D'Architectures #321 : Prix D'Architectures 10+1PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Ibai RigbyEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Le Prix d’architectures 10+1 2024
Par Ibai Rigby, président du jury du Prix d’architectures 10+1 2024
Le Prix d’architectures 10+1 se distingue par son approche immersive, valorisant l’engagement direct avec les bâtiments, leurs concepteurs et utilisateurs. Contrairement à d’autres prix fondés sur des présentations visuelles, le Prix d’architectures refuse la passivité d’un diaporama ou d’un fil Instagram. Ici, ni catégories fixes ni critères prédéfinis : le jury élabore ses choix collectivement au fil des visites.
Nous sommes allés voir 33 bâtiments à travers l’Hexagone, une odyssée marquée non seulement par les kilomètres parcourus, mais aussi par la richesse des échanges et des rencontres. Chaque visite a donné lieu à des discussions avec les architectes, les commanditaires, ou les usagers, que ce soit sur place, autour de repas partagés, ou lors de voyages ensemble. C’est dans ces moments que la xenia, l’hospitalité grecque, a pris tout son sens. Nous avons été accueillis chaleureusement dans les bâtiments et avons partagé des moments privilégiés avec ceux qui les ont créés ou commandités. Au-delà de l’hospitalité, cette odyssée a transformé nos perspectives. Chacun est arrivé avec des idées préconçues, vite remises en question par la complexité des projets et la réalité de l’architecture en France en 2024. En ce sens, ces réalisations reflètent un moment unique de culture et d’architecture. Le Moniteur #6312 : Une tour de La Défense isolée fenêtre par fenêtrePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Fabien RenouEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Les oiseaux (de mauvais augure) se cachent pour mourir (de honte). Contrairement aux oracles les plus sombres, les Jeux olympiques de Paris se sont mués, dès leur ouverture, en succès planétaire et populaire. Cette réussite constitue une vitrine du savoir-faire tricolore dans l'organisation de grands événements. Un cocorico que l'on doit, entre autres, aux acteurs de la construction mobilisés de longue date sur cet objectif.
On sait que les ouvrages olympiques ont, de Saint-Denis à Tahiti, concentré l'attention des pouvoirs publics, maîtres d'ouvrage, maîtres d'œuvre et entreprises. Que leurs cahiers des charges ambitieux et leurs délais incompressibles constituaient de sérieux défis, au bout du compte relevés haut la main. Que ces chantiers ont, par endroits, contraint la profession à réaliser des pas de géant en termes d'innovation. Cette œuvre, déjà immense, est connue et reconnue, mais elle ne résume pas à elle seule l'apport des constructeurs à la fête olympique.
Les chantiers olympiques, ont, par endroits, contraint la profession à réaliser des pas de géant en termes d'innovation.
Leurs compétences se déploient également bien loin de la lumière des projecteurs. Dans l'arrière-scène, donc, et jusque sur la Seine. Les équipes de C&E Ingénierie ont ainsi étudié les caractéristiques structurelles des ponts parisiens sollicités par la grandiose cérémonie d'ouverture. Un travail de bénédictin, fait de calculs et de contre-calculs, mais aussi d'archiviste, pour mettre la main sur les plans d'origine de ces ouvrages historiques. Un travail de l'ombre.
Des montagnes d'équations- et quelques tonnes de béton - auront aussi été nécessaires pour concrétiser la sempiternelle promesse de pouvoir se baigner dans la Seine. Malgré les sarcasmes et les orages, l'épreuve de triathlon a pu s'y dérouler sans encombre. En plus de la volonté politique, il aura fallu compter sur le labeur colossal des ingénieurs et des compagnons pour, contre vents et marées, réaliser ce vieux rêve. Et, ainsi, clouer le bec aux grincheux. A l'heure des médailles étincelantes et des Marseillaises tonitruantes, le BTP mérite bien sa couronne de laurier. Construction moderne #166PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Etienne TricaudEditeur : CIMBETON SINBETONDescription : Quand Vitruve (Ier siècle avant Jésus-Christ) écrivait dans son De architectura que tout bâtiment doit présenter les trois qualités fondamentales firmitas, utilitas, venustas – autrement dit solidité, utilité, beauté – il n’imaginait pas que le XXIe siècle en ajouterait une quatrième : minimum carbon vestigium.
Les architectes romains répondaient aux questions environnementales sans même se les poser. On construisait en torchis, en pierre ou déjà en béton (naturel, fabriqué à partir de pouzzolanes) ; le matériau était par nécessité local et peu transformé. Aujourd’hui, l’acte de bâtir recourt abondamment à des matériaux et équipements élaborés à partir de matières transportées et transformées par l’utilisation massive d’énergie, et que la réintroduction – extrêmement bénéfique – de matériaux bio-sourcés ou géo-sourcés ne pourra complètement remplacer.
Le défi environnemental posé à toute la filière exige de revisiter chaque élément de construction, en gros oeuvre, second oeuvre ou lots techniques, chacun responsable d’environ un tiers de l’empreinte carbone d’un bâtiment, pour le faire évoluer vers un usage plus raisonné.
L’avenir du béton passe ainsi par sa plus juste utilisation – optimisation des quantités, association avec d’autres matériaux, transformation de bâtiments existants –, par une évolution de la matière elle-même – bétons haute résistance, bétons bas carbone, bétons de terre, etc. – et par la démonstration qu’il peut contribuer à une architecture de grande qualité, digne du De architectura, comme le montrent avec brio les projets présentés ici. Exé #57 : Etablissements d'enseignementPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jordi PatillonEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Il est beaucoup question de cœur dans ce numéro 57 d'exé : d'une faille centrale qui structure un parcours muséal à un vide nucléal qui articule tout un programme, d'un atrium médian qui distribue des circulations et favorise la rencontre à des cours d'écoles qui concentrent effervescence estudiantine... AMC #324 : Intérieurs 2024PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Laure CarsaladeEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Le mythe de la forêt
Si l'homme est né dans la nature, la vie moderne le contraint à évoluer de boîtes en boîtes. Pour mener ses activités et se protéger des variations climatiques, il passe d'un abri à l'autre, véhicule, école ou bureau, espace culturel ou de consommation, domicile ou hôtel… Chacun de ces contenants fait l'objet de grandes attentions, tel le végétal qui s'adapte à son environnement, se plie aux conditions du lieu pour s'y installer durablement. C'est la réponse que l'on attend aujourd'hui des architectes, ces « jardiniers » du monde bâti : savoir planter racines sur le bon site. Que leur implantation soit urbaine ou rurale, les galeries d'art créent une dynamique d'échanges dont l'influence se développe en rhizome (p. 8). Si elles renaissent d'un amas de ruines, elles ouvrent des portes aussi immenses que peut l'être leur ambition d'accueillir de vastes publics. A l'intérieur, le modèle végétal prodigue encore ses bienfaits. Dans la nécessaire entreprise de purification de l'air, il neutralise des polluants invasifs ou entre dans la composition d'un matériau de finition plus sain (p. 27). Au Salon de Milan, le mobilier est avant tout rationnel ; il se présente dans le plus simple appareil, élagué de détails inutiles, sans signature ostentatoire (p. 22). Cette dernière s'efface devant l'évidence du matériau et de l'usage, offrant une lecture simple, immédiate. Symbolique mais prégnante, la forêt s'érige dans les intérieurs à la manière d'un appel inéluctable qui serait bien capable d'alimenter un nouveau mythe. Elle est parfaitement naturelle, composée de piliers de bois massifs au Japon, venant structurer une maison qui se devine à peine de l'extérieur (p. 54). Industrielle, toute de métal et démontable, elle quadrille un campus universitaire ; son tracé régulier est pris dans une enveloppe entièrement transparente (p. 38).
