Urbanisme #439 : PériphériesPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Julien MeyrignacEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : Le tout pour le tout
Si vous n’en avez pas fait vous-même l’expérience, sans doute avez-vous glosé sur ces points de vue relatifs à « l’exotisme » de l’Hexagone qui se sont généralisés au gré des découvertes imposées par la pandémie. Des propos presque extatiques sur
l’absolu dépaysement vécu dans la Creuse, l’épreuve radicale de l’épicerie du hameau et la « reconnexion avec la nature et les vraies gens ». Comme si ce département, situé en moyenne à quatre heures de Paris, développait plus de matière à dépaysement que New York, les villes littorales de la Thaïlande ou d’autres territoires de la mondialisation effrénée, donc du (sur)connu et parfois – à ce titre – de la déception. Étrange géographie d’un monde globalement aplati et contracté, mais qui se dilaterait et se particulariserait aux échelles régionales. Comme la superposition de deux univers : celui du présent indexé sur le futur, de la vitesse, de l’innovation, de la prospérité, mais aussi du stress (maigre écot à payer pour l’ensemble des bénéfices économiques et sociaux précités), et celui du présent enlisé dans le passé, statique, nécessiteux, mais offrant le bonheur de la vie simple (bénéfice exorbitant des conditions de vies précitées).
Nous pourrions rire ensemble de ces conceptions biaisées par les clichés qui structurent les imaginaires et les perceptions des métropolitains et urbains si elles ne se révélaient pas contagieuses auprès des territoires et des populations appelées périurbaines, rurales ou périphériques elles-mêmes, pour aboutir à un « cul-de-sac intellectuel », comme l’écrit Valérie Jousseaume dans Plouc Pride, un nouveau récit pour les campagnes (Éditions de l’Aube, 2021). Mais surtout, le sujet est sérieux.
À l’heure de la concorde sur la systémique (peu ou prou cinquante ans après le « penser globalement, agir localement » de René Dubos et Le Macroscope, vers une vision globale [Seuil, 1975, ndlr], de Joël de Rosnay, il était temps), et le nécessaire désilotage, celle de la multiplication des analyses transversales rendues possibles par la profusion de data disponibles et la possibilité de générer des indicateurs raffinés, celle des inter-SCoT et des contrats de réciprocité proposés par les métropoles aux territoires qui composent leurs hinterlands, il est désolant de constater que ce sont les « frontières » géographiques et non celles entre les grands champs disciplinaires (ressources, biodiversité, mobilité, économie, habitat…) qui offrent le plus de résistance. Désolant, mais pas surprenant, dans la mesure où elles sont largement sous-tendues par des enjeux politiques fondamentaux, locaux et nationaux : comment expliquer la récente et actuelle inanité du Haut-commissariat au plan autrement que par l’objectif évident de ne pas hérisser le Sénat, dont les élus sont les plus ancrés dans les territoires et la majorité détenue par Les Républicains et centristes ?
Plus qu’un lieu commun ou un marronnier journalistique, l’opposition entre villes et campagnes, entre centres et périphéries, est aussi (encore) un enjeu de pouvoir qui trop souvent limite la prise en compte des grands enjeux écologiques et climatiques aux bonnes échelles, fréquemment entrave le déploiement d’une plus grande solidarité territoriale, et parfois se cristallise dans l’exercice démocratique.
Face aux nombreuses alertes en la matière, il paraît urgent de jouer le tout (la nation) pour le tout (le dessein). L'urbanisme sur le divanLivresAnnée : 2024Auteur : Fabienne QuéméneurEditeur : CONSEIL FRANCAIS DES URBANISTES KONSAIL FRANSAI DE URBANISTDescription : Pourquoi coucher l’Urbanisme sur le divan ? Les urbanistes ne seraient-ils pas des malades imaginaires ? Le travail des urbanistes, leurs formations se sont-ils adaptés à une nouvelle compréhension des enjeux du changement climatique et de la décarbonation ? Leur rapport aux territoires et à une société mutante, éprise de liberté, et redécouvrant les vertus de la campagne a-t-il changé ? C’est à ces questions que cet ouvrage répond. Après une présentation par l’Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine, décalée mais tellement révélatrice, de l’histoire de l’urbanisme, universitaires, praticiens, opérateurs, élus, représentants de l’Etat, témoignent avec passion et conviction dans leurs responsabilités et rôles respectifs. Le lecteur trouvera dans cet ouvrage des points de vue novateurs, audacieux, prolongeant la pensée utopiste dans laquelle l’urbanisme s’est nourri depuis près de deux siècles. Dans le livre est inséré une frise dépliable historico psychanalytique des maux de l'urbanisme à travers les âges… Superbe ! Urbanisme #438 : L'art et la manièrePériodiquesAnnée : 2024Auteur : Julien MeyrignacEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : En avant, l’art
Il existe un lien puissant entre l’art, les villes et les territoires. De très nombreuses études universitaires l’ont étudié au prisme historique, politique, sociologique ou économique, pour établir que les artistes, mieux que quiconque, savent capter les forces du réel ou les prémonitions du devenir des paysages urbains ou naturels afin de les « mettre en œuvre », et ainsi captiver et renseigner les observateurs.
