Lettres de Russie : la Russie en 1839
Livres
ISBN : 978-2-07-036689-7
cab : 000003384001
Année : 1975
Auteur : Astolphe de Custine
Editeur : GALLIMARD GALIMAR
Description : " Le livre le plus intelligent écrit .sur la Russie par un étranger ", s'écriait Herzen en 1843. Par un paradoxe qui va très loin la postérité a fini par ratifier le jugement du grand ancêtre en exil de tous les contestataires russes de nos jours. Best-seller tombé dans l'oubli et redécouvert en U.R.S.S. par l'édition clandestine et en Occident au moment de la guerre froide, la Russie en 1839 a, si l'on veut comprendre celle d'aujourd'hui, la même importance que pour les Etats-Unis La Démocratie en Amérique de Tocqueville. Le réquisitoire de grand style, qu'au milieu du siècle dernier dressait cet aristocrate libéral, paraît mieux s'appliquer à la Russie de Staline et même de Brejnev qu'à l'Empire des tsars. Pourquoi ?

Dans mon pays lui-même
Livres
ISBN : 978-2-253-13609-5
cab : 000003527001
Année : 1994
Auteur : Philippe Meyer
Editeur : LIBRAIRIE GENERALE FRANCAISE LIBRAIRI JENERAL FRANSAIS
Description : L'auteur s'est baladé dans la France dite profonde (le titre provient d'Aragon : En étrange pays dans mon pays lui-même). Ce livre savoureux date de 1993 et paraît par bien des cotés actuel, qu'on en juge : - Saint-Flour : les notables se sont arrangés pour repousser l'autoroute et les usines afin de préserver leur tranquillité et râlent après l’État que la ville dépérit. - Ouessant : on réclame à l'administration plus de navettes avec la terre alors que celles qui existent sont déjà aux trois-quarts vides. - Molène : réunion électorale, toutes les questions sont du type : "Que pouvez vous faire pour moi, pour ma catégorie ? Qu'est-ce que ça me rapporte de voter pour vous ? " Pas une seule question nationale. - Sète : c'est le coin que l'auteur a semble-t-il le plus apprécié. La région, le département et la municipalité font construire un port ultra moderne. Malheureusement, le parrain local et le bon sens ont considéré que le vieux port au centre-ville était plus pratique que le port neuf excentré, qui est en conséquence resté désert. - Corse : l'envie est un des sentiments les plus puissants de l'île. On reproche à ceux qui partent de partir, on leur reproche de revenir plus riches, on en veut à ce qui restent et qui travaillent de réussir, leur travail sonnant comme un reproche pour les autres. Cependant, tout ce monde peut être accueillant. - Le Havre : des tas de "cucultureux" subventionnés pour des spectacles sans spectateurs, nouvelle forme de parasitisme, d'inspiration languienne. (Je connais quelques spécimens dont le cortex n'abrite que de très sommaires pensées politiques : "Sarkozy est un fasciste." "Me refuser une subvention, c'est du fascisme, c'est une atteinte à l'art." Inutile de chercher la cohérence de ces gens qui trouvent normal de faire payer la collectivité pour une "culture" dont personne n'estime qu'elle vaut le sacrifice du prix d'un billet d'entrée.) On notera que, depuis, Le Havre est passé à droite avec A. Rufenacht à la plus grande satisfaction des habitants. - Wattrelos : une mairie socialiste, où le personnel municipal parle le patois psycho-sociologique, aux petits soins pour ses administrés, tellement que, quand ceux-ci ont envie de se distraire, ils vont dans la ville belge voisine car chez eux, on s'ennuie à mourir. - Le Chemin des Dames : à mon avis, devrait être visité par chaque Français, comme le cimetière américain d'Omaha (1). Voici un extrait du chapitre de P. Meyer sur le sujet : Gibeau [chercheur incroyant] aussi bien que le père Courtois [chercheur jésuite], le père Courtois aussi bien que Gibeau collectionnent et font connaître les témoignages, les Mémoires, la correspondance, les thèses, les ouvrages d'historiens, les romans, les films qui mettent en lumière tout ce que des soldats, des sous-officiers, des officiers, des médecins-majors, des aumôniers militaires imaginèrent, osèrent, improvisèrent à leurs risques et périls pour atténuer les conséquences des décisions d'état-major. Un état-major de technocrates en uniforme, opposant aux rares hommes politiques qui prétendaient mollement les contrôler que nul ne saurait mieux savoir qu'un spécialiste. Des technocrates en uniforme se protégeant de la critique en invoquant l'héroïsme - des autres -, le sacrifice - des autres -, les souffrances - des autres. Il fallut quarante mois pour que l'on croie enfin que « la guerre est une chose trop sérieuse pour la laisser aux militaires » et pour qu'avec Clemenceau la conduite des affaires fût confiée à un « responsable » qui tienne la dragée haute aux joueurs de Kriegspiel. Ceux-là même dont les successeurs devaient se montrer incapables de voir venir et de préparer le conflit suivant, non par sympathie pour le national-socialisme, mais par les effets d'une incompétence cuirassée d'irresponsabilité. A entendre cet incroyant et ce jésuite évoquer la mémoire de ceux qui ont été écrasés comme de ceux qui ne se sont pas laissé faire, on se prend à se demander si notre dette envers ces morts ne serait pas de commencer un siècle où cette incompétence irresponsable ne tienne plus le haut du pavé. Pourquoi ai-je choisi cet extrait ? Parce que cet "esprit de Polytechnique", comme l'appelle Hayek, pourrait bien être une des causes majeures de nos maux actuels. Comme je l'évoquais dans le compte-rendu de La campagne de 1940, on devrait s'interroger plus fort sur le fait que les guerres de 1870, 1914 et 1939 commencèrent par des catastrophes à cause d'une trop grande confiance en des théories abstraites. Nos gouvernants ne le disent pas, mais, quelquefois, ils le pensent si fort que cela s'entend : "Mes calculs sont justes, pourquoi le chômage ne baisse-t-il pas ? " Et si les calculs sont faux ou si ce n'est tout simplement pas un problème de calcul ? Comme dit Nicolas Baverez cruellement : contre le chômage, on a tout essayé ... sauf ce qui marche.

En compagnie d'Antonin Artaud
Livres
ISBN : 978-2-08-067017-5
cab : 000003726701
Année : 1994
Auteur : Jacques Prevel
Editeur : FLAMMARION FLAMARION
Description : Jacques Prevel arrive à Paris durant l'occupation. Autour de Saint-Germain-des-Prés, il connaît l'isolement et la misère car il renonce à toute situation pour écrire. Il publie à ses frais trois recueils de poèmes. En 1946, la rencontre d'Antonin Artaud est son illumination. De ce jour jusqu'à la mort d'Artaud, en 1948, il écrit le roman de sa vie, la quête quotidienne de nourriture, de drogue, de poésie, recueillant les paroles d'Artaud, les textes qu'il lui dicte, les lettres qu'il lui écrit. "L'intensité de sa vie me faisait entrer dans un absolu, le sien. J'étais pris dans un tourbillon. Je le suivais comme un somnambule. Et quand je le quittais à Jussieu ou quelque part dans la nuit, je revenais ivre, étrangement obsédé par ses paroles, par les chants qu'il psalmodiait, par son visage unique." Epuisé par la tuberculose, Jacques Prevel meurt cinq ans jour pour jour après sa première rencontre avec Artaud, laissant un journal qui ne sera publié à titre posthume qu'en 1974.