On peut aussi élire domicile au cœur d'une jungle. Il en est ainsi d'un hôtel au Mexique, où une forte trame de béton s'est immiscée à la verticale dans une flore luxuriante (p. 102). Ces ondes végétales dessinent une heureuse arborescence. En matière de construction, la sélection naturelle pourrait bien être, là aussi, critère de survie. Matières #22 : Dossier : La mixité des matériauxPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Raphaël MénardEditeur : CONSTRUIRACIER KONSTRUIRASIDescription : Face aux multiples défis auxquels se trouve confronté le secteur du bâtiment, il est devenu impérieux de repenser les solutions constructives, sous-tendues par des innovations architecturales et techniques. La mixité de matériaux dans la construction apparaît comme une des solutions d’avenir à développer, en prenant en compte l’hybridation structurelle et fonctionnelle. L’approche globale menée tient à une adaptabilité et évolutivité des édifices, et une recherche de sobriété et d’économies. Le travail collaboratif, entre les architectes, bureaux d’études, entreprises et industriels, doit se déployer pour qu’ils puissent créer ensemble de nouvelles manières de construire plus frugales en matières et en énergie. La Maison écologique #142 : Habitons ensemblePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Qui en juin se porte bien, au temps chaud ne craindra rien », la phrase résume si bien l’esprit du contenu de ce magazine pré-estival que le dicton aura, pour démarrer cet édito, volé la vedette à mon inspiration ! Nous voici donc au seuil d’un nouvel été, Terriens et Terriennes désormais presque habitués à connaître pics de température, épisodes de canicule et de sécheresse. Habitués ? Vraiment ? Si nos esprits les anticipent parce qu’ils ont constaté leur récurrence nouvelle, nos usages et nos logis les ont-ils intégrés ?
En appartement comme en maison, le soleil si consolateur et formidable fournisseur d’énergie (chaleur, bonne humeur et vitamine D !) se transforme en véritable combattant de la fraîcheur dès lors que les ouvertures, vitrées ou restées béantes, lui laissent la voie libre. Bien vivre avec, même au cœur de la belle saison, est pourtant à portée de main. Et c’est bien ce que ce numéro illustre !
Habitués mais pas résignés. Pascal et Tatiana, heureux autoconstructeurs de leur earthship, profitent pleinement du caractère semi-enterré de leur géonef grâce à des choix complémentaires intégrant la vitesse de circulation de l’air et l’orientation du bâtiment. Dans sa maison de ville fraîchement rénovée, Émilie a pour sa part testé l’effet de l’albédo fort. Après avoir vécu d’insupportables chaleurs lors du premier été post-rénovation, elle a fait peindre son toit en blanc. Inertie, déphasage, amortissement : certains termes techniques font partie des indispensables à maîtriser lorsque se pose la question du confort thermique. Dans notre dossier dédié au confort d’été, les impacts d’une bonne ventilation, du choix de matériaux pour ses parois viennent compléter les bons réflexes à mobiliser dans la conception du logement, mais aussi dans les usages à respecter ensuite pour ne pas laisser s’envoler les degrés. Au risque de devoir appuyer sur l’illusoire bouton de la clim’. Parmi les solutions techniques et low-tech recensées à travers ces 10 pages, aucune ne fait le détour par la climatisation électrique. Un rayonnant résultat ! D'architectures #318 : Dossier : Un autre confort thermique est-il possible ?PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Pour que le froid soit plus chaud
L’appréciation de la température dans laquelle baigne notre corps est intimement corrélée à l’idée que l’on se fait du bien-être. Et ce, au point que nous pouvons difficilement imaginer que cette sensation ne soit pas consubstantielle à notre nature. Elle est pourtant le fruit d’une construction culturelle et sociale, comme le rappelle l’historien Olivier Jandot dans Les Délices du feu1. Les 20 °C qui en hiver nous paraissent être le minimum décent du confort étaient autrefois considérés comme désagréables, voire dangereux par les médecins. Jandot évoque ainsi l’expérience de l’architecte François Cointeraux (1740-1830), le célèbre théoricien du pisé lyonnais qui, ayant porté la température de la chambre de ses enfants à 20 °C, les trouva fort incommodés. Des températures de 12 à 15 °C étaient alors considérées comme agréables dans les pièces à vivre, tandis que dans les autres une température de 8 °C était considérée comme normale. Notre appétence pour la chaleur est aussi liée à une croyance ancestrale – que les découvertes de Pasteur n’ont pas encore réussi à ébranler au XXIe siècle –, selon laquelle « on attrape froid ». Or, de même que l’on n’attrape pas le Covid-19 ou la grippe avec le froid, l’origine du rhume est uniquement due à un virus et jamais à un « coup de froid ».
La sensation de chaud ou froid est due à des facteurs bien plus complexes que la température de l’air, comme tente de le montrer avec constance l’architecte Philippe Rahm à travers ses expériences d’architecture par le confort thermique. L’injonction d’une répartition homogène de la température, de la maison au bureau, ne repose que sur une idée normative du confort, qui n’est nullement étayée par des études physiologiques ou anthropologiques. On se dit alors que, dans l’immense chantier de la lutte contre le réchauffement climatique, la première action concrète, une des plus économiques à mettre en œuvre dans nos contrées où la moyenne extérieure annuelle est d’environ 12 °C, serait de questionner notre phobie du froid ou, plus précisément, notre peur du « pas assez chaud ». Mais pour échapper à l’accusation de promouvoir une « écologie punitive », il faudra impérativement montrer que cette adaptation n’est pas une régression de notre cher confort, qu’elle ne relève pas d’un culte de l’ascétisme ou de la frugalité mais qu’elle est plutôt une quête d’adéquation plus harmonieuse avec notre environnement. Mieux connaître les mécanismes qui régissent nos sensations thermiques, découvrir leur complexité, c’est aussi mieux maîtriser notre rapport à notre environnement et reprendre la main sur les diktats consuméristes que nous ont sournoisement imposés certaines industries depuis plus d’un siècle.
Vous aurez compris que notre dossier estival est consacré au confort thermique. Nous l’avons abordé moins dans ses dimensions performancielles que dans sa complexité anthropologique et psychologique, avec l’envie de découvrir une architecture au plus près de nos sensations. Nous sommes allés voir des architectes qui, au sein de collectifs comme SlowHeat ou Zerm, expérimentent de nouvelles relations entre le corps et l’espace et nous préparent un hiver vif et joyeux.
Emmanuel Caille
1. Olivier Jandot, Les Délices du feu, L’homme, le chaud et le froid à l’époque moderne, Champ Vallon, 2017. A Vivre HS #62 : Maisons contemporainesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Nathalie DegardinEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Parfois, il est bon de se rappeler des évidences, à l'image de cette réflexion de Jean-Michel Wilmotte : l'architecte ne construit pas pour lui, mais pour ses clients. Il dessine, projette, met en volume ce qu'il perçoit d'eux, les besoins qu'ils expriment, il crée pour eux. Son imagination n'a pas de limites, car elle transforme les contraintes en solutions. Exé #56 : Culture et patrimoinePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jordi PatillonEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Événement plus que millénaire, les Jeux olympiques s'apprêtent à prendre leurs quartiers d'été à Paris (mais aussi un peu au-delà...) pour la troisième fois, après 1900 et 1924. 100 ans après donc, les enjeux ne sont évidemment plus les mêmes et la question du devenir des installations, par exemple, est maintenant au centre des préoccupations, surtout à la lumière des dernières expériences barcelonaise ou athénienne, plus ou (beaucoup) moins réussies... D'Architectures #319 : Dossier : Façades - patrimoine vivant menacéPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Défigurée dans l’indifférence
C’est dans une indifférence à laquelle nous sommes malheureusement habitués qu’une atteinte massive au patrimoine est engagée : sous couvert de plan « Climat », une grande partie de notre bâti ordinaire est en train d’être encapsulé sous une couche de polystyrène, et ce, au mépris non seulement de ses qualités architecturales – si humbles soient-elles – mais surtout des qualités thermiques inhérentes qui sont propres à chaque type de construction. Précisons que cette catastrophe annoncée se fait avec l’assentiment de l’ensemble de la classe politique, qui pour une fois, dans un rare consensus, partage une totale acculturation à l’architecture, notamment au patrimoine du XXe siècle. Cette même ignorance qui conduit encore aujourd’hui aux démolitions absurdes menées par l’ANRU1. Sous prétexte de coefficients de performance associés à des normes à atteindre pour obtenir des subventions ou tout simplement une autorisation de construire, une course à la consommation de produits issus de la pétrochimie, non pérennes et non recyclables, est lancée.
Si l’instauration du DPE (diagnostic de performance énergétique) est un progrès significatif pour lutter contre les passoires thermiques, son application conduit souvent à des aberrations. Il est en effet conçu pour s’appliquer à un modèle-type simplifié qui se heurte à toute la diversité des architectures existantes. Le culte de la performance, si bien dénoncé par Olivier Hamant2, conduit ainsi à des investissements colossaux de rénovation alors que l’on peut souvent dépenser beaucoup moins en atteignant l’essentiel des objectifs pour un bilan carbone bien meilleur, en consommant moins de ressources par exemple, voire davantage si on travaille aussi sur les comportements des habitants3. Mais surtout, ces interventions plus légères permettent de préserver les qualités patrimoniales du bâti. La complexité et la subtilité des exemples que nous montrons dans ce dossier de rentrée prouvent une fois de plus qu’on ne peut pas appliquer globalement de solutions au parc immobilier, mais que chaque cas est spécifique et doit faire l’objet d’une étude qui, elle, sera globale. Qui d’autre que le couple architecte-ingénieur a les compétences pour le faire ?