Il faut dire qu’ils sont – investis à ressentir et suggérer une émotion véritable – libérés de toute exigence d’objectivité et de réalisme, quand les urbanistes, architectes et paysagistes s’appliquent à produire des diagnostics irréfutables sur lesquels ils développent des projets rationnels et mesurés (entendre : sobres, inclusifs, etc.). Rarement – jamais ? – les concepteurs de l’urbain ne convoquent la beauté en tant que telle à leurs projets, bien que cette dernière contienne intrinsèquement une forme d’évidence et de justice.
Partant de ce constat, nous pourrions souscrire à l’idée que l’art est une forme de connaissance et compréhension des villes et leurs réalités sensibles, autant qu’un moyen d’imaginer et concevoir leur devenir. Et, parfois même, les deux en même temps.
Quand Piero della Francesca a peint le décor urbain en sublimant l’art de la perspective établi par Brunelleschi, a‑t-il représenté ou inventé la ville de la Renaissance ? L’Angélus, de Millet, n’est-il pas un témoignage extraordinaire des réalités des campagnes françaises au mitan du XIXe siècle ? Les espaces urbains métaphysiques de Giorgio De Chirico ne constituent-ils pas des représentations quasi prémonitoires de la ville moderniste ?
La liste des références d’œuvres peut être étendue indéfiniment et élargie aux arts autres que plastiques : Metropolis, de Fritz Lang, et la somme d’images hyper-structurantes de la ville futuriste qui ont alimenté – et continuent d’alimenter – les représentations de l’environnement urbain et la création architecturale ; Cité de verre, de Paul Auster, portrait macabre (l’aliénation des hommes, la fin des avant-gardes…) de la ville postmoderne, avant même (le roman a paru en 1985) son avènement digital ; ou bien encore, les mondes urbains virtuels des clips de Gorillaz ou Daft Punk…
Face à ces œuvres, ce que nous projetons dans les villes et les territoires, réels ou fictionnels, c’est notre humanité, et avec elle, nos émotions ne sont jamais loin de nos valeurs et de toutes nos préoccupations, sociales, écologiques ou autres. Sans doute les artistes parviennent-ils à saisir ce qui se cache dans l’épaisseur des villes, qui en constitue l’identité et la force, et qui semble parfois manquer dans les travaux des urbanistes.
