudes d’avant. Avec un bouleversement, il n’y a pas de retour en arrière, les méthodes d’hier ne sont plus bonnes pour aujourd’hui, il faut changer de paradigme, penser la construction autrement. Autrement ? Mais comment ? Les débats sont vifs, depuis : « il ne faut plus construire et uniquement rénover, réparer, recycler » – attitude qui panique les politiques et le monde de l’immobilier, jusqu’à : « il faut construire impérativement décarboné et en bois », qui rend l’acte de construire quasi impossible économiquement. Mais globalement l’inertie du secteur fait que l’on essaie cahin-caha de continuer comme avant, avec de nouvelles astuces et techniques constructives. Et si c’était le site qui faisait le projet ? Et si, avant toute chose, on regardait attentivement le lieu où l’on est supposé construire en se laissant guider par ce qu’il nous dit ? Car les sites nous parlent ! Peut-être faut-il ne rien construire, peut-être juste « renaturer » et poser deux trois petits volumes, peut-être construire haut et avec peu d’impact au sol, peut-être ne s’inscrire que dans le relief de manière linéaire, peut-être retracer la noue oubliée et restaurer les haies derrière lesquelles peuvent prendre place des maisons. Peut-être, peut-être… Si on les analyse de manière ultra contextuelle, les sites nous donnent le projet sur mesure. Et celui-ci, une fois construit, sera presque invisible, ordinaire comme s’il avait toujours été là : par rapport aux vents – pour se rafraîchir, par rapport à l’ombre et la lumière – pour produire son énergie, par rapport aux voisins, par rapport au sol qu’il utilise en inertie, par rapport au paysage qu’il complète... C‘est un projet ordinaire-extra qu’on ne remarque pas mais qui, lorsqu’on s’y attarde, est magnifique, contemporain et juste, de proportions, de couleur et de matière. C’est cela un projet écologique avant toutes autres considérations techniques de biosourcé, de cycle de vie ou de bas carbone. Un bâtiment réussi est celui qui donne l’impression d’avoir toujours été là. Changer de paradigme c’est cesser de projeter un programme sur un terrain, mais faire en fonction de ce qu’autorise ce terrain, car c’est le site qui fait le projet et le projet qui fait la règle. Voilà un nouveau paradigme qui, à y réfléchir, va à l’inverse de nos pratiques actuelles