1. À venir dans le numéro d’octobre, notre dossier consacré à la gabegie des démolitions.
2. Olivier Hamant, Antidote au culte de la performance : La robustesse du vivant, Tracts Gallimard, n° 50, 31 août 2023, 3,90 euros.
3. Voir le dossier « Un autre confort thermique est-il possible ? », d’a n° 318, juillet-août 2024. AMC #325 : STUDIOLADA - GUERVILLY MAUFFRET - BOUCHET - AAVP / DORMOYPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Éléphant cherche futur
Frugalité : ce mantra d'une fraction d'architectes a élargi démesurément son audience lors des JO 2024. Au regard du retentissement planétaire du méga spectacle sportif, la promesse d'une olympiade frugale semblait tenir de l'oxymore. Quinze jours de compétition ont permis de mesurer la réalité du pari. Pas d'éléphants blancs tel le stade de Montréal 76, médaille d'or de l'endettement ; pas de complexe sportif comme celui d'Athènes, devenu terrain d'urbex. Paris s'est appuyée sur le déjà-là, en accord avec les directives élaborées par le CIO au début des années 2000, et suivant une logique qui tend à faire de l'espace urbain l'ultime équipement sportif, ainsi que le notaient nos confrères du Courrier des maires . Pas d'éléphants, mais pas de monuments non plus, tel le stade de Munich 72 conçu par Frei Otto. Paradoxe de l'époque : désireux de garder une trace d'un évènement pensé pour n'en laisser aucune, le débat est ouvert sur la conservation de la montgolfière qui éleva tous les soirs, pour un coût énergétique non communiqué, la flamme électrique de l'olympisme. En 1989, la tour de la Liberté conçue par les architectes Jean-Marie Hennin et Nicolas Normier pour le Bicentenaire quittait les Tuileries pour le plus grand bonheur des Déodatiens.
Une façon pour Paris de redonner un peu à la France ? « Les jeux ne seront plus pareils », affirme la presse internationale, mettant au défi Los Angeles de faire mieux en 2028. Brisbane, désignée hôte des JO 2032, s'aligne d'ores et déjà sur les standards de la capitale française en affichant 85% d'infrastructures existantes, tout comme Los Angeles d'ailleurs. Suffit-il de rénover ses stades et de ripoliner ses vestiaires ? Les spectateurs, unanimes, désignent la Ville Lumière comme la star absolue de l'évènement. La perspective des Invalides pour le tir à l'arc, le grand canal de Versailles pour le concours hippique, l'obélisque de Louxor comme tremplin de BMX et la Seine pour le triathlon. La régénération de la ville est, depuis Barcelone (1992), l'argument majeur servi aux populations a priori peu mobilisées par les jeux. Il semblerait que ceux de Paris marquent l'inversion de cette logique : désormais, c'est la ville qui régénère les jeux. Encore faut-il avoir quelque chose à valoriser. Où sont le Grand Palais, la tour Eiffel et le grand canal de demain, décors des futurs JO 2124 ? Si les jeux olympiques doivent servir d'aiguillon, c'est d'abord à construire une ville suffisamment généreuse pour servir des siècles après la disparition des sociétés et régimes qui les ont vus naître, plutôt que de capitaliser interminablement sur les passés urbains glorieux et révolus. Ne serait-ce pas là une démarche vraiment durable ?
(*) David Picot, « L'équipement sportif de demain ? La ville ! » Le Courrier des maires, 8 nov. 2017. Séquences bois #146 : Spécial 30 ans !PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Anne-Sophie GouyenEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : 30 ans : cerner le temps
Ne vous y trompez pas, l’ambition de ce numéro n’est pas de faire un énième classement — le top 30 ! — ode à la performance. Au contraire, il s’agit plutôt de réunir celles et ceux qui ont été, durant les trois décennies qui se sont écoulées, sources d’inspiration pour nos abonné·es aguérri·es ou feuilleteurs occasionnels. Les réunir afin de les faire dialoguer, mettre côte à côte certains projets qui ne se seraient sinon jamais côtoyés. Mais, nous avons eu beau pousser les murs, rajouter des pages, il fallait bien trancher et laisser s’envoler cette envie absurde d’exhaustivité. Afin de donner davantage d’objectivité — si tant est que cela puisse exister — à ce choix éditorial cornélien, nous avons donc convoqué un comité exceptionnel en conviant, en plus de notre joyeuse troupe habituelle, les trois rédacteurs et rédactrices en chef qui m’ont précédée.
Parmi une liste de 150 projets français, soigneusement dépoussiérée dans les 145 numéros publiés, nous leur avons donc demandé de choisir, par décennie, les 10 réalisations qui leur semblaient refléter la qualité et l’originalité de l’architecture bois sur le territoire français. Si l’exercice de se coltiner trente années de publication pouvait paraître chronophage, il était en réalité assez passionnant. Noter l’évolution du discours, comprendre les choix des comités qui se sont succédés, apercevoir çà et là des expérimentations de rubriques parfois timides à leurs balbutiements, se rendre compte qu’on avait déjà tout pigé dans les années 90, (re) découvrir des projets enfouis dans les pages un peu jaunies des premiers exemplaires… Et pour choisir dans la pré-sélection, peu de critères, si ce n’est de laisser parler ses souvenirs marquants et ses coups de cœur de toujours : le nombre et la diversité des votant·es feraient le reste.
En résulte toutefois une liste de glorieux vainqueurs : difficile de sortir de l’esprit de compétition. Pour pallier cela, rappelons que « la performance, définie comme la somme de l’efficacité et de l’efficience, réduit le champ des possibles, en limitant les options, par essence. Elle requiert un environnement parfaitement prévisible pour se construire et se justifier. La robustesse au contraire ouvre les possibles, en multipliant les options. Elle crée des chemins alternatifs dans un environnement imprévisible »1.
Pour amener plus de robustesse à ce numéro particulier, nous avons donc fait appel à un panel intergénérationnel de 30 rédacteur·ices pour multiplier les points de vue, diversifier le ton des propos, donner la parole à certain·es qui n’étaient pas encore là, ou d’autres qui l’étaient déjà mais
entretenaient un lien étroit avec le projet dont ils étaient amenés à parler. Puis nous avons demandé aux librairies de se manifester, aux anciennes rédactions de nous raconter leurs souvenirs et leurs visions, et nous avons même exploré les fenêtres d’inspirations que la revue à aussi ouvertes au-delà de nos frontières métropolitaines. Une méthode peu efficiente qui a multiplié les échanges, mais qui s’est avérée plus nourrissante que jamais. « Quittons l’époque de l’optimisation dominante construite sur la pauvreté des interactions, pour entrer dans la société de la robustesse construite sur la richesse et la diversité des liens » !1
1. Antidote au culte de la performance, la robustesse du vivant, Olivier Hamant, éditions Tracts Gallimard A vivre #137 : Sépcial petites surfacesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Nathalie DegardinEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Place à l'ingéniosité !
