AMC n° 0334
num. 0334 du 2025-09-11


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périodiques
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Description : Au sommaire du numéro d'AMC : une enquête sur les scénographies vivantes et vertueuses, un dossier sur le destin urbain des halles industrielles, et des détails "brique". Mais aussi les réalisations du mois: une halle de marché à Pont-de-Buis-lès-Quimerc'h (Finistère) par BRA, la transformation lourde de la chambre des notaires à Paris par l'atelier Senzu, un immeuble mixte dans le 17ème arrondissement par Ignacio Prego et Thibaud Babled, et la réhabilitation d'un établissement thérapeutique à Cernay (Haut-Rhin) par Nara. En référence, Carlo Scarpa. Edito L'idée halle En France, quand on n'a plus d'usines, il nous reste des halles. Longtemps négligés, ces objets hors normes ont pris une place centrale dans la reconversion des friches industrielles (lire p. 61). La réutilisation de la grande halle de la Villette (Reichen et Robert, 1983) a démontré leur intérêt patrimonial ; l'aménagement de l'île de Nantes (Alexandre Chemetoff, 2000-10) leur a ouvert la voie d'un destin urbain. Ces projets précurseurs ont profité aux halles en tout genre - postales, ferroviaires, maritimes, industrielles -, sauvées de la tabula rasa qui était alors la règle. Il faut s'en souvenir pour accepter les travers de la halle-mania actuelle. La halle donne, il est vrai, un vernis patrimonial souvent redoublé d'un vernis culturel. Elle sert parfois, sans doute, d'alibi à des stratégies de densification de la rente foncière et offre à bon compte une histoire à des quartiers qui n'en racontent guère. Reste que le public apprécie ces « Cathédrales de fer » (ou de béton) témoignant du passé. On n'enlève pas impunément un élément qui fut pendant plus d'un siècle une pièce structurante d'un territoire. La Lainière à Roubaix, démolie en 2019, laisse derrière elle une emprise illisible et molle. Les projets de reconversion engagent aussi la réconciliation d'une population avec un chapitre de son histoire, souvent clôturé dans la douleur. Il n'est d'ailleurs pas exclu que l'activité industrielle retourne vers ces sites. Tiers-lieu frappé à son tour par la faillite, la grande halle de Colombelles, ancien atelier électrique de la Société métallurgique de Normandie (SMN) à Caen, va devenir une maroquinerie Hermès. Enfin, la halle peut même se transporter. Une époque avide de réemploi devrait se souvenir du pavillon Baltard à Nogent-sur-Marne, ultime vestige des halles centrales de Paris ; de la gare de Brioude, transformée en atelier de l'école d'architecture de Clermont-Ferrand ; ou de la nef de l'église Notre-Dame-du-Travail (Paris XIVe), empruntant une partie de ses structures métalliques au palais de l'Industrie, construit pour l'Exposition universelle de 1855. Fabriquée à Levallois pour l'Exposition coloniale de Marseille en 1906, la halle Allar fut implantée à Arles en 1950. De nouveau démontée en 2018, elle se dégrade doucement mais sûrement sur le terrain qui lui tient lieu d'aire de stockage. Des projets (lire p. 122) et l'expertise du matériau existent, il ne manque plus qu'un maître d'ouvrage. Avis aux promoteurs férus de patrimoine architectural. Olivier Namias, rédacteur en chef