Mais pas question d’opposer les uns aux autres, plutôt d’appeler de nos vœux à de plus fréquentes et intenses collaborations, qui permettent d’instiller un esprit et une audace d’avant-garde auprès de tous les donneurs d’ordres. Et de disposer de plus nombreuses représentations affectives des défis auxquels nous sommes confrontés, mais aussi, et surtout, d’un avenir post-carbone hautement désirable. Les cahiers de la recherche architecturale n° 38
BanlieuesLivresAnnée : 1996Auteur : Xavier MalvertiEditeur : PARENTHESES PARANTESDescription : Les banlieues représentent de nos jours l'essentiel du territoire urbanisé. Prémices d'une ville moderne ou terme d'un chantier ma conduit ? Quelques pistes de réflexion pour un objet qui échappe encore à l'entendement. Habiter demain en toute hospitalitéLivresAnnée : 2023Auteur : Université d'été Conseil français des urbanistesEditeur : CONSEIL FRANCAIS DES URBANISTES KONSAIL FRANSAI DE URBANISTDescription : L’hospitalité questionne et même parfois dérange. Le mot renvoie à d’autres termes : convivialité, amabilité, égalité, partage… souvent utilisés pour caractériser l’espace public et les relations entre personnes. Historiquement, l'hospitalité s’applique d’abord aux personnes démunies, indigents et voyageurs, nous dit Alain REY. Le mot met parfois mal à l’aise : certains y voient des valeurs proches de la charité quand, pour d’autres, elle reste un moyen d’accéder à l’attractivité. L’origine du mot - hôpital - nous dirait-il que notre société est malade ? A un moment où les citoyens sont en quête de sens, pour leurs vies et leur travail, où ils ont un nouveau rapport aux loisirs, où certains quittent la ville pour une vie plus solitaire dans des territoires ruraux avec ses aménités, il reste bon nombre d’habitants moins favorisés, assignés à résidence, pour de multiples raisons. L’urbaniste, au cœur des réflexions sur l’hospitalité des villes et des territoires, serait-il en responsabilité quand il diagnostique, concerte, imagine et conçoit l’espace ? Ce livre nous invite à revisiter l’ensemble de nos pratiques au filtre de l’hospitalité. Urbanisme du bien-être : des initiatives à partagerLivresAnnée : 2022Auteur : Université d'été Conseil français des urbanistesEditeur : CONSEIL FRANCAIS DES URBANISTES KONSAIL FRANSAI DE URBANISTDescription : Bien-être, bien-vivre, mieux-être, mieux-vivre, mieux se loger, mieux manger, accueillir, prendre soin, écouter, communiquer : le bien-être renvoie à de nombreuses questions. Souvent plus collectives qu'individuelles, elles se confrontent à la difficulté de mesurer le bien-être personnel par les indicateurs économiques.
Les multiples contributeurs de cet ouvrage, renommés pour leurs travaux ou leurs expertises : philosophes, sociologues, urbanistes, paysagistes, architectes, chercheurs, juristes, élus et praticiens, nous confient leurs certitudes ou leurs doutes, leurs espoirs ou leurs craintes, leurs projets ou leurs réalisations pour apporter le bien-être aux citoyens, dans l'espace public. (Dé)construire la ville : les villes en décroissance, laboratoires d'une production urbaine alternativeLivresAnnée : 2021Auteur : Pauline ChavassieuxEditeur : PUSE PRESSES UNIVERSITAIRES DE SAINT ETIENNE PUS PRES UNIVERSITAIR SIN ETINDescription : Ouvrage collectif, inédit en France, sur les opportunités offertes par le contexte de décroissance urbaine, pour la transformation de la ville. Cet ouvrage est le fruit d'une collaboration scientifique originale, entre chercheurs en architecture et en SHS autour des questions de décroissance urbaine, démographique et économique. L'organisation d'un colloque à Saint-Étienne, en 2017, qui en situe le point de départ, a conforté des problématiques communes, débouchant sur un chantier de recherche et un travail éditorial extrêmement approfondis. Déclin urbain : La France dans une perspective internationaleLivresAnnée : 2021Auteur : Vincent BéalEditeur : EDITIONS DU CROQUANT EDISION KROKANDescription : Brexit au Royaume-Uni, élection de Donald Trump aux États-Unis, montée de l'extrême droite en Europe continentale : ces événements récents sont fréquemment présentés comme les conséquences politiques du décrochage des territoires urbains d'ancienne industrie et de ceux, plus ruraux, restés à l'écart des flux de l'économie globale. Les inégalités créées par un développement à deux vitesses avec, d'un côté, des logiques métropolitaines connectées à la globalisation et, de l'autre, une accentuation et une accélération du déclin territorial, s'imposent ainsi actuellement dans le débat public. En prenant appui sur des analyses portant sur des villes françaises, mais également américaines et marocaines, cet ouvrage propose une analyse fine des dynamiques des territoires décroissants, c'est-à-dire ceux qui connaissent un déclin démographique accompagné d'une dévitalisation économique et, bien souvent, d'une paupérisation de leur population. Le livre cherche à éclairer ces processus, mais également à rendre compte des réponses politiques qui y sont apportées (et de leurs limites), et enfin à éclairer les dynamiques sociales qui animent ces territoires. L'ouvrage souligne que loin d'apparaître uniquement comme des espaces en déshérence marqués par la montée du populisme, les territoires en déclin disposent également de nombreuses ressources susceptibles de les faire apparaître comme des laboratoires pour l'émergence de politiques et pratiques alternatives, plus soucieuses de justice sociale et environnementale. Urbanisme #440 : GénérationsPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Julien MeyrignacEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : Il y a soixante ans, un groupe de gamins de Londres – The Who – a contribué à installer le rock comme mouvement de subversion sur le sol européen, en prenant violemment à partie les sociétés conservatrices, dans une chanson dont le premier couplet est conclu par une sentence irrévocable : « I hope I die before I get old (Talkin’ ’bout my generation)… »
Cet appel à la révolte contre des aînés, accusés d’être mus par de bas instincts et de museler la jeunesse et ses idéaux de justice, est une des premières références populaires et médiatiques de saillies comminatoires de la jeunesse contre les générations qui la précèdent. Et d’innombrables lui ont succédé, dont les plus récentes et marquantes sont sans conteste celles de Greta Thunberg.
