Auteur : Olivier Namias
brochureAnnée : 2023Editeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : « Rien n'est permanent, sauf le changement », affirme une citation attribuée tantôt à Confucius, tantôt à Héraclite d'Ephèse. Quel qu'en soit l'auteur, la maxime s'applique aux bâtiments depuis I'Antiquité. L'édification de la ville de Split sur le palais de Dioclétien a fasciné des architectes aussi divers qu'Ernest Hébrard ou Aldo Rossi. Elle constitue l'exemple le plus marquant d'une modalité de transformation progressivement écartée au profit de deux logiques parallèles : la restauration, réservée aux monuments historiques, et pour les autres bâtiments la rénovation, soit la démolition complète au profit du neuf, dans un esprit de modernisation. Le prestige de la modernité balayait les pratiques persistantes de réhabilitation, qui représentaient pourtant une part importante de l'activité des architectes. Avant l'édifice, il fallait donc réhabiliter le principe même de la réhabilitation, comme s'y essaya le pavillon de I'Arsenal en 1997. « Transformer, réhabiliter, reconvertir, c'est faire évoluer des architectures d'un passé ancien ou récent, afin
Qu’elles deviennent des signes de notre modernité », plaidait Jean Tiberi, alors maire de la capitale, sans vraiment convaincre en dépit d'une solide collection d'exemples. Il aura fallu le décompte des émissions de gaz à effet de serre dans le bilan des opérations pour sortir la réhabilitation du genre mineur où elle était cantonnée. La fièvre immobilière aura elle aussi contribué à l'essor de ces projets, plus coûteux et plus complexes que les projets neufs, qui appliquent des méthodes standardisées sur des terrains débarrassés d'incertitudes. Cette complexité donne aux architectes l'opportunité de retrouver la maîtrise du projet et l'initiative de l'invention. Les pages qui suivent offrent un aperçu de ce « printemps de la réhabilitation », qui, espérons-le, durera plus longtemps que ce que durent les roses, et ne sera pas de sitôt appauvrit par la standardisation. Les métamorphoses stupéfiantes font partie du jeu : la façade métallique en couverture de notre hors-série recouvre la structure béton d'un entrepôt de vin, comme derrière les façades ordinaires des maisons de la rue Torta sommeille l'amphithéâtre romain de Florence. Rien n'est permanent, sauf la métamorphose.