Il suffit de regarder les annonces immobilières pour comprendre combien les surfaces de taille modeste séduisent. Et les raisons en sont multiples : premier achat, petite famille, recherche d'un pied-à-terre... A chacun ses besoins, ses envies, ses moyens, pour des espaces prisés par les particuliers et stimulants pour les architectes. La Maison écologique #143 : Construire en paillePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Chaud devant. Ces temps estivaux sont aux revirements, aux changements imminents, aux orages violents. Un mois déjà que la récente campagne des élections législatives s’est achevée sans que, pour l’écologie, rien ne bouge ni ne soit réellement dit, rêvé ni revendiqué. Dans les tracts concoctés en un temps record ou au détour des conférences de presse, rien de nouveau ni de désirable, mais plutôt quelques noirs étendards à rebours du souhaitable. Parmi eux, la relance active du parc nucléaire, modèle d’abondance et de surproduction d’électrons opposé à la sobriété, à la production décentralisée et à la recyclabilité des déchets des énergies renouvelables. Pourtant, sous un ciel bleu et dans l’ambiance estivale, les pieds dans l’herbe des alpages ou dans le sable d’une côte sauvage, qu’il est doux et agréable de sortir du quotidien pour imaginer un idéal demain. Telle une année 2030 qui tienne ses engagements en termes de réduction réelle des émissions de CO2 pour nous mener sereinement à la neutralité carbone en 2050. Une année 2030 qui récolterait les premiers effets d’un plan quinquennal acté dès demain pour accélérer le développement des énergies renouvelables grâce à un soutien indéfectible aux unités de production de panneaux solaires photovoltaïques basées en France et à l’installation d’équipements solaires pour l’eau chaude sanitaire, en neuf comme en rénovation. Une année 2030 qui fêterait une cinquième année de croissance continue du nombre de rénovations globale et performante de logements individuels et collectifs, portée par le vote, dès le début de l’année 2025, de la prise en charge complète des travaux d’isolation avec des matériaux naturellement biosourcés et à faible empreinte carbone pour les ménages modestes. Enfin, une année 2030 qui célèbrerait la livraison du centième bâtiment de hauteur intégralement construit en béton de chanvre, cette ressource issue d'une plante au bilan carbone délicieusement négatif et à la quasi nulle consommation d’eau. Des rêves absolus ? Plus tout à fait, puisque le dernier de ces songes peut dorénavant s’appuyer sur la très récente publication – courant juillet – des nouvelles règles professionnelles pour la construction en béton de chanvre autorisant les constructions équivalentes à 8 étages. Laissons-nous rêver ! D'Architectures #320 : L'ANRU : système de démolitionPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : La prime au massacre
La rage de démolition ayant atteint la France depuis trois décennies ne semble plus pouvoir s’arrêter. Le système mis en place à travers l’ANRU il y a 20 ans avance comme un rouleau compresseur devenu fou. Si la question n’était que patrimoniale – lorsque l’on détruit des architectures comme la Butte-Rouge ou la Maladrerie –, ce gâchis serait déjà très préoccupant mais, bien plus grave à l’heure de la pénurie de logement, ces démolitions coûtent beaucoup plus chères que des réhabilitations, grevant d’autant le financement de nouvelles constructions. Elles ont surtout un bilan carbone catastrophique. Pourtant les maires ne détruisent pas forcément par plaisir mais parce que ces destructions leur donnent, via l’ANRU, accès à des subventions inespérées. C’est l’effet pervers de la prime au massacre. En dehors des habitants expulsés dont l’avis compte peu et qui sont, de fait, minoritaires, cette tabula rasa suscite par ailleurs presque toujours un enthousiasme populaire tant est répandue la croyance qu’avec la disparition de ces bâtiments – insalubres par manque d’entretien –, ce sont tous les problèmes sociaux et les erreurs ou carences d’aménagement du territoire qui s’évaporent miraculeusement.
La première chose à faire ne serait-elle pas d’utiliser les sommes colossales que dispense l’État dans ce carnage pour réparer et entretenir ces bâtiments ? Et comme le montre notre dossier du mois, on s’apercevrait que, dans beaucoup de cas de réhabilitations, on pourrait même se passer de cette manne. Manne dont les principaux bénéficiaires sont les promoteurs privés, dont on comprend qu’ils ont tout intérêt à prolonger ce système le plus longtemps possible.
Le coût urbain et économique de la sauvegarde de certaines constructions peut à quelques rares exceptions légitimer leur démolition et sans doute faut-il se garder de tout dogmatisme, mais viendra bientôt un jour où il sera difficile d’expliquer pourquoi, alors que l’on subissait une grave crise du logement et une pénurie de ressources, autant d’argent fut mis pour le démolir. AMC #326 : DELMAS - HARARI - AVENIER CORNEJO - ARBAPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Parmi les pistes de développement urbain, celle de la ville productive séduit, feuille de route imparable pour une société idéale. Reste la question de fond : que produisons-nous ? Dans la "Société de consommation", Jean Baudrillard propose une réponse grinçante. AMC HS 2024 : Paris 2024PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Que reste-t-il de la parenthèse olympique, hormis des souvenirs festifs ? La frugalité, innovation parisienne de ces XXXIIIes Jeux d’été, est d’abord une stratégie du comité d’organisation pour réduire des coûts si pharaoniques que seules les grandes métropoles sont en mesure d’accueillir cet évènement mondial – et peu candidatent. Mis à part deux constructions majeures, le centre aquatique et l’Adidas Arena, les équipements réalisés pour l’occasion ne bousculeront pas le paysage parisien. En surface du moins, car des dizaines ont été rénovées, à défaut d’un plan tel que 1 000 piscines, déployé en réaction à l’échec de l’équipe française de natation aux Jeux de Mexico en 1968. Léon Marchand est-il le produit des Canetons, Tournesol et autres Iris, modèles industrialisés construits à plus de 700 exemplaires sur le territoire ? L’héritage matériel de Paris 2024 résidera dans les villages conçus pour les athlètes et les médias sur un territoire à reconquérir, suivant l’exemple barcelonais de 1992. D’un village l’autre: en 2012, Paris, déjà candidate, proposait un village olympique bâti sur une friche ferroviaire aux Batignolles. L’élan a abouti à un nouveau quartier parisien. A cheval sur Saint-Ouen, Saint- Denis et l’Ile-Saint-Denis, sa version 2024, innovante, environnementale, inclusive, représenterait ce qu’il se ferait de mieux en France en matière d’urbanisme. Espace hors de la ville jusqu’à la mi-octobre au moins du fait des dernières transformations en cours, cette vitrine interroge. Exercice d’architecture sous forte contrainte temporelle, le quartier revêt autant des allures de caserne décorée que de ville radieuse. Si le risque de gentrification parfois brandi semble loin tant le département – on ne cesse de le répéter – abrite une population pauvre et affiche un taux de logements sociaux bien au-dessus des seuils fixés par la loi SRU, cette enclave colorée dans un environnement rude interroge. Les années à venir diront comment ces villages vivront. En l’état, ils apparaissent peu différents des nombreuses ZAC françaises, et rien ne dit que ce modèle miracle de production de logements, triomphant des procédures administratives, pourrait servir à combler le déficit en la matière. Nous risquerions d’avoir la rigidité sans la rapidité. Ce hors-série entend donner un aperçu des changements discrets qui remodèlent le territoire francilien, dans le domaine du sport mais aussi de l’habitat, des mobilités douces et des cheminements piétons, inventant, sans le dire, une pratique physique libérée des injonctions compétitives. Faire avec : Nouvelles pratiques architecturalesLivresAnnée : 2024Auteur : Olivier DarmonEditeur : ALTERNATIVES ALTERNATIVDescription : L'accélération des impacts de la crise climatique impose de limiter la construction neuve. "Ne plus démolir, mais transformer" : cet impératif installe la réhabilitation comme mode de production majeur du logement. Comment traiter dans ce contexte les bâtiments estimés obsolètes et les situations jugées désespérées ? À priori, rien ne plaide pour conserver un hangar obscur médiocrement construit, établir une maison de vacances dans un bunker, installer une bibliothèque publique dans une carrière désaffectée ou implanter un refuge dans un manoir effondré... La posture adoptée par les projets internationaux présentés ici consiste à "faire avec", en identifiant et en exploitant les opportunités que présente la construction d'origine. Les choix tranchés et les actions ciblées sur l'essentiel -¿générosité de l'espace et plaisir d'habiter¿- conduisent à œuvrer hors conventions. Avec des budgets limités, sans extension, ni surélévation, ces réalisations apportent bien davantage que les prestations standards. Et délivrent autant de leçons d'optimisme architectural. La maison écologique HS#20 : Le guide du chauffage écologiquePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Gwendal Le MénahèzeEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Engloutissant près de 20 % des consommations d'énergie de la France, le chauffage de nos logements pèse lourd sur le réchauffement climatique. Mais la température du climat social grimpe elle aussi dangereusement. Il y a quelques jours, un automobiliste manque de renverser un cycliste sous mes yeux afin de l'immobiliser pour l'incendier de s'être écarté de sa piste cyclable. Peu après, une passante raille ouvertement les capacités d'une femme en situation d'obésité alors même qu'elle pédale à travers le pays contre les préjugés qui pèsent sur cette maladie... Doit-on laisser nos rapports s'échauffer ainsi ? Ou bien, à l'instar de la sobriété énergétique prônée par les experts de l'écohabitat, faut-il s'engager dans une forme de rénovation relationnelle qui cesserait d'épuiser notre énergie morale ?
