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Marie-Aude Murail, née le au Havre, est une autrice française. Elle est particulièrement connue pour ses romans destinés à la jeunesse, des premiers lecteurs aux jeunes adultes. Elle s'est essayée à tous les genres dans plus d'une centaine de titres : tranche de vie, policier, thriller, fantastique, fiction historique, science-fiction, biographie...
Ses livres abordent des thématiques variées : la quête de soi et le passage à l'âge adulte, la vocation (Miss Charity, Maïté Coiffure), le handicap (Simple), la santé mentale (Sauveur & Fils), les fratries et les familles recomposées, le militantisme politique, la cause des réfugiés sans-papiers (Vive la République !), l'homosexualité (dans Oh, boy !, son roman le plus connu), la transidentité, les inégalités sociales...
Son père, Gérard Murail, est poète et sa mère, Marie-Thérèse Barrois, est journaliste ; un de ses frères, Lorris Murail, et sa sœur cadette, Elvire Murail (dite Moka), sont aussi écrivains. Le compositeur Tristan Murail est son frère aîné.
En 1973, elle épouse Pierre-Michel Robert, fonctionnaire de l'INSEE, avec qui elle a trois enfants, Benjamin (1977), Charles (1987) et Constance (1994).
Marie-Aude Murail écrit depuis l'âge de douze ans.
Après des études de lettres modernes à la Sorbonne, achevées par une thèse consacrée à l'adaptation du roman classique au public enfantin, elle fait son « apprentissage » aux Éditions mondiales, où elle publie entre 1980 et 1987 une centaine de nouvelles dans la presse féminine (Intimité, Nous Deux).
Au milieu des années 1980, elle publie ses deux premiers romans (pour adultes) chez l'éditeur suisse Pierre-Marcel Favre, Passage (1985) et Voici Lou (1986).
Depuis sa première histoire, C'est mieux d'être bleu, parue en dans la revue Astrapi, elle a écrit plus de 80 textes pour la jeunesse et notamment quatre séries, les Émilien, les Nils Hazard, L'Espionne et dernièrement Sauveur & fils.
La plupart de ses romans sont publiés à L'École des loisirs, chez Bayard, chez Pocket et plus récemment chez Albin Michel jeunesse.
En 2018, elle publie à L'Iconoclaste En nous beaucoup d'hommes respirent, une autobiographie familiale.
En 2021-2022, elle signe avec Lorris Murail une trilogie havraise : Angie !, Souviens-toi de septembre ! et À l'hôtel du Pourquoi-Pas ?, dont elle achève seule le dernier volet entamé avant la mort de son frère.
En 2023, elle co-écrit le septième tome de sa série Sauveur & Fils avec sa fille Constance Robert-Murail.
Marie-Aude Murail met en scène Émilien Pardini, un garçon qui a quatorze ans au début de la série et qui vit seul avec sa mère, Sylvie. La série le suit tout au long de son adolescence. Marie-Aude Murail exploite toutes les ressources comiques et dramatiques de la famille monoparentale contemporaine.
La série a été rééditée dans la collection Neuf (2006).
Parallèlement aux Émilien, Marie-Aude Murail entame une série d’aventures dans lesquelles Nils Hazard, professeur d'étruscologie à la Sorbonne, résout des énigmes policières, avec l'aide d’une ex-étudiante devenue sa secrétaire et sa petite amie, Catherine Roque.
Marie-Aude Murail diversifie sa production en explorant un quotidien légèrement décalé vers le fantastique, d'abord avec Ma vie a changé (1997) qui met en scène une bibliothécaire aux prises avec un elfe domestique, puis plus franchement délirant quand ce quotidien côtoie vampires (Amour, vampire et loup-garou, 1998) ou extra-terrestres (Tom Lorient, 1998). La passion des adolescents pour les jeux vidéo lui inspire en 2002 Golem, qui joue sur l'irruption du virtuel dans le monde réel. Golem est aussi une expérience d'écriture à trois. Frère et sœurs ont exprimé, chacun à leur manière, comment ils l'avaient vécue. Marie-Aude partage un nouveau projet d'écriture avec son frère Lorris l'année suivante (L'Expérienceur, 2003).
Publié en cinq tomes chez Pocket au cours de l'année 2002, Magic Berber, Joker, Natacha, Monsieur William et Alias, Golem est ressorti en un volume grand format en (réédition revue et corrigée, ). Golem a été traduit en anglais, italien, brésilien, serbo-croate, lituanien, chinois, coréen et japonais.
