Le Moniteur #6289 : Près de Paris, un labyrinthe de 300 000 m3 à combler
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Préférence nationale, droit du sol… Le couple exécutif semble friand des manœuvres consistant à briser des tabous, à s'attaquer à des totems. La remise en cause soudaine de la loi SRU et du symbole des 25 % de logements sociaux fait partie de ces « coups » destinés à secouer le cocotier. Sauf qu'en voulant faire bouger les lignes, nos apprentis sorciers font surtout sauter des digues. Sans surprise, le génie est immédiatement sorti de sa bouteille. Depuis l'évocation par Gabriel Attal de l'intégration d'une partie de logement intermédiaire dans les fameux 25 %, on ne compte plus le nombre d'élus locaux notablement rétifs à la construction de HLM qui se sont engouffrés dans la brèche ouverte pour réclamer, à grands coups de tribunes médiatiques, conférences de presse et autres lettres ouvertes, une révision en profondeur de ce texte qui remonte à l'an 2000. C'est justement le logement social qui a besoin de toute urgence d'un choc de l'offre. S'il est sain d'interroger les règles en vigueur, s'il est légitime de pointer leurs difficultés d'application, il paraît en revanche bien risqué d'envisager le détricotage d'un mécanisme qui, bon an mal an, a permis l'édification de milliers de logements sociaux en France. A fortiori au moment où les organismes HLM croulent sous les demandes. C'est justement le logement social qui a besoin de toute urgence d'un choc de l'offre. Et, à rebours du discours gouvernemental, c'est plutôt un choc de la demande qui serait nécessaire dans le domaine de l'accession. Pour résumer : alors que les promoteurs cherchent des acquéreurs, les bailleurs sociaux ne savent plus où donner de la tête. Et que dire de la rénovation ? En coupant sauvagement dans le soutien public à ces travaux, Bercy cible le seul segment du bâtiment qui garde la tête hors de l'eau. L'inscription de la crise du logement dans l'agenda politique avait été bien accueillie par les professionnels. Les premières décisions, elles, manquent leur cible. Parce qu'elles ont des visées plus politiques que socio-économiques ? A trop chercher le contre-pied, on finit par faire des contresens.

Le Moniteur #6333-6334 : Photovoltaïque et biodiversité : Décarboner l'énergie sans dénaturer les sols
Périodiques
Année : 2024
Auteur : Fabien Renou
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Ils ont survécu à l'ouragan, ils doivent désormais survivre au dénuement. Les Mahorais ont tout perdu. Plus de toit, plus d'eau, plus d'école… Le passage de Chido a ravagé l'archipel et plongé la population dans un état de détresse absolu. Quand, sur un territoire aussi isolé, les bâtiments et les infrastructures se trouvent hors service, c'est tout un cadre de vie qui disparaît. Et ce, même quand cet environnement se compose d'habitats précaires et d'urbanisme spontané. Désormais, il faut mobiliser tout ce dont l'île manque cruellement mais qui, partout, fait un chantier. Le cent unième département français n'avait, il est vrai, pas besoin de ça. Le cataclysme n'a fait qu'ajouter du malheur à la misère. En rasant des bidonvilles, il a tout pris à ceux qui n'avaient presque rien. En anéantissant l'aéroport, il a bloqué la seule voie d'accès à ce confetti perdu dans l'océan Indien. En blessant une foule de personnes tout en dégradant l'hôpital, il a saturé un établissement qui manquait déjà de capacité d'accueil. Sanitaire et humanitaire, l'urgence est aussi constructive. Or, dans l'Hexagone comme en outre-mer, il faut du temps pour passer du projet à la réalisation. Nous avons, fort heureusement, déjà démontré notre capacité à forcer l'allure. Des moyens exceptionnels n'ont-ils pas été débloqués pour répondre aux besoins d'une ville sous-équipée comme Marseille ? Certes, mais Mamoudzou n'est plus qu'un champ de ruines. N'est-on pas parvenu à rebâtir Notre-Dame en un temps record ? Vrai. Reste que, pour les rescapés de Mayotte, cinq années ressemblent à une éternité. De toutes les crises récentes, celle-ci s'apparente à du jamais-vu. La solidarité nationale s'exprimera tant par la mobilisation des fonds publics que par la générosité privée. Mais au-delà de la question financière, cette situation inédite impose une remise à plat de toutes nos habitudes, de tous nos process. Déjà, les règles habituelles de la commande publique peuvent être outrepassées. Désormais, il faut mobiliser moyens techniques et logistiques. Des hommes et des matériaux, des savoir-faire et des engins. Bref, tout ce dont l'île manque cruellement mais qui, partout, fait un chantier. Et, là-bas, ce sont des milliers et des milliers de chantiers qui nous attendent.