Les infractions racistes, xénophobes ou antireligieuses enregistrées en France ont explosé de 32 % en 2023(1). Celles anti-LGBTQIA+ ont bondi de 13 %(2). Et les actes d’incivilités ont continué de s'embraser à la faveur d'un sentiment d'impunité débridé qui a pris ses aises entre les deux tours des récentes élections législatives. Si ces chiffres ne suffisent pas à tempérer la surchauffe, rappelons qu'une « simple » injure publique est un délit passible de 12 000 € d'amende, et jusqu'à 45 000 € et 1 an de prison si elle revêt un caractère raciste, sexiste, homophobe ou handiphobe.
À quoi sert de bichonner le confort thermique de nos bâtiments si le bien-être de leurs habitants est refroidi par ailleurs ? Les incivilités peuvent paraître « anecdotiques » individuellement, mais, constataient des sénateurs en 2021, « leur multiplication génère une dégradation de la qualité de vie » et, plus encore que les délinquances graves, elles « empoisonnent la vie des citoyens et sont en grande partie responsables du sentiment d'insécurité ». À ces violences « du quotidien » s'ajoutent les guerres, magouilles politico-financières, effondrement de la biodiversité...
Où que l'on regarde, les nouvelles font froid dans le dos. Alors ne nous privons pas d'un peu de chaleur humaine. Arpenter les sentiers des Pyrénées cet été m'a reconnecté à mes semblables, qui loin de leurs préoccupations quotidiennes osent à nouveau s'y saluer (et même se regarder !). Reprendre l'habitude d'un simple « bonjour » ou d'un sourire échangé avec les inconnus qui croisent mon chemin m'emplit d'un sentiment revivifiant et apaisant. Ce hors-série dévoile les solutions les plus efficaces et écologiques pour chauffer nos demeures, n'oublions pas de nous réchauffer aussi les cœurs.
1. Service statistique ministériel de la sécurité intérieure, mars 2024. / 2. SSMSI, mai 2024. A Vivre HS #63 : Best Of - Maisons et appartementsPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jordi PatillonEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Ce nouveau numéro regroupe certains des plus beaux reportages sur des maisons et des appartements d'architectes que nous avons eu la chance de publier ces dernières années. Ils ont également en commun leur cadre d'implantation : la ville. Art décoLivresAnnée : 2023Auteur : Simon TexierEditeur : EDITIONS OUEST FRANCE EDISION OUES FRANSDescription : Des clés pour mieux comprendre l'Art Déco qui a été pendant près de 20 ans, de 1918 à 1939, le style emblématique de la vie moderne. Un ouvrage qui fait un tour d'horizon des villes et monuments emblématiques de l'Art Déco en France : Paris (ancien musée des Colonies, palais de Chaillot, palais de Tokyo...), villas et casinos de la côte basque et de la Côte d'Azur, Reims (bibliothèque Carnegie), Arras, Saint-Quentin... De très nombreux ajouts de lieux par rapport à la première édition : La Mutualité, l'église Saint-Jean-Bosco à Paris, des habitations dans la ceinture de la capitale (portes des Ternes, de Saint-Cloud, Dorée...), l'architecture thermale à Vichy, la villa Cavrois à Croix. Les manières de Viollet-le-Duc : la forge d'une théorie de la restauration par la pratiqueLivresAnnée : 2024Auteur : Bérénice GaussuinEditeur : CNRS EDITIONS KNR EDISIONDescription : Notre-Dame de Paris, le Mont Saint-Michel, Carcassonne, etc. : Viollet-le-Duc, le grand restaurateur du XIXe. Souvent décrié pour ses restaurations perçues comme arbitraires, Viollet-le-Duc apparait ici, au contraire, comme un architecte respectueux de l'esprit des bâtisseurs. Une réflexion sur le sens de la restauration par une praticienne, architecte du patrimoine. Architecte érudit, dessinateur exceptionnel, Eugène Viollet-le-Duc a laissé le souvenir d'un restaurateur abusif. Ce livre nous plonge dans un véritable tour de France architectural afin de dévoiler la forge de sa théorie de la restauration " sur le tas ", au fil de ses chantiers sur des monuments connus (Saint-Denis, Notre-Dame de Paris) ou moins connus (Notre-Dame de Beaune, la porte Saint-André d'Autun). L'ambition du restaurateur s'avère multiple. D'abord conserver le monument dans une perspective archéologique, et opérer des ajouts créatifs dans l'esprit des bâtisseurs d'origine afin de le compléter et le maintenir en usage. Mais aussi faire renaître à travers le chantier les savoir-faire et les valeurs médiévales au cœur de ce XIXe siècle troublé. La réversibilité des bâtiments pour une ville décarbonnée : rêver-civilitéLivresAnnée : 2023Auteur : Architectures Anne DémiansEditeur : EDITIONS LE MONITEUR EDISION MONITERDescription : La ville de demain devra s’adapter à des modes de vie en perpétuelle mutation tout en étant peu émissive en carbone. Dans cet objectif, cet ouvrage – qui s’inscrit dans le prolongement d’une réflexion initiée par Anne Démians dès 2008, à travers le projet Basic Carbon, lauréat du concours lancé par EDF, et qui s’est concrétisée en 2019, avec la livraison des célèbres Black Swans à Strasbourg – propose de faire évoluer les mécanismes de décision et la réglementation, afin que soient considérés l’évolution rapide des usages des bâtiments et les rythmes économiques de plus en plus soutenus dans la construction d’une ville et d’architectures durables.
Pour cela, deux approches sont considérées : la transformation des immeubles existants et la conception de bâtiments neufs réversibles. La réversibilité est l’« aptitude d’un ouvrage, neuf ou existant, à changer facilement d’usage plusieurs fois dans le temps » (source : AQC), grâce à une conception qui permet de limiter l’importance et le coût des futures adaptations nécessaires à son changement de destination. Il s’agit ainsi :
– d’adapter la ville et les bâtiments à l’évolution des modes de vie, par exemple en transformant un immeuble de bureaux en logements, ou inversement ;
– de mettre en oeuvre une méthodologie permettant de résoudre les contraintes d’usage, économiques et réglementaires qui constituent aujourd’hui un frein à la réversibilité.
L’ouvrage expose ainsi :
– les leviers de la réversibilité : cadre juridique, sécurité incendie et fiscalité ;
– la méthode de conception d’un bâtiment réversible et la mise en place d’un vocabulaire commun (hauteur d’étage, trame, noyau, plan libre et enveloppe) ;
– les enjeux de la réversibilité dans l’urbanisme durable. Histoire naturelle de l'architecture : comment le climat, les épidémies et l'énergie ont façonné la ville et les bâtimentsLivresAnnée : 2023Auteur : Philippe RahmEditeur : POINTS POINDescription : Un récit original de l’histoire architecturale qui place la nature au centre de la vie des hommes et de leurs habitats.
En quoi la nécessité pour l’être humain de maintenir la température du corps à 37 °C engendre-t-elle l’apparition de l’architecture ? Comment un simple grenier à blé devient-il la ville ? Pourquoi l’iode a-t-il provoqué l’urbanisation du littoral ?
Dans cet ouvrage, l’architecte Philippe Rahm met en lumière les causes physiques, biologiques, climatiques ou sanitaires qui ont influencé l’histoire
architecturale et provoqué le surgissement de ses diverses formes, de la préhistoire à nos jours.
