Auteur : Fabien Renou
revueAnnée : 2025Editeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Dépublication de contenus scientifiques, licenciements d'experts, entrave à la participation de chercheurs américains aux travaux internationaux… Le savoir académique apparaît comme la dernière victime de l'offensive trumpiste. Certes, le nouveau locataire de la Maison blanche ne feint même pas de s'embarrasser de la vérité. Mais en agissant de la sorte, il attaque frontalement le champ de la connaissance au profit de celui de l'opinion.
Face à cet obscurantisme triomphant, il importe d'allumer quelques lumières capables d'éclairer les choix à l'aune de constats partagés. Devant la meute hurlante, il convient de confronter les convictions à la réalité des faits. C'est l'option retenue par Valérie Létard lorsqu'elle lance une mission d'analyse des conséquences, à la fois financières et environnementales, du passage au prochain seuil de la RE 2020. Cette méthode doit permettre à la ministre du Logement d'avoir toutes les cartes en main pour arbitrer avec lucidité.
Les constats, les chiffres et les données : voilà les remparts contre l'inaction publique.
Car le travail scientifique n'a pas vocation à trancher. Il dresse un constat, dessine des scénarios, mais la décision, elle, revient toujours au politique. Quand ce dernier, à la légitimité déclinante, manque de billes, ses choix sont condamnés à être taillés en pièces. C'est le cas de l'objectif ZAN, aux conséquences locales trop incertaines. Résultat : le débat se réduit jusqu'à la caricature à une opposition passionnée mais stérile entre injonctions écologiques et craintes rurales. C'est aussi le cas du chantier de l'A69, dont l'arrêt brutal rappelle à quel point la conduite d'un grand projet réclame, aujourd'hui plus que jamais, d'incontestables justifications scientifiques et ce, à chacune de ses étapes. Une évaluation préalable solide doit permettre de justifier une décision devant l'opinion, mais aussi devant le juge.
Les constats, les chiffres et les données : voilà les remparts contre l'inaction publique, voilà les atouts maîtres dans une époque de plus en plus exigeante, marquée par la défiance envers les élus et une judiciarisation croissante. Ils ne mettront jamais tout le monde d'accord, mais permettront de lancer la discussion sur des bases partagées par tous. Au moins par ceux qui croient encore à la vérité des faits.