Auteur : Olivier Namias
PériodiquesAnnée : 2023Editeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Transmissions
Après avoir réalisé 16 212 pages et 135 numéros en treize ans passés à la tête d'AMC, Gilles Davoine prend une retraite que nous lui souhaitons paisible et active. Sa signature réapparaîtra, souvent on l'espère, dans les colonnes de nos futurs numéros, qu'il m'incombe désormais de concevoir avec l'appui de l'équipe qui n'a cessé d'accompagner la fabrication du magazine, et sous son regard vigilant. L'actualité place ce numéro, largement imaginé par Gilles, sous le signe de la transition et de la transmission. Nous rendons hommage à deux figures majeures de l'architecture, Philippe Panerai (lire p.10), qui nous a quittés en mai dernier, et Jean-Louis Cohen (lire p.22), décédé soudainement cet été. Deux représentants d'une génération qui a voulu changer l'architecture et l'urbanisme, et gardait cet élan dans des époques toujours moins enclines à faire une place aux « arts de l'espace ». Chacun, à sa manière, nous parlait du « présent du passé », si vivace dans notre monde physique. L'Empire romain s'est effondré au Ve siècle, mais une voie romaine peut subsister derrière chez vous, à l'état de route ou de chemin. Quant à l'héritage moderne, brutal et omniprésent, il demande à être mieux compris pour être transformé. L'avenir du présent architectural dépend en partie de la façon dont étudiants, doctorants, architectes, et autres héritiers de ces savoirs sauront les faire vivre et les développer. Car le pire advient toujours lorsque l'architecture, invoquant les urgences de l'époque, ne sait se penser qu'au moment présent, prétendant à une forme d'éternité, factice et finalement catastrophique. Elle doit savoir tisser le temps et relier les époques, thème de plusieurs projets présentés dans ces pages : un immeuble de bureaux, un appartement, une école, deux musées, récents ou plus anciens, comme celui créé par Louis Miquel à Besançon (lire p.67), qui fait coexister le classicisme et le moderne bien avant que les maîtrises d'ouvrage ne fassent de la nécessaire transformation leur dernier mantra en date. Venues droit des années 1970, les trois lettres figurant sur notre couverture ne cessent de nous le rappeler : l'architecture est mouvement et continuité. Plus qu'un titre, un programme et une boussole !