Relire l’histoire de l’architecture à partir de ces données naturelles longtemps ignorées par l’historiographie du XXe siècle permet d'affronter les défis environnementaux majeurs de notre siècle et de mieux construire dorénavant face à l’urgence climatique. A Vivre #138 : RénovationPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Nathalie DegardinEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Pour bien comprendre la différence entre une tendance et une réelle mutation du secteur, il suffit de se plonger dans la dernière enquête Archiscopie 2022-2023 réalisée et pub:liée par le CNOA. Cette photographie du métier révèle que 87% des architectes ont fait de la rénovation en 2020, et que 81% de ceux intervenant dans ce champ ont rénové un logement individuel privé en 2021. Exé #58 : PasserellesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Jordi PatillonEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Avec ambition, ce nouveau numéro d'Exé clôture l'année sur un changement de paradigme. L'architecture réversible est en effet une mutation dans la manière de concevoir, de construire et d'utiliser nos bâtiments. Si le concept s'inscrit pleinement dans les enjeux actuels de durabilité, de flexibilité et de maîtrise des coûts, elle n'est pour autant pas aux prémices de ses réflexions. Tony Ferret : architecte du département de l'Ain à la belle époqueLivresAnnée : 2024Auteur : Philippe DufieuxEditeur : PATRIMOINE DES PAYS DE L AIN PATRIMOIN PAI INDescription : En l'espace de trois décennies (1880-1914), l'architecte Tony Ferret (1851-1923) imprime son caractère à des dizaines de constructions publiques -civiles et religieuses - signant près d'une quarantaine d'écoles et de nombreuses églises tout en associant son nom aux grands équipements qui métamorphosent la ville de Bourg à la fin du XIXe siècle. Écoles, mairies et églises, théâtre et salle des fêtes, hôpitaux et maternité, usines, châteaux, immeubles et villas, monuments publics, nul architecte n'a marqué de son empreinte la cité burgienne et le département de l'Ain à l'époque contemporaine comme Ferret. Publié à l'occasion du centenaire de la mort de l'architecte, cet ouvrage aborde certains aspects méconnus de son travail parmi lesquels la question des arts décoratifs appliqués à l'architecture - à la faveur de sa collaboration avec la société Perrusson-Desfontaines - son œuvre d'architecte-restaurateur et son rayonnement à l'échelle régionale. AMC #327 : KEMPE THILL / ATELIER 56S - COMPAGNIE - RAMILLIEN - LANDAUER - BOX ARQUITECTOSPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Submersion
Dans une société hyperindustrielle fondée sur les flux ultrarapides, l'architecture, immobile et lente, se trouve à contretemps. Le temps long de son élaboration la place en décalage avec son époque, voire toujours en retard, même sur son propre cadre conceptuel. Les projets, conçus et réalisés en cinq à dix ans en moyenne, ne répondent déjà plus aux réglementations en vigueur lors de leur livraison. Les pratiques des usagers, elles-mêmes mouvantes et fugaces, devancent toujours le cadre bâti. Dernière évolution en date, l'immersion proposée par les industries culturelles (p. 10) . Son alignement sur les logiques d'expériences prégnantes dans la sphère marchande indique qu'il pourrait s'agir de bien plus qu'une mode : un tournant instaurant un nouveau rapport au monde et aux objets, où la sensation remplace la connaissance. La copie du réel transformé en décor peut alors suffire, et le Paris historique, être restitué sous forme de backlot dans les champs briards (p. 8) . Ce phénomène émergent de l'immersion se lance à la conquête de l'espace, en ajoutant une couche technologique dans les intérieurs, ainsi que l'on peut le voir dans quelques nouveaux lieux, tel le Grand Palais immersif à Paris, installé dans une aile de l'opéra Bastille restée vide depuis la livraison du bâtiment, en 1989. Le vaisseau qui devait rendre l'opéra populaire sert ironiquement de tremplin à ces manifestations qui laissent dubitatifs, quand d'autres lieux recyclent le patrimoine artistique - Van Gogh, Dali, Klimt. En revanche, des plasticiens explorent l'immersivité de manière convaincante : Olivier Ratsi, le duo Nonotak, Sabrina Ratté… inscrits dans une longue lignée d'artistes. On pense à Kurt Schwitters, Yayoi Kusama, Ugo La Pietra et son Uomouovosfera (p. 108), ou plus simplement, à l'art baroque, rappelant que l'architecture reste le premier art immersif. S'immerger dans un matériau, une couleur, une structure, une lumière, un espace sonore, c'est ce que ne cesse de faire l'architecture. Lassés de l'excitation des projections, les spectateurs voudront-ils retourner à l'immersion simple mais riche des espaces quotidiens, sans l'attelle high-tech et sa promesse de puissance ? Y aura-t-il des architectes et des maîtres d'ouvrage pour répondre au mieux à ces attentes et éviter que l'immersion ne devienne une nouvelle submersion ?
Il n'est pas interdit de l'espérer. La Maison écologique #144 : Planchers et murs chauffantsPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Nous autres Français sommes toujours conscients des efforts individuels et collectifs à réaliser dans un contexte de nécessaire transition écologique. C’est en substance ce que révèle l’Agence pour la transition écologique, l’Ademe*. Une bonne nouvelle ? « Mouarf », répondrait probablement un personnage de bande dessinée à qui on ne la fait plus. Car, cette conscience des efforts à réaliser recule en 2024. Rattrapée par la violence et l’insécurité (45 %, + 7 points par rapport à 2023) et l’immigration (32 %, + 8 points), puis la pauvreté (26 %, - 1 point), elle est passée de la deuxième à la quatrième position des priorités dans la liste de 11 sujets proposée par l’Ademe. Bien sûr, l’agence nuance à juste titre la progression de ces préoccupations sécuritaires en rappelant que les débats parlementaires sur la loi immigration battaient leur plein au moment de l’enquête. Mais, las, ce résultat rejoint de nombreux discours sur le recul général du souci écologique dans le débat politique et le constat des choix de consommation nécessairement plus restreints d’une majorité de nos concitoyens.
Alors merci à vous, chers et chères abonné.es, acheteuses et acheteurs réguliers ou occasionnels de ce magazine. Pas seulement parce que, par votre geste d’achat, vous soutenez la presse indépendante qui en a tant besoin, toute impactée qu’elle est par la crise de son versant papier, mais aussi parce que, par ce geste et son partage, vous participez hier, aujourd’hui ou demain à faire connaître l'écologie : la progression de la ventilation naturelle (p. 12), la conciliation heureuse des objectifs du passif et du recours au bois, à la terre et à la paille (p. 14), les réflexes d’orientation et d’agencement à garder en tête pour concevoir le plan d’une maison économe en ressources et en énergie (p. 22). Et puis, qui sait, peut-être vous prendrez-vous à imaginer changer de logis pour habiter une petite maison sans fondation « qui a tout d’une grande » (p. 48).
L’étude précitée estime aussi que 60 % des Français sont favorables à ce que des règles collectives limitent les comportements nocifs pour l’environnement, même si cela restreint des choix de consommation individuels « comme choisir certains modèles de voiture, prendre l’avion, changer souvent d’équipements électroniques ». Alors, soyons réalistes, demandons le possible : ajoutons-y pour démarrer l’engagement réel de l’état dans une politique de rénovation énergétique de l’habitat digne de ce nom. Facilité de demande de primes et délais de paiement compris. Chiche !
*5e édition de son enquête annuelle dédiée à l’opinion des Français sur la « Sensibilité à l’environnement, action publique et fiscalité environnementale », menée en partenariat avec le Credoc. La Maison écologique #124 : Tiny housePériodiquesAnnée : 2021Auteur : Virginie JourdanEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Poser le pied à terre. » « Garder les pieds sur terre. » De l’urgence de ralentir à celle d’agir, même dans les expressions littéraires les plus simples, elle ne cesse de se rappeler au bon souvenir des terriens. Pourquoi alors la Terre passe-t-elle encore si souvent à la trappe des décisions prises à l’échelle internationale comme locale ? En juin, les grandes lignes du futur rapport du Giec (parution complète prévue en 2022) alertent à nouveau sur les conséquences de la hausse des températures dans les 50 prochaines années. De quoi voir annoncé un ralentissement concerté des échanges aériens, de la construction automobile ? Ou un moratoire sur les projets de construction de nouveaux entrepôts Amazon ? Non. La décroissance de l’activité ne parvient pas à s’imposer comme une solution partagée et partageable par la communauté des États planétaires. La création de nouvelles activités, produits ou procédés consommateurs de ressources naturelles demeurent la norme. Ce sont, des Philippines au Salvador, les cryptomonnaies qui, une fois débarrassées de leur vernis virtuel, révèlent des infrastructures grandes consommatrices d’énergie électrique et de métaux rares destinés aux puces des serveurs qui hébergent leurs octets. En France, ce sont les lois qui renoncent à activer la fin de l’artificialisation des sols – grande responsable du dépérissement du potentiel nourricier de la Terre et de sa capacité à retenir l’eau, le carbone, la vie – en repoussant sa décélération à 2027 !
Sur les marchés, les nouvelles logiques de « compensation » laissent aussi imaginer que replanter des arbres ou casser le béton d’un ancien centre commercial suffisent à redonner dès aujourd'hui de l’oxygène aux écosystèmes ! Alors, aux constructeurs de petites maisons sans fondations, aux citadins qui plantent des vergers comestibles, aux fournisseurs d’électrons verts qui soutiennent les nouveaux producteurs d’énergie renouvelable, aux concepteurs d’isolants végétaux performants, deux mots : merci et répandez haut et fort vos actions pour que la seconde partie du rapport du Giec, qui reste à ce jour inconnue, les citent et les présentent comme autant de solutions à la poursuite d’un mieux pour tou·te·s... qui n’induise pas un pire.