Des prises de position qui peuvent être considérées comme des réactions en légitime défense face aux continuelles critiques des « adultes » contre la jeunesse et les jeunes, jugés – partout et de tout temps – irresponsables, fainéants, etc.
Si nous avons tous conscience que ce qui vient d’être énoncé n’est que le pur produit de préjugés certes répandus, mais peu robustes, certains journalistes et médias n’hésitent pas à alimenter aujourd’hui le dissensus. Notamment sur les sujets qui le cristalliseraient tout particulièrement : l’écologie et le climat.
Or, comme l’ont démontré de nombreuses enquêtes, les préoccupations environnementales varient moins à travers les âges qu’à travers les classes sociales et niveaux de diplômes.
De même, quand Salomé Saqué affirme que « les jeunes ont rarement voix au chapitre », de nombreux observateurs n’ont aucune peine à lui objecter que, de toute évidence, jamais, avant aujourd’hui, ils n’ont autant eu l’occasion de se faire entendre et de diffuser leurs convictions. Notamment, par la grâce du mass marketing digital, qui place la jeunesse au cœur de la désirabilité acheteuse (cf. les seniors en sneakers et cheveux faussement en bataille des publicités).
Si l’intergénérationnel s’invite dans toutes les réflexions et tous les discours sur l’avenir de la société, des villes et des territoires, difficile de ne pas constater à quel point les marchands de biens et services s’appliquent, au contraire, à stratifier les populations et communautés en tranches d’âge toujours plus nombreuses.
L’exemple le plus connu en la matière étant, sans aucun doute, celui de l’émergence des « pré-adolescents », sous la pression des industries du textile et des loisirs, qui a permis de considérer que l’on devient un consommateur (de mode, de téléphonie, etc.) à partir de 9 ou 10 ans.
Et si la notion de génération se révèle aussi persistante, alors même qu’au quotidien, dans l’espace public, les équipements ou autres, les frontières entre les âges n’ont jamais été aussi ténues et poreuses, c’est sans doute parce que derrière « intergénérationnel » se cache « solidarité » : quand une collectivité met en œuvre une politique ou un projet destiné à une catégorie d’âge, c’est en réalité, presque toujours, pour les populations les plus fragiles qui la composent. Il en est ainsi des politiques de la jeunesse ou du grand âge.
Ce qui pose un double problème : l’intergénérationnel n’est jamais une politique adressée à toutes les générations (pour preuve, l’invisibilité des actifs de 35 à 55 ans), et notre pays reste en attente d’une vraie grande politique de solidarité. Urbanisme NS#5 : Plan de paysage du SCoT de l'agglomération messine / Grand Prix national du paysage 2024PériodiquesAnnée : 2024Auteur : Agnès Pannier-RunacherEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : Ce numéro spécial de la revue Urbanisme, réalisé en partenariat avec le ministère de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques, présente le lauréat : le plan de paysage du SCoT de l’agglomération messine (SCoTAM) ; avec une mention spéciale au projet de rénovation urbaine du quartier Louvois, à Vélizy-Villacoublay (Yvelines), et deux autres projets finalistes.
