La Gazette des communes #2689 : Pollution sonore - Les collectivités ne peuvent plus faire la source oreillePériodiquesAnnée : 2023Auteur : Hervé JouanneauEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : C'était un rendez-vous attendu avec une impatience teintée d'anxiété et d'espoir. Annoncé il y a un an, maintes fois reporté, le comité interministériel des villes (CIV) s'est finalement bel et bien tenu, le 27 octobre, à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines). De quoi soulager les maires de banlieue qui, ces dernières semaines, ne dissimulaient plus leur colère, fustigeant les atermoiements de l'exécutif face à l'urgence sociale dans les quartiers populaires.
PAS DE SURPRISE. Entourée de la moitié de son gouvernement, la Première ministre a donc répondu à l'appel des élus locaux pour « faire vivre la promesse républicaine et garantir l'égalité des chances ». A la clé, une pluie de mesures touchant à la mixité sociale, à la transition écologique, à l'emploi ou à l'accès aux services publics. Certaines étaient réclamées, comme la généralisation des cités éducatives, un nouveau plan sur les copropriétés dégradées et le fléchage du fonds vert. Pas de surprise pour les autres, en revanche, la plupart étant recyclées ou déjà sur les rails. Même scénario pour le plan de fermeté que la même Elisabeth Borne avait présenté la veille en réponse aux émeutes de l'été.
La déception est tangible sur le terrain. Le CIV historique, que tous espéraient, avec un vrai projet pour repenser la cohésion nationale, n'a pas eu lieu.
ATTENTES IMMENSES. De leur côté, les élus et les professionnels, qui attendait du gouvernement une ambition, un souffle à la hauteur des enjeux, sont tombés de haut. « Pas de révolution mais des évolutions », a concédé, amer, Philippe Rio, maire (PC) de Grigny, à l'issue du discours de douze minutes prononcé par Elisabeth Borne. Certes, l'exécutif a honoré son engagement. Et cette liste de 40 mesures techniques - bien souvent sans moyens ni calendrier - va dans le bon sens et étoffe un peu la boîte à outils des professionnels.
Mais sur le terrain, où les attentes étaient immenses, sans doute trop, la déception est tangible. Le CIV historique, que tous espéraient, avec un vrai projet pour repenser la cohésion nationale, n'a pas eu lieu. Et dans un contexte de crispation sociale et de fortes tensions internationales, les acteurs de terrain vont se retrouver bien seuls pour tenter de panser les plaies des quartiers les plus pauvres et les plus fragiles. Et de leurs habitants. La Gazette des communes #2676-2677 : Développement économique - Quand les collectivités foint leur cinémaPériodiquesAnnée : 2023Auteur : Hervé JouanneauEditeur : ED LE MONITEUR MONITERDescription : Alors qu'un mistral sec et brûlant menace les forêts méridionales, la poussée de fièvre qui a frappé les banlieues françaises au début de l'été semble être retombée. Du moins en apparence. Car, à entendre les maires de quartiers populaires, le calme qui règne au pied des tours est précaire. « La poudrière est toujours là », affirme même l'un de leurs porte-parole, le maire de Grigny, Philippe Rio (PC), qui appelle le gouvernement à « mettre le paquet » pour retisser le lien avec la République. Seront-ils entendus ?
« DE L'ORDRE ». A ce stade, rien n'est moins sûr tant le flou règne sur la volonté de l'exécutif. Seule échéance connue, la réunion, à la rentrée, d'un comité interministériel des villes. Le chef de l'Etat, lui, martèle son nouveau credo.
Ce n'est pas davantage de répression dont les quartiers ont besoin mais d'une police mieux formée.
« De l'ordre, de l'ordre, de l'ordre », a-t-il répété lors de son allocution du 24 juillet, prônant la fermeté et la réaffirmation de l'autorité parentale. Quelques jours plus tôt, un premier signal avait été envoyé lors du remaniement gouvernemental : le rattachement du secrétariat d'Etat à la Ville, confié à la députée (Renaissance) Sabrina Agresti-Roubache, au ministère de l'Intérieur (en cotutelle avec le ministère de la Cohésion des territoires). Une première dans l'histoire de la politique de la ville qui interpelle.
DÉFERLEMENT. En effet, si le déferlement de violences occasionnées par les émeutes a choqué le pays entier, faire le choix de la matraque interroge le diagnostic. Les élus de banlieue l'affirment: si les habitants des quartiers eux-mêmes sont demandeurs de sécurité, ce n'est pas davantage de répression dont les quartiers ont besoin, mais d'une police mieux formée, plus proche de la population.
Surtout, faire croire aux Français que le traitement des banlieues se limite à des enjeux de maintien de l'ordre, c'est prendre le contrepied des préconisations portées par des milliers de maires et d'associations pour l'accès aux soins, à l'éducation, à la culture, à l'emploi ou aux services publics. C'est aussi prendre le risque d'un retour de manivelle, car à vouloir taper toujours plus fort, il y a gros à parier qu'on alimente, en fait, l'escalade de la violence.