Auteur : Fabien Renou
revueAnnée : 2025Editeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Ah, les normes ! Trop nombreuses, mal rédigées, déconnectées des réalités… C'est à se demander si elles ne sont pas là juste pour enquiquiner le populo et faire tourner en bourrique l'entrepreneur. L'impératif de simplification, vieux serpent de mer de la politique, refait surface à intervalles réguliers. Surtout que supprimer des normes, c'est comme parler identité nationale, ça ne coûte pas un kopeck. Pratique, quand on n'a plus d'argent à dépenser.
Le Medef l'a bien compris. L'organisation patronale profite de cette fenêtre de tir pour proposer un projet de loi totalement ficelé. Son objectif : encourager les investissements dans des projets hexagonaux, essentiellement industriels.
Son moyen : lever les contraintes réglementaires. Ses cibles : le ZAN, la protection des espèces protégées et, surtout, les recours juridiques.
Aussi décriée soit-elle, une norme naît en général d'une bonne intention.Elle entrave autant qu'elle libère.
L'impatience des porteurs de projets devant les délais observés apparaît légitime, leur frustration est indéniable. Faut-il pour autant sortir le lance-flamme et réduire en cendres les Codes de l'urbanisme et de l'environnement ? Rien n'est moins sûr. Laissons Trump et la politique du bulldozer à Washington. Les contraintes insupportables des uns sont bien souvent les droits légitimes des autres. Limitez la protection de l'environnement, réduisez les voies de recours des riverains, et vous mettrez le feu à une société déjà hautement inflammable.
Aussi décriée soit-elle, une norme naît en général d'une bonne intention. Elle entrave autant qu'elle libère. Dernier exemple en date : le règlement européen sur les produits de construction. Ce texte, complexe, parfois nébuleux et encore incomplet, permettra à terme de sécuriser l'usage du réemploi pour accélérer l'utilisation de produits de seconde main. Une telle ambition, largement partagée, impose de mettre en œuvre des dispositifs contraignants.
Plutôt qu'un vigoureux coup de balai épisodique qui laisse rapidement retomber la poussière, la simplification doit devenir un époussetage quotidien, un processus permanent qui entre dans le détail des mesures, soupèse les conséquences des différentes options et accepte in fine la complexité.