Après Jésus, comme un roman... (1997), Marie-Aude Murail écrit pour la revue Je Bouquine un feuilleton en six épisodes, publié dans les derniers mois du deuxième millénaire. Elle plonge alors ses lecteurs dans six époques différentes de l'Histoire (D'amour et de sang, 1999). Puis, elle rend hommage à son romancier préféré et heavenly father[Quoi ?] (Charles Dickens, 2005), hommage réitéré en 2012 avec l'adaptation des Grandes espérances. Elle ramène ses lecteurs dans l'Angleterre du XIXe siècle avec la biographie d'une illustratrice victorienne, inspirée de la vie de Beatrix Potter (Miss Charity, 2008). Pour Malo de Lange, elle a revisité le Paris d'Eugène Sue et appris l'argot des grinches pourchassés par Vidocq.
En 2016, pour tenter de répondre aux plaintes, problèmes et tourments de la jeunesse contemporaine qui ne semble pas aller bien, Marie-Aude Murail démarre la série des « Sauveur » mettant en scène un psychologue clinicien antillais veuf vivant à Orléans avec son jeune fils Lazare. Au travers des patients de tout âge qu'il reçoit dans son cabinet ainsi que des personnages qui entrent dans sa vie personnelle au fil des tomes, Sauveur se confronte à un nombre très important de thématiques sociales (l'homophobie, la dépression le sexisme, la pédophilie, le cyber-harcèlement, la mutilation, le racisme, les troubles obsessionnels compulsifs, le stress post-traumatique, le culte de l'apparence, les addictions, la dysphorie de genre ou encore les familles recomposées) dont certaines sont extrêmement actuelles puisque les évènements de la série suivent le calendrier réel (le tome 1 commence en janvier 2015), ce qui permet de traiter des thèmes comme la peur causée par les attentats du 13 novembre 2015 ou par l'urgence écologique. L'intrigue tourne majoritairement autour de Sauveur qui jongle perpétuellement entre sa vie familiale (dont les membres s'accroissent rapidement au fil des tomes), sa vie professionnelle parfois lourde à porter en raison de ce qu'il y entend, et son passé tourmenté : son enfance dans une famille adoptive blanche, le suicide de sa première épouse.
Bien que ses lecteurs, qui ont un peu grandi en trente ans, lui redemandent régulièrement des nouvelles d'Émilien, de Martine-Marie ou de Nils, Marie-Aude Murail change maintenant à chaque roman de genre et d'époque. Si l'adolescence et ses parcours restent au cœur de chacun de ses livres, la famille, les considérations sociales et politiques, voire morales (Tu t'es vu quand tu triches ?, 2000) s'invitent de plus en plus dans son œuvre. Avec la force de l'expérience et de l'actualité, quand il s'agit de la question des enfants sans-papiers et de la nécessaire sanctuarisation de l'École (Vive la République !, 2005) ou bien de l'entreprise et de la maternelle soumises aujourd'hui aux mêmes impératifs de la mondialisation et du travailler plus (Papa et maman sont dans un bateau, printemps 2009), mais jamais sans humour.
Marie-Aude Murail a été une des premières à aborder l'homosexualité en littérature pour adolescents. Elle s'est exprimée sur la question dans une interview : « Alors bien sûr, pour moi, Oh, boy ! est un roman totalement militant, en l'occurrence contre l'homophobie, notamment celle des jeunes qui affichent un rejet instinctif des homos de crainte d’être eux-mêmes « mal identifiés », et dont l’insulte favorite est de traiter quelqu'un de pédé. »
Malgré la gravité de certains thèmes, sa « pédagogie dramatique de la vie » n'est ni noire ni lourde : Marie-Aude Murail considère qu'une œuvre de fiction destinée à la jeunesse n'a aucune raison de se terminer mal. Pour la part qui lui incombe, elle pense même sincèrement que ce serait une faute professionnelle. C'est peut-être là le seul principe éthique défendu par la romancière et commandé par l'existence même de ses personnages et la dynamique que ceux-ci impriment à son écriture. Ainsi, « la vie, la Vie » sont les derniers mots de Miss Charity. Il n'empêche que la mort rôde, elle aussi, dans le thriller — son premier — paru au : Le Tueur à la cravate. Jean Perrot a pu écrire : « Son but véritable est de toucher les cœurs par une émotion purificatrice, objet ultime de la morale de la romancière. »
Son premier roman pour les plus jeunes lecteurs est une parodie de contes, publiée chez Gallimard :
Deux albums :
Suivent treize Mouche et deux Neuf édités à L'École des loisirs :
Outre cinq histoires courtes parues dans Astrapi, Marie-Aude Murail a publié une vingtaine de récits illustrés dans le mensuel J'aime lire (« à partir de 7 ans »), dont la plupart ont été repris en livres chez Bayard.
Je bouquine, du même éditeur, accueille régulièrement ses récits, plus longs et à l'intention des 10-15 ans.
