Le Moniteur #6246 : Un Grand Palais pour le XXIe siècle


Auteur : Barbara Kiraly


Périodiques
Année : 2023
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Que ce soit dans « Pif » ou « Challenges », les interviews présidentielles apportent toujours leur lot de surprises. Dans le magazine économique, Emmanuel Macron annonce ainsi vouloir une « conférence des parties » pour résoudre la crise du logement. N'était-ce pas justement la vocation du Conseil national de la refondation (CNR) logement ? Avoir une maison, c'est la première pierre d'une vie à bâtir. Avec la remontée rapide des taux d'intérêt, la machine à loger s'est brusquement grippée. Ne pouvant plus acheter, les ménages ne libèrent plus leur location. Les commercialisations patinent, bloquant le démarrage des programmes immobiliers (lire p. 14). Les bailleurs sociaux, qui font construire la moitié des HLM par les promoteurs, voient leur production chuter. Le mal-logement s'ag-grave. Tout le monde sonne l'alarme… et le gouvernement reporte les conclusions du CNR à une date indéterminée. Il faut repenser le modèle du logement pour mieux répartir les coûts. Et, pourquoi pas, en faire un bien de première nécessité. Dans son entretien à « Challenges », Emmanuel Macron estime qu'on « ne peut tout attendre de la réforme gouvernementale ». Au « Moniteur », on pense qu'il convient d'en attendre beaucoup. Assumons néanmoins un état de fait : le logement neuf ne peut pas à la fois répondre aux exigences de la RE 2020, payer, par la péréquation, la part sociale des programmes, financer la renaturation de la ville, loger à des prix accessibles… Il faut repenser le modèle pour mieux répartir les coûts. Et, pourquoi pas, faire du logement un bien de première nécessité, qui ne réponde plus aux lois du marché. En capant durablement le prix de sortie, on limite le coût d'acquisition du foncier, on permet à chacun d'avoir une meilleure visibilité… et le marché, devenu plus accessible, finit par retrouver un équilibre. En donnant de la valeur économique à la nature, via un marché du carbone par exemple, on offre la possibilité aux promoteurs de prévoir de la pleine terre, plutôt que de densifier à tout-va leurs programmes pour les rentabiliser. La crise du logement s'inscrit dans quelque chose de plus grand qu'elle, la crise climatique, la stratégie nationale bas carbone… Elle mérite mieux que des mesurettes. Elle mérite une vision.