Roger Grenier, né le à Caen dans le Calvados et mort le à Paris,, est un écrivain, directeur littéraire, journaliste et homme de radio français.
Il a été régent du Collège de ’Pataphysique.
Biographie
Roger Grenier passe son enfance à Pau, où ses parents tiennent un magasin de lunettes, rue du Maréchal-Joffre. Il y fait des études de lettres, dont il est licencié.
Pendant la guerre, Roger Grenier suit les cours de Gaston Bachelard à la Sorbonne avant de participer en 1944 à la Libération de Paris. Il est ensuite engagé par Albert Camus dans l'équipe de Combat, puis à France-Soir. Journaliste, il suivra de près les procès de la Libération auxquels il consacre son premier essai en 1949 sous le titre Le Rôle d'accusé.
Scénariste pour la télévision et le cinéma, membre du comité de lecture des éditions Gallimard (conseiller puis directeur littéraire) à partir de , il reçoit le prix de la Société des gens de lettres (SGDL) en 1961, puis le Grand prix de littérature de l'Académie française en 1985, à chaque fois pour l'ensemble de son œuvre. Celle-ci est composée de plus d'une trentaine d'ouvrages, romans — dont deux best-sellers Le Palais d'hiver en 1965 et Ciné-roman, prix Femina en 1972 —, essais et nouvelles.
Publié internationalement (The Difficulty of Being a Dog…), il est également conférencier, parlant de littérature, de l'histoire des éditions Gallimard ou de ses amis (Albert Camus, Brassaï…). En 1971, il rédige la préface à L'Île de Sakhaline d'Anton Tchekhov pour la collection Folio. De 2007 à 2015, il publie ses souvenirs.
Marié, il a eu deux enfants.
Résistance
À l'été 1939, Roger Grenier, âgé de dix-neuf ans, réside chez sa mère à Tarbes. La mobilisation générale est freinée par le manque d'équipement et il patiente en raison de son jeune âge. Il postule finalement à Pau où on lui propose d'être répétiteur. Il le devient au lycée Montaigne de Bordeaux où il est nommé pour la rentrée 1939-1940, lycée qu'il décrit comme « plus grand lycée de France à ce moment-là »[réf. nécessaire], ayant accueilli de nombreux élèves de Paris et du nord de la France.
En il est finalement mobilisé, et déplacé vers Marseille, puis l'Algérie pour un an. Durant cette année, Roger Grenier participe notamment à des manœuvres de marche forcée dans le désert algérien. Enfin démobilisé en , il reprend ses études de lettres en Zone libre. Une mathématicienne l’introduit notamment à Laurent Schwartz lié à Ceux de la Résistance (CDLR), un petit réseau de résistants qui se définit comme « strictement apolitique ».
À Paris, en zone occupée, il travaille pour un office statistique de l'État français. N'étant pas mathématicien de formation, il s'agit surtout d'une couverture pour aider la résistance intérieure française militaire. Parallèlement, comme les jeunes de son âge, il constate que de nombreux civils ont été raflés, ou du moins ont quitté précipitamment leurs appartements parisiens, abandonnant sur place leurs animaux de compagnie, ne donnant aucune adresse de suivi du courrier.
À 24 ans, il assiste à la Libération de Paris, rédigeant des communications et prenant des photos avec son appareil reflex. Chaque jour il travaille dans divers lieux de commandement insurrectionnel, dont l'Hôtel de ville.
Roger Grenier rapporte dans Paris ma grand'ville qu'il est arrêté par les forces d'occupation le , boulevard Saint-Germain, alors qu'il dissimulait un appareil photo. Une fois l'appareil confisqué, le peloton d'exécution est formé. Au dernier moment, une dispute en allemand se tient entre les officiers et des civils (peut-être des diplomates). Il est alors sauvé de l'exécution et relâché pour des raisons qu'il ignore, ne comprenant pas la langue allemande,.
Une fois la capitale libérée, il rejoint la presse des « petits journaux issus de la résistance » .
Combat
Combat est le journal d'Albert Camus, qui fait de Roger Grenier, vingt-quatre ans, un membre de la rédaction. Dans un entretien, il décrit son passage dans le journal comme une aventure : « À Combat, j'entrais non dans un journal, mais dans un monde où j'allais tout apprendre. »,.
Il travaille ensuite pour France-Soir jusqu'en 1963 et enfin à partir de 1964 pour les éditions Gallimard – son éditeur depuis 1949 – dont il est membre du comité de lecture en tant que conseiller puis directeur littéraire.
Œuvre
On ne joue pas aux Robinsons, Radiodiffusion française, Progr. parisien,
Le Rôle d'accusé, essai, éditions Gallimard, 1949
Les Monstres, roman, Gallimard, 1953
Limelight. Les Feux de la rampe, roman d'après le scénario original de Charles Chaplin, Gallimard, 1953
Une maison place des fêtes, nouvelles, Gallimard, 1972
Ciné-roman, Gallimard, 1972 ; rééd., Gallimard, 1973, coll. « Soleil » ; Gallimard, 1995, coll. « Folio » ; – Prix Femina et adapté en téléfilm en 1978
Le Miroir des eaux, nouvelles, Gallimard, 1975 – Prix de la nouvelle de l'Académie Française, 1975
La Salle de rédaction, nouvelles, Gallimard, 1977
Iscan, éditions Horay, 1978, coll. « Le Territoire de l'œil ».
Un air de famille, récit, Gallimard, 1979
La Follia, roman, Gallimard, 1980
La Fêlure, de Francis Scott Fitzgerald, préface de Roger Grenier, Gallimard, 1981, coll. « Folio ».
