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Elle est l'auteure d'une œuvre audacieuse, essentiellement autobiographique, qui transgresse les codes culturels pour mettre en avant différents types de marginalité tant sexuelle qu'affective, si bien que ses ouvrages ont souvent choqué et heurté le public.
Quoique n'appartenant pas, de par ses origines et sa formation, au sérail littéraire[évasif], elle est cependant reconnue par plusieurs des meilleurs auteurs de son temps, tels Camus, Genet, Jouhandeau, Sartre et elle a bénéficié du soutien marqué de Simone de Beauvoir. Dans une préface à La Bâtarde, celle-ci écrit « Une femme descend au plus secret de soi, et elle raconte avec une sincérité intrépide, comme s'il n'y avait personne pour l'écouter ».
Violette Leduc est née à Arras le (déclarée le 9), fille illégitime de Berthe Leduc et d'André Debaralle, un « fils de famille » de la haute bourgeoisie de Valenciennes, mais qui refuse de reconnaître l'enfant. Dès son enfance, elle est marquée par la honte de sa naissance.
Violette est interne au collège de Valenciennes, puis dans celui de Douai où elle fait la connaissance d'Isabelle P. avec qui elle a une relation d'amour passionnée. Violette Leduc connaît également, à cette époque, ses premières passions littéraires : les classiques russes, puis Cocteau, Duhamel, Gide, Proust et Rimbaud. En 1925, Denise Hertgès (Cécile dans Ravages et Hermine dans La Bâtarde), surveillante au collège de Douai et fine musicienne, devient son amante. Leur relation est découverte. Le scandale éclate et les deux jeunes femmes sont renvoyées de l'établissement.
En 1926, Violette Leduc accompagne sa mère et son beau-père à Paris et poursuit ses études secondaires au lycée Racine. Elle rate son baccalauréat et décide d'abandonner ses études et de gagner sa vie. Elle et Denise vivent ensemble pendant neuf ans dans des hôtels meublés de la banlieue parisienne. Elle devient échotière chez Plon, où elle rencontre de nombreux écrivains. Après avoir été quittée par Denise, elle entre en 1936 chez Synops comme scénariste, où elle rencontre en Maurice Sachs, écrivain aventurier homosexuel, futur auteur du Sabbat, dont elle tombe éperdument amoureuse. En 1939, elle est secrétaire pour la Nouvelle Revue Critique, maison d'édition dirigée par les frères Keller, où elle restera moins d'un an, jusqu'à la déclaration de la guerre.
Elle épouse en 1939 Jacques Mercier, un ancien ami, photographe de mariages et peintre à ses heures, mais le couple, installé au 20, rue Paul-Bert (11e arrondissement de Paris), se sépare au bout d'un an. Violette Leduc se fait avorter à cinq mois et demi de grossesse et frôle la mort. Cette expérience dramatique est longuement décrite dans Ravages. En 1940, recommandée par Sachs, elle collabore à la revue Pour Elle et au quotidien Paris-Soir. En 1942 elle s'installe pendant trois mois dans un village de Normandie, Anceins, près de L'Aigle, et sur l'injonction de Maurice Sachs, qu'elle aime d'un amour impossible, commence à écrire ses souvenirs d'enfance, L'Asphyxie, avec son célèbre incipit — « Ma mère ne m'a jamais donné la main » — qui déclenchera tout le reste[Quoi ?]. Elle survit grâce à ses petits trafics de marché noir. En 1944, elle découvre L'Invitée de Simone de Beauvoir. La tendance lesbienne de son autrice fait écho à ses préoccupations, et en , par l'entremise de deux amies, elle lui est présentée. Beauvoir accepte de lire le manuscrit de L'Asphyxie, et d'emblée reconnaît son talent. Dès lors, elle suivra son travail et la soutiendra jusqu'à la fin. C'est ainsi que des extraits du manuscrit paraitront dans Les Temps modernes, avant que L'Asphyxie ne sorte, en , chez Gallimard dans la collection « Espoir » dirigée par Camus. Le livre ne connaît aucun succès, mais son autrice gagne l'estime de Jean Cocteau, Jean Genet, Marcel Jouhandeau, Nathalie Sarraute et Jean-Paul Sartre.