La Maison écologique #120 : Isoler sa maison par l'extérieurPériodiquesAnnée : 2020Auteur : Julie BarbeillonEditeur : SCOP LA MAISON ECOLOGIQUE SKOP EKOLOJIKDescription : Flouze, biffeton, oseille, pèze, fric, pépètes, ronds, blé, monnaie ; puisque le dieu Argent semble le seul encore capable de murmurer à l'oreille des puissants, les lanceurs d'alerte au dérèglement climatique tentent désormais de parler « pognon ». Après l'étude de l'ONG britannique Christian Aid(1) montrant qu'en 2019, quinze catastrophes naturelles ont coûté plus d'un milliard de dollars chacune et même plus de dix milliards de dollars pour sept d'entre elles (inondations en Inde, en Chine, aux États-Unis, typhons Lekima en Chine et Hagibis au Japon, ouragan Dorian en Amérique du Nord et feux de forêt en Californie), de courageux chercheurs chinois, américains et suédois ont fait chauffer leurs calculettes. Ils ont publié dans la revue Nature Communications une étude (2) sur le coût pour les 20 pays les plus riches de la planète (le G20, responsable de 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre) des mesures à prendre pour respecter les Accords de Paris. Ils l'ont comparé aux sommes qu'il faudra dépenser pour faire face aux conséquences du changement climatique si l'on continue sur le chemin actuel de l'immobilisme. Résultat sans appel : ne rien faire reviendrait économiquement à débourser chaque année ce que coûte d'ores et déjà le Covid-19, et ce jusqu'en 2100 ! Soit 1 900 à 10 000 milliards de dollars par an (2 à 12 % du PNB mondial). Pour résumer : la faillite générale assurée. Alors que prendre dès aujourd'hui des mesures fortes pour endiguer la hausse des températures sur le globe coûterait 200 à 1 287 milliards de dollars par an. Des sommes qui semblent plus à notre portée au regard de ce que les seuls États-Unis ont récemment annoncé débourser pour gérer la crise sanitaire due au coronavirus : 2 500 milliards de dollars. Gageons (pour ne pas dire prions) que les chiffres annonciateurs d'une monumentale et insoutenable crise économique mondiale résonnent plus que les discours de la jeunesse effrayée par son avenir, que les pleurs des migrants, que les ventres creux des affamés, que la disparition de milliers d'espèces animales et végétales, que les poumons qui peinent à respirer dans les mégalopoles ultrapolluées...
1. http://caid.org.uk/climate-breakdown
2. www.nature.com/articles/s41467-020-15453-z Séquences bois #147 : Prendre soinPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Anne-Sophie GouyenEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Santé !
La notion de care, au-delà d’être un anglicisme énervant de plus, a cela de bon qu’elle intègre davantage d’aspects qui ne se traduisent pas dans notre terme français du soin. Caring about, c’est d’abord se soucier de, reconnaître un besoin et prêter attention au contexte. Taking care of désigne ensuite le fait de prendre en charge, d’assumer une certaine responsabilité. Care giving est la notion qui nous est la plus familière : l’exigence d’une attention à la manière dont un espace offre refuge. Caring with nécessite, enfin, de s’intéresser à l’après. Cela implique de s’interroger sur la fiabilité et la continuité du soin apporté dans le temps ; en bref, la notion de maintenance . Un espace entretenu perdure et reste attrayant pour des personnes qui continuent d’en prendre soin. « Tout calcul fait, toute précaution prise, le mur ne tiendra debout que s’il peut être aimé », résume parfaitement Yves Perret.
Vous l’aurez compris, le thème est donc vaste — trop vaste — et il a fallu recentrer le sujet. Ainsi, nous n’aborderons que très peu cette notion de maintenance, qui m’a pourtant tellement passionnée et inspirée que nous y reviendrons dans un prochain numéro. Nous nous en tiendrons, dans ces pages, à la santé, qui implique déjà celles et ceux qui construisent, soignent, se font soigner jusqu’à se rendre compte que la thématique nous concerne toustes. « Être dans une situation où l’on a besoin de care revient à être dans une position de vulnérabilité », exprime Joan Tronto, qui a théorisé la notion . Reconnaître cette vulnérabilité, non comme une faiblesse, mais comme ce que nous avons de commun — le caractère « périssable » de l’homme — est un bon début pour entrer dans le thème.
Les sujets sanitaires sont d’ailleurs souvent d’abord destinés aux plus « sensibles », avant de pouvoir se généraliser. Si un établissement recevant des personnes atteintes d’autisme propose une diversité d’espaces pour répondre aux besoins de chacun·es, si un établissement pour personnes âgées permet plus de créativité et de sociabilité par ses dispositifs spatiaux et le choix de ses matériaux ou si une crèche présente une excellente qualité de l’air, nous sommes en droit de nous demander si nous ne pourrions pas toustes y prétendre aussi, ou au moins se le souhaiter.
Des souhaits qu’il est d’usage de s’échanger en fin d’année. En France, on trinque à la santé, en l’honneur des dieux et des morts depuis l’Antiquité, alors qu’en anglais c’est la joie que l’on se transmet : cheers ! Au Japon ou en Chine, on est plus efficace : kanpaï et gānbēi signifiant vider tout son verre. Qu’importe, en ces temps incertains, souvent rongés par un sentiment anxiogène d’impuissance, levons nos verres et vidons-les dans une hospitalité joyeuse en prenant soin, non pas seulement de nous-mêmes , mais de tout ce(ux) qui nous entourent. D'Architectures #322 : Dossier : Faut-il arrêter de construire ?PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Emmanuel CailleEditeur : SOCIETE D EDITIONS ARCHITECTURALES SEA SOSIET EDISION ARCHITEKTURALDescription : Moins de construction, plus d’architecture
Qui aurait imaginé à l’aube du XXIe siècle que ce soient les architectes eux-mêmes qui prôneraient un jour l’arrêt des constructions comme remède ultime à l’effondrement des ressources et à la crise climatique ? Mais soyons plus précis : il s’agit moins de ne plus construire que d’arrêter de détruire des terres encore non artificialisées ou des bâtiments existants pour ériger des bâtiments neufs. Précisons également que cette injonction s’adresse d’abord aux régions du monde dont la démographie est relativement stable : les pays riches. Certes, la France subit elle aussi une forme de crise du logement, mais contrairement à ce que tentent désespérément de nous faire croire les lobbies du BTP et de l’immobilier, la pénurie – réelle – d’habitations immédiatement disponibles est due à d’autres facteurs : une mauvaise répartition territoriale due à l’hyper-métropolisation, et à la vacance ou à la sous-occupation de trop nombreux logements.
Un temps, nous avons cru qu’en passant aux matériaux biosourcés et aux énergies renouvelables nous pourrions continuer comme avant. Or, si le développement de leur usage s’impose comme un impératif majeur, on sait maintenant qu’il ne suffira pas, loin de là, à décarboner suffisamment. Alors que faire ? Sommes-nous condamnés à nous entasser dans des appartements communautaires ? à dresser des yourtes ? à attendre une meilleure répartition territoriale des activités économiques – et donc de l’offre de logements –, c’est-à-dire au minimum plusieurs décennies ? Les architectes vont-ils devenir inutiles ?
Non, au contraire ; cette révolution peut être une formidable opportunité pour refonder et légitimer le rôle de l’architecture et pour rendre nos paysages urbains et ruraux plus beaux et plus habitables. Car il ne s’agit pas de ne rien faire, il s’agit de faire autrement, en privilégiant la transformation du patrimoine existant, surtout le plus ordinaire. À l’opposé des bâtiments qui naissent comme des clones sur les pseudo-écoquartiers de nos banlieues et que l’intelligence artificielle peut déjà concevoir sans les architectes, la régénération de l’existant exige un immense savoir-faire et une stratégie contextuelle fine propre à chaque cas : la capacité d’établir un diagnostic savant et précis, autant en termes techniques qu’humains, et l’intelligence d’adaptation de la conception à la livraison du projet. Enquêter, dialoguer, projeter, s’adapter : qui d’autre que l’architecte serait mieux à même d’orchestrer ces compétences ? Mais la mise en œuvre de ces savoirs dans l’existant exige, à mètre carré égal, beaucoup plus de temps d’étude. Or, les budgets au mètre carré de ces opérations sont souvent inférieurs. Cet engagement vertueux – dans la mesure où il épargne le coût des démolitions et conduit à consommer moins de ressources – ne devrait-il donc pas être rémunéré à l’aune des économies qu’il génère ? Arrêter de construire pourrait ainsi paradoxalement offrir plus de travail aux ingénieurs et aux architectes : déconsommation n’est pas forcément décroissance. Faisons de l’intelligence architecturale l’une des plus puissantes énergies renouvelables. Colonnes #39 : Archives d'architectes et sportPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Catherine ChevillotEditeur : CITE DE L ARCHITECTURE DU PATRIMOINE SIT ARCHITEKTUR PATRIMOINDescription : Bulletin de liaison annuel des centres d’archives d’architecture, la revue Colonnes constitue un lien avec les institutions et les chercheurs concernés par la conservation des archives d’architecture et rend compte des manifestations spécifiques : journées d’étude sur les archives, techniques de restauration, méthodologie. Un numéro spécial sur les archives d'architectes sur les équipements sportifs, dans le cadre des Jeux olympiques de Paris 2024. Colonnes #40 : Architecture et décors des grands magasinsPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Julien BargetonEditeur : CITE DE L ARCHITECTURE DU PATRIMOINE SIT ARCHITEKTUR PATRIMOINDescription : Bulletin de liaison annuel des centres d’archives d’architecture, la revue Colonnes constitue un lien avec les institutions et les chercheurs concernés par la conservation des archives d’architecture et rend compte des manifestations spécifiques : journées d’étude sur les archives, techniques de restauration, méthodologie.
