Du miel aux cendres - tome 2

 

Auteur : Claude Lévi-Strauss


Livres

ISBN : 978-2-259-00896-9
Année : 1977
Editeur : PLON
Description : a suite du premier volume des Mythologiques, Le cru et le cuit Lune de miel, lune de fiel... Les dictons populaires abondent en contrastes de ce genre, qu'on croirait issus d'assonances et d'homophonies propres à chaque langue, plutôt que d'une réflexion qui puise sa substance aux racines mêmes de l'esprit. Pourtant, c'est en les prenant pour guide ou en les mettant à l'épreuve d'expériences exotiques que ce livre retrouve des vérités, aux deux sens du terme premières ; pétrifiées dans des métaphores banales, éculées par l'usage, mais chargées, cependant,d 'évidences qui s'imposent, dès lors qu'une grille neuve leur rend un sens qu'on avait toujours méconnu. Partant de l'opposition du miel et du tabac, présente aussi chez nous comme l'attestent maintes locutions, mais qui tient une place beaucoup plus considérable dans la vie et la pensée des Indiens de l'Amérique du Sud, on explore à travers leurs mythes deux itinéraires qui se rejoignent : car le miel exprime la puissance séductrice de la nature, tandis que la fumée du tabac s'élevant vers les êtres surnaturels retient l'homme sur la voie qui l'éloigne de la culture, surtout pendant la saison sèche où la nourriture se fait rare et où la collecte des produits sauvages offre la seule chance de subsister. Cette mythologie de la disette, évocatrice d'un carême tropical auquel ne manquent même pas les instruments des ténèbres, se déroule dans un décor rustique à la façon d'une églogue. Mais la naïve et fraîche histoire de " la fille folle de miel " ou celle, plus âpre, du " festin de la grenouille ", procèdent à l'aide de symboles qui, pour concrets qu'ils soient, articulent une logique des formes, sous-jacente à la logique des qualités dont le premier volume de ces Mythologiques avait établi l'existence. On dévoile donc ici dans la pensée mythique, en plus d'une rationalité latente, une capacité philosophique de s'élever aux abstractions, à laquelle rien d'essentiel n'a manqué, sinon peut-être les conditions sociales et politiques, pour franchir le seuil qui eût permis à la science de s'instaurer.