Jean-Pierre Vincent, né le à Juvisy-sur-Orge (Seine-et-Oise) et mort le à Mallemort (Bouches du Rhône), est un comédien, metteur en scène et directeur de théâtre français.
Biographie
Il naît en 1942 à Juvisy-sur-Orge. « Mon père était un petit employé du Palais de justice de Paris », raconte-il « Il s’occupait du matériel : les chaises, les crayons et les buvards des magistrats. Mais le miracle, c’est que ce poste était logé dans le Palais de justice. C’était la fonction publique de la IIIe République. Et donc mon école, c’était celle de la rue du Pont-de-Lodi, où habitait Pierre Dux et où Picasso avait son atelier. Mon collège, c’était Montaigne, mon lycée, Louis-le-Grand ». Élève au lycée Louis-le-Grand, il rencontre en 1958 au sein du groupe théâtral du lycée, Michel Bataillon, Jérôme Deschamps et surtout Patrice Chéreau,,. Il joue sa première pièce, Amal et la lettre du roi de Rabindranath Tagore, en 1959, puis s'intéresse à la mise en scène, avec La Cruche cassée de Kleist, et Scènes populaires d'Henri Monnier en 1963. À partir de cette date, il coanime pendant deux ans la troupe qui se professionnalise, et suit Patrice Chéreau à Gennevilliers puis au Théâtre de Sartrouville. Il est directeur du Théâtre de Sartrouville en 1966.
À partir de 1968, il travaille avec le dramaturge Jean Jourdheuil et se consacre à la mise en scène dans des centres dramatiques nationaux. Ils montent La Noce chez les petits bourgeois de Bertolt Brecht au Théâtre de Bourgogne (1968), Tambours et trompettes de Bertolt Brecht, au Théâtre de la Ville (1969), Le Marquis de Montefosco d’après Le Feudataire de Carlo Goldoni au Grenier de Toulouse (1970), Les Acteurs de bonne foi d’après Marivaux (1970), La Cagnotte d’après Eugène Labiche au Théâtre national de Strasbourg (1971), Capitaine Schelle, Capitaine Eçço (de Serge Rezvani) au Théâtre national populaire (1971). Pendant ces trois ans de travail avec Jourdheuil, sur le modèle de Brecht, il oriente le sens des pièces en mettent en exergue la lutte des classes.
En 1972, ils fondent la Compagnie Vincent-Jourdheuil, dite aussi Le Théâtre de l'Espérance, et mettent en scène les auteurs allemands tels que Brecht, Büchner et Grabbe. Le Théâtre expérimental populaire (Tex-Pop), installé au Palace clôt, en 1975, la collaboration entre Vincent et Jourdheuil.
Jean-Pierre Vincent prend cette année-là la direction du Théâtre national de Strasbourg, et y donne une place importante à l'école et à la création expérimentale, tout en travaillant à refonder les conventions collectives qui régissent les liens du TNS avec les collectivités locales et nationales. Dans ses spectacles, il interroge notamment l'histoire française, avec Germinal d'après le roman d'Émile Zola (écrit par Michel Deutsch) (1975), qui questionne notamment le dépérissement de la classe ouvrière, puis Le Misanthrope (1977), Vichy fictions (1980), ou Le Palais de Justice (1981).
Administrateur général de la Comédie-Française de 1983 à 1986, il choisit de la quitter de lui-même à l'issue de son mandat de trois ans. À partir de 1986, il se consacre à la mise en scène avec Bernard Chartreux et à l'enseignement au Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris.
Entre 1990 et 2001, il succède à Patrice Chéreau à la tête du Théâtre Nanterre-Amandiers où il convie Stanislas Nordey en résidence avec sa troupe de 1995 à 1997. Il y créé de nombreux auteurs contemporains, dont Valère Novarina.
En 2001, il fonde la compagnie Studio Libre avec Bernard Chartreux avec lequel il crée plusieurs spectacles aux théâtres nationaux de la Colline et de l’Odéon. Ils participent également au Comité pédagogique de l’École régionale d'acteurs de Cannes, où ils ont mis en scène Pièces de guerre d'Edward Bond, en .
En 2007, il traduit et monte à Avignon Le Silence des communistes, treizième présence au Festival depuis 1971, qui évoque l'enracinement populaire de la gauche italienne pendant les belles années du PartiCI.
Il est membre des conseils d’administration du Festival d'Avignon et du comité directeur du Jeune Théâtre National, ainsi que des CA de l'ENSATT à Lyon, et l'association La Réplique à Marseille.
Il a été l'époux de la comédienne Hélène Vincent — il est le père du réalisateur Thomas Vincent — puis l'époux de Nicole Taché, qui a œuvré dans l'administration de divers théâtres publics et manifestations culturelles.
Il meurt le des séquelles de la Covid-19,, à l'âge de 78 ans.
