Le Moniteur #6384 : Groupe scolaire Simone-Veil à Tremblay-en-France : Une Equerre d'argent à hauteur d'enfant


Auteur : Fabien Renou


revue
Année : 2025
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Philippe Prost avait annoncé la couleur. Face à la sinistrose ambiante, le jury de l’Equerre d’argent, qu’il présidait, entendait faire preuve d’optimisme, de confiance en l’avenir (lire p. 14). Pour cela, quoi de plus évident que de distinguer une école exceptionnelle, creuset idéal des générations en devenir ? A bas la France moche ! Vive la France des mioches ! Un programme éducatif, aussi essentiel soit-il, ne suffit pas à décrocher la timbale, surtout au milieu de projets d’aussi grande qualité. Ce groupe scolaire, implanté aux marges d’un quartier pavillonnaire lui-même situé aux confins de la Seine-Saint-Denis, mérite la pleine lumière à plus d’un titre. Ses qualités formelles, matérielles et spatiales le placent sans conteste sur le dessus du panier de la production architecturale contemporaine. Son ambition écologique, faite de pierre, de bois et de terre crue, pousse loin les curseurs. Surtout, grâce à l’audace de la Ville de Tremblay-en-France, l’agence Le Penhuel a pu mettre son expérience au service d’un établissement véritablement visionnaire. Maître d’ouvrage, architecte et Education nationale : tous ont pris des risques et aligné leurs vues dans l’intérêt des enfants. A l’école Simone-Veil, en effet, aucune salle n’est réservée au centre de loisirs. Tous les espaces sont mutualisés : scolaire et périscolaire n’y font qu’un. L’intensité d’usage, notion souvent invoquée mais rarement appliquée, trouve ici une concrétisation des plus heureuses. Des risques ont été pris par le maître d’ouvrage, l’architecte mais aussi l’Education nationale, peu réputée pour sa hardiesse. Tous ont aligné leurs vues dans l’intérêt des enfants. Ces derniers bénéficient désormais de salles de classe XXL, de circulations soignées dans lesquelles jouer, apprendre et se détendre mais aussi d’ouvertures généreuses vers l’intérieur comme vers l’extérieur, à rebours du repli sur soi trop souvent observé dans les écoles d’aujourd’hui. Alors qu’une convention citoyenne entend adapter les temps de l’enfant, il apparaît opportun d’interroger les lieux qui lui sont dédiés. A l’heure où les futures équipes municipales affinent leur programme électoral, cette distinction démontre aussi aux élus locaux qu’une autre école est possible, à condition qu’ils s’emparent avec vigueur de ce sujet, vital sur le long terme. Faire cette école a été un tour de force. Faire école en sera un autre.