Éprise de Simone de Beauvoir, elle entame la rédaction de L'Affamée, poème en prose, journal onirique d'une amoureuse, consacré à sa passion pour le « Castor » (le surnom de Beauvoir), nommée « Elle » tout au long des pages. Violette Leduc se lie également d'amitié avec Colette Audry et surtout Nathalie Sarraute. En , grâce à Genet qu'elle admire, elle rencontre Jacques Guérin, bâtard comme elle, riche industriel (il dirige les parfums d'Orsay), collectionneur de livres rares, de manuscrits, d'œuvres d'art, ami d'artistes et d'écrivains. Elle s'éprend de cet homme qui ne peut répondre à ses élans : comme Sachs, Guérin est homosexuel. Il admire l'œuvre de Violette Leduc et lui apportera son fidèle soutien pendant les dix-sept années de leur amitié. En 1948, il fait publier à ses frais, chez Jean-Jacques Pauvert (Éditions du Palimugre), une édition de luxe de L'Affamée qui sort la même année chez Gallimard. Elle commence la rédaction de Ravages, son premier roman. En 1949, Sartre et Beauvoir lui versent une petite pension par l'intermédiaire des Éditions Gallimard afin de ménager la sensibilité de leur obligée. En 1954, Beauvoir assumera seule cette charge, grâce au prix Goncourt obtenu pour Les Mandarins.
Cette même année, Violette Leduc est victime de la censure éditoriale : Gallimard supprime les cent cinquante premières pages de son roman Ravages. L'autrice y décrivait dans un style imagé, mais aussi avec une exactitude d'entomologiste, les ébats passionnés de deux collégiennes, Thérèse et Isabelle. En 1955, Ravages paraît, amputé donc de son début. Mais Jacques Guérin publie un tirage très restreint (28 exemplaires) de cette partie censurée par l'éditeur. Ce texte paraîtra finalement en 1966 chez Gallimard sous le titre de Thérèse et Isabelle, mais toujours dans une version incomplète, et il faudra attendre 2000 pour que Gallimard le publie dans son intégralité.
En 1956, elle séjourne six mois dans une clinique de Versailles pour soigner ses tendances paranoïaques puis, en 1957 six mois dans une maison de repos, « La Vallée-aux-Loups » à Châtenay-Malabry.
En 1961, grâce à une amie écrivaine, Thérèse Plantier, elle découvre le village de Faucon, dans le Vaucluse, et s'y réfugie pour continuer la rédaction de La Bâtarde, une autobiographie romanesque commencée en 1958, et qui paraît en 1964, accompagnée d'une longue et dithyrambique préface de Simone de Beauvoir. Le succès est immédiat, le livre est vendu à 170 000 exemplaires. Il est pressenti pour le prix Goncourt. Violette Leduc a 57 ans au moment de son succès littéraire. Pour lui donner une totale indépendance, Beauvoir exige le remboursement des sommes qu'elle lui versait depuis 1949. Cette décision a pour but de mettre Violette sur un pied d'égalité et de lui permettre de se libérer ainsi de ses complexes d'infériorité.
Elle continue à publier et rencontre chaque fois un grand succès d'estime, parfois aussi commercial (Thérèse et Isabelle), et mène, avec parcimonie, une vie quelque peu mondaine. De nombreux journaux lui demandent des articles. Elle s'installe de longs mois dans la maison qu'elle a achetée et fait restaurer à Faucon.
En 1970, elle publie La Folie en tête que Simone de Beauvoir a auparavant fortement censuré, tant certains passages lui semblaient emphatiques et impudiques. À l’occasion de la sortie du livre, Violette Leduc est interviewée dans l’émission Vie littéraire de la RTS. Elle évoque ceux qui ont marqué sa vie : Maurice Sachs et Simone de Beauvoir. Elle revient sur les circonstances de la querelle qui l'a brouillée avec Jean Genet.
Violette Leduc a un cancer du sein et décide de s'installer définitivement à Faucon dans sa maison rénovée. Elle continue à écrire malgré l'aggravation de la maladie, et meurt chez elle le en présence d'un ami.
Elle est inhumée au cimetière de Faucon.
Simone de Beauvoir est nommée héritière de ses droits littéraires et publie La Chasse à l'amour en 1973.
Leduc, l'une des pionnières de l'autofiction, a fait de sa vie la matière principale de ses livres. L'apparente simplicité de son style, sa musique particulière leur donnent un ton vrai, personnel et très attachant.
En , Gallimard publie le texte intégral de Thérèse et Isabelle.
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Source : Article Violette Leduc de WikipédiaContributeurs : voir la liste
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