Il propose également un tour d’actualité du paysage au travers d’entretiens avec Henri Bava, président de la Fédération française du paysage (FFP), Grégoire Bassinet, président de l’Association des paysagistes-conseils de l’État (APCE) et Alessia Lefébure, directrice de l’Institut Agro Rennes-Angers, et d’articles sur la nouvelle génération d’atlas de paysages, ainsi que les travaux des chaires Paysage et Énergie, de l’École nationale supérieure de paysage de Versailles, et Territorialisation, de l’École nationale supérieure d’architecture de l’université de Grenoble. Urbanisme hors-série #80 : Centres anciens : nouveaux enjeux ! Attractivité - Adaptation - AvenirPériodiquesAnnée : 2024Auteur : Julien MeyrignacEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : D’éclatants objets du désir
Personne n’a oublié l’époque pas si lointaine où les centres anciens des villes petites, moyennes ou grandes qui font la fierté de notre pays, témoignant de la diversité géographique et de la richesse historique et culturelle, ont été dévitalisés au bénéfice des métropoles régionales ou de leurs propres périphéries étalées.
Des centres abandonnés par leur population et par les acteurs économiques de proximité, au premier rang desquels les commerces, étrillés par la grande distribution ou partis la rejoindre en périphérie. Ils ont alors connu des destins contrastés, indexés sur l’économie locale, souvent devenue résidentielle, et sur le tourisme dans ses différentes composantes, du séjour « international » à la journée « locale ».
Et ces visiteurs, mus par le désir de découvrir ces villes et leur patrimoine, de faire le triste constat de la vacance résidentielle et commerciale, parfois compensée par une économie touristique de cueillette (hébergement) ou de petite marchandise (boutiques).
En philosophie, « l’obscur objet du désir » désigne l’assertion que l’on cesse de désirer ce que l’on possède et que l’on ne désire que ce qui nous manque. Ces centres historiques n’étaient plus désirés par ceux qui y habitaient depuis des générations et qui souvent continuaient de les posséder (logements, commerces, etc.), mais ils demeuraient des lieux de désir pour leurs visiteurs.
Oui, mais depuis quelques années déjà, cette tendance s’inverse dans la plupart des villes concernées, certaines connaissant même une véritable renaissance en accueillant de nouveaux habitants en quête d’aménités, services et vie sociale. Cette attractivité nouvelle ne concurrence pas l’attrait touristique, elle le renforce même souvent.
Mais pour devenir « d’éclatants objets du désir », les centres anciens doivent faire l’objet d’attentions particulières, comme être préservés de toute concurrence périphérique, résidentielle et économique, et surtout bénéficier de mesures et actions en faveur de leur adaptation aux défis écologiques et climatiques (réchauffement) et socio-économiques (vieillissement).
Chacune de ces problématiques constitue pour chacun d’eux de véritables challenges : le renouvellement urbain doit respecter le tissu vernaculaire et l’identité locale, la rénovation énergétique et l’adaptation au grand âge ou au handicap coûtent cher, car elles doivent composer avec la nécessaire protection du patrimoine bâti et les prescriptions particulières qui en découlent.
Sur l’ensemble du territoire national, les initiatives pour apaiser ces centres-villes, les rendre plus accessibles, vivants, solidaires et agréables sont de plus en plus nombreuses et probantes. Toujours, le patrimoine y occupe une place déterminante, parce qu’il incarne un récit territorial et urbain, parce qu’il témoigne d’une adaptation continue à travers les époques et qu’il recèle aussi des enseignements et des promesses pour un futur hautement désirable. La fabrique de la ville en transitionLivresAnnée : 2022Auteur : Michael FenkerEditeur : EDITIONS QUAE EDISION KADescription : Cet ouvrage explore comment les sphères politiques, professionnelles, citoyennes, scientifiques et médiatiques, se sont mobilisées à partir des années 2000 autour