Marie-Aude Murail n'a cessé de réfléchir, depuis sa thèse de lettres, sur sa pratique d'écrivain jeunesse et d'écrire à ce sujet des articles, des conférences et même des livres. Elle en a publié un premier en 1993, dans lequel elle faisait le bilan de ses rencontres avec son public et, dix ans plus tard, un second qui est davantage consacré aux convictions qui l'ont fait, comme elle l'écrivait déjà en conclusion de sa thèse, « demeurer en enfance ». De cette position arrêtée à vingt-cinq ans, elle n'a cessé pourtant d'élargir son audience, ses lecteurs lui restant fidèles bien après le temps de l'enfance et de l'adolescence. En 2010, pour répondre à la question que ses lecteurs lui posent si souvent : « D'où vous viennent vos idées ? », elle a annexé son « journal de création » au Tueur à la cravate, journal tenu pendant les six mois qui ont précédé l'écriture du roman.
L'écrivain jeunesse est souvent invitée dans les zones d'éducation prioritaire (ZEP). Depuis de nombreuses années, en effet, la littérature jeunesse est utilisée par les enseignants pour initier les élèves au plaisir de la lecture. Elle a désormais acquis dans l'École son statut de littérature à part entière avec les listes d'ouvrages jeunesse recommandés par le ministère de l'Éducation nationale. Forte de ses milliers de rencontres dans les établissements scolaires et dans les bibliothèques, Marie-Aude Murail a fait le pari de s'adresser directement aux non-lecteurs en écrivant un livre qui leur est spécialement destiné. Et pour ceux qu'elle avait convaincus, elle a écrit un second livre présentant les livres qu'elle aimait, d'humour, d'amour ou d'horreur.
Marie-Aude Murail s'est aussi intéressée à l'apprentissage de la lecture. Associée pendant cinq ans à une institutrice orléanaise de CP, Christine Thiéblemont, rejointe par une conseillère pédagogique, Patricia Bucheton, elle publie en 2008 une méthode de lecture pour le Cours préparatoire, la méthode Bulle, aux éditions Bordas. Marie-Aude Murail expose ses motivations et sa place d'auteur pour la jeunesse dans cette aventure pédagogique à trois dans un entretien publié initialement sur le site de la Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse dont elle fait partie. La méthode Bulle se caractérise par le rôle qu'elle donne à la littérature jeunesse et à la lecture à voix haute dans le développement de l'imaginaire enfantin. Marie-Aude Murail s'en explique dans une vidéo.
Oh, boy ! est son livre le plus primé et le plus traduit. Une adaptation télévisée, produite par K'ien Productions, a été réalisée par Thierry Binisti, sous le titre On choisit pas ses parents en 2008. Sa traduction italienne a reçu le prix Paolo Ungari-Unicef 2008 et le Premio LIBER 2009. La plupart de ses autres livres ont reçu des prix, en France comme à l'étranger, puisqu'ils sont exportés, en Europe et au-delà, traduits en une vingtaine de langues. Simpel, la traduction allemande de Simple par Tobias Scheffel, a reçu le le Deutscher Jugendliteraturpreis décerné par un jury d'adolescents allemands dans le cadre de la foire du livre de Francfort. La version française avait déjà reçu en 2006 le Prix des lycéens allemands à la Foire de Leipzig. En France, Simple a fait l'objet d'un téléfilm réalisé par Ivan Calbérac. Oh, Boy ! a été également adapté au théâtre par Catherine Verlaguet et mis en scène par Olivier Letellier. La pièce, jouée par Lionel Erdogan, a reçu le Molière 2010 du spectacle Jeune public. Ma vie a changé a aussi bénéficié d'une adaptation théâtrale : un décor de cubes à tiroirs dans lesquels se cachent les masques et accessoires qui permettent à l'unique comédienne-conteuse d'incarner tour à tour les multiples personnages de l'histoire.
En France, Marie-Aude Murail vend aujourd'hui quelque 200 000 livres par an.
Pour l'année 2022, elle est sélectionnée pour la huitième année consécutive (depuis 2015) pour le prestigieux prix suédois, le Prix commémoratif Astrid-Lindgren, attribué depuis 2003.
Le 21 mars 2022, Marie-Aude Murail s'est vu décerner le prix Hans-Christian-Andersen dans la catégorie Écriture, par le jury de l'International Board on Books for Young people (IBBY). Avant elle, les derniers Français couronnés avaient été l'écrivain René Guillot (en 1964) et, dans la catégorie Illustration, Tomi Ungerer (en 1998).
Marie-Aude Murail est la scénariste de Baby-sitter blues, téléfilm réalisé par Williams Crépin.
Elle est aussi coscénariste du film Malabar Princess, réalisé par Gilles Legrand (2004).
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