Le Moniteur #6307 : Sous le sol de Marseille, un bassin d'orage de 10 000m3


Auteur : Fabien Renou


Périodiques
Année : 2024
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Mystère et boule de gomme. A l'heure où s'écrivent ces lignes, la couleur du gouvernement qui obtiendra l'onction des députés élus le 7 juillet reste une énigme complète. Tout, du comportement des électeurs aux coalitions potentielles, constitue un saut dans l'inconnu. Une seule certitude, à cette heure : la campagne à grande vitesse ne s'est arrêtée sur aucun sujet déterminant pour le cadre de vie. Or, à la lecture des résultats des européennes, une évidence saute aux yeux : le vote RN est inversement proportionnel à la densité de population. L'immense majorité des zones rurales et périurbaines a placé la liste de Jordan Bardella en première position, et ce, même dans les régions traditionnellement rétives à l'extrême droite. A l'inverse, les grandes villes ont davantage voté à gauche et au centre. Le cas le plus caricatural étant Paris, où le RN a plafonné à 8,5 %. Aux européennes, l'immense majorité des zones rurales et périurbaines a placé la liste de Jordan Bardella en première position Cette fracture entre le centre et la périphérie pourrait se lire comme une simple opposition entre le peuple et l'élite. Mais cette analyse à l'emporte- pièce fait l'impasse sur la sociologie des grandes villes, qui ne sont pas, loin s'en faut, peuplées uniquement de CSP +, tout comme sur celle des campagnes, parfois prospères, parfois précaires. A y regarder de plus près, c'est bien le cadre de vie qui marque la césure entre les métropoles, les campagnes et les banlieues : le type d'habitat et de mobilités, l'accès aux services publics et aux loisirs, la facilité à voyager et à se cultiver… On aurait donc pu s'attendre à voir apparaître la crise du logement, le développement des transports collectifs ou encore la rénovation des bâtiments publics comme thèmes structurants des débats. Il n'en a rien été. On leur a préféré la double nationalité, la justice des mineurs, sans oublier l'inépuisable feuilleton du financement des retraites. L'histoire nous a cependant appris que les campagnes électorales répondent à des enjeux fort éloignés de ceux qui façonnent l'exercice du pouvoir. Ces sujets pourraient donc prochainement ressurgir sur les bureaux des nouveaux ministres. Les cent jours nous en diront plus sur la lucidité de nos futurs dirigeants. Ou sur leur cécité.