des injonctions au développement urbain durable puis à la transition écologique. Il rend compte des tensions qui peuvent se manifester entre une approche de la ville écologique encore marquée par les logiques normatives et productivistes et une autre fondée sur l'idée de sobriété et de capacité du citoyen-habitant à maîtriser la transformation de son cadre de vie. Murs solidaires : mécaniques des lieux d'utilité socialeLivresAnnée : 2024Auteur : Vincent JossoEditeur : EDITIONS APOGEE EDISION APOJDescription : Qu'y a-t-il de commun entre une crèche associative, un café-dépôt de pain-antenne de la Poste, des ateliers d'artistes, une cantine solidaire, un tiers lieu, un entrepôt logistique décarboné ? Tous ont une utilité sociale, mais une lucrativité limitée. Si ces lieux sont souvent soutenus par la collectivité publique, c'est au prix de leur précarité quand leur hébergement est temporaire, ou de leur indépendance quand le loyer se paye en services commandés. Trouver des murs et s'y maintenir est un parcours du combattant, accaparant ressources et énergie au détriment du « coeur de métier » de personnes souvent bénévoles. Murs solidaires s'adresse aux collectivités qui veulent apporter un soutien pérenne aux lieux d'utilité sociale, aux foncières solidaires qui ont fait de ce soutien leur mission et, last but not least, aux personnes porteuses de projet, généralement peu familières de l'univers complexe de l'immobilier. Après une nécessaire proposition de définition de l'utilité sociale, l'ouvrage démonte la mécanique immobilière ordinaire qui impose sa loi aux murs qu'elle occupe, pour mieux exposer d'autres montages juridico-financiers, existants mais méconnus, capables de sécuriser la situation immobilière de ces structures aux modèles économiques alternatifs. Illustré de nombreuses expériences concrètes menées dans des contextes socio-urbains variés, Murs solidaires témoigne aussi de la réjouissante créativité de celles et ceux qui sur le terrain, localement donc, participent à la grande entreprise de rénovation des rapports entre économie et société. Écovillage des Noés : Val-de-Reuil 2008-2024LivresAnnée : 2024Auteur : Philippe MadecEditeur : EDITIONS LE MONITEUR EDISION MONITERDescription : Faire d’un projet d’urbanisme écoresponsable le socle d’un modèle du mieux vivre-ensemble et un exemple d’écologie intégrative, tel était l’objectif de l’architecte et urbaniste Philippe Madec lors de la conception de l’écoquartier des Noés, dans la ville nouvelle du Val-de-Reuil. Ce projet, lancé en 2008 par le bailleur social Siloge et la municipalité, est pour son atelier l’aboutissement d’une décennie de recherche appliquée. Seize ans plus tard, la réussite est visible, tant dans les éléments construits et paysagers que dans les yeux des habitants. Omniprésence de la végétation et des mobilités douces, logements lumineux, traversants et bien isolés, implantation des bâtiments en respect de l’environnement, équipements de proximité… tout accueille la vie dans ce quartier à taille humaine.
Cet ouvrage, qui inaugure la collection « Frugalité créative » dirigée par Dominique-Gauzin-Müller, retrace l’aventure de cet écoquartier exemplaire, lauréat en 2018 de l’Équerre d’Argent dans la catégorie « Aménagement urbain et paysager ». Il en décrit la genèse puis expose le principe d’écoresponsabilité sur lequel il est fondé, en lien avec les enjeux sociétaux et environnementaux, actuels et à venir. Il détaille ensuite la conception architecturale, urbaine et paysagère (implantation en quartiers, principes bioclimatiques, frugalité et performance énergétique, maraîchage urbain, accueil de la biodiversité, etc.) ainsi que les solutions d’écologie douce qui jalonnent le projet. Il raconte aussi les modes d’occupation et l’appropriation des logements par les habitants, notamment à travers une enquête sociologique réalisée auprès des résidents. Il se conclut par la requalification du hameau pavillonnaire voisin de l’Andelle, engagée à la suite des Noés, et les enseignements à tirer.
