La Gazette des communes #2665 : Les grands événements sportifs vont-ils accaparer tous les moyens de sécurité ?


Auteur : Hervé Jouanneau


Périodiques
Année : 2023
Editeur : ED LE MONITEUR MONITER
Description : Un événement unique, inédit, hors norme. A environ un an des Jeux olympiques de Paris 2024, le plus grand événement que la France ait jamais organisé, l'organisation XXL vire au casse-tête. Les chiffres donnent le tournis : 329 épreuves sportives, 10 500 athlètes, 10 millions de billets en vente, 15 millions de visiteurs, 4 milliards de téléspectateurs... Pour la seule cérémonie d'ouverture, qui verra naviguer quelque 170 bateaux sur la Seine, près de 600 000 personnes sont attendues sur les berges du fleuve. ZONES D'OMBRE. Le défi sécuritaire est à la hauteur de l'événement. Colossal. Après le fiasco de la finale de la Ligue des champions en juin 2022 aux abords du Stade de France, organisateurs et pouvoirs publics mettent les bouchées doubles : 35 000 policiers et gendarmes seront mobilisés autour des sites olympiques, 22 000 vigiles recrutés, les premières caméras « intelligentes » expérimentées... Aucun incident ne doit venir perturber la sécurité des spectateurs, des délégations et des personnalités qui participeront à l'événement ! Le mystère reste entier sur la répartition des unités mobiles dans le pays pendant cette période exceptionnelle. En pratique, toutefois, les zones d'ombre sont nombreuses. La première est relayée par les élus locaux : quid des autres territoires non concernés par les JO (ou, à moindre échelle, par la Coupe du monde de rugby, qui se tiendra en septembre) (lire p. 8-10) ? Dans les stations balnéaires qui, à l'été 2024, seront privées de CRS pour assurer la sécurité de leurs plages, la colère gronde. Côté culture, l'inquiétude ne retombe pas non plus. Car si les grands festivals ont dû revoir leur calendrier, d'autres, de plus petite taille, tirent la sonnette d'alarme. Qui pour les protéger ? CARENCES. A ce stade, le mystère reste entier sur la répartition des unités mobiles dans le pays pendant cette période exceptionnelle. Quant au recours à la sécurité privée, il s'annonce laborieux. Sur le terrain, déjà, certaines communes évoquent le recrutement de policiers municipaux pour compenser les carences de l'Etat, tandis que d'autres n'en ont pas les moyens. Tout se passe comme si un transfert de charges s'opérait insidieusement. Entre un Etat qui semble dépassé par l'ampleur d'un événement international à hauts risques et des villes une fois de plus contraintes de prendre leurs responsabilités pour assurer la sécurité de leurs propres administrés.