Le Moniteur #6305 : Exploit princier à Monaco : un R+8 érigé sans grue


Auteur : Fabien Renou


Périodiques
Année : 2024
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Mon conseil municipal devait, dans deux jours, voter une délibération relative au fonds vert. J'ai décidé de décaler la réunion : cette subvention existera-t-elle encore dans un mois ? Comme beaucoup d'élus locaux, ce maire alsacien confie avoir les jambes coupées par une campagne surprise et des élections à l'issue incertaine. Décisions repoussées, interlocuteurs absents, rencontres annulées… Le blocage touche tout le pays, bien au-delà des services de l'Etat. La dissolution avait vocation à faire bouger les lignes. Le fait du prince a, pour l'instant, paralysé la France. Les législatives précédant les grandes vacances, ce sont des mois d'actions qui, in fine, se trouvent perdus Les premières victimes de ce retour à l'isoloir sont bien évidemment les textes qui étaient en discussion au Parlement. Avec des députés renvoyés devant les électeurs et des sénateurs qui, « par courtoisie », suspendent leur séance plénière, une bonne vingtaine de projets et propositions de loi ont, du jour au lendemain, rejoint les limbes. On pense bien évidemment à la loi sur le logement abordable, à celle destinée à simplifier la vie des entreprises ou encore au texte entendant favoriser la transformation de bureaux en logements, qui comportait entre autres des éléments favorables à la surélévation. Toutes ces dispositions ont été longuement discutées, négociées et amendées. Mais elles pourraient tout bonnement passer à la trappe et laisser la place à de nouvelles priorités choisies par la majorité qui sortira des urnes - s'il y en a une. L'été 2024 s'ouvre donc avec un gel. Et comme les législatives précèdent les grandes vacances, ce sont des mois d'actions qui, in fine, se trouvent perdus. L'économie, pourtant, ne peut se permettre que le temps suspende son vol. La crise immobilière, le renouvellement des infrastructures ou encore la transition énergétique exigent volonté, visibilité et liquidités. Or, les coups de poker politiques génèrent au contraire incertitude budgétaire et instabilité normative. Avec, au bout du compte, un risque mésestimé : celui d'une léthargie longue et mortifère.