Série d'articles relatifs aux fonds récemment classés, reçus ou mieux connus dans différents services d'archives, suivis d'un dossier consacré à l'architecture et aux décors des grands magasins, vus à travers les archives. Dynamiques de genre : la place des femmes en architecture, urbanisme et paysageLivresAnnée : 2023Auteur : Stéphanie Bouysse-MesangeEditeur : PARENTHESES PARANTESDescription : Quelle place les femmes occupent-elles dans les domaines de la conception spatiale que sont l'architecture, l'urbanisme, le paysage et le design urbain ?
Telle est la question placée ici au cœur des réflexions d'actrices et d'acteurs du secteur et de spécialistes en sciences sociales.
Le constat général est celui d'un paradoxe entre une forte représentation féminine parmi les étudiants en architecture et un manque de visibilité des femmes dans l'exercice professionnel. Une réalité qu'incarnent leur moindre accès à la commande et leur rémunération très inférieure à celle de leurs confrères.
Mesurant l'importance des inégalités entre hommes et femmes et identifiant les mécanismes de domination dans ces catégories de métiers, les contributions à cet ouvrage invitent toutefois à dépasser les notions de « femme » et de « féminisation » pour leur substituer le paradigme de « genre ».
Ce nouveau prisme s'avère plus fort et mieux adapté à l'analyse des transformations de cet univers spécifique, et propre à impulser une évolution des pratiques, des manières de penser le bâti et, plus largement, des usages de la ville. A Vivre #139 : La couleur autrement : l'espace révélé par les matériauxPériodiquesAnnée : 2025Auteur : Nathalie DegardinEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : Une question d'alchimie.
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent ", écrivait Baudelaire dans Correspondances, exprimant des émotions dans une perception aiguë des interactions des sens, appelée synesthésie. Dès les années 1950, avec le groupe Espace, préconisait le rapprochement entre les architectes et les plasticiens... Zaha HadidLivresAnnée : 2024Auteur : Maria Isabel Sánchez VegaraEditeur : KIMANE KIMANDescription : La collection "Petite & GRANDE", qui rencontre un immense succès à travers le monde, dresse le portrait de petites filles devenues des femmes inspirantes, qu'elles soient artistes, écrivaines, scientifiques ou aventurières. Découvre ici comment la petite Zaha est devenue une architecte de grand talent, dont les constructions ont façonné le futur en marquant à jamais le monde de l'architecture. Réussir sa maison végétalisée : murs et toits végétaux, jardins intérieurs et suspendusLivresAnnée : 2024Auteur : Marie-Pierre Dubois-PetroffEditeur : MASSIN MASINDescription : Les différentes manières d'apporter la végétation chez soi La tendance est au vert : dans la maison, cela se traduit par une abondance végétale, pour mieux se ressourcer et se reconnecter à la nature. Sur les murs, sur le toit, dans le patio, sur le balcon ou la terrasse... la nature s'invite dans la décoration pour le plus grand plaisir des amateurs de verdure ! Une mine d'or d'inspirations pour un intérieur branché et écologique : meubles en branches, panneaux végétalisés et suspensions sauront ravir tout le monde ! AMC #328 : 2024, architecture en FrancePériodiquesAnnée : 2025Auteur : Olivier NamiasEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : L'air de rien
Un prix d'architecture peut-il aujourd'hui récompenser autre chose qu'un bâtiment durable, inclusif, résilient et décarboné ? Les 25 réalisations nommées à l'Equerre d'argent possèdent évidemment ces vertus, et bien d'autres encore, dont la première est de rendre le monde habitable. Elles avancent sur la voie étroite tracée entre l'action et la discrétion. « Avoir l'air de rien, faire mine de rien » semble le mot d'ordre des concepteurs . On le voit à Paris, où DATA et Think Tank reconfigurent un passage frappé de péril qui rassemble une dizaine de bâtiments existants. Deux nouveaux sur rue et une façade vitrée, pour la sécurité incendie, donnent à l'ensemble faubourien des allures de mini-Beaubourg. Accorder un bricolage dissonant : cette logique se retrouve à Malakoff dans la réhabilitation d'un îlot industriel par Barre Bouchetard, à Strasbourg dans la refonte de l'INSA (COSA arch.), ou à Saint-Cloud pour le nouveau marché des Avelines (Tachon arch.). Toujours le rien à Bordeaux, sur le pont Simone-Veil (OMA), grâce à un minutieux travail de soustraction ne laissant de l'ouvrage d'art qu'une plateforme nue, appropriable. Et rien à Lyon, où la station de la ligne 3 efface ses efforts au profit de l'usage (AZC), ni à Herrlisheim (N01), où l'entrepôt municipal intègre les ressources physiques - eau, énergie - et humaines. Rien encore pour le téléphérique du Salève (DDA), lauréat de l'Equerre d'argent, dont la démarche complexe de simplification rétablit la hiérarchie entre l'œuvre commencée voilà cent ans par Maurice Braillard et le grand site naturel. Ce dialogue à travers les époques est perceptible à Paris dans le programme mixte La Sirène (Avenier Cornejo), arrimé à une opération résidentielle privée des années 70, ou dans l'ensemble de logements qui réconcilie l'héritage conflictuel des années 60 et de l'architecture ordinaire faubourienne (NRAU). A la caserne Mellinet à Nantes (Atelier Georges) ; aux Courtilières à Pantin (AUC), à la Grande Motte (Leclercq associés), ou au campus de la Bouloie à Besançon (Altitude 35), porteurs de la démesure des Trente Glorieuses ; à la plus modeste école de Lompret (Alt 174), l'architecture explore différentes façons de poursuivre celle existante. Elle plaide parfois, comme à Sarzeau (Carmen Maurice), Maiche (BQA), Cesson-Sévigné (O-S) ou Venarey-les Laumes (Guillaume Ramillien), pour une forme utile et forte ; une forme ouverte à Saint-Denis (Farid Azib) ou intemporelle à Bagneux (Tollila-Gilliland), manipulant éventuellement les formes usuelles du logement pavillonnaire (BRA). A Neuve-Maison, Studiolada en rappelle la dimension culturelle, exhumant trois « flamandes » vernaculaires pour en faire un repère dans un territoire virant au junkspace . L'architecture américaine inspire un modèle de logements denses à Parempuyre (GRAU/UR). Le secours de la forme pour en prolonger d'autres devient le secours de la structure pour un prolongement futur à Laguiole, avec le foirail conçu par Betillon / Freyermuth et Crypto. Autant de signes d'une architecture qui ne se pense plus comme un éternel présent, mais comme un moment dans une succession d'époques. Quoi de mieux qu'un téléphérique pour reprendre de l'altitude et retisser ce fil du temps ? A vivre HS#64 : 1001 idées d'architectesPériodiquesAnnée : 2025Auteur : Nathalie DegardinEditeur : A VIVRE EDITIONS VIVR EDISIONDescription : De la suite dans les idées !
"Il n'y a pas de problèmes, il n'y a que des solutions" Cette célèbre pensée d'André Gide est devenue pour beaucoup un précepte.. Soit, mais qui, réellement, la met en pratique ? Qui de nous n'a pas vécu ce moment d'enthousiasme, avec cette idée qui jaillit, nous réjouit, nous projette dans des spéculation endiablées...