L’histoire est racontée par son chef d’orchestre, Philippe Madec, avec le soutien d’un autre membre de l’équipe de maîtrise d’oeuvre, l’ingénieur en environnement Alain Bornarel, cofondateur du bureau d’études Tribu. Ses principaux protagonistes, les habitants des Noés, sont présents dans les superbes prises de vue du photographe Pierre-Yves Brunaud, qui a effectué une douzaine de reportages, du chantier à aujourd’hui. Leurs témoignages ont été recueillis par le sociologue Philippe Rucheton, mandaté dès les prémisses du projet. La découverte de la vie du quartier, au fil des années et au gré des saisons, fait émerger la quatrième dimension de l’aménagement spatial : la composante temporelle. Construire le futur : Quand un territoire réinvente la villeLivresAnnée : 2023Auteur : Vincent MonadéEditeur : AUTREMENT OTREMANDescription : Pour faire face aux enjeux environnementaux, sociétaux et économiques contemporains, la Région Île-de-France lance un programme d'une ampleur inédite : "Construire au futur, habiter le futur". Son ambition : accélérer la transition écologique du secteur du bâtiment francilien et soutenir l'innovation en matière de logement et de cadre de vie, afin de mieux répondre, dans les décennies à venir, aux besoins et aspirations des habitants de la première région d'Europe. Écoconstruction, végétalisation, nouvelles mobilités, inclusivité, engagement citoyen, etc. Ce livre porte témoignage de cette véritable révolution qui veut faire émerger la ville de demain... dès aujourd'hui. Habiter l'entre-deuxLivresAnnée : 2024Auteur : Naïri Arzoumanian-RuminEditeur : PARENTHESES PARANTESDescription : L’acte d’habiter se réalise au quotidien par de multiples interactions entre l’individu et son environnement. Il implique des arbitrages liés à la recherche permanente d’un équilibre entre des éléments qui a priori s’opposent : l’intérieur et l’extérieur, le bâti et la nature, le public et le privé, le visible et l’intime, l’individuel et le collectif. Dans ses diverses formes, l’espace intermédiaire — l’entre‑deux — est l’élément clef de ces compromis.
Une étude menée dans plusieurs ensembles de logements illustre l’importance de l’entre‑deux dans l’affirmation d’une architecture de relation. Sa conception et ses usages permettent de dépasser la simple fonction spatiale et en fait un espace signifiant. L’entre‑deux devient le fil rouge du processus de production de l’habitat : de la programmation au vécu, il est la traduction formelle d’un système de valeurs partagé par l’ensemble des acteurs. Si l’entre‑deux a souvent été un élément de réponse stratégique dans la création de logements, désormais, face aux défis contemporains, tels que la sobriété foncière ou la gestion des ressources, il garde plus que jamais son efficience : un gage de qualité au service d’une vision renouvelée de l’habitat, où l’architecture contribue à faire société. Urbanisme #441 : Dense dense densePériodiquesAnnée : 2025Auteur : Julien MeyrignacEditeur : SARL PUBLICATIONS D ARCHITECTURE ET D URBANISME PUBLIKASION ARCHITEKTUR URBANISMDescription : Dans l’imaginaire collectif mondial, la ville dense, compacte ou haute (ou les deux à la fois) ne représente que deux réalités principales, diamétralement opposées : la grande prospérité ou la déchéance.
Jay McInerney a très bien écrit, dans son premier roman Bright Lights, Big City (1), l’attraction irrésistible des grandes villes, en l’occurrence New York, pour toutes celles et tous ceux – notamment les jeunes adultes – qui désirent prendre leur destin en main.
Des villes idéalisées, fantasmées, ou plus prosaïquement envisagées comme seul lieu possible pour un changement de condition, une élévation. Des villes dont la promesse irradiante dissimule une réalité économique et sociale aliénante, qui corrompt les ambitions et les corps des plus nombreux, à coups de déceptions et d’expédients, d’alcool et de drogues.
Cette représentation caractérise toujours une réalité contemporaine : au registre des grandes espérances urbaines, beaucoup d’appelés et peu élus ; reste donc le passage quasi obligé (études, emploi).
Dans leur immense majorité, les travailleurs des classes populaires, moyennes et même supérieures ne parviennent pas ou plus à vivre dans les cœurs des métropoles, qu’ils quittent dès lors que leur situation familiale change ou qu’ils décident de se soustraire à des conditions de mal-logement devenues pour eux inacceptables, qu’elles s’appellent colocation, exiguïté ou exorbitance.
Des trajectoires quasi immuables du fait des logiques en place de l’économie urbaine, qui conduisent, dans nos sociétés libérales, au renchérissement perpétuel de l’immobilier et du coût global de la vie dans les grandes villes. Plus c’est cher, plus elles s’élèvent ; plus elles s’élèvent, plus c’est cher.
La ville haute est symptomatique de la ségrégation sociale – de New York à Dubaï en passant par Hong Kong et Singapour –, alors même que la ségrégation concerne tout autant la ville étalée – de Los Angeles au Caire, en passant par Tokyo.