Gestion de l'indépendance et legs soviétique en Asie centrale
Revues
ISBN : 978-2-7449-0444-8
cab : 1055870000017
Année : 2005
Auteur : Institut français d'études sur l'Asie centrale
Editeur : EDISUD EDISU
Description : Dans chacun des États indépendants d’Asie centrale nés de la disparition de l’Union soviétique en 1991, le nouveau discours officiel s’emploie, à des degrés divers, à condamner le régime précédent. Pourtant, les tonitruantes déclarations de changement et de renouveau, tout comme les discours sur l’élaboration d’une voie nationale spécifique de développement, ne doivent pas faire illusion. Si un certain nombre de réformes ont été engagées, la décennie et demie maintenant écoulée est de toute évidence insuffisante pour “se défaire” du système politico-économique qui a prévalu pendant plusieurs décennies et ce, quelle que soit la volonté de réformes, affichée ou réelle, des chefs d’État et de leur gouvernement. Dans les milieux journalistiques occidentaux également, l’Asie centrale est présentée comme un espace “nouveau” marqué par sa proximité avec des zones sensibles (Afghanistan, Nord du Pakistan), ses routes de la drogue et des armes, et qui serait soumis à une possible déstabilisation islamiste. On ne peut cependant que regretter cette vision médiatique, trop rapide et sans recul historique. L’Asie centrale contemporaine est avant tout un espace culturel héritant d’un passé colonial russo-soviétique de plus d’un siècle et demi. L’idée d’un renouveau, tant politique, religieux que national relève alors bien souvent d’une illusion d’optique due à l’ombre dans laquelle l’Asie centrale se trouvait auparavant : l’indépendance de 1991, bien que présentée sur place comme une nouvelle naissance, est en réalité tout autant un aboutissement qu’un commencement. Le présent volume souhaite inviter au débat sur la question de la continuité, un thème trop peu abordé mais fondamental pour comprendre l’Asie centrale contemporaine et échapper aux nombreux clichés la concernant. Il ne fait pourtant pas de celle-ci un postulat, ne nie pas les réformes engagées ni les évolutions rapides qui ont pu apparaître en seulement quelques années. Il ne remet pas non plus en cause, bien au contraire, la violence du choc que fut la fin de l’Union et le sentiment répandu, chez les premiers intéressés, d’une réelle rupture. Ce numéro se donne en fait un double objectif : à destination du “grand public”, mettre en lumière des aspects soviétiques trop rapidement oubliés et pourtant incontournables pour comprendre l’actualité de ces pays, en particulier leur durcissement autoritaire. Au sein du milieu scientifique, rappeler qu’il est aujourd’hui difficile de mener une recherche sur l’Asie centrale sans connaissance ou tout au moins conscience de ce que fut l’expérience russo-soviétique, sous peine de se laisser aller au mirage de la “renaissance”.