Auteur : Fabien Renou
revueAnnée : 2025Editeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Cette fois, ce n'est pas un oubli, encore moins du mépris. Le BTP n'avait rien à faire à l'Elysée, jeudi 3 avril. Quelques heures à peine après l'annonce du relèvement massif et généralisé des droits de douane étasuniens, le président de la République avait convié les responsables des filières hexagonales les plus impactées. On y trouvait, un peu sonnés, des représentants des industries du luxe et de l'automobile, de la filière des vins et spiritueux, mais personne du BTP. Tant mieux.
Ni le béton ni le bitume ne traversent la France. Alors, l'Atlantique… La construction constitue par essence une activité locale, dont les acteurs ne se trouvent pas brutalement déstabilisés par les soubresauts du commerce international. Le BTP était prospère avant la mondialisation, il survivra à une éventuelle contraction des échanges mondiaux. Une relative protection face aux chocs géopolitiques qu'il ne faut toutefois pas confondre avec un totem d'immunité. Souvenons-nous du déclenchement de la guerre en Ukraine…
Prospère avant la mondialisation, le BTP survivra à une éventuelle contraction des échanges mondiaux.
La décision de la Maison Blanche aura certes un impact négatif sur la croissance mondiale, mais l'on peine encore à en percevoir les conséquences concrètes. L'érection de multiples barrières douanières conduira-t-elle à un retour de l'inflation, ou bien la fermeture du marché américain engendrera-t-elle une guerre des prix généralisée ? La réorientation des routes commerciales aura-t-elle un impact sur le coût des matières premières, voire sur leur disponibilité ? Nul ne le sait. Seule certitude : si l'économie flanche, elle entraînera la construction dans sa chute.
Ne l'oublions pas : les secteurs ciblés par Donald Trump sont, ici, des commanditaires importants pour les architectes, les entreprises et les bureaux d'études. Connues dans le monde entier, les maisons françaises du luxe se muent, aux quatre coins de l'Hexagone, en maîtres d'ouvrage ambitieux et exigeants. Renommés outre-Atlantique, les domaines viticoles aiment à se doter de chais à la pointe de la technique et de l'élégance. Bien insérée dans les échanges mondiaux, l'industrie européenne se décarbone à marche forcée, ce qui implique de gros investissements et autant de maintenance. Tout compte fait, une partie du BTP était bien à l'Elysée.