Mises en scène
1962-1974
1963 : La Cruche cassée d'Heinrich von Kleist
1963 : Scènes populaires d'Henri Monnier
1968 : La Noce chez les petits bourgeois de Bertolt Brecht, Théâtre de Bourgogne
1969 : Tambours et trompettes de Bertolt Brecht, Théâtre de la Ville
1970 : Les Acteurs de bonne foi d’après Marivaux (avec des textes de Jean-Jacques Rousseau)
1970 : Le Marquis de Montefosco d’après Le Feudataire de Carlo Goldoni, Théâtre de Sartrouville Grenier de Toulouse
1971 : La Cagnotte d’après Eugène Labiche, Théâtre national de Strasbourg
1971 : Capitaine Schelle, Capitaine Eçço de Serge Rezvani, Théâtre de Chaillot
1971 : Le Camp du drap d'or de Serge Rezvani, Compagnie Vincent-Jourdheuil et Théâtre Ouvert, Festival d'Avignon
1971 : La Vie scélérate du noble seigneur Gilles de Rais de Massimo Dursi
1972 : Dans la jungle des villes de Bertolt Brecht, Compagnie Vincent-Jourdheuil, Festival d'Avignon, Théâtre de Chaillot
1973 : Woyzeck de Georg Büchner, Théâtre Le Palace
1973 : La Noce chez les petits bourgeois de Bertolt Brecht, Cyrano Théâtre
1973 : En r'venant de l'expo de Jean-Claude Grumberg, Jeune Théâtre National, Théâtre Ouvert, Festival d'Avignon
1974 : La Tragédie optimiste de Vsevolod Vichnevski, Théâtre Le Palace
1974 : La Noce chez les petits bourgeois de Bertolt Brecht, Théâtre de la Ville
1975 : En r'venant de l'expo de Jean-Claude Grumberg, Théâtre national de l'Odéon
1975-1983 Théâtre national de Strasbourg
1975 : La Mère de Bertolt Brecht, avec les élèves de l'École du Théâtre national de Strasbourg
1975 : Germinal, projet sur un roman d'après Émile Zola, écrit par Michel Deutsch
1976 : La Bonne Vie de Michel Deutsch
1976 : Don Giovanni de Mozart. Festival d'Aix-en Provence
2000 : Lorenzaccio d’Alfred de Musset, Festival d’Avignon
2001 : Le Drame de la vie Fragments de Valère Novarina, avec les acteurs amateurs des Amandiers
2001 : L’Échange de Paul Claudel
Depuis 2002 Studio Libre
2002 : Les Prétendants de Jean-Luc Lagarce, Théâtre national de la Colline
2002 : Le Fou et sa femme, ce soir, dans Pancomedia de Botho Strauss, avec les élèves de troisième année de l'ÉRAC (École régionale d'acteurs de Cannes), Festival d’Avignon
2002 : Katherine Barker Hommage à Jean Audureau, lecture par les élèves de première année de l'ÉRAC,
2003 : Onze Débardeurs d'Edward Bond, Studio libre, Théâtre national de la Colline, CDN de Savoie
2004 : Derniers remords avant l'oubli de Jean-Luc Lagarce, Odéon-Théâtre de l'Europe Ateliers Berthier
2005 : La Mort de Danton de Georg Büchner, ÉRAC, Théâtre La Criée
2006 : Antilopes d’Henning Mankell, Théâtre du Rond-Point, Théâtre La Criée
2006 : L’Éclipse du de Bruno Bayen, Théâtre national de la Colline
2007 : Une Orestie d’Eschyle, ÉRAC, Théâtre de l'Aquarium
2007 : Le Silence des communistes de Miriam Mafai, Alfredo Reichlin, d'après Vittorio Foa, Festival d'Avignon
2008 : L'École des femmes de Molière, Odéon-Théâtre de l'Europe
2008 : Recréation du Silence des communistes d'après Vittorio Foa, Miriam Mafai, Alfredo Reichlin, Théâtre de Namur, Théâtre Nanterre-Amandiers
2009 : Ubu roi d’Alfred Jarry, Comédie-Française
2009 : Paroles d'acteurs / Meeting Massera de Jean-Charles Massera, Théâtre de la Cité internationale
2010 : La Trilogie de Zelinda & Lindoro de Carlo Goldoni, ENSATT, promotion 69
2010 : Les Acteurs de bonne foi de Marivaux, Théâtre Nanterre-Amandiers
2012 : Cancrelat de Sam Holcroft, Théâtre Ouvert
2012 : Dom Juan ou le Festin de pierre de Molière, Comédie-Française
2013 : Iphis et Iante d'Isaac de Benserade (Théâtre du Gymnase à Marseille)
2013 : Les Suppliantes d'Eschyle, avec les acteurs amateurs du Théâtre du Gymnase (Marseille)
2014 : War & Breakfast d'après Shoot/Get Treaure/Repeat de Mark Ravenhill, Les Nuits de Fourvière, ENSATT, promotion 73 -
2015 : La Dame aux jambes d'Azur d'Eugène Labiche et Marc-Michel, Studio-Théâtre de la Comédie-Française
2015 : En attendant Godot de Samuel Beckett. Théâtre du Gymnase, tournée, Bouffes du Nord.
Prix et récompenses
1972 : prix du syndicat de la Critique (meilleure création en langue française) pour Capitaine Schelle, Capitaine Eçço de Rezvani
1976 : prix du syndicat de la Critique pour l'ensemble de la saison du TNS
1979 : prix Dominique pour Vichy-Fictions
1980 : prix Georges Lherminier pour Vichy-Fictions
1982 : prix du Syndicat de la critique pour Palais de Justice
1987 : Molière du metteur en scène et du meilleur spectacle, pour Le Mariage de Figaro
1987: Grand Prix du Syndicat de la Critique pour Le Mariage de Figaro
1991 : prix du syndicat de la Critique, meilleure œuvre francophone pour Princesses de Fatima Gallaire
2003 : prix du syndicat de la Critique (meilleure création en langue française) pour Les Prétendants de Jean-Luc Lagarce
2011 : prix Plaisir du théâtre pour Les acteurs de bonne foi de Marivaux
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
Jean-Pierre Vincent, Le Désordre des vivants, Les Solitaires intempestifs, 2002.
André Gunthert, Le Voyage du TNS, 1982.
Liens externes
Ressources relatives au spectacle :
Archives suisses des arts de la scène
Les Archives du spectacle
Theatre-contemporain
Ressource relative à plusieurs domaines :
Radio France
Les directeurs du TNS, sur le site du Théâtre national de Strasbourg