L'été du dauphin : roman
Livres
ISBN : 978-2-266-00694-1
cab : 7200415
Année : 1979
Auteur : Carola Salisbury
Editeur : PRESSES POCKET PRES POK
Description : La comparaison entre des mythes, les uns provenant de l'Amérique du Nord, les autres recueillis dès le XVI° siècle dans le sud du Brésil et au Pérou, fait apparaître à travers les temps et les lieux ce qu'on pourrait appeler une constante de la pensée amérindienne. Cette pensée procède en opposant des termes que les mythes conçoivent si proches qu'ils les incarnent dans une paire de frères, souvent jumeaux ou presque, entre lesquels toutefois une différence existe en germe. Mais contrairement à Castor et Pollux qui récusent cette différence et obtiennent de devenir parfaitement égaux, les jumeaux américains ne surmontent jamais leur écart. Ils s'appliquent même à le creuser, comme si une nécessité métaphysique contraignait des termes appariés à diverger. Car la nature, la société sont en perpétuel déséquilibre interne : le même engendre toujours l'autre, la bonne marche de l'univers en dépend. Ainsi, dans la pensée des Amérindiens leur existence impliquait celle de non-Indiens. Bien avant la découverte du Nouveau Monde, la place des Blancs était marquée en creux dans leur système. Ils étaient de ce fait prêts à les accueillir. Tel est le thème de cé livre. Un parcours plein d'imprévu débute par l'analyse approfondie de mythes qui s'organisent autour de la notion d'une impossible gémellité. Il poursuit en les comparant avec les contes populaires franco-canadiens que les Indiens connurent et qu'ils incorporèrent à leurs propres traditions. C'est l'occasion d'esquisser une théorie de l'emprunt. On est ainsi conduit à méditer sur la rencontre des deux mondes, son retentissement dans la pensée de Montaigne et celle de ses contemporains. On croit enfin possible de remonter aux sources philosophiques et éthiques du dualisme amérindien. Celui-ci tire son inspiration d'une ouverture à l'autre qui se manifesta lors des premiers contacts avec les Blancs, bien que ceux-ci fussent animés de dispositions très contraires. Le reconnaître quand on s'apprête à célébrer le cinquième centenaire de ce que, plutôt que la découverte, il conviendrait d'appeler l'envahissement du Nouveau Monde, la destruction de ses peuples et de ses valeurs, c'est accomplir un acte de contrition et de piété.

Du miel aux cendres - tome 2
Livres
ISBN : 978-2-259-00896-9
cab : 000004523801
Année : 1977
Auteur : Claude Lévi-Strauss
Editeur : PLON
Description : a suite du premier volume des Mythologiques, Le cru et le cuit Lune de miel, lune de fiel... Les dictons populaires abondent en contrastes de ce genre, qu'on croirait issus d'assonances et d'homophonies propres à chaque langue, plutôt que d'une réflexion qui puise sa substance aux racines mêmes de l'esprit. Pourtant, c'est en les prenant pour guide ou en les mettant à l'épreuve d'expériences exotiques que ce livre retrouve des vérités, aux deux sens du terme premières ; pétrifiées dans des métaphores banales, éculées par l'usage, mais chargées, cependant,d 'évidences qui s'imposent, dès lors qu'une grille neuve leur rend un sens qu'on avait toujours méconnu. Partant de l'opposition du miel et du tabac, présente aussi chez nous comme l'attestent maintes locutions, mais qui tient une place beaucoup plus considérable dans la vie et la pensée des Indiens de l'Amérique du Sud, on explore à travers leurs mythes deux itinéraires qui se rejoignent : car le miel exprime la puissance séductrice de la nature, tandis que la fumée du tabac s'élevant vers les êtres surnaturels retient l'homme sur la voie qui l'éloigne de la culture, surtout pendant la saison sèche où la nourriture se fait rare et où la collecte des produits sauvages offre la seule chance de subsister. Cette mythologie de la disette, évocatrice d'un carême tropical auquel ne manquent même pas les instruments des ténèbres, se déroule dans un décor rustique à la façon d'une églogue. Mais la naïve et fraîche histoire de " la fille folle de miel " ou celle, plus âpre, du " festin de la grenouille ", procèdent à l'aide de symboles qui, pour concrets qu'ils soient, articulent une logique des formes, sous-jacente à la logique des qualités dont le premier volume de ces Mythologiques avait établi l'existence. On dévoile donc ici dans la pensée mythique, en plus d'une rationalité latente, une capacité philosophique de s'élever aux abstractions, à laquelle rien d'essentiel n'a manqué, sinon peut-être les conditions sociales et politiques, pour franchir le seuil qui eût permis à la science de s'instaurer.