Voyez comme on danse : roman
Livres
ISBN : 978-2-221-09535-5
cab : 000003389701
Année : 2001
Auteur : Jean d' Ormesson
Editeur : R LAFFONT LAFON
Description : Deux ou trois étés de suite, nous avions lâché l'Italie pour l'une ou l'autre des îles grecques. Nous louions pour pas cher des maisons qui étaient loin des villages et tout près de la mer. Les voitures, les journaux, les faits divers, les impôts, les débats de société et les institutions, nous les laissions derrière nous avec Margault et Romain. A Naxos, notre chemin donnait sur un champ de lavande. A Symi, nous avions un figuier au centre du jardin. J'écrivais à son ombre un livre sur mon enfance qui allait s'appeler "Au plaisir de Dieu". Nous avions lu cette devise à Rome, Marina et moi sur le linteau d'un oratoire tout rond bâti par un cardinal Bourguignon à deux pas de San Giovanni a Porta Latina. Nous marchions sur le sable, nous dormions beaucoup, nous ne voyions personne, nous nous baignions à tout bout de champ, nous nous nourrissions de tomates, de mezze, de feuilles de vigne farcies, de tzatziki. Les journaux de Paris arrivaient une fois par semaine au port où nous n'allions pas les chercher. C'était une vie magnifique. Rencontré une fois par hasard un matin boulevard Saint-Michel, Gérard m'avait demandé avec une sorte de stupeur : - Mais vous ne vous ennuyez pas, seuls, là-bas, tous les deux ? Non, nous ne nous ennuyions pas. Nous ne faisions presque rien. Nous nous aimions.

Qu'ai-je donc fait
Livres
ISBN : 978-2-221-11198-7
cab : AFN0000678
Année : 2008
Auteur : Jean d' Ormesson
Editeur : R LAFFONT LAFON
Description : "Qu'ai-je donc fait ? J'ai aimé l'eau, la lumière, le soleil, les matins d'été, les ports, la douceur du soir dans les collines et une foule de détails sans le moindre intérêt comme cet olivier très rond dont je me souviens encore dans la baie de Fethiye ou un escalier bleu et blanc flanqué de deux fontaines dans un village des Pouilles dont j'ai oublié le nom. Je ne regrette ni d'être venu ni de devoir repartir vers quelque chose d'inconnu dont personne, grâce à Dieu, n'a jamais pu rien savoir. J'ai trouvé la vie très belle et assez longue à mon goût. J'ai eu de la chance. Merci. J'ai commis des fautes et des erreurs. Pardon. Pensez à moi de temps en temps. Saluez le monde pour moi quand je ne serai plus là. C'est une drôle de machine à faire verser des larmes de sang et à rendre fou de bonheur. Je me retourne encore une fois sur ce temps perdu et gagné et je me dis, je me trompe peut-être, qu'il m'a donné comme ça, pour rien, avec beaucoup de grâce et de bonne volonté ce qu'il y a eu de meilleur de toute éternité : la vie d'un homme parmi les autres."

Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit : roman
Livres
ISBN : 978-2-221-13833-5
cab : AFN0000860
Année : 2013
Auteur : Jean d' Ormesson
Editeur : R LAFFONT LAFON
Description : "Tu t'es donné beaucoup de mal, mon cher amour, pour aboutir à bien peu de chose. J'ai été enchanté d'apprendre que la lumière transportait du passé çà la vitesse record de trois cent mille kilomètres à la seconde, que cette vie que nous avons tant aimée nous venait des étoiles, que notre vieux Soleil qui nous éclaire et nous chauffe était parvenu à peu près au milieu de son âge et que, capables de choses si grandes, si charmantes, et si gaies, les hommes n'étaient pas là pour toujours. Tout ça me fait une belle jambe. Tout ça, franchement, 'set un peu égal. Ce que je voulais savoir, je ne la sais toujours pas. Ce qui va nous arriver à toi et à moi, dans quelques années à peine, ou peut-être demain, quand le temps sera écoulé de notre passage sur cette Terre, m'est toujours aussi obscur. Je t'ai souvent entendu dire que tu souhaitais écrire des livres qui changent la vie des gens. Tu n'as pas changé grand-chose à la fragilité passagère si et affreusement menacée de mon amour pour toi."

Le rapport Gabriel : roman
Livres
ISBN : 978-2-07-075657-5
cab : 1021740000012
Année : 1999
Auteur : Jean d' Ormesson
Editeur : GALLIMARD GALIMAR
Description : Ce n'était pas la première fois que les hommes mettaient Dieu hors de lui. Le visage fermé, le regard sombre, les mains derrière le dos, il faisait les cent pas dans son éternité. Il se disait que sa vie serait meilleure sans les hommes. Il leur avait tout donné. Et d'abord l'existence. Il finissait par se demander s'il avait bien fait de les tirer du néant. La tentation lui venait de les abandonner à eux-mêmes. On verrait bien ce qu'ils deviendraient s'il se refusait tout à coup à soutenir l'univers, si la Terre cessait de tourner, si le Soleil ne les chauffait plus et ne les éclairait plus, si les lois de la physique s'effondraient brutalement, si le temps s'arrêtait. Il fit appeler l'ange Gabriel, qui lui avait déjà, à plusieurs reprises, servi de messager auprès des hommes. Gabriel, une nouvelle fois, descendit sur la Terre. Il s'installa chez moi. Et, pour essayer de fléchir l'Éternel, je rédigeai avec lui le rapport qui porte son nom.