Album de la Pléiade : Roger Grenier, Album Camus : iconographie choisie et commentée, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », (ISBN 2070110451)
La Fiancée de Fragonard, nouvelles, Gallimard, 1982
Œuvres complètes d'Albert Camus, deux tomes, Club de l'Honnête Homme, 1983
Il te faudra quitter Florence, roman, Gallimard, 1985; rééd. Gallimard, 1994, coll. « Folio »
Albert Camus, soleil et ombre : une biographie intellectuelle, essai, 1987 ; rééd. 1991 – Prix Albert-Camus
La Mare d'Auteuil, roman, Gallimard, 1988
Prague, Autrement, 1988
Rues, 1934–1988, photos de J. Dubois, éditions Nathan, 1988
Pascal Pia ou Le droit au néant, essai, Gallimard, 1989, coll. « L'un et l'autre ».
Roger Grenier, Jacques Lacarin (eds.), Valery Larbaud et la France, colloque, , Clermont-Ferrand, Institut d'études du Massif central, « Publication de l'Institut d'études du Massif central », 1990
Partita, roman, Gallimard, 1991
Villas anglaises à Pau, photos de Anne Garde, éd. Marrimpouey, 1991
Regardez la neige qui tombe. Impressions de Tchekhov, essai, Gallimard, 1992 ; rééd. Gallimard, 1997, coll. « Folio » – Prix Novembre
La Marche turque, nouvelles, Gallimard, 1993
Trois heures du matin Scott Fitzgerald, essai, Gallimard, 1994
Les larmes d'Ulysse, essai, Gallimard, 1998, coll. « L'un et l'autre » ; rééd. Gallimard, 2000, coll. « Folio » – Prix littéraire 30 millions d'amis, appelé Goncourt des animaux 1998.
Le Veilleur, roman, 2000
Roger Grenier ou le droit de se contredire, entretien avec Danielle Stéphane, La Passe du vent, 2001
Fidèle au poste, Gallimard, 2001, coll. "L'un et l'autre"
Schwarz-Abrys, du cloutisme au couteau, in Actes du 6e colloque des invalides: les fous littéraires - dernières nouvelles, Centre culturel canadien, Paris, 2002
Une nouvelle pour vous, nouvelles, 2003
Trois tortues et quelques autres, livre d'artiste, Gibraffaro, 2003
Andrélie, traits et portraits, Mercure de France, 2005
Le Temps des séparations, nouvelles, Gallimard, 2006
Trois années d'après la nouvelle d'Anton Tchekhov, théâtre, 2006, créée au Petit Montparnasse, mise en scène par Jean-Claude Idée, 2006
Venedig Venezia Venise Venice, texte du porfolio Venedig Venezia Venise Venice, illustrations de Rainer G. Mordmüller, Gerd Winner, et Manfred Zimmermann, Herzog August Bibliothek, 2006
Instantanés, souvenirs, Gallimard, 2007 – Prix des Éditeurs
Tchékhov - Récit d'un inconnu et autres nouvelles, préface et dossier de Roger Grenier, Gallimard, 2008, coll. « Folio »
Les Yeux ouverts dans Paris insurgé, de Claude Roy, préface de Roger Grenier, illustration de Jean Reschofsky, Regain de lecture
Traces, texte du porfolio Paris, impressions en blanc et noir, illustrations de Rainer G. Mordmüller, Gerd Winner, et Manfred Zimmermann, Herzog August Bibliothek, 2009,
Dans le secret d'une photo, souvenirs, 2010
Le Palais des livres, essais, 2011
5, rue Sébastien-Bottin, ill. de Georges Lemoine, Gallimard, 2011
Brefs récits pour une longue histoire, Gallimard, 2012
Françoise Giroud vous présente le Tout-Paris, de Françoise Giroud, réédition, préface de Roger Grenier, Gallimard, 2013
Mélodie : chronique d'une passion, d'Akira Mizubayashi, préface de Roger Grenier, Gallimard, 2013, coll. "L'un et l'autre"
Le Sens de ma vie : Entretien, de Romain Gary, préface de Roger Grenier, Gallimard, 2014, (ISBN 9782070140541), rééd. Gallimard, 2016, coll. « Folio » (ISBN 9782070466016)
Instantanés II, mémoires, Gallimard, 2014, (ISBN 9782070144280)
Paris ma grand'ville, Gallimard, collection "Le Sentiment Géographique", 2015
Trois inédits de Roger Grenier, dans La Nouvelle Revue française no 634, janvier 2019, pp. 101-110, collectif, direction Michel Crépu, Gallimard, 2018 (ISBN 9782072830839)
Les Deux Rives, Gallimard, 2022.
Notes et références
Annexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Denise Bourdet, Roger Grenier, dans: Encre sympathique, Paris, Grasset, 1966.
Frances Fortier La biographie d’écrivain comme revendication de filiation : médiatisation, tension, appropriation Revue Protée, Volume 33, numéro 3, hiver 2005, p. 51-64 Lire (tous droits réservés)
FloriLettres, numéro 114, , p. 1–7 Lire (tous droits réservés)
Les témoins de la Libération de Paris - DVD avec Maurice Kriegel, Edgard Pisani, Madeleine Riffaud, Cécile Rol-Tanguy, Christine Levisse Touzé et Roger Grenier sur leurs actions pendant la Libération de Paris. Réalisé par Jorge Amat - DVD diffusé par Doriane Film.
Pierre Assouline, Roger Grenier, il n’y a plus que lui qui a connu…,