L'Après-communisme

 

Auteur : Jacques Lesourne


Livres

ISBN : 978-2-221-06920-2
Année : 1990
Editeur : R LAFFONT LAFON
Description : La crise n'aura éclaté au grand jour en URSS que sous l'impulsion gorbatchévienne. L'analyse la plus probable est évidemment, comme le souligne entre autres un certain dissident, Alexandre Zinoviev, que Mikhaïl Gorbatchev était convaincu que « la société soviétique se plierait docilement à sa volonté ». Dans cet esprit, tout l'intérêt du livre de Jacques Lesourne, économiste récemment élu directeur du « Monde », et de Bernard Lecomte, journaliste à « l'Express », est de s'attacher au maximum à la description des faits. Ainsi est­il précieux de rappeler les trois actions complémentaires lancées à partir de 1985 par le Kremlin. D'une part, la perestroïka pour accroître l'efficacité de l'économie soviétique, d'autre part la « nouvelle pensée » en politique étrangère pour assurer à un coût moindre la position extérieure de l'URSS, ensuite la « glassnost » pour trouver des alliés intérieurs capables de compenser le conservatisme de la nomenklatura. Depuis les débuts, l'objectif est d'arriver à une voie médiane entre le plan et le marché, une sorte de système mixte toujours sous l'emprise du Parti, mais tempéré par des élections « semi libres » renouvelant la caste des apparatchiks. Voilà le fil conducteur de l'ouvrage au-delà de quelques prétentions sociologisantes. Mais surtout, les auteurs détaillent parfaitement la signification nouvelle des concepts utilisés par le Kremlin. L'exemple de la glassnost, dont la traduction exacte est « rendre public », est révélateur. L'ambition est en accordant à l'intelligentsia une certaine autonomie de parole d'enlever au Parti « le monopole du verbe » et d'enrôler presse et médias dans l'aventure de la perestroïka. Une autre révélation du livre est de mettre en exergue une évidence qui n'a été que tout récemment perçue en Occident. Pour qu'un marché soit efficace, il faut une propriété privée et une classe moyenne indépendante du pouvoir politique. Or Gorbatchev ne veut pas aller jusqu'au bout dans cette direction. D'où le sentiment d'une oeuvre inachevée. La conclusion majeure de Jacques Lesourne et Bernard Lecomte est bien dans ce constat que la perestroïka reste dans sa conduite « superficielle, précipitée et incohérente ». La reconstruction du communisme demande plus que l'accoutumance verbale aux notions de base du marché et de la démocratie. Jean-Michel Lamy