Auteur : Fabien Renou
revueAnnée : 2025Editeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Des ascenseurs bloqués, des centrales nucléaires hors service, des trains échoués dans la pampa… Le gigantesque black-out survenu fin avril a mis la péninsule ibérique à l'arrêt. Un événement rarissime dont l'origine a donné lieu à de multiples spéculations, parfois farfelues, souvent plausibles. Ce qui laisse imaginer que d'autres scénarios pourraient aboutir à un semblable effondrement des réseaux de distribution d'énergie.
L'ampleur de la paralysie témoigne de notre dépendance à l'électricité. Les objets du quotidien mais aussi les bâtiments et les infrastructures… Tous se nourrissent d'électrons.
C'est sur la robustesse du réseau électrique, sa résilience et son agilité qu'il convient de miser.
Une addiction appelée à croître à mesure que nous cherchons à nous sevrer des hydrocarbures. Ironie de l'histoire : ce sont les groupes électrogènes et les véhicules thermiques qui ont permis de maintenir un semblant de vie lorsque le courant était coupé.
La fée électricité nous aurait-elle ensorcelés ? Devons-nous redevenir lucides et chercher à freiner ce puissant mouvement d'électrification des usages ? Rien n'est moins sûr. La réduction de nos émissions carbone reste une priorité absolue : il vaudra toujours mieux rester dans le noir quelques heures que de vivre avec quelques degrés de plus dans 50 ans. Dès lors, faut-il nous résigner à la répétition de tels événements ? Non plus, car les conséquences humaines et économiques auraient pu être bien plus dramatiques.
Des événements climatiques exceptionnels, il s'en produira. Tout comme des cyberattaques, des sabotages, des accidents ou simplement de malheureux concours de circonstances. Cela doit stimuler la réflexion sur les options low tech, mais leurs effets pratiques resteront nécessairement limités. C'est donc bien sur la robustesse du réseau électrique, sa résilience et son agilité qu'il convient de miser. En France, RTE semble avoir pris la mesure de l'enjeu, en lançant un vaste plan à 100 milliards d'euros sur 15 ans. Un investissement de long terme qui, comme le rappellent avec fracas les mésaventures hispano- portugaises, ne saurait souffrir d'interruption intempestive.